Chapitre 25 : Successeur.

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Mains dans les poches, Leroy suivait sa sœur qui traversait rapidement les couloirs de l’hôpital. Avant de rentrer dans la chambre, Kimi se retourna et l’arrêta d’un doigt levé. Elle irait seule.

Quand elle entra, elle découvrit Tiger allongé, un bras dans le plâtre et également sa jambe. Il esquissa un tout petit sourire. Il avait toujours l’air aussi vicieux malgré la fatigue sur son visage :

  • Tu as vu Kennedy ? Ahahah, on est assorti maintenant ! s’exclama-t-il lorsqu’elle hocha de la tête.
  • Ce n’est pas drôle ! s’écria-t-elle en plongeant à ses côtés.
  • Sérieux ? Tu pleures pour moi ? continua-t-il de rire en constatant ses yeux mouillés.
  • Oh, va te faire foutre !

Les larmes ne coulaient pas, mais Kimi avait trés clairement de la peine.

  • Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
  • Aaah Kimi… Si tu agis seulement quand ils viennent nous chercher la misère, ils ne s’arrêteront plus.
  • Je n’ai pas dit que j’allais faire quoi que ce soit.
  • Je reconnais pourtant ce regard...

En effet, il n’y avait que haine et détermination dans ses grands yeux bleus. La tête déposée sur son oreiller, sur lequel ses cheveux blonds trop longs se répandaient, Tiger l’admirait.

  • Tu sais que j’ai suivi tes ordres à la lettre ? Les vidéos sont cachés, je me suis tenu à l’écart et j’ai fait en sorte qu’aucun secret ne s’échappe de l’école. Tu disais ne plus vouloir entendre parler de toutes ses histoires et aujourd’hui, parce que je suis tout cassé, tu veux en discuter ? Ma question c’est : Est-ce que tu es vraiment prête ?
  • Je ne suis pas insensible ! Quand je te vois dans cet état, oui, j’ai envie de savoir ! C’est vrai que… je voulais m’éloigner et j’avais décidé ne plus m’en mêler… C’est toujours mon souhait, mais si les Wolf agissent toujours alors que nous ne faisons plus rien… Qu’est-ce qu’on peut faire ?
  • Il faut taper du poing.
  • Je t’y verrais avec ton bras cassé.

Un rire les gagnèrent tout de même.

  • Est-ce que tu es certain que c’était eux ?
  • Qui pourrait bien vouloir frapper Kennedy ? Apparemment, il y avait un gars et une fille. Ils se sont croisés dans le haut de la ville. C’est par là qu’ils ont toujours traîné le plus de toute manière. Vu que ce n’était que deux sous-fifres, on avait déjà vu leur visage et ils l’ont reconnu aussi. Mais Ken n'a pas cherché les problèmes. Par contre eux…
  • J’y crois pas. Il n’y avait pourtant aucune raison.

Un silence s’installa.

  • Ils sont toujours rancuniers de cette fameuse soirée…
  • Je ne veux pas en parler.
  • Pourtant, c’est parce qu’on a gagné…
  • J’AI DIT…
  • Affronte tes peurs ! Il n’y a rien que nous puissions faire pour le moment, mais tu sais que les gens de ce gang seront toujours nos ennemis. C’est parce que tu nous as tous récupérés que nous sommes devenus un groupe soudé…
  • Je n’ai pas voulu ça.
  • Je sais ! Mais quand des personnes s'attaquent à un groupe comme le nôtre, il paye ! Et c’est ce qu’il s’est passé ! Maintenant que tu n’es plus avec nous, ils réattaquent pour se venger. Mike est venu te dire que quelqu’un t’a menacé, non ?
  • Et je lui ai dit que si personne ne dit rien, alors personne ne saura que…
  • Mais ça ce sera ! Même le journaliste de ta foutue école enquête sur le diable blanc ! Tu le sais ça ?

Kimi savait bien que Kyle avait cherché à la nuire en cherchant des informations sur son petit frère et sur ses anciens amis, tout comme il l’avait fait pour son passé familial. Delà à ce qu’il connaisse même l’existence du diable blanc, elle ne l’aurait pas cru.

  • Pourquoi est-ce qu’il… Je t’ai demandé de cacher les vidéos pour ne pas qu’il l’apprenne, mais je ne pensais pas que…
  • Si ce gars est venu jusqu’à notre école pour voir ce qu’il se passe ici, c’est qu’il sait déjà qu’on est intimement impliqué.
  • Mais c’est pas comme si c’était un truc de dingue…
  • Tu plaisantes ? fit-il en se relevant difficilement dans son lit. Nous, on a pas fait des trucs de dingues ? On était des gosses ! Des gosses de dix à douze ans qui se remuaient pour aider les autres alors que ça aurait dû être aux adultes de le faire ! Si t’avais pas été là, aujourd’hui Silka serait encore enfermé dans ce putain de sous-sol à se faire battre par son père ! Si tu n'avais pas été là quand la mère de Kennedy l’a abandonnée, elle serait morte ! Tu as conscience de ça ?! Tu veux que je te remontre les vidéos ? Qu’on se prenne un bon popcorn pour revoir ce moment où elle a traversé le pare-brise ? Et que sa mère a fait demi-tour...
  • ARRETE !! JE SAIS !!!
  • SI TU LE SAIS, NE DÉNIGRE PAS CE QUE NOUS SOMMES !

Ils étaient tous les deux essoufflés d’avoir crié.

  • Sans toi, Leroy aurait pourri à la rue, lui jeta-t-il à la figure comme une insulte.
  • L’utiliser lui, c’est… s’arrêta-t-elle, une larme coulant sur sa joue.
  • Tu crois pas qu’après avoir sauvé autant de personnes, c’est normal qu’on te défende quand quelqu’un t’attaque ?
  • Je n’ai jamais voulu d’une armée !!
  • Pourtant on était là quand ils ont commencé à s’en prendre à nous…
  • C’est allé beaucoup trop loin, Picksy ! s’exclama-t-elle, frustrée.
  • Ces enfoirés on fait l’erreur de nous prendre pour des ennemis il y a presque trois ans et ils ne se remettront jamais de leur défaite.
  • C’est parce qu’on leur a fait autant de mal qu’ils nous en veulent ! Je ne veux pas recommencer ça, je ne veux plus qu’on se batte pour… pourquoi au final ? Est-ce que seulement tu te rappelles du pourquoi ?

Il ne répondit pas, car il devait bien avouer que non. Lui non plus ne se rappelait plus de la raison principale. Plutôt, il n’avait jamais compris pourquoi ce groupe qui se faisait appeler les “Wolf” leur voulait du mal. Il se souvenait juste que lorsqu’ils devinrent connus dans le quartier et que les journaux commencèrent à relater leurs “méfaits”,d’autres vinrent se mettre sur leur chemin.

  • Parce qu’ils sont méchants.
  • … A croire qu’on est dans un film de super-héros…
  • C’est quand on a voulu s’occuper du cas de Benjamin qu’ils nous ont mis des bâtons dans les roues. Alors qu’on voulait l’aider, ils nous ont donné des fausses informations.
  • Je me souviens, murmura-t-elle d’un ton très touché.
  • Juste pour le plaisir, ahah. Et ça recommence, mais cette fois ils ont une vraie raison de nous en vouloir.
  • Ouais… Mais, je ne suis pas prête à endosser ce rôle, avoua-t-elle la tête baissée. Je peux plus. Je veux plus voir des horreurs comme ce soir-là… Picksy, pour de vrai, je suis tellement mieux maintenant. Je ne voulais pas aller à Saint-Clair, mais ma vie là-bas… ça n’a rien avoir. Tout ce qui m’importe aujourd’hui c’est de vous garder à mes côtés et de continuer à rencontrer de nouvelles personnes, sans avoir à penser au passé. Il faut que ça cesse.

Sa voix tremblait, ses membres aussi.

  • Alors laisse-moi ta place.
  • Quoi ?! Tu es fou ?
  • Pas du tout. Si tu te sens comme ça aujourd’hui, au fond, c’est un peu ma faute, alors… S’il y a un risque qu’ils remontent jusqu’à toi, je peux les mettre sur d’autres pistes. Je peux même les faire venir jusqu’à moi. Les vidéos, ils ne les trouveront jamais de toute façon.
  • Tu devrais les supprimer…
  • Hors de question. Jamais je ne ferais ça, dit-il d’un ton à la fois doux et catégorique.
  • Mais pourquoi ? Tu sais que leur existence me fait souffrir.
  • Parce que ces vidéos montrent à quel point tu es quelqu’un de bien !
  • C'est faux. J’ai amené mes amis à se battre contre des malades, je me suis pris pour une espèce de Leader… Je suis un vrai monstre...
  • Alors premièrement, c’est nous qui t’avons choisi comme Leader et deuxièmement, si toi tu es un monstre, alors j’aimerais que la terre en soit peuplée. C’est grâce à toi qu’on a survécu. Tu n’as jamais demandé à ce qu’on se rallie à toi, mais quand quelqu’un est fort, ça se fait automatiquement. Tu n’as pas à avoir honte et je te dis que tout est en sécurité, est-ce que tu peux me croire pour une fois ?
  • Même si tu es… qui tu es… “Tiger”, je dois bien avouer que tu ne m’as jamais déçu, avoua-t-elle en se frottant la joue.
  • Donc, marché conclu ? demanda-t-il en lui tendant sa main valide.
  • S’il y a un vrai problème…
  • Tu seras tout.
  • Bon… je compte sur toi, répondit-elle en lui rendant la pareille.
  • C’est un honneur de devenir le successeur du diable blanc, dit-il d’un ton plaisantin afin de détendre l'atmosphère.

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