X : PHOENIX
Chase était assit sur le lit, seulement habillé de sa blouse d’hôpital. Il avait été débarrassé des perfusions de sang et de morphine. Ses parents adoptifs se chargeaient de le faire sortir. Bien que les médecins fussent contre, ils n’eurent d’autre choix que de le laisser sortir. Ses affaires avaient été posées sur le plateau repas. Alors qu’il était penché en avant, les coudes posés contre ses cuisses. Il réfléchissait à ce qu’on allait penser de lui lorsqu’il reviendra à la fac. Il a déjà tenté deux fois de suicider. Si la première fois, ses parents avaient réussi à étouffer l’affaire, là, ils ne pourront pas contrer les questions des journalistes. Avec un soupir, il passa sa main dans ses cheveux et se leva. Il prit en main ses habits, c’était son uniforme. Amandine lui avait ramené son sac de cours ainsi que son téléphone portable. Il effleura de son index le blason de son université, pensant avec amertume qu’il ne méritait pas d’y être. Il ne méritait pas non plus de vivre…
- Ce n’est pas qu’une question de mérite, dit Amandine, rentrant dans sa chambre, regardant la feuille qu’elle tenait dans sa main.
- Comment ça ? demanda-t-il, insctivement, levant la tête vers elle.
- Je parlais à ton… A Mickael, se rattrapa-t-elle. Donc, commença-t-elle pour changer de sujet, tu dors chez Chuck cette semaine ? interrogea-t-elle.
- Oui, la plupart de mes affaires sont déjà chez lui, l’informa-t-il.
Amandine hocha la tête, se pinçant les lèvres. Chase voyait bien qu’elle ne voulait pas le laisser avec son ami. Elle voulait qu’il reste avec eux mais elle savait bien qu’entre Carter, leur fils biologique, et lui, leur fils adoptif, c’était la Troisième Guerre Mondiale à chaque fois. C’est pourquoi elle lui avait proposé d’habiter chez Chuck ou chez sa grand-mère adoptive durant les jours de cours et de venir à l’Empire State Building le week-end où Carter serait chez des amis. Chase avait bien entendu accepté cette proposition. Il posa son uniforme sur le lit et se dirigea vers Amandine. Il la prit dans ses bras. Il enroula ses bras autour de la nuque de sa mère adoptive, se réfugiant dans sa nuque. Si elle était d’abord restée stoïque, elle ne perdit pas de temps en l’entourant de ses bras. Elle ferma ses doux yeux en amande, laissant une petite larme couler sur ses joues. Si Chase devait dire quel membre de la famille Jones, son choix se ferait sur Amandine. Bien qu’il apprécie ses cousins et sa grand-mère. Amandine était tout ce qui pouvait se rapporter à une bonne mère pour lui. Même si parfois, elle le faisait tourner chèvre, il devait admettre qu’il n’aurait pas put trouver mieux en mère. Il resserra son étreinte, ne laissant qu’un fin filet de larmes écorcher ses joues creuses.
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A Brooklyn, l’heure n’en était pas encore aux câlins d’adieu. Magnus était attablé devant une assiette de gaufres. Fedora s’en préparait pour elle. Elle avait presque fini. Ce jour-là, il faisait doux pour un mois d’automne alors le bel asiatique avait décidé de se vêtir moins chaudement que d’habitude. Il s’était vêtu d’une chemise grise en satin sans col dont il avait déboutonné le premier bouton ainsi que d’un veston plus sombre complètement boutonné. Il avait enfilé un pantalon rouge sombre assez moulant et s’était chaussé d’une paire de bottes. Quant à ses accessoires, il portait son éternel piercing à l’oreille ainsi que ses bagues. Il avait rajouté une bague armure en argent à son index. Son cou parfaitement dégagé par l’absence de col de chemise était orné d’un fin collier ras de cou et d’une autre chaîne – plus longue -.Il avait rajouté un fin foulard rouge bordeaux. Il s’était maquillé les paupières de poudre noire, comme à son habitude, et s’était coiffé avec élégance. Chaque jour qui passait, il devenait de plus en plus beau aux yeux de Fedora qui se retourna, les yeux ébahis en le découvrant, habillé. Il venait de se raser ; elle lui fit remarquer qu’il avait un peu de mousse à raser au-dessus des lèvres, s’asseyant et posant son assiette de gaufre devant elle. Alors qu’il s’apprêta à enlever le résidu de mousse, la jolie blonde lui tapa sur les doigts, claquant légèrement sa peau. Surpris, Magnus baissa sa main et contempla Fedora, interrogatif, tandis qu’elle se mit face à lui. Elle déplia une fine serviette blanche, en prit un pan et entreprit de lui enlever la mousse. Magnus avait remarqué que lorsqu’elle se concentrait, la blonde avait une fâcheuse tendance à faire une adorable grimace. Il réprima un rire et préféra l’admirer. Elle était très calme pour quelqu’un qui allait faire face à son passé. Il se demandait si elle était vraiment sereine ou si elle cachait sa peur et son appréhension. Dès qu’elle eut fini, elle enleva la serviette et la jeta à ses côtés. Elle frappa dans ses mains, prête à manger ses gaufres. Magnus n’osa pas y toucher. Bien qu’il ait confiance en elle, il préférait faire le petit-déjeuner. C’était sa tâche chez ses parents et il aimait bien le faire. Donc, il préféra examiner la tenue de son amie. Elle portait une robe dont la matière semble être élastique. Le bustier noir est en forme de cœur. Le bas de la robe – une sorte de jupe taille haute écossaise aux couleurs noir, rouge et gris – était asymétrique, plus longue sur les côtés. Contrairement à une robe bustier originelle, celle-ci était dotée de brettelles qui formèrent un X dans son dos. Le thorax de la blonde était visible, donc son tatouage l’était aussi. Il loucha quelques minutes sur le symbole, plus particulièrement sur la lettre qui avait été dessiné près du symbole, en minuscule. Bien qu’il ait déjà fait du chinois étant enfant, il ne savait pas quelle lettre c’était. Il hésitait entre le C et le M. Ne voulant pas demander à la principale concernée la signification de cette singulière lettre, il préféra la détailler. Elle avait ramené ses cheveux en chignon à l’aide d’une baguette en argent. Des créoles pendaient à ses oreilles. Son cou était orné d’un fin collier en argent. Quant au maquillage, elle avait décidé de mettre un peu de fond de teint. Elle avait nappé ses lèvres de gloss. Quant à ses yeux, elle avait tracé un mince trait de crayon prune. Elle était magnifique. Lorsqu’elle vit que son ami était troublé, elle posa sa main sur la sienne, le questionnant.
- Tu n’as pas faim ?
- C’est juste que… D’habitude, c’est moi qui fais le petit-déjeuner, indiqua-t-il. Je déteste les surprises et je déteste encore plus quand on s’occupe de moi, avoua-t-il, un peu coupable.
- Hé, commença la blonde au doux visage, parfois, c’est bon de laisser les gens se préoccuper de toi… ajouta-t-elle, d’une affection charmante. Tu as trop pris soin de moi, maintenant, c’est mon tour…
- Tu n’as pas peur pour tout à l’heure ?
- Je me doutais que j’allais devoir l’affronter de nouveau. Lui ainsi que ses amis… Mais, je suis prête. Je ne vais pas retomber sous son charme, lui promit-elle en lui serrant les mains.
Il savait qu’elle n’allait pas tenir sa promesse. Le baiser de la veille lui a montré qu’elle avait encore des sentiments pour lui. Cependant, il jugea nécessaire de ne pas lui faire part de cette remarque. Elle était déjà assez nerveuse comme ça. Il ne voulait pas lui ajouter du stress supplémentaire. Il lui adressa un grand sourire et, prenant sa fourchette en main, il décida de goûter à ses fameuses gaufres. Contre toute attente, elles étaient succulentes ! Il ne s’attendait pas à ce que les gaufres soient si moelleuses. Il lui demanda, alors qu’il tendait la main vers la chantilly – faite maison – si elle n’avait pas suivi la recette familiale des Wù. Le sourire coupable, incertain, le rougissement de ses joues et sa voix étant devenue aiguë, lui indiqua qu’effectivement, elle avait trouvé la recette de sa famille. Il savait qu’elle s’attendait à des réprimandes. Il joua un peu dessus en prenant une voix grave, l’expression de son visage devenant froide et dure. Il l’informa, toujours avec cette voix sévère, qu’elle avait bien fait de cuisiner à la manière des Wù, troquant la dureté de ses traits contre un large et rayonnant sourire réconfortant. Fedora soupira de soulagement et le tapa doucement sur l’épaule, l’insultant à l’aide d’une centaine de noms d’oiseaux. Elle semblait vexée, apaisée, mais vexée. Il ne put s’empêcher de rire tendrement tandis qu’elle reposa le journal du matin. Il s’excusa, disant que ce n’était pas très malin. Il ajouta que c’était tentant et qu’il n’avait pas réprimé cette envie. Quelque peu distante, elle lui répondit qu’elle lui pardonnait, se tournant vers lui, le contemplant avec ses magnifiques yeux bleus jades. Il lui sourit et lui tendit la paume de sa main. Elle ferma les yeux, un sourire au coin se dessinant sur ses lèvres. Elle la prit. Il serra leurs mains, ne cessant de la contempler. Soudain, une sonnerie le sortit de sa contemplation. C’était le téléphone de Fedora. Elle le prit en main et regarda l’heure. Magnus nota qu’elle avait verni ses fins et longs doigts en blanc. Cette couleur lui allait bien. Elle rangea son portable et se baissa vers le sol. Il s’interrogea, se demandant ce qu’il se passait. Elle se leva, mettant les brettelles de son sac à main sur son épaule droite. Elle l’informa qu’il était temps pour elle d’aller en cours. Magnus se leva à son tour. Trop occupée à ranger ses affaires, elle ne le remarqua pas. Ce ne fut que lorsqu’elle releva les yeux qu’elle le vit. Ses yeux lui firent comprendre qu’elle ne pouvait pas venir avec elle. Il se dirigea vers elle et, face à face, la questionna sur son refus. Elle lui expliqua qu’elle devait se montrer forte face à Chase et que s’il était là, s’il était à ses côtés, elle se sentirait faible. Magnus cligna des yeux avant de les fermer, un sourire narquois aux lèvres, comprenant où elle voulant en venir. Alors qu’elle l’interrogea sur cet étirement moqueur, il lui répondit simplement qu’il comptait l’accompagner jusqu’à la fac de New York mais qu’il était hors de question qu’il reste une seconde de plus là-bas. Si cette réponse lui fit hausser les sourcils, Fedora se contenta de lui adresser ce regard qu’il connaissait bien. Elle était d’accord. Il lui tendit son bras, en bon gentleman. Inspirant puis expirant, elle considéra cette marque de galanterie avant d’accepter, ce sourire tendre aux lèvres. Ils commencèrent à marcher en direction de la sortie lorsque Magnus se tourna vers la cuisine. Fedora le regarda, interrogative. Elle le contempla avant de faire volte-face vers la table encore garnie de bonnes choses à manger.
- J’aurai tellement voulu manger encore un peu… soupira-t-il alors que son ventre criait famine.
Fedora soupira, levant les yeux au ciel alors qu’un rictus se forma sur ses lèvres. Elle l’assura qu’ils allaient manger durant le trajet. Elle ajouta même qu’elle allait lui expliquer son nouveau tatouage. Il se tourna vers elle, soudainement intrigué. Sentant ses yeux fauves écarquillés sur elle, elle s’empressa de rajouter, l’air innocent, qu’elle avait remarqué son intérêt pour le dessin sur son thorax. Magnus, soulagé, souffla un bon coup. Il s’écria qu’il était temps d’y aller, ajoutant, mi-enjoué mi-contrarié, qu’il ne fallait pas qu’elle soit en retard pour sa rencontre avec le Diable en personne. Fedora éclata de rire, levant les yeux au ciel, amusée.
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Ça faisait une éternité que Chase n’avait pas porté son uniforme. Il finit de se vêtir en enfilant le blazer. Il inspecta l’uniforme, il lui allait encore très bien. Il se trouvait dans la salle de bain. Il avait fini de se raser et de se coiffer. Bien qu’il aille un peu mieux, il ne se sentait pas prêt pour retourner au lycée. Il avait une peur bleue d’y retourner. Il savait que Chuck et le reste de ses amis seraient là pour le soutenir. Il avait besoin d’eux dans ce genre de moments. Ils avaient toujours été là pour lui et il espérait que ça n’allait pas changer. Mais ce qu’il voulait le plus au monde, c’est qu’ils ne le traitent pas comme quelqu’un qui va mal. Il voulait qu’ils restent comme ils étaient. C’était leur joie de vivre qui allait l’aider à le faire aller mieux. Du moins, il l’espérait. Une fois habillée et complètement prêt, physiquement, il décida de sortir de la salle de bain. Sur son lit se trouvait son sac en bandoulière. Il était en cuir marron. Il avait appartenu à Mickael Jones. Il lui avait cédé lorsqu’ils avaient reçu une lettre de confirmation venant de l’une des plus grandes universités de New York. C’est dans ce genre de moments où il se dit qu’il a eu beaucoup de chance de tomber sur les Jones qui l’ont pratiquement élevé comme l’un des leurs. Au fur et à mesure qu’il grandissait, il avait remarqué quelques ressemblances entre lui et certains membres de sa famille. Comme Loki dont il se sentait proche. Il y avait Charles aussi qui était présent pour lui. Quant aux autres, il les considérait juste comme des cousins, contrairement à Charles et à Loki qu’il considérait comme des frères. Peut-être que le brun ténébreux aux yeux d’une couleur indescriptible était son frère… Qui sait… Perdu dans ses pensées, il n’avait pas remarqué qu’Amandine était là. Il tenait son sac entre ses mains, caressant de l’index les initiales de Mickael Jones. Il soupira faiblement et reposa la sacoche, qui pesait bien lourd. Il se tourna vers sa mère adoptive qui le contemplait avec des yeux maternels. Elle s’avança vers lui, posant une main tendre sur son épaule. Comme si elle avait lu dans ses pensées, elle lui assura que tout allait bien se passer. Que ce n’était pas la première fois qu’il revenait d’entre les morts. Il haussa un sourcil en entendant cette phrase, incertain sur ce qu’elle voulait dire. Elle essaya de se rattraper en voyant comment il réagissait. Vu qu’elle bégayait et qu’elle faisait plus de bourbes que d’excuses, il la rassura et la prit dans ses bras. Elle se calma et l’entoura de ses bras protecteurs. Ils se séparèrent d’un commun accord, avec douceur. Mickael entra et les informa que Chase pouvait sortir. Mère et fils, enjoués, se prirent dans les bras, sautillant. Le père Jones réussit à les calmer en leur faisant remarquer que leurs fils adoptif prodigue devaient aller à l’université. Sa femme se sépara de Chase. Ils murmurèrent quelque chose comme < casseur d’ambiance > ou encore < rabat-joie>. Mickael leva les yeux au ciel tandis qu’il ouvrit la porte de la chambre de Chase en grand, plaquant une de ses pattes d’ours sur la partie en bois de la porte. Amandine passa la première, bien que surprise par cet élan de galanterie, le remerciant. Chase la suivit, mettant la brettelle de son sac sur son épaule. Ils longèrent le couloir de l’hôpital. Ils descendirent les escaliers et sortirent de l’hôpital. La limousine l’attendait. Chase marcha en sa direction suivi par Amandine et Mickael. Il prit la poignée, l’abaissa et entra dans le véhicule. Ses parents adoptifs à sa suite. La limousine démarra. Chase regarda à travers la vitre, contemplant le paysage.
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Magnus et Fedora arrivèrent enfin devant la fac. La blonde admira le grand bâtiment. Bien qu’il ne fût pas face à elle et qu’il ne possède pas le don de lire dans les pensées, il savait très bien que son amie était apeurée. Il le voyait bien grâce aux haussements rapides des épaules frêles de Fedora dont la respiration devait être compliqué. Elle se retourna vers lui, visiblement terrifiée. Elle avait du mal à respirer et chercher ses mots fut très compliqué. Il lui prit les mains tendrement, caressant affectueusement de son pouce le dos de ses fines mains. Ses iris jade cherchèrent où se poser alors qu’elle paniquait. Magnus réussit à lui faire poser ses yeux sur lui. Il lui conseilla de se calmer, de respirer. Il lui fit prendre de grandes inspirations. Ce qui réussit à la calmer, à l’apaiser. Sa respiration redevint normale, Quant à son cœur qui battait la chamade, il arrêta sa danse effrénée. Elle lui avoua, la voix tremblante qu’elle était effrayée, et pas seulement à cause du fait qu’elle est actuellement à l’université, regardant autour d’elle, à la recherche d’un quelconque beau brun aux yeux océan. Comprenant où elle voulait en venir, il la prit dans ses bras. Il enroula ses bras autour de sa nuque, se blottissant contre elle. Elle se refugia dans sa nuque mate parfumée à une délicieuse odeur exotique. Il sentait que des larmes coulaient sur son épaule. Il n’arrivait pas à croire que Chase l’avait réduite à ça. Il avait réussi à la faire redevenir la petite fille fragile qu’elle avait été avant. Et ça, Magnus ne le supportait pas. Il n’était pas là et il avait pourtant réussi à effacer tout ce que Magnus avait fait. Comme l’aider à devenir plus forte. Sans pour autant montrer son agacement et son énervement à l’encontre du brun, il caressa le dos de la blonde qui avait plus que jamais besoin de son aide. Il se sépara quelque peu d’elle et prit son visage entre ses mains. Il plongea son regard fauve dans les yeux perdus et embrumés de la blonde.
- Ecoutes moi Fedora, commença-t-il en caressant ses joues, tu dois être forte. Tu ne dois pas le laisser te déstabiliser. Il faut qu’il te craigne et que tu ne te laisse pas dominer par ta peur, lui conseilla-t-il, les yeux dans les yeux, d’une voix envoutante et relaxante.
- D’ac… D’accord, répondit-elle, charmée par les yeux fauves, la voix douce et relaxante, les doux traits asiatiques du visage de Magnus ainsi que par son parfum ensorcelant.
Il la relâcha. Il avait confiance en elle. Etait-ce à cause de ce qu’il ressentait pour elle ? Sûrement. Alors qu’elle s’était retournée pour contempler de nouveau la fac, il la sentit hésitante. C’est pourquoi il s’avança et se mit derrière elle, après avoir prit sa respiration. Il posa sa main sur son épaule, lui signifiant qu’il était avec elle. Elle abaissa les yeux et se retourna, le prenant dans ses bras. Elle le serra contre elle, ne voulant pas qu’elle l’abandonne. Il ferma les yeux, posant sa main contre l’arrière de sa tête, la ramenant encore plus contre lui. Il pouvait rester là des heures entières, à la serrer dans ses bras et à la réconforter, c’était ce qu’il voulait le plus au monde. Mais, malheureusement, il savait qu’elle devait de nouveaux l’affronter. Même si cela ne le réjouissait pas plus que ça.
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La limousine s’arrêta devant la fac. Chase, qui s’apprêta à descendre, son sac en main, se tourna vers les Jones. Il se pinça les lèvres et, relevant ses doux yeux océan vers eux, il leur avoua qu’il les considérerait toujours comme ses parents. Le couple Jones parut touché et sans voix.
Alors qu’Amandine voulut se précipiter sur lui, Chase préféra prendre la fuite en descendant de la limousine. Le véhicule partit aussitôt. Il rabattit la bretelle de son sac sur son épaule, se dirigeant vers l’université. Il garda la tête basse jusqu’au campus. Il voulait que personne ne le voie. Et dans son avancée, il faillit heurter un couple qui se faisait des câlins d’adieux à en juger par la fille qui pleurait sur l’épaule de son petit-copain. Petit-copain qui lui semblait familier avec ses larges épaules et sa silhouette menue. Même ses vêtements lui parurent familier… Sans parler de son fessier que Chase reconnaitrait entre tous. Le jeune homme avait un teint mate à en juger par la peau nue de son cou. Ses cheveux bruns étaient coiffés de manière souple, un peu à la manière Quiff. Quant à la fille, il ne pouvait pas voir son visage. Elle avait la tête contre le torse de son copain. Chase nota juste que les ongles vernis de blanc de la fille étaient plantés dans la chair de son petit-ami. Elle s’agrippa à lui, comme si elle avait peur qu’il l’abandonne. Face à ce spectacle déchirant, Chase décida de passer son chemin et de rejoindre ses amis sur le campus. Il avait hâte de revoir Chuck, Leighton et Nate. Même Aïden lui manquait, c’est pour dire.
Il continua sa route jusqu’à ce qu’il se rende compte que la plupart des élèves de sa classe se rendent à l’intérieur de la fac. Dans un élan de gentillesse, il voulut prévenir le couple que les cours allaient commencer mais il avait trop peur de se retourner pour voir qu’ils se bécotaient. Alors, il préféra courir à l’intérieur de la faculté.
Enfin arrivé devant sa salle de cours, après avoir bousculé quelques étudiants, il poussa la porte et entra dans l’amphithéâtre qui, comme toujours, n’était pas rempli en ce jour de vendredi matin. La plupart des étudiants avait dut faire la tournée des bars, faute de fête étudiante. Il vit ses amis, à la même place que d’habitude, au fond de l’amphi. Tenant son sac fermement, il courut se mettre à sa place. Il alla pour avancer et salua son groupe d’amis. Ceux-ci se retournèrent comme un seul homme en entendant sa voix. Pour Nate et Aïden, ça datait de plusieurs jours. Pour Leighton et Chuck, ça remontait à deux jours. La brune, qui était resplendissante, était surprise et semblait au bord des larmes. Elle s’avança vers lui, bousculant Chuck qui était sur son chemin. Face à face, il était prêt à la prendre dan ses bras, à lui dire combien elle compte pour lui et combien elle lui manquait lorsqu’il reçut une monstrueuse claque dan la figure.
- Ne t’avise plus jamais de faire ça ! s’écria-t-elle, en larmes, la voix déraillant par les émotions qui la submergeaient. Tu n’as pas idée de ce que j’ai ressenti quand Chuck m’a appelé pour m’informer que tu avais tenté de te suicider, commença-t-elle, effaçant chaque larme qui coulait sur sa joue à chacun de ses mots. Encore une fois ! tonna-t-elle, sa voix se cassant.
- Leighton, commença-t-il avant de recevoir une autre gifle de la part de la brune qui porta ses mains à ses lèvres, comme pour étouffer un cri.
Il fut couper dans sa tentative de formuler des excuses à son amie lorsque leur professeur, accompagné par d’autres enseignants, entra dans l’amphi. Leur professeur de philosophie leur demanda de s’asseoir, les informant que ce jour-ci sera le seul cours de la semaine ; apparemment, quelqu’un de très riche leur a donné suffisamment d’argent pour pouvoir partir en France, dans deux jours. Bien que la plupart des élèves participants en voyage soient extatiques à cette idée, Chase se voyait mal abandonner les Jones. Il devait peut-être prévenir les professeurs qu’il ne participait plus au voyage lorsque la porte s’ouvrit à la volée. Tout le monde se tourna vers la personne en retard. Cette personne s’avança et Chase crut à une hallucination. Son cœur bondit dans sa poitrine et battit rapidement dans sa cage d’os. Sa mâchoire se contracta tandis que ses lèvres s’entrouvrirent en une expression surprise. La fille qui se trouvait là, dans la classe. Il l’avait déjà vu quelque part… Il se souvint soudain du couple qui s’étreignait devant la fac, même le garçon lui avait paru familier. C’était cette fille dont il n’avait pas put voir le visage, notamment à cause du fait qu’elle semblait se cacher de lui. Ses yeux s’écarquillèrent. Cette fille dont le visage aux traits fins, aux lèvres charnues et délicates et aux yeux singulièrement vairons… C’était le portrait craché de Fedora ! Sauf que cette fille là avait une longue chevelure violette. Elle portait une robe ; la météo le lui permettait. Pour couvrir ses épaules, elle avait rajouté une veste noire en cuir. Elle s’était chaussée d’une paire de bottines noires à talons hauts. Il resta sous le choc, il ne prononça pas un mot et se leva d’un bond. Normalement, lorsqu’une personne entre dans la salle de classe, les élèves sont censés se lever pour saluer cette personne. Ainsi, il pouvait mieux la voir. Il n’arrivait pas y croire ; c’était bel et bien Fedora ! Elle se trouvait juste devant ses yeux en ce moment-même… Quant au garçon qui l’avait entouré de ses bras musclés, il ne pouvait s’agir que de Magnus…
- Désolée du retard, dit-elle, avec une voix claire, douce, et familière. Le trafic était l’enfer, continua-t-elle, avec ce ton désinvolte si charmant.
- Ce n’est rien Mlle Raise, répondit le professeur de française du lycée de Philadelphie.
Fedora, ou, étant plus connue sous le nom de Phoenix Raise, lui fit son plus grand sourire avant de se tourner en direction des marches menant aux places vides de l’amphithéâtre. Elle fit soudainement volte-face vers le corps enseignant et les informa que ses camarades de classe qui participaient au voyage ne devraient plus tarder. Ils la remercièrent d’un hochement de tête. Le directeur de l’université, jetant un regard incertain à la professeur d’espagnole du lycée de New York, l’invita à s’asseoir.
La jeune femme aux cheveux violets le remercia et lui fit dos. Chase ne sut dire si son sourire était carnassier ou juste narquois. Elle monta les marches avec une élégance et une agilité qu’il avait rarement vue. Elle marchait d’un pas nonchalant et félin, quelque peu chaloupé. A l’instar d’un certain asiatique au beau visage, aux yeux fauves, aux lèvres fines et au goût exquis, aux cheveux corbeaux coupés courts et coiffés selon son bon désir, au parfum aux accents orientaux et au dos captivant où pouvait se reflétaient les rayons argentés de la pleine lune qui étincelait. Il le retrouvait dans son attitude décontractée et désinvolte, elle utilisait ce même ton ironique qui faisait de lui une sassy queen [1]. Il devait admettre qu’il aimait bien cette nouvelle personnalité, même si elle ne ressemblait pas. Il la contemplait alors qu’elle progressait vers le fond de la salle. Il ne pouvait détourner ses yeux d’elle, ne pouvant que l’admirer avec une lueur de surprise, de joie. Il avait raison depuis le début ; Fedora était bien en vie ! Ce n’était donc pas un hasard s’il avait trouvé que Phoenix Raise lui était familière et qu’elle l’intriguait. Elle ne lui était plus aussi mystérieuse ; il savait qui elle était. Continuant de la regarder, il n’avait pas remarqué que les yeux, très singuliers, de Fedora étaient posés sur quelqu’un à côté. Quelqu’un à qui elle souriait. Il ne pouvait pas croire que ce sourire charmant était destiné à Chuck. C’est pourquoi il se tourna vers sa gauche, découvrant Zoé. Il ne l’avait même pas vu. La métisse souriait à Fedora et lui adressa un signe de la main. Il la considéra, fronçant les sourcils. Il se demandait ce qui était en train de se passer. Et, puis, soudain, il se souvint que Zoé et Phoenix – qui était en réalité, et ce depuis le début, Fedora – étaient amies. Il se retourna vers la jeune femme aux cheveux violets quand il se remémora ce que Zoé lui avait dit et montré. Son expression surprise changea du tout au tout. Ses yeux écarquillés trahissaient sa compréhension. Il comprenait à présent les paroles de la métisse. Il savait pourquoi le parfum présent sur les draps de Magnus lui était si familier. Il comprenait maintenant. Ce dont il était le moins sûr, c’était la connaissance de Magnus au sujet de la véritable identité de Phoenix. Peut-être n’était-il pas au courant ou peut-être l’avait-il récemment découvert, grâce aux révélations de Chase sur Fedora ? Il ne put trouver ses réponses en compagnie de Zoé. Quant aux deux principaux concernés, il doutait fort de leur contribution pour l’aider à trouver les réponses qu’il cherchait. Donc, il resta planté en haut des marches des places du fond, attendant que Fedora s’asseye. Ses yeux ne la quittèrent pas, son cœur battait à cent à l’heure, sa respiration devint haletante. Enfin, elle s’assit, juste devant lui, et derrière Charles McStan. A ses côtés se trouvaient Oriana, Jennifer, Harley et Cade. Cette dernière la toisa du regard, faisant un signe de tête à sa camarade blonde vers la jeune femme aux cheveux violets.
- Si seulement vous étiez aussi poli comme votre camarade, dit le directeur de l’université, à toute l’assemblée d’élèves qui assis, alors que Chase était toujours debout. Et, si seulement vous faisiez preuve de plus politesse à l’égard de vos enseignants, au lieu d’en faire profiter à une jolie fille, continua-t-il en posant ses yeux sévères sur le brun, soupirant.
Tous les élèves présents se mirent à rire. A l’exception de Chuck, Leighton, Nate, Aïden et Chase. Ce dernier ne crut pas percevoir un sourire aux lèvres de Fedora lorsqu’il se rassit. Le < cours > put enfin commencer.
Le groupe d’amis rangea ses affaires. Ils avaient dût passer toute la matinée à parler du voyage en France. Tout avait été si vite. Tout ça grâce à un homme très fortuné qui leur avait fait don de la somme exacte pour le voyage. Chuck n’en aurait jamais fait ça. Il préférait que les autres se tuent à la tâche pour lui, plutôt que de payer ou d’aider. Il ne pouvait pas s’agir des Jones ; il ne se souvenait pas leur en avoir parlé. Il pensa donc automatiquement à une personne de son entourage. Une personne qu’il a connu au lycée et qui a le coup de foudre pour lui. Une personne qui a un véritable don pour la danse. Une personne qui est devenue quelqu’un. Une personne qui est le gérant d’une des plus grandes boîtes de nuit de Brooklyn ; d’après ce que disait Phoenix à la clique d’Oriana. Il s’agissait de Magnus Wù. Il s’en doutait un peu. Les professeurs avaient tenu à le remercier, ne manquant pas de couler un regard confiant et un grand sourire réjoui à Fedora. C’était après cette révélation qu’Oriana et ses amies avaient commencé leur interrogatoire sur la relation que Magnus Wù, l’un des plus beaux asiatiques fortunés, et elle, simple fille de Brooklyn, dépourvue de fortune et d’un quelconque charme, entretenait. Si Chase s’était écouté, il se serait interposé entre les filles ; répliquant que ce n’étaient pas leurs affaires et qu’elles devraient la remercier d’avoir conquis et convaincu quelqu’un comme Wù. Mais, la peur l’avait aussitôt submergé. Il s’était alors retourné vers Chuck et Leighton. Il leur demanda, implorant, si ce qu’il voyait était la réalité. Chuck, déglutissant, s’était retourné vers lui. Lui-même ne semblait pas comprendre. Il le regarda avec patience, dépourvu de réponse, les yeux compatissants et embrumés. Il lui avait répondit que, lui aussi, il voyait ce qu’il voyait. Fedora était donc bien là… Elle était bien en vie et elle était sous ses yeux depuis tout ce temps ! Il aurait dût se douter de quelque chose lorsque, cinq jours auparavant, cette femme s’était assise à ses côtés et l’avait simplement effleuré d’une caresse pareille à celle d’un pétale de rose. Il se souvenait aussi d’un doux baiser sur son front et sur ses lèvres quand il était à l’hôpital. Les lèvres qui l’avaient embrassé étaient charnues, tendres et délicates, sentant un doux parfum de cerise. Si aucune fille n’avait de telles lèvres appétissantes, Fedora les avait, elle. Il reprit ses esprits, essayant de ne plus penser à elle. Il pensa plutôt à la peur qu’il avait éprouvé. Jamais un tel sentiment ne l’avait tétanisé et paralysé chaque cellule, chaque muscle de son corps. Il n’avait plus peur d’être prit pour un fou, il était effrayé par la réaction de Fedora. Il craignait qu’elle ne réutilise la dernière phrase qu’il avait entendu de la bouche de Magnus.
En réalité, il lui avait déjà parlé avant de le revoir à la fête préparatoire de Thanksgiving. C’était deux ans après le lycée. Lui, ainsi que ses amis, avait décidé de ne pas aller de suite à l’université. Il avait besoin de se chercher, de découvrir qui il était vraiment et ce qu’il voulait vraiment. Mais c’était surtout pour avoir plus de temps dans sa recherche de faculté. Ses parents l’avaient accepté. En revanche, ils n’avaient pas accepté son idée de boîte de nuit, disant que c’était trop dangereux. Une semaine après, il avait eu vent, par Chuck – à qui il avait tout raconté – qu’un jeune asiatique cherchait un collaborateur pour son club. A la vue de la mine renfrognée de son ami, Chase avait de suite de qui il s’agissait. C’était Magnus. Il avait remercié intérieurement le ciel de lui avoir donné une seconde chance avec l’asiatique.
Il était très tard, ce jour là – Chase s’en souvenait très bien -, il avait convié son ancien camarade à un petit rendez-vous autour d’une tasse de thé. Bien qu’il semble très peu enclin à cette proposition, il accepta. Certes, après avoir été informé que ce rendez-vous était professionnel et qu’ils ne parleront que de son projet de club. Ce soir là, Magnus était arrivé dans le bar où Chase l’avait convié à se rendre, pour parler business. Le Magnus de l’époque n’avait rien de celui qu’il est actuellement. Bien qu’au lycée il l’a vu adopté un look plus gothique, il avait totalement changé. Peut-être pour mieux correspondre à l’homme d’affaire classique. Même en étant naturel, arborant un style plus strict et sévère, Chase n’avait pas pût s’empêcher de penser qu’il était très séduisant. Il portait une simple chemise bleue ciel dont il avait retroussé les manches, laissant ses avant bras musclés et aux veines saillantes nus, sur son bras droit reposait une veste noire de costume, qui semblait trop grande pour lui. Il avait enfilé un pantalon noir, qui à défaut de mouler ses jambes, parvenait tout de même à donner un aperçu de son fessier joliment bombé. Ses cheveux noirs de jais, qui ne connaissaient pas encore les coiffures souvent extravagantes et indescriptibles du bel asiatique, étaient tout simplement coiffés sur le côté. Son délicat visage fin était encore vierge de l’usage de maquillage et de paillettes. Chase, dont l’attention était plus porté sur Magnus, dut se remettre les idées en place lorsque le bel asiatique s’assit en face de lui, croisant les jambes. Le brun reprit contenance, informant son ami qu’il lui avait déjà commandé une tasse de thé, sans sucre, comme il les aime. C’était sans doute son imagination qui lui avait joué des tours, même si pendant longtemps – et encore aujourd’hui -, mais il l’avait bien vu esquissé un mince sourire nostalgique, abaissant la tête.
- Tu es resté le même, don’t you[2] ? lui avait-il demandé avec cet accent anglais particulièrement attirant, les yeux rivés sur la table.
- Je veux juste parler des affaires, avoua le brun, déconcerté par cette question.
Magnus avait relevé les yeux vers lui. C’est à ce moment là que Chase avait sut que ses yeux n’étaient pas de cette sombre couleur noisette. Ses iris étaient consumés par une lueur bestiale, fauve. Il n’aurait pas été surpris, à l’époque, de découvrir que ces si belles mirettes sombres étaient en réalité d’une couleur semblable à celle des yeux des chats, en plus d’avoir la pupille fendue, à l’instar de ces félins. D’un coup brusque et rapide, le bel asiatique s’était penché sur la table, joignant ses mains sur le bois de la table. Il était si proche de lui qu’il eut peur qu’il lui saute au cou et qu’il le morde, faisant goûter à ses veines son venin reptilien. Ou peut-être espérait-il un baiser venimeux, dangereux. Son regard lui évoquait celui d’un serpent. Ses yeux étaient froids et calculateurs. Une intense lueur brillait dans ses yeux marron. Chase prenait un malin plaisir à admirer chacun de ses traits lisses et fins. Il se pencha un peu plus sur la table, se mettant encore plus face à Chase dont les faibles yeux bleus ne purent résister aux mirettes noisette hypnotiques et envoûtantes de l’asiatique qui ouvrit sa fine et alléchante gueule :
- Me faire venir ici, commença-t-il, la voix délicatement brûlante et redoutablement suave, en indiquant de l’index le bar miteux et vide dans lequel ils se trouvaient, en pleine nuit, pour moi, c’est de l’irrespect, l’informa-t-il, les yeux flamboyant de malice séduisante, avec un début de sourire, tandis que ses sourcils se relevaient.
Ses sourcils redescendirent, laissant son front lisse, lui lançant un tendre et fin sourire en coin qui ne présageait rien de bon. D’un lent mouvement, il se redressa.
Soudainement, Chase reprit ses esprits, alors que ses pensées, dirigées vers le passé, divaguées sur le fait que, même à l’époque, il trouvait Magnus très beau. Là, il revenait de quelques années en arrière. Là, il se rendit compte qu’il était dans une salle de cours, qu’il était le seul de ses amis à ne pas avoir rangé toutes ses affaires dans son sac. Là, il se rendait compte que Fedora n’était plus dans la salle. Là, il sût ce qu’elle aurait dit s’il s’était interposé entre Oriana et elle. Elle lui aurait dit, mots pour mots, ce que Magnus lui avait dit cette nuit-là. Peut-être pas avec ce même regard vipérin et corrosif, peut-être pas avec ces mêmes yeux troublants, froids et calculateurs, peut-être pas avec cette voix charmeuse. Mais, elle l’aurait prononcée. Elle lui aurait dit : c’est un manque de respect. Et, il en aurait été sous le choc. Peut-être qu’il serait encore plus tombé amoureux d’elle. Ou peut-être aurait-il remercié Magnus…
Il ne s’était pas rendu compte qu’il se fût encore perdu dans les limbes de son esprit. Un sourire niais était même apparu sur son visage.
- Tu as recommencé, lui fit savoir Leighton, amère.
- J’ai recommencé quoi ? la questionna-t-il alors qu’ils étaient sortis de l’amphithéâtre.
- Á divaguer en cours ! s’écria la brune alors que la bande d’amis continuait son ascension vers la sortie de l’université.
- Pour être correct, intervint Chuck, il a divagué à la fin du cours, corrigea-t-il. Pendant le cours, si on peut appeler ça comme ça, il ne faisait que mater Fed_ Je veux dire Phoenix, se rattrapa-t-il.
- Et après, il s’est endormi, rajouta Nate.
- Rooh ! C’est bon là ? La séance des réprimandes est terminée ? questionna-t-il, assez vexé.
Ses amis éclatèrent de rire. Ils sortirent de l’université. Il était encore assez tôt comme l’avait remarqué Chase en sortant son portable de la poche de son blazer. Il n’était que onze heures et demie. Ils reprenaient vers treize heures moins le quart. Ils avaient le temps d’aller manger. Ce qui tombait bien vu qu’il n’avait rien mangé à l’hôpital. Dès qu’ils furent assez éloignés de la fac, Chase se retourna vers sa clique et leur demanda où ils allaient manger. Chuck et Leighton échangèrent un regard en coin, muets. Quant à Nate et Aïden, l’un regardait le ciel – comme si quelque chose d’intéressant s’y trouvait – l’autre préférant regarder ses chaussures plutôt que de lui répondre. Chase en tira la conclusion qu’ils ne voulaient pas lui répondre ; ils avaient déjà fait leurs projets, chacun de leurs côtés, pour la journée. Il ne leur en voulait pas, il comprenait. Avec un soupir, il baissa la tête, passant une main dans ses cheveux. Il ne voyait qu’une seule façon de manger rapidement et près du campus ; il allait devoir manger chinois… Un restaurant chinois où on peut emporter notre commande n’est pas si loin de la fac. Ils se sont justement installés près de l’université pour gagner la clientèle étudiante. Lorsqu’il s’apprêta à informer ses amis qu’il allait manger asiatique, son téléphone sonna. Surpris, il prit en main son portable et vit qu’Anthony McKy lui avait envoyé un message. Il l’invitait à venir manger avec lui, l’informant qu’il pourrait choisir le restaurant. Un sourire malicieux s’étira sur ses lèvres. Il renseigna ses amis qu’il allait manger avec Anthony. C’est alors que Nate fit une réflexion.
- Tant que c’est pas avec Magnus Wù… On sait très bien comment se finisse les repas avec vous deux… continua-t-il, avec un ton narquois qu’il ne lui connaissait.
- Alors, déjà, je ne te permets pas, répliqua Chase, gloussant, et puis, on peut se retenir tout les deux, continua-t-il avec un ton penaud.
- Dis ça à mon sommier, rétorqua Leighton. Il était censé être INCASSABLE ce sommier ! s’écria-t-elle avec un ton amer et moqueur.
Ils éclatèrent tous de rire face à l’expression de Chase qui battait des cils, ne comprenant pas ce qu’elle voulait dire. Ses lèvres s’entrouvrirent. Il voulait répliquer mais rien ne vint. Alors, il préféra se taire. Il détourna les yeux de ses amis, qui se moquaient ouvertement de lui, et posa son regard sur une jeune femme aux cheveux violets. Fedora. Ou Phoenix, comme il devrait l’appeler. Mais comme il déteste se plier aux ordres dictés par ses pairs, il décida de continuer à l’appeler par son véritable prénom. Elle avait quand même délaissé son véritable prénom pour une autre, reniant ainsi son identité. Si elle avait choisi de ne plus porter le prénom que sa mère a choisi et le nom que son père lui a légué, tant mieux pour elle, mais lui, il avait décidé de continuer de l’appeler Fedora. Pour lui, Phoenix Raise n’existait pas. Il la considéra assez longtemps pour que ses amis arrêtent de rire, se demandant qui avait bien put hypnotiser leur ami au point de laisser un sourire béat sur son visage, de petites étincelles brillaient dans ses pupilles. Ils se retournèrent et virent l’objet du trouble de Chase. Elle était là, juste devant lui, en pleine forme. Le brun reprit ses esprits et, regardant ses amis, les assura que tout allait bien et qu’il les rejoindrait sur les campus. Il les abandonna, tapotant l’épaule de la brune qui l’interrogea. Qu’est ce qui pouvait lui faire croire que Fedora allait lui sauter dans les bras après tout ce qu’il lui a fait ? Il n’en avait aucune idée. Et c’est justement ça qui le séduisait. Il continua de marcher vers une Fedora un peu perdue. Elle semblait chercher quelque chose dans son sac, ne lui prêtant aucune attention particulière. Soudain, Chase remarqua qu’un autre garçon se dirigeait vers elle, et ce n’était pas Magnus. C’était son cousin, Charles Davis. Celui-ci s’était habillé d’un fin pull bleu clair sous une veste noir en cuir, il avait enfilé un simple jean noir et s’était chaussé d’une paire de Nike kaki. Contrairement à son habitude, sa tignasse châtain n’était pas ébouriffée, ses boucles lisses et raides d’une délicieuse couleur chocolat au lait ne tombant plus sur son front. Là, ses cheveux avaient été coiffés sur le côté. Il arrivait par derrière et prit Fedora par surprise en enroulant ses bras saillants autour de sa taille. Il se colla un peu plus à elle, la faisant frissonner. Elle resta dos à lui, se mordant la lèvre inférieure. Il n’était qu’à quelques centimètres des deux amis. Il réfugia sa tête dans sa nuque, ses narines étant plongés dans sa chevelure lilas, ses lèvres pulpeuses contre l’oreille de Fedora. Il jeta un coup d’œil à son cousin, un sourire malicieusement adorable se dessinant sur ses lèvres. Il reposa son regard miel sur Fedora et lui murmura quelque chose à l’oreille qui l’a fit brusquement lever le regard vers le brun qui tenta un signe de la main. Charles continua de lui parler à voix basse d’un ton suave, arrachant ainsi Fedora aux yeux de Chase. Elle se mordit la lèvre inférieure et un sourire enjoué orna son visage. Davis se sépara d’elle et, se mettant auprès d’elle, lui tendit sa main. Elle la prit après un petit temps de réflexion. Il serra sa main et tourna son regard vers elle, la contemplant avec des yeux tendres. Sentant ses mirettes noisette sur elle, Fedora leva le visage vers lui et lui rendit son sourire. Chase resta circonspect. Ses yeux papillonnèrent d’incompréhension tandis que sa mâchoire allait finir par se disloquer. Ils passèrent près de lui, faisant comme si il n’existait pas. Sa mâchoire se resserra avec douleur. Il n’arrivait pas à croire qu’ils venaient de le snober. Il en resta cloué au sol jusqu’à ce la voix lointaine de Leighton finisse par le faire revenir sur terre. Déglutissant, il se tourna vers elle, toujours sous le choc. La voyant se ruer vers elle, il la stoppa dans son élan et marcha en sa direction. Il fit face à ses amis et prit son souffle avant de décréter qu’il avait besoin d’un verre. Chuck et les autres ne trouvèrent rien à dire et le laissèrent passer. Il mit ses mains dans ses poches et marcha, la tête haute, son moral étant au plus bas.
Il avait fini par rejoindre Anthony devant le restaurant chinois à emporter. Le métissé avait commandé du riz cantonais, quant à Chase, son choix s’était fait sur des nouilles avec du porc au caramel. Les deux amis étaient sur le chemin du retour. Le brun commença l’après-midi tôt, contrairement à Anthony qui était dans une autre université et qui était juste de passage dans le coin. Tout en marchant, ils mangèrent le repas. Si au début, le brun avait ressenti un peu de difficulté pour tenir ses baguettes, il se souvint du jour où Magnus, qui l’avait invité chez lui afin de manger des sushis qu’ils ont préparé eux-mêmes, lui avait apprit à se servir des baguettes. Il était à présent plus facile pour lui de manger correctement. Anthony, qui n’avait pas vu son ami depuis quelques jours, voulut savoir comment il allait. Visiblement, il n’avait pas été mis en courant de sa tentative de suicide, et c’était mieux ainsi. Il l’informa que tout allait bien, lui mentant évidemment. Il lui demanda plutôt comment lui, il allait. Anthony parut surpris. Il regarda son ami avec des yeux étonnés.
- Quoi ? questionna-t-il, la bouche pleine de nouilles. Je n’ai plus le droit de poser des questions sur la santé de mes amis ? continua-t-il après avoir avalé les pâtes.
- C’est juste que… D’habitude, ton sujet préféré, après les filles, c’est toi.
- Oui c’est vrai mais… J’ai changé, continua-t-il, sans trop d’arguments, prenant une bonne dose de nouille, les engouffrant dans sa bouche.
Anthony se tut, gloussant. Chase ne savait pas quoi répondre à ce rire moqueur. Il préféra donc se taire et se nourrir pour affronter les cours de l’après-midi qui s’annonçaient tout aussi ennuyant que ceux de la matinée… Le duo alla se poser sur l’herbe du campus qui était vide. Ils finirent de manger, les oiseaux gazouillaient, le vent faisait chanter les branches des arbres, Chase riait d’Anthony et de ses anecdotes qui le régalaient encore plus que le porc au caramel. En la compagnie de son ami de longue date, il en oublia ses problèmes. Il ne lui parla pas du fait qu’il ait été adopté par les Jones et que la femme qu’il aimait, et qu’hier encore, il croyait morte, était en fait toujours en vie et qu’elle était sûrement en couple avec son ancien amant, Magnus Wù. Avec Anthony, il redevenait Chase Jones, le coureur de jupons de New York. Il redevenait lui-même.
Le brun était de retour. Il était assit, plutôt affalé sur son bureau. Il n’écoutait que d’une oreille ce que disaient les professeurs. Il était concentré sur Fedora qui, de son côté, était très attentive. N’écoutant que très peu attentif, ses paupières commencèrent à s’abaisser, l’entraînant dans le royaume de Morphée. Il ne fut réveillé que deux minutes plus tard, et par Chuck qui plus est. Ce dernier l’informa qu’il devait s’éveiller. Il l’informa, murmurant, qu’apparemment, il y aura des binômes pour le voyage et que c’était pour cette raison qu’ils n’avaient pas eu cours pendant quelques jours. Chase fit mine d’écouter lorsque leur professeur les informa que les groupes allaient devoir travailler sur un sujet commun. Il continua en ajoutant que les groupes sont officiels. Chase soupira intérieurement, priant pour qu’il tombe avec ses amis. Il croisa les doigts lorsque la professeure d’espagnole les informa des groupes. Il se pencha presque sur sa table pour l’entendre.
- Chase Jones, nomma-t-elle sans quitter les yeux de sa feuille, et Phoenix Raise seront dans le groupe 1 en compagnie de Charles Davis et de Zoé Gonzalez, continua-t-elle, levant les yeux vers les principaux concernés. Vous serez sous ma responsabilité lors de ce voyage et vous travaillerez sur le château de la ville de Chast… Chastellux, informa-t-elle, essayant de ne pas écorcher le nom de la ville.
Si le brun avait presque bondit de joie, ce n’était pas le cas de Fedora qui se prit le visage dans les mains, soupirant. Le cœur de Chase battait à tout rompre. Le sang monta à ses joues et ses yeux étincelaient. Il était tellement heureux que plus rien ne pouvait l’atteindre. Il était extatique !
Les cours étaient finis ! Il avait tellement hâte de parler à Fedora. Il n’en avait pas eu l’occasion à la fin du cours. Elle était partie telle une furie et il ne l’avait pas vu. Il se doutait où elle devait être. C’est pourquoi il traîna à la bibliothèque. Il longea les couloirs et les rayons jusqu’à tomber sur les tables rondes de la bibliothèque. Là, il vit Zoé en compagnie de ses amies et de Fedora. Pour éviter qu’elle ne parte en le voyant, il se cacha parmi les livres, élaborant un plan d’approche. Il prit de grandes inspirations et se répéta ce qu’il s’était dit. Il devait essayer de l’entraîner vers lui sans que le groupe de filles ne se rende compte de quelque chose à leur sujet. Il renoua correctement sa cravate et sortit de sa cachette. Il se dirigea vers elles. Il se pencha sur la table, un grand et rayonnant sourire aux lèvres. Les filles, sauf Phoenix, relevèrent les yeux vers lui. Oriana usa de ses charmes sur lui et lui demanda ce qu’il faisait là. Chase lui répondit, avec ce même sourire séducteur, qu’il devait parler à leur amie. Il remarqua que Fedora s’était stoppée d’écrire, son stylo tremblant entre ses doigts. Harley se leva et ordonna à sa clique de se lever afin de laisser Chase et Zoé seuls, croyant que c’était de la métisse dont il parlait. Mais d’un geste de la main, il la stoppa et modifia le nom de la personne qu’il voulait voir. Il utilisa le nouveau prénom de Fedora, ce qui déconcerta la blonde, la métisse et la fille aux cheveux violets. Zoé prit ses affaires, déconcertée et se leva à son tour, abandonnant les anciens amants. Il tira la chaise vers lui et s’y assit. Il posa ses coudes sur la table et posa sa tête sur les paumes de ses mains qu’il avait fermées, contemplant Fedora qui, visiblement, rêvait de partir. Il lui demanda ce qu’elle écrivait, l’air intéressé. Mais, d’un coup brusque, elle se leva et rangea ses affaires. Elle prit sa veste et l’enfila, sous l’œil médusé du brun qui bondit à son tour de sa chaise. Elle laissait les livres en plan sur la table et se dirigeait vers la sortie. Il essaya tant bien que mal de l’en empêcher en se mettant face à elle, la raisonnant. Soudain, levant les yeux au ciel, elle s’arrêta net.
- Enfin tu deviens raisonnable ! s’exclama-t-il, souriant alors que Fedora regarda de tous les côtés, cherchant quelque chose, avant de lui faire face.
- T’es qu’un salaud ! s’écria-t-elle en lui mettant une immense claque qui faillit le mettre au sol à cause de la violence de cette gifle.
Alors qu’il se remit du choc causé par la gifle, Fedora le contourna, un sourire hautain, l’expression haineuse au visage. Il se massa la joue qui lui était douloureuse lorsque ses yeux se posèrent sur la pile de livres qui se trouvait sur la table. Il vérifia de gauche à droite que personne n’était dans les parages et il se rua vers cette table. Il prit en main chaque bouquin, les empilant en faisant attention à ne pas les faire tomber. Il les emprunta tous, ce qui surprit la bibliothécaire. Il rangea prudemment chaque livre dans son sac et sortit de la bibliothèque.
xxx
Magnus entendit un fracas venant de la porte d’entrée. Fronçant les sourcils, quelque peu surpris, il ferma le dossier qu’il étudiait et se leva d’un bond digne d’un tigre. D’une démarche féline, il se rendit dans le hall du loft et découvrit une Fedora enragée. Il ne tenta rien, sachant très bien que, dans de ce genre de situations, il fallait la laisser tranquille et la laisser se décharger de sa haine. C’est pourquoi, il la laissa se défouler sur lui, silencieux. Il valait mieux qu’elle s’énerve sur lui plutôt que sur les objets de valeurs présents dans le loft. Lorsqu’elle se dirigea, de plus en plus en colère, vers sa chambre, il ne chercha pas à l’en empêcher. Parfois, une femme avait besoin d’un peu d’espace lorsqu’elle était dans un état pareil à celui de son amie. Ses multiples conquêtes lui ont permit de mieux cerner les femmes, même s’il ne conseille pas ce genre de méthode pour comprendre les humeurs paradoxales de la gente féminine. Même elles ne se comprennent pas…
Quelques minutes plus tard, les rumeurs injurieuses à l’encontre des hommes, et surtout de Chase Jones, cessèrent. Magnus espéra juste qu’elle allait bien. Il eut sa réponse en voyant la blonde débarquer dans le salon. Elle s’était changée. Elle ne portait plus sa perruque violette et s’était débarrassée de sa robe. A présent, elle était vêtue d’un pull vert kaki coupé court à manches longues et à capuche, d’un jean noir taille haute troué à différents endroits auquel elle avait rajouté une ceinture. Elle s’était chaussée d’une autre paire de bottines noires à talons hauts. En attendant son retour, il avait prit la liberté de lui préparer une boisson chaude. Elle s’assit dans le canapé et prit en main sa tasse préférée. Elle la porta à ses lèvres qu’elle posa contre le rebord du mug. Elle goûta au liquide au parfum apaisant. C’était du thé à la noix de coco et au fruit de la passion. Elle le remercia, buvant de grandes gorgées du thé. Magnus ouvrit de grands yeux surpris. Il ne l’avait jamais vu ainsi. Il la contempla finir sa tasse avec étonnement. Le thé devait être tiède. Ses longs cils maquillés de mascara papillonnèrent alors que la blonde reposa la tasse sur la table, se mettant contre le dossier du canapé. Magnus la contempla, tendre, et la rejoignit contre le dossier du canapé. Elle semblait fatiguée et il ne pouvait plus résister longtemps à l’appel des lèvres de Fedora. Celle-ci, dont le buste se soulevait, se redressa, passant une main dans ses cheveux. Il se mit face à elle. Il sentit une douce caresse sur sa cuisse. Une fine et délicate caresse, comme l’effleurement d’un pétale de rose sur sa peau. Il baissa les yeux et vit une main blanche et gracieuse. Il ne rêvait pas. C’était bien Fedora qui avait posé sa gracile main sur sa cuisse et qui, la pressant, lui fit échapper un gémissement de plaisir. Il ne se contrôla plus. Il posa sa main contre sa nuque blanche, s’approcha d’elle et posa ses lèvres sur les siennes, lui volant un tendre baiser. Il crut un instant que son esprit lui jouait des tours ; la blonde lui rendait son baiser. Elle remonta sa main sur la nuque de Magnus qui ne se détacha pas d’elle. Enfin, il pouvait goûter à ces lèvres qu’il avant tant désiré et l’attente valait vraiment le résultat. Elles étaient douces, sucrées et appétissantes. Comme l’était Fedora. Enivré par le goût de ses lèvres et par le venin bouillant dans ses veines qui libéra ses toxines, il la força à s’allonger sur le dos, se mettant sur elle. Le baiser tendre devint un peu plus ardent. Il pressa ses lèvres contre les siennes amoureusement et violemment. Il était de plus en plus brutal et sauvage. Magnus abandonna sa main gauche sur les courbes de Fedora, dont les jambes s’étaient écartées pour le laisser venir plus facilement à elle. Elle l’entoura de ses fins bras neige, rendant chaque baiser plus ardent et passionné. Magnus la prit par les hanches, les enroulant autour de son bassin. Il écorcha tendrement sa hanche d’une caresse violente. Il ramena sa main contre son bassin, pressant encore plus leurs lèvres l’une contre l’autre. Son autre main, qui tenait le visage de Fedora, glissa sur sa taille, arrachant à chaque caresse un faible gémissement de la part de Fedora. Son autre main la prit par les hanches, alors qu’il récidiva avec un baiser plus fougueux, plus indocile. Le mouvement de leurs mâchoires était synchronisé. La tendresse et la douceur au début du baiser avaient laissé place à l’ardeur, à la passion et à la fièvre. La langue de l’un explorant la bouche de l’autre, et inversement. Ils continuèrent de s’embrasser avec fougue tandis que la main droite de Magnus monta sur le buste de la blonde. D’un geste vif et amoureux, il remonta lentement le pull de Fedora, lui arrachant un gémissement mécontent. Elle lui saisit le poignet droit, le stoppant net dans sa progression, et se sépara avec douleur de ses fines et douces. Ils ouvrirent les yeux, Magnus posant sa main contre la taille nue de la blonde dont les magnifiques yeux bleus exprimaient sa culpabilité. Il se sépara d’elle avec déchirement et la contempla les yeux dans les yeux.
- C’est ta première fois ? lui demanda-t-il, la voix inquiète, tendre.
- Non… Mais je… Je… Je ne veux pas que ça aille trop vite entre nous, expliqua-t-elle, avec un ton affectueux tandis que sa main caressa son visage. On peut, peut-être, continuer de se peloter ? lui proposa-t-elle avec un grand sourire en coin.
- Pourquoi pas, répondit-il, lui rendant son sourire en abandonnant sa hanche, posant sa patte de velours sur le visage blanc de la blonde, lui effleurant affectueusement la joue. Ces lèvres commencent à me manquer… soupira-t-il.
- Je n’ai jamais connu une bouche aussi délicieuse que la tienne, commença-t-elle en portant ses fins doigts vernis de blanc neige sur le visage tanné de Magnus, je n’ai jamais goûté à de telles lèvres, continua-t-elle en effleurant le contour de la fine bouche entrouverte du bel asiatique, elles me manquent, finit-elle par dire, contemplant chaque plis délicats du visage de Magnus, alors que celui-ci la dévorait du regard avec passion, sans abaisser son regard vers les attributs féminins de la blonde.
Elle le prit sauvagement par le pan de sa chemise et l’attira contre elle, pressant leurs lèvres l’une contre l’autre. Elle plaqua ses mains à l’arrière de sa tête tandis que le bel asiatique entoura sa taille de ses bras musclés. Ils continuèrent ainsi leur jeu de caresses érotiques sans aller trop loin pour autant. C’est la première fois que Magnus palpa sensuellement le corps d’une femme. Il décida qu’il aimait ça, il ne pouvait s’en passer. Il ne pouvait plus se passer des baisers fiévreux et sauvagement tendres de la blonde aux caresses brûlantes et sensibles. Celle-ci enroula progressivement ses jambes autour des siennes. Pour les empêcher de tomber, Magnus la prit par les hanches, continuant de l’embrasser fougueusement.
xxx
Lorsque Chuck arriva dans le salon, il ne s’attendait pas à voir Chase endormi, la tête dans les bouquins. Il était presque dix neuf heures. Et le châtain avait faim. Il leva les yeux au ciel et posa brutalement son sac au sol, espérant ainsi le réveiller. Mais il dormait comme une souche. Il se dirigea donc vers la table. Il lui ordonna, criant dans ses oreilles, de se réveiller. Chase sursauta tant il avait été surpris.
- Merde Chuck ! Qu’est ce qui t’as prit de me réveiller ainsi ? questionna-t-il en se massant la nuque.
- Tu t’es endormi, alors je t’ai réveillé pour qu’on aille manger.
- Manger où ? questionna-t-il en se frottant les yeux, encore fatigué.
- Tu verras, tu vas adorer.
Avec un sourire aux lèvres, le châtain se dirigea vers la sortie, suivi de près par Chase qui grimaçait.
- Tu penses vraiment que je vais adorer manger dans un endroit où mon ex, qui m’a donné une gifle, travaille ? demanda le brun, incertain de comprendre.
- C’est un bon restaurant avec des serveuses sexy… commença-t-il, puis se stoppant dans sa lancée en remarquant le regard meurtrier de Chase sur lui. Et qui est très peu cher.
Chase hocha la tête, se pinçant les lèvres, se retenant ainsi de répliquer. Ils étaient encore sur le seuil du restaurant. Ils s’avancèrent d’un pas prudent, ne sachant pas si c’était une bonne idée de rester ici. Ils s’installèrent à une table quand ils entendirent un claquement de talons venant dans leur direction. Un parfum douceâtre lui vint jusqu’aux narines. Il ferma les yeux, appréhendant. Il sursauta quand le son de mains qu’on plaque violemment contre une table lui arriva aux oreilles. Il déglutit et ouvrit les yeux. Chuck était tout aussi muet que lui lorsqu’ils se retournèrent vers la serveuse. C’était Fedora. Il nota qu’elle s’était changée. Elle portait un jean troué, un sweat vert kaki à capuche coupé au niveau de la taille et arborait une longue chevelure blonde châtain clair. Elle les regarda chacun leurs tours avec des yeux meurtriers. Se pinçant les lèvres, elle était toujours aussi belle.
- 1 univers, 9 planètes, 204 pays, 809 îles, 7 mers, énuméra-t-elle, d’un ton mielleux et acide, et j’arrive encore à vous croiser ? questionna-t-elle. L’univers m’en veux ou alors, et c’est ce qui est le plus plausible, vous êtes aussi coriaces que des cafards. Expliquez-moi pourquoi deux jean foutre comme vous sont ici ou alors je me ferais un malin plaisir à vous faire sortir d’ici, leur ordonna-t-elle avec un adorable sourire en coin.
- Fedora, commença Chase, je suis vraiment na_, continua-t-il avant de se faire violemment couper la parole par la blonde qui lui intima de la boucler.
- Toi qui te prends pour une lumière, dis-moi : où se trouve l’interrupteur pour te la fermer ?
- Juste en dessous de la prostate, mais c’est peut-être le bouton START ! répliqua Chuck, afin de détendre l’atmosphère tendue, ce qui lui valu un regard meurtrier de la part de la blonde.
- Tu sais Chase, commença-t-elle en se tournant vers lui, je pensais vraiment que tu étais assez intelligent pour comprendre que je ne voulais plus te revoir. Tu me déçois vraiment !
- Ça ne change pas de d’habitude alors… dit-il avec un haussement d’épaule, le rendant craquant alors qu’elle haussa un sourcil.
- Son of a bitch ! s’écria la blonde en lui mettant une claque. Comment oses-tu me parler sur ce ton et m’avouer que tu m’as trompé ?! s’exclama-t-elle afin que tout le restaurant l’entende, jouant la comédie.
Chuck et Chase échangèrent un regard. Le deuxième était en détresse. Il se leva d’un bond et se mit face à Fedora qui faisait semblant de pleurer, deux hommes arrivèrent – sûrement des cuisiniers à la vue de leurs blouses blanches - l’empêchant de la rejoindre.
- Je n’ai rien fait, leur expliqua-t-il, l’air innocent tandis qu’ils le stoppèrent dans sa tentative de la rejoindre en plaquant leurs mains sur son buste. Babe, je t’en prie ! l’implora-t-il, un sourire grimaçant au visage, haussant les épaules.
- Appelles-la encore <Babe> Collins et je te jure que je me ferais un plaisir de t’enterrer lorsqu’elle aura fini de t’égorger, prévint une voix masculine, suave et familière.
Il se tourna et vit Magnus Wù. Le bel asiatique était vêtu d’une chemise grise sans col complètement boutonné sous une veste noire en velours, il avait enfilé un simple et pourtant assez moulant pantalon noir. Comme à son habitude, il était maquillé et arborait une coiffure souple. Il était toujours aussi séduisant. Et ce fut peut-être la raison pour laquelle Chuck le détestait. Celui-ci se leva d’un bond. Magnus demanda aux gardes du corps de Fedora de lâcher le brun. Ils lui obéir et partirent en cuisine. Magnus se mit face à eux et les toisa du regard avant de leur demander ce qu’ils faisaient ici.
- On est juste venu ici pour manger, expliqua Chase, essayant de calmer l’ambiance. On est pas venu ici pour chercher les ennuis, tu as notre parole.
- Votre parole ? répéta le bel asiatique, insistant sur chaque mot avant de glousser. Votre parole ne vaut rien.
- Peux-tu au moins nous laisser manger là ? Dès qu’on a fini notre repas, on paye et on part, lui promit-il.
- Vous me demandez de rester, commença-t-il après s’être assit à une table, les regardant avec mépris, un faible et craquant sourire aux lèvres. La réponse est, débuta-t-il, souriant, ses sourcils s’abaissant, laissant son front lisse, non, finit-il en secouant doucement sa tête de droite à gauche. Foutez-le camp d’ici, cracha-t-il avec dédain.
Chuck, qui s’apprêtait à se jeter sur le bel asiatique, se fit retenir par Chase qui voulut s’en aller. Seulement, le châtain avait dans son jeu une carte que ni Magnus et son charmant sourire ni Fedora et sa répartie n’avaient envisagé. Ils ne pouvaient pas s’en tirer comme ça. Il commanda une boisson spéciale que Chase ne connaissait pas. Il écarquilla les yeux en entendant le nom de < Cake by the Ocean served by a Stripper>. S’il ne savait pas en quoi consister cette boisson, il savait reconnaître des regards éberlués et médusés quand il en voyait. Il savait aussi reconnaître un homme furieux. Une veine palpitait sur le front du bel asiatique qui était enragé. Chuck le dévisageait avec mépris, un sourire malicieux aux lèvres. Le brun les contempla. Ils étaient tendus et prêts à se jeter sauvagement l’un sur l’autre lorsque l’un des deux abaissera sa garde. Ne voulant pas risquer de se prendre un coup de poing, il préféra se mettre en face d’eux. Magnus était prêt à attaquer, Chase lança un regard implorant à la blonde qui ne savait pas quoi faire. Elle posa le verre qu’elle était en train de nettoyer et se rua vers eux. Posant une main affectueuse sur le biceps de Magnus, elle le supplia de ne rien faire. De son autre main qu’elle fit reposer contre sa joue, elle lui caressa amoureusement la joue, lui demandant avec amitié de se calmer et de lui faire confiance. Détournant ses yeux de Chuck qui s’esclaffa, il lui avoua qu’il avait confiance en elle, qu’il l’aimait plus que tout. Il la prit par les épaules et, plongeant ses iris d’un or liquide, il lui confessa qu’il ne pourrait pas supporter de vivre sans elle. Reposant ses yeux sur le châtain, son expression tendre et amoureuse se transforma en une expression enragée. Trahi par le dégoût qui transparaissait dans sa voix lorsqu’il parla de Chuck, il reposa ses yeux sur Fedora, ce qui l’apaisa. Chase, qui assistait à tout ça, se demandait comment il pouvait arranger les choses. Quant à son ami, il souhaitait plus que tout se confronter à la rage de Magnus. Et pour cela, il n’avait qu’à raviver le feu qui brûlait son cœur, le venin toxique de la fureur coulant dans ses veines.
- Dégage d’ici avant je ne m’énerve, le prévint-il.
- Sinon quoi ? Tu ne veux pas assister au strip-tease de ta petite-amie ? le questionna-t-il en sachant très bien l’effet que ça aura sur le triangle Chase-Fedora-Magnus.
Magnus perdit son self-control, changeant radicalement d’expression en se ruant sur Chuck. Fedora s’interposa entre eux avant que les coups ne commencent à tomber. Elle plaqua sa main contre le torse musclé de Magnus, le stoppant dans son élan. Chase, de son côté, s’était aussi interposé, prenant Chuck par le col de sa chemise, lui demandant de lui expliquer en quoi consiste le < Cake by the Ocean served by a Stripper >. Chuck lui répondit, après qu’il l’ait lâché, que ça consistait à choisir une fille parmi par les serveuses afin qu’elle danse sur une chanson que le client qui a demandé le Cake by the Ocean. Chase ouvrit de grands yeux, comprenant enfin pourquoi Magnus et Fedora avaient été sidérés et surpris. Il se tourna vers eux et découvrit à quel point ils étaient complices. La blonde pressait amoureusement les biceps de Magnus, le calmant grâce à sa voix de sirène et à ses yeux lagon. Elle le lâcha, disant qu’elle le ferait et que, pour elle, ça ne signifie rien. Elle l’invita à s’asseoir et lui adressa un doux sourire. Elle se retourna vers Chuck et Chase, demandant au premier sur quelle chanson il souhaitait qu’elle danse. Il choisit, après un faux moment de réflexion, la chanson Stripper. Chase leva les yeux au ciel, soupirant. Il ne savait pas pourquoi ça lui tombait dessus… Fedora accepta et se dirigea vers le bar d’où s’éleva la musique entrainante de la chanson. Chase et Chuck s’assirent sur la banquette en cuir rouge, l’un à côté de l’autre. Le deuxième conseillant au premier d’en profiter, jeta un coup d’œil à Magnus qui serra le poing. Chase, qui était plus intéressé par Fedora que par la dispute entre ses deux amis, la contempla en train de monter sur le bar. Elle commença à se déhancher, d’abord dos aux garçons lorsque le premier couplet commença. Elle passa une main dans ses cheveux, les passant sur son épaule lorsqu’elle retourna, chantant à tue-tête la chanson. Elle sauta du bar d’un bond gracile. Elle se dirigea vers Chuck et Chase. Le premier tapant le tempo dans ses mains. Le deuxième se retourna vers Magnus dont les yeux fauves étaient rivés sur la table. Il ne l’avait jamais vu prit entre deux feux émotionnels. En même temps, le bel asiatique ressentait de la peine et de la fureur. Ce fut lorsque la chanson arriva en refrain que Chuck remit Chase sur le bon chemin, alors que ce dernier déshabilla Magnus du regard, cherchant quoi dire, hésitant. Fedora enleva son pull ainsi que son tablier de serveuse et les jeta à Magnus qui les rattrapa en vol. Il porta le pull à ses narines, s’enivrant du doux parfum de cannelle de la blonde. Elle continua de se déhancher ; s’abaissant parfois. Chase se mit à penser qu’elle avait beaucoup changé. En temps normal, jamais elle ne se serait déhanchée comme ça. La magnifique jeune femme qu’il voyait là était bel et bien Fedora, du moins, c’était bien son corps qui se mouvait devant ses yeux ébahis, mais la personne qui avait le contrôle de son enveloppe charnelle, ce n’était pas la douce et timide Fedora Dobronravov. C’était Phoenix Raise. Si Fedora était la douceur de la rose, Phoenix était l’ardeur du feu. Fedora était timide, réservée, sensible. Phoenix, elle, était extraverti, charmeuse et sexy. Bien qu’il aimait cet aspect ouvert, il la préféra quand elle était plus renfermée. Il détourna rapidement les yeux, comme Magnus, il n’en pouvait plus de cet affolent et séduisant spectacle. La chanson prit fin et Chase savait qu’il n’aurait pas dût regarder. Lorsqu’il leva les yeux, il vit que Fedora embrassait Chuck, sans pudeur. Mais, à voir l’expression de dégoût et de répugnance qui ornait ses lèvres charnues, ce baiser était forcé. Chase ne trouva plus la force de regarder. Il détourna les yeux et implora Magnus du regard de faire quelque chose. Ce dernier, déglutissant, hocha imperceptiblement la tête et se leva d’un bond, le pull de la blonde en main. Il se racla la gorge, informant Chuck et Fedora que la chanson était finie. Celle-ci se décolla avec violence du châtain. Elle se dirigea vers Magnus, portant seulement un soutien-gorge noir en dentelle, et lui prit le pull des mains alors que ses yeux cherchaient à se poser autre part que sur la poitrine de la blonde. Elle renfila son pull et les remercia de lui avoir permit d’avoir fini son service en avance.
- Comment ?
- Grâce à vous, j’ai fini mon service, il ne me restait que quelques minutes avant de pouvoir finir, expliqua-t-elle en faisant voler ses cheveux, maintenant si vous voulez bien m’excuser, termina-t-elle en haussant les sourcils, la tête abaissée. Je vous laisse.
Elle jeta un regard doux à Magnus qui lui tendit son bras. Elle le prit avec tendresse et s’en alla d’une démarche chaloupée, pareille à celle de Magnus, les abandonnant. Chuck, qui n’avait pas prévu ça, resta silencieux le reste de la soirée. Pour le plus grand plaisir de Chase qui prit sa tête dans ses mains, rageant. Il avait remarqué que le thorax de la blonde était marqué par un tatouage. Bien qu’il ne sache pas ce qui signifiait le tatouage, il était sûr que la langue utilisée était une langue asiatique.
En rentrant, sans n’avoir rien avalé, il s’affala sur son lit où il s’endormit. Il n’était pas que furieux, il était abattu car la femme qu’il aimait en aimait un autre. C’était évident. La seule personne qu’elle avait contemplé ainsi c’était lui avant qu’il ne fiche tout en l’air. Les yeux lagon de la blonde étaient constellés d’étoiles quand elle regardait Magnus. Elle se montrait douce et tendre avec lui. Son sourire, ses gestes envers lui étaient amoureux, affectueux. Il devait faire tout ce qu’il y avait en son pouvoir pour la reconquérir ! Peu importe les moyens qu’il devait fournir pour arriver à ses fins.
xxx
Magnus et Fedora se trouvaient devant la porte du loft de ce dernier. La blonde semblait un peu tendue. Ce qui était compréhensible avec la journée qu’elle a eu. Il ne cessait de la regarder et, lui prenant la main, lui assura que tout allait bien. Elle fit volte-face vers lui et le considéra avant de lui adresser un mince sourire. Il tourna son regard vers la porte d’entrée et saisit la poignée qu’il abaissa.
Il crut devenir sourd à cause des cris qui étaient au-delà du volume de la musique. Son appartement, déjà pas très lumineux lorsque le soleil se couche, avait été plongé dans le noir. Seule la peinture lumineuse et colorée, qui avait été posé sur les murs, lui permettait de voir quelque chose. Les invités, peints eux aussi de peinture fluorescente, venaient-ils de lui souhaiter un joyeux anniversaire ? Comment avaient-ils su ? Il se débrouillait toujours pour que personne ne soit au courant de cette date. Fedora se mit à ses côtés. Il restait toujours aussi interloqué. Il ne savait pas comment réagir. En voyant son trouble, la blonde se mit face à lui et, lui prenant les mains, elle l’informa que c’est elle qui avait organisé sa fête surprise d’anniversaire. Magnus ouvrit de grands yeux surpris. Il lui demanda, en criant, couvrant ainsi Johny de Sofi Tukker, comment elle avait su. La blonde lui conseilla avec un éclat de rire réjoui de ne pas se préoccuper de ça et de profiter de la fête.
- Je n’aime pas les surprises ! s’écria-t-il.
- Tu rigoles, j’espère ! T’es le roi des surprises ! Je ne sais jamais ce que tu vas faire ! avoua-t-elle.
L’asiatique fronça les sourcils et se mit à rire à son tour. Il devait avouer qu’il n’avait jamais participé à une fête fluo. Il avait toujours rêvé d’en faire une un jour et voilà que pour son anniversaire, son souhait venait de se réaliser. Il en aurait presque eu la larme à l’œil si la blonde ne l’avait pas sorti de ses pensées en le prenant par le poignet, le traînant au fond du loft. Il remarqua que les meubles avaient été déplacés pour permettre la liberté des mouvements de quelques danseurs inexpérimentés et alcoolisés. Les meubles et autres avaient été protégé par des bâches en plastique. Il reconnaissait là la responsabilité dont faisait preuve Fedora. Elle avait veillé à ce que tout soit parfait, à ce que les meubles soient protégés et à ce que le DJ passe de bonnes musiques. Il lui en était reconnaissant. Ils arrivèrent devant une jeune femme charmante. Elle avait peint son visage et quelques parties nues de son corps à l’aide de peinture fluo. Avec un grand sourire, elle demanda à l’invité de la soirée quelle partie de son corps il souhaitait qu’elle peigne. Vu qu’il avait du mal à répondre, ce fut Fedora qui lui répondit. Elle prit Magnus par les biceps, les pressant doucement, le mettant face à elle. Elle l’étudia en détail, se mordant la lèvre inférieure. Enfin décidée, un large sourire malicieux se dessina sur ses lèvres. Elle lui enleva sa veste en velours et déboutonna patiemment et délicatement la chemise de Magnus. Elle le fit se tourner vers la peintre qui avait son pinceau dans la main, les gouttes de peinture fluo coulant du pinceau.
- Le corps, l’informa-t-elle, une voix suave et un sourire en coin.
Elle le laissa en compagnie de la peintre tandis qu’elle alla chercher l’autre peintre qu’elle avait engagé. Magnus la chercha de tous les côtés, quelque peu inquiet. La peintre posa le premier coup de pinceau sur son torse musclé. La peinture était froide, si froide qu’il en trembla. Il laissa la jeune femme dessiner sur son buste, enlevant sa chemise afin d’éviter qu’elle ne soit salie.
Quelques minutes plus tard, la peintre lui annonça qu’elle avait terminé. Son attention était plus portée vers la foule d’invités. A force de contempler la foule, il s’était perdu dans ses pensées, en oubliant presque où il était. Revenant sur Terre, il remercia la jeune femme d’un charmant sourire conquis en admirant son travail. Il porta la main à son visage, ayant senti par ci par là les caresses froides d’un pinceau plein de peinture. Son index et son majeur étaient colorés de bleus. Il regarda attentivement les dessins de la peintre. Les dessins représentaient des flammes violettes qui parcouraient les muscles de ses bras et de ses avant-bras, s’abandonnant aussi sur les courbes saillantes de son torse. Il s’en alla à la recherche de Fedora. Il commença à s’inquiéter. Il ne savait pas où elle était. Il fit volte-face, à sa recherche. Sa respiration devint compliquée, son cœur battant à tout rompre. Il put presque frôler la crise cardiaque en sentant une main contre son épaule nue. Il se tourna brusquement et vit la blonde. Contrairement aux autres, elle n’avait pas beaucoup de maquillage fluo. Juste ses yeux et ses lèvres tendres et charnues en avaient bénéficié. Elle portait un haut de bikini jaune fluo, elle aussi torse nu. Ses cheveux relâchés étaient parsemés de mèches violettes, fluo elles aussi. Ses yeux étaient maquillés de bleu fluorescent, ses cils et ses sourcils avaient été nappés d’orange. Quant à sa bouche, elle avait bénéficié d’un peu de rose. Elle était radieuse, et pas qu’à cause de tout cette peinture phosphorescente. Redose de Prototypes se jouait à ce moment-là. La blonde s’approcha dangereusement de lui, collant leurs corps l’un à l’autre. Elle lui murmura, d’une voix suave, au creux de l’oreille, de se laisser aller. Il se sépara un peu d’elle et l’interrogea du regard. Un étirement angéliquement diabolique se dessina sur son visage. Elle posa son bras droit contre l’épaule nue de Magnus, la faisant descendre jusqu’à son omoplate. Se pinçant les lèvres, elle posa son autre main contre sa taille. L’asiatique lui adressa un sourire malicieux à son tour.
Si elle voulait jouer dans la cour des Grands, alors il la suivait.
Il la prit par la taille, la collant encore plus contre lui. Ils commencèrent enfin à se déhancher, l’un collé à l’autre. Fedora le laissa venir à elle. Magnus était enivré par la musique et par le parfum qui se dégageait de la blonde. Se collant plus à elle, il posa sa main à l’arrière de sa tête, passant sa main dans ses cheveux qu’il agrippa. Il la fit pencher la tête en arrière, lui donnant ainsi accès à sa nuque. Il se mit encore plus sur elle, leurs bassins l’un contre l’autre se mouvant avec sensualité. Il posa ses lèvres contre la peau du thorax de la blonde et y déposa un baiser tendre. La blonde se mordit la lèvre inférieure, penchant sa tête un peu plus en arrière. Il abaissa sa main droite pour prendre sa nuque d’un geste tendre, empêchant ainsi son cou de trop s’incliner vers le bas. Pour que ses lèvres soient toujours en contact avec la chair tendre de Fedora, il s’abaissa, se déhanchant toujours contre elle. Quant à elle, elle s’accrocha à lui en faisant remonter sa main gauche contre l’arrière de la tête de Magnus. Il fut de nouveau face à elle, la contemplant avec désir et amour. Elle se mordit la lèvre inférieure et, se mettant sur la pointe des pieds, posa ses lèvres contre celles de Magnus, les pressant. Troublé et exalté par le goût des lèvres de la blonde, il se laissait aller. Il ferma les yeux, rendant le baiser plus ardent. La langue de l’un explorant la bouche de l’autre, et inversement. Ils continuèrent la danse endiablée de leurs langues, rendant le baiser fiévreux et intense, comme l’indiquait le mouvement brutal de leurs mâchoires. Mais, alors que le baiser aurait put aller plus loin avec Fedora qui abandonner ses mains sur le torse de l’asiatique, celui-ci se retira soudainement, sentant que le goût cerise des lèvres de Fedora cachait en réalité autre chose, comme le baiser. Elle n’était pas elle-même…
- Fedora, est-ce que tu as bu ? lui demanda-t-il alors que la musique venait de changer.
- Deux… Ou trois verres, répondit-elle dans un éclatement de rire, ivre. Si j’avais été sobre, je ne t’aurais jamais embrassé, en tout cas, pas comme ça, l’informa-t-elle tandis que le DJ passait Battling Go-Go Yubari in Downtown L.A. de edIT. Trop timide ! s’exclama-t-elle, prenant une expression triste.
Il fronça les sourcils, incompréhensif, s’inquiétant pour son ami qui, visiblement, ne tenait pas l’alcool. La blonde éclata de rire en voyant l’air affolé de son ami. Elle le rassura en disant que tout allait. Il ne semblait pas convaincu. Et le fait qu’elle se déhanche sensuellement devant tout le monde, portant sa longue chevelure blonde, ne l’aidait pas à se réconforter. Cependant, elle avait raison sur un point. Jamais elle ne l’aurait embrassé en étant elle-même. Elle était trop timide pour ça…
Magnus resta immobile en la regardant danser. Il tenta tant bien que mal à lui faire entendre raison. Il la prit par les épaules, la stoppant net. Lui lançant un regard meurtrier, elle lui demanda pourquoi il la stoppe. Il plongea alors son regard fauve dans les iris bleutés de la blonde. D’une voix hypnotique, il la fit s’endormir. Le sol se déroba peu à peu sous elle, tombant lentement au sol. Magnus réussit à la rattraper. Il se baissa au bon moment pour la porter. Sa main gauche était contre sa nuque tandis que son avant bras supporta ses longues et fines jambes.
- Je te tiens, murmura-t-il tendrement en la contemplant.
La tête en arrière, la chevelure dorée et bronzée coulant, Magnus la porta comme une princesse évanouie et l’emmena jusqu’à sa chambre. Il ne put s’empêcher d’admirer la gorge de la blonde ainsi que son cou. Si elle, elle aimait son dos et les courbes de sa colonne vertébrale, lui, il pourrait contempler son cou blanc et son thorax qui avait été tatoué d’un symbole chinois.
[1] « Reine insolente » sassy faisant référence à une chanson de Kat Graham nommée Sassy Girl
[2] « don’t you ? » se traduit généralement par « n’est ce pas ? » en français. Mot en anglais dans le texte originel.
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