Chapitre 57 - 14 mai 2014
J’ai du retourner chez le médecin car j’avais encore assez mal à la nuque après une semaine à porter ce machin qui me gênait. Je me suis donc retrouvée au cabinet, pour la seconde fois en deux semaines, ce qui était exceptionnel, pour moi.
En entrant, j’ai vu Jean-Pierre, assis dans la salle d’attente. Il m’avait bien semblé voir sa voiture sur le parking. Je l’ai salué, et me suis sentie un peu gênée. Nous ne nous étions pas reparlé depuis notre altercation, chez lui. Je l’avais simplement croisé plusieurs fois en voiture, mais sans rien faire d’autre qu’un signe de la main. - Vous allez bien ? ai-je lancé en tournant ma tête dans sa direction, après quelques longues minutes sans rien nous dire. - Ça va… Il souriait, mais il avait quelque chose de triste dans le regard. Il avait l’air fatigué, ses traits étaient tirés.
- Et vous, ma belle, comment allez-vous ? a-t’il repris avec un peu plus d’entrain. Vous avez un torticolis ?
- J’ai eu un accident de la route la semaine dernière. J’ai percuté violemment l’appui-tête du siège de ma voiture...
- Ah, mais oui, on me l’a dit ! Le sanglier !
Il s’est tapé légèrement la tempe du bout de ses doigts en disant cela, pour me signifier son étourderie.
- C’était un chevreuil.
- Décidément, je perds la boule! a-t’il répondu en écarquillant les yeux et en secouant la tête.
Je m’inquiétais, il n’avait pas l’air dans son assiette.
- Vous êtes malade ?
- Non, Norah, je ne suis pas contagieux, ne vous en faites pas ! Vous ne risquez rien, ni pour vous, ni pour votre petite famille.
- Je ne m’inquiétais pas pour ça, en vrai...
Nous nous sommes tous deux tournés vers la porte du cabinet du médecin qui s’ouvrait tout à coup en grinçant.
- À bientôt ! a dit le médecin à l’encontre du patient qui sortait. M. Morvan, c’est à nous...
Jean-Pierre s’est levé, s’est tourné vers moi en souriant et en me saluant légèrement de la tête avant de pénétrer dans le cabinet. Le docteur m’a fait un sourire avant d’entrer lui-même et de refermer la porte.
***
Un peu plus tard, le médecin est sorti du cabinet et est allé dire un mot à la secrétaire. Je ne comprenais pas bien ce qu’il baragouinait. Il est ensuite retourné dans le cabinet sans un regard dans ma direction. Quelques secondes plus tard, j’ai entendu la secrétaire passer un appel téléphonique, et comme je n’avais rien d’autre à faire, j’ai écouté ce qu’elle disait. Mais je n’ai rien compris, à part le fait, j’en étais certaine, qu’elle parlait de Jean-Pierre. Ça devait être très important, car elle marmonnait pour être la plus discrète possible.
***
Comme je m’y attendais, le médecin m’a prescrit des séances de kiné… ça ne m’enchantait pas mais je ne pouvais pas ignorer cette douleur qui me lançait à chaque fois que je tournais la tête. En rentrant, comme Anouk avait piqué du nez, je l’ai déposée encore installée dans sa coque directement dans sa chambre. J’ai attrapé lé PC et me suis connectée sur le moteur de recherche. Ma curiosité était trop forte… Qu’avait dit la secrétaire médicale, déjà ? Elle avait l’air de parler d’analyses, ou d’examens qu’auraient faits Jean-Pierre… J’ai tapé grossièrement les mots dont je me souvenais. Quelque chose comme SPA… Quand je tapais ce sigle, bien évidemment je ne tombais que sur des articles et des sites en lien avec la protection animale. Pas du tout ce que je recherchais. Ça m’énervait de ne pas m’en souvenir! Je soufflais un grand coup pour reprendre mes esprits.
J’ai inversé les lettres dans tous les sens possibles et suis enfin tombée sur quelque chose qui a attiré mon attention. La PSA est une protéine présente dans le sang qui permet de mesurer la présence de cellules cancéreuses dans la prostate. Il devait certainement subir des examens complémentaires car la secrétaire était en ligne avec un autre cabinet pour lui prendre rendez-vous. Ça devait être urgent.
J’étais choquée et très triste, tout-à-coup
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