les brochettes du XXIe siècle / Alléluia !
Les magasins fermés pendant le confinement, les pénuries d'huile, de moutarde et de carburant, je me retrouve avec plein d'argent que je ne peux pas dépenser et tout ce que j'ai épargné perd de la valeur. Ce n'est pas comme ça que je voyais ma retraite dans les années vingt dans un siècle nihiliste sur sa décroissance où seuls les survivalistes vont survivre aux bombe nucléaires de Poutine. En attendant, je n'ai plus d'essence pour aller au supermarché regarder les rayons vides des camions qui n'ont pas pu les approvisionner. Mais les écoles restent ouvertes même si les bus scolaires ne passent plus faute de carburant. On est en train de s'organiser avec d'autres parents dans un réseau parallèle occulte (WhatsApp) pour emmener nos enfants à l'école au cas où les profs eussent du carburant dans leur véhicule pour venir assurer leur mission. Mais on va tous finir à sec avant la fin de la grève. Et on va avoir faim. Je commence à regarder mon chien différemment. Les chiens jaune de Tahiti finissent en brochettes sur le port de Papeete. C'est une solution à creuser.
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Ça y est. Je n’y crois plus. Les faits sont là. Du jour jour au lendemain, tout peut basculer. On nous a fait le coup des magasins non essentiels fermés, des pénuries d’huile, de moutarde et de carburant et la prochaine étape c’est la coupure, de gaz, d’électricité et d’eau. Il n’y a pas de meilleurs jours. Les meilleurs jours on les vend à notre employeur. Après on n’est plus bon à rien, même à soi et on meurt, sans rien laisser à nos enfants qui sont déjà à la retraite ni à nos petits enfants et leurs arrières qui vont tout se partager pour ne pas avoir grand-chose et repartir à zéro comme à chaque génération même si ça fait mille ans qu’on prospère au même endroit. Alors il n’y a rien à économiser. Il faut tout cramer tant qu’on le peut. Jusqu’aux émeutes finales du jugement dernier. Pendant ce temps, le seul souci de ma voisine est : « est-ce que vous pouvez passer tondre ma pelouse ? » alors que son réservoir est vide pour aller faire les courses dans les magasins aux rayons vides. Je lui ai répondu : « Nous sommes en guerre. Votre pelouse n’est pas la priorité. Il faut la laisser pousser, on aura peut-être que ça à manger bientôt. » Elle a bien ri. Sans la chatouiller. Je n’y suis pas allé. J’avais d’abord la mienne à faire. Mais je lui ai promis de passer faire les finitions au coupe bordure, électrique. Alléluia.
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