L'équipe géologique a achevé de délimiter le périmètre constructible sur lequel s'étendra bientôt l'Agnopole. Les architectes devraient nous rejoindre sous peu pour en poser les fondations.

Alertés par mes hypothèses sur la réaction de Dionaea venenosum aux fortes concentrations de population, le Haut Commandement a jugé préférable de réduire l'effectif de la Mission, à commencer par le laboratoire-mobile, dont le travail est jugé de moindre importance. Les actionnaires du projet s'impatientent de voir s'élever les premières tours de bureaux, inconscients que nous autres, biologistes, tâchons d'empêcher qu'elles ne s'écroulent aussitôt.

Contraint d'accélérer la cadence pour fournir des résultats dans les plus brefs délais, le laboratoire-mobile a entrepris une nouvelle expédition dans la jungle luxuriante de l'Île aux Fleurs. Cette fois, nous remontons une rivière jusqu'au pic montagneux où elle semble prendre source. Nous espérons que l'eau nous guidera aux autochtones, ainsi qu'à des pousses plus vivaces de la Gorgone, que nous pourrons étudier.

Nous bivouaquons ce soir à quelques kilomètres du sommet d'apparence volcanique. Faute d'y avoir jamais relevé aucune activité sismique, nous supposons qu'il s'agit d'un cratère éteint, depuis longtemps boisé. Nous avons déjà envoyé en éclaireur deux drones de repérage, lesquels ont été mis hors-service par des frappes non-identifiées. Martin délire sur les vieilles légendes de l'île hantée, ce à quoi Gustav me suggère calmement de rire.