Chapitre 24 : Le début des vacances.
Madame Akitorishi sortait tout juste d’un intense moment de revitalisation dans sa salle de bain quand elle décida de se reconnecter à son téléphone privé. Elle passa ses fins doigts dans sa magnifique chevelure argentée d’un air surpris en dégainant l’appareil. Elle rappela son fils dont elle avait un appel manqué :
- Loyd ? Comment vas-tu mon chéri ? Tu m’appelais pour une raison particulière ? lui demanda-t-elle de sa douce voix après lui avoir entendu un petit “ça va”.
- Je voulais te prévenir… que j’aimerais bien partir avec vous en Egypte.
- Comment ça ? Tu es sûr de toi ? Je pensais que tu ne voulais pas quitter la maison des grandes vacances ? s’étonna-t-elle tout en étant contente.
- C’est vrai, mais finalement j’ai envie de voyager, surtout avec toi. Tu peux me prendre un billet ? S’il te plait, maman.
- Bien sûr, je le fais immédiatement. On se voit tout à l’heure mon poussin. Je t’aime fort.
Lorsqu’il raccrocha, Eglantine observa longuement son écran. Quelque chose n’allait pas avec son bébé. Elle le trouvait changer, son timbre de voix plus dur et son intonation plus sèche. En tant que mère et en tant que femme tous ses instincts s’activèrent. Loyd venait très certainement de vivre une rupture. Quelle qu’en soit la nature, son rôle l’obligeait à le soutenir.
***
Il n’y avait plus cours, l’année scolaire prenait fin et Loyd remplissait ses valises machinalement. Il ne pensait à rien, des paysages traversant son esprit. Deux mois loin de tout, voilà qui s’annonçait prometteur.
La fenêtre menant au balcon et sa porte d’entrée restaient ouvertes pour aérer la chambre. Il se redressa en entendant un petit “toc toc” et Sky apparut sous ses yeux. Ce dernier semblait un petit peu mal à l’aise. Il lui fit un petit sourire avant de constater l’état des lieux :
- Yo. Je vois que tu as déjà presque tout ranger ? Tu comptes partir sans rien dire ou quoi ? demanda-t-il en s’invitant dans la chambre.
- Hum, répondit-il en fermant un de ses bagages.
- Ça va mec ? fit-il en voyant ses sourcils se froncer.
- Oh, j’ai un peu mal à la tête. Je crois que j’ai encore un peu la gueule de bois d’hier. Et je viens de sonner à ma mère, répondit-il en lui rendant un sourire mécanique.
- Ah ouais ? Rien de grave ?
- Non, loin de là. C'est plutôt une bonne nouvelle… Ah, mais c’est vrai qu’on avait prévu de se voir avec le groupe des vacances… Bon, ça ne sera pas possible, mais je pars en roadtrip avec mes parents !
- Waw… Sérieux ? Et quand tu dis que tu pars ? Genre… Toutes les vacances ?
- Ouaip, les deux mois !
- C’est inattendu, fit Sky d’un ton un peu déçu.
- Écoute, je sais bien que ce sera un peu long de vivre autant de temps sans moi, mais tu survivras, non ? dit-il avec ironie.
- Nan, mais je te jure toi ! s’exclama-t-il en le pointant du doigt. Je t’ennuie pas plus alors, je vais finir mes paquets aussi, t’échappes pas hein ? On se dit au revoir comme d’hab, ça marche ?
- Ça marche.
Quand Sky quitta la chambre, Loyd s’empressa de fermer la porte derrière lui : “Oublie”. Il s’appuya contre le bois, inspira profondément et reprit son occupation. Trop aveuglé par sa peine et sa rancœur, il n’avait pas vu les mains tremblantes de son ami. Du moins, s’il pouvait encore l’appeler de cette manière.
Le concerné traversait le couloir, un grand air coupable sur le visage.
***
Les aurevoirs furent chaleureux pour tout le monde, mais difficiles pour les couples. A l’abri des regards, Selim et Nice s’embrassaient passionnément. Il passa une main dans ses cheveux et l’admira d’un regard si amoureux que même après huit mois de relation, elle rougit intensément.
- M’oublie pas, hein ?
- Comment je pourrais ! s’exclama-t-elle en l’emprisonnant d’un énorme câlin.
Faye et Alex faisaient la même chose, non loin.
- C’est trop cruel… On vient juste de se mettre ensemble, dit Faye en tenant la main de son amoureux.
- Il fallait craquer plus tôt, plaisanta Alex.
- Eh ! Tu m’en veux autant ? lui demanda-t-elle d’une moue triste.
- Nan. Tu vas me manquer.
- Et moi dont… Peut-être qu’on pourra trouver une solution pour se voir ?
- Je ne sais pas, mais je veux être certain que tu prennes soin de toi… Soin de ta maman, ajouta-t-il en la regardant dans les yeux. C’est le plus important, fit-il en la prenant dans ses bras.
Elle s’y blottit et s’imprégna de son odeur comme pour y puiser du courage. La seule raison pour laquelle Alex se détacha de sa copine, fut pour remercier Nice. Gentiment, il vint déposer sa grande main sur le haut de son crâne et se pencha pour lui parler :
- C’est grâce à toi, lui murmura-t-il.
- Eyh ! C’est quoi ses cachotteries ! s’écria Selim.
- Hihi, c’est top secret ! rétorqua Nice en déposant une main sur le bras de son grand ami.
- Tu as peur que je te la pique ? Il me semblait que votre couple était soudé ? fit Alex en soulevant entièrement Nice pour la prendre dans ses bras.
- Ahahah, passe-la moi ! s’exclama Faye, morte de rire.
- Mais je rêve ou vous jouez avec ma copine ?!
- C’est pas ta copine c’est la nôtre maintenant ! Na !
La vision de Nice en train de rire aux éclats, ballotée entre Faye et Alex lui passa tout de même du baume au cœur. Selim avait les deux meilleurs amis au monde et la plus jolie des petites copines.
Quand Kimi se joint à la partie, le lot de bêtises ne fit que se multiplier.
- Je t’en verrais des vidéos d’entraînements, rit cette dernière. Tu penses que tu vas pouvoir lésiner ?
- Aaaah aaaah ! Et si tu crois que je ne vais pas bosser durant ces deux mois, tu te trompes ! Je vais revenir plus doué que toi ! lui assura Selim.
- J’aimerais bien voir ça !
- Et toi, que vas-tu faire de tes vacances ? lui demanda Laure qui arrivait avec une énorme valise à côté d’elle.
- Oh, je sais pas trop… Puisqu’on ne pourra pas trop se voir, j’imagine que je vais beaucoup traîner avec mes potes du village ? Et donc, impossible pour Selim de me dépasser en danse ! Je vais m’entraîner tous les jours.
- Tu oublies que tu vas tourner un clip, non ? lui rappela Nice.
- Avec le frère de Sky, peut-être que c’est lui que tu verras en premier des vacances, réfléchit Alex.
Ce dernier descendait justement les escaliers, plusieurs gros sacs sur le dos et à bout de bras. Loyd venait de l’autre côté du bâtiment. Les deux n’avaient plus vu Laure depuis le soir. Le groupe était enfin complet pour se dire au revoir et des promesses se faisaient :
- Si j’ai l’occasion d’être seule chez moi, je t’inviterai, dit Laure à Kimi.
- Moi aussi, même si Dossan est là ! Vous pouvez tous venir chez moi !
- Quelle bonne sainte maritaine, l’ennuya Sky. Je ne suis pas pressé de te voir durant les vacances.
- Qui a dit qu’on se verrait ?
- Le tournage…
- Ah, tu seras là ?
- … Si tu crois que je vais te laisser répandre des conneries autour de toi. Je vais venir te surveiller.
- Génial, soupira-t-elle en levant les yeux au ciel.
Tout le monde se faisait de gros câlins à tour de rôle et les premiers s’en allaient déjà. Loyd osait à peine regarder Laure. Quand elle s’approcha et voulu déposer sa main contre sa joue, il eut un léger recul.
- J’ai bien cru que j’allais avoir un doigt dans l'œil, dit-il pour se défendre.
- Peut-être qu’on se verra aussi ? Kimi, je t’adore, continua-t-elle en l’attrapant dans ses bras. Et Sky…
Loyd tourna légèrement la tête, puis s’obligea à les regarder comme il l’aurait fait normalement. Elle s’approcha doucement de lui, garda tout de même une certaine distance et caressa gentiment son bras. Les deux ne se quittaient pas des yeux, repensant sans doute au baiser de la veille. Mais ils ne laissaient pas non plus apparaître quelque chose de suspect. S’il ne les avaient pas vus, Loyd aurait été incapable de les trouver louches. Peut-être qu’ils sortaient secrétement ensemble ? Combien de fois s’étaient-ils embrassés ? “Oublie”, le mot lui revint encore une fois et il dit au revoir à Kimi pour se changer les idées.
- Prend soin de toi et ne lui fait pas la misère, ok ? dit-elle alors avant de l’étreindre.
- Ouais, je vais voir ce que je peux faire, répondit-il d’un ton hésitant.
N’en pouvant plus, Loyd décida de sortir et rejoint la limousine qui l’attendait. Deux mois sans eux, il aurait vraiment plus facile à oublier. De Laure et de Sky, il ne voulait plus rien savoir.
***
Le lendemain qu’elle ait posé ses valises chez son père, Kimi décida immédiatement de profiter de ses vacances. Elle proposa donc à Leroy de rejoindre leur groupe d’amis au Lycée Gordon.
- Ne rentrez pas trop tard ! leur cria Dossan qui se préparait de bons petits plats.
- Si on rentre pas, ça compte pas ?
- Kimi !
- Allez vite, on se casse ! la poussa Leroy hors du salon.
Ils entamèrent une petite course dans le village jusqu’à atteindre les bâtiments de son ancienne école. Comme toujours, Kimi gagna.
En entrant dans la cour, elle fit un grand signe à un petit groupe de personnes. ll y avait Mike et Nadeije qui l'accueillirent directement. Le petit benjamin sautillait dans tous les sens et sa copine asiatique, Chen, vint expressément ennuyée Leroy. Les deux trios étaient réunis pour de nouvelles aventures.
Deux autres filles se tenaient sur le côté, une petite avec une longue frange noire couvrant des yeux d’un bleu presque transparent. Elle semblait très froide et robuste, malgré sa taille.
- Salut Silka.
Dans ce groupe d’amis, elle n’était proche que de Leroy, de Kimi, mais surtout de sa copine. La deuxième la dépassait de deux têtes, elle avait de longues cahouettes de part et d’autre de sa tête pour des cheveux châtains colorés de teintes indescriptibles. L’arrivée imminente de l’été n’excusait pas le fait qu’elle soit à moitié à poil. Elle n’avait qu’un mini top qui mettait en valeur sa grosse poitrine et un short en jeans tout déchiré. Ce n’est pas sur sa tenue peu vêtue que Kimi tiqua. Elle s’approcha de son amie et pointa le plâtre qui recouvrait entièrement l’une de ses jambes :
- Mais qu’est-ce que t’as encore foutu, Ken’ ? plaisanta-t-elle immédiatement.
- Pour une fois, ce n’est pas la faute de Kennedy, expliqua Nadeije sur un ton qui ne lui disait rien qui vaille.
- Alors quoi ? demanda-t-elle plus sèchement.
- Détends toi ma vieille… Moi, je tiens juste à dire que je suis contente que notre petit diable soit de retour, rit-elle. Parce que merde… ça fait trop mal de se faire mordre par un loup.
Tout son visage se crispa. Kimi l’attrapa d’une main et souffla un bon coup avant de reprendre :
- Où est Tiger ?
- Ouf… Quand il a su qu’on m’avait tabassée, il a pété les plombs. Du coup, il est à l’hôpital, répondit-elle en haussant les épaules.
- Ça te fait rire ?
Son espiègle amie se tut, tandis qu’elle commençait à faire les cents pas. Leroy la regardait avec à la fois peine et froideur. Il fallait qu’elle tape dans quelque chose. Tout ce qu’elle trouva fut une bouteille d’eau. Sous le regard de tous ses potes, elle la prit en main et s’accroupit d’un coup pour l’éclater au sol :
- PUTAIN !! Quand est-ce que ça va cesser ?!
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