Interruption.
Cette claustration, à la fois intérieure et géographique, s'accompagnait d'un mutisme violent.
Ce n'était pas le silence tel qu'on le perçoit ou qu'on l'imagine. Espace de quiétude, absence de bruit, paix intérieure,.... C'était tout le contraire : tempête, chaos, souffre et vapeurs d'acide où toute parole était dissoute.
Toute pensée.
Le verbe n'existait pas, ici.
Saul avait cette image, d'une interruption non annoncée, du programme en cours. Aucune speakerine pour s'excuser de la gêne occasionnée, aucun sous-titre venant expliquer la suite du film.
Les mots sortaient de lui comme la purée du presse-purée : quand ils sortaient.
Aucun souffle.
Seulement la tension.
Celle qui peut annoncer un orage, ou quelque cataclysme latent. La naissance d'un monde ou d'une galaxie, le grand big-bang universel ou, le cri du nourrisson, lorsque l'air remplit ses poumons.
Sa vie allait-elle accoucher de quelque chose ? Imploser sous la pression ? Ou simplement se réduire en bouillie ?
Il fallait qu'il soit absolument en mouvement, pour soulager un tant soit peu ce trop plein.
Solitude, silence, vide, absence.
Paralysie.
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