VIII : HELLFIRE

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Chase se réveilla. Il ressentait des courbatures dans tout son corps. Il se rendit compte qu’il était sur le sol, face contre le tapis. Il se leva d’un bond. Il eut peur de réveiller Chuck, qu’il devinait sur le canapé. Il posa sa main contre ses lèvres et se tut. Il se tourna vers le sofa et remarqua que son ami n’y était pas. D’autres choses étranges lui firent penser qu’il n’était pas dans sa réalité… En effet, dehors il y avait un grand soleil haut dans le ciel, il faisait très chaud. Il se gratta le sommet de la tête et se posa sur le canapé. Il prit sa cannette de bière et vérifia si elle était encore pleine. Il avait tout bu… Il soupira et reposa la cannette sur la table. Il se pencha en avant, se massant le cou. Il avait très mal à la tête et cru à une mauvaise farce quand les lumières du salon s’éteignirent, les rideaux s’étant tirés d’eux même pour plonger l’appartement dans l’obscurité. Il se releva brusquement, soudainement effrayé. Il demanda à la personne responsable de l’extinction des feux de se montrer et de remettre la lumière. Et dès qu’il eut prononcé cet ordre, la lumière fut. Mais, elle n’était pas de cette agréable couleur blanche, elle était d’un irritant rouge. Chase commençait vraiment à avoir peur. Il se demanda ce qu’il était en train de se passer lorsque les faisceaux de lumière sang se convergèrent vers la personne face à lui. Cette personne était plutôt dos à lui. Elle était vêtue d’un simple et court kimono noir en soie. Ses longues et fines jambes blanches étaient nues. Elle s’était chaussée d’une paire de chaussures à talons hauts. De la musique retentit dans la pièce. Chase aurait juré qu’il s’agissait de Candy Shop, en remix. Il regarda la jeune femme qui commençait à se déhancher lui. Elle lui était familière, surtout sa taille de guêpe et son fessier. Quant à ses cheveux, qu’il s’imaginait blonds châtain clair et raides – ils étaient dissimulés sous un chapeau trilby gris dont le ruban était noir. Toujours dos à lui, elle enleva son kimono, sous le jeu des lumières rouges et noirs. Elle se tourna vers lui. Ses lèvres s’entrouvrirent sous le coup de la surprise, c’était Fedora. Ses lèvres charnues avaient été nappées de rouge, ses yeux avaient été maquillés de poudre noire pour les yeux. Elle lui adressa un sourire en coin avant d’enlever le chapeau qui retenait sa chevelure. Une fois libre, ses boucles raides tombèrent dans son dos. Elle continua de se déhancher sous l’expression choquée de Chase. Il ne savait pas ce qui était en train de passer. Fedora se mit à quatre pattes et s’avança vers lui, d’une démarche féroce, prédatrice. Les yeux du brun la suivirent du regard tandis qu’il était de plus en plus inquiet, voir même effrayé. Il regrettait le moment où elle se relèverait. Elle continuait son ascension vers lui, un sourire sauvage au visage. Elle passa sa langue sur ses dents avant de commencer à se relever. Mais, Chase perçut un changement d’apparence sur la blonde. A présent, c’était Magnus qui était à quatre pattes devant lui. L’asiatique aux yeux de tigres se releva. Il le dominait de par sa position debout. Un sourire carnassier s’étira sur son visage. Chase ne put rester debout. Il se leva d’un bond et fit face à Magnus. Ne sachant quoi dire, il ne réussit qu’à rester muet alors que son regard se posa sur les abdos de l’asiatique. Il continua de le mater, les lèvres légèrement ouvertes. Ses yeux se perdirent face au buste saillant de son ami. Il se sentit rougir. Sous une pulsion incontrôlable, il posa sa main contre le pectoral gauche de Magnus. Ses cils battirent rapidement, un mince sourire bourgeonna sur son visage. Sans crier gare, l’asiatique prit son poignet et le serra. Chase essaya de se défaire de l’emprise de Magnus sur son poignet. Mais, ce dernier s’accrocha à lui. Chase comprit alors qu’il était en train de perdre ses forces. Il sentit que les larmes foulaient ses joues. Et puis, il se réveilla. Son souffle était de plus en plus saccadé, son torse se souleva avec difficulté. Il passa une main sur son front brûlant. Il regarda autour de lui. Il ne pouvait pas y croire… L’environnement dans lequel il se trouvait n’avait rien de semblable avec ce qu’il avait put voir autrefois. L’endroit était loin d’être paradisiaque. Le ciel était fait de sang et de feu. Le tonnerre grondait et les éclairs tombèrent sur le sol aride. Il se croyait en enfer. Il transpirait à grosses goûtes à cause de la température se rapprochant de la canicule. Même si la canicule pouvait se rapprocher de l’hiver dans cet endroit. Il se massa le cou, perdu. Baissant les yeux, il remarqua que du sang coulait avec abondance jusqu’à lui. Ses sourcils se froncèrent, son expression se figea. Il se retourna, déglutissant, un air de frayeur dans le regard. Il vit, terrorisé, que les corps sans vie de ses amis gisaient au sol. Il porta sa main à sa bouche, s’empêchant de crier d’horreur. Il se précipita sur le corps de Fedora. Il se mit à ses côtés et la contempla. Un trou béant était ruisselant de sang sur sa poitrine gauche. Chase eut un haut le cœur en s’avançant, distinguant que son cœur avait été arraché de sa cage thoracique. Entre la haine, la terreur et le dégoût, il ne savait plus quoi faire. L’organe vital avait été placé à côté de la tête de Fedora. Ses yeux étaient encore grands ouverts, des larmes coulaient encore sur ses joues, très lentement. Ses lèvres étaient entrouvertes. Il la prit dans ses bras et la mit contre lui, se fichant du sang qu’il mettait sur ses habits. Il pleurait d’une manière incontrôlable. Il lui caressa ses longs cheveux blonds de sa main ensanglantée. Il ne pouvait plus s’arrêter de verser des flots de larmes.

Les pleurs se joignirent à la marre de sang, l’éclaircissant.

Il la reposa tendrement au sol. Il lui déposa un doux baiser sur le front, fermant les yeux. Il se pencha sur elle. Ses paupières se rouvrirent, sa vue était embrumée. Ses cils capturèrent la perle salée. Ils la gardèrent jusqu’à ce qu’il ferme les yeux, lui laissant sa liberté. Les larmes coulèrent lentement sur ses joues, écorchant un peu plus sa chair sous chaque caresse brève. Il rouvrit les yeux et vit le cœur de Fedora. Il battait encore. Surpris, il le prit en main, sentant les battements de plus en plus faible de l’organe vital. Il le reposa à sa place, à savoir à gauche du bord droit du sternum. Il resta longtemps à la contempler, pourtant, elle restait morte. Il se leva et vit que le sang avait formé une marre. Il haussa un sourcil soupçonneux en admirant tout ce liquide carmin. Il s’apprêta à aller y jeter un coup d’œil lorsqu’il remarqua que Magnus se trouvait là, lui aussi. Son cœur avait été arraché lui aussi. Il se rua sur le corps inanimé et écorché de son ami. Il se pencha sur lui et le considéra longtemps, remarquant que sa tête était tournée du côté gauche tandis que celle de Fedora était restée droite. Magnus semblait également avoir souffert. Comme les autres corps dispersés sur le sol désertique. Il prit la main fine de Magnus, sa gorge se nouant, son cœur se serrant un peu plus. Il se pencha sur lui et lui déposa un baiser sur le front, laissant une larme fouler son front. Il se releva à nouveau et assista à un spectacle horrifiant. La marre semblait prendre forme humaine, se divisant en plusieurs enveloppes charnelles. La peau recouvrit le liquide, formant des corps. Leurs visages se formèrent, s’amincirent ou s’arrondirent. Leurs cheveux se créèrent eux aussi. Chase resta stupéfait en voyant un parfait clone de Fedora face à lui. Devant lui se trouvaient une armée de personnes qu’il avait connu, et qu’il a brisées. Elle était habillée de noir. Un détail interpella le brun. Elle possédait elle aussi un trou à la poitrine, comme Magnus et les autres. Cependant, cette blonde là était encore bien vivante. Ses lèvres s’étirèrent en un rictus mauvais, dévoilant des canines. Les autres clones l’imitèrent. Chase prit peur. Il essaya de ne pas montrer sa terreur mais c’était bien trop compliqué de rester complètement calme et serein devant une légion de vampires dont le cœur a été arraché.

- Bienvenue en Enfer Chase Collins, commença la Fedora vampire, se léchant les canines.

- Qui… Qui êtes ? questionna-t-il, tentant de ne pas laisser voir sa peur. Et comment savez-vous qui je suis ?

- Nous sommes ton pire cauchemar, mon cher, répondit Magnus, souriant à son tour.

- Nous sommes les fantômes des personnes que tu as tuées, Chase.

- C’est impossible !

- Mais tout devient possible en rêve. Ou plutôt, tout devient possible dans les cauchemars. Tu es seul ici. Personne ne peut venir t’aider, personne ne se soucie de toi. Tu es seul au monde. Comme tu l’as été pendant toute ton adolescence, comme tu l’as été à l’armée. Tu es encore plus seul à présent dans ton deuil. Tu étais, tu es et tu resteras à jamais seul.

- Stop ! C’est faux ! C’est faux… Je ne suis pas seul !

- Tu crois ça ? Tu as perdu la femme que tu aimais, tu as perdu l’homme qui t’attirait. Tu as perdu ton nom, ton identité. Tu as perdu tout ce qui t’étais cher. Tu ne supportes pas la solitude ? Tu vas devoir t’habituer car personne ne peut t’aider à te sortir de cette spirale infernale dans laquelle tu es enfermé par ta faute.

- Arrêtes !

- Non ! Ici, c’est moi qui donne les ordres ! Tu as été trop gâté par la vie alors elle te reprend tout ce que tu possédais. Tu la ressens cette sensation de vide, de solitude ? Tu la sens au plus profond de toi… Tu sais ce que tu es Chase ? Tu es la mort. Tu détruis tout ceux qui sont proches de toi, tu anéanti leurs familles. Tu consumes ceux qui t’ont dans la peau, tu les empoisonne. Tu dévores la vie qu’il se trouve dans leurs veines et tu t’en nourris en les laissant s’affaiblir. Tu séduis et tu effraies. Tu aimes et tu détruis. Tout les gens autour de toi se détruisent, se meurent. Tu as causé la mort de Fedora et celles de tes parents. Tu as détruit et anéanti une amitié longue de plusieurs années. Tu as affaibli Magnus Wù. Chase, tu es l’incarnation de la mort. Tu es un ange de la Mort, tu es un humain déchu.

- Ça suffit ! Stop ! Je ne suis pas la mort !

- Tu ne vas quand même pas croire que tu es un Saint Collins ? Ton prénom signifie la chasse. Tu es un chasseur de lumière, un chasseur de vies humaines. Tu prends les vies d’innocents qui croisent ton chemin.

- Non… Stop ! Ce n’est pas vrai ! Je ne suis pas un tueur ! Je n’ai pas tué les Collins et Fedora… Fedora… FEDORA !

Il se réveilla d’un bond, suant. Il passa une main sur son visage trempé. Ses yeux étaient écarquillés par la terreur et la frayeur. Une goutte de sueur coula le long de sa tempe. Son torse était saccadé, son torse se soulevait difficilement. Ses mains tenaient avec fermeté les couvertures. Il respira avec complication. Il n’arrivait pas à penser à ce qui venait de se passer. Il ne comprenait pas ce rêve, ce cauchemar. Il n’arrivait pas à mettre des mots dessus. Chuck arriva en trombe dans sa chambre. Il se précipita sur son ami et lui demanda ce qui lui arrivait. Il n’arrivait pas à parler. Il regarda Chuck avec des yeux suppliants de l’aider. Ce dernier crut comprendre ce qui se passait. Il s’assit près de lui et le considéra, compatissant, avant de le prendre dans ses bras. Chase ne resserra pas son étreinte, encore trop troublé par son cauchemar. Chuck ne l’avait jamais vu ainsi. Il avait poussé une telle vocalise qu’il avait à présent une perte de voix. Son ami était agité par la paralysie. Chase s’était senti impuissant, il était complètement terrorisé. Il ne savait même plus où il était, sa poitrine et son estomac étaient oppressés. Il suffoquait, se sentant lourd. Chuck le délivra et le questionna. Chase était secoué de sanglots. Il n’arrivait pas à aligner deux mots du fait que ses lèvres tremblaient. Ses yeux se fermèrent avec douleur tandis qu’il retrouvait peu à peu l’usage de la parole. Chuck caressa le dos du brun tandis que celui-ci réussit à se calmer peu à peu. Ses lèvres ne tremblèrent plus et ses larmes coulèrent avec lenteur et douceur. Il remarqua que Chuck lui avait ramené un verre d’eau. Il le lui tendit. Chase le remercia et prit le verre sur lequel il posa ses lèvres, les trempant dans l’eau glacée du verre. Il en but presque la totalité. Il posa le verre sur la table de chevet. Il se retourna vers son ami. Il avait récupéré ses couleurs ainsi que son calme. Néanmoins, il restait tout de même effrayé par ce cauchemar. Alors que Chuck s’apprêtait à lui demander pourquoi il avait crié de terreur, Chase le devança en l’informant qu’il avait fait un très mauvais rêve. Le châtain comprit enfin pourquoi son meilleur ami avait crié le nom de son ex. Il le reprit dans ses bras. Il lui caressa le dos, posant sa tête sur son épaule. Il murmura, continuant d’essayer de le réconforter, qu’il n’est pas seul, que leurs amis seront toujours là pour lui. Chase rouvrit les yeux lentement, prenant conscience des paroles du châtain. Il se recula de lui, prudemment, gardant ses mains autour de sa nuque. Il le considéra avec surprise, choqué. Il lui demanda de répéter ce qu’il venait de dire pour s’assurer qu’il avait bien entendu ses paroles, enlevant ses bras de son cou. Quelque peu déconcerté, il obéit.

- Chase, je te promets que tu ne seras plus jamais seul, dit-il en posant ses mains contre ses joues, plongeant ses yeux noisette dans ceux océan de son ami. Je t’en fais la promesse, continua-t-il, sérieux.

Le brun hocha la tête et le remercia. Chuck lui tapota l’épaule avant de se lever, un faible sourire aux lèvres. Il l’informa que le petit-déjeuner était servi et qu’il n’attendait que lui. Il ajouta aussi que Ronan était en ce moment même chez les Jones pour récupérer ses affaires. De nouveau, Chase lui montra sa gratitude. Chuck eut un rictus en coin avant de se mettre dos à lui et de se diriger vers la sortie. Chase se leva à son tour. Il s’étira et alla voir le chaton qui dormait dans un panier en osier doté d’un coussin en soie. Pearl était confortablement installé, allongé sur son flanc droit, le long du coussin. Chase entreprit de caresser sa fourrure. Le chaton ronronna et se mit sur le dos. Le brun continua de le caresser, un tendre sourire aux lèvres. Chuck, n’étant toujours pas sorti, se tourna vers son ami accroupi face à un chaton. Il semblait heureux à s’amuser avec le félin. Le châtain se racla la gorge, faisant que le brun se retourna vers lui, la main posée sur le ventre de Pearl, agenouillé. Il attendait qu’il lui parle. Face à l’interrogation de son ami, Chuck le renseigna sur le fait qu’il devait s’habiller. Il continua en l’avertissant qu’il allait lui apporter d’autres vêtements, sortant de la pièce. Chase se releva, n’ayant pas eu le temps de lui dire merci. Pearl se mit sur ses quatre pattes et sortit du panier, se dirigeant avec grâce vers la porte de la chambre. Il devait sûrement crier famine. Chase aussi mourait de faim. Il retourna s’asseoir sur son lit quand il reçut des vêtements en pleine figure. Vêtements qui sentaient le parfum de Chuck. Les habits lui tombèrent sur les genoux. Néanmoins, le t-shirt était encore sur son visage. Il rouvrit les yeux et prit en main le haut qu’il mit face à lui. C’était un simple haut noir dont le col était en V. Il le considéra longtemps avant de le jeter sur le lit aux couvertures défaites. Il fit de même avec les autres vêtements. Il se leva du lit et enleva le haut du pyjama. Il prit le t-shirt que Chuck lui prête et s’en vêtu. Il enleva le bas du pyjama et enfila le jean après avoir changé son slip. Il passa une veste en cuir sur ses épaules, recouvrant ses bras nus. Il se chaussa et sortit de sa chambre.

Il passa par le salon pour trouver le chemin de la cuisine, qui se trouvait derrière le meuble télé. La cuisine était équipée d’un plan de travail noir sur un meuble rouge à neufs tiroirs. Au dessus de l’évier et du plan de travail se trouvaient trois étagères rectangulaires coupées en deux par une plaque en verre qui étaient dotées de différentes sortes de verres et de tasses. A la gauche du plan de travail se trouvait un réfrigérateur américain noir. Le sol de la cuisine était fait en parquet. Chase vit une table en verre assez proche du plan de travail. Sur la table se trouvaient des sous plats de la même couleur que celle du sol et des chaises qui entouraient la table. Quelques éléments de décorations venaient orner la table. Il remarqua qu’une tasse de café se trouvait sur la table. Il la prit en main, sentant encore sa chaleur. Il posa ses lèvres sur la tasse et commença à boire son contenu. Il s’assit, posant le mug sur la table lorsque Chuck arriva, une petite tasse à café dans la main. Celui-ci se dirigea vers la table et tira une chaise en arrière, s’asseyant à son tour. Avant qu’il ne porte la tasse à ses lèvres, il l’informa qu’il lui avait fait du café pour le remonter, pensant que ça lui ferait du bien après la nuit agitée qu’il devait avoir eu. Chase le remercia. La tasse était posée devant lui. Chuck reposa la sienne et l’interrogea du regard. Le brun leva les yeux vers lui et l’assura qu’il allait bien. Il reprit la tasse, plaquant sa main contre la surface qui était tiède. Il le questionna sur ses projets de l’après-midi. Chuck lui répondit qu’il devait déjeuner avec Leighton, d’un ton détaché. Puis, se souvenant que Chase n’avait plus personne mis à part lui, il eut une idée. Il lui proposa de venir avec eux, toujours avec ce même ton désinvolte. Chase releva les yeux vers lui, souriant. Il lui rétorqua que cela lui ferait le plus grand plaisir. Enjoué, Harisson se leva d’un bond, s’écriant qu’il allait prévenir Leighton. Chase ne lui laissa pas le temps de composer le numéro en le renseignant sur le fait qu’il devait lui dire quelque chose d’important. Chuck rangea son portable dans la poche de son costume, ajoutant qu’il l’écoutait. Chase commença donc par lui conter ce qui s’est passé avant qu’il n’apprenne la vérité.

- Et c’est à toi qu’elle a demandé ça ? questionna Chuck, un peu dépassé. Tu penses qu’elle est au courant de ce qui s’est passé entre vous avant-hier soir ? l’interrogea-t-il, réprimant un sourire malicieux.

- Je ne sais pas, répondit-il, haussant les épaules. C’est pas quelque chose qu’on cri sur les temps. Surtout que les seules personnes qui sont en courant de ce qui s’est produit entre nous deux, c’est lui et moi.

- Pas que Magnus et toi, Chase, rétorqua-t-il, essayant de ne pas montrer son amusement.

- Comment… Oh, vous nous avez entendus, devina-t-il, les joues rouges.

- Surtout Magnus ! s’exclama-t-il, éclatant de rire avant de tenter de reprendre son sérieux sous les yeux sévères de son ami. J’ai bien cru que j’allais vous rejoindre à cause des gémissements qu’il poussait !

- Je me demande vraiment lequel de vous deux est gay Charles, dit-il, choqué par les propos de son ami.

- Roh, ça va ! Et, puis, si on le sait, c’est aussi parce que le sommier du lit se trouvant dans la chambre d’ami est défoncé.

Chase ferma les yeux et se pinça l’arrête du nez, gêné. Chuck se leva, reboutonnant les boutons de sa veste. Il l’informa qu’il accompagnera chez Magnus.

xxx

Du côté de Magnus, tout se passait bien. Il se sentait en pleine forme. Ce n’était pas très étonnant… Surtout en sachant qui était à ses côtés. Il s’était donc apprêté, coiffé et maquillé afin de sortir de l’appartement. Il portait une chemise noire à motifs blancs sans col qu’il avait complètement boutonné. Il avait retroussé les manches de son haut. Son cou était orné d’un long collier en argent. Ses index et ses auriculaires étaient ornés de bagues, quant à ses ongles, ils étaient toujours vernis d’un luisant noir ébène. Son poignet gauche était décoré d’un simple bracelet noir. Il avait enfilé un simple pantalon. Il s’était maquillé d’un simple trait d’eyeliner. Quant à ses cheveux, il les avait coiffés quelque peu en piques. Il finit de se parfumer et sortit de la salle de bain qui était englobée d’un délicat parfum de santal provenant du shampoing qu’il utilisait pour ses cheveux. Sentant un doux parfum de pancakes provenant de la cuisine, il s’y précipita et trouva la jolie blonde, dos à lui, face à la plaque électrique. Il s’adossa contre le mur, croisant ses bras sur ses pectoraux, la contemplant en silence, un sourire aux lèvres. Même l’alléchante odeur des pancakes ne pouvait masquer le parfum ensorcelant de l’asiatique. C’est pour cela qu’elle se retourna vers lui dès que le dernier pancake fut posé sur le tas des crêpes épaisses. Dès qu’elle le vit, elle ouvrit de grands yeux étonnés. Elle semblait être tombée sous son charme.

- Waouh… Tu es très très en beauté aujourd’hui, réussit-elle à dire après avoir bafouillée quelques fois. Ça te vas bien, commença-t-elle, les joues s’empourprant, les yeux de chat, dit-elle alors qu’un sourire commença à bourgeonner sur son visage ébahi, mon petit félin, continua-t-elle, souriante, réprimant un fou rire, se pinçant les lèvres.

- Le tigre a des rayures, débuta-t-il en marchant dangereusement vers elle, d’une démarche féline, moi, l’eyeliner, l’informa-t-il en montrant ses yeux à l’aide de ses index et de ses majeurs – ses pouces étant contre les annulaires qui étaient pliés comme l’étaient les auriculaires – les faisant bouger pour donner un effet dramatique, alors qu’il était à présent face à elle. Ce n’est pas qu’une question de beauté… murmura-t-il alors qu’elle buvait ses paroles, le contemplant. Même si je suis charmant ! tenta-t-il en penchant sa tête à droite, haussant les épaules, un doux sourire aux lèvres.

- Tu n’en a pas besoin ! Je ne sais pas pourquoi tu en mets, soupira-t-elle, souriante, alors qu’il était si proche d’elle qu’elle pouvait sentir les battements de son cœur ainsi que son oriental et envoûtant parfum. Tu es magnifique, même sans maquillage, lui avoua-t-elle.Je dirais même < Magnigique > ! s’écria-t-elle, avec ce même grand et craquant sourire.

- < Magnigique > ? questionna-t-il, souriant, interloqué par ce nouveau mot.

- C’est un mélange entre < magique > et < magnifique >, l’informa-t-elle avec un grand sourire aux lèvres.

Il lui sourit à son tour. Il continua de la contempler ardemment. Il la prit par la taille, la ramenant encore plus contre lui. Il posa son autre main sur sa nuque et l’attira à lui. Il s’apprêta à l’embrasser lorsqu’elle le repoussa. Elle se sépara de lui, lui faisant toujours face. Elle semblait très gênée, elle se massa le cou, se raclant la gorge. Elle l’informa qu’elle devait laver la vaisselle. Elle se retourna vivement et se rua vers le lavabo. Magnus, même s’il se sentait rejeté, la comprit. Après tout, ils ne se connaissaient que depuis quelques jours. Il pouvait comprendre que tout aille vite entre eux. Lui-même avait vécu ça, il y a longtemps, croyant que la personne qu’il aimait éprouvait la même chose que lui. Mais ce n’était pas le cas. Néanmoins, sans savoir pourquoi, il savait qu’elle éprouvait la même chose que lui. Il se massa la nuque, cherchant un moyen de l’approcher sans la brusquer. Il marcha à pas de loup vers elle. Elle frottait l’éponge frénétiquement tandis qu’il continuait d’avancer. Il retint sa respiration tandis qu’il était maintenant face à son dos. Elle était vêtue d’une chemise blanche sous un mince pull bleu marine dont le col en V est assez petit, laissant juste ressortir le col de sa chemise, elle avait enfilé un pantalon bootcut évasé taille haute noir. Elle était chaussée d’une paire de bottines noires à talons hauts. Elle avait ramené ses cheveux en une basse queue de cheval, elle portait un chapeau trilby noir dont le ruban était d’un doux gis souris. Il se rapprocha encore plus d’elle. Elle retint sa respiration tandis que Magnus se mit contre elle. Il enroula ses bras musclés autour de son buste. Il blottit sa tête contre sa nuque, les narines entre son oreille et sa chevelure. Il s’enivra du parfum qui se dégageait de sa chevelure blonde alors que son souffle chaud la fit tressaillir. Elle laissa retomber l’éponge et l’assiette dans l’évier encore rempli d’eau. Magnus laissa glisser ses mains sur sa taille, la caressant tendrement. Ses mains graciles s’abandonnèrent sur le dos fragile de la blonde qui frissonna à leurs contacts alors qu’elles continuèrent leurs descentes. Finalement, elles se posèrent sur son fessier. Elle se mordit la lèvre inférieure en sentant le toucher tendre de Magnus sur son postérieur que ce dernier pinça. Elle gémit tandis qu’il déplaça cruellement ses lèvres vers son oreille où il murmura suavement qu’il aimait quand elle s’habillait ainsi, ajoutant qu’elle lui faisait penser à une inspectrice. Elle eut un petit rire. Intrigué par cette réaction, il se décolla un peu d’elle, la questionna sur son rire.

- Si tu savais… répondit-elle, rieuse tandis qu’il enleva ses mains de ses fesses, les remontant vers sa taille, les écartant d’elle. Magnus, commença-t-elle, en se tournant vers lui, j’ai une bonne nouvelle. Je vais passer des tests pour entrer dans la police, l’informa-t-elle, souriante alors qu’il était interloqué quelques secondes plus tôt.

- C’est vrai ? demanda-t-il, surpris et enjoué. Oh, mon petit biscuit ! s’exclama-t-il, heureux pour elle, en la prenant dans ses bras.

Il entoura ses bras autour de sa nuque, posant ses paumes à plat sur le haut de ses omoplates, nichant sa tête dans le cou de la blonde. Quant à elle, elle se pelotonna aussi contre lui. Ils fermèrent les yeux, Magnus se réfugia dans sa chevelure dorée et bronzée parfumée à la cerise. Il s’accrocha à elle, de peur qu’elle l’abandonne. Il était si fier d’elle ! Il était vraiment heureux pour elle. Elle se sépara lentement de lui. L’un face à l’autre, ils se sourirent tendrement. Magnus posa ses mains sur ses faibles biceps et plongea son regard dans le sien, l’informant qu’il était ravi pour elle, un grand sourire aux lèvres, ses yeux pétillant de malice et de joie. Elle agrippa délicatement ses poignets, ajoutant qu’elle aussi était surexcitée par cette nouvelle. Tenant toujours ses poignets, elle les abaissa avec légèreté, le faisant effleurer la manche de son pull. Lorsque leurs bras furent le long de leurs corps, elle lui prit les mains et les serra contre les siennes. Même s’il aurait voulu que leurs doigts s’entrelacent, il aimait ce contact tendre. Ils se considèrent longtemps, l’un cherchant une faille dans la défense de l’autre afin de lui dérober un baiser. Ce fut Magnus qui brisa ce silence précieux en lui demandant quand et où avait lieu les tests pour entrer à la police de New York. Soudainement, le visage heureux prit une expression qu’il ne lui connaissait pas. Comme la peur. Elle lui lâcha la main brusquement sans qu’il ne comprenne ce qu’il se passait. D’une voix tremblante, elle lui annonça que les tests se feront au commissariat de New York. Elle ajouta qu’elle y passera sûrement la journée. Magnus savait bien qu’elle lui cachait quelque chose, comme la durée de tous les tests réunis et de leurs nombres exacts. Il prit son inspiration, ferma les yeux et secoua la tête, un sourire aux lèvres. Elle s’interrogea sur sa réaction. Il rétorqua, encore une fois, qu’il était chanceux d’avoir une femme comme elle dans sa vie. Les joues de la blonde s’empourprèrent, un sourire timide bourgeonna sur son visage. Il posa une main sur sa joue et la lui caressa de son pouce. Il mit tendrement sa main contre sa nuque où il sentit quelque chose sur sa chair, comme un tatouage. Bien que cela l’intriguait, il ne lui posa pas de question. Il l’informa, sans détour, en noyant son regard fauve dans celui jade de la blonde, qu’il comptait l’accompagner au commissariat. Elle ouvrit de grands yeux interloqués. Elle s’écria qu’il ne pouvait pas venir. Ce fut à lui d’être surpris. Il l’interrogea sur cette soudaine réaction. Elle bégayait une réponse avant de finalement dire qu’il ne pouvait pas l’accompagner dans l’état où il se trouvait. Il s’apaisa, enlevant sa main de sa nuque. Il abaissa la tête, informant qu’il n’avait pas l’habitude qu’on prenne soin de lui de la sorte. Elle le prit par le menton, levant son visage vers elle. Les yeux de l’un sombrèrent dans ceux de l’autre, ce qui fut réciproque. Elle ajouta qu’à présent, il fallait qu’il en prenne l’habitude. Il lui adressa un grand sourire, rétorquant qu’elle continuera toujours de le surprendre. Elle rajouta qu’elle espérait que ça soit de la bonne manière, souriante. Il aborda ensuite le sujet de son état et l’informant qu’il allait mieux. Elle haussa un sourcil suspicieux et, s’avançant vers lui, posa la paume de sa main sur son front dégagé. Il ferma les yeux face à ce contact doux et tendre. Elle enleva sa main et l’informa qu’il n’avait plus trop de fièvre mais que son front était encore un peu brûlant. Il lui prit la main et lui baisa les doigts avant de lui dire qu’il se rue vers sa chambre. Elle lui sourit tandis qu’il lui caressa une dernière fois la joue avant de se séparer d’elle, avec douleur. Il se mit dos à elle et commença à s’en aller. Elle le contempla avancer vers la porte de la cuisine.

- On se voit plus tard, alligator, dit-elle dans un grand et malicieux sourire.

- Après un bon moment crocodile, répondit-il en se tournant vers elle, mimant une gueule de crocodile qui mange, avec une voix rieuse.

Il éclata de rire et se retourna, s’étirant. Il se dirigea vers sa chambre où il se changea. Il déboutonna sa chemise. Il la plia et la mit sur le bord du lit. Il contourna le matelas et prit son pyjama. Il enfila son débardeur noir et enleva son pantalon, mettant ensuite son bas. Il plia le pantalon, le déposant sur la chemise. Il s’assit sur le matelas et s’y allongea, attendant Fedora. Il savait pourquoi Chase l’aimait autant… Elle était belle, douce, tendre, douce, délicate, attentionnée. Elle était aussi réservée et timide, sensible. Il se mit à sourire. Il avait été comme elle, avant. Et puis, Chase Jones est apparu. Il l’a tellement fait souffrir, il l’a tellement humilié qu’il est devenu quelqu’un d’autre. Et, il ne pouvait que le remercier pour ça. Il se remit à penser à sa scolarité avec nostalgie et douleur lorsqu’un parfum familier le sortit de son humeur monotone. Elle était devant lui, un plateau repas entre les mains. Son cœur fit un bond dans sa poitrine, il sentit un frisson parcourir le long de son dos, un tendre sourire naquit sur son visage tandis qu’il la contemplait en train de s’avancer vers lui. De ce qu’il arrivait à voir, le plateau était garni d’une assiette où quelques pancakes étaient empilés. Il vit aussi un verre de jus d’orange fraîchement pressé ainsi qu’un verre tulipe remplit d’eau où une délicate rose rouge reposait tranquillement. La blonde posa le plateau repas sur la table se trouvant près du lit de Magnus. Il joignit les deux mains et la regarda avec des yeux compatissant. Il l’informa qu’elle n’était pas obligée de faire ça. Elle leva les yeux vers lui, une lueur de tristesse les faisait étinceler. Elle lui répondit que c’était son droit de prendre soin de lui. Il lui sourit tandis qu’elle se dirigea vers lui. Elle s’assit au bord du lit, là où il était allongé, le dos contre les coussins qui avaient été plaqués contre le mur. Elle plaça ses mains sur les siennes, les pressant contre les siennes. Elle caressa de son pouce les veines apparentes des mains du bel asiatique.

- Je n’ai pas le droit de prendre soin de l’être qui compte le plus pour moi ? lui demanda-t-elle avec des larmes dans les yeux, le chagrin emplissant sa voix. N’ais-je pas le droit de prendre soin de la personne qui est mon monde ? Je ne veux pas te perdre toi aussi Magnus, l’assura-t-elle, une larme roulant sur ses joues. Je ne peux pas vivre sans toi…

- Moi aussi, je ne peux pas vivre sans toi…

- Donc, fais-moi plaisir, reposes-toi bien, lui ordonna-t-elle en se levant et en se penchant sur lui, lui déposant un baiser sur le front.

C’est à ce moment là qu’il comprit qu’il n’était, pour elle, qu’un être très cher mais dont elle n’était pas éperdument amoureuse comme elle était pour Chase. Elle décolla se lèvres de son front, gardant une main sur les siennes. Elle se sépara quelque peu de lui, se mettant face à ses mirettes fauves. Elle caressa d’un geste doux son front dégagé. Il ferma les yeux, se prenant au jeu. Peut-être qu’il n’est pas Chase, mais il a quelque chose que lui n’a pas et qu’il n’aura jamais : l’amour. Il pouvait dire ce qu’il voulait mais il n’avait pas tant changé que ça. Pour lui, Chase Jones – ou plutôt Collins – resterait l’homme qu’il l’a abandonné en moment où il avait le plus besoin de lui. Il ressentait tellement d’haine et de rancune qu’il n’avait pas remarqué que l’effleurement tendre et doux de la jolie blonde s’était stoppé. Elle s’était rassise à ses côtés, posant une main délicate sur sa jambe. Il la regarda avec des yeux ébahis. Elle le rassura et se leva. Magnus l’attrapa par la main, bondissant. Elle le considéra avant de l’interroger avec de grands yeux. Il devait le lui dire. Il devait lui dire qu’il voulait qu’elle reste. Il devait lui dire qu’il ne voulait pas qu’elle parte, même pour quelques heures loin de lui. Elle crut déceler ce désir en le contemplant lui ainsi que ses magnifiques yeux de chat. Elle posa sa main sur la sienne, entrelaçant mincement leurs doigts. Elle lui proposa quelque chose qui le surprit. D’un ton détaché, elle lui proposa de venir la chercher au commissariat dès que les tests seront finis. Pour le convaincre, elle ajouta qu’ils feront le chemin du retour ensemble, rien que tout les deux. Juste elle et lui. Ce ton détaché avec cette attitude si attentionnée le séduisit encore plus que sa proposition. Un simple sourire conquit, confiant, amoureux apparut sur son visage. Elle prit ça pour un oui et commença à s’en aller, séparant leurs mains respectives. Elle lui sourit à son tour tandis qu’il se remit contre les coussins, la contemplant en train de lui filer entre les doigts. Il joignit ses mains alors qu’elle fit soudainement volte-face pour se ruer vers lui. Son attirance – ou ses sentiments – pour elle lui avait donné l’espoir qu’elle avait changé d’avis. Ça lui avait donné l’espoir qu’elle ressentait ce qu’il ressentait et qu’elle voulait l’embrasser. Au lieu de ça, elle prit sa couverture en satin et recouvrit son corps jusqu’au bassin, en faisant attention de ne pas frôler son entre-jambe. Bien que cela ait pu le vexer, il riait de ses réactions à son égard. Une mèche de cheveux s’était échappée de sa queue de cheval et la gênait au niveau des yeux. Il se pencha vers elle et prit cette mèche rebelle entre ses fins doigts vernis de noir. Il lui prit le menton et l’amena un peu plus vers lui – plutôt sur lui. Il profita du fait qu’elle soit sur le lit pour passer sa mèche de cheveux derrière son oreille. Leurs souffles se rencontrèrent tandis que leurs cœurs dansèrent une danse effrénée sur le même tempo. Ils étaient tous les deux calmes malgré la tempête qui s’était déchainé en eux. Leurs bustes se soulevèrent à la même vitesse. Tandis qu’elle semblait attendre quelque chose de sa part – abandonnant ses yeux sur son buste saillant sous ce débardeur qui ne dévoilait pourtant rien de très excitant à part les os du sternum et ses bras musclés, il lui lâcha le visage brutalement. Bien qu’elle fut surprise, elle ne laissa pas son incompréhension apparaitre sur son visage. Elle se leva, ses iris cherchant où se poser. Elle se mit dos à lui, lui laissant donc tout le loisir d’abandonner ses pupilles fendues sur les courbes féminines et alléchantes de la douce blonde. Alors qu’elle s’apprêta à franchir la porte, Magnus prit son courage à deux mains et lui avoua ce qu’il avait sur le cœur.

- Fedora ! s’écria-t-il, la respiration soudainement hachée, tandis qu’elle se retourna vers lui, les yeux brillants d’espoir. Je t’aime, soupira-t-il, sincère, ses pupilles brillant d’amour, ses iris fauves éclatantes comme de l’or liquide.

- Magnus, commença-t-elle après avoir affiché une expression surprise et confuse qui se transforma en sourire à la seconde où elle avait détourné ses yeux jade des siens. Je t’aime aussi, lui avoua-t-elle, les sourcils relevés avec un sourire craquant, une expression sincère au visage.

L’asiatique sourit à son tour tandis qu’elle frappa son poing contre la paume de sa main, ne sachant plus quoi dire ou faire. Elle se tourna vers la sortie et refit le chemin inverse sans se stopper pour le regarder. Il lui proposa de boire un verre pendant leur trajet vers son appartement. Elle se stoppa net, elle ne se retourna pas mais un simple faible hochement de tête l’informa qu’elle acceptait la proposition. Il en était ravi, affichant un grand sourire tout à fait charmant. Alors qu’il baissa la tête avec ce si beau sourire aux lèvres, il remarqua que de magnifiques yeux s’étaient tournés vers lui. Elle s’était mise de profil et lorsqu’elle nota que les yeux de l’un étaient rivés sur les yeux de l’autre – et inversement – elle détourna les yeux. Ce qu’il fit aussi, perdant automatiquement son sourire. Elle l’informa qu’elle lui enverrait un message pour l’informer de l’adresse du commissariat et de l’heure à laquelle elle finirait. Il hocha la tête. Ils n’osèrent se regarder avant un bon moment. Cependant, elle leva les yeux vers lui et le contempla longuement avant qu’il ne tourne ses mirettes vers elle. Même si elle cherchait le contact de leurs iris respectifs, elle ne pouvait pas le supporter. Elle détourna ses pupilles et se tourna vers la sortie. Magnus sentit que ses lèvres formèrent un rictus malicieux tandis qu’elle s’éloignait de lui. Elle referma la porte doucement. Il entendit que le claquement de ses talons hauts s’éloignait peu à peu. Il perdit peu à peu son sourire, comme si sa force vitale disparut peu à peu. Il ne pouvait pas supporter son absence, pas plus que son corps ne pouvait supporter le manque cruel de ses caresses. Il réussit à se calmer en se rendant compte que le son petit déjeuner devait être froid depuis le temps où il avait été posé. Il se pencha sur le plateau. Il prit le verre de jus d’orange et en but une gorgée. Il reposa le verre et prit en main la tasse de café. La matière du mug lui indiqua que le café était encore un peu chaud. Il posa ses lèvres fines sur le rebord de la tasse et commença à en boire le contenu. Il était encore très tiède. Il la posa sur sa table de chevet. Il se pencha sur le plateau et en enleva l’assiette de pancakes qu’elle déposa près de la tasse. Elle fit de même avec le sirop d’érable et le jus d’orange. Il remit les coussins plus ou moins à plat sur le lit avant de s’allonger et de poser sa tête sur un coussin blanc en soie. Il se mit sur le côté, regardant la nourriture de son petit déjeuner. Il se mit à repenser à ses années de lycée. Des larmes de douleur, de colère, de haine roulèrent sur ses joues tandis que ses yeux se fermèrent, libérant ainsi les perles salées qui étaient restées piégées dans ses iris. Avec peine, il mit ses bras sous le coussin. Les pleurs se déversaient sur le tissu précieux qu’était sa chair tannée, ainsi que sur la soie du coussin.

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Chase se leva à son tour. Il n’arrivait pas à croire que Magnus et lui avaient réussi à démolir un sommier… Mais, après réflexion, il est vrai que même un sommier robuste ne peut pas supporter cinq parties de jambes en l’air d’affiée. Aussi puissantes soient-elles. Chuck se dirigea vers lui, posant une main compréhensive sur son épaule, se pinçant les lèvres. Chase se tourna vers lui, demandant s’il voulait vraiment venir avec lui.

- Oh, bah oui ! J’ai toujours voulu voir Magnus Wù, le torse suant complètement nu avec une goutte de transpiration coulant sur son torse ! s’exclama-t-il, avec une moue dédaigneuse.

- Chuck !

- Quoi ? J’ai l’image dans la tête depuis avant-hier ! s’exclama-t-il, assez offensé. Alors, je peux charrier autant que je veux, na ! informa-t-il, croisant les bras, l’air résolu à ne plus parler.

Chase éclata de rire face à ce comportement puéril avant de recevoir un message du numéro inconnu de la veille. C’était Phoenix. Elle venait de lui envoyer l’adresse du loft de Magnus. Un sourire niais s’afficha sur son visage, contemplant le message sans pour autant le lire. Remarquant que son ami souriait comme un bêta devant l’écran de son portable, il décroisa les bras et se mit à ses côtés, lui demandant ce que c’était, lisant par-dessus son épaule. Il lui répondit que c’était Phoenix et qu’elle venait de lui envoyer la localisation de l’appartement de Magnus. Chuck, comprenant peu à peu le sourire de Chase, se décolla lentement de lui, le regardant avec prudence. Il l’interrogea sur le contenu du message, afin de savoir si la porte d’entrée était ouverte. Le brun n’avait écouté que d’une oreille ce que son ami lui avait dit. Celui-ci s’impatienta. Il le pria de lui passer son téléphone. Chase réagissait au quart de tour, s’écriant qu’il ne le lui donnera. Chuck commença à s’énerver. Il s’écria qu’il n’avait qu’à lui demander. Le brun, retrouvant son calme, avoua, timidement, qu’il ne pouvait pas lui envoyer de message, de peur qu’elle lui réponde. Chuck explosa et l’informa qu’il n’était pas une adolescente de 15 ans dont le crush venait de lui envoyer un premier texto. Chase prit la mouche et posa son portable contre son cœur. Le châtain se rua vers lui. Il s’apprêta à prendre le portable lorsque la main de son ami se plaqua sur son visage. Chuck agita les mains tandis que Chase se mit de profil, gardant le portable contre lui. Néanmoins, l’anglais réussit à le lui prendre des mains en lui frappant le pied. Chase avait été prit de sursauts et avait laissé son portable voler dans les airs. Chuck l’avait rattrapé et lit le message à voix haute avant de composer le sien, marmonnant dans sa barbe. Il regarda Chase qui sautiller, se massant le pied. L’anglais affichait une expression fière, croisant les bras sur ses pectoraux en attendant que Phoenix réponde. Il rouvrit les yeux et prit peur en voyant Chase se ruer sur lui, une mince goutte de sueur coula sur la tempe de l’anglais. Chase, assez en colère, le prit par le col de sa chemise et s’apprêta à aplatir son poing sur sa figure lorsque la douce sonnerie d’un iPhone recevant un message retentie. Le brun se stoppa, demandant à son ami de regarder le message, le relâchant. Chuck remit correctement sa cravate et lit à voix haute le message qu’il venait de recevoir. Le texto les informa que normalement la porte était ouverte mais qu’il y avait une possibilité pour que Magnus l’ai fermé. Elle ajouta que dans ce cas, une clé se trouvait sous le tapis de la porte d’entrée. Un sourire vainqueur s’était étalé sur le visage du châtain tandis qu’un sourire béat s’était étendu sur les lèvres de Chase qui reprit son portable. Il se rua vers la porte d’entrée de l’appartement de Chuck, attendant patiemment que ce dernier sorte de la cuisine. Le brun regarda sa montre plusieurs fois dans la même minute, s’impatientant. Il tapa son pied frénétiquement, marmonnant des noms d’oiseaux dans sa barbe lorsque Chuck arriva, enfilant un manteau de la main droite, alors que sa main gauche tenait son portable. Chase sut qu’il parlait à Leighton puisque jamais il n’aurait supplier Nate ou un autre de leurs amis de manger dans le quartier de Brooklyn. Ces derniers auraient volontiers acceptés. Chase se calma, se convaincant que Leighton était une femme difficile à persuader d’aller manger dans un endroit qu’elle n’aimait pas. Un sourire vainqueur informa le brun que la jolie brune serait des leurs. Il continua en lui disant qu’elle aimait, désormais près de la porte. Il l’ouvrit, changeant de main pour le portable, mettant l’autre manche de son manteau. Il raccrocha et rangea son portable dans la poche de son manteau. Il invita Chase à passer alors que celui-ci se moqua de lui, disant que les petites copines sont compliquées. Chuck rétorqua qu’il devait savoir de quoi il parlait avant de faire semblant de se remémorer qu’il n’avait pas de relations amoureuses. Il ajouta, néanmoins, qu’il devait savoir comment sont les petits copains. Chase, piqué au vif, sortit en premier de l’appartement et longea le couloir, suivit par Chuck qui gloussait.

Enfin arrivés devant la cabine de l’ascenseur, Chase appuya sur le bouton qui allait mener la cabine à eux. Ils attendirent quelques minutes avant que les portes ne s’ouvrent devant eux. Avec galanterie, Chuck le laissa passer devant lui. Chase décroisa les bras et se précipita dans l’ascenseur, le châtain à sa suite. Ils restèrent silencieux. Dans cette absence de son, le brun se souvint que c’est dans un ascenseur qu’il avait embrassé Magnus et connut la plus grosse honte de sa vie lorsqu’un couple de personnes âgées était entré. Il savait qu’ici, cette situation ne verrait pas le jour puisque la plupart des habitants de l’hôtel de Chuck était jeune. La cabine s’ouvrit enfin. Chuck en sortit, suivi par Chase. Ils marchèrent le long du hall et sortirent de l’immeuble. Dehors, une limousine était garée. Le brun la reconnut. C’était celle de Chuck. Il écarquilla les yeux, surpris que son ami tienne tant que ça à l’accompagner chez Magnus. Il devait avoir un autre but que de voir l’asiatique à moitié nu dans son lit. Le châtain l’informa qu’il pouvait entrer dans la voiture, qu’elle n’était pas piégée. Chase se tourna vers lui, le jugeant presque alors que son ami était mort de rire. Il entra finalement dans la limousine, ouvrant la portière, laissant Chuck entrer à sa suite. Le moteur de la voiture s’alluma et le conducteur les emmena jusqu’à Brooklyn.

Le duo était arrivé au palier de l’immeuble où Magnus vivait. Les deux portes fermaient l’accès au loft. Un large tapis se trouvait devant. Les portes étaient noires et liserées de bandes argentées. La poignée était moderne. Chase hésita à ouvrir, ne savant pas à quoi s’attendre lorsqu’il arriverait dans le loft. Chuck comprit que son ami craignait de rentrer alors il prit les devants en abaissant la poignée.

La porte s’ouvrit quelque peu. Chuck entra par l’entrebâillement crée, Chase le suivant, en l’insultant poliment. Lorsqu’il entra, il resta surpris par ce qui se trouvait dans le loft. Ils se trouvaient dans ce qui devait être le hall d’entrée du loft. De là, ils pouvaient voir le salon. Le hall et la pièce à vivre étaient séparés par deux portes glissantes noires aux vitres d’un rose sombre qui empêchaient de voir ce qui se trouvait derrière lorsque les portes étaient fermées.

Heureusement, les portes étaient ouvertes. Les yeux de Chase parcoururent son loft.

A sa droite, comme à sa gauche, se trouvait une large bibliothèque où des livres et autres objets de décorations étaient rangées. A côté de la bibliothèque de gauche se trouvait une table sur laquelle était déposée d’autres objets. En s’avançant, il vit que quelque chose manquait sur la table. C’était un objet rond et petit. Sans doute un miroir mais il avait dut être déplacé par son propriétaire. Il continua son chemin vers le salon, ne prêtant pas attention en large tapis sur lequel il marchait, ni même à la table en verre se trouvant à sa gauche ainsi qu’à la pièce, fermée, à sa droite. Des chaises avaient été placé en face de la table – qui était ornée d’une lampe – ainsi que près de la porte. Deux tableaux étaient accrochés aux murs en pierre peints en gris souris, l’un se trouvant face à cette table, l’autre, plus petit, se trouvait à sa droite.

Il dépassa encore deux portes pour arriver au salon qui était très grand. Chase n’arrivait pas à croire ce qu’il voyait. Un autre tapis était face à lui. Il voyait une table ronde en verre sur un tapis plus grand que celui se trouvant à l’entrée du salon. Un sofa se trouvait à la gauche de cette table, une plus petite table étant assez proche du canapé. Une autre, ronde cette fois, s’y trouvait, contenant de l’alcool. Deux fauteuils avaient été placées l’un face l’autre, l’autre se trouvant près de la petite table où les liqueurs et autres étaient stockées. Il vit un grand balcon en face de lui. Là aussi, des portes vitrées en empêchaient l’accès. Il parcourut le salon, à la recherche d’une porte donnant sur la chambre de Magnus. Il vit deux colonnes en marbres, l’une derrière le sofa, l’autre derrière le tapis, une plante se cachant à l’arrière du pilier. Une table en verre se trouvait face à cette plante ainsi qu’une table d’appoint où une lampe était posée dessus, un pilier juste devant. A gauche, il vit qu’une même table de chevet était devant une colonne, une lampe posée dessus. A côté de cette table se trouvaient deux lampadaires. Une peinture était accrochée face à une autre table, assez grande, un autre lampadaire se trouvant à la droite de cette table, auprès d’une autre plante. Un tapis était situé auprès de cette plante. Une large bibliothèque prenait toute la longueur du mur où se trouvaient les portes d’entrée du salon, un tapis face au meuble, un lampadaire à côté. Il fit le tour de la pièce à vivre mais il ne trouvait rien qui ressemblait à une porte donnant sur la chambre de Magnus.

Il se tourna et remarqua que Chuck n’était pas avec lui. Il se mit à paniquer, une vague de chaleur le submergeant. Il ne pouvait pas crier le prénom de son ami, ça risquerait de réveiller l’asiatique malade. Il ne pouvait pas non plus s’asseoir sur le sofa en cuir du malade, même s’il en mourrait d’envie en voyant toujours la même couleur douceâtre des murs en pierre. Il n’arrivait plus à supporter ce gris souris et les tableaux qui étaient exposés devant lui.

Alors qu’il se sentait perdu et en proie à une crise d’angoisse violente, il sentit que son téléphone vibrait doucement dans la poche de son jean. Le vibrement cessa. Chase le prit en main, c’était un texto de Chuck. Il lui demanda de venir le rejoindre dans le hall du loft. Il rangea son portable, sachant enfin où son ami se trouvait.

Il sortit du salon, remarquant qu’une petite table de chevet se trouvait à l’entrée de la pièce, ainsi qu’un autre lampadaire. Une peinture, accrochée au mur, était face à un meuble rond, en forme de camembert dont un quartier manquait à l’appel. Il progressa vers l’autre pièce du loft.

Il passa les deux autres portes et entra dans le hall où Chuck était cloué au sol. Celui-ci semblait tout aussi surpris.

- Tu n’aimes peut-être pas Magnus mais avoue qu’il a du style pour la déco, dit le brun en se mettant face à lui.

- De ce côté-là, je ne peux pas te contredire. Surtout au niveau de son choix pour les œuvres d’arts… Il a beaucoup de goût, soupira-t-il. Je crois savoir où est sa chambre, l’informa-t-il, changeant de sujet pour ne pas avoir à répondre aux interrogations de Chase.

Il le conduit dans un long couloir. Là aussi il vit un tableau accroché au mur où la porte d’entrée était encastrée. Dans un coin du couloir, il remarqua deux fenêtres donnant sur la salle de bain ainsi que sur la garde-robe de Magnus. Chase se mit à rire doucement en pensant à la tonne de vêtements que l’asiatique posséde… Le duo continua de longer le couloir jusqu’à tomber devant une porte grande ouverte, donnant sur la chambre de Magnus.

Chase hésita à entrer, de peur de réveiller Magnus s’il ne faisait pas attention où il marchait. Voyant son trouble, Chuck leva les yeux au ciel, soupirant. Il le poussa à l’intérieur de la chambre. Le brun faillit tomber et renverser quelque chose sur son passage. Il se tourna vers son ami. Il l’interrogea du regard. Chuck lui fit savoir, à travers des murmures imperceptibles, que s’il ne l’avait pas fait, il serait encore planté là, en train d’admirer l’intérieur de la chambre de Magnus. Il prit la poignée de la porte, commençant petit à petit à la fermer, l’informant qu’il allait fouiller le loft de Magnus afin de trouver où il cache l’alcool. Le brun s’apprêta à rétorquer lorsque Chuck ferma la porte, le stoppant net dans sa tirade muette.

Chase se pinça les lèvres avec fureur, se forçant à ne pas crier comme un beau diable contre son ami, de crainte de réveiller le beau au bois dormant.

Il se tourna vers l’intérieur et prit le temps de l’admirer avant de faire quoique ce soit. Face à lui se trouvait donc un large lit deux places ainsi qu’un tapis sur lequel se trouvait un canapé ovale, en corbeille dont les bras latéraux en demi-cercle se prolongent au niveau du dossier, face à un tapis oriental. Il continua son cheminement, admirant chaque parcelle de la pièce. Aux pieds du lit se trouvait une table de chevet où une lampe était posée. A la tête du lit, une même table se situait, avec une lampe. A gauche du lit se trouvait un colonne près d’un écran d’intimité. Trois colonnes étaient contre le mur, deux étant étant dans les coins, une chaise entre. Le pilier du milieu était face à un buffet où une lampe était posée. Face à ce meuble, un fauteuil trônait auprès d’une table rectangulaire en verre qui était devant un tableau.

Il dépassa l’ottoman et alla voir l’autre partie de la chambre, n’étant pas encore prêt à dormir auprès de Magnus qui semblait être paisible dans son sommeil. Face au tapis de l’ottoman se situait un autre fauteuil face à un tableau. Ce fauteuil faisait dos à une table basse ovale en verre qui se trouvait sous un tapis rectangulaire, lui aussi oriental. Face au tapis se situait un autre écran d’intimité. Il préféra ne pas s’y approcher, ne voulant pas savoir ce que s’était. Sur ce même tapis étaient posés un sofa et une autre table basse en verre. Dans le coin de la pièce se trouvait un lampadaire. Le sofa était dos à un tableau tandis que la table était face à une autre, donnant accès à la salle de bain.

Chase soupira, passant une main dans ses cheveux, déconcerté et las. Maintenant qu’il n’avait plus de raisons valables pour repousser ce moment fatidique, il devait trouver un moyen pour monter sur le lit de Magnus sans que celui-ci ne se réveille.

Il se pinça les lèvres, abaissant la tête, progressant vers le lit.

Magnus était tranquillement allongé sur le ventre, la couverture recouvrant uniquement ses jambes. L’asiatique avait croisé ses bras sous ses coussins, faisant reposer sa tête dessus. Son buste se souleva lentement, graillement. Il était du côté droit du lit, Chase ne pouvait donc pas passer par là pour se mettre sous les couvertures. Il se gratta le haut de la tête, ne pouvant détacher ses yeux du corps paisiblement endormi de Magnus qui, deux jours auparavant, était sien. Il se souvenait de cette nuit où il avait posé ses pattes sur les omoplates saillantes et nues de son amant qui faisait des va-et-vient. Il se souvenait de chaque tremblement, chaque frisson qui traversèrent son dos. Magnus était si mignon, si craquant lorsqu’il était prisonnier du royaume de Morphée. Parfois, il n’arrivait pas à croire que cet ange endormi pouvait être un vrai démon éveillé qui, si on lui en donnait l’opportunité, se transformer en Diable au lit. Il réprima un gloussement avant de reposer son regard sur l’enveloppe charnelle de l’asiatique. Un tendre sourire se peint sur son visage en pensant à lui, à ses baisers, à ses va-et-vient. Ce sourire se transforma en un rictus malicieux en pensant à une solution pour se mettre auprès de lui.

Mais d’abord, il pensa à enlever sa veste en cuir qu’il posa sur l’ottoman face à la porte. Il s’assit sur le canapé ovale et enleva ses chaussures, afin d’éviter qu’il ne sautille pour se déchausser, évitant ainsi qu’il ne renverse quelque chose sur son passage. Une fois déchaussé, il prit ses chaussures et les mit sous l’ottoman.

Il marcha en direction du côté gauche du lit de Magnus, marchant à pas de loup sur le sol. Arrivé aux pieds du lit, il posa ses deux mains sur le matelas et monta dessus à quatre pattes. Il marcha doucement sur le lit, veillant avec prudence à ne pas réveiller l’asiatique.

Dès qu’il fut arrivé à la tête du lit, il s’allongea avec lenteur, prenant garde à chacun de ses mouvements. Il se pinça les lèvres, appréhendant de plus en plus. Il sentit une goutte de sueur couler le long de sa tempe. Magnus était toujours allongé sur le ventre, dormant sereinement.

Chase s’allongeant enfin, se coucha sur le côté. Il se releva quelque peu, prêtant attention à chacun de ses mouvements et à ceux de l’asiatique. Il le surplomba en se mettant sur son coude. Il contempla le dos de Magnus, qui était couvert de son débardeur noir, dont les os étaient saillants.

Il ne savait pas quoi faire à part le regarder dormir. Il suivit néanmoins son instinct - paternel ou amoureux, il ne le savait pas encore – en avançant sa main vers lui. Ses doigts se posèrent sur la nuque dégagée de Magnus qui poussa un gémissement mi amusé mi mécontent. Chase devina que son visage était peint d’un magnifique sourire. Grâce aux ongles de son pouce, de son index et de son majeur, il lui caressa la nuque, écorchant tendrement la chair de sa nuque. Il fit des va-et-vient sur sa nuque, les transforma en une ronde qui fit pousser un gémissement de plaisir à Magnus. De sa nuque, il passa à son cuir chevelu où il lui fit des papouilles dans les cheveux, répétant les mêmes mouvements qu’il avait fait dans sa nuque, arrachant un soupir de plaisir à Magnus.

Chase stoppa, comprenant que s’il continuait, Magnus se retournera et l’enlacera, pensant que c’était Phoenix.

Cependant, ses mains réclamaient de sentir sa peau tannée sous ses caresses. Alors, il se mit à son hauteur. Il était assez proche de lui, il ne voulait pas coller contre lui, de crainte qu’il ne reconnaisse son parfum. Il s’avança juste un peu plus de lui pour qu’il puisse le toucher à sa guise.

Soudain, une petite voix dans sa tête le conseilla de vérifier si Magnus portait un bas de pyjama, avant de faire quoique ce soit. Écoutant les conseils de cette petite voix, il prit le pan de la couverture, la soulevant quelque peu, vérifiant s’il portait quelque chose en bas. Et effectivement, il portait un bas de pyjama, ce qui rassura le brun. Il enleva donc la couverture du bassin de l’asiatique. Il prit le pan du débardeur de Magnus et le remonta, contemplant le dos cambré et bronzé de l’asiatique dont les os saillants faisaient partis du charme de sa colonne vertébrale. Un rictus malicieux se forma sur ses lèvres en constatant que ses suçons étaient encore présents.

Il voulut poser ses mains sur ce dos à la courbe parfaite avant de se raviser en remarquant que d’autres suçons se trouvaient sur sa taille. Il ignorait combien de marques ses lèvres avaient laissé sur le corps divin de son ami. Il s’interrogea. Cependant, ne trouvant pas de réponses à sa question, il préféra s’attarder sur les omoplates nues du bel asiatique qu’il ne pouvait s’empêcher de câliner. Il posa ses doigts sur les os des omoplates et commença à faire des va-et-vient. Il finit par tomber de sommeil grâce aux mouvements répétitifs de ses doigts sur les os de la colonne vertébrale de Magnus, sa tête reposant sur un coussin soyeux et rembourré. Il sentit sur ce coussin un parfum familier de cerise et de cannelle. Magnus sentait le santal et la vanille, et non la cerise et la cannelle. Contrairement à Fedora…

« Magnus entendit un tambourinement à la porte. Intrigué, il s’y dirigea. Le bel asiatique était vêtu d’un t-shirt noir, dont le col en V était ornée de boutons qu'il n'avait complètement boutonné, à manches longues qu’il avait retroussé, laissant ses avant-bras nus, il avait enfilé un jean moulant auquel il avait rajouté une ceinture. Son cou était orné d'une longue chaîne en argent où se trouvait un pendentif. Il s'était chaussé d'une paire de chaussures italiennes noires et cirées. Il l’ouvrit et vit Fedora. La belle blonde avait noué sa chevelure en une haute queue de cheval. Elle était vêtue d’un pull blanc à col roulé moulant, elle avait mit une mini-jupe taille haute et collant à la peau. Elle avait enfilé une paire de talons hauts. Surpris par cette visite, Magnus l'interrogea sur sa présence chez lui. Elle ne lui laissa pas le temps de fermer la porte en se ruant sur lui, l'embrassant à pleine bouche, posant ses mains sur sa nuque. Cependant, Magnus se sépara d'elle, grimaçant. Fedora le regarda, interloquée tandis que des mains tannées se posèrent sur ses frêles épaules. Il lui demanda ce qui lui valait une telle ardeur soudainement. Il ajouta que cela lui plaisait mais qu'elle était un peu brusque, afin de la rassurer. Dans un sourire d'incompréhension, elle le questionna, fronçant les sourcils, disant qu'il était temps de passer à l'étape suivante. Magnus comprit, il ferma les yeux et la prit par les épaules.

- L'étape sexe, devina-t-il, dans un sourire compatissant.

- Oui, rétorqua-t-elle, en hochant la tête.

- Tu ne penses pas que c'est trop tôt ? la questionna-t-il, gardant ses mains contre ses épaules. Je veux dire, j'ai peur que si on passe à l'acte, il ne reste plus que ça, lui expliqua-t-il, dans un mince sourire empathique, caressant tendrement de ses mains graciles les biceps de la blonde qui le considéra, les sourcils froncés. J'ai de l'expérience, mais, je crains que tu en manques cruellement, ajouta-t-il en se séparant d'elle, lui faisant dos, devenant sérieux. Je n'ai pas envie de perdre ce qu'on est en train de vivre, continua-t-il en s’éloignant d'elle, toujours dos à elle. Je n'ai pas envie de te perdre toi, finit-il en se tournant vers elle, l'air désolé.

- Magnus, commença-t-elle, un sourire aux lèvres, tu n'as pas t’inquiéter, le rassura-t-elle en se ruant sur lui. J'en ai envie, je suis prête, l'informa-t-elle, enfin face à lui.

Elle le prit par le col de son t-shirt noir, le ramenant à elle, lui volant un baiser qu'il ne voulait pas lui reprendre tant il était amoureux de cette caresse divine. Elle les fit se diriger vers la chambre à coucher, le forçant à marcher à reculons. Ils continuèrent de s'embrasser ardemment jusqu'à arriver à la chambre. Ce fut Magnus qui entra le premier, les mains autour de la nuque dégagée de Fedora qui referma la porte derrière elle d'un violent coup de pied, ne voulant plus le lâcher. Elle le désirait contre elle. À chaque fois que leurs lèvres n'étaient pas collées l'une à l'autre, ils éclatèrent de rire. Enfin surtout Magnus qui ne pouvait s'empêcher de se moquer tendrement de son amante. Ils continuèrent de s'embrasser par saccade, leurs lèvres ne se rencontrant que par tranche d'une voire trois secondes. Fedora enleva sa chaussure droite, sautillant en essayant de récupérer les lèvres de Magnus qui ne souhaitaient être qu'avec les siennes. L'asiatique chercha où poser ses mains lors des tentatives de son amante pour se déshabiller, posant ses délicates pattes de chat tantôt contre sa nuque recouverte du col de son pull tantôt son faible et maigre biceps protégé du tissu doux du pull. Quand un autre éclat de rire retentit, ils séparèrent leurs lèvres et se regardèrent pendant plus de trois secondes avant de reprendre la danse endiablée de leurs langues dans la bouche de l'autre. Fedora serra le t-shirt de Magnus un peu plus, donnant à ce dernier le signal tandis que leurs lèvres continuèrent de se presser l'une contre l'autre. Leurs fronts l'un contre l'autre, Magnus sépara sa bouche de celle de Fedora afin de l'aider à enlever son haut. Il le tira avec violence, impatient de retrouver l'ardeur et la tendresse de ses baisers, se mordant la lèvre alors qu'elle le remontait. Dès qu'elle en fut débarrassée, elle le jeta à terre, torse nu, portant seulement un soutien-gorge dont les baleines noires étaient reliées par deux chaînes assez larges en or. Maintenant que son buste était vulnérable aux baisers de Magnus, elle décida que son torse aussi devait redouter les caresses de ses lèvres. Elle l'aida à enlever sa veste qui barrait l'accès à son t-shirt. Magnus se dépatouilla avec son blazer tandis que Fedora reprit en main son t-shirt, le serrant entre ses doigts. Ils se collèrent l'un à l'autre, reprenant à l'un ce qui appartenait à l'autre, leurs fronts l'un contre l'autre. Fedora était calme tandis que l'asiatique bouillait de désir. Ses veines étaient envenimées par ce poison plaisant tandis que tout son corps était fiévreux, en manque de quelque chose. Il tremblait de plaisir et de désir. Fedora le fit reculer, le tenant toujours fermement et tendrement par le col de son haut à manches longues qu'il avait retroussé. Ils se séparèrent un tiers de seconde pour reprendre leurs souffles, souriants tout les deux, le haut de la tête de l'un toujours contre celui de l'autre. Magnus s'apprêta à poser sa main sur la nuque de la blonde lorsqu'elle celle-ci s'introduisit encore plus dans son espace personnel. Fedora enleva son autre chaussure, ce qui donna à Magnus l'opportunité de l'embrasser, portant ses mains à l'arrière de sa tête, la collant encore plus à lui, la faisant sienne. Il caressa son cuir chevelu pour dénouer violemment sa queue de cheval. Il jeta l'élastique à terre tandis que la chevelure d'or et de bronze de son aimée se déversa sur ses épaules et dans son dos.

Ils tombèrent sur le lit, Magnus sur Fedora. Alors qu'il était sur elle, il se suréleva quelque peu, se positionnant correctement. Il la contempla alors qu'elle avait ce sourire provocateur, la surplombant de sa position dominante. Ils étaient l'un face l'autre, l'autre commençant d'ailleurs à enlever à l'un son t-shirt par le haut.

- Qui tu as eu comme professeur ? lui demanda-t-il, souriant, se concentrant uniquement sur les lèvres pulpeuses de la blonde qui étaient entrouvertes, laissant son souffle, parfumé à la menthe, se posait sur la chair tannée de Magnus.

- Le même que le tien, lui répondit-elle dans un faible soupir, impatiente de retrouver les lèvres tentatrices de l'asiatique.

- Oh, rétorqua-t-il, admiratif, haussant un sourcil, souriant.

Elle posa ses lèvres sur les siennes, mettant ses mains contre la bronzée des joues de son amant, l'attirant sur elle avant qu'il ne réponde quoique ce soit. Magnus posa sa main droite sur sa nuque blanche, sa main gauche étant à plat sur le matelas, son bras tendu pour se tenir et éviter qu'il ne tombe. Quant à Fedora, ses abandonnèrent le cou de son amant et laissa ses fines pattes blanches visiter le corps divin de Magnus. Fedora s’éleva du coussin sur lequel sa tête s'était posée, pressant encore plus leurs lèvres l'une contre l'autre. Elle commença à lui enlever son t-shirt, le faisant remonter doucement, ses mains laissant une tendre écorchure sur sa peau. Elle découvrit le bas de son dos aux os saillants. Il cambra quelque peu son dos, se collant plus à Fedora qui cherchait de plus en plus le contact de leurs deux corps, s'étant encore relevée des coussins. Elle avait encore sa tête haute lorsqu'il posa sa main derrière sa tête, s'agrippant à sa chevelure pour la ramener à lui. Elle reposa sa tête contre les coussins. Il abandonna ainsi sa prise tandis qu'il posa sa main à plat pour se retenir de tomber. Elle enleva ses mains du bas de la colonne vertébrale découverte de Magnus dont les os se mouvaient avec élégance et grâce. Elle prit le pan de son t-shirt qui était bien remonté tandis qu'il posa sa main sur sa joue, rendant le baiser plus violent et plus brûlant. De sa joue, il passa à l'arrière de sa tête - où il pressa sa chevelure - à l'aide d'une cruelle et tendre caresse tandis qu'elle continuait de remonter son t-shirt, découvrant peu à peu la totalité de son dos aux mouvements magiques, dévoilant aussi son torse saillant. Magnus, pressant toujours aussi sauvagement les lèvres chastes de son amante, la força, à travers ce baiser, à se remettre contre les coussins. Ils continuèrent de s'embrasser ardemment lorsque Magnus se sépara brusquement de la blonde. Il s'assit au bord du lit, se pinçant l'arrête du nez, se mettant dos à Fedora, abaissant son haut. La jeune femme se mit sur son coude, cachant sa poitrine à l'aide du drap. Elle posa sa main entre les omoplates du bel asiatique et lui demanda si elle avait fait quelque chose de mal. Il lui assura que ce n'était pas de sa faute. Elle le contempla de dos, trouvant que tout chez lui était d'une beauté sans pareille ; angélique et pur il était. »

- Chase ! murmura une voix familière.

Il sentait qu’on le poussait délicatement par l'épaule. Il gémit de protestation, fronçant les sourcils . Il ouvrit les yeux. Il sursauta quelque peu en se rendant compte que son bras était enroulé autour de la taille de Magnus, la paume de sa main posée contre les abdominaux de l'asiatique. Ses joues s'empourprèrent alors qu'il tenta d'enlever son bras de la taille de Magnus. Chuck croisa les bras sur ses pectoraux, impatient, tapant frénétiquement du pied. Le châtain fit une moue agacée avant que Chase n'arrive à dégager son bras de la taille de l'asiatique. Il s'assit en tailleur et regarda autour de lui avant de tomber sur son ami. Le brun lui sourit, gêné, riant d'une manière incertaine. Chuck l'informa qu'ils devaient se dépêcher de s'en aller avant que Magnus ne se réveille. Il le renseigna aussi sur le fait que Leighton n'était pas très patiente. Chase se souvint qu'ils devaient manger avec la brune sur Brooklyn.

Il se leva d'un bond, ne souhaitant pas subir la colère de la brune. Il alla prendre ses affaires, enfilant sa veste et se chaussant de ses baskets.

Il partit devant, laissant le châtain cloué au sol, assez surpris. Chase se retourna vers lui et lui demanda ce qu'il attendait. Chuck décroisa les bras, interloqué par le ton malicieux de Chase.

Il sortit de la chambre de Magnus, fermant doucement la porte derrière lui. Il suivit son ami qui longea le long couloir de l'appartement de Magnus. Chuck dut presque lui courir après pour le suivre. Ils arrivèrent enfin devant les portes du loft. Chuck dut reprendre son souffle après tapé un sprint après Chase. Celui-ci se mit à rire en voyant son ami essoufflé. Il ouvrit la porte en grand. Chuck reprit son souffle et soupira. Chase éclata de rire avant de lui donner une tape amicale sur l'épaule. Chuck se releva, chassant la main de son ami. Il le dépassa et sortit du loft. Le brun continuait de se moquer de lui, marchant vers lui, se grattant le nez. Le châtain se tourna vers lui, boudeur, haussant un sourcil. Chase se pinça les lèvres et s'excusa. D'un ton sec, Chuck lui ordonna de sortir du loft, tendant son bras vers le couloir extérieur. Chase obéit, ayant peur que Magnus ne se réveille si Chuck cri trop fort.

Enfin dehors, le châtain ferma les portes. Il tourna les talons, s'apprêtant à partir lorsqu'il remarqua que personne ne marchait à ses côtés. Il baissa la tête, soupirant et se tourna, voyant que Chase était cloué devant les portes. Il leva les yeux au ciel, de plus en plus irrité face au comportement de son ami. Il se pinça l'arrête du nez et se dirigea vers lui. Il posa sa main sur son épaule, le faisant sursauter. Il écarquilla les yeux de surprise et n'osa se tourner vers lui. Chuck lui demanda ce qu'il attendait pour partir. Chase lui répondit en lui posant une autre question.

- Selon toi, on devrait fermer la porte à clé ou la laisser ouverte ? posa-t-il en se tournant vers lui, le regardant avec deux grands yeux interrogateurs avec une pincée de chagrin.

- Non mais, commença son ami, déconcerté, t'es pas sérieux là ? interrogea-t-il, un sourire moqueur aux lèvres. Ah, t'es vraiment sérieux là, soupira-t-il en constatant que son ami tait très sérieux. Et bien, débuta-t-il en grattant le haut de sa tête, on peut fermer à clé. Je suppose que Phoenix à la sienne et, au pire, continua-t-il en appuyant sur ces deux mots, levant les yeux au ciel, si elle ne les a pas, je suppose qu'elle pensera à utiliser celles qui se trouvent sous le tapis, conclua-t-il en haussant tout simplement les épaules.

Chase hocha la tête approuvant les paroles de son ami, l'air grave. Il ne pouvait pas laisser le loft de Magnus grand ouvert. Il ne pouvait pas se résoudre à l'abandonner alors qu'il n'était pas en sécurité. Il ne doutait pas des compétences de Magnus en matière d'arts martiaux et donc de self-defense mais il se voyait mal le laisser seul. Malgré ses paroles, il savait que Magnus tenait à lui, comme lui. Il tenait beaucoup à lui. Il l'aimait sincèrement. C'est pourquoi il ne pouvait se résoudre à le laisser seul. Chuck serra son épaule, compréhensif, la tête basse. Chase lui prit la main et la serra. Non, il ne doutait pas de Magnus et de ses capacités à se défendre. Il s’inquiéta plus pour Phoenix à vrai dire... Magnus devait être une personne chère à son cœur pour qu'elle demande à un parfait inconnu de prendre soin de lui. C'est pourquoi il se mit à penser que Phoenix ne le considérait pas un comme un étranger. Un sourire malicieux s'étira sur ses lèvres. Il s'abaissa, contraignant Chuck à enlever sa main de son épaule. Il souleva le tapis et vit la fameuse clé dont Phoenix lui a parlé. Il la prit en main et la sortit de sous le tapis. Il reposa le tapis au sol et se releva, ses doigts se refermant dessus. Il garda la tête baissée, un sourire malicieux aux lèvres que Chuck nota. Chase marcha en direction de la porte tandis que son ami continuait de le contempler, interdit. Le brun passa sa main dans ses cheveux, rouvrant ses yeux petit à petit. Il faisait maintenant face aux portes closes du loft de Magnus. Il ouvrit son poing où se trouvait la clé du loft. Il la prit et l’enserra dans la serrure. Il la tourna deux fois vers la gauche, fermant l'entrée au loft. Il s'abaissa de nouveau et cacha la clé sous le tapis. Il tourna les talons, se dirigeant vers Chuck qui demeurait silencieux. Arrivant à son hauteur, il lui demanda si tout allait bien, inquiet en voyant la tête d'enterrement qu'il tirait. Il leva la tête vers son ami aux yeux bleus dont les iris trahissaient son affolement.

- Leighton va nous tuer si on ne se dépêche pas de sortir de cet immeuble, l'informa-t-il, la voix grave et sérieuse alors qu'un sourire se forma sur ses lèvres.

- T'es qu'un abruti Harisson, rétorqua Chase, roula ses yeux dans ses orbites.

- Oui, je sais, ça m'empêche de dormir la nuit, rétorqua-t-il d'un ton détaché.

Chase leva les yeux au ciel, une moue se dessinant sur son visage tandis qu'il enroula son bras autour de la nuque de son ami, l'informant qu'il l'informa qu'il devrait arrêter de penser avec ses sentiments et se concentrer sur ce qui est vraiment important. Chuck leva la tête vers lui, haussant les sourcils, avec une expression non convaincue. Comprenant que son ami avait des doutes sur ce qu'il venait de dire, Chase leva les yeux au ciel, vexé, soupirant et pria pour qu'ils s'en aillent de cet immeuble avant qu'une colère plus que divine ne s’abatte sur eux. Chuck hocha la tête, préférant cette réponse à l'autre. Chase enleva son bras de sa nuque. Ils se mirent l'un face à l'autre. Ils se prirent les mains et se regardèrent longuement avant que l'un ne fasse promettre à l'autre que, si jamais l'un d'entre eux devait sortir indemne de la fureur de Leighton, l'autre devrait balancer les cendres du cadavre de celui qui n'est plus dans le cabaret du père de l'un d'entre eux. Chase en fit la promesse, ainsi que Chuck. Ils ne cillèrent pas et restèrent face à face, se défiant du regard, vérifiant sévèrement les défenses de l'un et de l'autre. Enfin, ils se séparèrent l'un de l'autre, à présents sûrs que l'un tiendra sa parole si l'autre venait à disparaître trop tôt, et inversement. Ils se tournèrent vers le long couloir face à eux. Ils prirent une grande inspiration avant de tourner la tête l'un vers l'autre. Ils se mirent d'accord d'un simple regard. Ils se mirent en position pour courir.

Ils partirent en courant. Néanmoins, leur course n'avait rien de sérieuse et ils faillirent déraper plus d'une fois sur le tapis. Bien qu'une chute aurait été très drôle, Chase doutait que Chuck aurait trouvé hilarant que son ami se moque aussi ouvertement de lui.

Arrivés devant la cabine de l'ascenseur, ils reprirent leurs souffles, penchés en avant. Chase s'appuya contre le mur, la paume de sa main gauche plaquée dessus tandis que son autre main s'agrippait à sa cuisse. Chuck s'était penché en avant, les mains crispées sur ses cuisses. Ils reprirent progressivement leurs souffles. Chase se releva peu à peu, retrouvant sa respiration. Il appuya sur le bouton de l'ascenseur pendant que son ami se tourna vers la porte du loft de Magnus. Chase l'imita. Il déglutit, se demandant si c'était une bonne idée. Néanmoins, lorsqu'un tintement familier retentit. Il fit volte-face vers la cabine d'ascenseur, voyant que les portes venaient de s'ouvrir. Ses yeux s'agrandirent tandis qu'il s'engouffra dedans, suivi par Chuck qui sortit son portable.

Ils longèrent le couloir avec rapidité lorsque l'ascenseur fut arrivé au rez-de-chaussée. Ils coururent de toutes les forces vers la sortie afin de rejoindre Leighton qui les attendait. Chase défonça la porte d'un coup d'épaule, sortant brutalement de l'immeuble, Chuck à sa suite. Chase s'écroula au sol, fatigué de courir autant pour si peu. Chuck aurait pu le rejoindre si sa petite-amie ne s'était pas précipitée sur lui pour lui tirer l'oreille. Il gémit de douleur tandis que Leighton continuait de tirer sur sa prise, prenant en main son portable qu'elle alluma en le mettant devant les yeux plissés de douleur de son petit-copain. Elle s'écria qu'elle avait dut attendre dix minutes devant ce bâtiment désaffecté où il lui avait demandé de venir le rejoindre. Il plaida son innocence en disant que Chase avait prit son temps pour sortir de l'appartement de Magnus. Le brun, toujours écroulé au sol, avait retrouvé sa respiration. Il poussa un gloussement forcé, son bras enroulé de son torse. Il sentit un regard désapprobateur sur lui. Il se tourna vers Leighton, haussant un sourcil, un mince sourire malicieux aux lèvres. Il fit un bond, se relevant. Il frappa dans ses mains, retrouvant toute sa jovialité, et leur demanda où ils souhaitaient manger. Chuck se tourna vers lui, l'interrogeant sur ses connaissances en matière de restauration dans le quartier de Brooklyn. Chase s'écria que Brooklyn n'est pas le pire des quartiers de New York, assez agacé par les appréhensions de ses amis. Il cita le New Jersey et d'autres villes ou quartiers des États-Unis. Leighton croisa ses bras sur sa poitrine menue, lui faisant face en pinçant ses lèvres glossées. Il lui demanda, roulant des yeux, pourquoi elle le regardait comme si elle allait commettre un meurtre. Elle passa sa langue sur sa lèvre inférieure, baissant la tête avant de rétorquer que son jugement était altéré par l'attirance qu'il éprouvait pour Magnus. Chuck ouvrit de grands yeux surpris, visiblement choqué par cette découverte. Chase savait bien qu'il jouait la comédie, il était au courant de tout. Chuck se tourna tantôt vers son ami tantôt vers Leighton qui se retourna vers lui. Elle le pria d'arrêter de jouer les innocents devant eux ; il savait très bien ce que ressentait Chase pour Magnus et ce que ressentait ce dernier pour leur ami. Chuck fit une moue dédaigneuse, pensant qu'il avait bien joué la surprise. Il marmonna qu'un jour ses talents de comédien seront reconnus par tous tandis que de leur côté, Leighton et Chase continuaient de s'affronter dans une bataille de regards noirs. Elle jeta un coup d’œil à son petit-ami, qui râlait toujours, et se dirigea vers son ami, se mettant face à lui. Elle lui demanda s'il connaissait un bon restaurant à Brooklyn. Sa voix était cassante et froide, si sérieuse qu'elle donna des frissons à Chase. Il hocha la tête frénétiquement, déglutissant avant de l'informer, la voix tremblante et un sourire inquiet et crispé aux lèvres, que Magnus lui avait parlé d'un bon bar où ils auraient pu avoir un déjeuner, voire même un dîner. Leighton haussa un sourcil suspicieux. Elle croisa de nouveau les bras sur sa poitrine, s'apprêtant à dire quelque chose.

- Tu veux dire que Magnus Wù t'as donné l'adresse d'un bar pour un éventuel rencard ? lui demanda-t-elle avec une voix trahissant son étonnement et son amusement.

- J'avais pas pensé à ça quand il me l'a dit, avoua-t-il, légèrement troublé par la révélation qu'elle venait de lui offrir.

- Il y a beaucoup de choses auxquelles tu ne fais pas attention, Chase Collins, répliqua-t-elle.

- Comment es-tu au courant pour mon véritable nom ? la questionna-t-il, les yeux écarquillés, ses yeux s'embuant à la simple évocation de son véritable nom.

- Chuck me l'a dit... avoua-t-elle en lui prenant le poignet. Tu sais bien que tu restes le même à nos yeux... soupira-t-elle en posant délicatement sa main sur sa joue creusée.

- J'ai l'impression de ne plus être le même... souffla-t-il en posant doucement ses doigts autour du poignet de Leighton, le faisant lentement descendre.

- Tu ne penses pas que je suis trop habillée pour un bar brooklynien ? questionna-t-elle, changeant de sujet subitement.

Il fronça les sourcils, relevant les yeux vers elle, ne comprenant pas où elle voulait en venir. Elle lui adressa un grand sourire et se recula de quelques pas pour qu'il puisse l'admirer en totalité, tournant sur elle-même. Il la regarda en détails de la tête aux pieds. La jolie brune était vêtue d'un haut ample d'une délicate couleur lilas au décolleté profond, d'une jupe noire taille haute dont les motifs en forme de roses étaient colorés de bleu, de violet sombre, de rose et de rouge. Elle était chaussée d'une paire d'escarpins noirs et vernis. Elle avait ramené ses cheveux en un bas chignon, deux mèches brunes encadrées son visage pur. Elle ne portait pas beaucoup de maquillage ce jour-là Elle semblait n'avoir mit que du fond de teint pour cacher quelques imperfections. Il remarqua qu'une fine chaîne en argent où pendait un cœur argenté. Un bracelet en forme de rose doré décorait son poignet. Elle exhibait un petit sac à main rose. Elle était très en beauté, comme toujours. Chuck lui enleva les mots de la bouche en lui disant qu'elle sera toujours trop habillée. Il se mit auprès d'elle et la prit par la taille, posant sa main sur le bas de son dos, la ramenant à lui. Chase les regarda, avant d'abaisser ses yeux, souriant. Leighton prit le bras de son petit-ami et l'enleva progressivement de son dos, disant que, même si elle appréciait que leur attention soit tournée vers elle, elle mourrait de faim, avouant à Chase, se tournant vers lui, qu'elle avait hâte de découvrir le bar dont Magnus lui a parlé pour un rencard. Le brun releva la tête vers elle et lui lança un regard meurtrier avant de s'écrier, pour la seconde fois qu'il ne savait pas que l'asiatique espérait avoir un rencard avec lui. Leighton lui lança un regard incertain, suspicieux avant de lui donner l'adresse de ce restaurant. Il lui demanda quelques minutes pour chercher son portable, rajoutant que Magnus l'avait noté quelque part. Il se tourna vers ses amis, leur interdisant de dire quoique ce soit. Leighton et Chuck firent mine de fermer leurs bouches à clé et de la jeter à terre. Chase sortit son téléphone et alla dans ses notes. Il trouva l'adresse du fameux bar. Il s'agissait du Brooklyn Pub. Bien que Leighton ne semblait pas ravie de manger là-bas, cela ne sembla pas déranger Chuck qui prononça à voix haute ce que Chase n'osait dire.

- Si c'est Magnus qui l'a choisi et qu'il a conseillé pour... Dîner, dit-il en réprimant un fou rire, ce que ce bar doit être excellent ! tenta-t-il.

- C'est vrai que Magnus a toujours très bons goûts. Que ce soit en matière de fringues, de restaurants et de... Partenaires, insinua-t-elle en coulant un regard malicieux au brun.

- Bon, ça va aller là ! Soit on va dans ce foutu bar soit on marche jusqu'à Manhattan pour manger quelque chose qui conviendra à Leighton.

- Okay... Allons dans ce bar miteux, de toute façon, je ne peux pas marcher avec des talons si hauts.

Chase soupira. Il les guida jusqu'au bar. Fort heureusement, il n'était pas loin de l'immeuble de Magnus. Celui-ci devait l'avoir choisi, non pas pour le menu, mais plus pour sa proximité avec son loft. Le brun ne put s'empêcher à lui. Il lui a brisé le cœur deux fois en cours d'une vie. Il ne savait même pas s'il arrivera à le pardonner. Il se sentait coupable. Il prit son souffle et commença à marcher vers le bar. Chuck et Leighton se prirent la main et le suivirent, silencieux.

Ils arrivèrent devant le restaurant. Chase les invita à entrer. L'intérieur était noir et rouge. Une serveuse arriva et leur proposa de s'asseoir à une table. Elle les y conduit et leur donna la carte du restaurant dès qu'ils furent installés. Le menu lui faisait envie, plus particulièrement le bretzel chaud au fromage à la moutarde pour le plat. Le cheese-cake lui faisait envie aussi. Il savait que concernant Chuck, son choix se fera sur les burgers de différentes sortes. Quant à Leighton, il la savait friande de salades composées. Dès que la serveuse arriva, il lui donna sa commande et, comme il s'y attendait, Chuck prit un burger et Leighton choisit une salade. En boisson, il commanda un cocktail, suivi par Chuck et Leighton. Il ajouta un dessert, ses amis prirent un cheese-cake chacun. La serveuse leur adressa un grand sourire et leur reprit les menus, les informant qu'elle reviendra bientôt avec leurs repas. Chase la remercia et lui sourit à son tour. La serveuse se mit à rougir, elle remit une mèche de cheveux derrière son oreille. Elle s'en alla. Leighton posa ses coudes sur la table, joignant ses mains, et posa sa tête contre ses mains. Elle informa Chase qu'il y avait intérêt à ce que son plat ai l'air aussi bon en vrai que sur le menu. Chuck échangea un regard avec son ami, lui disant implicitement que ça ne servait à rien de discuter avec elle quand elle a faim. Chase le crut volontiers. La serveuse arriva avec leurs plats, encore chauds et dégageant une agréable odeur, ainsi qu'avec leurs boissons qu'elle posa sur la table, en face de chacun d'eux. Elle leur souhaita un bon appétit et fit volte-face avant que son regard ne croise celui de Chase. Un sourire malicieux se forma sur ses lèvres alors qu'il commença à couper un morceau de son bretzel. Il l'enfourna dans sa bouche lorsque Leighton lui demanda, d'un ton détaché, s'il avait remarqué qu'il avait une touche avec la serveuse. Chase faillit s'étrangler avec son morceau de bretzel. Il toussota, se frappant la poitrine à l'aide de son poing pour faire descendre la pâtisserie salée. Chuck, reposant son verre de mogito, demanda à sa petite-amie s'il était nécessaire de parler de ce genre de choses maintenant, incertain. Il ajouta qu'il venait de sortir d'une relation compliquée et qu'il ne valait pas remuer le couteau dans la plaie. Leighton ouvrit la bouche s'apprêtant à rétorquer lorsqu'elle remarqua le regard lointain et vide de son ami. Elle se pinça les lèvres et se tut, préférant amener son cocktail à ses fines lèvres qu'elle posa sur le verre, sirotant sa pina colada.

Le trio avait enfin fini son repas. On leur apporta l'addition que Chase se chargea de payer dès qu'il se fut levé. Leighton prit en main son sac et le posa sur son épaule. Elle suivit Chuck dehors après avoir conseillé à Chase de proposer à la serveuse un petit rendez-vous. Il lui avait répondu qu'il n'avait pas la tête à ça. Elle ajouta qu'il devait passer à autre chose, qu'il devait penser à lui pour une fois. Elle l'avait laissé et partit rejoindre Chuck. Il paya à l'aide de sa carte de crédit, regardant à travers les vitres du bar. Il réfléchissait lorsqu'une voix le tira de sa rêverie. C'était la serveuse. Elle lui tendait le ticket de caisse, un grand sourire aux lèvres. Il la remercia mais refusa de prendre le ticket, disant qu'il n'en avait pas besoin. La serveuse, bien qu'un peu déconfite, lui obéit et fit une boule avec le ticket qu'elle jeta. Elle perdu son si beau sourire et lui souhaita, froidement une bonne journée. Il resta interloqué par ce changement brusque d'humeur de la part de la serveuse. Il longea le bar et en sortit, rejoignant ses amis. Ils le regardèrent, surpris par son calme maîtrisé. Chase, sentant leurs regards sur lui, les regarda, fronçant les sourcils, les questionnant. Ils détournèrent leurs yeux de lui, cherchant un endroit où poser leurs yeux. Il soupira et passa sa main dans ses cheveux, les informant qu'un bus part de Brooklyn et qu'il se dirige vers New York. Il ajouta que le bus part dans moins de dix minutes et que l'arrêt n'est pas si loin que ça, à la condition qu'ils courent. Les regards des garçons convergèrent vers la brune qui portait des talons hauts. Elle les interrogea du regard avant de baisser ses yeux sur ses chaussures. Elle leur interdit de penser qu'elle se séparerait de ses talons. Chuck et Chase se mirent face à elle, l'un croisant ses bras sur ses pectoraux, l'autre mettant ses mains derrière son dos, joignant ses doigts. Il se pinça les lèvres, attendant d'entendre Leighton et Chuck. Cette dernière s'avoua vaincue et enleva ses talons, les portant de sa main droite, sa main gauche étant prise par son sac à main. Les garçons, vainqueurs, sourirent et se tournèrent vers la rue. Ils se mirent à courir aussi vite qu'ils le pouvaient, suivis de près par Leighton, qui avait renfilé ses talons. Ils arrivèrent à temps pour prendre le bus. Chase paya les tickets, laissant au couple le loisir de s'installer. Le conducteur l'informa que l'arrêt se ferait au lycée public de New York. Chase ouvrit de grands yeux surpris, ses lèvres s'entrouvrant. Il se ressaisit et ferma sa bouche, prenant les tickets que le conducteur lui tendait. Il commença à marcher vers les places de libres lorsque le chauffeur donnant un coup de froid, propulsant Chase sur un siège. Il se tint au dossier, encore sous le choc, quand il vit que ses amis étaient en train de se peloter sur le siège à sa gauche. Il leva les yeux au ciel et se mit face à la route, admirant le paysage.

Le bus s'arrêta. Un petit panneau lumineux indiqua aux passagers qu'ils étaient à New York. Chase descendit de son siège. Il se dirigea vers Chuck et Leighton, donnant une tape amicale sur l'épaule du premier, les interrompant brutalement, en parlant fort, dans leur échange de baisers. Il les informa qu'ils étaient arrivés à destination. Le couple se leva à son tour et suivit leur ami hors du bus. Chuck remarqua qu'ils avaient été déposés devant l'enceinte de leur ancien lycée. Il se dirigea devant le portail, clos. Il caressa de la pulpe de son doigt le fer du portail, mélancolique. Chase s'approcha de lui, posant sa main sur l'épaule de son ami et regarda à travers la grille. Le lycée public de New York était un grand bâtiment fait en pierre rouge. Devant eux se dressait une tour avec une horloge qui sonnait à chaque heure. Chase avait toujours soupçonné que cette tour était un clocher. Bien que l'extérieur du lycée laissé croire qu'il était ancien, l'intérieur était bien loin de cette pensée qui a souvent été la sienne. L'intérieur est moderne et ouvert. De plus, cette entrée était celle des internes, ils dormaient dans cet espace aménagé pour eux. L'entrée du lycée se faisait un peu plus loin. Bien que Chase comprenne la mélancolie de son ami, il le pressa de se dépêcher. Il n'aimait pas cet endroit. C'est ici qu'il a passé les plus durs moments de sa vie. Il y a eu des moments de joie, de bonheur mais ils étaient peu nombreux comparés aux autres moments de sa vie. Chuck enleva sa main d'un des barreaux du grillage et passa sa main dans ses cheveux, toujours face au portail. Le châtain se sépara du grillage, chassant la main de son ami. Il se tourna vers lui, les yeux embués.

- Les choses étaient tellement mieux avant, non ? demanda-t-il, morose.

- Je ne sais pas si elles étaient mieux avant, commença Chase, se voulant rassurant, mais la vie était plus facile quand on avait juste à se préoccuper des humiliations qu'on faisait subir aux gens différents et, potentiellement, des cours.

- Je me suis toujours demandée comment vous faisiez pour humilier ces intellos, avoua-t-elle, souriante, c'était beaucoup plus cruel que ce que je faisais.

- On avait juste besoin d'imagination, de bouc émissaires et de beaucoup de ressources, hein Chuck ? questionna-t-il avec un sourire en coin.

- Je me rappelle encore le jour où Magnus et toi aviez préparés un numéro musical. Tu l'avais planté et on pensait que ça allait être minable. Toute notre bande avait commencé à s'armer de tomates lorsque Magnus a débuté sa danse. Il avait un tel groove... Sa manière de danser en était envoutante...

- ça ne vous a pourtant empêché de le mitrailler de soda et de tomates, ajouta Chase, un sourire culpabilisant aux lèvres.

- C'est vrai... ajouta Chuck.

Il avait retrouvé sa joie et sa bonne humeur. Il demanda à Chase s'il était prêt à traverser la ville pour rentrer à l'Empire Hotel, un grand sourire narquois aux lèvres. Ce dernier lui lança un regard vexé. Il s'écria que l'hôtel n'était pas si loin que ça. Leighton afficha un sourire moqueur. Elle prit les deux amis par la nuque et les força à avancer.

Ils dépassèrent le lycée et étaient maintenant assez proches des immeubles qui avaient été construit à proximité de l'établissement scolaire. Ils continuèrent de marcher, Chuck et Leighton discutant, main dans la main tandis que Chase contemplait le paysage.

Il ne faisait pas attention à la conversation du couple, préférant se demander où habiter la blonde lorsque soudain une explosion retentit. L'interpellant, il se retourna et vit qu'un des immeubles était en flamme.

Il se retourna vivement vers ses amis. Chuck protégeait Leighton, l'enlaçant. Ils étaient sous le choc, ne pouvant enlever leurs yeux des flammes. Chase se rua vers eux. Il les supplia de venir l'aider à sauver les habitants de l'immeuble. Leighton et Chuck ne surent quoi dire. Ils restèrent sous le choc tandis que leur ami, qui affichait un regard déterminé, les informa qu'il allait le faire seul. Son ami essaya de l'en empêcher mais Chase était déjà bien loin. Il courut aussi vite qu'il le pouvait vers l'immeuble qui était déjà cerné par les passants. Il les bouscula, ne prêtant pas attention à leurs protestations et fut devant la porte fermée de l'immeuble. Il se recula, prenant son élan, et ouvrit la porte d'un grand coup de pied. Certaines familles étaient juste derrière. Il les invita à sortir, personne par personne. Il les compta à leur sortie mais il perdit le compte lorsqu'on lui agrippa le bras. C'était une mère de famille, elle était en larme, le visage suant et crispé par la peur. Elle lui demanda d'aller chercher son enfant qui est à l'étage et qui n'a pas put se sauver. Elle continua de lui agripper le bras, terrorisée. Il la prit par l'épaule et l'assura qu'il allait y aller, si elle le laissait. Elle le lâcha, déglutissant. Elle le remercia tandis qu'il l'assura qu'il allait le chercher. Il la laissait sortir, c'était la dernière à sortir. Il monta les marches quatre à quatre, les portes étaient toutes ouvertes sur tous les paliers.

Il monta le dernier étage et vit deux portes fermées. Ne sachant laquelle choisir, il perdit du temps en réfléchissant. Il commençait à s'évanouir à force de respirer la fumée de l'incendie.

Prenant son courage à deux mains, il enfonça la porte et découvrit avec horreur un appartement rongé par les flammes. Il entendit les cris incessants et terrifié d'un enfant. Il plaqua sa main contre ses narines et sa bouche, voulant préserver le peu d'oxygène qu'il lui restait. L'enfant toussait alors Chase se rua vers la chambre du petit qu'il trouva sous son armoire. Le brun se précipita sur l'enfant qui hurlait à la mort. Il tenta de le rassurer du mieux qu'il pouvait mais le bambin n'arrêtait pas de crier et de pleurer. Le brun se releva, passant une main dans ses cheveux, pensant à toute allure. Il prit l'armoire et la souleva de toutes ses forces, laissant l'enfant sortir. Il marcha en titubant. Chase commençait lui aussi à tousser, il avait laissé ses narines à l'air toxique. L'enfant s'était évanoui et le brun commençait lui aussi à s'endormir. Il ne pouvait pas laisser l'enfant mourir ici, pas maintenant. Alors, il le souleva et enroula autour de sa nuque. Il commença son ascension vers la porte de sortie lorsqu'un cri déchirant retentit à ses oreilles. C'était un cri familier. Il se tourna plusieurs fois, cherchant d'où provenait ce cri, laissant tomber l'enfant. Ne faisant plus attention à la fumée et aux flammes, il progressa dans l'appartement, à la recherche de Fedora dont les cris lui provenaient. Il cria son nom et elle l'interpella encore plus fort. Il progressa vers elle, il le sentait. Plus il se rapprochait, plus il l'entendait. Il continua de l'interpeller lorsqu'un pan de mur enflammé lui barra le passage. Il se protégea les yeux en les plissant, mettant machinalement sa main devant ses mirettes. Il n'arrêtait pas de l'appeler, sa voix se cassant à force de l'user dans des cris vains. Sa gorge le torturait, il toussait de plus en plus, ses forces l'abandonnaient peu à peu dans ce feu infernal. Cependant, le cri de Fedora ce fut plus puissant au salon. Il s'y rendit, l'esprit fatigué et le corps écorché. Il vit le petit, toujours évanoui, mais aucune trace de Fedora... Pourtant, il l'entendait de plus en plus. Il l'appela, désespéré, en proie au sommeil. Il toussa une nouvelle fois avant qu'il ne sente une main se poser sur son épaule. Il fit volte-face, sa voix murmurant la voix de la blonde. Cette voix si belle se perdit et se transforma en une voix plus rauque, plus masculine. La voix l'appelait encore. Il sentait ses forces quitter son corps, le sol se dérobant sous ses pieds. On le retint de tomber et on le mit bien droit. Il regarda de tous les côtés, appelant la blonde.

- Chase ! l'interpella Chuck. Fedora n'est pas là ! s'écria-t-il, tentant de le raisonner alors que ce dernier était en plein délire. Elle n'est pas là ! Chase, regarde-moi, elle n'est... CHASE ! FEDORA EST MORTE ET ENTERREE ! cria-t-il.

Son ami se tourna vers lui et le regarda avec des yeux surpris, sous le choc, interloqué. Il cligna des yeux et regarda autour de lui. L'appartement était encore empli de flammes. Il se tourna vers Chuck et répéta ce qu'il venait de lui dire, essayant de se convaincre. Il toussa une nouvelle fois, le sol se dérobant sous ses pieds. Il indiqua à Chuck le petit évanoui, lui demandant de le sortir de là. Le châtain contesta, il était venu pour lui. Chase releva le visage vers lui, suant et transpirant, les yeux livides et pourtant luisant d'une flamme de vivacité. Il lui ordonna de prendre l'enfant, l'assurant sur le fait qu'il peut se débrouiller. Chuck n'eut d'autres choix que d'obéir. Il prit le petit dans ses bras et partit, se retournant une nouvelle fois vers l'ami qu'il était en train d'abandonner. Il n'en avait plus pour longtemps...

                     xxx

Du côté de Magnus, il était tranquillement en train de se balader avec la jolie blonde. Il s’était changé pour l’occasion. Il avait enfilé un haut rouge bordeaux aux manches longues, un pantalon noir où pendait une chaine en argent. Il avait rajouté une écharpe d’un violet sombre autour de son cou. Il avait enfilé un long manteau noir. Ses cheveux étaient parsemés de fines mèches rouges. Il s’était chaussé d’une paire de chaussures. A ses côtés se trouvait Fedora. Ils sirotaient leurs cafés sortant tout droit d’un Starbuck. Ils s’étaient prit la main et marchaient sans trop savoir où aller. Tout ce que Magnus voulait, c’était passer plus de temps avec elle avant qu’elle ne reparte pour Philadelphie. Il serra sa main contre celle de Fedora, pensant au terrible manque qu’elle laisserait. Sans elle et ses rires, le loft sera bien vide. Sans elle et ses yeux bleus, il n’arrivera pas à respirer. Sans elle et sa voix envoutante, il n’arrivera pas à s’apaiser. Sans ses douces et tendres caresses, il n’arrivera pas à dormir. Il ne pouvait pas penser à l’éventualité de ne plus sentir son corps près du sien. Il ne voulait pas qu’elle parte loin de lui. Il savait combien c’était égoïste de sa part de vouloir qu’elle reste à ses côtés mais il n’avait jamais senti une telle attirance, une telle attraction pour quelqu’un. Il voulait savoir pourquoi. Pourquoi la blonde lui faisait-elle tant d’effet. Il se stoppa net, arrêtant Fedora qui se stoppa à son tour. Elle se tourna vers lui, le questionnant. Elle se mit face à lui, posant sa main sur sa joue et l’interrogea en plongeant ses mirettes dans ses yeux fauves.

- Que se passe-t-il Magnus ?

- Je… Je… bégaya-t-il. Non, ce n’est rien.

- Tu es sûr ? continua-t-elle en caressant sa joue de son pouce, ça n’a pas l’air d’aller.

- Tu restes combien de temps à Philadelphie ? demanda-t-il, baissant la tête, détournant les yeux.

- J’y reste deux jours. Seulement deux jours ! s’écria-t-elle, rassurante.

- C’est deux jours de trop, l’informa-t-il, peiné.

- Je reviens vite… Promis…

Magnus releva la tête vers elle, les yeux emplis de larmes. Elle le prit dans ses bras, il resserra ses bras autour d’elle, se blottissant contre elle. Les pleurs commencèrent à couler lorsqu’il ouvrit les yeux, sentant un parfum acre de fumée. Il ouvrit les yeux et leva la tête devant lui. Ses mirettes s’écarquillèrent. Il poussa un gémissement horrifié. Fedora, interloquée et apeurée pour son ami, se tourna à son tour, chassant les mains de Magnus. Elle se mit face à la rue et vit que l’ancien immeuble où elle vivait était en flamme. Ses yeux s’agrandirent sous le coup du choc et de la terreur. Elle poussa un hurlement infernal avant de courir vers l’immeuble, laissant tomber son café à terre. Magnus se précipita sur elle, se mettant face à elle, lui bloquant le passage par tous les moyens. Elle lui ordonna, avec fureur e peine, de se pousser, de la laisser passer. Mais, il ne lui obéit et se rua sur elle alors qu’elle tentait de passer. Il la prit dans ses bras, posant une main à l’arrière de sa tête, l’autre se mettant automatiquement contre sa taille. Il la blottit contre lui et la borda tandis qu’elle contemplait les flammes rouges qui étaient en train de ravager l’endroit où elle vivait. La fumée se faisait de plus en plus épaisse.

Le feu et les courbes qu’il formait se reflétaient dans les perles salées qui coulaient avec douleur sur les joues de Fedora qui brûlait d’envie de partir voir ce qui se passait. Mais les bras musclés et réconfortants de Magnus la tenait toujours. Elle se blottit un peu plus contre lui tandis qu’il lui caressait la tête.

- Biscuit, commença-t-il, doux et rassurant, les secours ne vont pas tarder. Tu n’as pas à t’inquiéter… dit-il, tendre et délicat alors qu’une once de chagrin et de peine emplie sa voix.

Compatissant, il ferma les yeux et continua de la réconforter comme il pouvait. Il entendit les pleurs de son amie, elle s’agrippa à lui alors qu’une grimace attristée crispa son visage. L’abdomen de la blonde se comprima, elle avait mal à force de pleurer et Magnus fut bientôt au bord des larmes. Il comprenait sa peine, il comprenait ce qu’elle était en train de ressentir. Son cœur se fissurant, sa gorge se nouant, ses larmes brûlant ses iris et ses joues, son estomac qui se cramponna. C’est pourquoi il ne pouvait qu’essayer de la réconforter, de lui assurer que tout allait bien se passer. Les secours n’arrivaient toujours pas et Fedora était de plus en plus effondrée, s’étant retournée pour voir les dégâts causés par les flammes. Pour éviter qu’elle ne tombe violemment de ses bras, il fit remonter son bras, qui se trouvait sur sa taille, sur sa clavicule. Il fit descendre son autre bras sous sa poitrine, la tenant tendrement et fermement. Il descendit doucement sur le sol, se mettant petit à petit sur les genoux tandis que Fedora fut obligée de s’allonger à terre, toujours sous l’emprise des bras saillants de Magnus dont le corps dégageait un parfum oriental. Elle posa sa tête contre les cuisses de l’asiatique et lui prit les poignets, les serrant sauvagement tandis que les larmes coulaient à flot. Magnus posa son menton contre le haut de la tête de Fedora et contempla en silence le ravissant et horrifiant spectacle qui s’offrait à eux.

xxx

Chuck s'en alla, Chase entendit le craquement de l'escalier qui n'allait pas supporter une autre charge. Il ferma les yeux un milliardième de seconde avant de tousser comme un beau diable.

Il se releva, titubant et progressa vers la porte, marchant avec difficulté. Chaque membre de son corps étaient semblables à de la roche. Ses jambes le faisaient atrocement souffrir mais il réussit à se mouvoir jusqu'à la porte.

Il descendit les marches avec prudence jusqu'à entendre un craquement qui le poussa à dévaler les marches jusqu'à arriver au rez-de-chaussée.

Il vit la porte ouverte. Il déglutit, retrouvant une once d'espoir de se sortir vivant de là. Il continua de marcher, pouvant un peu courir.

Il tapa une petite course en sortant de l'immeuble qui explosa derrière lui, le propulsant plus loin.

Il réussit à se relever, bien qu'avec peine et douleur. Il sentit qu'on l'aida à rester debout. C'était Chuck. Il lui avait prit son bras et l'avait enroulé autour de sa nuque, lui prenant le poignet.

Il le traîna. C'est tout ce qu'il se pouvait se rappeler. Ses yeux s'étaient fermés alors que des larmes coulèrent sur ses joues. Ses poumons goûtèrent de nouveau au parfum de l'oxygène et de l'air frais.

Il se réveilla soudain. Il n'était pas dans sa chambre à l'Empire State Building ou chez Chuck ou encore à l'hôpital. Il se trouvait dans la chambre qu'il avait chez sa grand-mère. Il n'osait bouger, de crainte que la douleur et des courbatures apparaissent. Il se releva finalement dans le lit. Le sommier faisait toujours autant de bruit, c'est ce qui avait dut attirer sa grand-mère. Elle ouvrit grand la porte, les yeux écarquillés, surprise et pourtant heureuse. Elle se rua sur son petit fils et le prit dans ses bras. Si l'incendie ne l'avait pas tué, alors, il était sûr que ça serait sa grand-mère la cause de son asphyxie. Il la prit dans ses bras, la rassurant. Elle se sépara de lui, brusquement et posa ses mains sur ses joues afin de l'avoir face à elle. Elle le regarda avec ses yeux embués et remercia le ciel que son petit-fils soit encore en vie. Il s'apprêta à rétorquer qu'il n'est pas son petit-fils mais il se mit à penser qu'elle devait le savoir et qu'elle se fichait de savoir qu'il est, tant qu'il est en vie. Elle le reprit dans ses bras, avec un peu plus de douceur. Il se blottit contre elle et la remercia de l'avoir accompagné chez elle. Il regarda à travers la fenêtre et vit que la voûte céleste était teintée de noir d'encre. Le soir venait de tomber. Chase se sépara de sa grand-mère, avec regret. Elle le regarda avec gentillesse. Elle se leva, essuyant une larme qui venait de couler. Elle renifla et se dirigea vers la porte. Le brun s’assit en tailleur sur le lit, sa grand-mère se tourna vers lui. Elle n’osa pas le regarder lorsqu’elle l’informa qu’il y restait à manger dans le four. Il lui sourit mincement et la remercia. Elle s’en alla, répondant à son sourire. Il se leva d’un bond. Il se sentait bien. Il ne ressentait aucune courbature et il respirait normalement. Il soupira de soulagement et un sourire malicieux apparut ses lèvres. Il était en pleine forme !

xxx

De l’autre côté de New York, ce n’était pas la joie chez Magnus. Il était furieux et cela ne s’arrangeait pas lorsque Fedora entra dans le salon. Elle laissa tomber son sac au sol, déglutissant, les yeux rivés sur le verre cassé et sur les livres au sol. Elle n’osa dire quoique ce soit. Elle n’osa même pas s’avancer vers lui, de peur de se faire violemment rejetée. Magnus posa ses doigts contre son front et se massa les tempes. La blonde s’avança néanmoins, à pas de loup. Magnus continua de tourner en rond, comme un fauve dans une cage, cherchant une proie sur laquelle se défouler. Il sentit une main tendre se poser sur son épaule. Elle lui demanda, incertaine, si tout allait bien. Il se tourna vers elle, les yeux emplis de rage, le visage crispé par la fureur et la tristesse. Fedora enleva précipitamment sa main et s’éloigna de lui tandis qu’elle lui demanda ce qu’il mettait dans cet état. Avec une voix qui trahissait sa rage et sa fureur, il lui répondit que ses parents lui avaient caché le fait que sa grand-mère paternelle venait de mourir. Fedora le contempla, interdite. Il cracha son venin sur ses parents, de plus en plus féroce. Il se rua sur la petite table en verre, tendant son bras vers les grosses bougies blanches qui étaient posées sur le plateau en verre, s’apprêtant à les balancer à terre, comme il l’avait fait avec les bouteilles en verre. Fedora le stoppa juste à temps en agrippant son biceps, musclé, ses doigts le pressant tendrement. Magnus garda le regard bas, ne voulant croiser les yeux bleus jade apaisants de la blonde, tandis que celle-ci lui expliqua avec calme et patience qu’il ne devait pas en vouloir à ses parents pour l’avoir protéger. Elle ajouta qu’ils faisaient de leur mieux alors qu’il essaya de se dégager de son emprise, grimaçant une moue furieuse. Elle rajouta que tout ce qu’ils avaient fait, ils l’ont fait pour lui, pour qu’il n’ait pas à souffrir. Magnus garda les yeux rivés vers le sol, ses mirettes cherchant où se poser, comprenant où elle venait en venir. Elle répliqua qu’il pouvait lui en vouloir pour avoir amener Chase au loft mais qu’il n’avait pas le droit d’en vouloir à ses parents. Ses paupières frémirent imperceptiblement un milliardième de seconde avant qu’il n’arrive à se dégager de la domination que Fedora exercée sur lui.

- Je ne t’en veux pas pour Chase, l’informa-t-il, d’une voix un peu plus calmée, tu voulais juste que quelqu’un soit avec moi, continua-t-il en se mettant dos à elle, les muscles de ses lèvres se contractant. Mais tu ne peux pas me demander de ne pas leur en vouloir, continua-t-il en grimaçant, pas maintenant en tout cas, ajouta-t-il, toujours dos à Fedora.

Alors qu’elle s’apprêta à rétorquer, elle préféra se taire. Il se retourna peu à peu vers elle, continuant de pester contre les mensonges de ses parents, demandant s’ils lui cachaient d’autres choses. Finalement face à elle, il la questionna sur ses parents à elle, demandant ils lui avaient déjà menti, s’avançant dangereusement vers elle. Elle ferma sa bouche alors qu’elle s’apprêta à répondre lorsqu’ils fut assez près d’elle pour sentir son parfum de cannelle et entendre les battements de son cœur. Un simple signe négatif de la tête suffi à Magnus pour comprendre que ses parents à elle ne lui avaient jamais menti. Il continua de lui poser des questions sur ses géniteurs, la voix tremblante, les sourcils froncés, les yeux brillants de pleurs. Elle détourna les yeux. Il comprit alors qu’elle n’avait jamais vécu ce que lui avait vécu. Il posa ses yeux sur la table en verre, ne pouvant supporter le doux regard compatissant de son amie aux yeux jade. Il l’informa qu’il allait dormir, sèchement. Fedora ferma les yeux tandis qu’une tempête de santal ivre de rage passa devant elle. Fedora rouvrit ses yeux, laissant couler une fine larme sur sa joue.

Magnus marcha en direction de sa chambre, une flamme brûlante de rage dans sa poitrine, son cerveau étant en surtension total. Son visage était strict, sévère, inflexible, vide de toutes émotions sauf de la colère. Bien que le voir dans un tel état de fureur était éprouvant, son visage n’en perdit ni sa douceur ni sa beauté. Il était toujours aussi attrayant et agréable à regarder. Les sourcils froncés, éternellement captivant et désirable avec cette expression de rage, il tourna dans sa chambre, claquant la porte derrière lui. Il se prit la tête entre les mains et s’agrippa à ses cheveux avec férocité. Ses veines bouillonnaient de brutalité, son cœur battait de démence furieuse. Il n’arrivait pas à croire que son père, cet homme qu’il admirait tant, a réussi à lui mentir à propos de sa grand-mère.

Néanmoins, en entendant un tambourinement affectueux et fragile et en sentant un vague parfum de cannelle, il s’apaisa. Il rouvrit ses yeux lentement, abaissant ses mains de sa boîte crânienne. Il prit une grande inspiration et alla ouvrir. Fedora semblait perdue et aussi accablée que lui. Elle lui demanda, avec une voix bouleversée et éplorée de lui pardonner. Il ouvrit la porte en grand et il la prit dans ses bras, l’attirant vers lui. Il posa sa main contre l’arrière de sa tête et la fit se bottir contre lui. Il ferma les yeux, lui caressant sa longue chevelure, disant qu’il lui pardonnait. Il la fit doucement se reculer de lui et posa amoureusement ses mains contre ses joues, les caressant de ses fins doigts. Elle lui adressa un bienveillant et attendrissant sourire. Elle lui prit les poignets et les abaissa paisiblement. D’une faible et gracile caresse du bout des doigts sur son front mate, elle lui proposa de lui raconter son adolescence. Magnus roula ses yeux dans ses orbites, un mince sourire en coin sur le visage. D’un haussement de sourcil, il lui répondit que c’était une longue histoire. Ce fut au tour de la blonde d’avoir un sourire malicieux, se tournant vers les fenêtres qui donnaient sur le quartier de Brooklyn, sur lequel la nuit venait de s’abattre. Elle fit volte-face et lui rétorqua qu’ils avaient toute la nuit. Un sourire ravi et narquois apparut sur le visage, à présent apaisé et calmé, de Magnus.

- Tu sais que même en étant très enervé, tu restes en permanence envoûtant, ensorcelant et alléchant? lui demanda-t-elle, avec ce même sourire malicieux, la voix mielleuse, se léchant les babines.

- Je l’ignorais, répondit-il en se mettant encore plus contre elle, un doux sourire aux lèvres.

Ils continuèrent de se contempler l’un l’autre, le premier posant une main sur la taille de la deuxième, la collant encore plus contre lui, le bassin de l’un contre celui de l’autre.

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