Focalisé sur son mal-être et sa détresse, Saul était incapable de changer de perspective ou de laisser l'environnement absorber sa douleur.

C'était peut-être ça, le secret de l'harmonie et du bien-être : la rupture de l'isolement par la fusion avec l'environnement ? Evoluer avec les autres comme les poissons d'un même aquarium, évoluent ensemble ?

Fluidité et souplesse.

Parce que là, tout le monde s'en foutait. Comment auraient-ils pu ressentir ou comprendre, le cauchemar dans lequel il vivait ?

Enfermé dans sa camisole chimique, Saul menaçait de s'effondrer sous sa propre masse, sans que personne ne s'en émeuve.

Dans ce monde, on pouvait disparaître du jour au lendemain, vivre les pires tourments, subir les angoisses les plus terribles et au final, mourir au fond d'un couloir sordide, seul et désespéré.

C'est la fonction des proches d'être là pour s'en rendre compte :

• Oui, cette personne était là, vivante ; a existé et est décédé à ce moment précis,...

Quel dramatique constat.

• Suis-je à ce point insignifiant ?

Toute cette vie n'était-elle qu'un vaste malentendu ? Une farce grossière ? N'y avait-il aucun but, aucune intention, aucun chemin,...?

Le barbu hirsute qui le fixait à travers les verres de ses lunettes en fumant sa pipe, n'avait visiblement pas la réponse.