VI : TRUTH OR DARE ?
Chase se réveilla sereinement. Encore une bonne nuit de passer sans avoir fait d'agréables cauchemars avec Fedora en leur centre. Il ne savait pas encore s’il préférait avoir des rêves horribles ou des hallucinations qui lui feraient voir la blonde.
Les rêves, eux au moins, ne le faisaient pas passer pour un fou. Certes, il était très fatigué mais il ne s'en prenait pas à ses amis ou à des inconnus. Il ne sait pas vraiment d'où proviennent ces hallucinations.
Peut-être était-ce dû aux somnifères... Ou au fait qu'il soit encore très amoureux de Fedora... Il s'assit au bord de son lit, posa ses coudes sur ses cuisses et se pencha en avant, mettant sa tête entre ses mains. Il ferma les yeux, soupira et passa ses mains dans ses cheveux, les arrachant presque de son cuir chevelu. Des larmes déferlèrent sur ses joues et déformèrent son si beau visage. Il renifla, enleva ses mains de son crâne et releva la tête.
Bien que sa vue soit un peu embrumée à cause des perles salées qui coulaient sur ses joues, il vit qu'une boite en carton avait été déposé au pied de son lit. Il haussa un sourcil et se leva du matelas. Il se mit face à la boite et la contempla longtemps en détail, s'agenouillant devant. Elle était trouée sur le couvercle et sur les côtés. Il s'abaissa pour mieux regarder à travers et vit des poils d'un animal. Il se releva et continua d'être suspicieux à l'égard de cette boite. Il se rapprocha encore plus de cette boite et souleva le couvercle et eut une agréable surprise...
Dans la boite se trouvait un adorable chiot. Il fondit en voyant le petit canidé de couleur sable. Le chiot remuait la queue, il semblait heureux de le voir. Il le prit délicatement dans ses bras et se détourna de la prison en carton de son petit chien. Il en devint presque gaga tellement ce petit labrador était mignon avec ses yeux noisette en forme d'amande. Il le posa à terre et le laissa découvrir sa chambre. Il sourit tendrement et s'assit sur le rebord de son lit. Il le regarda parcourir quelques petits centimètres par centimètres lorsqu'il le vit gratter à la porte de son armoire. Il pleurait un peu.
Chase se tourna vers son réveil, qui était un radio réveil vintage, et vit qu'il était l'heure pour lui de lever ses fesses de son lit et d'aller s'habiller. Il se leva donc et se dirigea donc vers son armoire où il y prit son uniforme. Il enleva ce qui lui servait de pyjama et se vêtu de son uniforme. Il passa ensuite à la salle de bain où, après avoir fait sa toilette, il se coiffa. Il sortit de la salle de bain et prit son sac de cours.
En se dirigeant vers la porte, il eut un doute. Devait-il retourner à la fac ou rester à la maison et méditer sur la soirée de la veille ?
La main sur la poignée de la porte, il se mordit la lèvre inférieure et se tourna vers sa chambre. Il enregistra chaque détail et trouva le moyen de les assimiler à Fedora. Il détourna le regard, ferma les yeux et soupira. Il abaissa la poignée fermement et sortit de sa chambre, claquant la porte.
Il descendit avec souplesse les escaliers, il devait être le seul à être réveillé dans l'appartement. Arrivé à la moitié de l'escalier, il entendit du bruit, des voix. Familières, une lui était désagréable à entendre. Quoique, non deux de ces voix lui très horribles à entendre. Si son oreille ne le trompait pas, il s'agissait de Carter et de ses parents.
En parlant de ses géniteurs, il s'était souvent demandé pourquoi ils le préféraient à Carter, alors que celui-ci était le plus jeune des deux. Et puis, avec de l'âge et de la maturité, il se dit qu'il devait être ce que ses parents espéraient qu'il soit. Beau, attrayant, intelligent avec quelques défauts séduisants comme le sarcasme, le narcissisme et autres.
Il sourit narquoisement et passa sa langue sur ses lèvres avant de descendre complètement les marches de l'escalier. Il croyait que les voix n'étaient que le fruit de son imagination mais la lumière de la cuisine qui est allumée le força à admettre qu'il n'était pas le premier à être réveillé.
Il entendit des bruits de pas en train de descendre les escaliers mais ces pas étaient plus doux, plus discrets que ceux d'un humain. Le claquement était faible comparé au claquement de talons hauts. Ces pas ne pouvaient donc être que ceux d'un animal. Il se retourna et vit son petit labrador. Le chiot sauta de la dernière marche et fit monter ses pattes avant sur les jambes de son maitre, tirant la langue, l'air joyeux, des étoiles dans les yeux. Alors, Chase le contempla avec tendresse avant de le prendre dans ses bras et de l'houspiller gentiment avec une voix gagagesque, se dirigeant vers la cuisine, rejoignant les êtres qui se disent être de sa famille.
Il entra dans la cuisine et vit que la table était presque vide, il ne restait qu'une tasse vide avec la cafetière sur la table. Le labrador se mit à grogner lorsqu'il passa près de son frère.
- Tiens, est-ce que Vanilla Ice a senti une odeur nauséabonde de pourriture provenant du café ? demanda-t-il narquoisement. Oh, non ! répondit-il, amusé en remarquant que tout les regards étaient braqués sur lui, il a dut sentir le doux parfum rance de Carter ! répondit-il en se moquant de son petit frère.
- Très drôle Chase, rétorqua le concerné en buvant dans sa tasse.
Vanilla Ice, nom sûrement provisoire, grogna de nouveau en voyant Carter. Chase jugea préférable que son adorable petit louveteau à la robe sable se dégourdisse les pattes et qu'il pourrait en profiter pour donner à Carter un nouveau jean troué. Et quand il tendit la main pour prendre un peu de café, son père l'interpella, le stoppant net dans son élan. Il garda la tête fixe et leva juste les yeux vers son père. Il lui demanda de sortir prendre l'air un moment avant qu'il ne le rejoigne.
Il se leva donc de sa chaise et ne prit pas la peine de la ranger. Il aimait provoquer son père, c'était toujours amusant de le voir rager en sachant très bien qu'il ne pourra jamais lui faire de mal vu qu'il est son seul héritier pour son entreprise qui vaut des milliards. Il passa derrière la chaise de son frère qui murmura quelque chose propos de Fedora. Carter eut un sourire au coin et Chase était sur le point d'éclater. Il se demandait ce qu'il l'empêchait de le tuer ce sale morveux ! Ah, oui... C'était la loi. Et ses parents. Les parents sont des traitres. Surtout les siens. Il croisa le regard de sa mère qui l'implorait de rester calme et d'écouter son père. Il se pinça les lèvres, son sang bouillonnait. Il remit correctement son sac en place et sortit de la cuisine.
Il se dirigea vers le salon et vit que Vanilla Ice s'était installé sur le canapé. Il soupira et sourit tendrement. Il marcha vers le canapé et s'y assit, auprès de son chien. Il pencha la tête sur le côté, souriant bêtement avant de caresser la fourrure de son animal de compagnie. En lui faisant des papouilles, Chase regarda à travers la fenêtre et remarqua que le ciel était assez nuageux et se dit qu'il allait sûrement pleuvoir. Il posa son sac à terre et se leva.
Il remit correctement son blazer et, après avoir caressé une dernière Vanilla Ice avant de monter dans sa chambre. Il parcourut les marches rapidement et se dirigea vers sa chambre.
Il ouvrit la porte et marcha en direction de son armoire. Sur une porte se trouvait un cintre sur lequel était suspendu un long manteau noir. Il prit le cintre et enleva le manteau qu'il enfila. Il reposa le cintre en place et remit correctement le col du manteau avant de sortir de sa chambre.
Il descendit les marches et se rua vers le salon. Vanilla Ice se réveilla et leva la tête vers lui. Il pencha la tête vers lui et il lui gratta la tête. Vanilla se rendormit, se mettant en boule. Il sourit tendrement et reprit en main son sac.
Il marcha en direction de l'ascenseur. Il appuya sur le bouton menant au rez de chaussée. Attendant que les portes s'ouvrent, il se tourna vers la cuisine où il vit que ses parents et Carter étaient encore à table. Ils semblaient si heureux... Il se mit à penser que c'était lui le mouton noir de sa famille.
Il se retourna vers l'ascenseur. Les portes s'étaient ouvertes. Il baissa la tête, ferma les yeux et soupira.
Il rouvrit ses mirettes et d'un pas déterminé, il marcha à l'intérieur de la cabine de l'ascenseur.
Il appuya de nouveau sur un bouton et les portes se refermèrent. Il regarda autour de lui et contempla chaque détail de la cabine. Ce jour était différent des autres, il le savait. Il le sentait. Il se posa contre le mur et croisa les bras sur ses pectoraux. Il tapa du pied alors que la musique d'ascenseur lancinante et lassante ne faisait que l'énerver encore plus.
Enfin, les portes s'ouvrirent. Chase sortit de l'ascenseur et se rua vers la sortie. Il franchit les portes de l'Empire State Building et chercha dans ses poches son téléphone et ses écouteurs. Il connecta les Air Pods à son iPhone et mit de la musique une fois qu'il les a eut trouvé. Joystick de Simon Curtis retentit dans ses oreilles.
Malheureusement, les paroles de cette chanson lui firent penser à Fedora. Les larmes commencèrent à perler et sa gorge se noua, son cœur, lui, se fissura encore un peu plus.
Il passa sa main dans ses cheveux et s'assit sur le bord du trottoir. Bien évidemment, le sol était trempé. Il grimaça mais ne se releva pas. Il détestait cette sensation de vêtement qui colle à la peau. Il mit ses coudes sur ses cuisses et se prit la tête dans les mains, les perles salées dévalaient déjà ses joues. De sa voix craquelée par le chagrin et par la peine, il n'arrêta pas de murmurer le nom de la blonde et de lui demander pourquoi.
Pourquoi était-elle morte alors qu'il avait besoin d'elle ?
Pourquoi ?
Et ça y est, il pleure. Sa gorge lui était douloureuse. Il enleva ses mains de son visage et effaça ses larmes. Il essaya de se calmer. Mais, il avait tant perdu... Il avait tout à gagner et il a tout perdu. Les pleurs étaient très tenaces et se déversaient rapidement.
Soudain, il sentit qu'une main s'était posée sur son épaule. Et contrairement à celle de la veille, cette main là était rugueuse et sèche. Celle de la veille était douce et fraîche. Il savait bien qu'il s'agissait de son père. Alors, il soupira intérieurement, se leva et se tourna vers son géniteur.
- Chase, commença-t-il, j'ai à te parler.
- Je m'en doute, sinon on ne serait pas là, répondit-il, sèchement.
- Qu'as tu fait hier, avec tes amis ? lui demanda-t-il, en insistant sur le mot " amis ". Avec ton " show " dans le cabaret de l'un d'entre eux ? C'est une honte, une disgrâce, continua-t-il. Pour un Jones, c'est inconcevable, rappela-t-il. Montre moi que tu peux le contrôler, le prévint-il alors que son fils s'était mit dos à lui.
- Sinon quoi ? interrogea-t-il en se retournant vers son père. Qu'est ce que tu vas faire ? tonna-t-il, enragé. Je suis déjà en Enfer... finit-il. A moins que tu ne veuilles m'envoyer dans un camp militaire comme la dernière fois ? interrogea-t-il, sarcastique. Ou même en pension ! s'exclama dans un faux et fou sourire. C'est vrai que ça a tellement arrangé les choses de m'y envoyer... rappela-t-il. Dès que quelque chose ne te convient pas... BIM ! Tu l'envoies le plus loin possible de toi ! C'est la manière Jones.
- Chase... Tes yeux... dit-il dans un souffle. Ils sont rouges et gonflés... remarqua-t-il. Aurais-tu pleuré ?
- Un Jones ne pleure pas, continua-t-il, des larmes perlant à ses yeux.
- Comment est-ce arrivé ? lui demanda-t-il en se rapprochant de son fils, le regardant dans les yeux.
- Les somnifères... Ils me donnent des hallucinations où je vois Fedora, avoua-t-il, une larme tombant de son œil.
Son père soupira et passa une main dans ses cheveux. Chase sentit que les muscles de sa mâchoire se contractaient alors que son géniteur se mit à ses côtés, lui interdisant de prendre ces cachets. Les gouttes d'eau salées tombèrent de ses mirettes.
Son père s'en alla, après lui avoir glissé quelque chose dans la poche. Il ne se retourna pas pour le voir s'en aller. Il savait déjà où il se rendait. Il se tourna vers la rue de l'Empire State Building. Il vit une limousine garée devant. Le conducteur le klaxonna. Il lui fit savoir qu'il devait encore attendre un peu avant de démarrer en ouvrant les bras comme si il voulait prendre quelqu'un dans ses bras.
Puis, il se retourna vers l'hôtel et le contempla dans sa splendeur, effaçant une larme du revers de la main, passant une main dans ses cheveux. Il reprit son souffle, respira lentement avant de se tourner vers la limousine. Il marcha vers sa direction et ouvrit la portière. Il s'engouffra à l'intérieur et referma la porte une fois attaché. Il renifla et remarqua que sur le siège passager se trouvait une boite de mouchoir. Un sourire tendre orna son visage tandis qu’il prit la boite et en tira un mouchoir avec lequel il effaça ses larmes et se moucha. Il reposa la boite et ordonna gentiment au conducteur de le conduire à la fac. Le moteur démarra et la voiture se mouvait.
Enfin arrivé devant la fac, la limousine s'immobilisa.
Chase ouvrit la portière et sortit de la limousine, claquant la porte derrière lui. Il mit ses mains dans les poches de son manteau tandis que la voiture démarra et partit.
Il se dirigea vers la fac lorsqu'il entendit qu'on l'interpella. Il enleva ses écouteurs alors que le refrain de Calling All The Monsters de China Anne McClain retentissait dans ses oreilles. Il se tourna vers la voix qui l'avait appelé et vit Leighton. Il ferma les yeux et sourit. Il se pinça l'arrête du nez, continuant de sourire bêtement. Il ouvrit ses yeux et posa sa main sur sa bouche.
- Chase ? Tout va bien ? lui demanda-t-elle.
- Oui, oui... Je vais bien.
- Tu sembles être un peu dans les vapes, remarqua-t-elle.
- Je sais mais je vais bien... Comment vont Chuck et les autres ? l'interrogea-t-il en faisant mine de s'intéresser à eux.
- Ils vont bien... Mais le garçon que tu as frappé hier soir, lui, il est à l'hôpital.
- Ah, carrément... A l'hôpital... dit-il, gêné.
- Tu n'y es pas allé de main morte avec lui, continua-t-elle, riant.
- Je m'en doute... Est-ce que... commença-t-il, est-ce que Chuck et Nate me détestent ? lui demanda-t-il alors.
- Pour le savoir, commença-t-elle, un sourire malicieux aux lèvres, tu n'as qu'aller leur demander...
Il hocha la tête tandis qu'elle se mit à ses côtés, lui donnant une tape amicale dans le dos. Elle se mit à rire. Chase, tourna la tête vers elle et la regarda se foutre de sa gueule. Il abaissa sa tête et la secoua doucement, disant qu'il ne trouvait pas ça drôle. Elle enroula son bras autour de sa nuque et le colla à elle, l'informant que, de son côté, elle trouvait ça très drôle. Il posa sa tête sur son épaule et elle l'embrassa sur le front.
Ils marchèrent sur l'herbe du campus, en direction de leur groupe d'amis. Ils continuèrent de marcher. Chase déglutit, appréhendant la réaction de Chuck. Il serra le poing, sentant sa mâchoire se contracter.
Lorsque Leighton et lui furent enfin devant Chuck, Nate et Aiden, la brune brusquement enleva son bras de sa nuque et rangea sa main dans la poche de sa veste. Il se racla la gorge tandis que Chuck enroula son bras autour du cou de sa petite-amie qui venait de s'asseoir. Son meilleur ami le regarda.
- Hum... Vous... Vous allez bien ?
- Nous, on va bien, répondit Nate. Quant au mec que tu as tabassé hier, à ma soirée d'anniversaire, commença-t-il.
- Elle était d'un ennui mortel ta fête, fit-il à Nate. Sans la bagarre de Chase avec Grant, la plupart des invités se seraient barrés.
- J'ai... J'ai cassé la gueule de Grant ? Ward Grant ? On parle de ce Grant là ? questionna Chase.
- Oui. De celui-là même, continua Chuck, un sourire malicieux aux lèvres.
- Oh, seigneur... soupira Chase en se pinçant l'arrête du nez. Il va bien ? lui demanda-t-il.
- Il est à l'hôpital mais il semblait de bien aller, après que tu sois parti, informa Nate.
Le brun soupira de nouveau. Il enleva sa main de son nez, releva la tête et regarda ses amis. Il voyait bien qu'ils étaient sur le point d'éclater de rire. Ils se retenaient de pouffer. Leighton fut pourtant la première à craquer. Chase balança sa tête en arrière, le sourire aux lèvres, sa main droite plaquée sur ses yeux. Chuck et les deux autres garçons se joignirent à l'euphorie de la brune. Néanmoins, elle gardait sa classe naturelle en ne se tenant que le ventre, riant aux éclats. Quant à leurs amis masculins... Disons que Chase croyait Nate trop distingué pour se rouler sur l'herbe verte et fraîche du campus... Chuck et Aiden sont de vrais porcs. Leighton et lui ne furent donc pas très surpris de leurs réactions. Il les regarda se rouler dans l'herbe, morts de rire et leur demanda pourquoi ils riaient. Chuck effaça ses larmes de rire et se redressa, se mettant en position du papillon. Il lui répondit que c'était lui qu'il les faisait rire. Il leva les yeux au ciel, s'apprêtant à répliquer lorsqu'un parfum désagréablement familier lui arriva. Ses mirettes bleues s'agrandirent et il supplia ses amis de lui dire qu'il rêvait. Leighton parut surprise et son faible signe de la tête négatif l'informa qu'elle était bien là. Il pencha sa tête en arrière et se retourna lentement pour faire face à la femme qui a détruit sa vie et celle de la personne qu'il aimait plus que tout. Nathalie et lui se faisaient face.
La rousse et lui restèrent l'un en face de l'autre sans se dire un mot. La tension était palpable entre eux. On pouvait presque sentir l'électricité dans l'air. Nathalie baissa la tête, s'avouant vaincue face au brun. Celui-ci remarqua qu'elle avait changé de look. Déjà ses cheveux. Ils étaient encore de leur flamboyante couleur sang mais les pointes étaient d'un étrange blond platine. Elle n'était même pas maquillée. Elle semblait triste. Sa chevelure tombait sur ses épaules. Elle portait un pull noir à col roulé sans manches près du corps, une jupe moulante au cuir sur des collants noirs, chaussée d'une paire d'escarpins noirs vernis. Elle osa enfin le regarder dans les yeux.
- Chase, commença-t-elle, souriant timidement. Tu... Tu as l'air de bien te porter, remarqua-t-elle.
- Toi aussi... dit-il, sur la défensive et d'un ton n'évoquant en aucun cas la sympathie. Tu as changé de coiffure, lui fit-il remarquer. Cela te va bien, la complimenta-t-il.
- Merci, répondit-elle, rouge. Et toi, tu n'as pas changé. Toujours le même Chase Jones, continua-t-elle, souriant tristement, la voix pleine de chagrin, haussant les épaules.
- En apparence seulement, ajouta-t-il. Mais bien sûr, tu t'en étais déjà rendue compte par toi-même quand Fedora était encore en vie.
- Chase, débuta-t-elle, la parole débordante de tristesse, je t'en prie ! Tu dois me croire quand je te dis que je suis désolée et que je ne savais pas que tu l'aimais à ce point ! avoua-t-elle, les larmes lui faisant perdre l'usage de sa gorge. Je suis, sincèrement, navrée pour Fedora, Chase, finit-elle, les pleurs dégoulinant sur ses joues déjà creuses.
- Je n'en veux pas de tes excuses Nat ! Tu as gâché sa vie en la lui prenant ! C'est à elle à qui tu devrais des excuses, pas à moi !
- Comment pouvais-je savoir qu'elle se suiciderait ? tonna-t-elle, les pleurs déformant son attrayant visage, sans artifice, pour une fois.
- Tu aurais pu l'éviter en ne t'invitant pas à cette soirée ! Familiale qui plus est ! s'emporta-t-il, rongé par la haine et par la haine.
- Mais... C'est toi qui m’as invité à venir te rejoindre...
- Quoi ? Pourquoi aurais-je fais ça ? questionna-t-il. Cette soirée était privée, personne d'autre que Fedora n'aurait du être là... réfléchit-il.
- Si ce n'est pas toi, commença-t-elle en se rapprochant de lui, collant leurs corps l'un à l'autre, alors qui m'a piégé ? Qui nous a piégés, Fedora, toi et moi ? lui chuchota-t-elle au creux de l'oreille, la voix rauque et suave.
Il se mit donc à utiliser sa cervelle. Qui, plus que tout au monde, aurait tout a gagné à ce que, lui, Chase Thomas Jefferson Jones, soit détruit par deux femmes superbes ? Qui le détestait à ce point ? Qui connaît sa faiblesse, son amour pour les belles femmes ? Qui le connaît plus que lui-même ?
Mais bien sûr ! Il ne pouvait s'agir que de lui ! Cela ne pouvait être que son morveux de petit frère ! Carter Jones ! Cet enfoiré les a bien eus ! Nathalie s'éloigna de lui, posa ses mains sur ses biceps saillants et l'interrogea sur sa découverte.
Il leva les yeux vers elle et contempla les émeraudes que sont ses mirettes. Il lui annonça qu'il savait qui avait fait ça et qu'il le lui paiera très cher. Il lui demanda par la suite de partir du campus et qu'il l'appellera lorsqu'il aura besoin de ses services. Elle le remercia, et l'embrassa sur la joue. Il enleva ses mains blanches et délicates de ses bras, rajoutant que c'est elle qu'il devrait remercier. Elle lui sourit tendrement et tristement avant de lui dire, à nouveau, qu'elle était désolée pour Fedora et lui. Il hocha la tête, lui signifiant que ses excuses sont acceptées.
Elle effaça d'un revers de la main ses larmes et mit, derrière son oreille, une mèche sang et blé de ses cheveux avant de s'en aller.
Il la regarda partir. Il rangea ses mains dans ses poches et se tourna vers ses amis. Ceux-ci se mirent à rire, une fois de plus. Il souffla et gonfla ses joues. Leighton se moqua de sa manière de montrer qu'il est fortement agacé. Il dégonfla ses joues, plissa les yeux et la contempla d'un air meurtrier. Sauf que ce n’était pas sur ses amis qu’il allait déverser sa vengeance. Il se mit à penser à un plan pour se venger de Carter… Rien qu’en y réfléchissant, il s’en délectait ! Un sourire malicieux se dessina sur son visage. Chuck, Aiden, Nate et Leighton prirent peur. Cette dernière lui demanda s’il allait bien. Chase reprit ses esprits, interrompu par la voix inquiète de son amie. Il lui répondit, un peu dans les nuages, qu’il se sentait très bien. Ses amis lui rendirent un sourire incertain. Il roula ses beaux yeux et leur assura qu’il était toujours lui.
- Je ne suis pas d’accord sur ce point, Chase Thomas Jefferson, commença Chuck. Le Chase que je connais depuis longtemps ne se serait pas fait du souci pour un de ses ennemis.
- Que veut te dire par là ? le questionna-t-il.
- Ce qu’il veut dire, c’est qu’avant, tu t’en fichais de savoir comment allait ceux que tu tabassais… conta Leighton. Que tu te fasses du souci, entre guillemet pour Ward Grant, nous surprend.
- C’est vrai ? Pourtant, je n’ai pas l’impression d’avoir tant changé. C’est comme si durant toutes ces années, je me réveillais enfin et que je reprenais le contrôle de mon corps, avoua-t-il. Peut-être que l’ancien moi n’était pas celui que je suis au fond…
- Peut-être… Ou peut-être pas. Peut-être que tu as toujours été un salopard de première catégorie ou pas. Mais, nous, tes amis, nous avons juste noté que tu as changé. En bien ou en mal, ça, c’est à toi de nous dire, fit Leighton. Tout ce que je peux dire, c’est que je te préfère comme ça.
- On peut dire merci à Fedora pour ça, fit remarquer Nate.
- Oui… C’est un peu grâce à elle que tu ne te drogues plus, que tu as changé en un Chase attentionné et tout ce qui fait tomber les filles sous notre charme, nota Chuck.
- Oui, sûrement Chuck. Sûrement.
- En parlant de Fedora et de changement, commença Aiden, et si on allait manger à ce fameux bar les amis ?
- Pourquoi est-ce qu’on irait là bas ? demanda Chuck avant de se prendre un coup de coude dans les côtes. Ouille ! s’exclama-t-il de douleur. Pourquoi tu m’as frappé ? demanda-t-il à Leighton.
- Déjà, commença celle-ci, parce que Chase n’a pas goûté aux… Spécialités de ce bar, continua-t-elle après avoir cherché ses mots. Et ensuite parce-que j’ai trouvé ce bar très bon d’un niveau culinaire, conta-t-elle.
- Tu as dit que plus jamais tu n’irais là bas à cause de leurs sandwichs ! s’emporta son petit copain.
- J’ai changé d’avis. Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis.
Chuck aurait voulu répliquer mais la sonnerie le coupa dans son élan. Lui et ses amis se levèrent. Leighton enroula son bras autour de son cou et ils se dirigèrent vers la fac. Chase laissa passer le groupe d’amis et les regarda heureux. Un faible sourire s’était formé sur son visage. Il disparut bien vite ce timide étirement joyeux de lèvres. Il regarda à sa gauche et à sa droite. Personne. Aucune silhouette d’une belle blonde. Rien. Niet. Nada. Il s’arrêta et se demanda s’il était nécessaire qu’il continue ses études, dans l’état où il est actuellement. Il pourrait aller étudier à Londres. Partir de New York où tout lui rappelait celle qu’il a tant aimée et chérie. Il jeta un dernier coup d’œil dernier lui.
Lorsqu’il se retourna vers le bâtiment de la fac, il remarqua que Leighton était face à lui. Elle lui demanda s’il comptait les accompagner à la fac ou s’il allait continuer à broyer du noir. Il s’apprêta à lui annoncer qu’il allait sûrement partir en Angleterre quand il se ravisa, se rappelant qu’il avait quelque chose à faire avant de partir de l’Amérique… Il fit semblant de chercher quoi lui répondre, passant du paysage du campus à elle, les lèvres entrouvertes, un sourire se dessinant peu à peu sur son visage.
- Tu te rappelles du jeu que vous faisiez avec Chuck durant un certain temps ? la questionna-t-il.
- Bien sûr que je m’en souviens ! s’exclama-t-elle, souriante. Mais, pourquoi tu me demandes ça ?
- Pour savoir, rétorqua-t-il dans un sourire malsain.
Elle lui fit savoir qu’elle commençait à avoir peur de lui. Elle lui tourna le dos. Il la contempla alors qu’elle s’éloignait de lui. Il sait déjà comment il va faire pour se venger de son frère. Il ne lui manque plus que Chuck et Elena Fox, son ancienne petite-amie…
Chase se précipita en cours de lettre. Il restait une place au fond, à côté de Nate. Est-ce qu’il tiendra trois heures auprès de ce charmant blondinet ? Seul l’avenir nous le dira !
Il sortit ses affaires et commença à écouter le cours que donnait son professeur. Mais, c’était avec une oreille distraite qu’il écoutait le cours. Il n’écoutait pas vraiment. De toute façon, il s’en fichait un peu des cours pour l’instant. Il ne voulait qu’une seule chose : reprendre sa vie où il l’avait laissé, sortir de ce cauchemar qu’est devenue sa vie. Alors, tout de même envieux de faire quelque chose durant ces trois heures de cours, il prit sa trousse et en sortit un crayon ainsi qu’une gomme. S’il se souvenait bien, il n’était pas mauvais en dessin… Même si sa passion artistique se résumait surtout à la musique. Sans dire qu’il dépasse Mozart, Beethoven et autres, ça serait de la fausse modestie de dire qu’il n’est qu’un débutant en matière de piano. Il a beaucoup de talent, sans trop se vanter. C’est en pensant aux mélodies qu’il a jouées qu’il réussit à tracer le premier trait de crayon sur sa feuille vierge. Chaque tracé équivalait une touche blanche de piano. Mais comme la mélodie inachevée de Mozart, le coup de crayon n’était pas assez travaillé. Il gomma le tracé et le refit, plus fin.
De minute en minute, il améliora ce qu’il créait. Il dessinait au grès de son imagination, sans trop se poser de question sur ce qu’il était en train de faire. C’était comme quand il écrivait ses propres partitions de musiques. Il n’avait qu’à caresser les touches et à fermer les yeux pour sortir une mélodie harmonieuse. Sur le papier de la partition, il écrivait les notes pour pouvoir la rejouer. Il savait pourquoi il avait choisi le piano comme instrument. C’était le seul qui lui permettait de s’évader. Il savait qu’en maitrisant les bases, il pouvait jouer n’importe quelle chanson et qu’il pouvait, ainsi, inventer ses propres mélodies. D’un coup de tête, il se mit à penser qu’un peu de musique ne lui ferait pas de mal pour continuer son « œuvre ». Il prit son sac de cours et le posa sur ses genoux. Il l’ouvrit et y chercha son téléphone ainsi que ses écouteurs sans fil. Il le reposa à terre et connecta ses écouteurs à son téléphone. Il cacha son téléphone de la vue de son professeur et mit en vitesse les écouteurs dans ses oreilles. Il parcourut sa bibliothèque musicale et en mit au hasard. Ce qu’il regretta très vite en entendant les premières notes de Wannabe des Spices Girls. Il soupira. Il connaissait pourtant l’effet qu’avait cette chanson sur lui. Il savait qu’il allait se mettre à claquer des doigts ou à chanter à voix haute et intelligible par tous. Il posa son coude sur la table, posa sa tête sur la paume de sa main et continua de dessiner, l’envie irrépressible de chanter.
Il s’était finalement endormi une heure après avoir fini plusieurs dessins.
Il sentit qu’on poussait son avant-bras. Il se réveilla soudainement quand il discerna que sa tête n’était plus tenue par son bras. Il regarda autour de lui, cherchant le coupable lorsqu’il vit une paire d’yeux reconnaissable entre toutes. Et ce n’étaient pas les mirettes de Fedora. C’étaient celles de Nate.
- Les cours sont finis ? lui demanda-t-il en s’étirant, remarquant que l’amphithéâtre était vide.
- Oui, il ne reste plus que toi et moi. Et le prof. Il attend qu’on sorte pour fermer la salle.
- Il est quelle heure ?
- Il est plus que l’heure de partir, messieurs, les informa leur professeur.
- J’ai dormi durant les trois heures ? le questionna-t-il, dans un murmure.
- Oui et non, Chase. Pas durant la première heure, rajouta-t-il, un peu dans le vague et las sur le même volume sonore, ne se rendant pas compte que leur professeur s’était approché d’eux.
- Pourquoi vous murmurer ? leur demanda-t-il.
Les deux amis, surpris, crièrent comme deux fillettes avant de se rendre compte qu’il ne s’agissait que de l’enseignant. Celui-ci leur pria de dégager de l’amphithéâtre. Chase rangea ses affaires. Il s’arrêta quand il vit les dix feuilles de dessin éparpillées sur sa table. Les muscles de sa mâchoire se raidirent. Ses yeux papillonnèrent. Il réfléchissait. Il s’apprêta à les prendre en main quand il vit que les mains fines de Nataniel s’étaient posées dessus. Il leva la tête vers son ami et le remercia implicitement. Le blond lui signifia d’un signe de tête qu’ils devaient y aller. Chase revint sur terre. Il prit son sac et rangea ses affaires dedans. Il s’aperçut que son téléphone ainsi que ses écouteurs avaient été rangés dans son sac. Il en gratifia une fois encore Nate. Ce dernier enroula son bras autour de ses épaules et lui rétorqua que c’était son devoir, en tant qu’amis, de l’aider du mieux qu’il le pouvait. Ils sortirent de l’amphithéâtre, en compagnie de leur enseignant qui ferma la porte après qu’ils soient sortis.
Les deux amis longèrent les couloirs avant de tomber sur Chuck, Leighton et Aiden. La brune avait son bras autour de la nuque de son petit-ami. Elle demanda à Chase si Mr Johnson lui avait demandé pourquoi il avait dormi durant les deux heures de cours. Nate répondu pour lui en disant que le professeur voulait juste qu’ils partent pour fermer l’amphi. Leighton eut l’air déçue. Chuck se tourna vers elle et lui demanda si elle voulait vraiment que leurs amis se fassent engueuler. Elle répondit d’un hochement de tête. Son petit-ami soupira et demanda à son meilleur ami s’il avait récupéré ses dessins. Chase hocha la tête. Il demanda à ses amis s’ils pouvaient aller manger, maintenant que tout le monde est sorti.
Ses amis sentirent qu’il voulait changer de sujet. Nate ne lui en tint pas rigueur et s’exclama que, justement, il était mort de faim. Les autres se mirent à rire.
Tous ensembles, ils se dirigèrent vers la sortie de la fac. Leighton prit la main de Chuck et ils coururent vers la décapotable de ce dernier. Chase écarquilla les yeux. Il se stoppa, se demandant à voix haute s’ils vont vraiment prendre cette voiture. Aiden vint à ses côtés et lui donna une tape amicale dans le dos. Nate les rejoint et lui rétorqua qu’ils n’avaient pas le choix de la prendre. La caisse est une Ferrari décapotable et elle possède une enceinte très performante. Il croisa le regard d’Aiden, un sourire en coin. Chase les regarda, tantôt Aiden tantôt Nate. Il leur demanda si tout allait bien. Ils lui répondirent qu’ils allaient très bien. Le blond lui donna une tape sur les fesses et lui ordonna de se rendre à la Ferrari avant qu’ils ne décident de l’abandonner sur le bord du trottoir.
- Okay, okay ! Bon sang ! Qu’est ce qu’il y a de si important dans ce bar ? les questionna-t-il.
- Tu verras là-bas… Monte dans cette voiture ! s’écria Nate.
- J’ai jamais vu un homme donner des ordres à Chase Jones…. commença une voix que le brun connaissait bien. Peut-être suis-je dans une autre dimension ? demanda la voix de Anthony MacKy.
Chase se retourna et vit un ancien ami. Anthony MacKy. Nate se tourna vers lui. Il lui demanda s’il voulait les accompagner manger. L’afro-américain ne refusa pas une telle invitation, surtout quand elle concerne la nourriture. Aiden et le blond laissèrent Chase et Anthony seul à seul. Ils se dirigèrent vers la limousine et implorèrent Chuck d’attendre encore un peu.
- Alors, tu es rentré de Londres ? demanda Chase à Anthony.
- Et oui ! répondit-il en se massant la nuque. Mes parents ont divorcé, alors ma mère a voulu qu’on retourne en Amérique. J’ignorais que tu serais encore à New York.
- Comme quoi… dit-il. Et si on y allait ? Je pense que Chuck en a marre d’attendre pour manger.
Anthony s’apprêta à dire quelque chose lorsque le téléphone de Chase sonna. Il lui demanda de l’excuser. Il tâta ses poches avant mais ne trouva pas son portable. Son ami lui demanda s’il avait besoin d’aide. Il hocha la tête et son ami vint derrière lui. Anthony mit sa main aux fesses de Chase qui sursauta. L’afro-américain murmura pour lui-même «ça, c’est le cul de l’Amérique » alors qu’il avait encore sa main sur le fessier de son ami. Celui-ci lui signifia qu’il avait tout entendu. Ils rougirent tout deux, l’un virant au rouge pivoine. Anthony extirpa d’une poche arrière un iPhone qu’il pense appartenir à Chase. Il le lui tendit. Il le remercia et regarda le message qu’on lui avait envoyé. Le vibreur a sonné trois fois, ça ne pouvait être qu’un texto. Il alluma son portable et vit qu’il s’agissait d’Aiden. Il le prévint qu’il ne mangeait pas avec eux ce midi là. Il avait rajouté que son père, qui était directeur d’un collège, l’emmenait en week-end. Il semblait avoir prit sa journée. Chase lui répondit un simple « ok » avant de se tourner vers son ami. Il enroula son bras autour de ses épaules et ils se dirigèrent vers la Ferrari de Chuck.
Celui-ci les klaxonna. Anthony stoppa Chase et lui demanda si c’était bien Chuck Harisson dans la voiture. Le brun, un doux sourire moqueur aux lèvres, lui répondit que c’était bien lui. En voyant la réaction de son ami, il arrêta de sourire et lui demanda si tout allait bien. Il lui répondit, un peu dans le vague, que tout allait bien. Il se dirigea vers la voiture, le laissant seul.
Chuck klaxonna son meilleur ami. Il sortit de sa transe et se tourna vers lui. Il lui sourit, les bras grands ouverts. Il lui cria, hilare, qu’il arrivait.
Il se mit à courir vers la Ferrari. Chuck était à la place conducteur, Leighton était auprès de lui. Quant à Nate et à Anthony, ils étaient sur la banquette arrière.
- Peux tu te pousser ? demanda le beau brun à l’afro-américain.
- Non, lui répondit-il, l’expression dure et sévère.
- Ne fais pas le faucon, Tony, rétorqua-t-il, s’appuyant contre la portière de la Ferrari.
Anthony esquissa un sourire avant de se pousser et de se mettre à la place du milieu. Chase le remercia de sa coopération. Il ouvrit la portière et s’assit. Il attacha sa ceinture et informa le conducteur qu’il pouvait y aller. Chuck ajouta qu’il manquait quelque chose. Il se tourna vers Leighton et lui demande ce que ça pouvait être. Elle lui répondit, dans un sourire malicieux, que ça devait être la musique. Elle fit volte-face vers le brun et lui demanda son téléphone. Elle dût s’y reprendre à plusieurs fois car il était en train d’admirer l’intérieur en cuir de la Ferrari 488 Spider. Anthony lui donna un coup de coude dans les côtes alors qu’il effleurait du bout des doigts la portière intérieure. Il se tourna vers l’afro-américain et l’interrogea de ses doux yeux bleus. Son ami l’informa qu’on l’appelait. Il chercha du regard qui l’interpellait et vit les mirettes de Leighton sur lui. Il lui demanda ce qu’elle voulait de lui. Elle lui ordonna de lui passer son téléphone. Il leva les yeux au ciel, sortit son portable, le déverrouilla et le lui passa. Elle semblait chercher quelque chose, qu’elle réussit à trouver. Un sourire vainqueur s’étira de ses lèvres. Elle brancha le téléphone à la radio. Chase comprit ce qu’elle cherchait : de la musique. C’est alors que Living On A Prayer de Bon Jovi retentit dans la Ferrari.
Chuck démarra enfin le moteur de la voiture et il commença à conduire. Ils se mirent à rire. Chase, complètement ivre de la joie que donnait cette chanson, se mit à chanter à tue-tête. Les autres le rejoignirent lors du refrain où ils firent des vocalises à en perdre la voix. Mais, ils s’en fichaient pas mal. Surtout Chase. Pour lui, le plus important c’étaient d’être avec ses amis et de s’amuser.
On a qu’à une vie… Et donc, une seule jeunesse ! C’est pourquoi, il avait décidé d’en profiter à fond. Pour les quelques minutes qui lui restaient avec sa bande d’amis.
-Woah, we're half way there, chantèrent-ils en choeur. Woah, livin' on a prayer. Take my hand, we'll make it I swear. Woah, livin' on a prayer.
Chase et Anthony se tournèrent l’un vers l’autre. Le premier, riant, se pencha sur le deuxième, avançant ses mains vers son visage. Le deuxième, hilare, le repoussa. La mélodie laisse sa place aux paroles. Chase et Anthony furent les seuls à chanter, les autres se satisfaisaient du refrain.
La Ferrari 488 Spider attirait tout les regards sur elle. Et pas seulement à cause de son prestige ou de sa couleur… Il faut dire que la voix de Chase Jones était un véritable plaisir à entendre… Sentant un regard mauvais sur lui, il se retourna et vit qu’un homme le toisait. Il lui fit un grand sourire et retourna à sa chanson. Tout New York pouvait maintenant entendre sa voix d’ange alors que Chuck conduisait vers l’endroit idéal pour manger, avec une spécialité qui, apparemment, pourrait lui faire du bien…
Ils arrivèrent enfin à destination, après avoir passé vingt minutes devant un feu de signalisation. New York, c’est plus ce que c’était… Chuck s’arrêta devant la devanture du bar et laisse descendre Leighton, Nate, Anthony et Chase. Ce dernier claqua sa portière et le remercia en lui faisant le salut militaire. Son meilleur ami leva les yeux au ciel, un sourire au coin et se retourna vers le volant. Il redémarra sa voiture et partit se garer. Leighton alla aux côtés du brun et enroula son bras autour de sa nuque. Elle lui donna une tape amicale sur le pectoral et l’assura que son ami allait bien. Il lui rétorqua qu’il le savait… Un doux sourire s’étira des lèvres de la brune, le regardant tendrement. Ils se tournèrent vers le bar, remarquant que Nate et Anthony étaient loin d’eux et devant la porte du bar. Chase baissa la tête. Il se demanda si ça valait vraiment la peine. Et le regard meurtrier de Leighton lui hotta l’envie de renoncer à manger. Il se tourna vers elle, leurs visages de l’un face à celui de l’autre. Leighton plongea ses yeux dans les siens. Il sût alors que jamais elle ne l’abandonnerait. Il lui prit la main et la serra entre ses doigts. Elle lui sourit et leva la tête vers le nom du bar.
Ils marchèrent en direction de la porte d’entrée, Nate et Anthony derrière eux. Chase posa sa main sur la poignée noire et l’abaissa. Ils entrèrent à l’intérieur du bar. Il eut l’impression d’être dans un de ces bars de série. Le sol était fait de carrelage prenant la forme d’un damier noir et blanc. Sur leur droite se trouvaient des tables donnant la vue sur la ville. Sur leur gauche étaient situées d’autres tables avec une banquette rouge en cuir. Des tables, faites en aluminium, pour deux personnes étaient parsemées dans le bar. Au milieu se trouvaient une sorte de box bleu ouvert sur la salle. Là se trouvaient une table de chaque extrémité du box, la banquette de l’une collant à celle de l’autre.
Alors que Chase se demandait ce qu’ils allaient manger dans cet endroit ressemblant à un bar des années 50, une serveuse sortit de derrière le comptoir – se trouvant en face du petit box bleu – et alla à leur rencontre. Il la détailla quand elle fut à son hauteur. C’était une très belle jeune aux cheveux flamboyants et ondulés. Ses mirettes étaient d’un vert doré, ses lèvres étaient fines. Elle n’était que très peu maquillée. La douceur de ses traits n’avait pas besoin d’être gâchée par quelconque artifice. La serveuse aux cheveux roux était habillée d’un débardeur de couleur prune moulant sa poitrine proéminente, elle avait enfilé un short vert, épousant la forme parfaitement la forme de son fessier, sous lequel elle avait rangé son débardeur. Il nota qu’elle avait aussi enfilé un collant d’un vert plus doux – peut-être vert pastel ou vert anis -. Elle s’était chaussée d’une paire de converses noires. Il remarqua que la belle rousse avait des tatouages sur le biceps gauche – représentant le crabe Sébastien et le poisson Polochon dans la Petite Sirène – ainsi qu’un tatouage à l’avant bras, évoquant des tentacules de pieuvres. Il s’attarda sur son visage et nota qu’elle avait un piercing au-dessus de la lèvre inférieure.
- Bonjour, messieurs dames, commença-t-elle d’une voix cristalline.
- Bonjour, répondit Leighton, nous prendrons une table pour trois, informa-t-elle alors que Chase la regardait avec un air interrogateur. Mon petit-ami payera la table pour nos deux autres amis, rajouta-t-elle en tapant amicalement le dos du brun.
- Bien, répondit la serveuse, je prends note et vous laisse vous installer dans ce cas, informa-t-elle en leur adressant un éclatant sourire.
La serveuse s’en alla et se dirigea vers le comptoir, perdant son si beau sourire. Chase comprenait pourquoi Leighton n’aimait pas cet endroit. Il régnait un parfum d’hamburger et elle n’était pas fan des fast-foods… Elle enleva son bras de sa nuque, l’expression dégoûtée en marchant en direction de sa table. Chuck arriva. Il fit de grands signes de la main à ses amis qui lui répondirent aussitôt. Ses lèvres s’étirèrent vers le haut et se rua vers eux. Il vit que Nate et sa petite-ami était déjà installés à une table. Il se tourna vers son ami et comprit qu’elle avait décidé que son nouvel ami et lui mangent ensemble. Il lui donna une tape amicale dans le dos, souriant d’une manière faussement désolée en lui rappelant qu’il était là pour une bonne raison. Puis, il partit s’asseoir avec Leighton et Nate.
Chase, se mordant la lèvre inférieure, se tourna vers Anthony qui regardait un peu partout avant de rapporter ses mirettes sur lui. Le brun se massa la nuque et regarda la table, l’examinant de près avant de finalement poser son postérieur sur la banquette. Il souleva le verre et prit en main le menu. Il remarqua que son ami afro-américain ne s’était pas encore installé. Il leva la tête vers lui et l’invita à s’asseoir. Il le fit aussitôt et parcouru le menu plastifié. Anthony s’était assis dos au bar et face à lui.
Chase, de son côté, leva les yeux du menu, ne trouvant rien de trop appétissant, et vit quelque chose qui l’intrigua au niveau du comptoir. Un corps féminin sortit de sous le comptoir. Elle était dos à lui. La nouvelle serveuse portait un jean de la marque LEVI’S d’une sombre couleur bleue. Elle avait enfilé un pull à col roulé noir assez près de son corps mince. Ses longs et lisses cheveux blonds châtain clair coulaient dans son dos. Si la forme de sa silhouette lui rappelait quelqu’un, c’était surtout son fessier qu’il regardait. Bombé, très bien proportionné et en forme de poire (ou encore en forme de cœur). Il n’avait vu qu’une seule personne qui avait un tel cul. Et cette personne, autant qu’il sache, elle est morte il y a de ça plusieurs mois déjà. Mais cette chevelure dorée avec quelques mèches de bronze, cette taille de guêpe et ce cul divin ne pouvait être qu’à Fedora. SA Fedora. Il resta plusieurs minutes à ne rien faire, sauf à contempler ce fessier parfait, pas autant que le sien, les lèvres entrouvertes, les yeux étincelants de larmes. Il sentit qu’on le poussait, il entendait qu’on l’appelait mais ces sons n’étaient que des murmures. Il ne savait même plus où il était.
Il se fit soudainement sortir de sa transe lorsque son nom fut prononcé avec un peu trop de force.
- Chase ? appela-t-il depuis quelques minutes déjà. Tout va bien ? lui demanda-t-il, un détestable sourire au coin, en s’étant retourné vers son ami.
- Je… Je…
- Voulez-vous prendre un peu l’air, monsieur ? demanda la serveuse, inquiète pour lui.
- Non… Ce… Ce ne sera pas nécessaire… J’étais juste dans mes pensées… mentit-il, continuant de regarder en direction du comptoir d’où l’autre serveuse n’était pas encore sortie. Je souhaite prendre le plat du jour, informa-t-il en tendant à la serveuse le menu qu’elle prit soin de plier.
- Bien, répondit-elle en notant la commande, souhaitez-vous autre chose ? Une boisson ?
- Oui… Hum… Mettez-moi un Coca Cola et en dessert, un simple donut.
- Bien, je vous emmène tout ça, l’informa-t-elle avec un superbe sourire.
Elle partit en direction du comptoir. Elle se mit face à sa collègue qui se retourna vers elle. Chase cherchait à croiser son regard par tous les moyens mais la rousse lui gâchait la vue. Il s’était levé quelque peu pour mieux voir ce qui se passait derrière le bar mais, voyant qu’il n’arrivait à rien, il se rassit. Il posa son coude sur la table et cala sa tête sur la paume de sa main. Il regarda en face de lui, espérant que la serveuse rousse s’en aille et lui laisse voir à quoi ressemble sa collègue. Il perdit espoir. Il lâcha sa tête et regarda autour de lui.
Il remarqua qu’une de ses veilles connaissances était assise à sa droite. Il s’agissait de Wade – connu aussi sous le nom de code Deadpool, à l’armée -. Il s’apprêta à se lever quand il remarqua que la serveuse rousse était derrière le comptoir et que sa collègue était partie. Mais où était-elle ? Se cachait-elle de lui ? Etait-elle celle qu’il cherchait ? Son cœur tambourina dans sa cage thoracique alors qu’une douce musique s’éleva dans le bar. S’il se souvenait bien, il s’agissait de Smooth de Santana en featuring avec Rob Thomas.
Il entendit un bruit de porte qui s’ouvre. Il se tourna vers la porte. Mais sa vue fut cacher par la serveuse rousse qui s’empressa de prendre les plateaux des commandes que portait sa collègue. Chase soupira. La serveuse plaça les plats sur ses avant-bras et se dirigea vers le box. Elle servit en premier la table de Chuck, Leighton et Nate. De son côté, Chase cherchait le contact visuel avec l’autre serveuse mais il ne pouvait que contempler son fessier, sa chevelure dorée et bronzée ainsi que son dos.
Enfin, son assiette fut mise sous son nez. Il remercia la serveuse et regarda son plat.
- J’ai remarqué que ma collègue vous intriguait, commença-t-elle, voulez-vous qu’elle vous apporte l’addition ? lui demanda-t-elle alors qu’il tourna l’assiette plusieurs fois, sans savoir par quoi commencer.
- Non, ça ne sera pas nécessaire…répondit-il après avoir compris la question, l’esprit dirigé vers l’autre serveuse. Si celle à qui je pense, elle m’en voudra. Et si elle n’est pas la personne à qui je pense, je risque d’être déçu.
Son esprit endommagé ne pouvait plus que se concentrer sur l’objet de ses désirs. Pour oublier, il prit une bouchée de son hamburger. Il le trouvait très bon et le dévora. Il entendit deux voix chantaient sur The Sweet Escape de Gwen Stefani. Il crût reconnaître la première voix, même si elle lui paraissait rauque, comme si elle avait été abîmé par de la fumée, des pleurs ou par la grippe. Les deux collègues chantaient et dansaient. La rousse lui apporta son dessert et sa boisson. Anthony n’avait pas encore fini son hamburger. Celui-ci s’empressa de le manger. Chase entendit son prénom plusieurs fois. Il releva la tête, s’attendant à voir Nate, Chuck ou Leighton le regardant. Il tourna la tête à sa droite et vit Wade. Celui-ci lui sourit tandis que la personne face à lui ne semblait pas être sympathique. Wade se leva et alla à sa rencontre.
- Salut Chase ! s’écria-t-il.
- Salut Wade, répondit-il, moins enthousiaste que son ami.
- Comment ça va depuis… Depuis que tu es revenu en Amérique ? le questionna-t-il.
- Je me porte comme un charme, rétorqua-t-il, mentant. Et qui est l’homme avec toi ? lui demanda-t-il.
- C’est mon père, informa-t-il.
Chase masqua son pouffement en mettant sa main devant ses lèvres. Wade se retourna vers lui. En voyant que son ami avait les larmes aux yeux et que son visage était rouge pivoine, il lui demanda s’il se sentait bien. Il se mordit la lèvre inférieure et ferma les yeux un court instant avant de les rouvrir et de souffler. Il se tourna vers son ami. Il lui assura qu’il allait bien et se leva. Mais soudain, il se fit bousculer. Il abaissa la tête et vit que la personne qui l’a heurté avec inadvertance était contre lui.
Cette personne n’est d’autre que la serveuse mystérieusement sexy. Pour se cacher, elle avait mit une casquette noire et avait posé sur son nez une paire de lunettes de soleil à double pont vintage.
Elle s’était accrochée à lui pour s’empêcher de tomber. Elle lâcha son t-shirt avec douceur et plaqua ses mains sur ses pectoraux avec délicatesse, comme si elle savait que cette zone était sensible pour lui. Il voulait voir son visage. Alors, il avança sa main vers son visage mais elle en empêcha en lui tapant doucement sur les doigts. Elle se rapprocha encore plus de lui, collant un peu plus leurs deux corps l’un à l’autre. Elle se mit sur la pointe des pieds et posa ses mains sur sa nuque. Ses lèvres étaient près de son oreille et de sa nuque. Il pouvait sentir sa respiration calme et son souffle chaud dans son oreille et dans son cou.
- Une femme timide est plus facile à séduire qu’une femme bafouée dont le cœur est à jamais froissé. Comme une vulgaire feuille de papier qu’on froisse, il est impossible de lui rendre ce qu’elle a perdu, lui susurra-t-elle en effleurant tendrement son dos en descendant ses mains sur sa colonne vertébrale.
Il ressentit un léger et agréable le long de l’échine. Il sentit que ses mains douces et délicates se posaient sur son fessier. Elle empoigna ses fesses. Il se mordit la lèvre inférieure tandis qu’elle planta ses ongles dans sa chair. Il gémit de douleur et porta sa main aux poignets de cette inconnue aux mains familières. Il les éloigna de son fessier.
- Je n’aime pas qu’on me tripote de la sorte, lui murmura-t-il à l’oreille d’une voix suave et séductrice, en lui lâchant les mains.
- Je l’ai remarqué, rétorqua-t-elle dans un chuchotement en creux de son oreille, en se mettant sur la pointe des pieds, sa main sur son pectoral gauche.
Elle s’éloigna de lui, ne relevant même pas la tête vers lui pour lui dévoiler son visage. Au lieu de ça, il n’eut que le balancement de sa chevelure lisse dans son dos et un déhanché sexy et involontaire de ses hanches. Il esquissa un sourire au coin en la voyant franchir le seuil du bar. Il se tourna vers Wade. Celui-ci affichait un sourire malicieux. Il lui demanda avec qui il venait de parler. Il perdit son sourire et passa sa langue sur ses lèvres. Il lui rétorqua qu’il espérait qu’elle soit celle à qui il pense. Wade ne semblait pas comprendre et cela arrangeait Chase.
Il détourna ses yeux de son ami pour les orienter vers son père. Il n’arrivait pas à croire qu’un homme comme lui puisse être le père de cet énergumène de Wade. Son père devait mesurer dans les 1 mètres 78. Malgré son âge proche de la cinquantaine, il restait un homme avec beaucoup de charme. Ses cheveux étaient rasés sur le côté droit et gauche de sa tête ainsi qu’à son dos. Ses yeux, comme ceux de son fils, étaient d’un marron pur. Sombres, ténébreux. Donnant au géniteur de Wade un air sérieux et froid. Qu’est qu’il aurait voulu avoir un père comme le sien… Il se présenta au père de Wade qui lui serra la main.
- Tu dois être Chase Jones, commença-t-il, Wade m’a beaucoup parlé de toi, et de ce qui t’es arrivé à l’armée, l’informa-t-il, un soupçon de compassion dans la voix.
- Oh, au moins, on a entendu parler de moi… Peut-être pas dans le bon sens…fit-il en lâchant sa main.
- Qu’est ce qui lui est arrivé là-bas ? demanda Leighton en se levant et en se dirigeant vers les trois hommes.
- Chase a connu un attouchement sex-, commença Wade quand son père plaqua sa main sur son visage, l’empêchant de continuer sa phrase, étouffant sa voix.
- Toi, je vais te découper les pieds à la hache et te sodomiser avec, prévint-il, sévère, en lâchant son visage et en le regardant dans les yeux.
- Mollo sur la haine papa ! s’écria Wade.
- Chase, commença Leighton, empathique, dis nous ce qu’il s’est passé, implora-t-elle, les yeux embués.
- Je te le dirai, débuta-t-il, que lors d’une partie d’Action ou Vérité, finit-il dans un mince sourire.
- Petit morveux, cracha Chuck, qui les avait rejoints, en le prenant dans ses bras.
Chase le serra encore plus dans ses bras. Une larme vint embrumer sa vue. Elle colla en lenteur sur sa joue. Chuck resserra son étreinte. Leighton ajouta que le soir même elle organisera une soirée pyjama où, il est bien évidemment invité. Un tendre sourire s’étira sur son visage. Il tapota l’épaule de son ami et se sépara de lui. Il posa sa main sur son épaule, face à lui alors qu’il le regardait avec tristesse.
- Tu sais que nous serons toujours là pour toi, Chase… lui dit-il.
- Je sais Chuck.
Chase s’en alla. Il sentit que les regards de ses amis étaient tournés vers lui. Dieu ce qu’il aimait les sorties dramatiques !
Il franchit la porte du bar. Il s’apprêta à prendre la route de l’Empire State Building quand il se fit interpeller.
Il se retourna et vit le père de Wade.
- Je sais reconnaître un homme qui a beaucoup perdu. J’ai été ce genre d’homme. Qui as-tu perdu ? lui demanda-t-il en sortant de sa veste en cuir un paquet de cigarettes dont il en sorti deux et en lui tendant une.
- J’ai perdu la femme que j’aimais comme un fou, répondit-il en prenant la clope et en la mettant entre ses lèvres.
- Moi aussi j’ai perdu ma femme. Et c’était de ma faute. Pendant un long moment, je n’avais qu’une chose en tête : mourir. Mourir pour la revoir, pour la prendre dans mes bras et lui dire combien je l’aime et que je suis désolé. Elle était tout ce qui pouvait se rapporter à une famille pour moi, continua-t-il en sortant un briquet de sa poche et en enflammant leurs clopes respectives. La douleur est preuve d’histoire. La douleur nous enseigne qui nous sommes, Chase. Parfois c’est si douloureux que nous pensons en mourir. Mais nous ne pouvons pas vraiment vivre jusqu’à ce que nous mourions un peu, n’est-ce pas ?
- Ca ne viendrait pas de Deadpool 2 cette réplique ?
- En quoi c’est important ? Ce qui importe c’est que ta douleur est saine et qu’elle t’apprend des choses sur toi. Je peux t’aider à la supporter, si tu en ais capable. Alors, c’est oui ou merde ?
- Merci pour votre aide, mais je peux m’en sortir seul. Je m’en suis toujours sorti seul, répliqua-t-il en tirant sur la clope et en s’éloignant de lui.
- Comme à l’armée ? Comme pour ton addiction à la drogue ? lui demanda-t-il. Tu as toujours eu besoin de quelqu’un Chase. Et ce quelqu’un tu l’as perdu en croyant que tu étais seul. En pensant que tu étais le seul à avoir subi ce que tu as subi. Mais tu n’es pas l’unique soldat qui a été torturé de la sorte ! Mais, tu es bien le seul qui n’a pas réussi à tourner la page et qui reste bloqué dans le passé.
Chase se stoppa net, écoutant chaque mot qu’il disait. Il avait raison. Il a perdu Fedora. Il a toujours crû être le seul au monde à ressentir ses émotions. Il se retourna, l’air perdu vers cet homme qui l’a rendu vulnérable.
- Comment pouvez-vous savoir toutes ces choses sur moi ?
- Je le sais parce que j’ai été comme toi, Chase. Jusqu’au jour où une femme est rentrée dans ma vie. Elle m’a fait prendre conscience que je ne suis pas aussi seul que je le croyais… Toi aussi tu l’as trouvé, n’est ce pas ?
Chase en resta abasourdi… Il entrouvrit quelque peu la bouche, évitant ainsi que sa cigarette ne tombe. Il abaissa la tête, il était encore plus troublé. Il se sentait tellement désolé. Son cœur était abimé, corrompu par l’amour et la haine. La haine de son propre être. Il se sentait abandonné…
Le père de Wade lui sourit et lui tourna le dos, finissant sa clope. Chase se retourna et se demanda ce qu’il devait faire maintenant. Retourner à la fac ou se cacher chez lui ?
Après de longues minutes de conversations avec lui-même, il décida d’aller à la fac lorsqu’il reçut un message de Charles McStan. Ce message devait être groupé ; jamais McStan n’aurait prit la peine de lui écrire. Pas après ce qu’il lui a dit. Il repensera une fois rentré chez lui. Il n’avait pas allé en cours ; ses professeurs étaient en séminaire pendant trois jours. Il se dirigea chez lui.
Une fois arrivé devant l’immeuble, il leva la tête et le contempla dans toute sa splendeur. Il baissa le visage, souffla un bon coup avant de pousser la porte de l’immeuble. Il prit l’escalier. Il ne pouvait plus supporter l’ascenseur. Là, il voulait juste marcher, se dépenser et se vider l’esprit. Dès qu’il fut arrivé devant la porte close de son appartement, il posa sa main sur la poignée et l’abaissa. Il rentra dans l’habitation. Elle était vide. Il respira l’air de la pièce principale. Elle avait été nettoyée. Il contempla le salon. C’était un grand salon avec beaucoup d’espace. Le salon était en réalité séparé en deux pièces, les deux ouvertes l’une sur l’autre. La première pièce était seulement consacrée au piano à queue noir vernis que Chase affectionnait. Dans la seconde pièce se trouvait un canapé d’angle noir en cuir avec une table basse en face d’une télévision à écran plat. Pour des raisons rationnelles, il n’aimait pas ce salon. Il lui rappelait sans cesse celle qu’il a perdue. C’est pourquoi il préférait le salon du haut auquel il s’y dirigea.
Seulement, quelqu’un était déjà dans la pièce. C’était Alexandra. Il y avait longtemps qu’il ne l’avait pas vu celle là. Et ça lui a fait du bien ! Il s’avança de la porte vitrée du salon. Il posa sa main sur la poignée, s’apprêtant à rentrer lorsqu’une voix familière le tira de ses pensées. Il baissa la tête, un sourire amer aux lèvres.
- Mère… murmura-t-il.
- Chase, que fais-tu ici ? lui demanda-t-elle alors qu’il se tourna vers elle. Tu ne devrais pas être à l’université ?
- Si mais mes professeurs sont en séminaire. Ils ne reviendront que dans trois jours.
- Tu as donc le temps de te changer pour ce soir, dit-elle visiblement ravi qu’il soit en avance.
- Pourquoi ? Il y a quoi ce soir ? demanda-t-il, ne sachant pas de quoi elle parlait.
- Voyons Chase ! s’indigna-t-elle. Je te parle du repas de Thanksgiving ! Ou, plutôt de sa répétition vu que tes grands-parents ne seront pas des nôtres ce soir. Le mercredi, ils sont occupés.
- Donc, je dois me préparer pour une répétition d’une fête qui ne sera que demain ? C’est complètement absurde ! J’ai des choses à faire ce soir !
- Comme ?
- Voir mes amis ? Sortir de ma prison dorée ? tenta-t-il.
- Quand tu seras fiancé, tu sais qu’il y aura une répétition de la cérémonie et du repas !
- Si je le suis seulement… murmura-t-il, sentant que sa mère ne tarderait pas à exploser. Très bien ! s’exclama-t-il. Je suis vaincu ! Je vais donc de ce pas me préparer ! Donc me laver, me coiffer et tout le reste ! C’est bon, t’es contente ?
- Je le serais plus si tu étais un peu plus comme ton frère… soupira-t-elle.
- Et voilà le temps des reproches… souffla-t-il.
Sa mère se mit elle aussi à souffler. Il se dirigea vers sa chambre. Sentant son regard maternel sur lui, il se tourna vers elle. Elle le détailla en détail avant de détourner le regard et s’en alla. Il ressentait que son sang impur et souillé bouillait dans ses faibles veines. La colère et la haine l’envahit peu à peu.
- JE MERITE MIEUX QUE L’INDIFFERENCE VENANT DE MA MERE ! tonna-t-il, enragé.
Il donna un coup de pied dans la porte de sa chambre, la défonçant. Ses mains tremblaient de rage. Il ne pouvait plus se contrôler. Il n’y arrivait plus. Il avait la fâcheuse impression que quelqu’un s’était emparé de lui, de son corps, de son esprit pendant bien trop longtemps. Il ne savait plus où il en était. Tout son corps était en proie à des tremblements. Il posa sa main gauche sur son front et la passa dans ses cheveux, essayant de se calmer. Il inspira et expira de grandes bouffées d’air avant de se tourner vers la porte de sa chambre, sortie de ses gonds.
Il la prit et la remit en place avant de se diriger vers sa salle de bain privée.
Il entra dans la pièce. Il sortit de la poche de sa veste un paquet de cigarettes et un briquet qu’il posa sur le plateau et se déshabilla. Il remarqua qu’une pile de serviettes était posée sur le plateau. Il en prit une et l’enroula autour de sa taille. Il ouvrit le robinet d’eau chaude et laissa couler l’eau qui devait encore être froide. Dès qu’elle fut à température ambiante, il boucha la baignoire et laissa l’eau couler et remplir le bac.
Lorsque le bac fut plein, il ferma le robinet d’eau et se déshabilla de sa serviette. Il plongea dans la baignoire. L’eau chaude le détendit. Il fit craquer sa nuque avant de prendre son briquet et son paquet de clopes. Il l’ouvrit, en sortit une et la mit entre ses lèvres. Il alluma son briquet et porta la flammèche au bout de sa cigarette.
Il expulsa la dernière vague de fumée avant d’éteindre la clope en écrasant son bout sur le plateau en argent où se trouvaient les serviettes de bain. Enfin, il décida de se laver après avoir fumé durant dix bonnes minutes.
Il sortit de la baignoire après s’être nettoyé les cheveux ainsi que le corps. Il prit deux serviettes, chacune de longueurs différentes. La plus grande lui servant pour se sécher le corps et la plus petite pour les cheveux. Il enroula la première autour de ses reins, l’autre toujours en main alors qu’il marcha en direction du miroir. Il chassa de la paume de sa main libre la glace embuée. Il se regarda dans le miroir et se trouvait un peu plus reposé qu’avant. Il se sécha les cheveux rapidement, les ébouriffant quelque peu.
Gardant la serviette autour de sa taille, il sortit de la salle de bain, les cheveux encore pleins de gouttes d’eau douce. Son torse était encore luisant, quelques perles d’eau roulaient en douceur sur son torse aux muscles saillants. En sortant, il sentit une présence dans sa chambre et regarda à travers la porte, grande ouverte. Il vit Alexandra en train de ranger sa chambre. Leurs regards se croisèrent. Chase écarquilla les yeux, ses lèvres s’entrouvrirent. La rousse se mit à rougir. La respiration du brun devint saccadée. Elle sortit de la chambre. Il n’essaya même pas de la rattraper. Il avait été surpris qu’elle soit dans sa chambre.
Il reprit ses esprits et remarqua que Vanilla Ice s’était couché sur son lit. Chase sourit tendrement et alla dans sa direction. Il s’assit auprès de son labrador et le caressa avec douceur, le regardant dormir avec compassion. Il soupira et se releva. Il marcha en direction de son armoire. Il l’ouvrit et y trouva ce dont il avait besoin. Il prit une chemise noire, un veston et un blazer de la même couleur sombre ainsi qu’un pantalon de costard. Il s’abaissa et ouvrit un tiroir où se trouvaient quelques cravates – noires ou bordeaux pour la plupart -. Il en prit une et la regarda longtemps avant de décider de la porter. Il posa ses vêtements sur son lit et enleva la serviette de son bassin. Il la balança à terre après s’être séché. Il s’habilla donc de sa chemise, de son pantalon. Il enfila par-dessus la chemise le veston qu’il boutonna. Il s’habilla du blazer et le boutonna aussi. Il se chaussa de chaussettes et de chaussures qu’il laça. Il passa sa main dans ses cheveux, les mettant en arrière. Il alla se regarder dans le miroir de sa salle de bain et s’examina. Pas de doute. C’était bien lui le plus séduisant des Jones. Il fit un sourire malicieux à son reflet avant de sortir de sa chambre.
Il descendit les marches de l’escalier et se dirigea vers le salon, apercevant que les lumières étaient allumés.
Il poussa les portes battantes. Il vit que Loki, Stephan et Charles Davis étaient déjà arrivés. Il ne manquait plus que Thomas. Chase commença à s’inquiéter pour lui lorsqu’il entendit le bruit de l’ascenseur arrivant à destination. Il soupira, il avait commencé à s’inquiéter pour rien. Il souffla et passa une main dans ses cheveux avant d’aller saluer ses cousins déjà présents, en attendant que le retardataire arrive au salon. Loki, Stephan et Charles se levèrent et refermèrent leurs vestes – qu’ils devaient avoir ouvertes pour être plus à l’aise -. Ils se mirent face à lui. Il les contempla à tour de rôle.
Le plus âgé des six cousins était vêtu d’un costard tout en noir – à l’instar de Chase – Ses cheveux noirs de jais coupés courts n’étaient pas gominés, contrairement à d’habitude. La lumière du soleil, encore haut dans le ciel de New York, donnait l’impression que ses yeux étaient vairons – l’une de ses mirettes était d’un bleu pur et étincelant alors que l’autre était d’une couleur semblable à un vert jade -. Loki semblait vidé, attristé. Chase lui serra la main et constata, avec effroi, qu’elle était glacée. Le plus vieux des Jones abaissa la tête, n’osant pas affronter le regard interrogateur de son cadet. Alors que ce dernier s’apprêta à lui demander ce qui lui arrivait, un rire ivre familier se fit entendre et le déconcentra. Loki releva la tête et regarda au loin. Charles et Stephan froncèrent les sourcils en voyant qui se trouvait derrière Chase. Celui-ci se tourna et découvrit un bien étrange spectacle ; Thomas semblait être saoul. Il s’était fait accompagner jusqu’à l’Empire State Building par un homme qu’il lui semblait connaître. Il s’agissait d’un asiatique. Très beau qui plus est. Ses yeux bridés étaient maquillés d’un épais trait d’eye-liner et d’ombres à paupières noire estompée. Ses cheveux, semblables au plumage luisant d’un corbeau, étaient parsemés de mèches roses. Ses plumes de jais étaient savamment coiffés : rasés sur les côtés afin de mettre en avant sa massa capillaire, peignés, avec du gel, sur la partie gauche de sa tête. Cette coiffure lui faisait penser à un fauxhawk ou à une coiffure dans la frange des cheveux est coiffée vers le haut et dont le dégradé est bas. Ses lèvres tentatrices et provocatrices étaient charnues et fines. Dût à ses origines asiatiques, le beau jeune homme possédait une peau matte et douce, ce que Chase imaginait. A ses oreilles, ou plutôt à la gouttière de l’hélix – cartilage de l’oreille - se trouvent un piercing en forme de serpent.
Cet homme… Il pensait le connaître. La forme de sa mâchoire, ses lèvres, ses yeux, sa silhouette. Ses mains si fines, paraissaient tellement délicates et tendres au toucher. Chase était curieux. Il le détailla en détail, savourant chaque détail de la silhouette de ce nouvel arrivant. S’il n’était pas si pudique et hétéro, il se serait jeté sur lui. L’asiatique devait ressentir ses yeux sur lui ; il paraissait gêné au vu du nombre de fois qu’il a passé sa main dans ses cheveux. Il avait l’air sûr de lui. Son assurance, sa confiance en lui, le faisait passer pour un séduisant séducteur redoutable. Ce bel homme au piercing à l’oreille, aux mains longues, gracieuses et élégantes et au visage fin et rond, aux traits harmonieux. Ses pommettes rondes en étaient la principale cause. Sa silhouette lui donnait l’aspect d’être mince et, ironiquement, musclé.
Chase se dirigea vers lui, après l’avoir longuement étudié. Il était déterminé à le voir, à le rencontrer, à entendre sa voix. Il se mit face à lui dès qu’il en eu l’occasion.
- Salut, je suis Chase Jones, commença-t-il, j’ai l’impression qu’on s’est déjà vus, ajouta-t-il avant de se faire couper violemment la parole.
- Non, on ne se connaît pas, je suis navré, rétorqua-t-il en l’invitant à se taire d’un simple geste de la main.
Chase fut donc réduit au silence par ce mystérieux individu qui avait juste brandit son index et son majeur. Il s’était mit à ses côtés, lui interdisant de prononcer quoi que ce soit. L’asiatique détourna son regard du sien et regarda au loin. Il s’éloigna de lui. Chase put donc admirer son fessier bombé qui portait une tenue flamboyant – et sûrement cher – qui rehaussait sa beauté. Le brun se mit à réfléchir, ses méninges cogitant ardemment dans sa boîte crânienne tandis que l’objet de son trouble – plutôt < un des objets de son trouble > finissait de se présenter aux membres de la famille Jones.
A présent qu’il avait entendu la voix de cet étranger familier – aussi douce que du miel – il savait qui il était : il s’agissait de Magnus Wù ! Il était bisexuel et, très sexy… Magnus s’était entiché de lui, il y avait bien longtemps. Chase a séduit plus de femmes – et d’hommes – que Don Juan lui-même. Malheureusement pour Magnus, à l’époque où ils se sont connus, il n’avait pas encore eu de rapports sexuels avec un gay. Il n’avait même pas embrassé d’hommes.
Maintenant qu’il est revenu dans sa vie, il ne sait plus quoi faire. Il resta cloué sur place, bloqué, perdu dans ses pensées.
Il était parti ailleurs jusqu’à ce qu’un rire se fasse entendre. Il se tourna vers la source d’euphorie. Il vit alors Thomas, avachi sur le canapé, la tête tournée vers lui, riant macabrement. Chase se sentit observé, et pas de la meilleure manière… Il détourna le regard, cherchant à poser ses yeux quelque part. Il décida de tourner son visage vers la porte, au cas où un autre séduisant fantôme de son passé décide de refaire surface… Il entendit Thomas dire une chose dans le genre : < Si seulement, il savait qui il est réellement… > avant de repartir dans un fou rire, emportant Magnus avec lui. Il se demanda ce qu’il pouvait bien entendre par là. Il se tourna vers eux et regarda l’asiatique avec un air meurtrier.
- Je t’interdis de toucher à ma famille, lui dit-il, les yeux rouge de colère.
- Famille, répéta Thomas avant de se mettre à ricaner comme un beau diable.
De la colère il passa à l’inquiétude. Et de l’inquiétude à l’incompréhension. Il ne savait plus quoi penser, ni quoi ressentir. Il se sentait, perdu, égaré… Comme Alice dans le pays des Merveilles. A force de grandir et de rétrécir, elle finit par oublier qui elle est… Tout ça à cause d’un foutu lapin blanc nommé < drogue >
Il dût attendre, sans comprendre ce qu’il était en train de se passer, en moins cinq minutes avant que la gouvernante n’annonce que le repas était prêt. Il se rua vers la salle de réception où devait se dérouler le déjeuner de Thanksgiving
Les portes étaient déjà grandes ouvertes. Appréhendant quelque peu, il entra et considéra la décoration dans cette pièce où il ne mettait presque jamais les pieds. Au centre se trouvait une large table rectangulaire où couverts, assiettes, verres et autres étaient disposés. Au dessus de la table était suspendu un lustre noir bohème en cristal. Aux murs étaient accrochés des tableaux ainsi qu’un arbre généalogique, qui s’arrêtait aux six cousins Jones. Chase fit le tour de la table, cherchant un carton où se trouvait son prénom – sa mère aimait bien donner les places de chacun, pour pas qu’il y ait de bagarre. Après avoir longuement exploré la table pour trouver sa place, il découvrit un carton décoré, grâce à un marqueur doré, de motifs orientaux où son prénom était écrit à l’encre noire. Il remarqua que le carton de la place à ses côtés portait le nom de Magnus. Donc, ses parents savaient que ce dernier allait venir et ils n’ont même pas prit la peine de le prévenir. Après tout, comment voulez-vous informer quelqu’un qui ne tâche même pas de vous parler. Il aurait dût demander qui serait présent à la répétition de Thanksgiving. Il se questionna sur les raisons qu’ont poussées sa mère à le mettre à côté de Magnus, sachant qu’ils ne s’étaient pas quittés avec douceur…
Il resta planté devant sa place alors que, quasiment, toute sa famille était déjà entrée et s’apprêtait à s’installer. Il sentit qu’une main se posa sur son épaule. Il sursauta et fit volte-face. Il aperçut les yeux inquiets de Magnus. Chase se calma et chassa sa main d’un mouvement d’épaule brusque. Il détacha sa veste et s’assit, suivi par son ami. Son père, assit au bout de table, demanda aux invités de se prendre la main, implorant sa femme de faire la prière. Bien que Chase fût réticent à le faire, il tendit sa main gauche à Stephan et sa main droite à Magnus. Celui-ci la prit, peu enjoué à l’idée de tenir entre sa paume, la main de celui qu’il a tant aimé. Finalement, il la prit. Chase se tourna vers lui et lui sourit. Magnus rougit et lui adressa un mince sourire.
Soudainement, il senti de l’eau sur lui. Il ferma les yeux un instant, se mordit la lèvre inférieure. Il serra les mains de Stephan et de Magnus avant de les lâcher violemment et de rouvrir les yeux, constant que son costard noir était mouillé, enfin, surtout sa chemise. Il leva son regard vers la personne en face de lui. C’était Carter. Ce dernier avait un verre d’eau dans la main gauche, l’autre était posée sur ses lèvres. Il se retenait d’éclater de rire, et donc de d’éclabousser son frère une nouvelle fois avec de l’eau et de la bave. Il sentit que tous les regards étaient braqués sur lui. Il n’avait pas besoin de se tourner vers Magnus pour savoir que celui-ci s’empêchait de pouffer de rire – comme tout le monde présent dans la pièce – en mettant son poing contre ses lèvres minces.
Il se leva de table. Il n’en pouvait plus de ressentir la gêne de sa famille et de ressentir leurs regards fixés sur lui. Ils ne rêvaient que de se moquer de lui. Il compte leur en donner l’opportunité dès qu’il sera sorti de la pièce, et même de l’appartement quand il se sera changé. Il n’arrivait pas à croire que son frère venait de lui recracher l’eau qu’il avait en bouche ! C’était dégoutant ! Et pourquoi sur LUI ! Pourquoi sur la seule personne qui n’a rien demandé à personne. Il souhaitait juste avoir une vie normale, avec quelqu’un pour combler le vide qu’a crée Fedora en essayant de le refermer. Il pesta contre Carter alors que l’eau se colla contre sa peau. Contre son torse. Magnus leva la tête vers lui. Il le contempla avec des yeux – presque – amoureux.
- Si tu voulais me faire un strip-tease, tu n’avais pas besoin que Carter te donne une excuse pour le faire, dit-il, visiblement heureux d’avoir lâché une bombe pareille.
Les frères Jones se retournèrent vers lui. Il leur sourit, haussant les sourcils quelque peu. Chase pria sa famille – et Magnus - de l’excuser. Il s’éloigna, sentant le regard d’un certain bel asiatique sur lui. Il essaya d’en faire abstraction lorsqu’il arriva enfin devant la porte et qu’il entendit sa voix chantante.
- Il se laisse désirer. J’aime les défis… dit-il, assez fort pour que tout le monde, y compris Chase,
Ce dernier sentit que ses lèvres s’étaient étirées avec un rictus malicieux. Il continua son chemin.
Arrivant enfin devant les portes, il les passa et les referma derrière lui. Il soupira et marcha en direction des escaliers Soudainement, il croisa son reflet sur le mur à sa droite. Il défia l’homme du miroir avec des yeux supplicateurs. Il se regarda avec pitié.
Il se dirigea vers la glace. Plus il perdait du temps pour se changer plus l’envie d’en finir devenait séduisante… Il se mit face au miroir et se regarda longuement. Il passa sa main dans ses cheveux après l’avoir posé sur son front, brûlant. Son reflet lui donnait l’image d’un homme perdu aux poches noires sous ses yeux vides. Son teint était d’une pâleur à en effrayer un vampire. Son costard noir avec sa peau blanche, ses yeux océans sans tonnerre pour les raviver et ses cheveux corbeaux ébouriffés lui donnait l’impression d’être l’ange de la mort, en plus d’être séduisant. Il ravala ses larmes et se mit à fouiller frénétiquement les tiroirs sous le miroir. Il y cachait une petite dose avant. Il se mit à espérer que le sachet s’y trouvait encore. Il regarda les tiroirs attentivement, n’arrêtant pas de fouiller. Il referma le dernier tiroir une quatrième – et ultime fois – enragé.
Le sachet ne s’y trouvait plus et ça le fouttait en rogne ! Il passa une main sur son visage, déformant ses traits. Quelqu’un devait savoir pour cette cachette là… Mais personne – excepté lui – ne connaissait son existence. Personne ne pouvait être en courant de cette cachette, où était dissimulée la plus grosse dose de drogue qui, à l’origine, était dans sa chambre. Il avait prit soin de prendre – et de cacher – tout ce qui pouvait lui être nécessaire. A savoir, un peu de poudre blanche illicite. Il s’apprêta à prendre la direction des escaliers, enlevant ses mains du plateau du meuble se trouvant en-dessous du miroir, lorsqu’une rumeur lointaine arriva à ses oreilles. Cette rumeur sourde lui était familière.
- Il n’est pas comme nous Amandine, prononça son père.
- Il n’est pas prêt Mickael ! rétorqua sa mère.
Chase sut qu’ils parlaient de lui. Il déglutit. Il haïssait quand on parle de lui derrière son dos. Il se rua vers les escaliers et en monta les marches quatre à quatre avant d’enfoncer l’entrée de sa chambre en plaquant ses mains sur le bois massif de la porte.
Mais avant de se mettre à la recherche du sachet de stupéfiant, il se dirigea vers son armoire. Il l’ouvrit en grand pour mieux discerner la présence d’un quelconque costard propre.
Son regard se promenait jusqu’à ce que ses yeux soient attirés par ce qu’il semblait être l’objet de sa quête. Il s’abaissa et le prit en main lorsqu’il entendit que la porte de son antre venait de s’ouvrir. Il n’y prêta guère d’attention à l’intrus et dénoua sa cravate qu’il jeta sur son lit. Il trouva louche que l’inconnu ne fasse aucun bruit. Peut-être son esprit lui jouait-il des tours… ça ne sera pas la première fois que ce genre de choses arrive. Il ne se laissa pas abattre. Il se mit une claque mentale, se ressaisissant. Il continua de se dévêtir, déboutonnant doucement sa chemise noire trempée, collant à son torse. Ainsi, en prenant son temps en s’habillant lentement, il évitait de revoir son maudit frère trop vite. Dès qu’il eut finit de se débarrasser de sa chemise, il la jeta sur son lit, aux côtés de son ancienne cravate. Il se mit à chercher sa chemise propre, cherchant de gauche à droite avant de se rendre compte que la chemise était posée sur un autre fauteuil. Il la prit en main, la dépliant et admirant sa texture rugueuse.
Il passa sa main dans la manche et se retourna, sentant une présence. Ses yeux s’écarquillèrent et son souffle se coupa. Magnus se trouvait là, debout face à lui. Chase sentit que ses doux yeux noisette parcoururent son corps. Son regard se stoppa sur sa blessure. Magnus leva la tête vers lui et le contempla avec surprise. Ne pouvant plus supporter les yeux de l’asiatique sur lui, le brun abaissa le regard et passa son autre bras dans la deuxième manche.
- Oh, commença Magnus, tu n’as pas à t’habiller pour moi, continua-t-il, tout sourire, visiblement ravi de la vue qui s’offrait à lui.
- Magnus, que fais-tu ici ? lui demanda Chase, commençant à boutonner son haut.
- Bien… Au moins, j’ai eu une belle vue, fit-il remarquer, apparemment vexé qu’il se soit habillé.
- Réponds à ma question Magnus, ordonna-t-il alors que ce dernier le contempla sous toutes ses coutures. Magnus ! s’écria-t-il, ramenant sur terre le bel asiatique qui semblait s’être perdu dans ses pensées – plutôt fantasmes -.
- La tension familiale était trop intense pour moi, avoua-t-il, alors qu’il était le pro des tensions – surtout sexuelles – depuis qu’il a fait son coming-out. Alors, je suis venu te voir, répondit-il simplement alors que Chase enfila sa veste de costume.
- Tu sais maintenant pourquoi je tiens à me tenir à distance de ma famille, ajouta-t-il en réajustant le col de sa chemise.
- < Famille >, répéta Magnus, levant les yeux au ciel, un sourire malicieusement séduisant s’étirant de ses lèvres.
- Oui, ma famille ! Je ne vois pas ce qui a de drôle là dans ! s’exclama-t-il, visiblement contrarié. Pourquoi Thomas et toi vous n’arrêtez pas_, commença-t-il, cherchant ses mots, ouvertement confus. De… De… De vous moquez quand je dis que les Jones sont ma famille, pourquoi ?
- Ce n’est pas à moi de te le dire Chase, répliqua-t-il, subitement devenu d’une douceur incroyable, un sourire aux lèvres, haussant les sourcils.
- Dans ce cas, aurais-tu l’obligeance de sortir de ma chambre pour que j’enlève mon pantalon ? lui demanda-t-il sur le même ton qu’il avait employé.
- Avant, ça ne te dérangeais pas que je sois là, lui fit-il remarquer dans un mince sourire mélancolique.
- Avant, comme tu dis, je ne savais rien de ta double orientation sexuelle et de ton béguin pour moi ! s’exclama-t-il, assez énervé. Si tu tiens tant à me voir, retrouve moi dans la pièce voisine, dit-il, le priant de sortir de sa chambre, tendant son bras gauche vers la porte de sa chambre.
- Bien, ne sois pas long, rétorqua Magnus, retrouvant sa jovialité.
- Magnus ! Attend ! ordonna Chase alors que l’asiatique s’apprêtait à sortir.
- Qu’est ce qui se passe Chase ? lui demanda-t-il, se tournant vers lui, lassé de son comportement fugace.
- Je dois t’avouer quelque chose, commença-t-il en s’approchant dangereusement de lui. Tu te souviens de ce que tu m’as dit sur l’amour ? questionna-t-il, enfin face à lui. Je crois que tu avais raison…
- Tu me dis que j’avais raison en disant que les sentiments amoureux ont l’air des sentiments ont l’air de symptômes ? demanda-t-il en le contournant. Qu’à chaque que tu vois l’objet de ton trouble tu as le souffle coupé ? continuait-il alors que Chase le contemplait. Que ton cœur se met à battre plus fort dans ta poitrine quand ton trouble t’effleure ? fit-il en écorchant tendrement de ses fins et longs doigts le dos du brun qui porta sa main à son cœur – dont les battements se sont intensifiés – , comme pour le protéger de Magnus. Que tu frisonnes quand il est près de toi et que, commença-t-il avant de murmurer d’une voix suave à son oreille, son souffle te caresse ? questionna-t-il en se collant un peu plus contre lui.
Chase trembla doucement en sentant la respiration chaude parfumée – à la menthe glaciale – de Magnus dans sa nuque. Ce dernier se mit face à lui et le contempla longuement. Le brun passa sa langue sa lèvre inférieure avant de lui avouer que, pour la première fois dans sa vie, il savait qu’il avait raison. Il l’affirma. Magnus écarquilla les yeux de surprise, ne pensant pas qu’un jour Chase Jones lui dirait qu’il avait visé juste. Il lui sourit et lui demanda qui est la personne responsable d’un tel changement. Il ajouta qu’il aimerait la remercier de l’avoir rendu humain, autrement dit < normal >. Chase tenta, tant bien que mal, de lui faire comprendre- ce qu’il a bien trop longtemps essayé de réfuter, s’obstinant à le nier- en vain. Mais Magnus s’entêtait à penser que cette fille était encore là. Alors, le brun explosa et lui avoua que Fedora, la femme responsable de ce < miracle > comme le disait si bien l’asiatique, est morte. Sa voix se remplit de chagrin, sa gorge se noua. Il continua, argumentant sur le fait que c’est grâce à elle s’il a découvert l’amour. Que c’est grâce à elle s’il ne prenait plus de drogue. Magnus fut choqué par ces révélations. Il n’y croyait pas ses oreilles. Il ne savait pas si son ami disait la vérité. Il fronça les sourcils et afficha un sourire surpris et incompréhensif. Il lui demanda s’il plaisantait. Mais, en voyant son expression abattue et sérieuse, il comprit alors qu’il ne blaguait. Ses yeux s’écarquillèrent, ses lèvres s’entrouvrirent et son visage prit un air désolé.
- Chase, commença-t-il, la voix cassée par la peine, vraisemblablement. Je suis désolé, vraiment… Je ne savais pas…
- Ne te fatigues pas avec tes excuses vides de sincérité Magnus, ça ne te vas la compassion, dit-il amer. En tout cas, plus maintenant, rétorqua-t-il en s’éloignant de lui.
- Si tu me cherches, commença-t-il, chagriné par sa réplique, en se mettant à ses côtés, le contemplant, je serais dans la pièce d’à côté, le prévint-il, la gorge sèche, les yeux embués, la voix brisée par la tristesse pour son ami.
Magnus se décolla de lui. Il s’en alla loin de lui, l’abandonnant. Chase le regarda s’éloigner. Il referma la porte derrière lui. Il eut l’impression que tout s’effondrait autour de lui.
Il reprit ses esprits et se souvint de la raison qui l’a menée jusqu’à sa chambre. A savoir le sachet de drogue disparu. Il se dirigea vers son lit où il regarda chaque recoin. Il fouilla dans les coussins, sous le matelas. Il reposa le coussin principal. Il passa sa main dans ses cheveux et se mit à réfléchir. Où pouvait se trouver ce maudit sachet ? Il eut soudainement une illumination des plus éclairantes ! Il marcha en direction de la bibliothèque de sa chambre. Il prit le premier livre qui attira son attention. Il le trouvait assez léger en main. Il l’ouvrit et découvrit un trou dans ces pages. Et dans ce trou se trouvait un sachet rempli de drogue. Il le prit et laissa tomber l’ouvrage d’une réédition du Bossu de Notre Dame de Victor Hugo. Il serra le sachet contre son cœur et remercia une quelconque force invisible d’être son côté, pour une fois.
Il sortit de sa chambre et se dirigea dans le salon du haut. Il ouvrit la porte et entra, cherchant du regard une personne en particulier. Aucune trace de Magnus. Il ne saurait expliquer pourquoi mais il avait espéré qu’il soit là. Avec lui. Il passa sa main dans ses cheveux et alla s’asseoir dans le canapé. Il débarrassa la table de tout ce qui pouvait l’encombrer. Il ouvrit le sachet, prit trois – grosses – pincées de drogue et en forma trois rangées. C’est comme si il retrouvait une vieille amie… Il se pencha sur la table basse, posa son index sur sa narine droite et inspira la poudre. La sensation de planer, de se sentir invincible face à la mort lui revint. Il ne se souvenait plus combien il aimait ça… Il entendit un bruit de porte en train de s’ouvrir. Il releva la tête et vit Magnus. Il fit enfin attention à l’accoutrement de son < amant >. Celui-ci portait une chemise noire sans col sous un caban d’un vert militaire – il s’agissait d’une sorte de trench coat court – en cuir sur lequel il avait fait quelques modifications. Il avait enfilé un jean noir, moulant son corps parfait. Il s’était chaussé d’une paire de bottes. Chase remarqua qu’il avait un verre de whisky dans la main, distinguant ainsi le vernis à ongles gris qui venait maquiller ses ongles. Il avait aussi rajouté des mitaines noires en cuir à ses fines mains. Seul Magnus savait se mettre en valeur de la sorte, sachant user de ses charmes pour arriver à ses fins. Il possédait, et avait toujours eu, un plus grand pouvoir de séduction que lui. L’asiatique s’avança vers lui et regarda la pièce, confus. Chase se cala contre le canapé, posant ses bras le long des dossiers du canapé, et le contempla, s’avançant vers lui. Il se mit à rire en remarquant sa réaction. Magnus marcha vers lui. Chase, quant à lui, se mit à rire et se pencha en avant, posant ses coudes sur ses cuisses, se pinçant le nez.
- Oh Chase, commença Magnus, qu’est ce que Fedora dirait en te voyant ainsi ? demanda-t-il, d’une manière rhétorique, faussement compatissant.
- Tu ne la connais pas ! rugit-il, se jetant sur lui, furieux, le plaquant contre un fauteuil proche du canapé. Personne ne la connaît, continua-t-il, un sourire fou se dessinant sur son visage.
- En réalité, je la connais mieux que toi, l’informa-t-il. Je la connais puisque je sais ce que ça fait d’être fou amoureux de toi…
Les lèvres du brun s’esquissèrent malicieusement. Il le relâcha la chemise de son ami et se rassit, s’humectant les lèvres. Il passa sa langue sur sa lèvre supérieure, considérant Magnus avec un sourie au coin. Il lui proposa de s’amuser un peu. L’asiatique tourna la tête vers la table et vit les deux rangées de poudre. Il posa son verre, à peine consommé, sur la table basse et se leva.
Chase fit de même, ne comprenant pas son comportement. Il prit son verre et se rua sur lui, s’interposant entre lui et la sortie.
- Je ne le ferais pas. Hors de question, prévint-il en secouant la tête négativement.
- Magnus, commença le brun, le suppliant presque.
L’asiatique voulu s’en aller mais Chase le prit par la manche de sa veste. Il lui tendit le verre de whisky. Magnus posa ses doigts sur la matière transparente du récipient, effleurant les doigts du brun qui se rapprochèrent des siens, s’entrelaçant. Il l’avait stoppé net dans sa progression vers la liberté. Il lui laissa le verre, coupant court à leur contact physique. Et, le sachant prêt à s’en aller, il posa sa main sur son pectoral, le contraignant à rester avec lui. Il le contempla du haut de ses 1 mètres 83 en étant bien face à lui. Il remarqua dans la pénombre éclairante que les yeux de Magnus n’étaient plus de ce marron sombre si attrayant. Ils étaient même assez singuliers. Ses mirettes ressemblaient à celles des chats. La couleur de ses yeux était d’un jaune luisant – comme de l’or liquide – ses pupilles étaient dilatées – on pouvait admirer l’or de ses yeux grâce à ses pupilles en forme de minces lignes verticales -. Ils se déshabillèrent mutuellement du regard. Magnus contempla les lèvres de Chase. Il admira chaque trait de son visage. Quant au brun, il considéra les yeux de son ami.
- C’est la drogue ou tu as vraiment des yeux de chat ? le questionna-t-il, appréciant la nuance dorée dans ses yeux.
- Ce sont mes vrais yeux Chase, l’informa-t-il, rougissant, ému par le compliment du brun.
- Ils sont magnifiques, murmura-t-il en posant sa main sur sa joue, la caressant du bout de son pouce. Tu es magnifique. Il n’y à rien de repoussant à ton propos.
Magnus sourit tendrement et rougit. Il lui prit le poignet. Chase lui sourit au retour. Il enleva sa main de sa joue. Il le prit par le col de sa veste. Il posa ses lèvres contre les siennes et les pressa leurs bouches l’une contre l’autre. Ce baiser… Magnus en a tant rêvé. Il l’a si désiré et si craint tout au long de sa scolarité avec Chase Jones. Il avait si espéré que ce doux et terrifiant souhait devienne vrai. Ce baiser était véritable, c’était sa vérité. Les lèvres du Jones étaient ce qu’il y avait de plus doux dans ce monde si haineux. Le contact de leurs lèvres était plus qu’agréable. Ils continuèrent de s’embrasser ardemment, jusqu’à ce que Chase brise le lien qui unissait leurs lèvres.
- Pourquoi tu t’arrêtes ? lui demanda-t-il dans un souffle, murmurant.
Chase lui sourit et reposa ses lèvres sur les siennes, les pressant contre les siennes.
Le baiser devint plus ardent encore et il s’emplissait de passion. Magnus remonta quelque peu la chemise de son amant passionné et posa ses fines mains sur la taille de Chase. Il effleura, du bout de ses doigts vernis de gris, son torse puissant. Il laissa ses doigts s’abandonner aux courbes des abdos du brun. Celui-ci chercha à enlever sa chemise, pour que le parcours charnel de Magnus puisse continuer. Ce dernier le comprit rapidement et l’aida dans sa tâche. Il se sépara légèrement de lui et dénoua sa cravate, la jetant à terre. Il lui enleva sa veste, déboutonna sa chemise avant de les balancer à terre et de se recoller à lui par le biais d’un baiser exaltant et enflammé. Il mit ses pattes délicates sur sa taille, le faisant vibrer, palpiter. Jamais il n’aurait crût que son partenaire, hétéro, serait épris d’un tel désir envers lui. Ils se reculèrent à tâtons jusqu’à tomber à terre. Chase, toujours aussi impétueux, était enivré par la drogue, ce qui lui faisait oublier qui était Magnus. Cependant, il devait avouer qu’il était aussi complètement accro aux baisers délicats et tendres de Magnus. Il voulut aller plus loin que de simples et brûlants baisers. Prit par l’ivresse de sa passion – réciproque – pour Magnus, il voulait briser ses codes ; peu lui importaient les conséquences de ses actes. Il avait goûté aux lèvres envoûtantes et délicieuses de Magnus. Il se délectait de chacun de ses baisers tortueux. L’asiatique était tellement désirable et attrayant que ça en devenant outrageant et vexant. Chacun de leur échange de salive était captivant et exaltant. C’était totalement exquis ! Ils continuèrent ainsi la danse diabolique de leurs langues dans la bouche de l’autre. Chase s’apprêta à déboutonner la chemise de Magnus quand celui-ci repoussa sa main, l’empêchant d’aller plus loin. Il décolla lentement ses lèvres, posant sa main gantée sur la joue de son amant fou. Une expression peinée orna son visage tandis que des larmes se formèrent peu à peu dans ses magnifiques yeux de félin.
- Tu es sûr que tu ne vas pas le regretter ? lui demanda-t-il, la voix quelque peu faible. C’est vraiment ce que tu veux ?
- Je n’ai jamais autant désiré un mec que maintenant, Magnus, chuchota-t-il. C’est toi que je veux, maintenant et de suite.
Magnus déglutit, Chase le remarqua avec le mouvement de sa pomme d’Adam, si maigre, comme son cou fin. Ils se sourirent mutuellement. L’asiatique lui caressa la joue affectueusement, grimaçant un sourire que Chase se chargea d’effacer en lui voulant un baiser. Magnus ferma les yeux, une larme coulant avec douceur sur sa joue. Il lui lâcha la main et le laissa satisfaire ses désirs bestiaux. Le brun le prit par la nuque et ramena ses lèvres contre lui. Il lui déboutonna sa veste et, se forçant à se décoller de lui, il la lui enleva. D’un geste tendre et amoureux, il commença à remonter sa chemise, continuant de goûter à sa bouche appétissante. Quant à Magnus, il posa sa main sur la nuque de son amant aux meurtrières caresses. Chase continua d’érafler avec douceur la peau de son dos, déjà bien abîmée par sa main baladeuse. Alors qu’il était sur le point d’arracher la chemise de Magnus, un téléphone se mit à sonner. Ils auraient pût en faire abstraction mais le portable vibrait de plus en plus. Il s’agissait du portable de Chase. Et bien que celui-ci ne s’en plaignait, Magnus, de son côté, se déconcentra. Il se sépara plusieurs fois du brun qui ne daignait pas s’arrêter. Chase était éperdument amoureux de ses lèvres et il ne pouvait pas consentir à les laisser l’abandonner comme ça. Magnus, cependant, redoubla d’effort pour lui demander de répondre.
- Chase, s’il te plaît, implora-t-il en se séparant de lui, réponds, continua-t-il tandis que le brun chercha le contact des boutons de roses de son amant.
- Très bien, soupira-t-il, rechignant.
Magnus s’assit sur son bassin, le contemplant de haut tandis qu’il prit en main sa veste qu’il renfila. Il la boutonna tandis que Chase avait du mal à récupérer son portable qui n’arrêtait pas de vibrer. Il le prit enfin et décrocha, un sourire victorieux aux lèvres. Sourire qu’il perdit en entendant la voix de son interlocuteur.
C’était Chuck. Chase en informa Magnus qui n’arrêtait pas de demander qui était à l’appareil. Il reprit sa conversation téléphonique en remettant son portable contre son oreille. Son ami le questionna sur ses projets de fin de soirée et sur le fait qu’il devait passer les rejoindre. Chase soupira et se pinça l’arrête du nez. Il le supplia de l’excuser et se mit à éclater de rire. La drogue commençait à diminuer mais il sentait toujours son venin enivrant dans ses veines corrompues. Magnus se leva tandis que Chase était encore allongé au sol. Il informa son ami qu’il n’allait pas tarder à venir quand il eut une idée. Il lui demanda s’il ne pouvait pas le chercher. Bien que Chuck semblait être récalcitrant, Chase sût quoi dire ; il n’avait qu’à envoyé son chauffeur de limousine pour les récupérer. Chuck tiqua lorsqu’il avait utilisé le pluriel.
- Comment ça < nous > ? Chase, sans déconner, ne me dis que tu as prit de la drogue et que tu crois que vous êtes deux parce-que je te jure que si c’est ça, je t’emmène à l’hôpital par la peau du cul !
- On se calme ! raisonna-t-il d’une voix traînante. J’ai, certes consommé un peu de substances illicites, commença-t-il en fusillant Magnus du regard alors que celui-ci, qui avait reprit son verre de whisky en main, levait les yeux au ciel, un sourire grimaçant, mais on est bien deux à venir chez Leighton, informa-t-il en se redressant.
- Oh, et bien dans ce cas, débuta-t-il, ton ami et toi êtes les bienvenus… Je demande à mon conducteur de vous chercher à ton appart, informa-t-il, d’une voix incertaine.
- Ouais, à tout’ Chuck ! s’écria Chase, raccrochant au nez de son ami. Magnus, prépare-toi ! On va chez Chuck Harisson !
- Quoi ? le questionna-t-il. Il en est hors de question ! Je n’irais pas chez lui !
- Et pourquoi pas ?
- Tu ne m’as même pas demandé si je voulais aller chez Charles Harisson ! Il n’est pas question que j’aille chez quelqu’un qui me méprise, informa-t-il alors que Chase se releva, marchant dans sa direction.
- Magnus, sans toi, je ne pourrais pas supporter cette soirée… S’il te plaît, je ne te le demande pas en tant que Chase Jones, je te le demande en tant qu’ami, le supplia-t-il. S’il te plaît Magnus, viens avec moi, l’implora-t-il de ses yeux océan devenus si paisibles. Magnus, je t’en prie, murmura-t-il, la voix larmoyante.
Magnus le regarda longuement, ne sachant plus quoi faire. Chase prit sa main au poignet fin et la posa sur son cœur. L’asiatique sentit l’organe vital du brun vibrer sous la couche de vêtements qui protégeait son buste. Son cœur battait fort dans sa poitrine, tambourinant contre sa cage thoracique.
- Tu peux sentir mon cœur ? Il bat Magnus…
- C’est la preuve que tu es un humain.
Chase esquissa un sourire, serrant le poignet de Magnus. Il poussa un petit gémissement de douleur tant le brun lui faisait mal. Il enroula ses doigts fins autour de son poignet. Il hocha la tête, lui signifiant qu’il était d’accord pour l’accompagner chez Chuck. D’un baiser chaste, Chase le remercia. Magnus aurait put pousser le baiser plus loin si le téléphone de son amant n’avait pas sonné. Chase se sépara de lui, reculant ses lèvres des siennes. Magnus sentit encore la caresse de la bouche de Chase sur la sienne. Il se pinça les lèvres, voulant se remémorer ce doux toucher. Le brun lui lâcha le poignet, il fit de même. Mais, sans crier gare, il sentit une proximité soudaine entre leurs deux corps, leurs doigts s’entrelaçant, leurs mains l’une contre l’autre. Magnus baissa d’abord la tête vers leurs mains enlacées, son cœur fit un bond dans sa poitrine. Il leva la tête vers Chase qui lui fit un grand sourire. D’un hochement de tête, ils se mirent d’accord pour partir. Ils se dirigèrent vers la porte, restée ouverte, du salon. Chase regarda au coin son ami, il soupira doucement. Il pouffa de rire tendrement. Magnus le considéra aussi, l’interrogeant du regard. Le brun le rassura et ils sortirent du salon du haut.
Ils descendirent les marches, toujours main dans la main. Alors que Jones s’apprêta à sortir, Magnus se stoppa net, bloquant le brun dans sa marche. Il se tourna vers lui et lui demanda ce qui n’allait pas. Il lui répondit qu’il craignait qu’il attrape froid. Chase haussa un sourcil, son visage s’ornant d’une expression suspicieuse. Il l’informa qu’il le connaissait depuis assez longtemps pour savoir quand il ment. Si au début, il joua la carte de l’homme offensé, il comprit bien vite que cela ne servait à rien de cacher quoi que ce soit à Chase Jones. C’était aussi vain que d’essayer de dissimuler quelque chose au FBI ou à la CIA… Magnus le savait bien donc il avoua qu’il avait peur que sa famille ne les trouve trop long à redescendre…
- Oh, t’en fais pas pour ça… Ils sont beaucoup trop occupés à parler de choses et d’autres qu’ils ne remarqueront même pas mon absence. Au pire, ils penseront qu’on a couchés ensemble – et qu’on doit encore le faire, en étant discret – et ils nous ficheront la paix. Soit… Et bien soit ils penseront qu’on a couchés ensemble et que j’ai dût te raccompagner chez toi après t’avoir bien défon_
- C’est bon ! Pas la peine d’en dire plus ! le coupa-t-il, ne voulant pas en savoir plus.
- Ca va ! T’inquiète mon beau, essaya-t-il, je ne suis pas un garçon facile, dit-il, tâchant de le réconforter.
- Dixit celui qui m’aurait passé dessus si je ne l’avais supplié de répondre à son téléphone… lui fit-il remarquer, un sourire au coin des lèvres.
- C’est vrai, rétorqua-t-il, pensif. Finalement, je n’aurais pas dût prendre l’appel…
- Bon, arrête de faire ton Chase Jones et partons en direction de l’enfer, pour moi en tant cas.
- Tu exagères… Chuck a changé depuis. Mais c’est vrai qu’il ne t’a jamais porté dans son cœur. Il n’aime pas les hommes plus beaux que lui et qui ne sont pas dans sa bande… C’est pour ça qu’on est meilleurs amis lui et moi. On se déteste mais on s’apprécie ! Ah, soupira-t-il, c’est si dur d’être moi, souffla-t-il d’admiration pour lui-même.
- Je te le fais pas dire, fit Magnus, levant les yeux au ciel, haussant les sourcils, un sourire aux lèvres.
Alors que Chase s’apprêta à rétorquer, Magnus se remit en mouvement, le forçant à marcher derrière lui. Il ne savait pas si c’était la drogue ou son cœur qui lui faisait penser ça mais, il devait admettre que Magnus était vraiment très sexy dans sa tenue. Vraiment très canon, surtout avec ce pantalon qui mettait bien en valeur ses formes sensuelles… Chase reprit ses esprits en se mettant une claque mentale. Il redoubla de vitesse pour venir aux côtés de Magnus. Il ne sût s’il devait parler, alors il demeura muet. Quant à l’asiatique, il se rapprocha de lui et lui prit la main, entrelaçant leurs doigts. Un sourire s’épanouit sur leurs deux visages tandis qu’ils s’approchèrent de l’ascenseur, à pas de loup.
Arrivés devant les portes en or closes de la cabine d’ascenseur, ils se tournèrent l’un vers l’autre, se jugeant mutuellement. Magnus, étant le plus près du bouton menant l’ascenseur à eux, appuya dessus, détournant ainsi, momentanément les yeux de ceux de Chase qui le déstabilisa. Celui-ci regarda en arrière et contempla le salon vide de l’appartement. Il revoyait sa rencontre avec Fedora. Il revoyait comment il s’était comporté avec elle. Il s’en voulait désormais. Une friction, une compression de sa main le fit sortir de sa transe. Son cœur fit un bond et il sursauta. Ses yeux croisèrent ceux de Magnus. Il l’apaisa. Il prit une grande inspiration, s’apprêtant à dire quelque chose, lorsqu’un éclat de rire se fit entendre. Il comprit que ce rire n’était pas une distraction de son esprit quand l’asiatique tourna la tête vers la salle à manger. Chase sentit que sa respiration devenait de plus en plus difficile. Heureusement qu’il réussit à se calmer quand un bruit lui fit comprendre que l’ascenseur était arrivé.
Il reprit ses esprits, lâchant brutalement la main de Magnus et se dirigeant dans la cabine d’ascenseur. L’asiatique ne comprit pas le brusque changement de comportement du brun. Il posa sa main qui avait été proche de la sienne près de son cœur et la recouvrit de son autre main, fermant les yeux. Il n’arrivait pas à supporter cette absence de chair. Il rouvrit les yeux et se tourna vers l’ascenseur dont les portes allaient se refermer. Il les stoppa net en les écartant l’une de l’autre. Chase le sonda attentivement, les bras croisés sur ses pectoraux. Magnus entra dans la cabine et se positionna auprès du brun, restant à bonne distance de lui. Il joint ses mains et les abaissa. Ils restèrent silencieux, profitant de ce moment de calme avant la tempête qui allait s’abattre sur l’appartement de Chuck. Chase lui jeta un coup d’œil discret. Il remarqua combien il était frustré. Il eut un sourire en coin. Les portes s’ouvrirent. Ils sortirent, l’un à la suite de l’autre.
Ils longèrent le hall de l’immeuble. Chase mit ses mains dans les poches de sa veste. Sentant la présence de Magnus derrière lui, il ralentit sa cadence et le laissa être auprès de lui. Il se tourna vers lui, il posa sa main sur son pectoral et le poussa en arrière, le faisant reculer vers un mur. Il le plaqua contre, enleva sa main du torse de l’asiatique, alors qu’il ne comprenait pas la situation. Il l’embrassa tendrement. Même si il était perdu, Magnus se laissa faire et y prit part en posant ses mains sur sa nuque, cherchant sans cesse le contact des lèvres de Chase.
- Dès qu’on rentre chez moi, commença Jones. Chambre, l’informa-t-il d’un ton impérieux en se séparant de lui.
Il sourit intérieurement, passa une main dans ses cheveux et s’éloigna de lui, prenant quelques secondes d’avance sur lui. Magnus reprit son souffle et se décolla du mur. Il regarda aux alentours. Il commença à marcher doucement, vérifiant que personne ne le surveillait, essayant d'agir normalement. Il se mit à courir vers la sortie, peu lui importait si on le voyait, où Chase l’attendait.
Il faisait froid dehors. Magnus tenta de se réchauffer comme il pouvait, surveillant la venue d’une limousine quand il sentit qu’on prit son poignet, l’abaissant au niveau de sa cuisse. La caresse des doigts de Chase sur les siens le fit frissonner. Ils se prirent la main. Magnus fit tomber sa tête sur l’épaule du brun qui enroula son bras autour de sa taille lorsque deux fars les aveuglèrent. Ils plissèrent les yeux, essayant de distinguer la forme de la voiture. Magnus tourna la tête vers Chase qui confirma ses doutes, c’était bien la limousine de Chuck.
- Tu n’aime pas Chuck, mais avoue qu’on peut compter sur lui, fit le brun.
Magnus soupira alors que Chase éclata de rire. Il lui embrassa le haut du crâne et se sépara de lui, se dirigeant vers la limousine. Chase posa sa main sur la poignée noire de la voiture. Il resta planté ainsi au moins une minute, réfléchissant à ce qui pouvait arriver à cette soirée. Il entrouvrit quelque ses lèvres, toujours dans ses pensées alors que ses yeux essayaient de trouver un endroit où se poser quand une voix familière le sortit de sa torpeur. Il se ressaisit et abaissa la poignée, ouvrant en grand la porte. D’un grand sourire, il invita Magnus à entrer. Celui-ci prit une grande inspiration et se décida à entrer. Arrivant à son niveau, il lui adressa un petit sourire et pénétra dans la limousine. Chase déboutonna sa veste et entra à son tour, fermant dès qu’il fut installé. Il regarda à sa gauche et remarqua que Magnus avait le regard rivé vers la ville de New York, encore éveillée. Il le contempla, une expression tendre sur son visage. Un sourire au coin se dessina sur son visage et il détourna son regard d’une aussi jolie vue. Il ferma les yeux et commença à s’endormir, espérant de ne pas faire de cauchemars trop, étranges, pour une fois.
Il se réveilla soudainement. Il ne se trouvait pas dans la limousine. Il était à terre, les mains liées l’une à l’autre. Il regarda où il se trouvait. Cette obscurité, quelque peu éclairée par la lumière faible de quelques bougies, lui faisait penser aux ténèbres d’une cave. Il vit soudain Magnus. Il ne semblait pas être en bon état. Brusquement, la porte s’ouvrit, laissant entrer la clarté du jour, faisant s’éteindre les bougies. L’incandescence du jour lui montra Fedora. Mais une Fedora différente. Son visage était couvert de tatouages représentant des ronces, ses yeux – d’habitude si bleus – étaient d’un violet galactique. Ses lèvres étaient aussi rouges qu’un bouton de rose. Ses cheveux – autrefois d’un blond blé – avaient poussé et formés une cascade ondulante de noir et de rouge sang. Les pointes étaient rouges. Elle portait un débardeur noir sous une cape à capuche noire dont les manches semblaient trop larges, un jean noir troué et était chaussée d’escarpins, eux aussi noirs. Elle les regarda, Magnus et lui, et un sourire démoniaque se forma sur son visage. Deux crocs apparurent. Elle s’approcha de Magnus. Elle plongea sa main dans une des poches de sa cape et en sortit une sorte de poudre noire. Elle pressa ses mains l’une contre l’autre. Elle s’agenouilla aux côtés de l’asiatique, visiblement effrayé.
- Tu es vraiment fou de croire que Chase Jones pourrait aimer quelqu’un d’autre que lui, lui dit-elle, les yeux dans les yeux, avec une voix qui n’était pas la sienne. Mais, je compte t’offrir la meilleure des façons de se faire aimer par cet homme sans cœur, lui promit-elle.
Elle lui caressa la joue de sa main blanche et aussi maigre que celle d’un cadavre, dont les ongles, vernis de noir, étaient assez longs pour trancher sa peau. Elle enleva sa main de sa joue brutalement, une expression de dégoût sur son visage. Elle se releva, laissant Magnus dans un état de détresse. Elle s’approcha de Chase, le dominant par sa hauteur.
- Chase, commença-t-elle, tu m’as oublié, affirma-t-elle.
- Non ! s’exclama-t-il, presque outré qu’elle pense une chose pareille.
- Tu m’as oublié en oubliant qui tu étais. Regarde toi Chase, tu vaux bien plus que ce que tu es devenu, continua-t-elle, reprenant une apparence qu’il connaissait bien.
- C’est faux ! Je n’arrive pas à t’oublier ! Je t’aime toujours Fedora ! Comment pourrais-je en aimer une autre ? la questionna-t-il, des larmes embuant ses yeux.
- Tu me mens en te mentant à toi-même. Tu en aimes une, ou plutôt, devrais-je dire, un autre, continua-t-elle en tendant son bras vers Magnus, la paume de sa main vers le ciel. C’est la dernière fois que tu te fiches de moi, l’informa-t-elle.
Ses yeux bleus s’injectèrent de noir. L’encre disparut tandis qu’un sourire malveillant s’étala sur son visage. Ses mirettes redevinrent de ce violet si pétillant et pigmenté. Elle se mit à genoux et posa ses mains sur son front. Chase écarquilla les yeux de douleur. Il s’apprêta à crier quand la main droite de Fedora s’abattit sur sa bouche, le forçant à garder sa bouche close. Sa tête et son lui faisaient affreusement mal, comme si on essayait de tirer son âme de son corps. Enfin, la douleur cessa quand elle retira ses mains de son crâne. Il s’évanouit, comme Magnus. Soudainement, il se réveilla. Il se leva et regarda autour de lui. Il se trouvait sur une plage paradisiaque. Il se tourna plusieurs fois pour vérifier s’il était seul. Il commençait à s’inquiéter. Il passa une main dans ses cheveux. Il remarqua, par ailleurs, que ses cheveux avaient été coupés. Il abaissa doucement sa main vers ses yeux et vit que ce n’étaient pas ses mains. Elles étaient plus douces que les siennes, les veines étaient assez voyantes et le vernis gris finit de le surprendre. Il passa une main sur son visage. Il reconnut à qui il appartenait. Il était Magnus ! Il se souvenait de chaque trait de son visage si doux… Il grimaça et chercha l’asiatique, qui devait être dans son corps, fatalement. Il se tourna vers l’étendue de sable fin lorsqu’un nuage de fumée éclata. Il avait transporté Fedora, dans sa version démoniaque. Elle lui adressa un large sourire tandis qu’il se rua sur elle.
- C’est toi qui m’as fait ça ! Tu m’as piégé dans un immonde, commença-t-il, cherchant ses mots, homosexuel ! pesta-t-il, une expression de rage mélangée à du dégoût, en regardant son nouveau corps, sexy qui plus est, d’un peu plus près.
- Pas de ça avec moi, Jones, fit Fedora, ses yeux s’injectant d’encre. On sait tout les deux combien tu l’aimes ce Magnus Wù. Voilà le marché, je vous rends vos corps à la condition que tu gagne à un petit jeu.
- Je ne fais pas de marché avec toi, l’informa-t-il.
- Bien, dit-elle, mettant sa main comme si une pomme était dans la paume de sa main. J’espère que tu seras plus coopératif, continua-t-elle alors que Chase eut un violent mal de crâne, le forçant à s’agenouiller.
- Fedora…. commença-t-il alors qu’il sentait que des vaisseaux sanguins étaient sur le point d’exploser, une veine palpitant sur son front, s'agenouillant devant elle, ses mains s'avançant vers son crâne douloureux.
- J’aime quand tu me supplies, l’informa-t-elle, le sourire aux lèvres, la voix paisible, le dominant par sa hauteur. Continue, lui ordonna-t-elle, avec des yeux noirs féroces.
- Fedora ! Je t’en supplie ! Arrête ! cria-t-il de souffrance.
- Parfait !
Chase n’eut plus la sensation qu’on lui bouillait le sang. Il se leva et vit que deux corps étaient apparus sur le sable. Il les reconnut ! L’un était celui de Fedora, l’autre… Il s’agissait du sien… Il leva la tête vers elle et lui demanda quel était le but de cette mauvaise blague. Le double diabolique de la blonde le rassura en lui disant qu’il ne s’agissait pas d’une blague. Elle se mit face à lui et tourna autour de lui aussi longtemps qu’il le supportera. Chase la stoppa net, la prenant par le coude. Il la questionna donc sur la nature de ce qu’elle souhaitait lui faire.
- Il s’agit d’un test. Pour savoir si tu tiens plus aux autres que tu ne tiens à toi. Choisis Fedora et tu pourras retrouver ton corps. Elle se réveillera et vous pourrez vous enfuir par un portail que je vais créer. Choisis Magnus et vous retrouverez vos corps d’origines. Il se réveillera et vous pourrez partir.
- Mais, si choisis l’un, l’autre ne se réveillera pas ?
- Tu as tout compris ! A toi de jouer ! s’écria-t-elle. Oh, j’allais oublier un minuscule détail… Ton temps est compté !
- Quoi ? Non !
Elle lui adressa un sourire avant de disparaître. Il pesta contre elle, rageur. Il passa une main dans ses cheveux et se mit à réfléchir. Il s’agenouilla sur le sable.
En face de lui se trouvaient les deux personnes qu’il aimait le plus.
Fedora et Magnus.
La première était douce, délicate, tendre, passionnée et très belle. Elle l’a aidé à être un homme meilleur. Elle l’a motivé à être clean, à ne plus approcher la drogue. Elle l’a rendu plus aimant. Plus humain. Elle lui a fait découvrir l’amour et l’altruisme. Il sait qu’aucune femme ne pourra lui faire ressentir ce que Fedora lui a fait ressentir. L’impression de compter pour quelqu’un, de faire parti d’un tout. Elle l’a rendu heureux et amoureux. Il savait qu’il était égoïste en voulant qu’elle revienne. Il désirait son retour pour ne plus ressentir ce vide béant dans son cœur qu’elle avait réussi à combler. Il l’a aimé dès qu’elle est entrée dans sa vie. Il l’aimait, l’aime et l’aimerai.
Quant à Magnus… Il le connaît depuis le lycée. Ils étaient très amis, ils rigolaient ensemble, se battaient quelque fois ensemble. Ils s’aidaient mutuellement dans les domaines où l’un n’excellait pas et où l’autre était le meilleur. C’est Magnus qui lui apprit à se battre. Et là, il avait été à ses côtés. Il est resté avec lui, peu lui importait ce qu’il déblatérer. Magnus avait toujours été là pour lui et Chase devait lui en être reconnaissant. De plus, il lui a fait découvrir son penchant pour les lèvres masculines. Bien qu’il ait déjà eu des rapports sexuels avec Charles McStan, il devait avouer que Magnus était vraiment épris de lui. L’amour qu’il éprouvait pour lui était palpable. Chase pouvait donc avouer que Magnus lui avait fait découvrir l’amour homosexuel…
Mais dans ce cas, qui choisir ? Celle qui l’a changé, celle qui lui a fait découvrir le grand amour ? Ou celui qui a toujours été pour lui, celui qui lui a fait découvrir une nouvelle facette de lui-même ?
Après une longue réflexion, il se leva. Le temps s’était écoulé.
Le double de Fedora lui demanda alors qui il avait choisi. Chase passa une main dans ses cheveux. Il alla aux côtés de la belle blonde. Il se pencha sur elle et l’amena à lui. Son double parut terrifiée et furieuse. Tout du moins, elle resta calme. Elle claqua des doigts. Il se retrouva à terre. Il se releva, les jambes endolories. Il vit une masse tomber au sol. C’était Magnus… Chase s’en voulut, il se pinça les lèvres s’empêchant de pleurer. Il alla voir comment se sentait Fedora. Il se rua sur elle et nota qu’elle avait changé. Il sentit un frisson dans sa nuque. Ses cheveux, autrefois si longs qu’ils coulaient dans ses cheveux comme une cascade d’or et de bronze – étaient coupés très courts. Elle semblait si paisible en étant endormie.
- Tu as fait ton choix Chase, lui murmura le double de la blonde. Mais, n’oublie pas que ce n’est qu’un rêve.
Chase eut soudain l’impression de se faire électrifier. Ou qu’on lui balançait un sceau d’eau glacée. Il se tourna vers elle. Elle lui fit un signe de la main, un grand sourire aux lèvres avant de disparaître. A l’instar de Magnus et de la vraie Fedora. Il sentit l’eau frigorifiée rouler doucement dans son et sur sa peau. Il sentit qu’on le poussait.
Il se réveilla soudainement. Au lieu de se trouver sur une plage de sable fin sous un grand soleil d’été, il était assis dans une limousine en cuir où il pleuvait des cordes. Il passa une main dans ses cheveux, notant que c’étaient bien les siens. Il regarda ses mains, c’étaient les siennes. Il soupira de soulagement. Il remarqua aussi que sa portière était grande ouverte. Il sentit un regard inquiet. Il se tourna vers ces yeux emplis d’angoisse. C’était de magnifiques yeux d’or et de noir.
- Magnus ? C’est bien toi ?
- Oui, Chase… lui répondit-il, vraisemblablement soulagé de le savoir en vie. Tu semblais faire un cauchemar, lui fit-il remarquer.
- Je sais, ce n’était qu’un rêve… murmura-t-il, fatigué, se pinçant l’arrête du nez.
Il sortit de la voiture, refermant la portière derrière lui. Il reboutonna sa veste. Magnus l’attendit. Il lui prit la main et ils se dirigèrent vers l’entrée du hall.
Ils entrèrent dans l’immeuble. L’asiatique l’interrogea sur où Chuck habitait. Chase lui répondit qu’il habitait au dernier étage de l’immeuble. Magnus leva les yeux au ciel. Il lui répondit qu’il aurait dû s’en douter vu l’égo que possède Harisson. Chase pouffa de rire. Ils se dirigèrent vers l’ascenseur. Le brun appuya sur le bouton et ils durent attendre quelques minutes avant que l’ascenseur ne descende. Dès que les portes s’ouvrirent, ils entrèrent dans la cabine. Magnus appuya sur le bouton menant au dernier étage de l’immeuble. Chase craignait que l’ascenseur ne tombe en panne. Il avait toujours eu peur de ce genre de choses… Mais heureusement, cela ne se produit pas.
Les portes s’ouvrirent. Magnus prit son inspiration. Chase lui présenta sa main. Il la prit et ils sortirent de la cabine de l’ascenseur.
Ils longèrent un long couloir avant de trouver finalement la porte de l’appartement de Chuck. Chase se tourna vers Magnus.
- Tout va bien se passer, l’assura-t-il, je serais là pour toi, le rassura-t-il.
Magnus hocha la tête, l’air pas très convaincu. Il reboutonna un peu mieux sa veste.
Chase ouvrit la porte et pénétra dans l’appartement. Sachant qu’il n’était pas suivi par Magnus. Il se tourna vers lui et l’assura qu’il pouvait y aller. Ce dernier chercha un moyen de s’échapper. Ne trouvant aucune issue de secours, il tourna son regard vers Chase, hocha doucement la tête, enfin décidé à entrer. Il abaissa sa main et marcha en direction de l’appartement. Chase le regarda s’avancer avec confiance. Dès qu’il fut à son hauteur, il enroula son bras autour de ses épaules, le collant à lui.
Ils marchèrent en direction du salon de Chuck. La pièce à vivre était assez grande. Au centre se trouvait un canapé noir en cuir en face d’une table basse dont le plateau est en verre. Il y avait un autre canapé noir en cuir en face de la table. Derrière le premier canapé se situait un comptoir de bar ainsi qu’une collection monstrueuse de boissons alcoolisées. De simples étagères avaient été clouées contre le mur. Une baie vitrée donnait sur la ville de New York. Devant cette vue imprenable se trouvait Chuck, admirant le ciel étoilé au-dessus de la ville, un verre de whisky à la main. Assis dans le canapé, Aiden, Nate, Anthony et Leighton discutaient de choses et d’autres.
Ils s’avancèrent vers le groupe assis. Chase se racla la gorge pour annoncer sa venue. Leighton leva la tête vers lui, bientôt suivie par les trois garçons. Le brun les salua et leur présenta Magnus. A l’entente de ce prénom lui paraissant familier, Chuck se retourna vers eux et se dirigea vers eux. Il se mit face à l’asiatique. Ils se toisèrent longtemps, essayant de déceler les faiblesses de l’autre. Sentant que la tension entre eux devenait de plus en plus palpable, Chase et Leighton décidèrent d’intervenir avant que quelqu’un ne soit blessé. Le brun tapota l’épaule de son compagnon, lui demandant d’une voix troublée et angoissée s’il allait bien. Magnus resta muet jusqu’à ce que Chase l’appelle une seconde fois. Il cligna des yeux, sans quitter Chuck des yeux. Il se tourna finalement vers Chase et lui fit savoir qu’il allait bien. Le brun ne savait pas s’il devait le croire. Il haussa un sourcil. Il le soupçonna de mentir. N’osant pas le contredire, Chase se tut. Il lui proposa d’aller s’asseoir dans le canapé. Magnus accepta et laissa Chuck, cloué au sol. Ce dernier tourna la tête vers lui et soupira. Il passa une main dans ses cheveux. Il se tourna vers ses amis et demanda à ses nouveaux invités s’ils souhaitaient boire quelque chose.
- Pour toi Chase, ça sera une menthe à l’eau, l’informa-t-il. Je n’ai pas envie d’appeler les pompiers parce que Môsieur Chase Jones a décidé de boire d’alcool après s’être drogué ! le prévint-il.
- Oh, c’est bon ! râla le concerné. Mais, mets-moi plutôt de la grenadine ou de la bière sans alcool. J’aime pas la menthe à l’eau.
- D’accord… soupira Harisson, et toi Magnus ? Tu veux quelque chose à boire ?
- Un whisky avec des glaçons, répondit-il.
Chuck sembla aimer ce choix de boissons ; il lui adressa un sourire. Il s’en alla. Leighton posa son verre sur la table, croisa ses jambes et le questionna sur sa relation avec leur ami commun ; Chase Jones. Magnus sembla surpris. Il haussa un sourcil, grimaçant un sourire. Il lui répondit qu’ils se connaissaient depuis le lycée, plus exactement depuis leur avant dernière année. Leighton buvait ses paroles, comme hypnotisée par lui. Magnus se mit à expliquer chaque moment qu’il avait passé avec le brun. Celui-ci corrigea certains passages. Ce qui faisait rire ses amis. Et puis, enfin, Chuck arriva avec les boissons voulues par ses invités. Il donna la bière à Chase après l’avoir décapsulé. Il tendit son verre à Magnus qui le prit. Il s’avança vers la table et posa son verre sur le plateau en verre face à lui. Chuck s’assit aux côtés de Leighton. Magnus en profita pour leur demander comment ils se sont rencontrés. Harisson se recula dans le canapé, laissant le soin à sa petite-amie de conter le jour de leur première entrevue. L’asiatique eut le malheur d’écouter attentivement ce qu’elle narrait. Chase posa ses lèvres sur le verre de la bouteille de sa bière et reprit une petite gorgée de bière sans alcool à la cerise. Lorsque Leighton eut fini de relater sa jonction avec Chuck, celui-ci se leva. De la musique retentit soudain, choquant Chase qui faillit se renverser de la bière sur lui. Si l’intro de la chanson ne lui dit rien, il se souvint des paroles. Il s’agissait de Fragile World chanté par Alberto Rosende. Il n’arrivait pas à croire que Chuck écoutait ce genre de chansons, mais chacun ses goûts. Magnus prit une petite gorgée de whisky, regardant au loin. Il reposa son verre sur la table. Il se pinça les lèvres pour se délecter du nectar alcoolisé qui se trouvait encore sur ses lèvres lorsque Chuck arriva par derrière, se penchant sur lui. Il mit sa main sur le verre du whisky – ainsi, sur la main de l’asiatique qui écarquilla les yeux. Chuck poussa le verre face à lui. Il lui murmura à l’oreille qu’il ferait mieux d’arrêter de jouer à son petit jeu s’il voulait encore être du monde des vivants. Chase sut, rien qu’en regardant Magnus, que celui-ci était désemparé, inquiet. Ses pupilles cherchèrent où se poser, implorant de l’aide. Chuck reprit son verre, laissant Magnus dans son état de trouble. Ses yeux s’abaissèrent, ne cherchant guère le contact des autres mirettes présentes dans le salon.
- Laisse le tranquille Chuck, demanda Chase, se levant à son tour.
Alors que les deux amis se firent face, prêts à se battre, on les informa que le dîner avait été servi. Magnus, Leighton, Nate, Aiden et Anthony se levèrent à leur tour. Le brun informa l’asiatique qu’ils n’étaient pas chez Chuck mais chez Leighton. Il le prit à part quand il remarqua que ses yeux s’étaient agrandis, enroulant son bras autour de ses épaules. Ils s’éloignèrent de la foule. Magnus essaya de parler. Chase le mit face à lui, posant ses mains sur ses épaules. Il plongea son regard océan dans celui doré de son ami et lui donna quelques conseils pour survivre.
- Ecoutes, si tu veux que Chuck te respecte, il fait que tu utilise l’arme ultime : le sarcasme, le répondant, la répartie.
Magnus comprit où il en voulait en venir. Il hocha la tête vigoureusement. Nate les interpella et leur ordonna de venir dans la salle à manger. Chase se tourna vers son ami blond et l’assura qu’ils allaient venir. Il se retourna vers l’asiatique et lui donna une tape amicale sur l’épaule avant d’enrouler son autre bras autour de sa nuque, le forçant ainsi à marcher. Ils se dirigèrent vers la cuisine, précédés par les amis du premier. Magnus ne disait mot, trop gêné d’avoir crût qu’ils se rendaient chez Chuck à l’égo surdimensionné. Ils entrèrent enfin dans la salle à manger. C’était une grande pièce dont les murs avaient été peints en blanc. Un lustre en cristal blanc était suspendu au dessus d’une table, elle aussi blanche. Un chemin de table noir et en dentelle avait été déroulé. Les assiettes, les couverts, les verres à pieds et les dessous de plats étaient de cette mystérieuse et occulte couleur d’encre. Les chaises, du style campagne chic, autour de la table étaient elles aussi de cette même couleur. Les sept amis restèrent debout cette table au contraste sombre-lumineux jusqu’à ce que l’hôtesse les convia à s’asseoir. Chuck se dirigea vers elle. Il lui tira sa chaise, la laissant se seoir. Seul Chase resta debout, ne sachant pas si sa place se trouvait auprès de ses amis, et aussi auprès de Magnus. Ce dernier, attablé avec les autres – excepté Jones -, attendait le dîner que la gouvernante de Leighton avait préparé.
- Rappelez-moi pourquoi je suis là ? s’enquiert-il, comme si être en compagnie des six amis le rebuter.
- C’est peut-être parce-que je te l’ai demandé ? tenta Chase, se tournant vers lui, encore debout.
- Oh, < supplier > serait le mot correct mon cher, corrigea l’asiatique, pivotant vers lui, lui faisant un clin d’œil, souriant.
Leighton se retint de rire. Magnus tapa ses dans ses mains, regardant – en souriant, les yeux quelque peu plissés- en direction de Nate qui, détourna vite les yeux. Apparemment, le blond ne pouvait pas supporter le regard hypnotisant et aimanté de Magnus.
- Alors Magnus, commença Chuck, toujours aussi amoureux de Chase ? quémanda-t-il, connaissant d’avance les réactions des deux concernés.
- Et toi, toujours aussi concerné par les histoires de cul de tes potes ? rétorqua l’asiatique, le principal concerné, sur un ton dédaigneux et amer.
- Les garçons, s’il vous plaît, les implora Leighton, on peut passer une soirée entre amis tranquille ? Sans bagarres ? continua-t-elle, coulant une attention particulièrement rancunière à Chase, qui finalement, s’asseyait.
- Je crains fort que cela ne puisse être possible, commença Magnus en se tournant vers elle, presque offensée vu la teinte que sa voix venait de prendre. Quelqu’un doit encore apprendre le respect de la vie privée, continua-t-il avec le même ton dédaigneux et amer, haussant un sourcil.
- Magnus, débuta Chase, ça n’en vaut pas la peine, l’assura-t-il, se mettant à ses côtés.
- Petit bougre ! l’insulta-t-il. C’est là où tu trompes Chase, répliqua-t-il, un doux sourire aux lèvres, appuyant ses mots en pointant son index vernis de gris vers la table. Il faut trouver un moyen de s’affronter, de s’expliquer en passant, tout de même, une bonne soirée, expliqua-t-il, enivré par l’envie de battre Chuck, tout en demeurant sérieux.
- Et tu as une idée pour que cela soit possible ? questionna Leighton.
- Je pense qu’on pourrait faire un jeu où tout le monde en pendrait pour son grade, répondit-il, soutenant chacune de ses paroles en pointant son index – et son pouce, formant une sorte de cercle - vers la table, restant sérieux, faisant dos à Chase.
- Je crois que j’ai une idée ! s’exclama Chase alors que Magnus se pencha en arrière, vers lui donc.
- Bon, débuta l’asiatique, maintenant que je vous ai aidé pour votre petite < sauterie >, j’estime que ma place n’est plus ici et je n’ai pas du tout envie de rester là, finit-il par prononcer en posant ses longues et fines mains à plat sur la table et en se levant, s’apprêtant à partir.
- Ca je ne pense pas, fit Chuck. Il y a des lois d’hospitalité à respecter.
- Toujours en train de dire, débuta-t-il en prenant sa respiration, < la loi c'est la loi >, dit-il, les yeux clos, prenant une voix rauque, presque vieillissante comme pour se moquer de Chuck.
- Toujours en train de prendre tout à la rigolade ? rétorqua le châtain, sur un ton amer et refrogné.
- S’il vous plaît, on peut changer de sujet ? les implora Chase, commençant à avoir mal à la tête.
- Oui bonne idée ! s’exclama Leighton, n’en pouvant plus de cette dualité entre les deux garçons.
- C’était le but, les informa Magnus, l’air renfrogné et la voix aigre, acide. Si on parlait de Fedora, tu ne la connais, n’est ce pas ? questionna-t-il au petit copain de l’hôtesse, sur un ton méprisant, vexant, mordant, glacial et amer qui lui sied à ravir.
- Magnus… commença la brune, voyant combien parler de la blonde disparue accommodait Chase au plus haut point.
- Ne parle pas de choses que tu ne connais pas, s’emporta le châtain, furieux contre le bel asiatique.
- Il la connaît, répliqua Chase, commençant à ressentir de la fatigue. C’est toi qui ne la connais pas ! tempêta-t-il, ses veines bouillant de fureur dans ses veines.
- Comment oses-tu me dire une chose pareille ? s’outragea Chuck. Je suis ton meilleur ami depuis le collège ! J’étais avec toi dans les pires comme dans les meilleurs moments !
- La plupart du temps, les pires moments c’est toi qui les avaient crée ! s’écria le brun alors que Magnus essaya d’en placer une.
- Où il était ton petit protégé, hein ?! le questionna-t-il, de plus en plus furieux.
- Je suis désolé j’ai demandé ! s’emporta l’asiatique, face aux deux meilleurs amis qui se faisaient face – sans lui prêter attention - pouvant enfin parler. Je ne veux pas assister à ce mélodrame, continua-t-il, regardant tantôt Chuck tantôt Chase, faisant la moue. Quelqu’un souhaite un martini ? demanda-t-il, s’interposant entre eux alors que Chuck avait fait un pas en avant.
Il posa sa main droite sur l’épaule de Chase et sa main gauche sur celle du châtain. Ceux-là semblaient prêts à se jeter l’un sur l’autre et à s’entre-déchiqueter. La respiration de l’asiatique était saccadé. Il se demandait pour combien de temps il arriverait à les retenir, eux et leur folie féroce. Les deux se toisèrent, se demandant qui de l’un ou de l’autre allait céder à l’appel de la soumission. Finalement, c’est Chuck qui rompit le lien en baissant la tête. Sans prêter un seul coup d’œil à Chase et à Magnus, il informa ce dernier qu’il n’était pas contre un martini. L’asiatique se détacha d’eux, soupirant. Il les avertit qu’il allait préparer les boissons. Chase le prévint qu’il ne souhaitait pas de glaçons dans son verre. Chuck, de son côté, l’avertit que son verre devra contenir de la glace pillée. Magnus en prit note et se dirigea au bar.
Les deux amis se dirigèrent au salon, là où tous leurs amis s’étaient réfugiés afin de ne pas assister à la colère des deux jeunes gens. Le brun remercia Magnus de s’être intercaler entre eux… Sans son action protectrice - envers Chuck ou lui, ça, il ne savait pas, même s’il avait déjà une petite idée – son amitié avec Harisson se serait détruite. Elle n’aurait été que de l’histoire ancienne…
Il alla s’asseoir sur le canapé en face de celui où se trouvaient Leighton, son petit ami et Nataniel. Jones craignait qu’il n’y ait pas de place pour accueillir Magnus. La brune toussa afin d’attirer l’attention de tout le monde. Elle les interrogea sur les jeux auquel ils ont envie de jouer. Nate parla pour tout le monde en proposant une partie d’action ou vérité. La brune paraissait heureuse à cette idée et questionna les autres invités. Tous les autres apparaissent d’accord pour une partie. Magnus arriva, deux verres à cocktail en main. Il les posa sur la table basse. Il avait mit les verres devant eux, sans se planter de destinataire. Il ne se trompe jamais. C’est un de ses plus grands défauts. Après avoir une bonne mémoire et être parfait. Parfois, quand ils étaient au lycée, il se demandait parfois si Magnus était mauvais en quelque chose. Et au fur et à mesure, il se rendit compte que son ami excellait dans tout ce qu’il entreprenait. Même pour séduire des pom-pom girls. Il n’a sut qu’un an plus tard qu’il était bisexuel. Bien qu’il n’était jamais sorti avec des filles ou avec des mecs, Chase avait remarqué que son ami avait plus de succès auprès de la gente féminine, beaucoup plus sensibles à ses beaux traits asiatiques, à ses larges épaules malgré sa corpulence gracile et mince que la gente masculine, un peu plus machiste. Magnus avait l’air gêné par le regard du brun sur lui. Il restait immobile, penché sur la table, les mains vides. Une fine goûte de transpiration coulait sur sa tempe. Ses lèvres étaient entrouvertes, laissant s’échapper son souffle glacé à la menthe. Son torse se souleva avec irrégularité et vitesse.
- Magnus, commença Leighton, tout va bien ?
- O-oui, réussit-il à articuler après s’être raclé la gorge.
- Tu peux t’asseoir tu sais, dit-elle, ne sachant pas quoi lui dire. Prends une chaise ou un fauteuil et rapproche-toi de nous, qu’on puisse jouer tous ensemble.
Il ne semblait pas du tout enclin à faire une partie d’action ou vérité et, cela, Chase le comprenait. Lui aussi ne voulait pas y jouer mais il n’avait pas vraiment le choix… C’est lui qui avait proposé à Leighton de faire ce jeu pour la soirée. Il savait bien que si elle avait accepté de sacrifier une soirée cocooning avec Chuck, c’était juste pour savoir dans quelles circonstances il s’était fait attouché à l’armée. Bien qu’avant il refusait d’en parler, là, il pouvait faire un effort pour ses amis les plus proches. Il se rendit compte qu’il n’en avait jamais parlé à Fedora. Alors qu’il était dans ses pensées, Magnus, de son côté, s’installa à ses côtés. Il posa une chaise près du canapé où Aiden, Anthony et Chase étaient confortablement assis. Leighton, après avoir claqué dans ses mains, se tourna vers Nate et lui proposa de commencer la partie, vu que c’était lui qui avait suggéré de jouer. Le blond se mit à rougir et, balbutiant quelques mots, se tourna vers Magnus. Nate s’éclaircit la voix et lui posa donc la fameuse question :
- Action ou Vérité ?
- Vérité, choisit-il après quelques secondes de réflexions, n’osant imaginer l’action.
- Bien… Hum… Ah, j’ai ! T’es t-il déjà arrivé de ne pas te maquiller ou de ne pas porter de vêtements trop… commença le blond, cherchant les bons mots. Flamboyants ?
- Cela m’est déjà arrivé, avoua-t-il, caressant de son index le rebord de son verre de whisky. C’était durant mes années au lycée. Tu peux demander à Chase si tu ne me crois pas, l’informa-t-il en remarquant les regards soupçonneux des convives.
- Je confirme ! s’écria le concerné. C’étaient surtout ton style capillaire qui faisait ta réputation. Surtout durant notre dernière année de lycée. Quand tu as rejoins la chorale, se souvint-il, c’est là où tu es devenu le Magnus d’aujourd’hui.
- Oui… soupira-t-il. L’une des pires années de ma scolarité, même si il y avait des moments de joie quelque fois.
Chase le dévisagea, il savait parfaitement à quoi il faisait allusion.
- A mon tour ! s’écria l’asiatique. Leighton ! l’interpella-t-il. Action ou vérité ? la questionna-t-il comme elle se tourna vers lui.
- Vérité, je me sens d’humeur à me confesser à vous, les informa-t-elle, souriante.
- As-tu déjà embrassé une fille ?
- Oui, avoua-t-elle après un silence, en partageant un regard avec Chase. Avec une fille dont tu as entendu parler, vu que tu as mentionné son nom tout à l’heure, ajouta-t-elle en taisant son nom ; par respect pour le brun.
Magnus entrouvrit ses fines lèvres, agrandissant les yeux de surprise. Il se tourna vers un Chase étrangement silencieux. Un air désolé apparut sur son visage au teint matte. Sa gorge se serra de tristesse pour son ami. Cependant, il ne pouvait pas s’excuser auprès de lui. Son air froid le résigna.
- Chase ? demanda Leighton.
- Oui ? interrogea-t-il en levant la tête vers elle.
- Tu joues avec nous ?
- Je n’ai pas le choix… soupira-t-il.
- Action ou_ commença-t-elle alors qu’il la coupa dans sa phrase.
- Action.
- Heu… fit-elle, se tournant vers Chuck, cherchant son aide. Bien… Raconte-nous ton < aventure > à l’armée, ordonna-t-elle, douce, se refusant à employer le mot < attouchement >.
- Je vais faire mieux que ça ! les informa-t-il en se levant, déboutonnant sa veste avec férocité, l’air sauvage, presque en furie. Je vais vous le montrer. Mais pour cela, j’ai besoin d’un cobaye…. murmura-t-il assez fort pour que les autres entendent, faisant semblant de réfléchir. Magnus, lèves-toi, c’est toi qui va être mon assistant. J’ai besoin d’un garçon qui supporte d’être touché par un homme, cracha-t-il à l’attention de Chuck et Aiden.
L’asiatique finit par se lever, après avoir longuement les situations qui s’offraient à lui, regardant tantôt Leighton, Chuck et Nate tantôt Chase, laissant parcourir ses yeux à d’autres endroits. Il déglutit et se mit face à son bourreau, le considérant avec intensité. Celui-ci se rapprocha de lui. Il lui murmura à l’oreille de se détendre et de ne penser à rien d’autre qu’à lui. Il ne voulait qu’il ne se concentre que sur une seule chose, lui et lui seul. Il devait oublier les personnes autour. Il se recula de lui et l’interrogea du regard, afin de savoir s’il l’avait comprit. Magnus hocha imperceptiblement. Chase lui sourit et se rua sur lui, posant ses mains sur ses épaules. Il le força avec douceur à s’asseoir sur la chaise qu’il avait quittée quelques secondes plus tôt, sous son ordre. Il ordonna à ses amis de se tourner vers eux. Il demanda à la brune de lui passer un élastique. Bien qu’elle ne savait pas ce qu’il allait en faire, elle obtempéra à l’ordre de son ami. Il prit l’élastique. Il contourna la chaise où se trouvait Magnus. Il resta debout pour lui prendre ses poignets fins et les mettre derrière le dossier de la chaise. Il s’agenouilla. Il lui passa l’élastique autour. Bien qu’il se demandait ce qu’il allait lui faire, il lui faisait confiance. Chase prit lui aussi une chaise qu’il posa en face de lui.
- Vous voulez donc vraiment savoir ce qu’il s’est passé, pour ça, il faut vous imaginez que Magnus est moi et que je suis quelqu’un d’autre. Il faudra vous imaginez que tout ce qu’il va se passer entre lui et moi, m’est vraiment arrivé, commença-t-il en se rappelant parfaitement de ce qu’il avait ressenti quand cet homme avait posé ses mains sur son torse.
Il ne voulait pas faire endurer ça à son ami. Mais, il n’avait pas le choix. Et puis, il se doutait que cela ne le dérangerait pas.
Il s’avança donc vers lui. Il lui déboutonna sa veste ainsi que les boutons de sa chemise. Chase entrouvrit ses lèvres en découvrant le torse musclé de l’asiatique. Son torse était bien bâti. Après quelque secondes de contemplation, il se décida enfin à faire ce qu’il avait à faire. Il écarta le pan de sa chemise, arrachant un sursaut à l’asiatique qui le regarda avec des yeux ronds. Le brun posa son index sur le pectoral de Magnus. Il balada ses doigts sur son pectoral gauche avec une douceur âcre. L’asiatique le contempla. Non sans stupéfaction. Bien qu’il aime le toucher délicat de Chase sur lui, il ne pouvait s’empêcher de se demander ce que lui avait ressenti lorsqu’on l’avait touché de la sorte. Les doigts du brun continuèrent à s’abandonner sur les pectoraux de son ami. Chase passa de son pectoral à son cou fin et matte. Magnus trembla sous les courtes caresses amoureuses de son ami. Ce dernier se laissa aller à la tendresse qui envenimait ses veines bouillantes de passion et de fureur. Quant à Magnus, il profita de chaque pression sur sa peau. Chase effleura ses cuisses. L’asiatique sursauta lorsqu’il arriva à ses genoux.
- Assez, implora-t-il.
- Voilà… Maintenant vous savez ce qu’il m’est arrivé à l’armée, fit-il, la voix tremblante, s’étant soudain rendu compte qu’il ne désirait plus qu’une chose, le contact du corps chaud de Magnus contre le sien, la rencontre de leurs lèvres et la danse effrénée de leurs langues.
Il se leva de sa chaise. Leighton fit de même et alla à sa rencontre. Elle l’interpella alors qu’il passa la porte du salon. Il se stoppa net, la brune resta à quelques centimètres de lui. Elle l’appela d’une voix brisée par le chagrin. Il se retourna lentement vers elle, son visage aux traits délicats se fermant, prenant une expression froide. Elle commença à parler lorsqu’il l’arrêta d’un geste de la main. Il l’informa qu’il ne voulait pas en parler, la voix coupée par la rage et la peine causée par le souvenir douloureux que lui avait laissé cet homme. Elle s’excusa. Il leva les yeux au ciel. Il se pinça l’arrête du nez. Il lui demanda s’il y avait un endroit dans cet appartement où il pouvait être au calme pendant quelques heures. Pile le temps qu’il lui fallait pour se calmer et évacuer toute cette rage qu’il avait en lui pendant si longtemps. Elle balbutia quelques mots avant de réussir à dire quelque chose. Elle lui indiqua une chambre d’ami. Il la remercia. Alors qu’il s’apprêtait à se diriger vers une des nombreuses chambres d’amis, elle lui demanda s’il souhaitait que Magnus le rejoigne. Il fit volte-face pas à pas. Il la contempla, un sourire malicieux au coin des lèvres. Il l’interrogea sur le fait qu’elle soit certaine que ça soit une bonne idée de lui envoyer l’asiatique. Elle s’apprêta à dire mais elle se tut.
Il se dirigea donc vers une chambre. Plusieurs portes s’offraient à lui. Il en choisit une où il posa sa main sur la poignée. Il l’abaissa et pénétra dans la chambre.
La pièce était tout ce qu’il y avait de plus normal. Elle ressemblait à peu près à la sienne. Comme la sienne, la chambre était ouverte sur la ville grâce à une baie vitrée. Elle était aussi occupée d’un lit à baldaquin – équipé d’une fine moustiquaire en fines fibres de soie blanche. Aux pieds du lit se trouvait un large coffre pour ranger des choses et autres. Près du coffret se trouvaient une petite table basse en bois massif au centre de trois chaises décorées de coussins en velours rouges brodés d’or. Derrière la table était cloué contre le mur un dressing. Contrairement à cette chambre, la sienne avait juste une large armoire vintage posée contre le mur. Cet antre ne possédait pas de bibliothèque avec une pharaonique collection de livres. Quelque chose à cette grande chambre… Chase remarqua que les rideaux avaient été tirés et cachaient donc la vue qu’offrait l’appartement. Il passa la main dans ses cheveux et s’affala dans le lit dont les couvertures d’un violet prune avaient été tirées. Il mit son bras sur ses yeux et commença à s’endormir lorsqu’il entendit que la porte de la chambre s’était ouverte. Il grommela quelques insultes.
- En voilà des grossièretés ! s’écria une voix vexée et moqueuse. Moi, au moins, j’ai eu la délicatesse de ne pas te comparer à une centaine d’espèces d’oiseaux.
Chase baissa son bras de ses yeux, soufflant. Il se redressa quelque peu et vit Magnus. Il le contempla rapidement avant de détourner le regard, lui en voulant pour l’avoir dérangé dans sa quête de sommeil et de tranquillité. Il repassa sa main dans ses cheveux et s’assit en tailleur sur le matelas. Il fit signe à Magnus de s’asseoir auprès de lui. L’asiatique se dirigea vers lui, se mettant face à lui. En voyant qu’il ne se décidait pas à s’asseoir, Chase lui attrapa le poignet, le serrant avec puissance, le forçant à se poser sur le matelas. Magnus se massa le poignet dès que le brun le lui lâcha.
- C’était vraiment nécessaire ? le demanda-t-il, fortement agacé, une moue se dessinant sur son visage.
- De quoi ? Si j’ai fait ce que j’ai fait, c’était pour qu’on arrête de me supplier de raconter ma vie. Même si c’est l’un de mes sujets favoris, ajouta-t-il, dans un grand sourire. Et puis, tu ne vas pas me dire que tu n’as pas apprécié de ce petit face à face ? le questionna-t-il, la voix chagrinée.
- Je ne crois pas qu’on parle de la même chose… soupira-t-il, se pinçant l’arrête du nez. Je parlais du fait que tu as failli me briser le poignet.
- Oh… Effectivement, on ne parlait pas de la même chose.
- Et sinon, débuta-t-il en se levant, massant toujours son poignet, une moue dédaigneuse ornant toujours son gracile visage, il est vrai que j’ai apprécié ce face à face et cette petite tension.
- Content qu’elle t’a plu car moi, débuta-t-il en se levant à son tour, se mettant face à lui, je n’arrive plus à m’en penser, lui murmura-t-il au creux de l’oreille d’une manière suave.
L’un face à l’autre, ils se firent face. L’un contemplant l’autre. Chase ne savait plus où il en était… Il aimait Fedora plus que tout mais il devait admettre que Magnus avait débloqué quelque chose en lui. Il cherchait des réponses. Et pour les avoir, il devait refaire ce qu’il s’était obstiné à ne plus reproduire lors de cette soirée. Il s’était forcé à ne pas se jeter sur Magnus et de l’embrasser comme un fou furieux. Ou plutôt, comme un drogué en manque de drogue. Il commença par s’introduire dans l’espace personnel de Magnus, sans que ce dernier le lui ait permis – même si cela ne semblait pas le déranger. Il l’attira contre son corps, ne le voulant que pour lui et lui seul. Il devait être proche et accessible que pour lui. Il le tient contre lui durant toute la durée de la rencontre entre leurs deux lèvres. Un baiser pour un baiser. Magnus, quant à lui, se laissa aller au baiser. En changeant de lèvres, l’un explora la forme de la bouche de l’autre et inversement. La bouche de Chase bougea une fraction plus vite. C’est lui qui menait le baiser. Un baiser pour un baiser. Tout ce que montrait le baiser, c’était qu’ils étaient faits l’un pour l’autre. Au vu de leur proximité, aucun courant d’air ne pouvait passer entre eux. Le nez de l’un caressait la joue de l’autre et inversement. Ils étaient, pour ainsi dire, comme connectés l’un à l’autre lors de chaque baiser. Cette soudaine parenté était due à la connexion du front de leurs lèvres respectives à leurs mentons. Ce si grand contigüité - causée par leurs fronts qui était l’un contre l’autre – releva d’une grande intimité. Dans certaines cultures, le fait que leurs fronts soient si près est un concept spirituel, comme Chase et Magnus le savaient si bien. Ce baiser signifie bien plus dans ces cultures. Il signifie la rencontre de deux âmes, de leurs âmes à eux. Magnus suivit le mouvement de celles de Chase alors que ce dernier se sépara, cruellement, de lui. Il s’était reculé pour mieux contempler la lueur de désir qui brûlait dans ses yeux d’ambre à la pupille fendue. L’asiatique, aux mirettes félines, ne tolérait pas cet abandon si soudain. C’était leur premier baiser, sans que l’alcool ou la drogue y soit pour quelque chose – ce que Magnus espérait -. Même pour Chase, ce baiser n’avait rien à voir avec celui échangé en début de soirée. Magnus se retira patiemment, attendant que le brun soit de nouveau prêt à se laisser aller à ses pulsions. Il était plus que désireux et prêt à rester debout aussi longtemps que possible pour que Chase puisse faire ce qu’il voulait de lui. Il lui avait laissé les commandes. Ils connaissaient ce que c’était que le désir. Magnus l’a trop souvent désiré.
A nouveau, il reçut le brun, alors qu’un début de sourire commença à germer sur son délicat visage. Cette fois, leur baiser était d’un angélisme pur et d’une profondeur abyssale. Il était tout ce qu’il y avait d’intime et de passionné. Le brun se sépara de nouveau de Magnus. Sa respiration saccadée trahissait son envie d’aller plus loin. Il rouvrit lentement les yeux et considéra le bel asiatique.
- Magnus, commença-t-il, le souffle coupé.
- Depuis quand es-tu devenu si bavard ? lui demanda-t-il, presque lassé de son attitude.
Chase lui sourit, ne se laissant pas abattre par le ton de son amant. Il le prit par la taille et le ramena contre lui. Dès qu’il fut à lui, près de son corps, il abandonna la taille de Magnus et posa ses mains sur ses joues, ne lui laissant pas le choix. Il posa ses lèvres sur les siennes, les pressant. Il lui enleva ce qui cachait son torse délicieusement musclé. Il caressa sa mâchoire de ses fins doigts et s’agrippa à ses cheveux si bien coiffés. Magnus fit de même en déboutonnant sauvagement la chemise de Chase. Ils se débarrassèrent mutuellement de leurs chemises et de leurs vestes. Ils marchèrent à reculons, percutant le coffre du lit. Le choc les stoppa une seconde. Chase se pencha sur sa droite, regardant par-derrière l’épaule de Magnus, remarquant le coffre. Il fit une moue déçue et reporta son regard sur l’asiatique qui lui adressa un grand sourire. Chase lui sourit à son tour et l’embrassa à nouveau. Ils contournèrent le coffre et se mirent contre une colonne du lit. Ils tombèrent sur le lit. Ils s’esclaffèrent de rire avant de reprendre la danse endiablée de leurs langues. Magnus se décolla quelque peu et s’assit sur son bassin. Chase enroula ses jambes autour des siennes. De nouveau, leurs bouches se rencontrèrent. Leurs corps étant l’un sur l’autre. L’asiatique enroula ses bras autour de sa taille, les plaquant sur son dos nu. Jones posa ses mains contre la mâchoire de Magnus. De sa mâchoire, il passa à sa colonne vertébrale qu’il effleura du bout de ses doigts. Il blottit sa tête contre sa nuque, commençant à lui embrasser sa peau matte, arrachant un soupir de plaisir. Sachant que ça lui plaisait, il continua de lui sucer la peau, faisant attention à ne pas le mordre. Sa chair sentait la noix de coco. Il avança un peu ses lèvres dans le but de sentir ses cheveux – ils sentaient la cerise noire -. Magnus sentit quelque chose de dire contre son entrejambe. Un doux sourire malicieux se forma sur son visage.
Magnus s’était couché sur le torse de Chase. Ils dormaient tout les deux à point fermés, le brun caressant la nuque de l’asiatique dont les bras étaient enroulés autour de sa taille. De son autre main, Chase avait entrelacé ses doigts avec ceux de Magnus.
Annotations
Versions