Chapitre 73 - 29 janvier 2015
- Allô?
- …
- Séb? T’es là?
- Tu savais que Norah avait tout fait pour perdre nos deux bébés pour être débarrassée de ses engagements envers moi et partir avec toi?
- Qu’est-ce que tu racontes?
- Ou alors c’est toi qui lui as dit de le faire? Tu l’as aidée? T’étais pas trop déçue quand t’as su qu’elle attendait encore Anouk?
- Séb, arrête, tu dis n’importe quoi. Je t’autorises pas…
- Je m’en fous que tu m’y autorises ou pas!
Il avait hurlé dans le téléphone.
- Je suis ton amie, je te veux pas de mal. Tu peux pas réellement penser ça…
- Amie, mon cul!
- Tu veux me dire que t’es pas content, je comprends et je peux l’entendre. Quand vous vous êtes installés ici, j’ai pas seulement rencontré Norah. Je t’ai rencontré aussi. Et tu es devenu mon meilleur ami. Je le dis pas souvent. Jamais, en fait. Avec Norah, on a vraiment commencé à se parler qu’à la fin de la grossesse.
- Ben si tu fais ça à tous les mecs que tu rencontres c’est normal que t’en aies pas beaucoup, d’amis. C’est pour asseoir ton pouvoir de femme fatale? Tu veux que la gente féminine règne en maîtresse sur le monde?
- Pfff, mais qu’est-ce que tu dis?
J’ai pas pu m’empêcher de pouffer.
- Pardon, je voulais pas me moquer. Y’a qu’à toi que j’ai parlé de mon jumeau. J’en ai parlé à personne, même pas à mon ex. Et Norah le savait déjà par toi. Je comprends que tu sois en colère contre moi.
- Ça se trouve t’es devenu ami avec moi pour pouvoir plus facilement l’approcher… a-t’il marmonné, tristement.
- Pas du tout ! On s’est rencontrés dans la rue. J’ai rien calculé !
- Je sais plus…
- En tout cas, sache que si tu as envie ou besoin de me parler de quoique ce soit je t’écouterai. Quand tu auras envie qu’on se reparle, tu sais où j’habite.
Il a raccroché.
***
- Bonjour.
- Allô, oui, bonjour, ai-je réussi à articuler.
J’ai toussé. J’avais la gorge nouée.
- Je sais qu’on a rendez-vous la semaine prochaine.
- Si vous avez besoin de me parler, j’ai quelques minutes devant moi.
Le silence.
- Vous pensez à votre situation avec votre ex-femme?
- Oui. Vous croyez que c’est possible qu’elle ait voulu perdre nos deux bébés pour partir avec son amante?
- Je ne le pense pas. D’après le portrait que vous faites d’elle, c’est une mère aimante. Elle a l’air d’être une personne stable. Je ne dirai pas qu’elle pourrait faire une chose pareille.
- Elle adore Anouk. Mais là elle ne la connaissait pas encore.
- Une femme enceinte peut ressentir beaucoup de choses pour son bébé, et même très tôt dans la grossesse. Si on ne veut vraiment pas du bébé, on peut avoir envie de le perdre, en effet. Mais, c’est elle qui vous a demandé un bébé, non?
- Oui… Mais après peut-être qu’elle regrettait de l’avoir fait avec moi.
- Quoiqu’il en soit, il est évident que c’est une personne responsable. Je ne pense pas qu’elle ait voulu s’en débarrasser, même dans la situation dans laquelle elle était.
Je sanglotais.
- Vous êtes amis avec sa compagne actuelle, c’est bien ça?
- Oui, enfin là, on est en froid.
- Un enfant peut vous apporter du réconfort dans votre solitude, certes. Mais une amie sincère aussi.
Elle a laissé les mots infuser avant de reprendre.
- Votre mère est telle qu’elle est. C’est votre mère. Pour autant, je pense que si vous avez rencontré quelqu’un en qui vous avez confiance et avec laquelle vous vous entendez aussi bien que je le comprends, vous devriez tenter de renouer cette relation. Votre mère a ses problèmes, qu’elle réglera en temps voulus.
- Comptez pas là-dessus.
- Elle ne sait pas tout de votre vie, et comme vous l’avez si bien dit la dernière fois, il est malsain de se complaire dans une situation qui nous fait souffrir juste pour avoir son soutien et sa compassion. Elle vous aimera si vous êtes heureux aussi.
J’ai pris une profonde inspiration.
- Je dois vous laisser maintenant.
- Oui, bien-sûr. Merci de m’avoir écouté.
Je suis retourné deux ou trois fois voir Laure. Puis j’ai arrêté.
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