Chapitre 17 : Combattante
Le vent faisait ployer les hautes herbes autour de la blonde. Les poils hérissés et les yeux fermés, la concentration se lisait sur son visage.
Sa captivité l’avait fait grandir, la petite princesse insolente avait disparu. Un jour, Zalénia deviendrait reine. Elle devait être forte, elle devait défendre son royaume. Pour cela, elle comptait bien aller au front, comme son frère, en tant que dragonière à part entière.
Rowenn se tenait en retrait, le sourire aux lèvres, il vit la princesse arrêter le vent. La blonde avait une force de caractère incomparable, elle se reconstruisait si vite maintenant qu’elle avait une raison de vivre. Il avait bien fait de demander à Sévrar de la pousser un peu.
Sévrar. Le jeune homme avait décidé de chercher des informations sur la Prophétie dont il faisait partie, dont faisait aussi sûrement partie Zalénia. Et Sheireen.
Sauveur ou destructeur, disait la Prophétie. Rowenn avait-il fait le bon choix en débloquant les pouvoirs de son ancien apprenti ? L’elfe avait le cœur d’un sauveur mais il avait le potentiel d’un destructeur, tout comme l’aura noire.
De grandes choses se préparaient et Rowenn ne savait si il serait de taille.
— Maître ! J’ai réussi !
— J’ai vu cela, Zalénia. Vous maîtrisez maintenant parfaitement l’élément du vent.
— A vrai dire, je me suis entraîné en cachette… je peux aussi contrôler le feu et l’eau.
— Vous êtes trop impatiente.
— Je veux pouvoir rejoindre Léarco le plus rapidement possible. J’ai entendu que nos troupes reculaient, je ne suis plus une enfant, je comprends que nous perdons.
— Ce n’est pas une raison pour se précipiter.
— Les dragoniers ont bien été entraînés rapidement pour aller me chercher.
— Sur l’ordre de la Reine.
— Et bien moi, la princesse Zalénia, fille de sa Majesté Eléonor, je vous ordonne de m’entraîner le plus rapidement et le plus efficacement possible.
Décidément, la blonde ressemblait de plus en plus à sa mère. Retenant un soupir, le mage inclina la tête en signe d’obéissance. Rowenn commençait à se faire vieux, bientôt, il lui faudrait trouver un remplaçant pour la direction des magiciens.
— Très bien, montrez-moi ce que vous savez faire.
Le regard déterminé, la jeune fille plaça correctement ses mains et plusieurs flammèches vinrent s’installer dans ses paumes. Elle les rassemblèrent en deux boules de flammes qu’elle envoya pulvériser un arbre mort plusieurs mètres plus loin. Ensuite, elle se baissa et, inspirant l’eau dans le sol, l’apprentie magicienne fit s’élever une colonne d’eau plus grande qu’elle.
— Effectivement, vous les maîtrisez. Passons à la terre.
Contente d’elle, Zalénia ne put retenir un sourire satisfait. Cela faisait maintenant un mois qu’elle s'entraînait avec le vieux mage. Elle savait qu’elle n’aurait jamais son niveau à moins d’y consacrer sa vie, pourtant, le fait de manipuler les éléments ainsi, lui procurait un sentiment de puissance. La jeune fille comptait bien se venger des Sharaka un jour.
§
— Mère, disait Zalénia en s’inclinant devant sa mère.
— Zalénia, comment ce passe tes leçons avec Rowenn ?
— Bien, je serais bientôt aussi forte que Léarco. Je souhaite le rejoindre au front dès mon entraînement terminé.
— Il faudrait déjà pour cela que tu saches te battre à l’épée.
— Je vais apprendre.
— Hors de question, tu es une princesse. Un jour tu seras Reine, tu n’as pas ta place sur un champ de bataille.
— Je ne vois pas les choses comme vous, mère. Je pense qu’une Reine doit soutenir et protéger ses sujets au péril de sa propre vie. Je combattrais aux côtés des Zaléniens, comme Léarco, et je gagnerais cette guerre.
La blonde fit volte face pour se diriger vers la sortie. Ses talons claquant sur le marbre blanc de la salle du trône.
— Je te l’interdis.
— Essayez donc, lâcha la jeune fille sans se retourner.
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