Chapitre 58 - 1 er Novembre 2014

2 minutes de lecture

Quelque chose m’a fait lever la tête assez brusquement alors que j’étais à l’atelier. Une silhouette se tenait juste derrière la porte fumée.

C’était elle, je la reconnaîtrais entre mille.

Je venais de terminer de mettre les ruches en cave, puis sortais afin d’aller à sa rencontre. Elle a légèrement reculé quand je me suis approchée d’elle. Elle avait peur, ça se voyait. Et en même temps ce qu’il y avait dans ses yeux était éclatant de beauté.

On est restées comme ça un instant à se regarder intensément. Elle avait des yeux verts exceptionnellement beaux, avec des pépites dorés autour de la pupille. Même avec ce temps gris, et le gros nuage noir qui trônait au-dessus de nos têtes, on ne voyait que ça.

Elle a bafouillé :

- Pardon de te déranger, je… on se voit pas souvent en ce moment...

- Tu veux que je te montre ce que je fais ?

Son visage s’est illuminé avec ce doux sourire que j’ai l’impression qu’elle ne réserve qu’à moi.

- Je vais te montrer les ruches d’abord, comme ça on pourra rentrer ensuite, vu ce qu’il se prépare, ai-je dis en pointant l’index vers le ciel.

Elle a acquiescé.

- On va aller mettre une combi, d’abord, ai-je ajouté.

Je la précédais à nouveau afin de l’amener dans le vestiaire. Je lui ai tendu une combinaison qu’elle a pris lentement. D’habitude, ce genre d’attitude avait le don de m’agacer. J’étais plutôt du genre à avoir besoin de secouer les gens pour qu’ils soient au même rythme que moi. Elle, j’avais envie de la protéger.

Je me plaçais face à son dos afin de l’aider à remonter les manches pour qu’elle ait plus de facilités à l’enfiler. La combinaison était large et grande, et elle, c’était une crevette ! Je disais ça affectueusement, bien-sûr. Elle était mince et avait une bonne tête de moins que moi.

Je pinçais le rebord de la manche gauche avec chacune de mes mains afin qu’elle enfile son bras dedans. Puis j’attrapais le dos de la combinaison pour le remonter et faire pareil avec la droite. Sa main a touché la mienne. Elle était froide et douce.

Elle a eu un bref mouvement de retrait, puis m’a demandé pardon. Elle a tourné sa tête afin de jeter un regard dans ma direction, elle m’est donc apparue de profil. Je me rapprochais d’elle afin de plonger mes yeux dans les siens. Elle sentait bon. C’était son odeur naturelle. Je plaçais ma main droite sur sa hanche, doucement. Elle ne m’a pas repoussée.

On entendait les cailloux crisser au loin. Des bruits de pas se rapprochaient. Nous nous sommes écartées l’une de l’autre. Je soupirais légèrement.

Elle m’a jeté un dernier regard avant que mon père n’ouvre la porte du vestiaire.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Natacha Fourrageat ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0