7.2
Le Grand Qalam, visage plongé dans ses mains ridées, restait silencieux. Des lamentations et des excuses s’échappaient parfois du coin de ses lèvres. Le dignitaire ne sembla pas remarquer la présence de Sayyêt sous sa tente.
À l’extérieur, dans l’obscurité, Pratha et Gopta étaient assis autour d’une table et buvaient un verre de chai sans échanger un mot. Les perroquets tournoyaient au-dessus d’eux mais, pour la première fois depuis que les Rébéens les avaient rencontrés, ils restaient muets.
Sayyêt aperçut enfin l’homme aux yeux d’or qu’il avait entrevu dans l’esprit de Pratha, juste avant la fuite. Ce dernier siégeait sur un fauteuil en bois sculpté, derrière une large table de chêne. Des conseillers faisaient des aller et venues depuis les artères d'un palais et abreuvaient ses oreilles de constats plus alarmants les uns que les autres.
Dans le jardin du palais princier, les fleurs étaient recouvertes d’une fine poudreuse. Le cerisier central était totalement dépouillé. Adossée à son tronc, une statue d’Eshev pointait un index vers le ciel et conservait un sourire rassurant. Le Prince jeta ses genoux sur la petite brique disposée devant la sculpture et l’implora de toutes ses forces. La pierre s'empourpra, les morceaux de jade incrustés s’animèrent, et le dieu se leva. Le Prince resta bloqué et les battements de son cœur cessèrent. Le dieu se tourna alors vers Sayyêt lui tendit sa paume. Un éclair lumineux en émergea et le frappa.
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