Gustav affirme avoir recueilli toutes les données nécessaires concernant Agpe. Aucun autre Sertek ne souhaite se soumettre à son examen, et je ne peux les y contraindre. Cela dit, je converse plus aisément avec les villageois grâce au décryptage effectué par l'unité RF.

Je tente d'obtenir de leur part des réponses sur Mgsmül et les relations qu'ils entretiennent avec elle. Presque toutes les réponses font mention d'un certain kâ dont nous n'avons jusqu'alors pu établir aucune traduction certaine. La seule autre occurrence que j'ai entendue de ce terme, c'était en fabriquant des guirlandes de thörkold : les enfants s'échangeaient les poudres colorées en formulant « kâ-pipiu », « kâ-mœln », « kâ-kelthir », et d'autres dont je n'ai plus souvenir.

En levant le camp, Gustav m'a proposé de regagner la Mission avec lui. Il me l'a proposé, comme si naturellement ma place n'y était plus, par simple politesse, comme s'il devinait d'avance que je devrais décliner. Aussi étrange que cela puisse paraître, je me sens à ma place, étrangement sereine et entière, parmi cette peuplade de diables-blancs, de chasseurs expérimentés, de cannibales. Ils m'ont accueillie parmi eux et m'ont initiée à leurs coutumes, avec une bienveillance qui surpasse de loin celle de tous mes collègues, de ce savant-fou de Lassen ou de nos milliardaires d'employeurs qui n'ont en tête que la rentabilité du projet AGNOPOLE.

Je lui ai dit adieu, j'ai regagné le village et la demeure d'Agpe Kär.