Après que nous avons quitté Florale-les-lieux, il y a près d'une semaine, le laboratoire-mobile a fait route vers le Sud, pour réaliser des relevés topographiques de précision. L'équipe géologique a pris la relève, tandis que Gustav et moi nous sommes mis à la recherche d'une souche vivante de Dionaea venenosum, en vue d'expérimenter sur la plante encore animée.

Mon collègue et second éprouve un intérêt certain pour la Gorgone, dont la génétique a de quoi fasciner. Mais il s'impatiente aussi que nous rencontrions enfin les indigènes de l'île, un peuple sur lequel courent toutes sortes de légendes. Les pêcheurs d'Agnakolpa les appellent les « peaux-blanches », ou parfois les « diables-blancs ». On raconte qu'ils sont cannibales, ou encore qu'ils sont des fantômes, des esprits malveillants. Parce que je ne suis pas du genre spirituelle, ces ragots attisent ma soif de savoir, de comprendre.

Gustav prétend croire en l'existence d'esprits qui errent dans notre monde, sur un plan différent du nôtre. Il dit connaître une voyante, une vraie. Je n'aurais pas cru qu'il soit du genre à s'en remettre à une diseuse de bonne aventure !