IX : REBIRTHING

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Chase se réveilla. Comme à son habitude. Il avait bien dormi dans le lit moelleux. Il se leva d’un bond. Il trouva au bout de son lit quelques habits. Il remarqua aussi, en s’avançant un peu plus, que deux petites boules de poils étaient paisiblement endormies l’une contre l’autre. Chase ne put s’empêcher de sourire face à ces deux petites bêtes. Il laissa sa main s’abandonner dans la fourrure noire et soyeuse de Pearl, grattant le crâne de Vanilla Ice de son autre main. Pearl, ronronnant, miaula et s’étira, se mettant sur le dos, le ventre à l’air. Chase ne pur résister et se mit à glousser, enlevant ses mains des fourrures de ses compagnons. A l’instar de Pearl, Chase s’étira, faisant craquer son dos et quelques os. Il grimaça en entendant le craquement osseux de sa colonne vertébrale mais ça lui faisait du bien. Revigoré, il prit en main la pile de vêtements sous son bras et longea sa chambre. Il ouvrit la porte, se tournant une dernière fois vers les animaux, sereins. Il les contempla, souriant tendrement avant de baisser les yeux et de sortir de sa chambre, claquant doucement la porte.

Il se souvenait que la salle de bain est à proximité de la chambre de ses grands-parents. C’était plus facile pour eux de faire ainsi. Il se souvenait aussi que le sol grinçait. Il faisait donc attention à ne pas rester trop longtemps sur le parquet. A chaque mouvement brusque de sa part, le sol faisait entendre sa plainte, ce qui fit grimacer le beau brun qui n’avait pas la fluidité ni l’agilité d’un certain asiatique aux yeux félins. Il arriva finalement devant la porte de la salle de bain, en ayant bien prit garde à ne pas réveiller son grand-père et sa grand-mère. Il posa sa main sur la poignée et ouvrit la porte de la salle de bain.

Il redécouvrit la pièce, n’ayant pas beaucoup séjourné chez les doyens Jones. Le sol était fait de marbre blanc. Une grande baignoire trônait au milieu de la pièce qui, en y regardant de plus près, était entièrement faite de marbre blanc. Le brun restait surpris devant cette pièce à la couleur aveuglante et à la matière glissante. Ses yeux se baladaient un peu partout dans la salle de bain aux tons froids. Tout avait été fait en marbre. Allant même à la vasque du lavabo. Il déglutit, ébahi. Il se pinça les lèvres et se demanda s’il devait vraiment se changer là. Pour se changer les idées, il décida de se diriger vers le miroir. Il jeta ses vêtements sur la corbeille en osier près du meuble de la vasque. Il s’y agrippa, fermant les yeux. Il passa sa langue sur sa lèvre supérieure avant de finalement ouvrir les yeux, levant la tête vers le miroir. Il se découvrit à nouveau. Son visage était écorché par quelques égratignures bénines. Son si doux visage était couvert de poussière, quelques bleus par ci par là couronnaient le tout. Et dire qu’il avait risqué sa vie pour rien… Certes, il en a sauvé beaucoup la veille. Il a tenu la promesse faite à une mère de famille en détresse mais il avait tant espérer que Fedora soit là, qu’elle soit encore en vie. Il n’avait plus aucun espoir. Elle était bel et bien morte. On lui avait définitivement pris cet ange qui était devenu une part de lui. Elle lui avait tant donné, il lui a tant prit qu’elle en ai morte. Bien que sa curiosité pour Phoenix et son attirance physique pour Magnus et Zoé lui ai permit de vivre jusque là, il ne pouvait plus imaginer sa vie sans la divine blonde. Se rendant soudain compte qu’il pensait à la pire des solutions imaginables et inimaginables, il se sépara de la vasque, se reculant jusqu’à ce que son pied heurte le pan du tapis se trouvant sous la baignoire. Il se gratta la tête en se tournant vers la baignoire. Il déglutit et pensa que prendre un bon bain relaxant pouvait sans doute l’aidait à aller mieux. Il se déshabilla, enlevant progressivement son haut et son bas qu’il jeta dans la corbeille de linge sale. Avant d’enlever son caleçon, il alla prendre une large serviette blanche qu’il s’enroula autour des reins. Il se débarrassa de son slip ainsi que de ses chaussettes avant d’ouvrir le robinet d’eau chaude et bloquer la baignoire. Il s’assit sur le rebord de la baignoire et attendit qu’elle se remplisse. Il la regarda s’emplir d’eau avec patience. Il se pencha un peu en avant et joua avec l’eau. Sans une quelconque raison, il se mit à penser à Magnus. L’asiatique devait beaucoup lui manquer pour se mettre à penser à lui…

xxx

Du côté de Magnus, on pouvait assurément dire qu’il se fichait de Chase puisqu’il était en très bonne compagnie. Il était encore dans son lit alors que les rayons du soleil traversaient les rideaux. Contre son cœur se trouvait la tête de Fedora. Il lui caressa les cheveux, ramenant les quelques mèches qui s’étaient échappés de son chignon en arrière. Son corps était blotti contre le sien, sa jambe droite s’étant enroulée entre les siennes. Comme elle portait un bas en satin d’un rouge sombre, contrastant avec la blancheur étonnante de son corps, ses jambes étaient dénudées. Au lieu de portait un pyjama normal en cette saison glaciale, la belle blonde avait choisi de porter un ensemble de pyjama assez sexy. Outre le bas assez court, elle était vêtue d’un débardeur de cette même couleur carmin ample où de la dentelle décorait finement le décolleté. Elle avait rajouté à cette petite tenue un kimono blanc assez transparent dont les manches sont assez longues et larges. Fedora ne dormait pas. Elle était restée éveillée toute la nuit pour entendre l’histoire de Magnus. Son bras reposait contre le torse musclé de Magnus. Son buste se soulevait avec facilité et calme, il était apaisé en ce début de journée. Il continua de lui parler de sa dernière année de lycée, avec une rage sereine et une tristesse maitrisée. Il semblait avoir prit du recul par rapport à cette époque qui, pour lui, n’a pas été facile. Il aurait pu continuer pendant encore quelques heures si le téléphone de la blonde ne s’était pas mit à sonner. Magnus soupira, levant les yeux au ciel. Lorsque Fedora, soufflant d’exaspération, se redressa, forçant ainsi le bel asiatique à enlever sa main de sa chevelure – fortement irrité et interloqué – la sonnerie se stoppa d’elle-même alors que la blonde venait de le prendre en main. Elle le garda en main et s’allongea sur le dos, la tête contre un coussin. Magnus se tourna vers elle, mettant sa tête contre son coussin. Il lui demanda ce qui se passait. Soupirant, elle lui répondit qu’elle devait y aller. Elle posa son avant-bras sur ses yeux, fatiguée. Elle se releva d’un bond et s’étira. Quant à l’asiatique, il s’assit sur le matelas, les bras reposant sur ses genoux. Il lui demanda où elle devait se rendre alors qu’elle défit son chignon. Il perdit ses mots en la contemplant. Sa chevelure retomba sur ses épaules alors qu’elle fit voler ses cheveux. Elle lui répondit, d’un ton détaché, qu’elle devait aller aider Zoé et Bill pour une action commerciale dont le but est de baisser le prix des billets d’avions pour aller en France. Magnus écarquilla les yeux, surpris. Il se leva d’un bond et se précipita sur elle tandis qu’elle s’apprêtait à aller dans la salle de bain. Il lui barra le passage. Fedora le considéra, interloquée, avant de tenter de passer. Bien que cela fut amusant durant les premières secondes, elle trouva ça ennuyant et lui ordonna gentiment de se pousser. Il ne l’écouta et resta face à elle. Elle souffla d’exaspération. Magnus se décolla finalement, se ruant presque sur elle. Il lui prit les mains et, entrelaçant leurs doigts, les serra affectueusement. Il noya ses yeux fauves dans les mirettes jades de la blonde. Il l’informa, d’une voix tendre et protectrice, qu’il pouvait lui payer le voyage, qu’elle n’était pas obligée de partir avec son lycée. Elle l’interrogea du regard avant de finalement comprendre pourquoi il agissait comme ça. Son visage se orna d’un sourire narquoisement tendre avant que ses lèvres ne se mettent à émettre des sons. Elle rétorqua que le voyage du lycée ne sera pas long, il ne dura qu’une semaine. Elle supposa qu’il pouvait survivre durant cette courte période, posant une main douce sur la joue de son vis-à-vis. Celui-ci baissa la tête, prenant délicatement le poignet de la blonde qu’il abaissa. Il la renseigna sur le fait que ce n’était pas pour cette raison qu’il ne souhaita pas qu’elle parte. Elle lui en demanda la raison, croisant ses bras sur sa poitrine. Il releva la tête et la regarda de haut en bas avant de répondre.

- J’ai peur pour toi, informa-t-il, tendre.

- Tu as peur que durant ce voyage je retombe sur son charme ? demanda-t-elle, moqueuse.

- Oui, rétorqua-t-il, sérieusement, et amérement.

- Tu es jaloux, affirma-t-elle, un grand sourire aux lèvres.

- Je ne suis pas jaloux ! s’écria-t-il, vexé.

- Oh que si ! gloussa-t-elle. Tu es jaloux !

- Ce n’est pas vrai ! rétorqua-t-il, offensé.

Fedora réprima un gloussement et redevint sérieuse. Elle pencha sa tête en avant, se pinçant les lèvres, se dirigeant vers le lit. Elle s’y assit, basculant son visage en arrière. Elle s’esclaffa avant de relever le regard vers lui qui ne semblait vouloir rire. Elle se pinça de nouveau les lèvres et prit une expression stricte. Elle tapa la place à côté, lui ordonnant implicitement de s’asseoir à côté d’elle. Après avoir soupiré et longuement réfléchi, il se décida à la rejoindre.

Il s’assit, la mine basse, et, avant qu’il ne puisse dire un mot, Fedora fit volte-face vers lui et prit son visage entre ses mains. Magnus, complètement hypnotisé par le regard turquoise de Fedora, ne put s’empêcher de plonger ses yeux fauves dans le lagon ensoleillé des mirettes de la blonde. Quant à elle, la nuance dorée l’envoûtait. Elle n’arrivait pas à détacher ses yeux de ses mirettes infernales. Avec un murmure à peine perceptible, elle lui fit savoir qu’il était la personne à laquelle elle tenait le plus. Il faisait plus attention à ses lèvres charnues dont il voulait connaître le goût sucré. Ses lèvres se mouvaient, des sons sortirent de sa bouche mais Magnus n’y prêtait pas attention, il préférait continuer de contempler ces délicieuses lèvres. Il aurait put se pencher sur elle et l’embrasser à pleine bouche si un claquement de doigts ne l’avait pas sorti de sa contemplation. Il cligna des yeux et la regarda de nouveau dans les yeux. Elle lui demanda si tout allait bien. Il reprit ses esprits et lui répondit qu’il s’était juste perdu dans ses yeux. En voyant la réaction de la blonde – qui était souriante malgré la surprise qui se lisait sur son visage rayonnant – il sut qu’il avait fait une gaffe. Il prit sa tête dans ses mains, honteux. Il n’entendit pas de rire moqueur, juste un gloussement discret et affectueux. Il sentit un doigt se poser sur son menton, exerçant une pression dessus pour faire remonter son visage. Elle le fit lever jusqu’à ses yeux qui n’avaient pas perdu cette lueur amusée et douce qu’il lui connaissait. Elle garda son index sous son menton tandis que son autre main lui caressa brièvement la joue. Elle prononça des mots qu’il ne comprit pas. Il essayait de ne plus se focaliser sur ses lèvres tentatrices ou sur ses yeux captivants mais en vain.

- Magnus, commença-t-elle, souriante, si c’est avec ce genre de blagues que tu comptes draguer, c’est pas gagné, le renseigna-t-elle, gloussante.

- Quoi ?

- Les mecs… soupira-t-elle, souriante, si tu t’entraînes pour avouer tes sentiments à quelqu’un, je peux t’aider pour te mettre en situation mais ne t’avises pas de dire ce genre de phrases comme ça ! Sinon, je risque l’arrêt cardiaque !

- Oh, tu dis ça pour le < désolé, je me suis perdu dans tes yeux > ? Je m’excuse, c’est sorti tout seul, débuta-t-il, étrangement nerveux. Je ne faisais plus ce genre de gaffes avant… continua-t-il, réfléchissant. Pas depuis que_

- Pas depuis Chase, informa-t-elle, une moue dédaigneuse au visage, lui coupant la parole.

- Oui… En général, c’est les femmes ou les hommes qui m’approchent… soupira-t-il, en se pinçant l’arrête du nez, fermant les yeux.

- Tu n’as pas à t’en vouloir Magnus, le rassura-t-elle. Même si je m’interroge, débuta-t-elle, ce qui eut le don de faire ouvrir les yeux de l’asiatique. Tu m’as dit que les yeux bleus avec les cheveux bruns étaient ta combinaison favorite, rappela-t-elle, alors pourquoi m’as-tu dit que tu étais troublé par mes yeux, vu que je suis blonde, enfin, continua-t-elle en grimaçant un sourire, blonde châtain clair.

Il la regarda dans les yeux et comprit où elle voulait en venir. Il est vrai qu’il avait toujours trouvé les hommes aux yeux bleus et aux cheveux noirs très séduisants. Mais, ce n’était pas qu’une question d’yeux. Il y avait quelque chose en elle qui l’avait enivré. Elle était différente des autres filles. S’il est vrai que les yeux sont le miroir de l’âme, alors ses yeux à elle reflétaient une âme torturée, brisée mais qui a aussi été amoureuse et heureuse. Les lèvres fines de Magnus se retroussèrent en un doux sourire. Il la prit dans ses bras et la serra contre lui. Malgré le fait qu’il l’étouffait presque, elle réussit à enrouler ses bras autour de la nuque de son ami. Il caressa son dos, se réfugiant contre elle. Il aimait sa présence. Il aimait l’effleurement de leurs peaux. Il aimait la proximité entre leurs deux corps.

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Chase arrêta de jouer avec l’eau lorsque la baignoire fut complètement remplie. Il ferma le robinet d’eau chaude. Il essuya sa main droite sur sa serviette avant de la retremper dans l’eau, afin de prendre la température. L’eau était à température ambiante. Alors, il décida d’enlever sa serviette, la balançant à terre, et de plonger dans la baignoire. Le contact de sa peau nue avec l’eau chaude lui fit beaucoup de bien. Il plongea ses cheveux dans l’eau. Il émergea et plaqua ses cheveux en arrière. Il forma une coupe à l’aide de ses mains et prit un peau d’eau qu’il jeta sur son visage, le débarrassant de toutes ces saletés. Il s’appuya sur le rebord de la baignoire et prit une grande inspiration. Pour une raison inconnue, son cœur se mit à battre plus fort dans sa poitrine. Il crut entendre un fracas. Il en chercha la source un long moment, tournant la tête de chaque côté, ses yeux étant à la recherche de quelque chose de cassé dans la salle de bain. Mais, il ne trouva rien. Rien. Rien dans cette pièce. Rien. Rien. Il répéta ce mot dans sa tête, n’en comprenant pas le sens. Il comprit soudainement que ce fracas, ce coup, n’était pas dans cette pièce. Il l’avait entendu à l’intérieur de lui. C’était son cœur. Son cœur s’était cassé, froissé, cassé. Il n’est plus fissuré. Il est irréparable. Sa respiration se coupa. Sa tête tournait. Il avait enfin comprit qu’il n’y avait plus d’espoir. Les mots de Chuck la veille lui revenaient en tête. Il crut percevoir sa voix lui hurlant de toutes ses forces que la fille qu’il aime, que celle qu’il a désirée est morte. Son regard se figea tandis qu’un mince filet de larmes coula sur ses joues. Ça y est. Il voyait la réalité en face.

Elle est morte.

Pas disparue. Pas montée au ciel. Juste.

Morte.

Il se sentait comme s’il s’était réveillé d’un magnifique rêve. Il avait cette même sensation. Il pensait avoir tout et puis… Il s’est réveillé, se rendant compte qu’il a tout perdu.

Tout. Perdu.

Combattant une envie irrépressible d’en finir, il se leva. Il prit la serviette et la passa autour de ses reins. Il se dirigea avec difficulté vers le miroir. Il posa ses mains contre la vasque, se retenant de tomber et leva la tête vers le miroir. Il s’y regarda avec dégoût. Il ne voyait plus qu’un misérable au cœur brisé qui a poussé celle qu’il aimait au suicide. Il ne voyait plus le coureur de jupons qu’il avait été. Il ne voyait plus que la facette horrible de sa personnalité. Il a tant fait souffrir les personnes qu’il aimait. Il baissa le regard, n’osant plus regarder son reflet affreusement séduisant. Il n’est pas un monstre. Il est bien plus que ça. Il est pire que ça. Son visage se tordit en une grimace de douleur. Sur ses joues douloureuses coulaient des flots de pleurs. Son ventre se déforma, le torturant. Il n’en pouvait plus de cette douleur ! Il n’en pouvait plus ! Ses pleurs furent teinter de frisson et de gémissements de souffrance. Il n’arrivait pas à enlever ses mains de la vasque. Ses larmes continuèrent de tirer sur sa peau écorchée. En apparence, il était propre. A l’intérieur, il se sentait pourri. Il devait en finir… Maintenant ! Ce qu’il lui a fait… Il devait le faire. Il devait faire cesser cette peine.

Sans comprendre pourquoi, il reprit son souffle. Ses larmes se stoppèrent et son ventre arrêta de se contracter. Concernant son cœur, il ne sut quoi dire. En tout cas, sa douleur était partie aussi vite qu’elle est arrivée. Il desserra sa prise sur la vasque, qu’il avait presque brisé. Il s’en éloigna et préféra s’habiller. Il se vêtu donc d’un haut gris sombre dont le mince col en V était boutonné. Il enfila son caleçon, enlevant sa serviette après. Il mit son jean, le boutonnant avant de sortir de la salle de bain. Cependant, n’appréciant pas d’avoir ses cheveux mouillés, il rentra de nouveau dans la salle de bain et prit une serviette plus petite. Il la posa sur son crâne et se sécha les cheveux. Dès qu’il eut fini, il jeta la serviette à terre. Il ne prêta pas attention au miroir, ni même à son reflet et sortit, à nouveau, de la salle de bain.

Entendant une rumeur venant du salon, il s’y dirigea à pas de loup, prudent. Peut-être était-il dans un rêve et qu’il allait tomber sur Fedora et Magnus en train de faire… Ce qu’il n’osait imaginer de la part de ses deux anciens amants. Finalement, en écoutant plus attentivement, il se rendit compte que les voix lui étaient très familières. C’étaient les voix d’Amandine et de Mickael Jones. Il remarqua que la voix de Carter Jones était quelque peu teintée d’amertume tandis que celle de la grand-mère Jones était cassante, surtout avec son fils. Elle lui reprochait d’avoir tenu un de leurs fils dans le secret. Ils étaient donc en train de parler de lui. Il s’approcha encore plus de la porte du salon, calmement tandis que son organe vital continuait de battre la chamade dans la cage thoracique. La porte était entrouverte. Il entendait donc des bribes de conversations. Il s’approcha un peu plus de la porte, regardant à travers l’entrebaillement de la porte. Mickael était debout, un verre à la main, portant un dossier dans l’autre. Quant à Amandine, elle était assise dans un fauteuil, les jambes croisées, penchée en avant, ayant un verre à la main. Quant à Carter, il était hors de la vue de Chase qui ne vit pas non plus sa grand-mère. Il hésita à rentrer. Il ne savait pas comment aller réagir Amandine, Mickael, Carter et sa grand-mère. Il resta donc à l’extérieur, pensant que c’était le mieux à faire. Mickael s’écria soudainement qu’il n’avait pas le choix de mentir ainsi à son premier fils. Un sourire amer orna le visage de Chase. Il le considérait encore comme son fils après tout ce qu’il lui a fait, après tout ce qui a été dit… Il n’arrivait pas y croire. Mais soudain, une vois désagréable lui arriva aux oreilles. C’était Carter. Chase put mieux le voir maintenant qu’il s’était avancé. Carter portait un t-shirt blanc sous une veste noire en cuir, il avait enfilé un jean noir et s’était chaussé d’une paire de bottes marron. Il avait dans ses mains ce qui ressemblait à un ours en peluche.

- Sans vouloir la ramener, je crois que cette discussion entre Jones n’est plus privée, informa-t-il d’une voix sarcastique. Vas-y Chase, entre, n’aie pas peur.

Chase réprima une flopée d’injure à l’encontre de Carter. Il préféra faire une moue à la Magnus avant de finalement se décider à entrer. Il ouvrit la porte en grand et entra dans le salon. D’une marche assurée, il pénétra dans la pièce. Il se dirigea vers le canapé, tournant ses yeux vers Carter. Il lui fit remarquer que sa tenue du jour lui allait bien, le félicitant pour son style, le regardant de bas en haut. Il souriait d’une manière admirative, même si en réalité, il n’avait qu’une envie ; l’étrangler jusqu’à ce qu’il en meurt. Cependant, il n’était pas prêt à profiter du confort de la prison. Alors, il laissa sa rancune de côté, n’oubliant pas de se venger pour autant, et alla s’asseoir dans le canapé. Il croisa les jambes, en posant une sur sa cuisse. Il contempla sa famille adoptive. Amandine s’était levée et le regardait avec un sourire qui laissait transparaître sa joie, ainsi que l’espoir qu’il revienne. Quant à Mickael, il ne cherchait pas à le regarder. Carter tenait toujours la peluche en main mais il n’avait plus l’air si hautain et narquois qu’auparavant. Sa grand-mère semblait dépassée, complètement perdue. Chase nota qu’un silence mortel avait empli la pièce. Il défiait chacun des membres des Jones de parler. Mais aucuns ne supportaient son regard foudroyant. A part Mickael Jones. Il décida de briser le silence.

- Chase, il faut qu’on parle, informa-t-il, plus que sérieux.

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Magnus ne s’était pas décidé. Il ne savait pas quoi porter. Ce qui est très rare venant de lui. Il hésita entre deux tenues. Il se demanda s’il n’était mieux en portant un fin peignoir en satin et un bas de pyjama pour garder ses jambes musclées au chaud. Finalement, il opta pour la première tenue. Il alla s’habiller dans la salle de bain. Il entra par la porte de sa chambre.

Il ferma la porte de la salle de bain et se déshabilla. Il posa son peignoir délicatement sur un meuble, se débarrassant aussi de son bas. Il enfila donc un simple caleçon noir et prit en main une chemise noire à pois blancs. Le col lui rappelait celui des chemises victoriennes datant du XIXe siècle. Il l’enfila et boutonna soigneusement chaque bouton. Ayant enfin boutonné sa chemise jusqu’au col, il mit un veston noir qu’il attacha complètement, une fois encore. Le veston noir était orné de chaines en or qui pendaient de sa poche, rattachées à un quelconque bouton. Il enfila un simple pantalon. Il referma la braguette et attacha le bouton. Il fit face à son reflet. Il se regarda longuement, cherchant ce qui n’allait pas. Il trouva enfin ! Il lui manquait juste un trait d’eyeliner ainsi qu’un peu de poudre noir qu’il se hâta de mettre. Il en avait prit l’habitude et c’était, à présent, un véritable jeun d’enfant. Enfin, il se coiffa. Il s’abaissa et ouvrit les placards, à la recherche de son gel capillaire qu’il finit par trouver. Une fois n’est pas coutume, il prit un peu de gel et commença à se coiffer. Il décida de brosser ses cheveux en Quiff – ce qui consistait à rabattre ses cheveux vers l’avant, les mettant quelque peu en piques, créant une sorte d’ondulation, de vague -. Il admira le travail accompli et, avec un sourire fier, il sortit de la salle de bain.

Il referma doucement derrière lui et se dirigea vers son armoire. Il était en quête d’un foulard rouge pour remplir la poche de poitrine. Il en trouva finalement. Enjoué, il le plia en triangle et le glissa dans la poche, où il trouva aisément sa place. Enfin, pour finaliser sa tenue, il remonta les manches de la chemise, laissant ses bras mates nus. Quelques bracelets ornaient ses poignets, les mêmes bagues se trouvaient sur ses doigts de fées. Il alla mettre une paire de chaussettes, se chaussant par la suite d’une paire de chaussures. Son portable se mit à vibrer. Il se tourna vers sa table de chevet et soupira, levant les yeux au ciel. Il s’y dirigea, se demandant, à voix haute, pourquoi les gens avaient des portables. Lorsqu’il prit en main son téléphone, celui-ci s’arrêta de vibrer. Fortement agacé, le bel asiatique laissa retomber le portable sur son lit.

Il décida finalement de sortir de sa chambre. Il devait accompagner Fedora à Central Park, où les élèves se réunissaient pour parler de leur voyage en France. Il fit face à la porte en bois de son antre et, la considérant, il se demanda comment Chase s’était débrouillé pour être suffisamment discret pour ne pas l’avoir éveillé. Il eut un sourire amer en repensant à ça. Il n’en voulait pas à Fedora. Comment le pouvait-il ? Il s’en voulait juste d’avoir cru que c’était elle… Il chassa de noires idées en secouant sa tête. Il posa sa main sur la poignée de la porte et l’abaissa doucement. Il sortit de sa chambre, se retrouvant dans le couloir où Fedora venait de rentrer. Elle s’était habillée et venait en sa direction, le regard rivé vers le sol. Elle releva la tête, et le vit. Elle se stoppa net et restait surprise. Elle le déshabilla tendrement du regard, ne s’attendant pas à le voir prêt de sitôt. Magnus lui demanda, un peu inquiet, si elle allait bien. Elle laissa ses yeux se poser sur le corps saillant de l’asiatique avant de les diriger vers son visage si doux. Elle noya ses yeux une seconde dans les yeux d’or liquide de son ami avant de détourner son regard. Elle l’informa qu’elle était venue pour le voir. Elle rajouta qu’elle ne pensait pas le voir habillé. Avec un sourire malicieux, il se rapprocha d’elle, lui demandant s’il lui faisait plus d’effet lorsqu’il était habillé que lorsqu’il était torse nu. Elle leva instinctivement les yeux vers lui, piquée au vif. Dans ses yeux brillaient une lueur de défi, une faible étincelle amusée dans ses pupilles. Magnus se décida enfin à l’analyser en détail, lui donnant ainsi une bonne excuse pour la mater. Elle était vêtue d’un débardeur noir assez décolleté sous une veste rouge dont le col semblait être en cuir noir. Bien que le blazer couvre sa peau, il laissait entrevoir des marques noires sur sa chair, comme un tatouage dessiné sur son thorax. La veste lui était collée à la peau et lui allait comme un gant. Elle avait enfilé un pantalon noir moulant et s’était chaussée d’une paire de bottines noires vernies. Bien que la vision de son corps lui était agréable, il dut se résoudre à relever ses yeux pour la contempler plus en détail. Pour coiffer sa longue chevelure dorée et ambrée, elle avait opté pour une demie-queue de cheval qu’elle avait plaqué à l’arrière de sa tête, nouant ses cheveux à l’aide d’un élastique noir. Pour se maquiller, elle avait prit l’option de faire un simple maquillage nude, un peu nuancé d’orange qu’elle n’avait pas chargé. Ses lèvres charnues étaient nues de tout artifice et sa peau avait bénéficié d’un peu de fond de teint. Même ainsi maquillée, elle n’en restait pas moins naturelle. Il devait admettre qu’il la préférait sans maquillage, vraiment au naturel. A présent qu’il avait fini de la détailler, il put enfin se concentrer sur ce qu’il devait dire.

- Tu es très… Très bien habillée, réussit-il à dire après avoir cherché ses mots.

- Merci, répondit-elle, rougissante. Quant à toi, commença-t-elle, et, bien… dit-elle en se mordant la lèvre inférieure, grimaçant un sourire, tu es toujours en beauté…

- Merci du compliment.

Ils se sourirent tendrement mutuellement. Magnus l’admirait toujours lorsqu’un détail attira son attention. Elle paraissait heureuse. Lorsque Harry McStan l’avait amené, elle était au plus mal. Ils ne se parlaient quasiment pas, à cause de la timidité de la blonde que Magnus ne voulut pas ébranler. Et puis, au fil du temps, elle avait commencé à lui parler. D’abord de choses anodines. Plus ils se parlaient, plus ils apprenaient à se connaître. Elle s’était forgé une armure qu’il avait réussi à abattre. Elle était enfin redevenue une jeune femme souriante et heureuse et, grâce à lui. Elle était radieuse naturellement mais il lui avait rendu cette étincelle qu’elle avait perdu. Les hommes n’aiment pas les femmes tristes mais Fedora était bien plus que ça. Elle était détruite. Comme lui il l’avait été. Il la sortit de sa coquille et l’a fait devenir une jeune femme extravertie, connaissant ses charmes et les utilisant, parfois. C’est grâce à lui que Phoenix Raise a vu le jour. Il ne la voyait plus comme Fedora Doboranov. Devant lui se trouvait Phoenix Raise, future flic de New York. Il se rendit soudain compte qu’il était perdu dans ses rêves lorsque la voix lointaine et douce de Fedora l’interpella, inquiète. Il cligna des yeux et remarqua que ses yeux reposaient sur sa poitrine. Il leva rapidement ses mirettes vers ses iris lagon où une lueur affolée se lisait. Elle se fichait pas mal où ses yeux regarder, apparemment. Il la remercia intérieurement et, reprenant ses esprits, il lui tendit sa main mate. Elle considéra sa paume avec douceur avant de la prendre, et entrelaça leurs doigts affectueusement.

Ils marchèrent le long du couloir, main dans la main. Magnus s’interrogea sur les marques noires présentes sur le thorax de son amie. S’il n’était pas certain de la réaction de la blonde, il était sûr de se prendre une gifle s’il osait faire son Chase Jones mais il devait vérifier quelque chose. Alors qu’ils se trouvaient près d’un coin sombre du couloir, il eut une idée qui lui vaudra une claque dans le museau. Il se stoppa net, arrêtant ainsi la blonde. Alors qu’elle se tourna vers lui, leurs mains toujours enlacés, il se rua sur elle, la plaquant au mur. Elle se retint de tomber, dos à lui, les mains plaquées contre le mur. Magnus l’avait poussé avec tellement de brutalité qu’il avait craint qu’elle se soit blessée. Elle se retourna peu à peu. Un sourire surpris et mauvais s’étira sur ses lèvres tandis qu’elle se mit contre le mur, abaissant son bras le long de son corps. Elle le regarda, s’accoudant contre un autre mur, avec ce même sourire tendrement machiavélique qui se transforma en un rictus narquois et incompréhensif. Magnus crut qu’elle alla, à son tour, se précipiter sur lui et le plaquer contre le mur. Mais, elle n’en fit rien. Ses doux yeux jade le contemplèrent avec une étincelle de désir. Elle se mit face à lui, l’admirant avec une lueur de mépris dans ses mirettes tandis que sa voix le défiant.

- Tu n’es pas comme lui, n’est-ce pas ? lui demanda-t-elle, le jugeant de haut en bas.

Il se rua sur elle, l’arrachant à une contemplation qu’elle désirait. L’un contre l’autre, ils pouvaient sentir la respiration saccadée de l’un et de l’autre, leurs souffles se mélangeant. Leurs corps frémissaient grâce à leurs proximité, leurs veines bouillonnantes, le cœur battant à tout rompre tandis que chaque cellules de leurs enveloppes charnelles les poussaient à se rapprocher l’un de l’autre. Ils n’étaient plus maîtres de leurs corps, de leurs agissements. Et pour une fois, Magnus était prêt à tout à envoyer au Diable. Il le voulait et il sentait qu’elle le voulait aussi. Fedora réprima une parole et le laissa venir à elle. Sa main s’avança vers son thorax sans qu’il s’en rende compte. Elle continua de progresser lorsque les doigts fins de la blonde s’enroulèrent autour de son poignet, délicatement. Elle le fit s’abaisser avec affection, sans quitter ses yeux de ceux fauves de Magnus dont la respiration venait de tripler. Son buste se souleva avec vitesse tandis qu’un faible souffle sortit d’entre ses lèvres. Elle fit s’entrelacer leurs doigts tandis que de son autre main, elle prit le pan de sa veste, tirant dessus. Magnus fut ébahi. Sa peau blanche dévoilait un tatouage sur le côté gauche de son thorax, en-dessous de l’os de sa clavicule. Le tatouage représentait le symbole chinois pour le mot < amour >. Il ne pouvait détacher ses yeux du thorax de la blonde. Le tatouage était encore frais. Il n’avait pas perdu de sa couleur. Il resta surpris, agréablement surpris. En y ajoutant un coup d’œil plus attentif, il nota qu’une lettre avait été dessinée près du symbole. Il ne savait pas s’il s’agissait d’un M ou d’un C. Et Fedora ne l’aida pas en rabattant le pan de la veste sur le dessin. Le souffle court, les yeux écarquillés, le cœur battant à tout rompre dans sa poitrine, il releva des yeux embrumés vers elle qui affichait un doux sourire vainqueur et fier. Elle l’interrogea du regard, posant amoureusement une main sur sa joue, resserrant son étreinte sur leurs autres mains. Il s’apaisa, notant que les iris bleutées de la douce blonde étincelaient d’amour. Alors qu’ils s’étaient quelque peu éloignés l’un de l’autre, il corrigea ceci, la plaquant de nouveau au mur. Il posa une main contre sa taille, caressant le tissu soyeux de son haut, ayant passé outre la veste rouge qu’elle portait. Elle effleura de son index sa joue avant de poser sa main sur sa joue, avec tendresse. Ils auraient pu s’embrasser si la sonnerie d’un téléphone portable ne les en avaient pas empêché. Magnus soupira, se séparant brutalement de la blonde qui leva les yeux au ciel.

Il était si près du but.

Il était sur le point de l’embrasser.

Il était sur le point de la faire sienne.

Il était sur le point de l’aimer comme il n’a jamais aimé personne.

Et, une fois, de plus, on l’empêcha d’étancher son désir amoureux. Il se mit à penser que quelqu’un, que quelque chose, était contre lui et l’empêchait de mener à bien sa relation avec Fedora. Celle-ci parlait à quelqu’un. Alors, il alla s’adosser contre le mur d’en face, croisant les bras sur sa poitrine, attendant patiemment qu’elle raccroche. Ce qui ne fit pas long. S’il aimait la voir souriante et joueuse, il devait admettre qu’elle était outrageusement belle et terriblement radieuse lorsqu’elle était sérieuse. Il souriait, la contemplant sans retenue de bas en haut, s’arrêtant quelques fois pour admirer un peu plus en détail ses courbes féminines. Il ne savait que trop bien ce qu’il ressentait et bien que ça le consumait, le tuant à petit feu, il aimait ce sentiment.

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Chase ne voulait pas parler, et encore moins avec Mickael Jones.

- Je n’ai aucune envie de vous parler, répondit-il en se levant. A aucun de vous.

- Je vous l’ai bien dit, rétorqua Carter, prenant une voix aigüe, portant le nounours en peluche devant son visage, je vous avez bien dit qu’il ne voudra jamais nous parler, continua-t-il, se moquant. - Vous voyez, même le nounours est au courant, rétorqua Chase, narquois.

- Chase, nous ne sommes pas venus jusqu’ici pour entendre tes moqueries, ajouta Mickael, calmement. C’est pour toi, l’informa-t-il en lui tendant le dossier qu’il avait en main.

- Qu’est ce que c’est ? interrogea-t-il en le prenant en main.

- C’est tout ce qui concerne la famille Collins. Il y a aussi ton dossier d’adoption, si ça t’intéresse, rajouta Amandine. On ne s’attend pas à ce que tu nous pardonnes ni à ce que tu veuilles revenir à la maison. On veut juste que tu saches que nous t’aimons, même si nous ne sommes pas tes parents biologiques. Tu es notre fils et nous t’aimons, continua-t-elle en posant ses mains sur le visage à l’expression dure de Chase, plantant ses yeux maternels dans les siens.

- Je ne veux pas de votre amour, murmura-t-il. Je n’en ai pas besoin, plus maintenant, dit-il, la voix coupée par la peine de prononcer ces mots à voix haute. Amandine se figea, horrifiée. Quant à Mickael, il ne put le regarder en face. Amandine s’effondra en larmes, son mari la retenant de tomber au sol. Chase, avec cette même expression froide et sévère, se rua sur Carter, lui donnant le dossier qu’il avait dans les mains. Le Jones, surpris, dut plaquer ses mains sur la couverture du dossier afin d’éviter que les papiers ne se déversent sur le sol. Chase prit l’ours en peluche, qui est le sien, et partit dans sa chambre. Il s’écroula sur son lit, son ours en peluche dans les bras. Lorsqu’il entendit les rumeurs incessantes et grandissantes qui provenaient du salon, il sut alors qu’une grande dispute venait d’être commencée. Il se délectait déjà de la déchirure profonde qu’il venait de laisser dans l’esprit de tout les Jones présents. Il descendit sa tête vers le nounours et le balança à terre, réveillant ainsi Pearl et Vanilla Ice. Ses animaux ne manquèrent pas de lui faire savoir leur mécontentement en se précipitant sur lui. Vanilla Ici monta sur son torse et le lécha, étant à quelques centimètres du visage de son maître. Quant à Pearl, il lui mordilla les doigts, le léchant quelques fois. Le brun éclata de rire sous l’effet des chatouilles de ses animaux. Il réussit néanmoins à calmer Vanilla Ice et Pearl. Il s’allongea un peu mieux pour laisser le chiot et le chaton se coucher sur lui. L’un, étant encore assez petit, alla se réfugier dans le cou de son maître alors que l’autre préféra faire pression sur son torse, arrachant un petit soupir de douleur à chaque fois qu’il planta ses griffes dans sa chair. Le brun s’endormit, notamment grâce aux ronronnements de Pearl et la chaleur que lui procurait Vanilla Ice. Chase se réveilla plusieurs heures. La maison était calme. Il n’entendait plus les rumeurs de la conversation houleuse entre Amandine, Mickael et Grand-mère Jones. C’est bien pour ça qu’il se leva, après avoir doucement retiré les animaux de son corps. Il les remit sur les couvertures et leur fit quelques caresses avant de marcher en direction de la porte de sa chambre. Il prit la poignée et l’abaissa, sortant de la pièce. La maison était étrangement calme. Il devina que toute la famille Jones était partie. Il se dirigea donc dans le salon. Il remarqua que sur la table de la salle à manger, qui était ouverte sur le salon, se trouvaient le dossier que Mickael lui avait donné ainsi qu’un ordinateur sur lequel était collé un post-it jaune. Chase soupira et passa une main dans ses cheveux, les recoiffant ainsi. Il alla vers la table et décolla le post-it. C’était la grand-mère Jones. Elle l’informa qu’elle était partie faire les courses et qu’elle reviendra dans dix minutes. Il mit le papier en boule et le jeta. Il prit en main le dossier et l’ordinateur. Il alla s’installer au bar, ouvrant l’ordinateur. C’était le sien, il tapa son mot de passe et attendit qu’il se mette sur le bureau. Pour patienter, il décida d’ouvrir le paquet. Il en sortit des documents administratifs ainsi qu’une clé USB. Il la prit en main, la regardant en détail, se demandant à qui elle appartenait. Enfin, dès que l’ordinateur fut complètement ouvert, il parcourut ses dossiers. Il eut soudain l’idée d’insérer la clé dans l’ordinateur, pour voir ce qu’elle contenait. Il l’inséra et attendit qu’elle charge. Elle s’ouvrit et lui montra deux dossiers. Un en particulier l’intéressait. Une simple lettre le nommait <F>. Ça l’intriguait. Alors, il cliqua dessus et vit une vidéo. Il comprit alors, c’était la clé de Carter. Lui seul avait accès à des sites pour monter une vidéo. Bien qu’il hésite à visionner la vidéo, son cœur l’y poussa. Il lutta contre ses sentiments. Il ne devait pas voir cette vidéo, elle lui causerait plus de mal que de bien. Mais la curiosité l’emporta sur sa raison. Il ouvrit la vidéo qui s’afficha, non pas sur l’écran de l’ordinateur mais sur la télévision qui s’alluma. Il se retourna et vit Fedora. Et lui. Les images venaient des caméras de surveillance de l’appartement. Grâce à ce système, il put revoir les moments qu’ils ont passé ensemble. Son cœur se serra à cette pensée. Il revit son sourire étincelant. Il revit ses yeux rayonnants. Bien qu’elle n’était pas à ses côtés, sa peau se souvenait de chaque caresse qu’elle avait laissé sur sa chair. Ses lèvres recherchèrent celles de Fedora. Un parfum fin de cannelle et de cerise lui arriva aux narines. Chacun de ses mouvements de cheveux lui manquaient. Les larmes lui vinrent alors que sa voix douce s’eleva. Il n’eut pas le cœur à ouvrir les yeux pour regarder la vidéo. Son visage grimaçant, ses joues douloureuses dont la peau s’écorchée à chaque roulement de pleurs. Son estomac se retourna, se contractant. Sa gorge se brisa, se noua alors qu’il avait l’impression qu’un objet aux milliards de piques s’enfonçait dans sa trachée. Son cœur, bien que déjà suffisamment cassé, fut une fois de plus, réduit en mille morceaux. Il n’arriva pas à ouvrir les yeux. Il savait que la réalité était bien trop noire. Seule la voix de Fedora lui parvenait alors que ses mirettes lui envoyèrent des souvenirs dont il voulait se débarasser. Il se leva, les yeux toujours fermés. Il contourna la table et les ouvrit de nouveau. Il prit une grande inspiration tandis que ses larmes continuèrent de couler. Il pencha sa tête en arrière, ravalant ses larmes. Mais il avait mal. Terriblement mal. Il ouvrit ses yeux, les agrandissant au maximum pour laisser échapper les pleurs mais ça ne servit à rien. Il remit sa tête à la normale ; laissant un gémissement de douleur s’échapper de ses lèvres. Ne voulant plus se calmer, il se dirigea vers le bar où il prit une bouteille de whisky. Il enleva le bouchon et but de grandes gorgée.

Il se souvint soudain de ce que la fumée toxique lui avait fait. Ses yeux s’illuminèrent, les perles salées les ayant déjà rendu étincelants. Il allait en finir et ce maintenant.

Il laissa tout en plan, l’ordinateur allumé diffusant sur l’écran de télévision le film que Carter a créé ainsi que le dossier ouvert. Il se dirigea vers la porte du garage et l’ouvrit. Il contempla le sous-sol où la voiture de sa grand-mère était garée, le regard vide, les yeux vitreux, la gorge séche et douloureuse. Il finit la bouteille de whisky, grimaçant, passant sa langue sur ses lèvres, voulant à tout prix récupérer une dernière goutte du liquide ambrée. Il laissa tomber son bras le long de son corps et descendit les marches, tel un zombie, il n’avait plus de forces. Il était vide. Il ne pensait plus qu’à ça…

Il ouvrit la portière et se laissa tomber sur le siège avant de la voiture. Il prit les clés de la voiture, qu’il serrait dans le creux de son autre main, et les inséra dans la serrure. Il démarra le moteur et le laissa tourner. Il ouvrit les fenêtres afin que la fumée toxique qui s’échappait du pot d’échappement entre dans le véhicule. Il posa ses mains sur le volant, tandis que son visage se tordit en une grimace de douleur. Les larmes continuaient de couler sur ses joues alors que ses yeux étaient rouges. Il n’en pouvait plus de cette douleur. Ça lui faisait mal. Il avait trop mal pour continuer de vivre. Il se laissa aller à ses émotions, chagrin, peine, colère, haine, fureur. Ses paupières s’alourdirent alors que sa gorge laissa échapper un cri sourd. Il n’arrêtait pas de pleure alors que ses poumons s’emplirent de fumée. Il réprima chaque toux, mais pas ses larmes. Elles continuèrent de couler alors que ses poumons souffraient…

Jamais ils ne crurent que cela se reproduirait… Il avait de nouveau tenté de se suicider. Sauf que là, ce n’était pas Mickael qui l’a retrouvé, ni même son épouse mais la grand-mère. Elle s’était précipitée dans le garage en ayant vu ce qu’il y avait dans le salon. Elle avait failli s’évanouir en voyant son petit Chase à moitié mort. Elle avait ouvert la portière et l’avait prit dans ses bras, criant, suppliant sa belle-fille d’appeler les secours. Et le revoilà à l’hôpital. Mickael Jones était là aussi, au chevet de son fils adoptif. Il regretta chaque paroles qu’il avait prononcé contre lui. Il avait une mission et il a échoué, deux fois. Il s’en voulait de l’avoir poussé au suicide, même s’il n’y était pour rien. Il aurait aimé le prendre dans ses bras et implorer son pardon mais il était trop tard. Il aurait voulu partager plus de choses avec lui. Il aurait voulu être un vrai père pour lui. La mine basse, les yeux rivés sur le corps sans vie de Chase, il lui prit la main et la serra entre ses doigts.

- Tes mains, commença-t-il, elles ne sont en rien semblables aux miennes, qui sont des pattes. Elles n’ont rien à voir avec celles des Collins. Les tiennes, elles sont fines et douces. Elles sont graciles, continua-t-il avec la voix basse, la gorge assechée. Tu as toujours eu un don pour le piano. On aimait quand tu en jouais avec ta mère. C’était notre lot de consolation lorsqu’on rentrait du travail. Tu voulais toujours en jouer pour nous remonter le moral et nous réconcilier, rappela-t-il, en prenant une perle salée qui coula sur sa joue, réprimant un mince sourire. Regardes ce que tu me fais faire Chase, ordonna-t-il, riant tendrement. Je pleure… Tu n’es peut être pas mon fils biologique mais je t’aime et je te considérerai toujours comme mon enfant, avoua-t-il, se levant. Même si parfois tu me rends dingue ! s’écria-t-il en se penchant sur lui, caressant son front d’une patte tendre et maladroite. Je t’aime fiston.

Il l’abandonna. Sachant que quelqu’un arrivait. Il reboutonna son blazer et se tourna vers la porte de la chambre. Il la vit, en compagnie de Magnus Wù. Il ne pensait pas la revoir, et sûrement pas avec l’asiatique. Il l’avait appelé, sachant qu’elle ne voulait plus en entendre parler. Il n’avait pas esperé la voir, pas après tout ce que son fils adoptif lui avait fait. Comme la pousser au suicide. La belle blonde était élégamment habillée, à l’instar de son compagnon. Ils se ruèrent dans la chambre d’hôpital, voyant qu’ils étaient au bon endroit. Elle entra en trombe, suivie par Magnus. En voyant Chase paisiblement endormi dans une tunique blanche à petits pois noirs, la tête contre son épaule, elle étouffa un cri horrifié, portant sa main blanche à sa bouche. Elle contemplait Chase, les iris embrumées par le chagrin. Une expression de terreur et de douleur orna son si doux visage. Elle supplia le ciel à voix basse, alors que sa gorge était cassée. Elle fit volte-face vers Magnus lorsqu’elle sentit sa main douce sur son épaule. Elle le regarda, effondrée, tandis que ses yeux l’implorèrent de faire quelque chose.

- Oh, ma puce, murmura-t-il en la prenant tendrement dans ses bras.

S’il avait enroulé ses bras autour de sa nuque, la blonde resta longuement figée par la tristesse. Elle l’entoura progressivement de ses bras, se réfugiant dans son cou, les larmes au bord des yeux. Elle les ferma et laissa couler ses larmes, grimaçant sous le coup de la douleur. Il se sépara peu à peu d’elle alors qu’elle s’était agrippée à lui, ne voulant pas qu’il l’abandonne, à son tour. Néanmoins, lorsque la voix de Mickael Jones résonna, elle était certaine qu’elle devait se faire à l’idée de rester seule avec Chase. Magnus descendit ses mains contre ses biceps et, plongeant son regard d’ambre dans le sien, l’assura qu’il était juste derrière la porte et qu’il était là pour elle. Elle se pinça les lèvres, ne pouvant empêcher ses larmes de couler. Elle le lâcha avec regret. En compagnie de Mr Jones, Magnus partit. Elle n’eut la force de le voir s’éloigner d’elle que lorsqu’elle se tourna vers Chase vers qui elle se rua. Posant d’abord sa main sur la couverture du brun, elle eut du mal à contenir ses larmes. Sachant que même endormi, il peut quand l’entendre, elle lui parla. Elle lui assura qu’elle ne voulait pas que ça se passe comme ça. Elle ne le voulait pas mort, elle le voulait heureux. Elle ajouta que c’est l’une des raisons qui l’ a poussé à l’appeler pour qu’il prenne soin de Magnus. Elle se pinça de nouveau les lèvres, ne sachant plus quoi dire. Elle remonta les manches de sa veste rouge en velours assez moulante, découvrant ainsi ses avant-bras scarifié, ornés de deux élastiques noirs. Elle prit la main d’une blancheur cadavérique de Chase et la serra dans la sienne. Elle esquissa un sourire tendre tandis que d’une faible caresse de son index sur son front, elle mit une de ses mèches noires derrière son oreille. Elle continua de caresser son front jusqu’à se pencher sur lui, déposant un doux baiser sur ses lèvres charnues et closes, faisant descendre sa main sur sa joue creusée par les pleurs qu’il a versé.

Magnus avait joint ses mains, regardant cette scène avec haine. Il baissa les yeux alors qu’il sentit qu’une patte s’abattit sur son épaule. Il releva la tête, l’expression douloureuse. Le père adpotif de Chase lui cracha à l’oreille, murmurant, que son fils méritait une femme qui l’aime et qu’il aime. Le baiser entre son amie et son ancien amant lui était de plus en plus désagréable.

Une perle salée tomba sur la joue de Chase tandis que la blonde se releva, rouvrant les yeux. D’une voix chagrinée, elle s’excusa auprès de lui et s’en alla. Elle posa l’os de son pouce sous son œil gauche, empêchant ainsi ses larmes de tomber encore plus. Elle se rua vers la sortie. Mickael et Magnus se retournèrent vers elle.

- Magnus ! murmura-t-elle abattue en se précipitant sur lui.

- Ma puce ! s’écria-t-il en la prenant dans ses bras.

Mickael Jones s’en alla, laissant les deux amis s’étreindre. Magnus l’entoura de ses bras, un reposant entre ses omoplates, l’autre étant posé tendrement sur sa taille. Quant à elle, elle enroula ses bras autour de sa nuque. Elle s’accrocha à lui comme il s’agrippa à elle. Alors que la blonde était dans les bras de son nouvel grand amour, hors de la chambre mais pas hors de la vue de Chase qui commença à bouger.

Mickael se rua sur son fils. Il respirait ! Le brun ouvrit les yeux, les agrandissant en se rendant compte qu’il était, de nouveau, à l’hôpital. Il ferma les yeux, défait, grimaçant. Il se demanda à voix haute ce qu’il faisait là. Jones rétorqua qu’on l’avait retrouvé à moitié mort dans la voiture de sa grand-mère. Chase jura à voix basse, se mettant contre les coussins, ouvrant les yeux. Il vit soudainement un profil qui lui sembla familier, avec une longue chevelure blonde châtain clair coulant dans son dos. Il se mit correctement sur son lit, cherchant à voir la personne familière intrigante qui se trouvait derrière la vitre de sa chambre. Mais cette personne partit aussitôt. Il resta stupéfait, le cœur battant à tout rompre. Le sang tapant à ses veines, il ne fit pas attention au fait que sa mère adoptive venait d’entrer dans sa chambre. Elle se rua sur le lit et s’écria combien elle avait eu peur pour lui. Sauf qu’il l’écouta d’une oreille distraite, encore sous le choc. Il voulait savoir qui était cette jeune femme qu’il avait vu près de sa chambre. Et plus que tout au monde, il souhaitait découvrir si le baiser qu’il a reçut venait d’elle et si, comme il le soupçonnait, elle était Fedora. Il reprit soudainement espoir !

Quelques heures plus tard, alors que le soir venait de tomber, il était en train de manger devant un épisode de Glee, en compagnie d’Amandine et de Mickael Jones. Cette dernière lui annonça qu’elle avait eu une idée. A présent que le brun leur avait pardonné leurs mensonges et qu’ils étaient en bons termes, il se tourna vers elle, tout ouïe. Elle lui proposa la chose suivante : la semaine, il pourra dormir chez Chuck et le week-end, il devra être à l’Empire State Building, avec eux. Chase reposa son assiette sur le plateau, joignant ses mains, les posant sur son torse. Il l’informa, dans un grand sourire, qu’il était d’accord. Amandine le prit dans ses bras tandis que Mickael, qui s’était levé à son tour, posant une patte réconfortante sur l’épaule de son épouse, le remercia, murmurant. Celui-ci l’informa, après avoir eu la permission de sa femme qui s’était séparée de leur fils adoptif, que les Collins n’allaient pas rester en ville très longtemps. Il lui conseilla donc d’appeler Marie Collins, sa tante. Chase, dont l’expression tendre et enjouée venait d’être subitement assombrie, rétorqua qu’il n’était pas encore prêt à les rencontrer. Il les informa, les regardant droit dans les yeux, qu’il pouvait encore attendre un peu avant de les voir. Il manqua juste le fait de leur avouer qu’il avait dores et déjà rencontré son cousin, Alexander Collins aka Alec. Il ne souhaitait pas les brusquer. Amandine le reprit dans ses bras. Il lui rendit son étreinte, véritablement, et l’embrassa sur la joue, un tendre sourire aux lèvres. Ils étaient enfin réunis… Et pour son plus grand bonheur, Carter ne serait pas là lorsqu’il reviendra les week-ends. Parfois, parfois, ça a du bien de tenter de se suicider. Il décida d’en rire plutôt que d’en pleurer. Après tout, il devait vivre. Pour connaître Phoenix. Il voulait la connaître, savoir qui elle est et l’aimer comme il a aimé Fedora.

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A Brooklyn, une radieuse blonde avait perdu sa lueur. Magnus ne comptait pas la laisser broyer du noir à cause de Chase ! Ça non ! Alors, il lui avait prévu quelque chose de divertissant… Il avait fouillé dans ses vieilles affaires de lycée mais n’avait pas trouvé ce qu’il cherchait. Alors, pour mettre en pratique la politique du pardon de Fedora et ainsi, récupérer ce qu’il cherchait, il avait appelé son père, Ken Wù, et lui avait demandé de chercher une compilation des spectacles de sa chorale au lycée de New York. Son père, heureux d’avoir des nouvelles de son fils, lui annonça que sa mère et lui étaient justement en train d’en regarder une. Les joues empourprées, il lui demanda l’année de la compilation qu’ils étaient en train de visionner. Il l’informa alors qu’il s’agissait de celle de l’année 2011-2012. Magnus essaya de ne pas rougir, il l’était déjà suffisamment. Il demanda alors à son père de lui apporter celle qu’il visionnait ainsi que celle de l’année 2012-2013. Et, contre toute attente, c’est ce qu’il avait fait. Là, Magnus préparait un bon thé à son amie. Il lui avait déjà préparé un bouillon de poule qui était de refroidir. Il lui avait aussi cuisiné une petite pâtisserie dont il avait le secret. Une fois que le thé à la menthe fut prêt, il posa la tasse pleine d’eau chaude et de thé sur le plateau. Il avait choisi la tasse favorite de son amie. Il comptait lui faire passer une bonne soirée. Pendant que le thé refroidissait, son panini cuisait. Il sortit du réfrigérateur une bouteille de soda dont il versa le contenu pétillant dans un grand verre. Il remit la bouteille de soda à sa place et posa le verre sur un autre plateau repas. Son sandwich étant enfin prêt, il ouvrit le grill et, avec prudence, en extirpa le panini. Il chercha une assiette où le poser. Il ouvrit un placard au hasard et vit un petit plat qui ferait parfaitement l’affaire. Il la sortit et y déposa son sandwich. Il prit l’assiette et la posa sur le plateau. Le bel asiatique passa une main dans ses cheveux, fatigué. Heureusement pour son maquillage et sa coiffure qu’il était en pyjama. Enfin, il avait juste revêtu sa combinaison au toucher doux de Tortues Ninja. Il s’était débarrassé de l’ombre à paupières qu’il portait ainsi que de l’eyeliner qui avait agrandi son regard de braise. Même s’il avait constaté que la jolie blonde le préférait au naturel. Il sourit en se remémorant la discussion qu’ils avaient eu à propos du maquillage lors de leur trajet en direction de Central Park. Elle avait commencé par une affectueuse réprimande de la blonde sur le fait qu’il utilisait du glitter pour ses yeux. Il avait répondu, qu’en plus de faire rayonner son regard, que les fines paillettes du glitter étaient, en quelque sorte, sa signature. La blonde leva les yeux au ciel, un sourire tendrement malicieux en coin, rétorquant qu’il était vrai que grâce à cette poudre, elle savait où il était. Magnus éclata de rire. Il adorait la répartie de la blonde. Il aimait la voir heureuse et détendue. Sauf que, cette joie de vivre s’était envolée à la minute où, alors qu’ils étaient sur le point de s’embrasser, le père adoptif de Chase Collins l’a appelé pour l’informer de la terrible nouvelle : le beau brun avait fait une tentative de suicide. Magnus perdit son sourire, plaquant ses mains sur le plan de travail, penché en avant. Il repensa au baiser que Fedora avait donné à Chase. Il en était jaloux. Pourquoi diable Collins avait-il décidé de se suicider le jour-même où Fedora redevenait elle-même ? Magnus ferma ses yeux, préférant ne plus y penser. Il se concentra sur quelqu’un de plus important, de plus précieux. Fedora. En pensant à elle, il se souvenu soudainement que le CD, où les spectacles de sa chorale avaient été gravé, qu’il comptait lui faire regarder n’était pas sur le plateau repas qu’il lui avait prévu. Il se hâta donc de prendre la compilation en main et de le poser près de la tasse de thé à la menthe. Il posa ses mains sous les plateaux repas et marcha, avec prudence et vigilance, en direction de sa chambre dont la porte était, heureusement pour lui, ouverte. Il s’engouffra dans la chambre, faisant attention de ne pas réveiller la jolie blonde. Il se dirigea à pas de loup de son côté du lit, posant doucement le plateau repas sur sa table de chevet. Il repartit de l’autre côté, prenant la compilation qui se trouvait près de son thé. Il posa le CD sur l’ottoman, se dirigeant vers sa table de nuit où il déposa son plateau repas. Enfin, il prit le CD et le garda en main lorsqu’il entendit un gémissement désapprobateur. C’était Fedora. Elle s’était réveillée après qu’il ai fait tout ce remue ménage. S’étant endormie sur le côté, elle s’allongea sur le dos et s’étira, faisant craquer les os de ses doigts. Magnus s’excusa de l’avoir réveillé tandis qu’elle l’assura que ce n’était pas lui qui l’a tiré du sommeil mais plutôt un délicieux parfum de nourriture. Magnus s’esclaffa doucement, laissant échapper un doux rire de ses fines lèvres. Fedora s’assit sur le matelas, reposant ses bras nonchalamment ses bras sur ses genoux. Elle lui demanda ce qu’il tenait à la main. Interloqué par cette demande, il baissa les yeux vers le CD et le lui montrit, se pinçant les lèvres avant de lui sourire tendrement. Elle lui répondit que, normalement, ce qui se trouvait sur le CD risquait de la faire rire tandis que lui, il risquait juste de mourir de honte. Enjouée, elle lui ordonna de mettre le CD dans le lecteur DVD. Il se tourna vers elle, surpris, la contemplant, un peu piqué au vif.

- Laisse-moi deux minutes ! l’implora-t-il.

Il alluma son écran de télévision, qui s’avéra être un tableau d’un peintre inconnu, ainsi que le lecteur où il déposa le CD. L’écran plat affichait, non plus une peinture, mais un écran noir où des dossiers vidéos avaient été rangé. Magnus se précipita de prendre la télécommande en main et d’aller se mettre sous les couvertures. Il s’allonge sur le dos, la tête et le dos contre les coussins. Fedora enroula son bras droit autour de la taille de Magnus, posant à plat sa paume gauche contre le pectoral gauche de ce dernier, sentant ainsi ses battements de cœurs. Elle déposa sa tête contre son pectoral droit tandis que sa jambe droite s’enroula autour des siennes. Il lui demanda si elle était prête. Elle lui répondit d’un hochement de tête positif qu’elle était. En revanche, lui, il n’était pas prêt à regarder de nouveau des vidéos où il dansait. Il n’était pas le seul sur scène, seulement, il savait que toute l’attention de Fedora sera concentrée sur lui et il ne savait pas s’il voulait qu’elle regarde comment il était avant. Il n’était rien avant. Il était juste le petit nouveau asiatique qui avait un certain talent en danse mais qui était trop réservé et timide pour le montrer. C’est grâce à la chorale qu’il s’est montré en grand jour et qu’il a pu faire partager son don pour la danse aux autres. Après tout, il lui avait déjà raconté la moitié de son adolescence, donc lui en montrait quelques extraits ne pouvaient pas être une si mauvaise idée. Alors, confiant – et priant surtout pour ne pas tomber sur la performance de la chorale sur la chanson Toxic de Britney Spears – il lança la première vidéo de leur premier spectacle. Dès les premières notes, il se rendit compte que sa prière n’avait été exaucée… Il déglutit alors qu’une de ses camarades de classe chantait les premières paroles de Toxic. Il avait senti que Fedora avait haussé les sourcils. Elle semblait amusée. Elle poussa un petit gémissement de surprise en voyant Magnus. Elle leva la tête et le regarda, surprise, un sourire interrogatif aux lèvres, les yeux écarquillés. Ses joues s’étaient empourprées, il se cachait le visage tandis que la musique continuait. Pour cette chanson, il portait une chemise noire dont le col était déboutonné. Il avait aussi enfilé un pantalon noir dont les bretelles blanches avaient été rabattu sur ses épaules. Il portait un chapeau noir en guise d’accessoire. Il avait été chaussé d’une paire de chaussures italiennes noires et vernies. Bien que sa tenue soit tout ce qu’il y avait de plus sobre, la belle blonde ne put s’empêcher de le trouver affreusement sexy et… Toxique. Elle lui coula de nouveau un regard en coin, souriante. Mais, voulant quand même profiter de la performance de son ami sur la chanson de Britney Spears, elle contempla donc le Magnus de l’époque. Il était encore très jeune et son charme exotique la conquise dès qu’elle l’a vu sur scène. C’est pourquoi elle ressentit un brin de jalousie lorsqu’une jeune femme brune assez jolie arrivait vers lui alors qu’il jouait avec son chapeau, devant ses bijoux de famille. La brune avait posé de délicates mains contre le dos saillant de l’asiatique –une main sur sa taille, l’autre s’étant posée sur son épaule -. La blonde les avait rejoint gracieusement, posant ses mains contre la machoire du bel asiatique, remontant le chapeau sur sa tête. Il se tourna vers la brune. Ils s’étaient mit dos à dos, ondulant de manière hypnotique. Lorsque le refrain avait éclaté, les membres de la chorale avaient explosé. Les garçons dansaient d’un côté et les filles d’un autre. Le jeune Magnus, suivi par les autres garçons, avait fait un mouvement significatif du bassin. Le Magnus actuel rouvrit les yeux et poussa un soupir gêné en voyant cette scène. Fedora, quant à elle, réprima un fou rire. La musique reprit et le jeune Magnus était sur le devant de la scène. Elle le contemplait en train de danser. Sa manière de se déhancher était exquise, ensorcelante. Il était vraiment talentueux. Mais, un fou rire incontrolable s’empara d’elle lorsqu’elle entendit, au loin, une adolescente du publique crier.

- J’aimerai être les chapeaux !

Bien que Fedora ne l’avait pas comprit de suite, elle vit où elle voulait en venir en voyant ce qu’ils en faisaient de leurs chapeaux… Si la vue d’un Magnus dansant et outrageusement sexy avait réussi à redonner le sourire à une certaine blonde, le principal concerné était de plus en plus gêné. Il se cachait le visage par tout les moyens, ne voulant pas visionner ce désastre. Il savait qu’il dansait bien, c’était toujours le cas d’ailleurs, mais cette chorégraphie, surtout avec les chapeaux, le gênait. Il sentit qu’une main se posait sur sa mâchoire, une autre s’enroula autour de son poignet et le força à baisser ses bras. L’autre main de Fedora le força à baisser le regard vers elle.

- Tu sais, commença-t-elle, prenant un air sérieux alors que ses lèvres tremblaient, réprimant un sourire, moi aussi j’aimerai être ton chapeau, continua-t-elle, tentant de ne pas exploser de rire.

- Très drôle ! rétorqua-t-il, boudeur.

Elle gloussa, lâchant son visage, se réfugiant contre lui. Il émit un doux rire, posant son bras contre le biceps de la blonde. Il posa sa tête contre le sommet du crâne de celle-ci. Ils regardèrent la suite du spectacle. Bien qu’ils faillirent exploser de rire, ils restèrent sérieux. Fedora ne pouvait détacher ses yeux du jeune Magnus qui se déhanchait d’une manière envoûtante. Ses mouvements hypnotiques l’apaisèrent, la séduisant au point de la faire tomber de sommeil. Magnus n’était pas touché par son propre charme captivant et irrésistible. Après tout, il n’était pas assez narcissique pour oser se contempler en train de danser. Il n’était pas comme Chase Collins. En pensant à lui, il ne put s’empêcher de se demander ce qui se passera le lendemain. Elle devait se rendre à la fac de New York, comme les dix élèves qui participaient au voyage en France. Et malheureusement, Chase Collins était élève dans cette fac. Magnus avait un mauvais pressentiment. Il n’avait pas un bon pressentiment. Néanmoins, il préféra laisser la jolie blonde à l’écart. Après tout, peut-être qu’il éprouvait juste du ressentiment vis-à-vis de Chase et qu’il avait peur que celui-ci ne détruise à nouveau Fedora. Il ne pouvait pas supporter de la perdre. Il ne pouvait pas la perdre. Ça serait comme perdre une part de lui. Elle lui avait fait redécouvrir l’amour. Elle a débloqué quelque chose en lui. Le désir, l’envie de se battre pour une bonne raison. Si Chase a eu la chance de goûter à la joie de vivre qui émaner de Fedora, alors, lui aussi avait le droit de savourer l’amour de Phoenix.

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