XI : PHYSICAL
Magnus était déjà réveillé. Depuis plus d’une heure, il était allongé dans le lit de Fedora. Rassurez-vous, il ne s’est rien passé. Il n’est pas dans les habitudes du bel asiatique de profiter des jeunes femmes endormies et ivres. La blonde dormait paisiblement et rien n’avait réussi à la réveiller. Il avait pourtant craint, qu’en se levant, qu’il la sorte du royaume de Morphée et qu’elle lui en veuille pour ça. Mais apparemment, quand elle était saoule, la jolie blonde dormait comme une souche. Il en avait donc profité pour se laver le corps de toute cette peinture fluorescente qui, le jour, n’avait plus rien de lumineux. Il en avait aussi profité pour se laver les cheveux ainsi que le visage peinturluré. Comme il était encore tôt, il ne s’était pas habillé ni maquillé. Il avait juste enfilé un nouveau slip propre pour ne pas être complètement nu face à Fedora. Il essayait d’être un minimum présentable devant elle. Il évitait d’être au naturel face à elle, préférant qu’elle le voie sous son meilleur jour. C’est pourquoi il se levait toujours en avance ; pour avoir le temps de s’habiller, de se coiffer et de se maquiller. Ce qui lui prend, approxativement, deux-trois heures. Mais, étant donné que la blonde dormait comme un bébé et qu’elle ne se réveillera pas avant neuf heures du matin, il ne voyait pas l’intérêt de se préparer à l’heure qu’il est. Il en avait aussi profité pour débarrasser Fedora de la peinture qu’elle portait encore. Il avait prit une éponge qu’il avait mouillé et l’avait passé sur le corps endormi de la blonde. Il avait caressé sa peau tendrement, la couvant amoureusement du regard. Le maquillage fluorescent était facile à enlever, ce n’était que de la peinture qui servait à dessiner sur les corps. Cependant, il avait fait très attention à ne érafler le tatouage de la blonde. S’il ne savait pas ce qu’il fallait faire pour en prendre soin, il savait qu’il ne devait pas trop y toucher et qu’il ne devait pas passer de savon tel que le gel douche dessus. Avec prudence et patience, il continua de nettoyer son thorax bientôt vierge de peinture.
Là, il était sur son téléphone, à traîner sur Instagram, comme à son habitude. La couverture couvrait ses jambes nues. Si la journée de la veille avait eu un accent printanier avec un grand soleil lumineux et un faible vent froid marin, la soirée était devenue hivernale. De peur de trembler de froid, il avait glissé le bas de son corps sous les couvertures épaisses couleurs crème. Ça ne le dérangeait pas d’avoir le torse nu avec un temps ibérique. Ironiquement, son torse était la partie de son corps qui dégageait le plus de chaleur. Cependant, il remonta un fin drap blanc en soie jusqu’à ce qu’il couvre la quasi-totalité de son torse aux abdos saillants, laissant son cou et son thorax nus, et donc vulnérables. Allongé sur le dos, la tête posée contre un coussin mis à plat, il continuait de faire glisser son index sur l’écran de son iPhone jusqu’à trouver un article concernant les actualités. Il cliqua sur un article et commença à le lire lorsque son téléphone, qui était assez proche de son beau visage, lui échappa des mains, tombant ainsi contre son visage. Il sursauta à cause de la douleur qu’il ressentait au niveau du nez. Il récupéra son téléphone, ses yeux papillonnant sous l’élancement que lui procurait son nez. Il se redressa un peu et reprit sa lecture, sans se soucier de la probabilité que son téléphone retombe contre son visage, le mal étant passé. C’était une douleur vive mais pas permanente, heureusement. Il commença sa lecture et de nouveau, son portable lui glissa à nouveau des mains. S’étant quelque peu redressé, son téléphone ne tomba sur son doux visage, à l’inverse, il avait rebondi entre ses pectoraux musclés et atterri sur son coussin, près du visage de Fedora. Il appréhendait sa réaction alors qu’il tentait de le récupérer. Dès que l’iPhone fut en sa possession, il se tourna vers la blonde, elle dormait toujours. Une vraie marmotte cette fille… Il soupira de soulagement et éteignit son portable, le posant sur sa table de chevet. Il se tourna vers elle, se couchant sur le côté, et la contempla tendrement en passant sa main gauche sous son oreille, s’y agrippant. Son visage face au sien, il n’eut qu’à tendre ses doigts fins et graciles pour caresser lentement et affectueusement ses traits endormis et paisibles. Un amoureux sourire orna ses lèvres tandis que la blonde poussa un adorable gémissement mécontent. Il réprima un rire et l’entoura de ses bras musculeux, l’os de son omoplate se contractant alors qu’il l’attira vers lui, collant leurs corps l’un contre l’autre. Il pouvait sentir le délicat parfum de sa chevelure, les narines blotties contre le haut du crâne de la blonde qui semblait s’agiter. Pourtant, bien qu’il pensait la tenir, elle réussit à se séparer de lui. Elle se mit dos à lui, maugréant. Il leva les yeux au ciel, moqueur.
Il se leva, ce qui la dérangea, au vu du soupir mécontent qui s’échappa de ses lèvres. Elle se tourna vers lui, ses magnifiques yeux jade le contemplant. Il marcha en direction des fenêtres qu’il ouvrit, sans prêter attention aux protestations de la blonde qui le supplièrent de ne pas faire ça. Il prit les pans des rideaux qu’il tira, laissant entrer une lumière vive. En se baissant un peu, il remarqua que la rue était enneigée.
Il laissa échapper un faible ricanement avant de s’asseoir sur le lit aux couvertures défaites de Fedora. Celle-ci, remarquant enfin que son séduisant ami était torse nu, se releva, plaquant la couverture sur son torse. Elle lui demanda, inspectant la pièce en tournant la tête de chaque côté s’ils avaient fait ce qu’elle avait en tête. D’un tendre gloussement moqueur, il lui assura qu’il n’avait pas profité d’elle alors qu’elle était endormie, prenant un jean noir qui se trouvait sur l’ottoman. Etant dos à lui, elle ne pouvait qu’admirer son dos délicieusement tanné par le soleil aux os saillants. Il enfila son pantalon, se tournant vers elle pour l’informer qu’il attendrait qu’elle soit prête pour faire l’amour. Elle sourit, ses joues s’empourprant. Elle baissa subitement la tête lorsqu’il se leva d’un bond du matelas, pour mieux mettre son jean sur son bassin, couvrant ainsi son slip noir. Il remonta la fermeture éclair de sa braguette, boutonnant les deux pans de son bas, se tournant vers elle, lui avouant qu’il ne voulait pas la brusquer en la forçant à faire quelque chose qu’elle ne voulait pas. Il fit quelque peu redescendre son pantalon sur son bassin, ayant encore le torse nu, pour le plus grand plaisir de la blonde. Il semblait chercher quelque chose, tournant frénétiquement la tête à la recherche de quelque chose pouvant le rendre moins vulnérable physiquement. Ses yeux se posèrent un peu partout dans la pièce lorsque ses doux yeux fauves se posent sur l’ottoman où il avait trouvé son jean. Il y vit un fin haut bleu ciel à manches courtes. Il s’y pencha, laissant échapper un petit cri vainqueur, ses yeux se plissant d’agacement en se rendant compte qu’il avait posé sur le petit canapé. Ses lèvres s’étirèrent en une grimance en coin, ce qui le rendit adorable aux yeux de la blonde qui réprima un rire. Il prit le t-shirt en main, ordonnant à Fedora de ne pas rire de lui. La tête baissée, les mirettes rivées sur le bout de tissu bleu qui était censé le couvrir, il essayait de ne pas s’attarder sur le fait que la blonde le dévorait du regard. Soudainement, un cri strident s’éléva de la cuisine, le faisant faire volte-face, l’air surpris, les sourcils relevés. Ses sens étaient en alerte. Fedora, qui devait avoir une gueule de bois infernale, plaqua ses mains contre ses oreilles, l’implorant de faire quelque chose, se plaignant d’avoir mal à la tête. Ne voulant plus perdre une minute, il enfila son haut et se précipita hors de la chambre de la blonde qui n’arrivait plus à supporter la sonnerie du micro-onde.
Magnus se rua vers la cuisine dont les hurlements incessants du micro-onde provenaient. Sur le plan de travail, il avait déjà posé tout ce dont Fedora avait besoin pour < soigner > sa gueule de bois. Thé au miel et au citron dans sa tasse préférée pour soulager sa gorge et la réchauffer, un jus de tomate, idéal pour l’aider à se réhydrater, un smoothie à la banane pour lutter contre les nausées, un verre d’eau de coco afin de rééquilibrer le taux de calcium, potassium, sodium et le magnésium grâce à la similarité de l’eau de coco avec le plasma sanguin. Sur le plateau, il ne lui manquait plus qu’une tisane detox. Il n’avait pas fait que traîner sur son portable et recevoir, deux fois, l’appareil électronique sur le coin du nez. Il avait apprit de ses erreurs ; plus jamais il ne prendra son téléphone dans le lit. Ses narines lui étaient encore trop douloureuses. Il se dirigea d’un pas gracieux vers le micro-onde qu’il ouvrit, faisant ainsi cesser la sonnerie. Il referma l’appareil après avoir prit en main une de ses tasses favorites qui était à présent remplie de tisane à la camomille. Il posa la tasse sur le plateau et, le prenant en main, il se dirigea vers la chambre de Fedora. Il ignorait pourquoi mais il aimait prendre soin des gens. Et la blonde n’y faisait pas exception. Il pensait à cette journée qui promettait d’être bien remplie…
Il entra dans la chambre où il vit que Fedora s’était rendormie. Il leva les yeux au ciel, soupirant. Il posa le plateau sur le lit et partit la contempler, réfléchissant à un moyen de l’éveiller à nouveau. Sachant qu’elle devait avoir un mal de tête horrible et que ses oreilles étaient un peu plus sensibles, il décida de se racler la gorge assez bruyamment, récoltant un gémissement mécontent, esquivant un coussin qu’elle avait tenté de lui lancer. Il gloussa alors qu’elle était sur le point de repartir pour le royaume de Morphée. Il roula les yeux dans ses orbites et entreprit de rouvrir les rideaux, que visiblement la blonde avait fermé alors qu’il était parti à la cuisine. La lumière vive se déversa dans la chambre, laissant entrer les rayons blancs du soleil qui se reflétaient dans la neige. La blonde se réveilla d’un bond, se mettant en position semi-assise. Elle grimaçait en le contemplant s’avancer vers elle. Il lui adressa un adorable sourire alors qu’il s’assit à ses côtés. D’un tendre geste, il glissa le plateau en sa direction, s’asseyant alors qu’elle le dévisageait avec cette même adorable moue. Elle tendit sa main vers le verre rempli d’eau de coco lorsqu’elle ressentit une petite tape sur les doigts. Elle retira sa main et l’interrogea du regard, surprise. D’un geste évasif, il lui conseilla de boire le thé, la tisane ou le jus de tomate. Elle ferma les yeux, assez lasse. Elle prit en main le thé et trempa ses lèvres dans la boisson chaude.
Quand elle eut fini, elle passa une main dans ses cheveux et lui demanda ce qui lui avait valu un réveil aussi rude, tandis que Magnus s’était levé. Il se tourna vers elle et l’interrogea du regard.
- Ne me dis pas que tu as oublié ? lui demanda-t-il, interloqué. On doit aller à Philadelphie, commença-t-il, soupirant, levant les yeux au ciel, pour prendre ce qu’il reste de tes affaires dans l’appartement de ton cousin, pour que tu puisses emménager ici, et faire les boutiques pour t’acheter de bons vêtements d’hiver, expliqua-t-il, vague. Crois-moi, en France, quand il fait froid, il fait froid. Donc, dépêches-toi de finir ton petit-déjeuner et de t’habiller, ordonna-t-il d’un ton impérieux et doux.
Elle haussa un sourcil. Il se retourna vers elle et la pressa. Elle obtempéra lorsqu’un bout de tissu atterrit au bout du lit. Elle leva la tête vers Magnus, la porte de son armoire était grande ouverte et l’asiatique se tenait à quelques centimètres de l’armoire. Les bras croisés sur ses pectoraux saillants, moulés par son haut, il la considéra, une lueur amusée brillait dans ses yeux tandis qu’un mince sourire orna ses lèvres.
xxx
Du côté de Manhattan, Chase espérait bien profiter de cette dernière journée avant de partir pour la France. Une bonne grasse matinée ne pouvait pas lui faire de mal… Par contre un sceau rempli d’eau froide agrémenté de glaçons, ça, ça pouvait lui faire mal ! Il se réveilla soudainement, bondissant. L’eau froide coulait sur sa peau, collant ses habits à sa chair. Les glaçons lui procurèrent de désagréables frissons dans le dos. La respiration haletante, son buste se mouvant, il chercha qui avait bien put lui balancer un sceau d’eau sur la figure, le contraignant ainsi à se réveiller d’une manière rude. Il s’assit sur son lit et demanda à son ami ce qui lui valait un éveil comme celui-ci.
- Ce n’est pas parce-qu’on a pas encore cours aujourd’hui que tu peux te permettre de faire la grasse mat’ ! s’écria son ami, réprimant d’éclater de rire.
- Et pourquoi pas ? On a rien à faire de toute façon.
- Figures-toi qu’en France, surtout dans les deux régions où on va aller, il fait très froid. Je ne tiens pas à tomber malade. Et toi, si tu attrapes un rhume alors que tu dois m’aider à draguer de belles françaises, je te tue avant de te botter l’arrière train.
- Et où est-ce que tu comptes acheter des vêtements chauds ? le questionna-t-il, narquoisement. Je te signale qu’il n’y a pas de boutiques de fringues d’hiver à New York, lui fit-il remarquer avec ce même sourire insolent.
- Pas à New York, mais à Philadelphie, si, lui répondit-il, un sourire malicieux aux lèvres.
Les yeux de Chase s’écarquillèrent, ouvrant ses lèvres de surprise. Non seulement, il était interloqué par cette destination, parce que Philadelphie est assez loin de New York, mais en plus il était sidéré que son ami ose choisir la ville où Fedora vit. Lorsque Chuck lui demanda si tout allait bien, le brun nota que la voix de son ami était teinté de moquerie sournoise. Il fit volte-face vers lui lorsqu’il reçut de plein fouet des vêtements. Sentant l’agacement et la colère monter en lui, il prit les habits et les abaissa de sa face, commençait à fulminer. Chuck lui conseilla de s’habiller ; lui faisant remarquer que Philadelphie est à deux heures de New York. Chase souffla, prenant les habits en main, les regardant de plus près. Il s’agissait d’une fine chemise lilas à fines rayures blanches et d’un pantalon de costume d’un marron assez clair. Il leva les yeux au ciel et partit se changer dans la salle de bain lorsqu’il ressentit une vive douleur au sommet du crâne. Il porta sa main sur sa blessure et regarda de tout les côtés, baissant la tête jusqu’à trouver une paire de chaussures italiennes noires et cirées dans laquelle se trouvait une paire de chaussettes. Une moue dédaigneuse se dessina sur son visage tandis qu’il s’abaissa, prenant en main les chaussures. Il se dirigea d’un pas traînant en direction de la salle de bain.
Arrivé devant la porte, il la considéra longtemps. Il se demandait s’il ne pouvait pas s’allonger sur le pas de la porte, les vêtements que Chuck lui avaient jeté à la figure en guise de couvertures et de matelas. C’était une idée séduisante à son goût mais il perdit vite son sourire ravis en se rappelant que le châtain avait une façon bien à lui de réveiller les gens. Alors, il décida d’entrer dans la pièce. Il referma la porte derrière lui, se dirigeant vers le miroir d’un pas prudent et tremblant. Il ne savait pas s’il était en plein rêve ou s’il était dans la réalité. < Les glaçons et la sensation de froid avaient bien l’air réel > lui fit remarquer son esprit alors qu’il était face à la vasque. Il ordonna à son esprit de se taire tandis qu’il hésitait à lever son regard vers le miroir, de crainte d’avoir une vision horrible. Il avait déjà rêvé qu’il s’était retrouvé dans le corps de Magnus et il craignait de voir apparaître son reflet douceâtre. L’asiatique était beau à en avoir le souffle coupé, ça, Chase ne le contestai pas mais il préférait son propre corps… Il mit fin à des pensées illogiques et – quelque peu perverses - en se mettant une claque mentale. Il prit une grande bouffée d’air, plaquant ses mains sur la vasque. Il leva peu à peu son visage, ouvrant lentement les yeux, découvrant son reflet. Un soupir de soulagement s’échappa de ses lèvres. La glace lui montrait son visage, à lui. Lui qui pensait avoir une tête terrifiante ce matin là… Ses grands yeux océans avaient retrouvé un semblant de lumière. Ils rayonnaient. Son teint n’était plus aussi cireux et blafard que la veille. Il avait retrouvé un semblant de couleur. Ses joues – qui avaient été creusées par les larmes salées – avaient prit un de grosseur. Ses cheveux bruns étaient désordonnés, négligés comme Magnus lui aurait fait remarquer. S’étant rasé la veille, aucun début de barbe n’était à effacer. Il était heureux de se retrouver. Il n’avait pas tant changé que ça, physiquement du moins. Il était toujours aussi outrageusement séduisant. Il sourit à son reflet d’une manière assez coquine, se faisant des clins d’œil charmeurs. Son regard glissa sur son buste qui était moulé dans son t-shirt. Ses muscles – abdominaux et pectoraux - n’avaient jamais été aussi saillants. Il se dévêtu, jetant ses vêtements sales dans une corbeille en osier.
Après s’être habillé, il décida de se coiffer les cheveux. Il prit un peu de gel et commença à se coiffer lorsque son téléphone vibra sur le bord de la vasque. C’était un message de Chuck qui le pressait, vulgairement, de se dépêcher. Chase mit la touche finale à sa coiffure et s’en alla, prenant son portable, le glissant dans la poche de son pantalon. Il sortit de la salle de bain et se précipita vers le salon, trébuchant presque. Chuck se tourna vers son ami, un verre de whisky dans la main.
- Tu penses pas que c’est un peu trop tôt pour la boisson ?
- Tu ne penses pas que c’est un peu trop tôt pour les réprimandes ? le questionna-t-il à son tour, la voix mielleuse.
- Gna gna gna, rétorqua le brun, sans trop trouver de réponses adéquates.
- Quelle répartie ! s’écria son ami, éclatant de rire. Au fait, tu devrais prendre ça, l’informa-t-il en lui jetant une arme à feu, qu’il rattrapa au vol.
- Merci mais… C’est pour quoi faire ? l’interrogea-t-il, ne sachant pas pourquoi il aurait besoin d’une arme pour aller à Philadelphie.
- Au cas où, répondit-il, on ne sait jamais ce qu’il va arriver là-bas… En route !
Le fait que Chuck soit aussi énergique dès le matin fatigua le brun qui roula ses mirettes dans ses orbites. Il était déjà épuisé par l’énergie débordante d’Harisson.
***
Chase se tourna vers Chuck, lui demandant s’il était sérieux. Chuck se retourna vers lui, haussant les sourcils, argumentant sur le fait qu’une limousine ne passera pas inaperçue là-bas et que ça risquerai de faire tâche. Chase rétorqua qu’ils étaient habillés de smooking et lui demanda s’il ne craignait pas qu’eux aussi ne fassent < tâches > à Philly. Il haussa les épaules.
- Oui, mais j’aime bien…
Chase se pinça les lèvres, se mordant la partie inférieure de sa bouche, fermant les yeux. Il réprima une réplique cinglante et monta à bord du 4x4 noir, s’asseyant à la place du passager. Son arme était dissimulée sous son t-shirt, reposant entre sa chair et son pantalon. Quant à celle de Chuck, il ne préférait pas savoir. Il fit donc disparaître ses mauvaises pensées lorsque Chuck entra dans le 4x4. Il démarra le véhicule et commença à conduire. Sauf qu’à son grand étonnement, Chuck les dirigeait vers une pompe à essence. Lorsqu’il se stoppa, Chase comprit qu’il devait faire le plein quand son ami descendit de la voiture, prenant avec lui son porte-feuille. Pour patienter le temps que le châtain fasse le plein, Chase décida d’écouter de la musique. Donc, il sortit son portable ainsi que ses écouteurs sans fil qu’il connecta à l’iPhone et déroula sa playlist jusqu’à tomber sur Be Mine de Ofenbach. Il plaqua sa tête contre le dossier de son siège, ses paupières se fermant peu à peu, prêt à sombrer dans le royaume de Morphée, lorsqu’un bruit de moteur le tira de sa tentative de relaxation. Il ouvrit les yeux et vit qu’un scooter se trouvait devant une pompe à gaz. La personne, vraisemblablement masculine, assise sur la moto en descendit et enleva son casque. De loin, le garçon lui fit penser à Charles, son cousin. Ils faisaient la même taille, les cheveux de Davis étaient semblables à ceux de ce garçon, la même couleur châtain. Néanmoins, il ne pouvait pas en être sûr à 100% car le garçon ne se tournait pas vers lui. Chase n’entrevit que son profil. Il se demandait qui il était. Il savait qu’il ne pouvait s’agir de Magnus ; ce dernier préférait rester à Brooklyn. Il continuait de dévisager l’inconnu aux allures familières lorsqu’un bruit de portières qu’on ouvre le tira de ses pensées. Il se tourna et vit Chuck. Il semblait fin prêt à conduire. Chase esquissa une moue à la Magnus Wù, faisant volte-face vers le jeune homme au scooter. Mettant sa ceinture, Chuck l’interrogea sur la personne qu’il était en train de mater comme s’il s’agissait de Magnus Wù. Chase laissa entendre son agacement en soupirant, levant les yeux au ciel.
- Ce n’est pas parce que j’ai couché avec un mec que je suis gay, d’accord ? dit-il. C’est juste que j’ai l’impression de connaître ce garçon… J’ai l’impression que c’est Charles…
- Charles ? Charles, ton cousin ?
- Oui ! Pas Charles McStan !
- Tu sais si il a un scooter ? Si il l’a eu pour son anniversaire ?
- Tu sais, mes cousins ne me tiennent pas en courant des cadeaux qu’ils reçoivent, répondit-il, assez las.
Le garçon suspect aux yeux des deux amis ayant fini de gonfler les pneus de son véhicule, enfila son casque et paya. Il baissa la vitre du casque et monta sur le scooter. Il le démarra et partit en direction de Philadelphie. Chuck coula un regard en coin à Chase dont le visage était illuminé par un sourire. Chuck démarra le 4x4 et prit la même direction que le scoot. Chase suspecta son ami de se faire guider par le GPS de son iPhone. Son sourire en coin ne disparut pas, il continuait d’admirer la route qui s’étendait devant eux. D’après les estimations de Chuck, le trajet prendrai deux heures et quatorze minutes, en passant par le New Jersey et par l’autoroute. Ce n’est pas qu’il n’aimait pas le paysage devant lui, mais il n’aimait pas le paysage face à lui. C’est pourquoi il laissa ses paupières se fermer, l’entraînant dans un sommeil réparateur dans les bras de Morphée.
***
Chase se réveilla sereinement en entendant que le moteur venait de s’arrêter. Ouvrant lentement les yeux, ses pupilles se dilatèrent, se faisant peu à peu à la lumière vive causée par la neige qui était reflétait par les faibles rayons solaires. Il s’étira, faisant craquer son dos et les os de ses épaules, la musique coulant à flot dans ses oreilles. Il abaissa ses bras, les faisant tomber le long de son corps. Il bailla et, s’apprêtant à retomber dans le royaume de Morphée, il referma les yeux. Soudain, il se fit de nouveau réveiller par un tambourinement sauvage sur sa vitre. Il ouvrit deux grands écarquillés, se demandant ce qu’il se passait. Il se tourna vers sa fenêtre et vit Chuck. C’était donc lui. Il avait tellement bien dormi qu’il en avait oublié son ami et la raison de leur venue dans la ville de Philadelphie. Posant une main sur le pommeau de son arme, il défaisait sa ceinture de sécurité et sortit du 4x4. Chuck verrouilla le véhicule, se tournant vers lui, lui adressant un doux sourire triomphant. Ayant un peu froid, le brun rangea ses mains dans les poches de son pantalon, grelottant tandis que son ventre criait famine. Il accusa Chuck de ne pas lui avoir permis de prendre un petit déjeuner convenable. Chuck se tourna vers lui et, enroulant un bras protecteur autour de la nuque de son ami, le rassura en lui disant qu’il avait prévu le coup et qu’il l’invitait au restaurant pour un petit déjeuner copieux dans un bar de Philadelphie. Il faisait clairement plus froid à Philly qu’à New York. Il gelait sur place. Il fit donc part de ses inquiétudes concernant sa survie à son ami qui lui montra une devanture de bar. Chase eut un cri émerveillé, son corps et son cœur se réchauffant. Ils marchèrent d’un pas rapide en direction du restaurant qui n’était qu’à quelques mètres d’eux. Ils se mirent presque à courir pour pouvoir se réchauffer auprès d’une assiette garnie de pancakes, de gaufres, de donuts avec un café ou un thé en boissons chaudes. Chase en salivait déjà. Il avait tellement faim que son ventre le poussa à ralentir la cadence, ayant un point de côté. Il se stoppa net, se prenant Chuck de plein fouet qui failli le faire trébucher. Il se retourna vers son ami et lui demanda quelque peu agacé pourquoi il lui a rentré dedans. Lui aussi était devenu adepte des moues dédaigneuses de Magnus. Il lui montra la devanture du bar d’un mouvement de tête, lui annonçant qu’ils étaient arrivés. Le brun s’excusa, gloussant et entra dans le restaurant où une alléchante odeur de pancakes le fit saliver. Il alla s’asseoir à une table, attendant que Chuck, qui reprenait haleine, vienne s’asseoir avec lui. Une serveuse arriva et, avec un magnifique sourire, leur demanda ce qu’ils souhaitaient manger. Chase passa sa commande : pancakes nappés de sirop d’érable avec une lichette de beurre ainsi qu’une tasse de café. Quant à Chuck, il préféra des gaufres saupoudrées de sucre glace avec un quartier de fraise et un cappucino. Dès qu’elle eut noté leurs commandes en griffonnant sur son petit calepin, elle les quitta, un grand et radieux sourire aux lèvres. Chase pouvait donc admirer l’endroit où ils étaient assis. Les banquettes étaient en cuir noir, le plateau des tables fait en une matière proche de celle de l’aluminium, le sol avait été en damier - carreaux noirs et carreaux blancs -. Derrière le comptoir se trouvaient plusieurs étagères où des bouteilles d’alcool et différents verres trônaient. Le bar était vide, après tout, il n’était que six heures du matin, ce n’était pas étonnant. Il se mit à rire en pensant à l’heure, un sourire mélancolique ornant son visage. Ayant noté que son ami agissait bizarrement depuis sa rencontre avec Magnus, il lui demanda si tout allait bien.
Mais Chase ne l’entendait pas, trop occupé à rêvasser. Il se souvenait de quelque chose avec Magnus. Il se souvenait que celui-ci adorait prendre un bon café quand il faisait le chemin ensemble pour aller au lycée. Parfois, il prenait même un sandwich qu’il mangeait sur la route, lui en tendant quelques fois un bout lorsqu’il avait très faim. Il lui demandait pourquoi il prenait un sandwich à une heure aussi matinale. La plupart du temps, il ne lui répondait pas, argumentant sur le fait qu’il n’en voyait pas l’intérêt. Et quand ça lui chantait, il lui répondait simplement que ça devait être l’heure de dîner quelque part dans le monde, le narguant en mettant un bout de son encas dans sa bouche, lui adressant un clin d’œil moqueur, souriant avec triomphe.
Cependant, en bout du troisième appel de Chuck qui commençait à être agacé par son comportement rêveur, Chase revint à la réalité en lui demandant pourquoi il lui criait dessus depuis une demi-heure. Chuck lui lança un regard meurtrier, accompagné par un soupir las et une expression contrariée. Il lui fit signe de regarder à travers la vitre. En effet, Chase s’était installé à une table donnant une vue imprenable sur la rue. Intrigué, il lui obéit et se tourna vers la rue, sentant qu’une vague de pancakes venait de déferler. Même s’il était affamé, il ne se tourna pas pour en goûter un morceau. Il continuait de fixer la rue jusqu’à apercevoir une silhouette féminine et familière qui allait passer devant le bar.
Il se leva maladroitement. Il faillit trébucher et bouscula une serveuse qui le houspilla alors qu’il progressait vers la porte de sortie. Il sortit du bar, cherchant Fedora en tournant la tête dans tous les côtés, soudainement prit par l’inquiétude. Il la chercha partout du regard, à part face à lui. Elle progressait en sa direction, le téléphone dans les mains et souriante alors qu’elle devait parler avec quelqu’un qui la rendait heureuse, à la vue de ce si beau sourire. La blonde était vêtue d’une robe courte d’un captivant bleu marine à col montant sous une veste rouge bordeaux en cuir afin de protéger ses frêles épaules. Elle avait noué sa chevelure en un chignon bas et tressé. De là, où il était, il n’arrivait pas à distinguer si elle était maquillée ou non. Quoi qu’il en soit, elle était magnifique. Elle était si radieuse que le soleil s’était éclipsé. Le fragile cœur de Chase continua de battre la chamade contre sa cage thoracique. Son souffle devint saccadé et chaque cellule de son corps tremblait de désir en la voyant accoutrée ainsi. Sachant que sa trajectoire était en ligne droite, Chase se positionna afin qu’elle tombe sur lui. Il était droit, planté au sol tandis qu’elle avançait dangereusement vers lui. Il sentit un regard sur lui. Il se retourna et vit que Chuck, qui était en train de savourer ses gaufres, l’espionnait. Chase espéra juste que la blonde ne l’enverra pas bouler comme la veille. Une petite voix dans sa tête, fluette et désagréable – comme celle de Carter Jones – lui fit remarquer qu’elle était en compagnie de Magnus Wù la veille ; alors qu’actuellement, elle était seule dans la rue en train de marcher vers lui. Bien qu’il donne raison à cette voix, il lui demanda de se taire et de voir la suite des événements.
Et justement, il n’allait pas tarder à le savoir. Fedora leva les yeux de son portable, notant qu’un obstacle lui barrait le chemin. Lorsque ses yeux croisèrent de Chase, elle roula ses mirettes dans ses orbites, ennuyée et agacée par le brun. Elle décida de rebrousser chemin, Chase sur ses talons. Alors qu’elle demeura muette à toutes les questions qu’il lui posait, elle soupira de lassitude. Le brun continuait de marcher à ses côtés, les mains dans ses poches, son arme lui faisant un peu mal au fur et à mesure qu’il avançait, la bombardant de question. Elle fuyait ses interrogations, les yeux rivés sur son portable. En devenant un peu las, il décida de se mettre face à elle, marchant à reculons.
- Fedora, commença-t-il, je sais que je t’ai brisé et tu as le droit de m’en vouloir pour ça, dit-il, sincère et doux. Mais, ne renies pas tes sentiments pour moi…
- Mes sentiments pour toi ? Quels sentiments ? Je n’éprouve que du dégoût envers toi, l’informa-t-elle, méprisante, se stoppant net afin de lui faire face. Alors, garde tes paroles doucereuses pour quelqu’un d’autre. Sur moi, ce genre de choses ne fonctionnent plus, dit-elle en lui donnant un coup d’épaule, le bousculant.
- C’est Magnus qui t’as conseillé de dire ça ? questionna-t-il, la tête basse, un sourire malicieux se dessinant sur ses lèvres tandis qu’elle le contournait, le dépassant.
- Ne le mêle pas à ça ! le prévint-elle en se retournant vivement face à lui, les lèvres tremblantes, la voix cassée teintée de haine, les yeux embrumés. Tu nous as suffisamment fait souffrir comme ça.
- Il ne te comprend pas comme je te comprends, commença-t-il en la prenant par les épaules. Il ne te connaît pas comme moi je te connais. Il ne t’aime pas comme moi je t’aime… soupira-t-il, sa voix se brisant dans un sanglot.
- J’aime Magnus et ni toi ni une quelconque force obscure ne me fera changer d’avis. Alors, pousses-toi de mon chemin, sinon, c’est moi qui te pousses, le prévint-elle en lui faisant subitement dos.
Chase se mordit la lèvre, la contemplant en train de s’éloigner de lui. Ses yeux s’abandonnant avec plaisir sur ses courbes attirantes lorsqu’il remarqua que le col de la robe de Fedora était en réalité deux pans qu’il fallait nouer pour que la robe tienne. S’il s’écoutait, il ne jouera pas à ça avec elle, pas dans l’état de trouble dans lequel elle se trouve. Mais cette idée était tentante. Peut-être même qu’elle ouvrira les yeux sur les sentiments qu’elle éprouve pour Magnus et pour lui. Si le premier est la tendresse incarnée, le deuxième est la passion même. Et il ne comptait pas laisser l’objet de son désir et de son trouble tomber dans les bras musclés et tendrement protecteurs d’un certain asiatique possédant une beauté rare et à en avoir le souffle coupé. Il releva la tête, les lèvres entrouvertes, la dévorant toujours du regard lorsque sa bouche émit une phrase qui sortit de ses cordes vocales. Elle n’était pas si loin de lui, et du 4x4 de Chuck qui se trouvait juste derrière un certain scooter familier. Elle se retourna vivement, plaquant sa main contre sa nuque, la tâtant afin de savoir s’il disait vrai en disant que le nœud était en train de se défaire. Il sût alors qu’il avait réussi à l’attirer vers lui en lisant sur son visage une expression de dégoût et d’agacement. Elle soupira, fermant les yeux alors que ses paupières tressaillirent. Et comme il s’en doutait, elle se précipita vers lui, tenant toujours le nœud qui menaçaient de se dénouer. Enfin face à face, il put mieux admirer son joli visage. Elle n’avait pas ajouté d’artifices, juste un peu de rouge à lèvres cerise. Se mettant dos à lui, elle l’intimida de ne rien faire qu’il pourrait regretter. Un sourire narquois s’étira sur son visage conquis, ses yeux brillant de malice. Il prit les deux pans du nœud, effleurant la fine peau blanche du cou de la blonde, qui avait suffisamment abaissé sa veste pour qu’il puisse renouer les deux pans de sa robe.
Il avait crut, un instant , que la sensation de ses doigts contre sa chair lui aurait arraché un frisson. Mais, elle n’avait pas tressailli une seule minute… Il laissa échapper un souffle chaud contre la peau de Fedora qui, par deux fois, avait tremblé imperceptiblement à la vue de Chase, se mordant la lèvre inférieure. Il nota que de fines cicatrices étaient taillées sur son cou, signe qu’elle avait dût se faire enlever l’étoile rouge et l’inscription pour les remplacer par un autre tatouage. Il dégagea sa nuque de ses cheveux blonds, admirant ainsi l’œil d’Horus qui trônait seul dans son cou. Il devait être récent, la couleur n’avait pas encore faiblie d’après ce qu’il pouvait en voir.
Il rabattit les cheveux de Fedora sur sa nuque et lâcha brutalement les deux pans de la robe. Ce qui eut le don de la faire sursauter de surprise et de peur, posant sa main contre son thorax afin d’éviter que la robe ne tombe, dévoilant ainsi son buste. Elle fit volte-face vers lui et elle le contempla avec haine. Il avait croisé ses bras contre ses pectoraux, sa tête penchée sur le côté, laissant son regard la pénétrer tandis qu’une lueur de fureur brûlée dans ses mirettes. Elle murmura, d’une voix empreinte de rage – et de tristesse, lui avait-il semblé durant un instant -, les lèvres tremblantes et les yeux rouges, qu’il allait lui payer. Elle se mit dos à lui et tenta, tant bien que mal de fermer sa veste. Néanmoins, elle semblait avoir réussi à attacher sa veste, ce qui étonna le brun qui releva la tête, interloqué et quelque peu fier d’elle. Elle ne se laissait plus aussi facilement abattre. Elle fuyait loin de lui et de ses magnifiques yeux jusqu’à arriver à un immeuble, sûrement celui où elle vivait quand elle était à Philadelphie. Il la vit entrer, l’abandonnant.
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Charles, Bill étaient en compagnie de Magnus. Ils avaient absolument tenu à le rencontrer. Et les voilà ensemble, assis dans le canapé, l’un sirotant un verre tandis que les autres étaient morts de rires devant les anecdotes dont Magnus les comblait. La plupart concernée une seule et même personne que les trois garçons ont déjà vu ou connu : Chase Collins, ou comme on l’appelait autrefois, Chase Jones. Charles semblait être heureux de savoir que celui-ci qu’il prenait pour son cousin n’était pas de sa famille en réalité. Ils auraient pu continuer d’en parler si la porte ne venait pas de s’ouvrir à la voler, les interrompant subitement dans leurs conversations. C’était Fedora. Elle semblait essoufflée, sûrement dût au fait qu’elle venait de monter les marches quatre à quatre. Elle jeta un coup d’œil à ses amis et s’en alla précipitamment avant que l’un d’eux n’eut le temps de lui demander si tout allait bien. Elle se précipita vers sa chambre d’un pas enragé et vif. Magnus, qui s’était levé, prêt à la prendre dans ses bras afin de la réconforter et de la calmer, la contempla alors qu’elle était en train de s’éloigner de lui, presque en pleurs. Il devina que quelque chose l’avait, de nouveau, réduite aux pleurs et à la rage. Il se retourna vers ses nouveaux amis qui le regardaient, interrogatifs au sujet de la blonde. Il baissa les yeux, passant sa langue sur sa lèvre inférieure, reposant ses yeux sur eux.
- Chase, les informa-t-il, crachant presque sur le prénom du brun, comme si c’était une évidence.
Il l’avait sut dès qu’elle était en train dans la place. Personne d’autre que lui ne pouvait détruire une personne ainsi, la réduisant juste à une enveloppe charnelle qui ne ressent rien d’autre que la douleur, la tristesse et la haine. Il l’avait déjà réduit à être enfermé dans son propre corps qui était tiraillé par les pleurs qu’il versait, par le sang qui bouillait en lui, par ses organes qui se compressaient, ses muscles qui s’étiraient – lui arrachant à chaque mouvement un horrible cri mortel – tandis que son cœur, martelant ses os à chaque battement, se consumait. Il venait à se détester d’être ce qu’il était. Il ne cessait de se répéter qu’il n’était qu’un affame bisexuel et lorsqu’il se regardait dans le miroir, il récoltait 7 ans de malheur supplémentaires. Il en était venu à se haïr. Lorsqu’il a fait une rencontre, à l’université. Il était au plus bas à ce moment-là. Aucune paillette ne venait faire briller son corps divin, ses cheveux ne connaissaient pas encore les coiffures extravagantes et il était habillé normalement. Puis, une belle jeune femme aux cheveux flamboyants et aux yeux verts, accompagnée de son petit-ami, l’avait aidé. Il avait retrouvé l’assurance qu’il avait et osait se montrer tel qu’il était au fond. Il avait donc reprit les habitudes qu’il avait au lycée. Il s’était enfin senti lui-même. Il avait trouvé sa deuxième famille en compagnie de Jonathan, de Clara et d’Isabelle. Ils lui avaient permis d’être celui-ci qu’il est à présent : un séduisant séducteur à la personnalité complexe et aux goûts extravagants et flamboyants. Il savait à quel point Chase était destructeur et à quel point l’amour qu’on ressent pour lui est fort et qu’il nous consume tel un feu consumant une rondelle de bois.
Ne voulant pas qu’elle vive ce qu’il a vécu pendant longtemps, il décida d’aller la rejoindre, se précipitant dans sa chambre. Il ne comptait pas l’abandonner et perdre un être cher.
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Pendant que Magnus essayait tant bien que mal de réconforter Fedora, esquivant livres, peluches, coussins, et même un escarpin qui se planta dans le mur près de Magnus sous ses yeux ébahis, Chase tenté de déchiffrer les noms qui se trouvaient sur le boîtier de l’interphone. Alors qu’il cherchait le prénom Fedora, il se rappela qu’elle avait changé de nom et qu’il devait regarder pour Phoenix Raise. Il glissa son index sur les noms et finit par la trouver, souriant victorieusement tandis qu’un petit cri de triomphe s’échappa de ses cordes vocales. Il espérait juste que la porte ne soit pas fermée. Il posa prudemment sa main sur la poignée et l’abaissa. Un clic métallique lui fit comprendre que la porte était déverrouillée. Il entra dans l’immeuble après avoir vérifié le numéro de l’étage où l’appartement de la blonde se trouvait. C’était le troisième étage, il semblait que seule Fedora vive à cet étage.
Il monta les marches quatre à quatre, vérifiant les numéros des appartements d’un œil rapide et vif. Bien que les escaliers soient longs, il ne souffrait d’essoufflement. Pour lui, ce n’était qu’une petite course. Il avait tellement hâte de la voir à nouveau et de lui expliquer tout ce qu’il s’est passé que son cœur en battait la chamade. Il s’imaginait, qu’en se répandant en excuse, elle finirait par le pardonner, lui avouant qu’elle l’aime d’un amour fou et passionné et qu’elle le prendrai dans ses bras. Il s’imaginait déjà vainqueur, sa chair frissonnant en pensant juste à la serrer dans ses bras et à la sentir si près de lui. Un parfum de cannelle l’enivra, ses lèvres ressentant un manque, un goût de cerise s’étalant sur sa bouche.
Enfin arrivé devant l’appartement de Fedora, il prit une grande inspiration, se demandant si ce qu’il comptait faire était une bonne idée ? Il devrait probablement attendre le lendemain pour lui en parler, quand elle serait un peu plus calme. De là où il se trouvait, à quelques centimètres de la porte, il entendit une rumeur amusée. Comme des éclats de rire et des hoquets. Il s’approcha un peu plus de la porte, tendant l’oreille en essayant de distinguer les voix présentes dans l’appartement. Mais tout ce qu’il entendit, c’était le fou rire dans lequel était prise la blonde. Jamais il ne l’avait entendu rire d’une façon aussi joyeuse, libre et ivre. Elle devait être saoule de bonheur, sans lui à ses côtés. Un sentiment aussi venimeux que la haine et la vengeance s’insinua violemment dans ses veines. Il passa sa langue sur ses dents, pensant à des choses pas très catholiques. Comme le meurtre. Cependant, il réussit à se reprendre en se mettant une claque mentale, affichant un grand sourire alors que sa main, sans qu’il s’en rende compte, se porta sur la porte. Il tambourina à la porte, faisant ainsi cesser la rumeur de la conversation. Il entendit que quelqu’un venait de se lever, le parquet grincer sous les pas de la personne qui allait lui ouvrir. < Pitié, faites que ça soit elle… Je vous en supplie, par pitié… > marmonna-t-il, les yeux fermés, la tête penchée en arrière tandis qu’il espèrait que la blonde lui ouvrirait. Il entendit que la porte s’ouvrit. Il rouvrit ses mirettes océans, remettant sa tête à la normale, se rendant compte, avec deception, que la personne face à lui n’était pas Fedora. Il s’agissait de son cousin Charles et il ne semblait pas ravi de le voir. Après avoir soupiré, il leva les yeux au ciel et s’apprêta à fermer la porte lorsque Chase le stoppa dans son élan, plaquant sa main contre le bois de la porte, l’empêchant de la fermer.
- Charles, commença le brun, laisses-moi entrer. Je veux juste lui parler et m’expliquer, lui expliqua-t-il.
- Bah voyons, rétorqua son cousin, peu disposer à le croire, roulant des yeux.
- Il faut que tu me croies ! s’obstina-t-il à répéter devant un Charles obsédé par l’envie de lui mettre une gifle.
- Qu’est ce que tu n’as pas comprit dans la phrase < je n’ai plus de sentiments pour toi > ? le questionna-t-il.
- S’il te plaît Charles, le supplia-t-il, je n’ai pas l’attention de lui faire du mal. Je veux juste m’expliquer avec elle. Si elle veut que je sorte de sa vie alors je le ferais mais pour le savoir, je dois lui parler. Et dès que ça serait fait, je disparaitrai de sa vie, lui promit-il.
- Je suppose que je n’ai pas trop le choix de toute façon, soupira-t-il, se pinçant l’arrête du nez.
Il le laissa finalement entrer dans l’appartement de la blonde. L’appartement était assez grand, les murs avaient été peints en un magnifique bleu canard. Un canapé jaune avait été posé contre le mur du fond tandis qu’à côté du sofa se trouvait un lampadaire. Une table circulaire en verre, face au canapé, était entourée de poufs verts anis. A sa gauche se trouvait une large fenêtre qui était la seule source de lumière naturelle dans l’appartement. Chase remarqua qu’il n’y avait aucun écran de télévision ou un quelconque appareil électronique dans le salon. La blonde avait voulu, selon lui, garder cette pièce saine de toutes perturbations électroniques. A l’instar de Magnus, elle privilégiait les endroits calmes et vides de nuisances sonores. La présence d’une large bibliothèque avec une collection pharaonique de livres lui fit aussi prendre conscience qu’elle aimait la lecture. Comme Magnus entre autre. Il progressa dans le salon jusqu’à ce que Charles le stoppe net en posant sa main contre son thorax. Il lui conseilla d’attendre que quelqu’un les remarque. Et ce ne fut pas très long… Bill, qui était planté devant la fenêtre, les bras croisés sur ses pectoraux, le jugea. L’androgyne était habillé d’un t-shirt à manches courtes moulant, d’un jean près de son corps mince et frêle. Il avait orné son cou d’un collier ras de cou noir en cuir, ses fins bras laiteux étaient nus, permettant ainsi de discerner les bijoux qui pendaient à ses poignets comme des bracelets de forces en cuir. A l’instar de Magnus, Bill portait des bagues à ses fins doigts graciles. Chase nota que ce dernier, dont les cheveux noirs corbeaux parsemés de mèches blanches étaient hérissés en une crinière de lions ou en piques d’hérissons, ne semblait pas ravi de le voir. Il laissa donc son regard voguer dans le salon jusqu’à remarquer que Fedora et Magnus étaient assez proches l’un de l’autre.
Celui-ci était assis sur l’accoudoir du canapé tandis que la blonde était posée sur le siège du sofa. Chacun d’eux tenaient un livre entre les mains. Si leurs regards étaient rivés sur ce qu’ils lisaient, Chase put néanmoins discerner ce qu’ils portaient.
A commencer par Magnus qui était dans son champ de vision. Le bel asiatique portait une chemise bleue dont il avait retroussé les manches, laissant ses délicieux avant-bras tannés par le soleil nus. Sur la chemise, il avait rajouté un veston rouge sang qu’il avait entièrement boutonné, comme sa chemise. Chase remarqua qu’un fin foulard d’un violet sombre – presque prune – était noué à son cou. Une longue chaine pendait à son cou, trouvant parfaitement sa place en reposant au-dessus du veston. Il portait un simple pantalon rouge sombre, moulant son corps de rêve. Il s’était chaussé d’une paire de chaussures italiennes noires et cirées. Comme à son habitude, il avait orné ses poignets de bracelets, un étant un fin bracelet en argent, l’autre étant un bracelet bouddha. Ses index et son annulaire droit étaient décorés de bagues. A l’instar de Bill, Magnus s’était maquillé les yeux à l’aide d’un trait d’eyeliner et d’ombres à paupières noire. Il s’était rasé de prêt. Il avait coiffé ses cheveux noirs de jais en épis, les côtés de son crâne étant eux aussi rasés. Comme à son habitude, Magnus était beau à en avoir le souffle coupé. Et à force, ça en devenait lassant. Rien ne pouvait l’enlaidir. Au naturel, il était tout aussi séduisant que s’il était maquillé.
Ne pouvant plus supporter la vision du corps parfait du bel asiatique, il détourna le regard, reportant son attention sur Fedora qui s’était changée. Elle portait une robe. La robe noire était faite mi-longue, lui arrivant au niveau des genoux. Le col de la robe était un col de chemise lui aussi noir. Bien qu’au niveau de la taille, la robe semble être très moulante, le bas lui paraissait ample. Les manches évasées, faites en tuile, étaient longues, couvrant presque l’intégralité de ses fines mains. La forme de la robe était en trapèze. La robe ressemblait à celles que portaient les femmes des années 50. Elle avait boutonné le col de la robe, montrant sa pudeur. Cependant, la tuile dévoila son thorax qui en était entièrement recouvert. Bien que le tissu voile le haut de son buste, Chase remarqua, grâce à la transparence du tissu qu’un tatouage avait été dessiné contre la peau du thorax, auparavant vierge de toutes inscriptions. Il en restait surpris, ébahi. Il laissa ses yeux s’abandonner sur les courbes alléchantes de la blonde qui avait croisé ses longues et gracieuses jambes blanches nues. Elle s’était chaussée d’une paire de bottines noires à talons hauts. Sa chevelure, autrefois capturée dans un bas chignon tressée, coulait avec onctuosité dans son dos. Il remarqua qu’elle ne s’était pas fortement maquillée, contrairement à leur ami commun. Elle avait juste mit un peu de fond de teint et avait posé du mascara sur ses longs cils. Elle était magnifique. Il ne pouvait détacher ses yeux d’elle, la dévorant de ses yeux océans où une vive lueur de désir brûlait.
Il la déshabilla du regard, comme il l’avait fait pour Magnus.
Ce qui lui valu une vision des plus singulièrement alléchantes.
S’il ne supporta pas que son cerveau lui envoie des visions où les deux hommes ont leurs corps musclés l’un contre l’autre en train de s’échanger un baiser torride lors d’un concert de va-et-vient orchestré par Magnus et dont il raffolait, il aimait s’imaginer être avec Fedora, la tenant tendrement contre lui, l’entourant de ses bras musclés.
Il fut néanmoins vite retomber sur terre, essayant d’oublier qu’il fantasmait sur Magnus et sur son torse musclé à la senteur orientale, par le billet que venait de lui offrir Bill, les bras toujours croisés sur son faible buste.
- Je n’arrive pas à croire que tu l’ai laissé entrer, avait-il dit, hautain et méprisant.
Les regards de Magnus et de Fedora s’étaient relevés, interloqués, choqués. La blonde, dont les sourcils s’étaient haussés, semblait avoir perdu son souffle. Sa cage thoracique se soulevait avec difficulté tandis que les yeux fauves de Magnus se posèrent sur lui, le toisant de bas en haut avec ce regard méprisant et séduisant. Il fronça les sourcils, il le détailla, le déshabillant du regard. Chase se sentait déstabilisé par les yeux singuliers et fascinants de l’asiatique dont le regard meurtrier le fit frissonner. Il se sentait nu face à lui, et pour une raison étrange, il aimait ça. Les mirettes félines de Magnus le pénétrèrent et le jugèrent sans clémence, sans miséricorde. C’est alors que Chase fut libéré de l’emprise hypnotique qu’avait Magnus sur lui depuis que leurs yeux, aussi opposés que le sont le feu et l’eau, se sont croisés, créant ainsi une bataille élémentaire de regards que seul l’un des deux pouvait gagner.
- J’y crois pas, avait soufflé la blonde, ne pouvant pas croire que Chase était là. J’y crois pas, répéta-t-elle en se tournant vers Magnus, cherchant désespérément son aide.
- Je te comprends Fedora, avait répondu ce dernier, d’une voix distincte et forte, se retournant vers elle, passer du temps avec Chase Collins ? l’interrogea-t-il, plongeant ses yeux emplis d’or liquide dans ceux d’un bleu jade de la blonde. Ugh, la torture, cracha-t-il avec dégoût, répondant ainsi à sa propre question, d’une voix moqueuse, ironique, narquoise.
- Que veux-tu Chase ? demanda la blonde, après avoir réprimé un fou rire avec un début de sourire, se tournant vers le principal concerné, perdant ainsi son magnifique sourire.
- Je veux juste parler, t’expliquer ce qu’il s’est passé, commença-t-il, suppliant. Je t’en prie, accorde-moi 10 minutes pour qu’on puisse en parler et, débuta-t-il, si par malheur, je n’arrive pas à te convaincre, alors je sortirai de ta vie, mentit-il, convaincant.
Chase la vit hausser les sourcils. Il la devinait en train de réfléchir. Il savait qu’il ne devait pas lui mentir mais c’était la seule façon de s’assurer qu’il aurait une conversation. Elle semblait peser deux possibilités : parler ou le faire sortir. S’il savait que la deuxième proposition lui était très tentante, il comptait sur son intuition féminine et sur son intelligence. Elle le connaissait assez bien pour savoir que quand il veut quelque chose, il l’obtient, peu importe comment il y arrive. Enfin décidée, Fedora se leva d’un bond, fermant le livre qu’elle tenait dans ses mains. Elle le jeta contre le canapé, arrachant à Magnus une expression surprise. Elle croisa les bras contre sa poitrine, le jaugeant à son tour, essayant de déceler une quelconque faille qu’elle pourrait explorer. Mais, au bout de deux minutes de recherche intense, elle s’arrêta. Soit elle abandonnait, faute d’avoir trouvé ce qu’elle recherchait, soit parce-qu’elle savait, au fond de son cœur, que sa seule faille, c’était et ce sera toujours elle.
Elle brisa le silence gênant et tendu.
- Je t’accorde cinq minutes, annonça-t-elle, froide et amère.
- Très bien, répondit le brun, jubilant intérieurement d’avoir réussi à la convaincre de l’écouter.
- Fedora ! s’exclama Bill, inquiet.
- Tu es sûre que c’est la bonne chose à faire ? la questionna Magnus d’une manière protectrice et attentionnée que Chase lui connaissait bien, se levant et en se mettant à ses côtés.
- On parle de passer cinq minutes en compagnie de Chase Collins ! s’exclama Charles. Ce n’est pas juste une conversation entre toi et un de tes ex petit-copains ! Là, il s’agit de mon cousin… dit-il, l’air grave.
- Hé, je suis assez grande pour prendre ce genre de décision seule. Et puis, débuta-t-elle en prenant une voix mielleuse, s’avançant d’un pas léger er gracile vers lui, je t’ai bien donné une seconde chance, n’est-ce pas ?
Charles ne sut quoi répondre face à ça. Il était tout aussi médusé que Magnus qui se précipita sur la blonde, l’arrachant aux yeux de Chase qui s’étaient posés amoureusement sur elle, s’abandonnant à ses délicates courbes. Le brun les vit s’éloigner et se mettre à bonne distance d’eux ; loin des oreilles indiscrètes. Malheureusement, ou heureusement, pour lui, l’asiatique était dos à lui. Donc, au lieu de laisser ses mirettes s’égarer sous les ondulations du corps de Fedora, il les laissa se perdre contre les courbes exquises et masculines de Magnus. Il nota que celui-ci était très tendu, comme s’il appréhendait quelque chose qui ne saurait être repoussé. Chase les contempla donc tout les deux, croisant ses bras contre ses pectoraux, avec un sourire malicieux et triomphant aux lèvres. Il regarda Magnus empoigner tendrement et fermement la blonde en la prenant par ses faibles biceps. Il perdit vite son rictus et son assurance quand il vit qu’elle posa ses fines mains contre les biceps de l’asiatique, les pressant affectuesement à son tour. Avec mépris, il les imagina en train de se regarder les yeux dans les yeux, se disant des mots doux et tout le tralala. Il les imaginait en train de dévorer l’autre du regard, l’un ayant des yeux flamboyants de désir dans lesquels brûlait une flamme éternelle d’amour, l’autre ayant des yeux d’un bleu calme dans lesquels étincelait une lueur de tendre malice mêlée à, là aussi, de l’amour. Là, avec eux, le feu et l’eau étaient en parfaite harmonie, dans une symbiose frôlant l’union entre deux éléments aussi indomptable l’un que l’autre. Chase commençait à en devenir jaloux, s’impatientant. Magnus devait encore être en train de la persuader de ne pas faire ça, de rester avec lui, usant bien évidemment de sa voix ensorcelante, de ses yeux magnifiques et singuliers, et de ses graciles mains aux mouvements envoûtants et aux caresses sentimentales. Ce qui faisait enrager un beau brun qui attendait que son ancien amant lâche son ancienne petite-amie qu’il croyait morte. Finalement, ce fut Fedora qui coupa court à leur petite conversation, caressant, à l’aide d’une délicatesse et d’une douceur soupçonnées, d’un effleurement de doigts, la fine mâchoire de l’asiatique. Elle prit son visage aux traits amoureux et séduisants entre ses mains, les mettant encore plus face à face, l’un contre l’autre. De son index, elle écorcha sa joue d’un geste aimant. Elle lui adressa un sourire tendre avant de se séparer de lui, l’embrassant amoureusement contre sa tempe, une patte légèrement posée contre la joue de Magnus. Ses yeux s’étaient clos, comme si elle avait suffisamment confiance en lui pour se laisser aller. Chase se racla la gorge, s’impatientant de plus en plus, sous les regards amusés de Charles et de Bill. Le brun leur lança un regard assassin, ce qui les fit taire.
Fedora rouvrit les yeux et les posa sur Chase. Elle se sépara peu à peu de Magnus, sa main glissa avec souffrance sur sa joue tandis que sa main droite s’éloigna de son biceps. Une expression amère et froide vint remplacer avec acidité et rapidité son air tendre et amoureux. Elle laissa Magnus, s’éloignant de lui tandis qu’elle s’avançait vers Chase. Magnus se tourna lentement vers l’ancien couple, l’air abattu, triste.
Ce dernier, réprimant un sourire vainqueur, préféra lui adresser un étirement affectueux des lèvres. Relevant la tête, il remarqua que les yeux de Magnus, Charles et Bill étaient tournés vers eux, ils le regardaient avec animosité pour le premier, haine pour le deuxième et rage pour le troisième. Il ne put s’empêcher d’avoir ce rictus particulier. Fedora, bien qu’elle ne comprenait ce qu’il se passait, fronça les sourcils et le considéra longtemps avant de se retourner et de constater que les regards de ses amis étaient rivés sur eux. Si elle pouvait supporter les yeux accusateurs de Charles et de Bill, elle ne pouvait pas supporter les mirettes attristées et implorantes de Magnus. Elle joignit ses mains et prit un air grave, presque solennel.
- Les garçons, commença-t-elle d’une voix aimante, les yeux implorants, contrastant ainsi avec son air sérieux, vous voulez bien nous laisser seuls ? leur demanda-t-elle.
- Pourquoi ? débuta Charles. Monsieur Chase Collins est trop timide pour parler devant nous ? questionna-t-il, moqueur, croisant les bras sur son torse.
- Charles, ne commence pas, l’avertit Magnus. Ce dont ils doivent parler est trop privé, trop personnel pour que nous puissions rester, l’informa-t-il, respectueux et d’une étonnante voix douceâtre qui ne lui sied guère. C’est pourquoi on doit les laisser, continua-t-il en començant à marcher vers la sortie d’une démarche féline et gracile, faisant signe aux deux autres garçons de venir avec lui, d’un geste ensorcelant.
Chase remarqua que la blonde remercia l’asiatique, murmurant, reconnaissante. Cependant, bien qu’il ait réussi à calmer l’atmosphère tendue régnant dans le salon, il n’avait pas sût apaiser les tensions physiques présentes. Il n’est pas un sorcier aux pouvoirs magiques illimités. Il possédait juste une beauté à en avoir le souffle coupé, une voix hypnotique, des mains de fées aux mouvements élégants et graciles et une démarche féline, chaloupée ainsi que, ne l’oublions pas, des yeux d’une singularité étonnante et séduisante. Bien que Chase éprouve une certaine animosité envers cet être humain parfait à l’allure d’ange, il le remerciait intérieurement d’avoir évité un autre conflit avec son cousin. Le brun avait noté que Magnus n’était pas fan des mélodrames. Il évitait toujours de se mêler aux conflits, préférant les fuir en prétextant un quelconque devoir ou en s’enfuyant discrètement loin des problèmes. Et c’est cette aversion envers les discussions houleuses qui l’avait rendu un peu plus piquant et dur. Enfin, Chase était néanmoins heureux que Magnus ait réussi à faire entendre raison à Bill et à Charles, ce qui ne les empêcha de le bousculer d’un coup d’épaule. Chase n’y fit même pas attention, passant sa langue sur sa lèvre supérieure, ce même rictus qui le rendait si désirable aux lèvres.
- Je te déconseille de tenter quoique ce soit avec elle, commença l’androgyne, sinon, on retrouvera tes ossements dans le trou qu’aurait creusé mon chien, le prévint-il, amer.
- Ne t’avises pas de la toucher, ou alors, on jettera ta carcasse aux chacals, l’informa sèchement son cousin adoptif, menaçant.
- Bien que ces suggestions de meurtre me tentent, débuta Magnus, l’air ravi, je n’ai aucune envie d’être complice de vos actions homicides envers Chase Collins.
Alors que le principal concerné s’apprêta à répliquer, Magnus le stoppa net en brandissant un index réprobateur au niveau des lèvres charnues du brun, lui interdisant implicitement de se taire. Ce qu’il fit.
- Si tu n’es pas encore couverts de bleu des pieds à la tête, c’est pour l’unique raison que Fedora m’interdit de le faire, l’informa-t-il, froid.
- Waouh, il faut vraiment que je tienne une liste de toutes les personnes qui me veulent mort ou enterré.
- Tu peux l’ajouter en haut de la liste, renseigna l’asiatique en montrant Fedora d’un geste de la tête.
Le brun ne sût quoi répondre à ça. Magnus, Bill et Charles quittèrent l’appartement. Si Chase ne s’était pas attendu à un claquement de porte furieux, il aurait sûrement sursauter. Il avait fermé les yeux, ayant appréhendé la sortie théâtrale de Magnus. A force, on s’y faisait.
Il rouvrit les yeux, notant que Fedora était encore sous le choc. Elle ne devait pas avoir l’habitude des départs tragiques du bel asiatique. Etant face à elle, qui avait les yeux rivés sur la porte d’entrée, interdite, il n’eut qu’à tendre un peu sa main pour agripper amoureusement le fin poignet de la blonde, le serrant avec amour. Sauf que celle-ci, ayant remarqué qu’il la tenait, se sépara de lui, lui faisant lâcher prise. Elle s’éloigna de lui tandis qu’une expression lasse et fatiguée se lisait sur le visage de Chase.
- Fedora, tu peux quand même supporter que je te prenne le poignet, non ? l’interrogea-t-il, se pinçant l’arrête.
- Ne.M’appelle.Pas.Fedora, dit-elle entre ses dents, furieuse qu’il l’appelle ainsi.
- Et comment dois-je t’appeler ? Phoenix ? Raise ?
- Tu n’auras plus à te soucier de ça lorsque nos routes se seront séparées, l’informa-t-elle, amère.
- Tu m’interdis de t’appeler par ton vrai prénom mais j’ai l’impression que cette interdiction ne touche que moi, fit-il remarquer, censé tandis que de l’animosité se ressentit dans sa voix. Pourquoi diable Magnus a-t-il le droit de t’appeler par ton nom ? questionna-t-il, commençant à s’énerver.
- Lui au moins, il ne m’a pas poussé au suicide ! lui cracha-t-elle à la figure.
- Je n’ai jamais voulu ça ! se défendit-il tandis qu’un goût amer de ferraille lui vint au bouche. Je n’ai jamais cessé de t’aimer et d’espèrer que tu sois en vie. Je n’ai jamais voulu te perdre ! Je t’aime Fedora ! s’écria-t-il.
- Qu’est-ce que tu veux Chase ? Tu veux que je me confonde en excuse, disant que j’aurais jamais dût tenter de me suicider ? Que j’aurais dût faire semblant, ENCORE, d’aller bien et de jouer les petites-amies éperdue d’amour pour son cher et tendre ? Tu aurais vraiment voulu qu’on soit ensemble, en sachant très bien que dès que quelqu’un te montre ses sentiments pour toi, tu le jette ?
- Et toi, qu’est ce que tu veux ? Tu veux me rendre jaloux en flirtant avec Magnus ? Tout ce qu’il veut c’est te passer dessus et dès qu’il aurait fait, il repartira aussi vite qu’il est venu !
- Au moins, vous aurez ça en commun… S’il était comme toi ! Lui, contrairement, à toi, il ne pense pas à me « passer dessus » comme tu dis parce qu’il tient à moi !
- Moi aussi je tiens à toi ! Je n’ai jamais cessé de te chercher et d’espérer que tu sois en vie malgré le fait que toute ma famille a tout essayé pour me convaincre que tu es morte. J’ai passé des nuits horribles à cause de cauchemars qui me montraient ta mort. A chaque fois que mes yeux se fermaient, j’avais la vision de ton corps gisant au sol, les veines taillées, le teint pale, l’air morte. Je m’en suis voulu à un tel point que j’ai eu des hallucinations !
- Oui, je le sais que tu as halluciné que Charles McStan et moi on se roulait une pelle, j’étais là quand ça s’est produit.
- Et quand on m’a jeté dehors, tu es venue me voir pour me réconforter. Je sais que tu ressens ce que je ressens Fedora.
- Tu crois ?
- Oui ! A l’hôpital, quand j’étais endormi après ma tentative de suicide, j’ai senti ta présence… J’ai senti ta main prendre la mienne et la serrer. J’ai senti tes lèvres contre mon front… J’ai senti tes lèvres se poser sur les miennes et les presser. Si tu ne m’aimes pas, si tu n’as plus de sentiments pour moi, alors pourquoi m’avoir donné un baiser à l’hôpital ? Pourquoi être venu me voir et m’avoir réconforté après m’être fait jeté ?
- Je suis quelqu’un de très émotif, je destete quand les gens souffrent, même quand ils m’ont fait du mal.
- Arrête ton char veux-tu. Qu’est ce que Magnus a plus que moi ?
- Je sais pas ce qu’il de plus que toi, mais je sais que, contrairement à toi, il n’est pas un enfoiré de première classe !
- Magnus est pire que moi ! Il est bisexuel ! A tout moment, il peut te plaquer pour un mec à n’importe quel moment !
- Mais en quoi c’est ton problème ça ! Si Magnus rompt avec moi parce qu’il a rencontré quelqu’un de spécial, qui est un mec, je ne vais pas lui en vouloir, on restera amis. Et tu sais pourquoi, parce que lui au moins, il n’aura pas joué avec mes sentiments !
- Tu ne vas pas me dire que tu l’aimes ! Tu ne ressens pas une quelconque once d’amour pour lui, ce n’est que de l’attirance !
- Et comment tu peux le savoir toi de ce que je ressens pour lui ?
- J’ai vu comment tu le regardais et comment tu me regardais ? Tu regardes Magnus avec désir, amitié. Mais moi, j’ai remarqué que, sous les regards de haine que tu me lançais, tes regards étaient empli de tendresse, de tristesse et d’amour. Magnus ne t’aime pas comme je t’aime. Tu n’aimes pas Magnus comme tu m’aimes.
- Je l’aime et ni toi ni Magnus ne peut y faire quelque chose. Maintenant je veux que tu sortes de chez moi et que tu laisses mes amis tranquilles !
- C’est ça que tu veux ? Que je m’en aille ? commença-t-il en portant la main à son arme, faisant remonter sa chemise. C’est ça que tu veux ? continua-t-il, en tirant son arme de son pantalon peu à peu. Ou tu veux peut-être que je finisse le travail ? demanda-t-il, l’arme enfin en sa possession.
- Tu veux me tuer ? Vraiment ? Tu veux me tuer ? demanda-t-elle, mettant les mains en l’air, étrangement calme, apaisée alors que Chase avait pointé son arme sur elle. C’est ce que tu veux ? interrogea-t-elle. Vas-y… Faut pas te gêner. Je suis déjà morte par le passé, lui rappela-t-elle avec douleur, un sourire provocateur aux lèvres. Qu’est ce que tu attends ? Vas-y, tues-moi.
Les yeux pleins de larmes, Chase se rendit compte qu’il ne voulait pas lui faire du mal. Ce n’était pas elle la fautive… C’était lui… Comment pouvait-il espérer qu’elle retombera dans ses bras après ce qu’il lui a fait ? Plutôt que de tuer, une nouvelle fois, la personne qu’il aime, il décida qu’il allait en finir avec la vie et ce définitivement… Il abaissa son arme, arrachant un soupir de soulagement à la blonde qui baissa les bras. Cependant, elle n’avait pas prévu ce retournement de situation. Chase pointait son flingue vers sa boîte crannienne, l’index sur la détente, il était prêt à se faire sauter sa propre cervelle.
- Avoues que c’est ça que tu veux, hein ? Tu veux que je me tire une balle dans la tête ? Au moins, tu ne seras plus obligée de te cacher et tu pourras vivre normale avec ton Magnus d’amour !
- Chase, commença-t-elle, se voulant tendre et apaisante. Ne fais pas le con, donnes-moi cette arme, lui demanda-t-elle en s’approchant de lui à pas lents, prudente. Chase, s’il te plaît… Tu sais bien que je ne veux pas que tu meures. Pourquoi souhaiterais-je ta mort ? interrogea-t-elle, un sourire complice et doux ornant ses lèvres. Ce n’est pas parce-que je te déteste que mon seul vœu est que tu sois mort, continua-t-elle, mettant les mains en l’air, s’avançant, méfiante tandis que le brun dont les yeux étaient embrumés, la contemplait avec des mirettes amoureuses.
Enfin face à lui, elle avança doucement sa main gauche vers celle, tremblante, de Chase. Le bout de l’arme était si près de sa tempe qu’une seule pression sur la détente le tuerait, et referait ainsi la déco de l’appartement. Elle posa sa main sur celle du brun, faisant stopper ses tremblements. Il la regarda, une larme perlant à ses yeux tandis que d’autres pleurs étaient déjà en train de couler sur ses joues. Elle lui adressa un doux sourire et retira progressivement l’arme de sa main. Une fois l’arme entre ses mains, Fedora la jeta à terre et l’écrasa en y donnant un coup de pied, la cassant. D’un mouvement de pied, elle le fit glisser sous un meuble. Chase sentait qu’enfin sa respiration lui revenait. Son souffle était saccadé, il n’arrivait plus à respirer. Son cœur battant la chamade, il porta sa main à son pectoral gauche, sentant sous la chemise et sous sa chair, les tambourinements furieux de son organe vital. Pour se calmer, il n’a pas d’autres choix que de pratiquer les exercices de relaxation que sa mère lui a payé.
C’était durant le lycée, en pleine période d’examens importants, comme le baccalauréat. Beaucoup d’élèves faisaient des malaises dans les couloirs du lycée, à cause du stress. Si Chase était un cancre niveau comportement, il avait toujours eu de bons résultats, ce que ses professeurs ne comprenaient pas. Il était sûrement l’élève le plus intelligent de la classe, après Magnus, et pourtant, il possédait le pire des comportements. Personne n’arrivait à l’expliquer. Et c’est pendant cette période d’examens qu’il s’est calmé. Il faisait parti de ces élèves qui faisaient un malaise presque toutes les deux heures. A force, ses parents ont été appelés et le directeur leur a demandé de l’emmener voir un médecin ou de faire quelque chose pour faire diminuer ce stress ante-examens. Il avait assisté à un cours. Il ne pouvait pas continuer, ça le stressait encore plus. Alors, Magnus, avec qui il était ami, l’a emmené chez lui et lui a fait rencontrer sa mère qui s’avéra être une bonne prof de yoga, en plus d’être une avocate reconnue et de posséder un dojo dans lequel elle donne des cours de combats.
Chase s’assit donc, posant ses mains à plat sur ses cuisses. Il commença donc à prendre de grandes inspirations, en gonflant son ventre. Il posa une main contre ses abdos, sentant ainsi le gonflement de son ventre lorsqu’il inspirait et le dégonflement lorsqu’il expirait. Il veilla à ce que son ventre entre légèrement à la fin de l’expiration, forçant ainsi moins sur son ventre en inspirant. Il prit l’habitude de faire durer son expiration deux fois plus longtemps que son inspiration. Pour cela, il compta jusqu’à cinq en inspirant et jusqu’à 10 en expirant. Il réussit à se relaxer, à chasser toute cette tension qui contractait ses muscles. Il se releva, retrouvant assurance et sérénité. Il effaça d’un revers de la main les quelques larmes qui perlaient à ses yeux, d’autres roulant encore sur ses joues. Il se tourna vers Fedora qu’il sentait troublée, même inquiète. Elle semblait vraiment affolée pour lui. Ses yeux de biche, quelque peu embrumés, sous ses sourcils relevés en une expression figée de panique. Il avait réussi à l’effrayer. Il sentait bien qu’elle avait envie de venir le rejoindre. Mais quelque chose, ou devait-il dire quelqu’un l’en empêchait. Il crut comprendre que son attirance physique pour Magnus était très forte, au point de la faire rester plantée là, comme une belle rose enfin épanouie et qui a besoin d’une attention particulière. Et il n’y avait que lui qui pouvait la lui donner. Il se mordit la lèvre inférieure, la contemplant amoureusement. Lorsqu’elle croisa les yeux brillants de malice du brun, son expression soucieuse à son propos se tordit en une expression d’horreur.
Il se rua sur elle, posant ses mains contre le thorax écorché de la blonde qui poussa un gémissement de douleur. Le thorax doit sûrement faire partie des zones douloureuses pour se faire tatouer. Seulement, Chase n’en avait rien à faire. Alors, il garda ses mains contre le haut de son torse, la poussant en arrière. D’un coup brusque et brutal, il la plaqua contre le mur, lui arrachant un soupir de douleur, de surprise et de mépris. Il laissa ses yeux s’abandonner sur ses courbes, s’attardant sur les plus intéressantes, comme les hanches, les cuisses. Bien que sa robe ne comporte pas de decolleté plongeant et provocateur, le bustier mettait très bien en valeur sa poitrine. Il ne perdit pas de temps pour commencer à parler. Après tout, il avait la réputation d’être un tchateur.
- Cette robe te va comme un gant, elle est très sexy, sur toi, murmura-t-il en se collant prudemment et sauvagement contre elle, laissant ses yeux caresser son corps d’une manière sensuelle, confiant. J’aime bien ton tatouage, continua-t-il, suave, s’attardant sur la marque noire qui symbolisait un mot chinois, les yeux fixés sur son thorax, la bouche légèrement ouverte pour laisser son souffle écorcher la peau de la blonde, tandis qu’il laissa son index parcourir la chair abîmée de Fedora qui laissa échapper un cri de douleur, comme il venait de frôler son tatouage.
- Tu vas voir, lorsque tu me lâcheras, je te taillerai en pièce, cracha-t-elle, menaçante alors que les yeux océans ensorcelants de Chase croisèrent ses faibles mirettes lagons embrumées par la souffrance, la voix tremblante de douleur.
- C’est bien, j’aime les femmes menaçantes, appuya-t-il.
Il posa son autre main contre sa taille fine et la laisse glisser le long du tissu qui recouvrait sa chair jusqu’à arriver à ses hanches. Un sourire amusé et malicieux se dessinant sur son visage horriblement séduisant et captivant. Il continua de la torturer en effleurant doucement son tatouage, la faisant pousser un cri de douleur. S’il était cruel, il ferait en sorte de ne pas entendre ses cris et de continuer encore et encore. Cependant, il se doutait bien qu’après ça, elle ne voudra plus lui parler. Il ne sait même pas s’il serait encore en vie en sortant de l’appartement. C’est pourquoi il stoppa, laissant un peu de répits à la blonde. Il se sépara quelque peu d’elle, plaquant sa main à plat contre le mur. Il planta ses yeux dans ceux de Fedora qui fulminait de rage, et pourtant de désir à son égard. Sa respiration saccadée, ses lèvres entrouvertes, son buste se soulevant au fil de son souffle étaient les principaux indices qui lui permettaient de dire qu’elle le voulait à ses côtés. Il avait perçu un léger frisson imperceptible parcourir la peau de la blonde lorsqu’il s’était séparé quelque peu d’elle, laissant seulement sa main droite contre sa hanche. Il remarqua dans ses yeux qu’une lueur de haine, de rancœur brillait avec force. Il sentait son ressentiment sous sa respiration saccadée. Le cœur battant à tout rompre et, s’arrachant à une contemplation forte plaisante, il se noya encore plus dans les yeux tempétueux de Fedora.
- Tu dois penser que je te drague dans le but de te récuperer mais, commença-t-il, la voix grave, séductrice, en réalité, j’aime juste profiter de la jolie vue que me procure tes courbes. Je suis un homme, je n’ai pas la même facilité que toi à aimer qu’une seule personne.
Il continua de la fixer, se concentrant sur son œil droit, celui qui possédait un violet galactique. Il avait oublié qu’un de ses yeux était violet et que son autre œil était d’un bleu électrique. Il était tellement heureux de la voir, de la toucher, qu’il la voyait comme elle était avant. Il la voyait toujours comme la jeune femme timide et introvertie qui ne voulait pas attirer l’attention sur elle. Mais malheureusement pour elle, elle a attiré la curiosité de Chase qui, depuis leur première sortie lors d’une fête foraine, n’a d’yeux que pour elle. Même si en se comportant comme il le faisait actuellement, il n’en donnait pas vraiment l’impression. Mais il a changé, il n’est plus le même. C’est juste qu’il avait envie de jouer au séducteur.
- Tu me dégoûtes Collins… cracha-t-elle, méprisante.
Celui-ci éclata de rire. Mais pas un rire amusé, plutôt un rire macabre. Il stoppa la contemplation des mirettes très singulières de son vis-à-vis, préférant regarder ailleurs avant de se faire foudroyer par les éclairs que lançaient ses si beaux yeux. Il fit glisser ses iris contre le doux visage plein de mépris de la blonde. Il s’attarda un instant sur ses lèvres entrouvertes. Elles semblaient douces en bouche, leur goût devait être sucré, comme la cerise ou la fraise.
- Je peux savoir à quoi tu joues ? lui demanda-t-elle, hautaine, essayant de se dégager de son étreinte mais il resserra sa prise contre sa taille, l’entourant partiellement de son bras, se collant à elle, décollant son autre main du mur qu’il reporta contre sa joue.
- J’étais juste en train de me dire que tu as sans nul doute les lèvres les plus appétissantes et les plus alléchantes que j’ai jamais embrassé, lui avoua-t-il en caressant ses tendres lèvres charnues et étonnamment lisses de son pouce, les inspectant soigneusement.
- Tu me répugnes à un point si tu savais… continua-t-elle, dégoûtée par l’attitude du brun.
- Désolé, tu disais ? demanda-t-il en relevant son regard vers elle, s’étant attardé involontairement sur la poitrine de Fedora. J’ai été distrait par ta gorge, informa-t-il d’un ton détaché, haussant les épaules.
Il esquissa un sourire malicieux en voyant l’expression de répugnance et de dégoût qui venait orner le visage aux doux traits tordus par la haine et la rancœur de Fedora.
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De l’autre côté de l’appartement, et non du miroir, Magnus, Charles et Bill attendaient impatiemment que l’ancien couple finisse leur petite conversation. Magnus s’était adossé avec nonchalance contre le mur face à la porte d’entrée, croisant les bras contre ses pectoraux, le regard rivé sur le sol. Il appuya son pied gauche contre le mur, afin de ne pas tomber. Bien que lui aussi brûlait d’envie d’entrer dans l’appartement pour voir ce qu’il se passait, et peut-être même stopper la discussion plutôt houleuse que Chase et Fedora entretenaient, il essayait de rester calme. De ne pas céder à la panique, à l’agressivité, au stress ou à tout autres sentiments qu’il ressentait en ce moment même et qu’il tentait, tant bien que mal, de réprimer. Contrairement à ses compagnons qui s’imaginaient le pire des scénarios possibles. Et leur paranoïa ne fut qu’augmenter en entendant les cris de douleur de leur amie. Si Magnus avait parut impassible et insensible, il avait serré les poings, empoignant brutalement son haut afin de réprimer un cri aussi difficile à entendre que ceux que poussaient Fedora. Il réprima ses larmes de souffrance alors que ses lèvres tremblaient, ses yeux fauves, d’habitude étincelant grâce à l’or liquide qui coulait à l’intérieur de ses iris, étaient embrumés, l’or s’étant solidifié et assombri. Il n’en pouvait plus de rester là, les bras croisés à rien faire. Mais, il préférait se montrer calme plutôt que de faire les cent pas comme Bill ou que de ruminer dans son coin, à l’instar de Charles.
- Ce mec… Such an ass[1], dit Charles, amer.
- Je ne peux qu’être d’accord avec toi, répondit Bill.
Magnus haussa les sourcils, un début de sourire s’épanouissant sur son visage, amusé. Alors qu’il s’apprêtait à répliquer, il entendit un bruit de porte provenant du rez-de-chaussée. Alerté, il se décolla du mur, décroisant les bras, se séparant du mur. Bill et Charles étaient aussi avertis. Ils étaient tout les trois déjà assez tendu par la situation sans qu’un ami de Chase ne vienne tout gâcher. Ils se murent comme un seul homme vers la porte, la protégeant ainsi de quelques intrus. Les yeux rivés sur l’escalier, le cœur battant à tout rompre, Magnus se demanda si tout allait bien du côté de Fedora.
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Chase posa ses mains contre la taille de Fedora, blottissant sa tête contre la sienne. Il lui murmura quelque chose au creux de l’oreille, laissant son souffle écorcher légèrement sa peau.
- Cette tension, commença-t-il, séduisante n’est-ce pas ? continua-t-il, suave.
- Séduisante, oui, rétorqua-t-elle, attirant l’attention de Chase qui releva la tête, la contemplant. Autrefois, rajouta-t-elle, mettant ses mains sur celles de Chase, les abaissant.
Alors qu’il était encore interloqué par la réplique de Fedora, cette dernière réussit à se défaire de son emprise sur elle. Elle s’éloigna de lui, se dirigeant vers la table de la salle à manger. Chase resta planté devant le mur vide, encore sous le choc. Elle avait beaucoup apprit avec Magnus… Magnus… Chase cligna des yeux une seconde, le temps qu’une image furtive du bel asiatique lui hante l’esprit. Il rouvrit les yeux, reprenant contenance. Il fit volte-face et la vit, dos à lui, le regard rivé sur quelque chose. Il esquissa un sourire en coin, ses yeux s’attardant sur chaque détail des courbes de la blonde. Il croisa les bras sur ses pectoraux, une faible lueur maligne dans le regard. Il fit un pas, se dirigeant à pas de loup vers elle. Il passa sa langue sur sa lèvre inférieure, la matant sans pudeur tandis qu’un rictus malicieux s’empara de ses lèvres. Il continua de marcher vers elle, se mordant la lèvre inférieure avec ce même début de rictus malin aux lèvres. Dès qu’il fut suffisamment proche d’elle, il se colla contre son corps, enroulant ses bras autour de sa taille, plaquant ses mains contre son ventre dont il sentait le soulèvement rapide. Il se refugia contre son cou, laissant ses fines lèvres effleurer le fin tissu transparent de la robe de Fedora qu’il sentait tendu. Ses narines se logèrent derrière son oreille. Son souffle chaud parcourut sa chair avec douleur. Ses mains s’égarèrent en parcourant son buste, remontant vers sa poitrine qu’il prit en main. La blonde grimaça, laissant un faible soupir désapprobateur franchir ses lèvres. Il y prit goût, se mordant les lèvres. Il laissa ses mains tenir sa poitrine, la malaxant avec un malin plaisir pervers.
- Je me demande vraiment comment j’ai pus te faire confiance, cracha-t-elle, haineuse.
- Tu sais, si tu m’as confiance à un moment, ça signifie que tu as eu envie de me croire, de me laisser une autre chance. Parce que tu sais, au plus profond de ton cœur, continua-t-il en pressant les seins de la blonde entre ses doigts comme de vulgaires oranges, que tu m’aimes comme une folle et que je ne reculerai devant rien pour te récupérer… informa-t-il d’une voix suave et dangereuse, menaçante. Même si pour ça, je dois jouer à mon jeu préféré, continua-t-il en lâchant brusquement sa poitrine, la lâchant brusquement. Même si pour te récupérer, je dois te faire souffrir à un point inimaginable, continua-t-il, murmurant d’une voix suave au creux de son oreille, se séparant peu à peu d’elle.
Il se mit à une bonne distance d’elle, les yeux fixés sur son postérieur alors qu’il se reculait. Il se retourna vers la porte d’entrée, sentant soudain un regard indiscret sur sa personne. Ne prenant pas la peine de se retourner pour la prendre en flagrant délit de matage, il se contenta juste de sourire narquoisement.
Arrivé devant la porte d’entrée de l’appartement, il prit en main la poignée et, l’abaissant, sorti de l’appart. Il vit qu’une masse venait de tomber, atterrissant face contre terre. Il pouvait assurément reconnaître cette chevelure noire parsemée de mèches blanches coiffée en crinière de lion. Voilà ce qu’on récolte à écouter derrière les portes… Il enjamba le corps de Bill, veillant à ne pas lui marcher dessus lorsqu’il sentit que deux mains se posèrent sur le col de sa chemise, l’agrippant avec force. Si Chase connaissait la force de Magnus, il ignorait celle de son cousin qui le plaqua contre un mur. Il savait néanmoins que son ancien amant détestait les conflits. Et le voir s’interposer entre eux n’était pas anodin. Néanmoins, l’asiatique devait être trop occupé à discuter avec ses nouveaux amis. Magnus semblait agité. Il faisait des grands mouvements de bras, parlant avec ses mains, s’expliquant avec ses deux amis. Chase ne pouvait donc pas sur son côté chevalier servant pour le sortir de là. Cependant, il pouvait compter sur Charles pour lui donner un violent coup de poing. A l’entente du poing de Charles sur la mâchoire de Chase qui grimaça de douleur, un début de sourire aux lèvres, Magnus se retourna, averti. Il se rua vers les deux hommes, s’interposa entre eux en plaquant une main sur leurs torses respectifs. Il éloigna Charles de son cousin adoptif, le tenant par le col de sa chemise. Il empêcha aussi Chase de faire un pas vers le châtain, le collant sauvagement au mur duquel il venait de se séparer.
- Hey les gars ! Relax ! J’ai pas envie de devoir expliquer à Fedora que ses ex gisent dans le couloir ! Même si la perspective de voir Chase mort m’enchante au plus haut point, je n’ai pas envie de la réconforter à cause de vos conneries. Maintenant Chase, si tu veux bien te donner la peine de partir avant que le poing de mes autres amis, moins patient et sympathique que moi au sujet de Fedora, ne rencontre ta mâchoire déjà endommagé.
- Non, je reste.
- Tu n’as pas vraiment le choix, mi amigo, dit le latino avec un accent fichtrement sexy.
Chase voyait bien qu’il ne pouvait pas rivaliser. S’il n’est pas très fort en calcul mental, il se doutait bien que si le latino, l’ami inconnu de Magnus, Charles, Bill et Magnus lui-même lui tombaient dessus, il aurait très peu de chance de s’en sortir après avoir reçu un coup de poing de la bande des cinq beaux gosses et protecteurs. Fedora en avait de la chance d’avoir six garçons qui se battaient pour elle. Et puis, quels gardes du corps… Entre Magnus qui avait une beauté à avoir le souffle coupé, Bill dont la beauté fine et féminine était dérangeante, Charles qui possédait un charme évident malgré ses lèvres très pulpeuses, le latino à la beauté exotique et l’ami inconnu de Magnus à la beauté intéressante, la blonde était bien entourée. Et puis, il ne faisait pas le poids contre cinq hommes bien bâtis et à la musculature captivante – pour l’un d’eux dont le prénom commence par Mag et qui finit par Nus -. Et surtout, il n’avait pas envie de se battre, pour le moment. Il les toisa tous du regard, ne se gênant pas pour laisser ses yeux vagabonder contre le corps divin de Magnus qui resta de marbre alors que Chase savait très bien qu’il enrageait intérieurement. Esquissant un sourire amusé, il leva les mains en l’air, informant l’asiatique que s’il continuait à le retenir, il ne pourra pas partir.
L’expression de fureur ne changea pas sur le visage de l’asiatique qui finit par le lâcher, retenant toujours Charles. Chase remit correctement sa chemise et descendit les marches de l’immeuble. Lorsqu’il fut arrivé au rez-de-chaussée, il ressentit une sensation de douleur au niveau des jambes, comme si ses muscles étaient devenus de coton. Il plia ses jambes pour retrouver la facilité de bouger. Même si chaque friction de ses muscles lui étaient insupportables.
Il était assez endolori, il faut dire que lorsque Magnus Wù vous plaque – dans le sens physique du terme – contre un mur avec brutalité après que vous ait collé violemment contre le mur en donnant un coup de poing contre votre mâchoire, il était déjà assez incroyable que vous vous en sortiez avec seulement une mâchoire endommagée et les muscles engourdis. Il passa doucement son index contre les os de son visage, grimaçant de souffrance. Il se mit à penser que la douleur passera avec du temps, du repos et de la glace plaquée contre sa face. Il sortit de l’immeuble et il se tourna vers le bâtiment. Il s’interrogeait.
Qui étaient ces deux mecs avec qui Magnus discutait ? Il ne les connaissait pas. Il se demandait ce qu’ils lui voulaient. Magnus n’avait pas l’air inquiet de les voir, ni même contrarié ni en colère contre eux. Il se demandait d’où son ancien amant les connaissait. Et puis après maintes réflexions, il finit par se persuader que ces deux-là ne seraient pas un obstacle dans sa quête de reconquérir la blonde.
Finalement, il décida de marcher un peu. Il se tourna vers la rue et commença à marcher, s’éloignant de l’immeuble. Il commença à se diriger vers le restaurant où il avait laissé Chuck en plan lorsque son téléphone sonna. Il l’extirpa de son pantalon et décrocha, c’était Harisson. Ce dernier l’informa qu’il n’était plus dans le restaurant. Il ajouta qu’il lui a payé les pancakes et qu’il les a emporté. Chase le remercia intérieurement, fermant les yeux une fraction de seconde jusqu’à ce que la voix grave de Chuck ne le fasse se réveiller. Il lui ordonna de se rendre au magasin de fringues de l’autre côté de la rue où se trouvait le restaurant. Alors que le brun s’apprêtait à rétorquer, le châtain raccrocha. Chase afficha une expression lasse et ennuyée. Il plissa les yeux un instant et, soupirant, il décida de s’y rendre, à ce magasin de fringues. Il marcha d’un pas lent et résigné. Il avait faim et n’avait pas la tête à faire du shopping. Et s’il n’aimait pas faire les boutiques, comme nonante pourcents des hommes, il détestait encore plus se faire réprimander par Chuck qui partageait avec Magnus un certain attachement à la mode. Il se demandait encore comment ces deux-là pouvaient se haïr avec cette passion commune. C’est vrai que Magnus arbore un look plus gothique, plus strass à paillettes, plus flamboyant et que, contrairement à lui, Chuck préférait le neutre, mais le neutre élégant en s’habillant uniquement de costard de marques faits sur-mesure pour lui. Magnus aussi aimait l’élégance. Il était un savant mélange entre l’élégance neutre et la flamboyante splendeur en mixant différents styles vestimentaires venant d’autres époques, mariant la finesse des années victoriennes et autres vieilles époques avec la brillance de l’année moderne dans laquelle ils vivaient. Magnus était sûrement le seul homme qui savait marier harmonieusement des styles venant de différentes époques. En pensant à ce bel asiatique au visage splendide, aux avants bras dessinés avec finesse et douceur avec ses veines saillantes, aux mains envoûtantes, aux yeux félins, au torse délicieusement sculpté par les Dieux, aux muscles saillants de ses biceps, au dos captivant, il ne s’était pas rendu compte qu’il avait traversé la rue et atterrit devant le magasin de fringues où Chuck l’attendait. L’appel de la mode…
Il esquissa un sourire en coin, secouant la tête de gauche à droite, levant les yeux au ciel. Il poussa la porte et pénétra dans le magasin, fermant la porte derrière lui.
***
Chuck et Chase étaient à la caisse. Ils se préparaient à payer une note salée. Ils avaient prit des vêtements chauds comme des pulls en cachemire à col roulé, des sous pulls, des manteaux, des chemises, des vestes en cuir, des pantalons et les incontournables accessoires d’hiver comme les gants, les bonnets et les écharpes. La vendeuse, une belle asiatique aux cheveux corbeaux coupés mi-longs et habillée d’un haut blanc sous une fine veste rouge de football américain aux manches dorées et rouges sur laquelle se trouve deux dessins de dragons et d’un jean taille haute dont elle a retroussé le bas en faisant des ourles, laissant apercevoir ses converses rouges Chuck Taylor 70, passa derrière son oreille une mèche brune qui venait titiller ses longs cils recourbés. Elle était très mignonne, et elle ne semblait pas maquillée. S’il n’était pas aussi amoureux de Fedora, il aurait put tenter sa chance. Elle bipa les codes barres de vêtements et les plia avant de les ranger soigneusement dans un grand sac en plastique sur lequel était marqué en grand le nom du magasin. Chuck avait sa carte bancaire en main. Chase, qui avait enfin réussi à enlever son regard de la belle vendeuse face à lui, tourna son regard vers son ami, apercevant qu’il avait sa carte et qu’il comptait payer. Alors, ni une ni deux, il porta la main à sa poche, en sortant sa carte avec laquelle il jouait. Il posa de nouveau son regard sur la vendeuse qui, concentrée dans sa tâche, ne remarqua pas le regard persistant et charmeur du brun qui sentit soudainement une vive douleur au niveau des côtes. Il poussa un gémissement de souffrance, mettant une main sur sa plaie, se tournant vers son ami qui afficha un air ravi et innocent.
- Je peux savoir ce qui te prend ? lui demanda-t-il, le foudroyant du regard.
- Arrête de draguer comme ça ! le réprimanda Chuck. Excusez-le mademoiselle, implora-t-il en se penchant vers l’asiatique. Parfois, il peut être sans gêne… Et c’est pas faute de lui ordonner d’arrêter. Tu es en couple bordel ! s’écria le châtain en donnant une tape violente derrière la tête de Chase, lui arrachant un autre gémissement de douleur. Non mais vraiment, les mecs, je vous jure… Vous devez savoir ce que c’est, n’est ce pas L…
- Lian, corrigea la belle brune. C’est un prénom chinois signifiant Lotus, répondit-elle, les joues empourprées, un adorable sourire timide aux lèvres tandis qu’elle replaça une mèche de cheveux derrière son oreille.
- Il est magnifique, rétorqua Chuck, séducteur.
- Je peux savoir à quoi tu joues ? l’interrogea-t-il, un sourire interrogateur aux lèvres.
- Quoi ? Il n’y a pas que toi qui ai le droit de draguer mon cher.
- Si, toi, t’es en couple, je te rappelle.
- Vous partez en voyage ? demanda Lian, un ravissant sourire aux lèvres.
- Oui, en France.
- C’est un magnifique pays, surtout pour un couple amoureux, ajouta-t-elle en rangeant le dernier pull bipé dans le sac.
- Ah non ! On est juste amis ! s’empressa de corriger Chase, gêné, souriant prudemment, les joues rouges. On fait un voyage scolaire en France.
- Comment oses-tu dire que nous sommes <juste amis> ? éclata Chuck, apparemment furieux. Je sais que tu es encore amoureux de Magnus ! Ne me prends pas pour un abruti, je vois bien comment tu le regardes ! Qu’est ce qu’il a de plus que moi, hein ? tonna-t-il, fondant en larmes.
Chase comprit alors que son ami jouait la comédie, qu’il faisait exprès de les faire passer pour un couple homosexuel dans l’espoir qu’il avoue quelque chose. Sauf que, malheureusement pour lui, il est tombé sur quelqu’un de plus intelligent que lui. Il a été le premier à faire ce genre de blagues. La première fois, ça a été avec Charles McStan. Il s’était fait passé pour son ex encore amoureux de lui et sa prestation avait été si réaliste qu’Erik, le petit-copain de Charles, y a crut. Le fait est que, ils sont tout les deux hétéros et que personne de censé ne pourrait croire à ce genre de scènes. Par contre, ce qui l’avait mit en colère, c’était qu’il mette Magnus sur le tapis, à nouveau. Pourquoi Chuck éait-il si obsédé par l’asiatique ? Il est vrai que Magnus fait parti de ces personnes qui illuminent une pièce rien qu’avec leur présence. Il n’avait pas vraiment besoin de parler, de chanter ou de danser pour que la pièce rayonne. Rien qu’en étant là, il faisait étinceler n’importe quoi sur son passage. Tout le monde se sentait rassuré en sa présence, comme s’il était une sorte de grand frère beau gosse et protecteur. Et ça, Chuck n’arrivait pas à le supporter. Au lycée, tout le monde adorait Magnus. Pourquoi ? Il était attentionné, attentif, gentil, protecteur, intelligent. Il était populaire mais il n’en jouait pas. Il s’est toujours séparé avec honneur et class avec ses petites-copines, réussissant à ce qu’ils restent amis. Il était tellement mignon et innocent qu’on arrivait à lui pardonner tout et n’importe quoi. Mais là, il est passé d’ado timide et adorable à un adulte sexy et sûr de lui et c’est sûrement ça que Chuck lui reproche. Chase aimait dire que les hommes ont hérité de la beauté des anges et de la perfidie des démons. Magnus en était la preuve vivante. Préférant se taire, ne rentrant pas dans le jeu pervers de Chuck, il prit en main le sac de fringues que Lian lui tendait avec un sourire amusé tandis que son ami parlait de tout et de rien.
- Si tu payais au lieu de raconter ta vie privée à Lian qui a encore plein de travail, proposa le beau brun, s’accoudant contre le comptoir de la caisse, sa tête posée contre le plat de sa main, souriant malicieusement.
- Quel rabat-joie, rétorqua le châtain, esquissant une moue ennuyée.
Enfin les habits payés, ils purent enfin partir de la boutique. Ils saluèrent Lian avant de se diriger vers la sortie du magasin. Elle leur souhaita, d’un ton jovial, rieuse, une bonne journée et bonne réconciliation. Ils sortirent et longèrent la rue jusqu’à arriver devant le 4x4. Alors que Chuck rangea les affaires dans le coffre, Chase, qui se trouvait à ses côtés, lui demanda pourquoi il avait fait croire à la vendeuse qu’ils étaient en couple. Fermant le coffre, Chuck lui répondit qu’il ne savait pas et, se tournant vers lui, rétorqua que ça lui est venu à l’esprit et que ça pouvait être drôle.
- Tu sais ce qui pourrait être drôle ? l’interrogea-t-il alors qu’ils se déplacèrent vers leurs sièges respectifs. Mon poing contre ta mâchoire, répondit-il amèrement.
- Allez Collins, en voiture ! lui ordonna son ami.
Chase monta, levant les yeux au ciel devant le nom qu’il avait utilisé. Il ne se faisait toujours pas à l’idée qu’il était un Collins et que cet Alec avait raison. S’il détestait ce dernier pour lui avaoir fait ouvrir les yeux trop tôt, il ne pouvait s’empêcher de le remercier intérieurement et d’espérer le revoir pour lui parler de toute cette affaire… Après tout, faire partie de l’élite britannique devait avoir quelques avantages… Espérons qu’Alec saura lui en dire plus…
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Du côté de Magnus, ils venaient de finir d’emballer les derniers cartons. Bien que celui-ci avait passé le plus clair de son temps a donné des instructions sur la disposition des cartons, il se sentait épuisé. Lorsque Fedora entra, portant le dernier carton hors de sa chambre, elle le retrouva, assis sur un pouf cylindrique, un livre entre les mains. Raphaël, l’ami latino de Fedora et de Magnus qui accompagné cette dernière à une fête avec Zoé Gonzalez parce-que l’asiatique devait se rendre à une fête de son club, la rejoint, portant lui aussi un carton. Ils échangèrent un regard en coin, et se retournèrent vers Magnus. Tous deux savaient très bien que ça ne servait à rien de réprimander Magnus sur le fait qu’il n’aidait en rien dans le déménagement. Il allait argumenter sur le fait qu’il avait donné à chacun des ordres, spéculant aussi sur le fait qu’il déteste transpirer. Raphaël avait déjà cocoté une réplique bien cinglante pour forcer le bel asiatique à se bouger mais il savait que ça ne servirai à rien. Néanmoins, Fedora posa son carton à terre, sous l’œil de son ami qui lui déconseilla fortement de dire quoique ce soit à Magnus. Elle fit mine de ne pas l’écouter et alla se planter devant l’asiatique. Celui-ci leva les yeux vers elle et ferma son livre, se levant d’un bond avec un adorable sourire aux lèvres.
- C’est bon ? On peut retourner dans un véritable appartement ? demanda-t-il, visiblement excité de retourner à Brooklyn, mettant son livre en sécurité contre lui.
- Oui, soupira la blonde, fatiguée de toutes ces allées et venues. Même si on aurait pût y retourner beaucoup plus vite avec ta précieuse aide, lança-t-elle, croisant les bras alors qu’il la dépassa.
- As-tu eu une idée de la personne à qui tu parles ? demanda-t-il en se tournant vers elle, souriant, le dos face à la porte d’entrée. Vous vous en êtes bien sortis ! répliqua-t-il en marchant vers elle d’une démarche chaloupée. Je ne suis pas du genre à obéir aux ordres, je les donne.
Fedora leva les yeux au ciel, secouant sa tête de gauche à droite tandis que Magnus se tourna vers la porte. Raphaël écarquilla les yeux, se mettant à ses côtés. Si l’un était surpris par le comportement de l’asiatique, l’autre était plutôt amusée mais si elle savait qu’elle devrait en être lassée. Elle récupéra son carton et commença à se diriger vers la sortie. Raphaël essaya de la rattraper, essayant de reproduire son pas rapide. Magnus était dans le couloir, le livre dans la main gauche, jouant avec les clés de l’appartement dans la main droite. Lorsque Fedora sortit, suivie par Raphaël, elle nota que c’est lui qui les avait prises. Elle croyait les avoir oubliés. Heureusement qu’il pensait à tout. Dès que les deux amis furent sortis de l’appart’, Magnus leur fit signe de bouger de devant la porte à l’aide de ses fines mains. Il inserra la clé dans la serrure, il la tourna vers la gauche et ferma la porte. Enjoué, il les rangea dans la poche de son pantalon et fit volte-face vers ses amis, sentant des regards peu pudiques et discrets sur lui. Il croisa les yeux jades de Fedora qui détourna la tête, s’avançant prudemment vers les marches de l’escalier. Elle fut rejoint par Raphaël qui avait, lui aussi, détourné le regard. Magnus leva les yeux au ciel, un sourire tendre aux lèvres tandis qu’il suivait ses amis dans leur progression vers le rez-de-chaussée.
Enfin arrivés au rez-de-chaussée, Magnus les devança et alla se mettre devant la porte de l’immeuble qu’il ouvrit en grand. Il plaqua sa main contre la porte et les laissa passer, laissant ainsi son regard s’attarder sur leurs fessiers respectifs, sans éprouver la moindre gêne. Il sortit de l’immeuble et ferma la porte derrière lui. Le trio se dirigea vers la voiture de Magnus qui avait été garé face à l’immeuble pour faciliter les voyages entre l’appartement de Fedora et le véhicule. Devant la voirure au coffre ouvert et rempli de cartons en tout genres se trouvaient Bill, Simon et Charles. Charles, étant venu en scooter, tenait son casque entre ses mains. Raphaël chargea le coffre du carton qu’il avait entre les mains et se dirigea vers Simon dès qu’il l’eut fait. Les deux amis étaient venus grâce au van de Simon. Ces deux-là se dirigèrent vers le véhicule tagué après avoir fait la bise à leurs amis respectifs. Fedora les remercia à tour de rôle. Charles s’avança vers elle et la prit dans ses bras, ce qui eut le don de rallumer la jalousie de Magnus qui serra les poings. Enfin l’accolade finie, le châtain monta sur sa moto, enfilant son casque. Il démarra son engin et démarra. Magnus jeta un coup d’œil à Fedora qui parassait être dans la lune. Il se tourna vers Bill qui entra dans la voiture, faisant chauffer le moteur, comprenant qu’il était de trop. Magnus se dirigea vers elle, lui prit le carton des mains sans qu’elle s’en rende compte tant elle était obnubilée par quelque chose qui échappait à la compréhension de Magnus. Il essaya de trouver une place adéquate entre deux cartons qui laissaient une faible place entre eux. Il tenta alors de le ranger là. Il prit une courte inspiration, fermant les yeux et se tourna vers la blonde dont les doux yeux relaxants et apaisants étaient rivés vers la route. Elle semblait être sous transe, ce que Magnus n’arrivait pas à s’expliquer. Il la regarda une dernière fois, tendre et amoureux, avant de se mettre face au coffre à présent plein à craquer. Il ne sût comment décrire le sentiment qui lui comprima l’estomac et le cœur. Il se sentait si euphorique qu’il pensait que rien ne pourrait venir entacher cette journée. Il était tellement heureux de savoir que Fedora serait à ses côtés qu’il ne laissera personne s’emparer de ce bonheur pur.
Il prit en main la porte du coffre à deux mains et la fit redescendre, la faisant claquer si violemment que ça fit sursauter la jolie blonde qui ne s’y attendait pas. Elle fit volte-face vers lui, à présent sortie de ses pensées. Elle le regarda avec des yeux interrogatifs. Il nota qu’ils étaient quelque peu embrumés. S’il s’écoutait, il se serait ruer sur elle, l’entourant de ses bras musclés, blottissant sa tête contre celle de la blonde qui aurait resserré son étreinte. Il l’aurait collé contre lui, le bassin de l’un contre celui de l’autre, voulant qu’ils ne forment plus qu’un… Mais, un bruit désagréable de Klaxon vint le sortir de sa rêverie, le faisant sursauter. Il se mit presque à maudire Bill pour cette brusquerie sans nom. Il lui en voulait de l’avoir fait sortir d’un doux rêve avec cette manière brutale qui en était presque barbare. Il se reprit en main, croisant le regard jade de la blonde, qui le contemplait, interdite. Magnus faillit se perdre à nouveau en admirant la couleur délicate des yeux de son vis-à-vis au radieux sourire, aux lèvres charnues et douces, au visage angélique et au corps divin. Heureusement qu’un deuxième Klaxon retentit pour le faire revenir sur Terre. Il cria à Bill, légèrement irrité tout de même, qu’ils arrivaient. Fedora pouffa, arrachant un tendre à sourire à Magnus qui se mit à rire aussi. Elle se précipita sur lui, essuyant ses larmes de rire d’un revers de la main. Elle posa ses mains contre ses épaules, les pressant, dès qu’elle fut face à lui. Ils étaient morts de rire et ne pouvaient s’empêcher de libérer ces éclats de bonheur. Finalement, après une bonne minute de fou rire incontrôlable, ils finirent par se calmer. Ils se regardèrent longuement, les yeux de l’un plongés dans ceux de l’autre. Magnus remarqua que les pupilles de Fedora se dilatèrent lorsqu’elle rencontra ses mirettes fauves, à nouveau. Ils ne pouvaient détacher leurs regards l’un de l’autre, tellement leurs iris étaient hypnotisantes l’un pour l’autre. Magnus fut vite remit sur terre par un troisième Klaxon, les faisant tout les deux sursauter par la violence de ce bruit inattendu. Alors, ils se séparèrent. Magnus la contourna, se mettant face à la porte, laissant à Fedora le soin de le couver amoureusement du regard. Il prit en main la poignée et l’abaissa. Il ouvrit la portière en grand, la main toujours posée sur la poignée. Il invita la blonde à entrer, s’inclinant devant elle. Ce qui eut le don de l’amuser. Elle réprima un rire tendre, portant ses mains à ses lèvres et s’engouffra dans le véhicule. Magnus saisit l’opportunité de contempler le fessier en forme de cœur de sa chère blonde. Il se mit soudainement à rougir lorsqu’il croisa ses yeux amusés, brillants d’une lueur moqueuse et maligne. Il leva les yeux au ciel, retenant de pouffer et entra à son tour dans la voiture. Il ferma la portière et se rangea à ses côtés, s’asseyant à la place du milieu afin d’être à côté d’elle. Bill démarra le moteur, la radio s’alluma et empli la voiture. Sauf qu’aucune des personnes présentes dans la voiture n’aimait ce que la radio passait. Alors, Bill changea de musique, mettant une compilation des chansons présentes dans la série Shadowhunters que les trois ami adoraient. La première chanson qui emplie la voiture fut Dont Forget About Me de CLOVES. Sous la mélodie apaisante et triste de la chanson, Fedora posa sa tête contre l’épaule de Magnus qui, loin d’être surpris, fut heureux de recevoir un poids physique sur ses larges épaules. Il mit sa tête contre la sienne, fermant les yeux tandis que leurs mains se rencontrèrent, s’entrelaçant. Les deux amis, qui ressemblait plus à un couple qu’à deux meilleurs amis, s’endormirent sous le rythme doux et nostalgique de la chanson. Il y avait encore deux heures de route…
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La nuit avait fini par remplacer le jour. Du côté de l’Upper East Side, le ciel était couvert par des nuages de pluie. Ça tombait bien, Chase n’avait pas envie de sortir. Il voulait passer une journée trnaquille. C’est pourquoi il avait laissé Chuck se charger du dîner, rien de mieux qu’une bonne soirée entre amis. Ce n’est pas que la compagnie de Aïden lui manquait particulièrement mais il avait juste hâte de les revoir avant le lendemain. Il allait passer le plus clair de son temps à dormir ou à essayer de ne pas contempler Fedora en train de dormir. Enfin, il ne savait même pas s’ils allaient être placés l’un auprès de l’autre. Tout ça avait été si vite, grâce à Magnus qui s’était arrangé pour payer l’intégralité du voyage. Il devait être très fortuné pour pouvoir faire ça… Mais, assez parler de Magnus. S’il continuait de penser à lui, son cerveau, et plus particulièrement l’hemisphère droit de son cerveau, n’allait pas cesser de le faire penser à lui, à lui et à son corps de dieu, à lui à ses yeux de félins, à lui et à sa peau tannée par le soleil, à lui et à ses lèvres délicates, à lui et à son toucher fragile et délicat, comme celui d’un pétale de lys. Il en avait assez de penser à lui à chaque seconde de sa vie. C’était plus fort que lui ! Il ne pouvait pas s’en empêcher… Penser à Magnus et à tout ce qui fait de lui qui il est lui était aussi vital que respirer. Pourtant, il avait quelqu’un d’autre en tête. Quelqu’un qui est à l’opposé de lui mais qui ressemble à Magnus, sans pour autant être parfaitement comme lui. Fedora avait changé à une vitesse fulgurante. Elle avait plus de confiance en elle et semblait determinée. A quoi, ça il ne le saurait jamais mais, même si la version douce et délicate de son ex petite-ami lui manquait, il devait avouer que Phoenix lui faisait de l’effet. S’il était déjà éperdu d’amour pour Fedora, vous ne pouvez pas imaginer l’amour qu’il ressent pour Phoenix. Il est plus qu’éperdu, il est complètement fou d’elle. Fou d’amour à en crever.
Les yeux de Vanilla Ice et de Pearl suivirent les mouvements des mains de leur maître qui était en train de ranger sa valise. Il pliait ses habits et les rangeait, tout ça avec la musique qui tonnait fort dans ses oreilles. Il se mit à chanter à tue-tête les paroles de Stressed Out de Twenty One Pilots. Il se mit à penser qu’il pourrait peut-être s’inscrire à The Voice lorsqu’un tambourinement contre la porte en verre de sa nouvelle chambre le coupa dans ses projets d’avenir musicaux. Il leva la tête, tandis que Vanilla Ice se leva, le poil hérissé, les crocs sortis, un grognement sauvage sortant de sa gueule. Chase vit que c’était Leighton, elle avait un carton de pizza entre les mains. Le brun pouvait reconnaître ce délicieux parfum n’importe où. Il en salivait déjà. D’un geste brusque, il jeta son dernier pantalon dans la valise et la referma précipitamment. Il rassura Vanilla Ice en lui grattant le crâne. Le petit labrador se calma, fermant les yeux sous les caresses de son maître qu’il quitta en se mettant auprès de Pearl qui ronronna à son contact. Vanilla Ice se coucha près du chaton qui, ouvrant les yeux, décida de laver le poil crème du chiot. < Les chiens ne font peut-être pas des chats, mais ces deux-là ont l’air de bien s’entendre…> Si un chien et un chat peuvent s’entendre, alors pourquoi ne pas envisager une réconciliation entre Fedora et lui ? Ah oui… C’est vrai… La blonde est rancunière de nature. Et on dirait que même Magnus n’avait réussi à faire disparaître ce défaut. Finalement, après s’être assuré qu’aucun de ses animaux n’allaient se jeter à la gorge de l’autre et qu’ils n’allaient pas s’entretuer, il décida de sortir de sa chambre.
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Brooklyn… Une si belle ville. Fedora s’y plaisait. Les couchers de soleil ne lui ont jamais paru aussi beaux qu’à Brooklyn. Peut-être parce-que c’est ici qu’elle sut renaître de ses cendres, tel le Phénix. Et tout ça grâce à Magnus qu’elle ne remercierait jamais assez pour lui avoir offert un présent aussi précieux qu’une seconde vie. Elle l’aimait tellement et elle n’avait pas supporté ce que lui avait dit Chase à son sujet. Non mais quel petit con ! Pour qui se prenait-il à jouer les séducteurs avec ses grands et magnifiques yeux bleus, sa peau neigeuse et immaculée, sa mâchoire carrée et tout ce qui faisait de lui un aussi bel homme ? Elle trouva la réponse à sa question. Elle était évidente. Il se prenait pour lui-même. N’empêche qu’il n’a pas le pouvoir de lire dans le cœur des autres. Mais, au lieu de continuer à rager contre le beau brun, elle décida finalement de sortir de la douche. Elle n’avait pas supporté que les mains douces de Chase la touchent et l’effleurent comme elles l’ont fait. Alors, elle avait prit une petite douche chaude qui l’avait aidé à se détendre. Elle se rinça une dernière fois les cheveux, Body de SYML. L’eau glissa avec légèreté sur sa peau, telle une main protectrice. Elle porta la main à son tatouage qui, loin de lui faire souffrir le martyre, la tiraillait un peu.
Enfin nettoyée de toute transpiration et de toute sensation désagréable qui avait parcouru son corps à la minute où Chase avait enlevé sa main de sa chair, elle sortit de la cabine de douche. Bien qu’elle ait récupérée son shampoing, elle préférait utiliser celui de Magnus qui sentait vraiment très bon. Elle en était presque tombée amoureuse de ce parfum de santal. Quant à tomber sous le charme oriental de Magnus… Ça c’était une toute autre histoire. Elle savait qu’elle ressentait quelque chose de fort pour lui. Elle ressentait un fort, puissant, indescriptible et enivrant sentiment pour lui. Elle ne savait juste pas ce que c’était… Enfin, elle réussit à s’enlever toute pensée négative de la tête. Après tout, Clara et Jonathan allaient venir dîner à la maison et ce n’est pas tout les jours qu’elle peut profiter du caractère de chien du blond qu’elle adorait emmerder et rembarrer, sous l’œil amusé de la jolie rousse et de Magnus qui la regardait avec tendresse. Elle prit deux serviettes qui avaient été pendu sur le porte-serviette, se mettant une claque mentale avant que son cœur ne prenne le dessus sur sa raison. Elle sécha sa longue chevelure qui lui tombait au niveau de la taille, mèche par mèche après avoir enroulé la longue serviette autour de son corps.
Dès qu’elle fut complètement séchée, elle enleva sa serviette, la jetant dans un grand panier en osier, prenant en main de nouveaux habits. Elle enfila d’abord ses sous-vêtements et passa par-dessus un pantalon noir en cuir taille haute, ce qui eut le don de d’abord lui comprimer le ventre et de sentir de désagréables frottements contre sa peau – elle n’était pas très à l’aise avec tout ce qui est en cuir et moulant -. Après s’être habillée de son bas, elle se vêtue d’un crop top bordeaux croisé à manches longues et au décolleté plongeant. Si elle savait se mettre en valeur, elle savait aussi que le regard de Jonathan serait fortement attiré sur sa poitrine. C’est pourquoi elle hésita à mettre une veste, pour dissimuler quelque peu sa chair. En se regardant dans le miroir, elle nota qu’il manquait quelque chose. Ses cheveux ne pouvaient pas rester lâchés comme ça, même si Magnus allait automatiquement défaire sa coiffure, préférant que sa chevelure d’or et de bronze coule dans son dos. Alors qu’elle étudia différents tutos pour faire une queue de cheval tressée et qu’à chaque fois qu’elle échouait, elle se mettait à pester contre les youtubeuses, elle décida de juste passer un coup de brosse sur sa chevelure et de la laisser tel quel. Elle n’avait pas envie de se prendre la tête pour si peu. Comme pour le maquillage. Elle décida de rester naturel, comme Magnus lui avait si souvent demandé, préférant nettement la beauté naturelle à la beauté artificielle. Après tout, sa peau semblait plus blanche lorsqu’elle mettait du fond de teint et, vu qu’aucun bouton n’était venu la défigurer, elle pouvait très bien laisser sa peau respirer. Pareil pour ses yeux, son ami détestait qu’elle se les maquille, même pour agrandir son regard et le rendre plus mystérieux et plus ardent. Il ne cessait de lui répeter qu’elle était belle comme elle l’était. C’est alors qu’elle éclata de rire, saississant l’ironie de la situation. Si elle, elle n’avait pas le droit de se maquiller, lui, il pouvait se permettre de porter de l’eyeliner, de l’ombre à paupières et autres paillettes. Enfin… Elle fit face à son reflet qu’elle ne trouva pas si affreux qu’elle l’aurait cru. Son tatouage ressortissait quelque peu, ce qui, dans un sens, la rendait plutôt contente. Après tout, elle n’avait pas choisi de se faire tatouer sur le thorax pour que le dessin soit dissimulé sous ses vêtements. Elle l’avait, non seulement pour qu’il soit vu et ainsi contempler, mais aussi parce qu’elle en avait eu envie. Depuis toute petite, elle apprécie la culture asiatique. Souvent sa mère cuisinait des plats venant de pays asiatiques et elle se souvenait qu’elle adorait ça. Elle se souvenait aussi, qu’étant petite, elle voulait se marier avec un chinois – à cause d’un certain capitaine Li Shang dans le dessin animé Mulan -. C’est pourquoi, qu’en plus de son œil d’Horus dans sa nuque et du renard sur sa cheville, elle s’était fait tatouer le mot < amour > sur le thorax. Enfin, en quittant son reflet des yeux, elle posa son index contre le pendentif en argent qu’elle portait autour du cou. Harry lui avait offert un collier à la chaîne fine et dont le pendentif est en V. Elle ne l’avait pas quitté depuis qu’il le lui a mit avant son départ pour Washington où il devait régler des affaires importantes de famille qui semblaient être très longues. Enfin, elle reprit son esprit, clignant des yeux, secouant un peu sa tête, passant sa langue sur sa lèvre inférieure. Elle enleva sa main du V en argent et l’abaissa le long de son corps. Son buste se souleva avec rapidité tandis qu’elle cherchait un peu ses marques, fouillant la salle du bain à la recherche d’un flacon de parfum. Finalement, elle tombe sur ce qu’elle cherchait. Son flacon de parfum Cacharel Amor Amor. Elle le prit en main et, comme une grenade, le dégoupilla. Elle laissa échapper une vague sensuelle et délicate de parfum aux senteurs de cassis, d’orange sanguine, de rose, de muguet, de fleur de Melati – une autre variété de jasmin – avec une légère et pourtant addictive note de caramel, de vanille et d’ambre. Elle en posa une douce trace contre ses poignets et son cou.
Elle sortit enfin de la salle de bain, après s’être chaussée de bottines à talons hauts et avoir rangé son parfum. Elle passa devant la porte de la chambre de Magnus qui était très calme. Il devait soit dormir soit se préparer en silence. La première option lui semblait être la plus évidente. Magnus adorait écouter de la musique quand il se préparait, c’était dans ses habitudes que la blonde trouvait adorable. Elle sourit tendrement à l’évocation de son bel ami asiatiique. Si elle en avait eu le courage, elle serait rentrée dans sa chambre à la volée et se serait jetée sur lui, lui volant ainsi un baiser passionné. Elle avait avancé sa main vers la poignée de sa porte, dans l’optique de réaliser son désir et de faire taire ses pulsions mais quelque chose l’en empêcha. La timidité sans doute. Alors elle se ravisa, fermant ses doigts, éloignant sa main de la chambre de Magnus. Elle porta son index fermé sur lui-même à ses lèvres. Elle vint se mordre la lèvre inférieure, enlevant ainsi sa main. Elle s’éloigna de la porte et tourna les talons, le cœur palpitant d’excitation et la gorge sèche, se dirigeant vers sa propre chambre, quelque peu honteuse, passant ses mains dans ses cheveux auxquels elle s’agrippa avec férocité, pouvant presque se les arracher de son cuir chevelu.
Arrivée devant la porte de sa chambre, elle nota qu’elle était en grande ouverte. Surprise, et quelque peu effrayée du fait d’avoir trop regardé de films d’horreur, elle baissa lentement ses mains de son cuir chevelu. Elle entra, un peu sur ses gardes. Elle resta face à sa chambre, ne prenant pas la peine de se retourner pour fermer la porte, préférant la pousser doucement pour qu’elle se claque. Sa respiration était saccadée, elle progressa vers son lit, prudemment, ayant remarqué que quelque chose s’y trouvait. Son cœur palpitant, elle s’y dirigea et se mit face à son lit. Elle fronça les sourcils, découvrant que ce qui était posé sur ses couvertures était une valise, close. Fronçant encore plus les sourcils, elle prit la valise en main et la tourna vers elle. C’était une valise de taille moyenne de couleur argentée, tout ce qu’il y avait de plus basique. Mais la blonde, se demandant ce que faisait cette valise dans sa chambre et s’interrogeant sur son contenu, décida de l’ouvrir. Elle y découvrit un assortiment de vêtements d’hiver et d’accessoires qu’elle ne savait pas être en sa possession ; comme des pulls assez moulant et d’autres étant larges, des pantalons et des jeans ainsi que des chaussures à talons. Enfin, elle prit un vêtement au hasard posé sur une pile de vêtements et le déplia. Elle ne se souvenait pas qu’elle possédait un pull noir aussi moulant. Par instinct, elle porta le pull à ses narines, humant le parfum pour découvrir à qui il appartenait, s’il n’avait pas été préalablement. Elle avait un très bon odorat et cet habit ne portait pas de parfum qui lui était familier. Elle se mit donc à penser qu’il était neuf. Elle vérifia son hypothèse en regardant dans le haut et elle découvrit sans surprise que l’habit était neuf. Elle le laissa glisser de ses mains, le pull retombant et s’étalant sur la pile de vêtements pliés dans la valise. Une seule personne pouvait avoir fait cette valise avec précision pendant qu’elle avait le dos tourné. Magnus. Elle leva les yeux au ciel, un sourire en coin tendre apparaissant sur son visage.
Laissant sa valise ouverte, elle sortit de sa chambre, ne prenant pas la peine de la refermer derrière elle. Elle traversa le salon et courut vers la chambre de Magnus d’où provenait un drôle d’air musical ainsi que de fins et délicats pas sur le sol, comme des pas dansants. Alors, avec prudence et délicatesse, elle ouvrit doucement la porte, essayant de ne pas faire de bruit afin de surprendre Magnus en flagrant délit de danse. Et ce qu’elle vit dans cette pièce était sans nul doute la plus belle chose qu’elle pouvait voir. Elle savait combien Magnus dansait bien mais là, ce n’était même plus de la danse. C’était presque ensorcelant de le voir se mouvoir ainsi. Alors, délicatement, elle s’accouda contre le mur de la porte, contemplant ce singulier et magnifique spectacle. Magnus était habillé d’une chemise à manches courtes à rayures verticales violettes et blanches qu’il avait complètement boutonné – laissant tout de même le bouton du col ouvert afin de laisser sa pomme d’Adam libre – sous un veston noir qu’il n’avait pas prit la peine de boutonner. Il avait enfilé un simple jean noir et s’était chaussé d’une paire de baskets noirs. Contrairement à d’habitude, il n’avait pas prit la peine de se coiffer d’une manière excentrique ni de se maquiller. Il était simplement au naturel et Fedora aimait cette version là de Magnus. Elle ne pût s’empêcher de sourire tendrement à sa vue. Il semblait tellement heureux et lui-même dans sa manière de danser. Par ailleurs, elle dut se mordre la langue très fortement pour ne pas éclater de rire lorsque le refrain de Greased Lightning arriva et que Magnus, s’étant agenouiller en gardant les jambes écartées, fit signe de montrer l’horizon en haussant son buste et ses épaules. Elle se pinça les lèvres lorsque, toujours à genoux, il fit un mouvement significatif des hanches, avec ce même cri qui peut-être ambigu. Elle détourna les yeux, ne pouvant plus supporter cette vision, après que Magnus ce fut lever, refaisant ce même mouvement des hanches et ce même cri, avant de sautiller, jambes écartées. Finalement, elle éclata de rire, les yeux fermés, bloquant ainsi les larmes de rires qui étaient sur le point de couler le long de ses joues. Fedora se tourna de nouveau vers lui, ouvrant les yeux, alors que son corps était secoué de rire. Elle éclata de nouveau de rire et ne sut comment s’arrêter, penchée en avant, ses bras enroulés contre son ventre.
Elle finit par se relever, effaçant d’un revers de la main une larme de rire qui coulait sur sa joue, essayant de se calmer. Elle fit enfin face sérieusement à Magnus dont les expressions avaient changé depuis qu’elle l’avait vu. Si d’abord il avait été surpris par sa présence et par son rire bruyant, il avait été ensuite gêné, il avait senti que ses joues s’étaient empourprées, puis, il avait été lassé par les crises de rire et là, il était tout simplement un peu vexé et en colère. Les bras croisés sur son torse, son soupir exaspéré et son expression faciale en étaient la preuve. Soudainement honteuse, la blonde s’excusa auprès de lui, sincèrement. Faisant une moue comme il savait si bien les faire et en levant les yeux au ciel, il finit par se déraidir et par lui dire qu’il acceptait ses excuses, souriant. Elle fondit sur lui et le prit dans ses bras. Bien qu’il fût d’abord surpris, il resserra son étreinte, se réfugiant dans sa chevelure détachée qui dégageait un agréable et envoûtant parfum familier. Ils se séparèrent l’un de l’autre, se mettant à bonne distance. Si elle, elle avait eu l’occasion de le contempler en détail, s’attardant sur quelques parties de son corps, lui n’en avait pas eu l’occasion. Il laissa ses yeux vagabonder sur son corps, s’attardant aussi sur quelques petits détails avant qu’il ne se fasse violemment revenir sur terre par une question à l’apparence simple mais qui est en réalité un gros piège tendu par ces êtres magnifiques et perfides.
- Comment tu me trouves ? demanda-t-elle, avec u grand sourire charmeur.
- Tu es très belle, comme à ton habitude, lui répondit-il, souriant tendrement, en se mettant face à elle, posant sa main sur la partie vierge de tout tatouage de son thorax, l’embrassant sur la joue. Par contre, commença-t-il, tu devrais peut-être m’attendre dans le salon, dit-il, d’un ton assez impérieux et doux. Le temps de me changer, expliqua-t-il, évasif, comme à son habitude.
- Bien sûr, répondit-elle, souriante, hochant la tête tandis que ses yeux s’agrandissèrent, comme si elle était surprise par cette réponse. Je t’attends dans le salon, l’informa-t-elle, répétant ce qu’il venait de dire, commençant à sortir de la chambre. Ah ! En fait, commença-t-elle en faisan volte-face, oubliant de dire quelque chose.
- Oui ? questionna-t-il, plein d’espoir.
- Je voulais te dire que… débuta-t-elle, cherchant ses mots, se pinçant les lèvres alors que ses iris s’abandonnèrent, encore, sur le corps de Magnus. Que tu danse très bien ! s’exclama-t-elle en lui tapotant l’épaule, souriant à l’extérieur, morte de honte à l’intérieur.
Elle s’en alla, le laissant sous le choc. Il regretta sa main sur son épaule. Il avait tant attendu qu’elle lui dise ses sentiments. A l’évidence, soit elle avait essayé de lui dire ce qu’elle ressentait pour lui soit elle n’était pas sûre de ses sentiments. Quoiqu’il en soit, ce questionnement ne l’empêcha pas d’esquisser un tendre sourire à la vue de la blonde qui le fuyait, visiblement gênée.
- Joues les effarouchées si tu veux, commença-t-il, les yeux petillants de malice et la voix suave, j’aime les défis.
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Manhattan et ses hauts buildings… Ce qui est sûr c’est ce que la vue ne changeait pas, que ça soit depuis l’Empire State Building ou depuis l’Empire Hotel. Là, Chase essaya d’essuyer une larme de rire qui était en train de couler le long de sa joue. Si la journée avait mal commencé à cause de toute cette histoire avec Fedora, elle était en train de bien se terminer. Il avait toujours rêvé de passer une soirée sur la terrasse de l’hôtel appartenant à son ami. Ils étaient en train de déguster de bonnes pizzas par ce temps hivernal, en profitant pour jouer à un petit jeu entre amis qui s’appelle < lequel d’entre nous ?>. Il en avait déjà entendu parler de ce concept et il avait souhaité le tester avec ses amis les plus proches, qui sont en réalité, ses seuls et uniques amis. Mais au lieu des habituelles pancartes où leurs noms étaient notés et qu’ils devaient juste en brandir une après l’avoir choisi avec soin, ils avaient décidé de noter leurs noms sur les téléphones, c’était une idée de Leighton, pour gagner du temps. Finalement, c’était plus casse-tête qu’autre chose et après avoir négocié longtemps avec la brune, il a été décidé qu’ils useraient de pancartes, faites uniquement avec d’anciens cartons de pizzas que Chuck n’avait pas jeté. Un simple coup de ciseau et un joli tracé de plume pour les prénoms, les pancartes avaient été fini et prêtes à être utilisées. Ce fut à Chase de poser la célèbre question.
- Lequel d’entre nous est le plus têtu ? lit-il à voix haute tandis que ses amis brandirent leurs cartes, avec son nom marqué dessus. Pardon ? questionna-t-il, s’esclafant, vexé. Je ne suis pas têtu !
- Qui c’est qui a ABSOLUMENT tenu à visiter le musée d’arts modernes et qui s’est fait exclure ? questionna Chuck, arrêtant de rire pendant trois secondes avant de pouffer de nouveau.
- Ah oui ! Je m’en rappelle !
Si Chase n’était pas lui aussi mort de rire, il se serait sûrement encore plus vexé. Les questions continuaient de fuser et de causer des rires incontrôlés à cause des réactions de ceux qui été visés par les cartes. Finalement, c’était une bonne journée.
xxx
A Brooklyn, l’humeur n’en était pas encore à la fête. Jonathan et Clara étaient arrivés alors que Magnus était en train de se préparer. Se maquiller lui avait prit plus de temps que de choisir une tenue, comme d’habitude. La nuit était tombée, le bel asiatique était fatigué. Il voulait presque demander à ses amis de quitter le loft mais il se voyait mal se déshabiller et se démaquiller à nouveau. Alors, il décida de faire face, de faire bonne figure. Après un bon café, il serait en forme ! Habillé d’un haut rouge sombre au col en V dont les boutons étaient déboutonnés, sous une veste noire de costume avec quelques dessins d’un rouge presque noir, d’un pantalon moulant à la matière ample et chaussé de chaussures italiennes noires et cirées, il sortit de sa chambre, se pinçant l’arrête du nez, tiraillé par la fatigue qui le rongeait. Son cou était orné d’une longue chaîne où un médaillon pendait contre son torse. Il avait toujours ses index et ses auriculaires ornés de bagues lourdes. Il avait coiffé ses cheveux corbeaux en piques et s’était maquillé. Il marcha d’un pas lent en direction du salon, vraiment épuisé par cette journée où il avait été en proie à de l’inquiètude vis-à-vis de Fedora et de Chase. S’il n’avait pas aidé lors du déménagement, c’est parce-qu’il n’osait plus être aux côtés de Fedora qui lui avait raconté ce qu’il s’était passé quand ils les ont laissé seuls.
En y repensant, perdu dans ses pensées, il n’avait pas fait attention au fait qu’il était arrivé devant la porte entrouverte du salon. Alors qu’il allait pour entrer, il entendit une forte rumeur féminine en provenance de la pièce à vivre. Il regarda à travers la porte et vit les deux femmes les plus charmantes qu’il ait jamais vu. Si Fedora avait fait preuve d’audace en osant une tenue sexy, Clara avait opté pour une tenue des plus casual. La rousse avait choisi un débardeur blanc à l’effet craquelé, découvrant ainsi ses bras et quelque peu son thorax où pouvait nettement apercevoir des tatouages. Elle avait noué un collier ras de cou à son cou fin et laiteux. Ses cheveux roux avaient été rassemblé en une haute queue de cheval, dénudant ainsi son cou qui possédait un autre dessin qui était gravé à vie dans sa chair. La charmante rousse avait enfilé un jean vert kaki troué aux genoux et s’était chaussé d’une paire de Docs Martens noires. A ses fins poignets blancs – dont l’un possédait un autre tatouage – pendaient plusieurs bracelets. Elle était très jolie et Magnus comprenait pourquoi Jonathan avait jeté son dévolu sur elle. Il décida, avant que son cœur n’ordonne à ses yeux de se poser sur Fedora et de la contempler pendant deux heures, de s’éloigner de la porte, s’adossant plutôt contre le mur d’à côté, dans le but d’écouter ce que les deux jeunes filles étaient en train de se dire alors qu’elles jouaient tranquillement aux échecs. Il entendit Clara demander à Fedora pourquoi elle semblait distraite. Il imagina la blonde cligner des yeux, se remettant les idées en place avant de poser les yeux sur son amie, l’air perdue. Elle lui répondit que tout allait bien et Magnus entendit la rousse soupirer, il la voyait bien lever les yeux au ciel ne croyant pas à ce que disait Fedora. Elle retenta à nouveau et lui demanda ce qui la contraria. Fedora poussa un long soupir exasperé comme elle savait si bien le faire et, sûrement, se pencha vers elle pour l’interroger. Elle lui demanda si elle était normal d’être amoureuse de deux personnes en même temps. Magnus sentit le sol se dérober sous lui. Il eut l’impression que son cœur, qui palpitait fort, s’était arrêté pour ensuite continuer cette danse endiablée dans sa cage thoracique. Clara semblait aussi abasourdie que lui. Elle ne répondit rien, contraignant la blonde à répondre qu’elle n’aurait jamais dut demander une telle question, disant qu’elle en connaissait la réponse qui était négative. Clara retrouva enfin sa langue et s’exclama que tout amour est possible tant qu’on lui donne une chance. Il n’est pas interdit d’aimer deux personnes en même temps. Il faut juste savoir qui a un choix à faire. Il y a toujours un choix ; soit l’un, soit l’autre, pas les deux ensembles. Cette réponse parut suffire à Fedora qui la remercia, un sourire dans la voix. Quant à Magnus, fermant les yeux, dépassé par les évenements, il plaqua sa tête contre le mur, pestant intérieurement tandis que sa pomme d’Adam décrivait les mouvements d’une déglutition. Il n’arrivait pas croire que Fedora ressentait la même chose que lui il ressentait pour elle. Il était tiraillé entre l’envie de bondir de joie, de pleurer de bonheur ou d’aller crier son etat extatique sur tout les toits. Finalement, le choix ne se fit pas puisqu’il se fit brutalement ramener sur terre par a voix lointaine de Jonathan.
- Hé, mon pote, tout va bien ? lui demanda le blondinet.
- Oui, ça va !
- T’es sûr ? T’as l’air fatigué et… T’étais pas en train d’écouter aux portes quand même, si ? le questionna-t-il, un début de sourire malin aux lèvres, ce qui eut le don d’énerver l’asiatique encore plus.
- Jonathan… Ce que je fais ne te regardes pas ! s’exclama-t-il, assez lassé de l’attitude du blond.
- D’accord, t’as raison. Je n’ai pas le droit de me mêler de tes affaires.
- Qui êtes-vous et qu’avez-vous fait de Jonathan ? le questionna-t-il, sarcastique.
- Très drôle…
Magnus esquissa un sourire en coin. Ce qu’il aimait l’emmerder. Ça lui mettait du baume en cœur. Jonathan leva les yeux au ciel, une moue dédaigneuse se dessinant sur son visage. Finalement, Jonathan esquissa à son tour un sourire et pouffa de rire tandis que Magnus se décolla du mur. Si Clara était l’élégance pure, Jonathan était la tendresse dissimulée sous une épaisse couche de sarcasme et de cuir. Le blond avait opté pour un simple pull blanc sous une veste en cuir et un jean noir. Un collier était orné a son cou, une bague en pendait. Il avait coiffé ses cheveux en arrière. Contrairement à son frère, James, Jonathan était un peu plus costaud, son torse musclé était saillant et non maigre comme celui de son petit frère. Jonathan était très bien bâti et assez mignon. Si sa beauté n’équivalait pas celle indéniable de Magnus, ses yeux avaient quelque chose de spécial. En effet, un de ses yeux étaient atteints d’hétérochromanie sur un seul et même iris – à moitié bleu à moitié brun -. Cette particularité avait séduit un bon nombre de jeunes femmes. Ce qui n’était pas le cas de Clara qui n’était pas attirée par Jonathan uniquement pour ses yeux d’une beauté rare et par son torse puissant. Jonathan savait faire preuve de tendresse et de gentillesse. Comme Magnus l’avait apprit à ses dépends. Cependant, alors que ses pensées se dirigèrent spontanément vers Fedora qui possédait des yeux bleus uniques, il fut ramené sur terre, de nouveau, par Jonathan qui se mit à ses côtés, enroulant son bras puissant autour de sa nuque, posant brutalement son bras contre son épaule, le faisant grimacer. Il le força à se reculer du mur, l’entraînant à sa suite dans le salon où le silence régner depuis quelques minutes.
Les filles levèrent les yeux vers eux. Magnus vit le regard de Clara allait tantôt sur Fedora tantôt sur lui, une tasse de thé entre les mains. Coulant un regard prudent et en coin à la blonde, elle reposa sa tasse à terre, se pinçant les lèvres pour ne pas avoir à affronter les uniques yeux de Jonathan. Les deux filles se firent face et n’osèrent regarder les garçons alors qu’ils s’approchaient dangereusement d’elles. Magnus crut apercevoir un sourire tendre sur le visage de Fedora mais il n’en était pas sûr. Elles discutaient à voix basse, ce qui l’empêchait de percevoir les murmures qu’elles échangeaient, sûrement, à leurs propos. Il nota un pouffement imperceptible de Clara qui porta ses mains à ses lèvres, se taisant, apparemment gênée.
- Dites, commença Fedora, humant un parfum qui lui semblait familier, avec Clara, on a senti un parfum de santal, dit-elle. Etant donné que je me suis servie du shampoing de Magnus, j’ai d’abord pensé que c’était moi mais le parfum provenait de derrière la porte, annonça-t-elle, coulant un regard en coin à Magnus. Vous n’y serez pas pour quelque chose ? demanda-t-elle, ne quittant pas l’asiatique des yeux.
- C’est… Moi, rétorqua-t-il, embarrassé, portant sa main à l’arrière de son crâne.
- Magnus ! s’écria Clara, visiblement surprise par la réponse de leur amis, alors que Fedora s’était levée.
Ce dernier était confus, plus que confus. Ce n’était pas dans ses habitudes d’écouter aux portes. Surtout quand la conversation était tenue par des filles et qu’elles parlaient des doutes que l’une d’entre elles ressentait vis-à-vis de deux garçons. Dès que la blonde fut auprès de lui, une pluie d’excuses sincères déferla des cordes vocales de Magnus qui était navré. Il était vraiment embarrassé, il n’arrivait pas à aligner deux mots et se perdait dans ses explications. Dans un élan d’amitié, la blonde prit son délicieux visage tanné par le soleil et plongea ses yeux océans dans ses iris félins. Elle caressa sa joue tendrement sans le quitter des yeux. Elle le rassura en disant qu’elle le pardonnait, qu’il n’avait pas de besoin de s’excuser, que tout allait bien. D’une caresse tendre de son pouce sur sa joue, elle effleura doucement la peau de son cou, leur arrachant à tout deux un doux sourire. Les yeux pétillants de joie, Magnus tendit son bras musclé, dans l’espoir d’enlacer Fedora et de la ramener contre lui, lorsque Jonathan le prit dans ses bras, l’arrachant à Fedora qui, pouffant, se dirigea vers Clara. Celle-ci éclata de rire en se retournant vers eux. Si Jonathan paraissait apprécier l’étreinte, l’expression de Magnus marquait son étonnement, sa surprise. Les sourcils de ce dernier se froncèrent sous sa stupéfaction alors que Jonathan rendit l’étreinte plus… Personnel en posant sa main contre l’arrière de la tête du bel asiatique. Magnus remercia Clara de l’avoir libéré de la prise qu’avait le blond sur lui lorsque celui-ci le lâcha finalement. Le brun nettoya sa veste d’un coup de main brutal contre son blazer. Apparemment, Jonathan n’en avait pas assez, ce que Magnus commença à trouver très lassant. Le blondinet enroula son bras autour de ses épaules et informa leurs dulcinées respectives qu’ils allaient chercher quelque chose à boire, demandant à Magnus, qu’il implora d’être son complice dans cette mascarade, s’il voulait venir avec lui. S’il ne ressentait pas le besoin de boire un bon verre de whisky, il aurait sans doute refusé pour rester en compagnie de Fedora avec qui il avait de passer une merveilleuse soirée. Finalement, il accepta, sous la pression que Jonathan lui mettait sur épaules. Ils firent dos aux filles et se dirigèrent vers la sortie, essayant de faire abstraction du fort murmure qui s’éleva des cordes vocales des deux amies.
- Jonathan est pas mal, dit Fedora, suave, coulant un regard en coin à la rousse.
- C’est vrai, répondit-elle, quelque peu amère. Mais je préfère nettement contempler Magnus. Il y a quelque chose en lui qui est électrisant, captivant, continua-t-elle avec le même ton qu’avait employé son amie, la regardant malicieusement.
Si ces murmures avaient pour but de rendre jaloux les deux garçons, Magnus avait plutôt le sentiment qu’ils avaient eu pour but de rendre les filles jalouses, enfin, plutôt de rendre Clara jalouse pour lui faire prendre connaissance de ses sentiments envers Jonathan. Il n’empêche que Magnus avait dût s’empêcher de rire pour éviter que leurs deux amies ne se vexent. Jonathan tentait de suivre son exemple mais il eut du mal à tenir jusqu’au bout.
Enfin arrivés à la cuisine, Jonathan lâcha Magnus et éclata de rire, ayant encore en mémoire ce qu’avaient dit Fedora et Clara. Alors que le blond cherchait les verres, Magnus s’adossa contre le comptoir, attendant sans grand espoir que Jonathan arrive à trouver ce qu’il cherche, étant donné que les boissons et les verres se trouvaient sous le comptoir sur lequel Magnus était accoudé. Bien qu’il s’amusait à le voir tourner en rond, comme un animal en cage et fulminer contre des verres et des bouteilles, il en avait assez de le voir faire les cents pas. Alors, alors qu’il repassa devant lui pour au moins la cinquantième fois, il le stoppa et lui demanda ce qu’il lui arrivait. Il le connaissait bien et, boire si tôt dans la soirée n’était pas dans ses habitudes, quelque le tracassait. Jonathan buvait ses paroles avec soin, sans en perdre une goûte, comme si les mots de ce dernier étaient un breuvage sucré auquel il avait succombé. Finalement, Magnus vit le visage choqué de son ami se décomposer en une expression de chagrin, s’adossant au mur face au comptoir.
- T’as raison. Te faire venir ici pour boire un coup et prendre des boissons n’était qu’un prétexte pour te parler.
- Pitié, ne me dis pas que tu as besoin de mes conseils en amour, dit-il, d’un ton accusateur, connaissant très bien Jonathan qui avait la fâcheuse tendance à l’appeler au secours à chaque fois qu’il avait une nouvelle conquête.
- Nope, répondit le blondinet. En fait, je voulais qu’on parle de Fedora et de toi.
- De Fedora et de moi ? répéta-t-il. Et pour quelle raison ? demanda-t-il. Nous partageons une relation amicale, rien d’autre, rétorqua-t-il, les joues rougies, surpris par les paroles de son ami, souriant extérieurement alors qu’intérieurement, une vague de ressentiment acide progressant vers son cœur et sa gorge.
- Justement ! s’écria Jonathan, surprenant Magnus qui écarquilla les yeux. On sent qu’il y a plus que de l’amitié entre vous deux. Les regards que vous échangeait, votre complicité… On sent bien qu’il y a quelque chose qui vous lie. Tu l’aimes, n’est-ce pas ?
- Je… commença-t-il, ne sachant pas quoi répondre. J’en ai bien l’impression…
- Tu en as l’impression ou, tu en es sûr ?
- Je ressens quelque chose de puissant pour elle. Oui, je l’aime mais_
- Voilà ! C’est tout ce que je voulais entendre ! Tu es amoureux d’elle… dit-il surexcité, se massant les mains. Bon, et elle, tu sais si elle est amoureuse de toi ?
- Quoi ? Mais… commença-t-il, en se rendant compte que, qu’importe ce qu’il dira sur ses propres sentiments envers Fedora, Jonathan ne l’écoutera pas, trop heureux de savoir qu’un nouveau couple allait voir le jour. Je… Je ne sais pas si elle ressent la même chose.
- Tu as essayé de lui dire tes sentiments ? le questionna-t-il, croisant les bras sur son torse, devenant sérieux.
- Non.. répondit-il, soudainement abbatu. Lorsque j’essaie de lui dire, elle trouve toujours le moyen de s’eclipser… conta-t-il en occultant qu’il lui a déjà dit qu’il l’aimait et qu’elle lui avait dit la même chose.
- Dans ce cas, tu n’as qu’à le lui montrer ! s’exclama Jonathan, retrouvant vite sa jovialité. A l’aide d’un doux et tendre baiser sur les lèvres ou à d’autres moyens, à toi de voir, finit-il en se décollant du mur, se mettant face à Magnus qui leva les yeux vers lui.
- Pourquoi tu tiens tant à m’aider ? le questionna-t-il, étonné que sa vie amoureuse lui importe tant, lui qui d’habitude est si égoiste.
- Parce-que… Parce-que j’en ai marre de recevoir des milliards de messages venant d’Alec ! tonna-t-il, colèreux, ce qui eut le don de surprendre Magnus qui écarquilla les yeux.
- En quoi Alexander est-il impliqué dans cette histoire ? l’interrogea-t-il, soucieux de savoir pourquoi Jonathan faisait référence à l’homme qu’il considère comme son frère.
- Il est impliqué parce-que j’en ai assez qu’il me parle H24 de toi.
- Il parle de moi ? demanda-t-il, quelque peu fier et étonné.
- Oh, il ne parle pas que de toi… Il nous parle aussi de ton cul.
- Excuse-moi ?
- Et quand on lui demande pourquoi il fait une fixette sur ton postérieur, il nous répond, à Clara, Isabelle et moi : < Avez-vous déjà vu un cul pareil ? Damn Boi ! >. Et pour te rassurer, non, je ne t’ai jamais maté.
Magnus éclata de rire, ayant croisé les bras sur son torse musclé, souriant. Il n’arrivait pas à croire qu’un garçon tel qu’Alexander pouvait avoir un crush sur lui, et sur son fessier qu’apparemment il appréciait. Et si Magnus avait bien comprit, Alec était gay… Gay, beau brun aux yeux bleus, gentleman et dragueur… Serait-il la version anglaise de Chase Collins ? Qu’importe ses liens avec cette séduisante énergumène, Magnus comptait bien le rencontrer… Un sourire malicieux se dessina sur ses lèvres en pensant à Alec. Son cœur s’emballa de plus belle. Il avait hâte de faire sa connaissance et cet élan de sympathie parut déplaire à Jonathan qui le réveilla brusquement. Magnus, revenant sur terre, lui demanda la raison de ce réveil brusque, lassé de son comportement. Il lui répondit qu’ils devaient aller voir au salon pour savoir ce que les filles souhaitaient boire. Alors que l’asiatique attarda son regard contre le torse de Jonathan qui semblait lui expliquer quelque chose, pendant que son esprit divaguait entre Alec et Fedora. Magnus fut tiré de sa rêverie, comme toujours, par Jonathan qui l’interpella. Il l’informa qu’ils devaient y aller avant que les filles ne se doutent de quelque chose. Magnus se dit d’accord avec lui alors que son esprit s’était dirigé vers la blonde qui avait réussi à éclipser Alec. Si la perspective qu’un Collins soit attiré par lui était séduisante, il ne connaissait pas cet Alec. Tandis qu’il avait apprit à réconforter Fedora, il avait apprit à l’adoucir et à la calmer. Il connaissait ses réactions, ses goûts. Il savait plus ou moins tout d’elle. Il l’aimait comme il n’avait jamais aimé. Elle lui avait ressentir de nouvelles émotions amoureuses. C’était une toute autre sorte d’amour qu’il ressentait pour elle. Elle le faisait se sentir vivant. Il nota les regards agacés de son ami et un sourire narquois et innocent s’étira sur son visage. Il sortit de la cuisine, sans un verre en main, alors que Jonathan le contempla alors qu’il était dos à lui. Il soupira fortement lorsque le bel asiatique s’étira, son haut se soulevant quelque peu, laissant entrevoir sa fine et saillante ceinture d’Apollon.
- Damn boy[2]… insulta-t-il avec son accent anglais.
Jonathan le suivit au salon. Celui-ci l’attendait devant la porte. Si Magnus avait l’air terrorisé d’entrer, il n’en était rien. Il avait juste attendu que Barbie bouge son gros fessier afin d’annoncer aux filles qu’ils avaient oublié de prendre leurs boissons. Ils entrèrent dans la pièce, une vague de leurs deux parfums différents déferlant dans la pièce. Attirée par le parfum vanillé et oriental de Magnus, Clara se tourna vers les garçons et laissa ses yeux s’abandonner sur son corps. En se dirigeant vers le canapé, Magnus nota que quelqu’un manquait à l’appel. Fedora n’était pas là. Où était-elle ? Un sentiment de panique puissant libéra son poison dangereux dans ses veines. Il se mit à la chercher frénétiquement, se demandant où elle était passée. Il était sur le point de demander à Clara où la blonde se trouvait, l’inquiètude se lisant sur son visage lorsqu’un parfum de cannelle entra dans la pièce. Il se tourna vers la porte et la vit, marchant avec une grâce féline. Fedora passa devant les deux garçons aux yeux ébahis, sans leur prêter. La rousse eut un sourire tendre qui se transforma un rictus malicieux lorsqu’elle se tourna vers son amie qui avait une trâce sur le cou. La blonde, se demandant ce qu’il se passait, la questionna.
- C’est un suçon ? l’interrogea Clara, lui montrant la tache sur son cou.
- Quoi ? demanda-t-elle, portant sa main sur son cou. Non, c’est une morsure de moustique, expliqua-t-elle, l’air sincère.
- Ho, salut moustique, salua Clara, se tournant vers Magnus à qui elle fit un clin d’œil.
Ce dernier fronça les sourcils, ne voyant pas où elle voulait en venir. Troquant son expression surprise contre un air plus sérieux et plus déterminé, il se dirigea vers elles alors qu’elles s’apprêtaient à commencer une nouvelle partie d’échec. Il était sur le point de leur demander ce qu’elles souhaient boire, face au plateau d’échec qui était devant les deux paires d’yeux les plus belles au monde, lorsque son téléphone émit une sonnerie. Il le sortit de sa poche, rageant contre la personne qui osait le déranger alors qu’il était en train de contempler la peau neigeuse de Fedora, promettant que si c’était Jonathan, il allait le regretter. Il vit le nom du contact. C’était Simon. Il l’informa qu’il faisait un concert au Runhunters, le nouveau bar à la mode. Ses yeux s’écarquillèrent. Comment avait-il pu l’oublier ? Raphaël et Simon lui en avaient parlé avant que Chase ne vienne les importuner. Fedora, dont la voix douce était emplie d’inquiétude vis-à-vis de lui, lui demanda si tout allait bien, laissant ses yeux s’abandonner contre le corps divin de Magnus qui semblait tendu. Vu qu’il ne répondait pas, encore sous le choc de ce qu’il venait de recevoir, la blonde se leva et se dirigea vers lui, alors qu’il s’était éloigné de manière à lire le SMS qu’il venait d’avoir. A pas de loup, elle marcha en sa direction alors qu’il était dos à elle. D’un geste tendre, elle posa ses mains contre ses épaules et le contempla amoureusement, sous les yeux complices de Clara et de Jonathan. Magnus lui prit la main gauche et la serra dans la sienne, laissant un tendre effleurement contre son annulaire. Il se tourna lentement vers les filles, Jonathan les rejoignant, se mettant auprès de Clara qu’il enlaça. Il leur annonça que Simon les invitait à venir le voir à son concert au Runhunters. Le trio d’amis ouvrit de grands yeux interloqués, presque effrayés.
***
Evidemment que la perspective de passer une soirée dans un bar en compagnie de la femme qu’il aime et de ses deux amis était une belle perspective mais il se voyait mal jeter toute la nourriture que Fedora et lui avaient préparé pour cette soirée. Ils n’avaient pas prit le temps de manger à cause de la nouvelle qui avait fusé. Ils n’avaient pas le temps de manger à cause de l’horaire du concert qui n’avait pas été choisi avec soin. Par contre, Magnus avait exigé que tout le monde se change avant d’aller au bar. Chose qui enchanta Fedora mais pas Clara et Jonathan qui argumentèrent, disant qu’ils allaient être en retard au bar et manquaient la représentation de Simon. Sauf que les deux étaient formels ; ils devaient TOUS se changer avant d’aller au bar. Il s’agissait là du premier concert de Simon, pas d’une soirée anodine dans un bar. Les réticents finirent par céder. Fedora prit Clara par la main et la conduit à sa chambre, l’informant qu’elle possédait quelques affaires à elle et qu’elle pouvait en prendre une, ce que Clara parut apprécier. Quant à Jonathan, il implora Magnus de ne pas lui faire porter de pantalon à paillettes, disant que ça jurerait avec son teint. Avec une moue dédaigneuse, le bel asiatique aux fesses aguicheuses et aux yeux félins enroula son bras autour des épaules du blond, le rendant extrêmement mal à l’aise et l’informa qu’il possédait des vêtements normaux, entre-guillemets.
Magnus avait eu le souffle coupé lorsque la blonde était entrée dans le salon pour parader dans sa nouvelle robe.
En réalité, elle portait un haut blanc à manches courtes et au col américain cachait entièrement sa poitrine des yeux baladeurs de Jonathan, sans pour autant garder sa poitrine occulte – seul un fin trou ovale mit à la verticale se trouvait entre sa poitrine, permettant ainsi d’avoir une minuscule vue sur son faible décolleté -. Cette absence, presque totale, de chair ne semblait pas contrarier Jonathan qui continuait de lorgner sur sa poitrine, ce qui n’enchanta guère Magnus qui, jaloux, se permit de donner un coup de coude dans les côtes de son ami qui gémit de douleur sans faire de vague. Fedora avait enfilé une longue jupe noire, couvrant ainsi la totalité des ses longues jambes fines et gracieuses, à laquelle elle avait ajouté une simple ceinture noire en cuir. La jupe était fendue au niveau de sa cuisse, laissant donc entrevoir la chair blanche de ses jambes. Elle s’était chaussée de spartiates à talons haut montant au niveau des genoux.
Elle était à tombée… Sa chevelure lisse et raide coulait avec grâce dans son dos nu tandis qu’elle resplendissait sans aucun artifice. Sa chaîne en argent avait été cachée sous son haut tandis que ses bras nus laissaient voir un large bracelet en or qu’elle portait au poignet droit. Elle était magnifique… Vraiment divine. Elle avait troqué ses faux yeux vairons pour ses vrais et captivants yeux bleus jades que l’asiatique aimait tant.
Lorsque le regard lagon de la blonde allait sur lui et que ses iris le déshabillèrent lentement du regard, il détourna le regard, son cœur dansant contre sa cage d’os. Il préférait nettement les véritables yeux de la blonde, les trouvant tout simplement magnifiques. Et il se réjouissait, qu’enfin, elle ose montrer à Clara et Jonathan qui elle est vraiment.
En parlant de la rousse, elle était arrivée quelques minutes plus tard, s’étant changé elle aussi. Elle portait une magnifique robe bordeaux à manches longues, rendant un joli contraste entre la couleur sombre de son habit et sa peau pâle. La robe possédait un décolleté plongeant, dévoilant les deux tatouages présents sur son thorax. La robe avait été faite en dentelle, comme l’indiquait les manches transparentes, la robe étant assez courte, on pouvait nettement admirer sa longue paire de jambes blanches et gracieuses, des volants ont été rajouté aux ourlets de la robe. La belle rousse était chaussée d’une paire de talons hauts bordeaux. Si Jonathan avait attardé son regard sur la tenue très sexy de sa petite-copine, Magnus préféra la contempler en détail. Il nota qu’elle avait orné son cou de plusieurs colliers – trois de longueurs différentes -. Sa chevelure de feu ondulait élégamment sur sa poitrine et dans son dos. Elle avait maquillé ses yeux de poudre dorée et avait tracé un fin trait noir d’eyeliner, ses lèvres étaient napées de gloss rose. La combinaison de la poudre d’or et de la forte lumière blanche rendait ses yeux verts plus clairs, plus bleutés. Maintenant que les garçons s’étaient bien rincés l’œil en contemplant les formes de leurs dulcinées respectives, c’étaient à leurs tours de laisser leurs belles mirettes s’abandonner sur les courbes masculines de leurs amants. Magnus avait senti les yeux lagons de Fedora parcourir son corps, le déshabillant du regard alors qu’un frisson parcourut son dos. Il s’était vêtu d’un haut noir avec des sortes d’éclaboussures dorées comme motif sous une veste noire – dont le col recouvrait son fin cou miel - à manches longues avec une sorte d’épaulettes dorées et verticales posées contre ses larges épaules, il avait enfilé un pantalon noir d’où pendait des brettelles noires. Comme à son habitude, il avait orné son cou de chaînes longues. Il portait les mêmes bagues à ses mains. Fedora avait noté que les bracelets de Magnus étaient dissimulés sous les longues manches de son haut. Si elle le trouvait déjà magnifique quand il ne portait que des habits dit normaux ; là, elle le trouvait splendide et affreusement sexy. Et ses yeux de chats, s’accordant à la perfection avec son haut, y étaient en partie pour quelque chose. Quant à ses cheveux corbeaux, il les avait coiffés de manière ample – comme une coiffure Quiff -. Son haut n’était pas assez moulant pour pouvoir admirer son torse saillant mais il était assez près de son buste pour laisser deviner ses muscles finement dessinés.
Fedora, alors qu’elle était en pleine contemplation du corps de son vis-à-vis et que ses iris turquoise se délectèrent de chaque partie de cette séduisante prison de chair, sentit un violent coup de coude dans ses côtes, l’arrachant à son admiration. Elle s’était tournée vers Clara et lui demanda pourquoi elle lui avait donné un coup de coude. Elle se plaignit à son amie, ne remarquant pas à quel point Magnus était rouge dut à l’abandon prolongé des doux yeux bleus de Fedora qui s’étaient détournés, avec cruauté, de lui. Il pouvait encore sentir son regard sur lui, ressentant un agréable frisson en repensant à ses mirettes jades qui avaient pénétré chaque partie de son corps. Chaque cellule de son organisme, chaque muscle de son corps, chaque fibre de sa peau rêvaient d’être en contact avec sa peau neigeuse et douce. Ses lèvres ne désiraient qu’une chose : faire un avec ses lèvres. Bien qu’il se sentit nu à se faire déshabiller du regard ainsi par une femme aussi innocente et pudique que Fedora, il devait avouer qu’il s’était senti flatté. Sa manière de le regarder ainsi, avec une pointe de désir, était pareille à sa manière à lui de la contempler. Quant à Jonathan, dont les yeux pétillaient vu qu’il était devenu le centre d’attention des filles, se faisait lui aussi devêtir du regard, par Clara. Et cela semblait lui faire extremement plaisir. Pourtant, il n’avait pas adopté un style très différent de celui qu’il a d’habitude. En effet, Magnus lui avait passé un haut gris souris à manches courtes en col en V, dévoilant ainsi les tatouages qu’il portait, ainsi qu’une veste noire en cuir, un jean noir et des chaussures. A présent qu’ils étaient tous prêts et qu’ils s’étaient tous considérés avec désir, ils pouvaient enfin y aller.
***
Ils étaient enfin arrivés au bar, à temps pour le concert. Tous les regards convergèrent vers la bande d’amis retardataire. Mais, ils s’en fichaient pas mal. L’essentiel étant qu’ils soient à l’heure. Ils avancèrent prudemment, ne sachant pas très bien où se mettre ; la plupart des places étant déjà occupée. Soudain, un raclement de gorge les firent se retourner comme un seul homme. Ils s’agissait de la barmette : Lydia. C’était une jolie afro-américaine aux cheveux noirs frisés, coupés, courts, et aux yeux noirs. Un de ses signes caractérisqtiques était la cicatrice qu’elle portait au cou – trois marques de griffure -. Là, Lydia portait un simple débardeur blanc, laissant ses frêles épaules chocolat dénudées. A son cou était orné un collier où pendait un saphir. Ses mains étaient ornées de bracelets et ses fins doigts étaient décorés de bagues. Ses yeux noirs sont maquillés d’ombres à paupières noire, à ses oreilles pendaient une paire de créole en argent. Ses lèvres charnues et appetissantes n’étaient nappées d’aucun gloss. La métisse était très belle et, cependant, son regard évoquait de la jalousie quant ses yeux sombres croisèrent ceux clairs de Fedora qui était joviale, respirant la joie de vivre alors que l’afro-américaine respirait l’envie de meurtre. Lydia semblait être verte de jalousie à cause des deux beautés fatales qui venaient de rentrer et qui pourraient très bien attirer tous les garçons sur elles. C’est pourquoi Magnus, qui avait remarqué les regards désireux des hommes du bar, se rua sur Fedora qu’il enlaça de son bras musclé, la prenant par la taille, la ramenant contre lui pour ôter aux autres l’envie de la draguer. Il remarqua qu’une table était libre juste devant la scène. Il tourna la tête vers Jonathan et le lui fait savoir d’un coup de tête alors que la blonde contempler le bar, des étoiles plein les yeux. Jonathan, qui s’était montré aussi protecteur que lui en attirant Clara vers lui, lui indiqua son aversion pour cette place, secouant la tête de gauche à droite, les yeux écarquillés. Un sourire narquois s’esquissa sur les lèvres sucrées de Magnus qui fit signe à Clara de les rejoindre à la table face à la scène. La jolie rousse, qui était la meilleure amie de Simon, laissa un sourire radieux se dessiner sur son visage, déjà illuminé par les étoiles dansant dans ses yeux. La rousse le tira en direction de la table, surexcitée, alors que le blondinet lança un regard noir à Magnus qui lui adressa un bref signe de la main, un sourire malicieux aux lèvres. Fedora éclata de rire à la vue du regard assassin que Jonathan avait lancé à son ami sexy.
- Dis, tu ne l’aurais pas fait exprès ? lui demanda-t-elle, se tournant vers lui, un adorable sourire aux lèvres, laissant son regard divaguer sur son cou mate, allant de sa nuque jusqu’à finalement se poser sur son visage entier qu’elle dévisagea avec désir.
- D’informer Clara que la seule place assisse était juste devant la scène où se produit son meilleur ami – qui est accessoirement amoureux d’elle – pour emmerder Jonathan qui le déteste ? proposa-t-il, d’un air faussement innocent, en se tournant vers elle, plongeant ses yeux d’or dans les siens. Non, je ne vois pas de quoi tu parles.
- Je ne te parlais pas de ça… Je parlais plutôt de ta capacité à être craquant en toute circonstance… soupira-t-elle, s’esclaffant de rire. Mais maintenant que tu as avoué que tu avais fais tout ça pour faire chier Jonathan, tu ne peux plus revenir en arrière.
Ce fut à Magnus d’éclater de rire. Fedora détourna le regard et parcourut le bar. Elle s’agrippa à son bras, se blottissant amoureusement contre lui. Ils se dirigèrent vers la place libre où leurs amis les attendaient. Broken de lovelytheband se stoppa lentement, les lumières de la scène s’allumant petit à petit, faisant apparaître la scène sur laquelle se trouvait un garçon à la beauté sombre à la peau de glace, aux yeux noisette et aux cheveux châtain possédant de longs cils. Magnus le reconnut de suite ; c’était Simon. Celui-ci portait un simple t-shirt rouge sous une chemise grise déboutonnée, un simple jean denim. Son poignet droit était orné d’un bracelet bouddha. Sur la scène, en plus du beau châtain, se trouvaient une table avec un ordinateur portant le logo de la célèbre pomme à moitiée croquée ainsi qu’un synthé face au micro. La scène n’était pas très grande mais elle était assez large pour supporter Simon et son matériel. Ce dernier s’approcha du micro.
- Salut à vous… commença-t-il, timidement, je me nomme Simon. Et, je dédicace cette première chanson aux couples qui sont parmi nous ce soir, informa-t-il, affichant un tendre sourire en parcourant la salle hilare.
Son regard patient se posa sur les deux couples présents face à lui ; Magnus et Fedora étaient blottis l’un contre l’autre, à l’instar de Jonathan et de Clara. Le blondinet ne se priva pas d’enrouler son bras autour des frêles épaules de la rousse qui se réfugia contre son corps très musclé. Il ne se priva pas pour adresser un sourire victorieux à l’ancien geek juif. Celui-ci appuya sur une touche de son ordi, lançant une mélodie harmonieuse, détournant le regard. Simon commença à chanter, plaçant le bar sous silence. Tout le monde était hypnotisé par sa douce voix qui les avait plongé en transe amoureuse. Non de lui, mais amoureux les uns des autres. Les clients enlacés se balancèrent tendrement. Magnus sentit un poids sur son épaule, il se tourna lentement, quittant Simon des yeux, et vit que la belle blonde avait posé délicatement sa tête contre son épaule. Dans un tendre et amoureux sourire, il mit sa tête contre le haut de son crâne. Elle lui prit la main et la serra doucement dans la sienne, entrelaçant affectueusement leurs doigts. Un sourire conquis se dessina sur leurs visages. Quand Simon arriva au refrain de sa chanson, Magnus sentit que Fedora frissonnait. Alors, dans un élan protecteur, il resserra son étreinte contre elle en entourant sa nuque de son bras. De son autre main, la blonde serra ses doigts vernis de noir et les effleura avec douceur.
La chanson prit fin. La salle résonnait d’applaudissements. Simon avait géré, il chanait très bien. Il avait une voix grave et séduisante. Mais avant qu’il ne commence une autre chanson, Magnus sentit qu’un léger poids s’en alla. Fedora s’était levée, au plus grand étonnement du bel asiatique. Il se releva quelque peu, la mélodie de la nouvelle chanson de Simon s’élèvant déjà dans le bar, ne la quittant pas des yeux alors qu’elle progressait vers le bar. Il la contempla s’éloigner de lui et s’asseoir au comptoir où elle était reçu par Lydia. Entendant un sifflement, il se tourna à sa gauche et vit que Jonathan l’appelait. Ils se penchèrent tout deux en arrière, se faisant face. Le blond avait l’air contrarié, ou était-il énervé… Ce froncement de sourcil n’avait jamais rien de bon en ce qui concernait celui qui en était l’objet, tout comme ce regard désapprobateur.
- Quoi ? questionna Magnus, murmurant pour ne pas déranger ceux qui écoutaient la chanson de Simon.
- Je peux savoir pourquoi Fedora est au comptoir ? interrogea-t-il, murmurant à son tour, avec un ton réprobateur. Et pourquoi TOI, tu es encore là, assis sur ton joli petit cul ? répliqua-t-il, ne rougissant aucunement de ce qu’il venait de dire, toujours aussi sérieux.
- Tu trouves que j’ai un joli petit cul ? l’interrogea-t-il, un sourire ravis aux lèvres, faisant semblant d’être flatté par ce compliment.
- Ne changes pas de sujet ! s’écria-t-il, à voix basse. Tu vas me faire le plaisir de lever tes miches de cette chaise et d’aller la rejoindre avant que je ne me fâche et que je te donne un grand coup de pied aux fesses pour que tu la rejoignes ! le prévint-il, plus que sérieux.
- Mais… Jonathan…
- Non ! Non, non, non ! tonna-t-il, murmurant toujours. Magnus, tu y vas, point barre !
Ce dernier n’eut pas le temps de répliquer quoi que ce soit puisque le blondinet ne lui laissait aucune chance de parler, murmurant en saccade. Finalement, Magnus n’eut donc pas le choix de se lever et de rejoindre Fedora au comptoir. Il s’y dirigea prudemment, de manière à ne pas l’apeurer, et s’assit sur le tabouret à côté d’elle. Lydia arriva vers lui et lui demanda ce qu’il souhaitait boire. Avec un charmant sourire, il commanda un martini. La métisse, sous son charme, lui rendit son sourire et alla préparer le cocktail. Se mordant la lèvre, il pouvait sentir le regard désapprobateur de Jonathan sur lui. Il ferma les yeux, essayant de faire abstraction des murmures injérieux du blondinet, soupirant. Rouvrant les yeux, il remarqua que les yeux océans de la blonde étaient rivés sur lui, l’air soucieux. Il se tourna vers elle et lui demanda si tout allait bien, notant qu’elle avait dans les mains un verre de whisky. Elle lui répondit positivement à sa question, un grand sourire faux aux lèvres. Bien qu’il voulait savoir pourquoi elle mentait, il se dit qu’il avait déjà la réponse. Elle avait passé une très mauvaise journée en pensant à Chase pour qui elle a encore de très forts sentiments. Ce n’est pas pour rien qu’elle a demandé à Clara s’il était normal d’aimer deux hommes à la fois… Il décida donc se taire, lui donnant l’impression qu’il la croyait. Voyant que sa commande était assez longue, il lui prit amoureusement la main, serrant leurs doigts entre eux. Il ne put détacher ses yeux de ceux de la blonde, complètement hypnotisé par ce bleu si pur. Mais son regard était attiré par quelque chose, quelque chose qui l’appelait. Il pointa son index verni de noir et orné d’une bague vers son verre et lui demanda s’il pouvait y goûter. Fedora se tourna vers le verre, détournant ainsi son beau regard bleu derrière elle, et le prit en main, lui tendant. Il le prit et trempa ses lèvres dans le liquide caramel. Le whisky, du Jack Daniels, avait goût plus sucré que d’habitude. Il coulait plus facilement dans sa gorge. Il reposa le verre sur le comptoir, se léchant les babines du whisky miel restant sur ses lèvres. Il se tourna vers elle, ses yeux d’or étincelant.
- Du whisky miel, hein ? questionna-t-il, suave. J’ignorais que tu avais si bon goût en matière d’alcool… soupira-t-il, séducteur en glissant une mèche de ses cheveux blonds derrière son oreille.
- Il faut croire que je suis une femme qui a de très bons goûts, dit-elle, en se tournant vers lui, sur le même ton charmeur que lui.
Il s’accouda sur le comptoir, ferma son poing, reposant sa mignonne petite tête sur son poing clos. Il la contempla, ses yeux de miel se reflétant dans ses yeux océans. Ils se défièrent tendrement durant plusieurs minutes. Un sourire commençant à s’étirer sur leurs lèvres respectives lorsqu’un raclement de gorge les stoppa dans leurs contemplations, les faisant rougir. Magnus sursauta, pris au dépourvu. Il se pinça les lèvres, ses joues rougissant encore plus, les muscles de sa machoire se contractant, subitement gêné. Pourtant, il n’y avait pas de quoi… En quoi regarder la femme qu’on aime est un crime. Il se tourna vers le comptoir et vit que Lydia, l’air agacé, tenait son verre de martini. Elle s’en alla, laissant les deux amis seuls. La blonde, tout aussi embarrassée que lui, se leva, prenant son verre en main, et se dirigea vers l’extérieur du bar. Magnus prit son verre en main, en enleva l’olive qui s’y trouvait et commença à boire, la gorge sèche et son cœur tambourinant dans sa cage thoracique. Il aurait put boire le verre entier lorsqu’une voix masculine et familière le tira de sa soif d’alcool insatiable. Il leva les yeux vers cette personne, séparant ses lèvres du rebord du verre à cocktail, gardant l’alcool en bouche. Sans le vouloir, son expression surprise ressemblait à celle d’un adorable chaton questionnant son maître avec ses magnifiques yeux supplicateurs. Il vit alors que la personne qui la interrompu n’était autre que son ancien professeur de psychologie : le Professeur Andrews. C’était un homme à la peau ébéne, imberbe. Il était assez grand et musclé. Il avait encore beaucoup de charme pour son âge. Magnus se tourna vers son ancien professeur qui le prit dans ses bras puissants, heureux de retrouver son ancien élève.
- Magnus Wù ! s’écria-t-il, couvrant ainsi la musique de Simon qui s’était arrêté de chanter pendant deux secondes avant de reprendre. Quelle surprise de vous voir ici !
- La surprise est partagée professeur, répliqua le bel asiatique, n’arrivant plus à respirer.
- La dernière fois que nous nous sommes vus, vous aviez pour projet de créer une boîte de nuit, lui rappela-t-il, souriant et riant, bien qu’apparemment ce souvenir lui soit douloureux vu le craquement dans sa voix, le lâchant finalement pour le laisser respirer.
- Oui, et j’y suis arrivé. Je suis gérant de la boîte de nuit la plus cotée de Brooklyn ! s’exclama-t-il, heureux.
- C’est vraiment extraordinaire ! Je suis heureux que ça ait fonctionné pour vous, Wù, dit-il, visiblement fier de son ancien élève qui avait tout pour devenir un très bon pyschologue. Et qui était cette jeune femme avec qui vous discutiez ? C’est votre petite-amie ?
- Non ! Nous ne sommes qu’amis. Elle a vécu beaucoup de choses sombres dans ses anciennes relations amoureuses… expliqua-t-il, sombre, sans entrer dans les détails, se tournant vers la porte qu’avait emprunté Fedora, dans l’espoir qu’elle revienne à lui.
- La fleur qui s’épanoui dans l’adversité est la plus rare et la plus belle de toutes, cita son ancien professeur, ce qui eut le mérité de faire tiquer Magnus.
- Professeur ? demanda-t-il, cherchant des explications.
- On ne rencontre pas une fille comme ça à chaque coin de rue ! l’informa-t-il, sec pointant son index vers la porte qu’il montra d’un signe de tête.
Le professeur Andrews prit son verre qu’il avait préalablement posé sur le comptoir et partit, laissant Magnus dans le flou le plus total. Son verre en main, ses iris miel cherchèrent où se poser avant que sa bouche n’eut le temps de pousser un faible soupir. Il porta le verre à ses lèvres et pencha la tête en arrière, fermant les yeux afin de mieux s’imprégner de l’alcool qu’il ne prit pas le temps de savourer. Il finit son verre d’une traite, rouvrant les yeux. Il s’humecta les lèvres avant de partir voir Fedora.
Il sortit du bar et la vit faire les cents pas. Il la contempla, interdit, alors qu’elle était dos à lui, vidant presque son verre. Il prit une grande inspiration, détournant ses yeux d’elle et de son corps qui lui faisait horriblement envie.
Dieu, ce qu’elle est sexy…
Portant sa main droite à ses lèvres, il baissa la tête, essayant de ne pas la mater, et passa son index et son pouce sur sa bouche qui ressentait un manque horrible en pensant à la caresse sucrée des lèvres de Fedora. Ainsi, il enleva quelconques traces d’alcool, la manche droite de son haut recouvrant le dos et le plat de sa gracieuse patte de velours, se pinçant les lèvres. Il se dirigea vers elle, prudemment.
- Magnus, c’est bien toi ? demanda-t-elle, ayant reconnu le parfum subtile du bel asiatique, toujours dos à lui.
- Oui, répondit-il, restant à bonne distance d’elle.
Il l’entendit soupirer de soulagement. Elle se tourna vers lui et ne put résister longtemps au tendre sourire qu’il lui adressait. Elle se rua vers lui et le prit dans ses bras, se réfugiant contre lui, posant ses mains contre ses omoplates, et s’agrippa amoureusement à lui. Il la serra encore plus, se pinçant les lèvres qui ne demandaient qu’à rencontrer celles de Fedora. Elle se recula doucement de lui, caressant tendrement ses épaules jusqu’à poser ses mains fines et glacées sur ses joues. Sa cage thoracique se soulevait avec difficulté. Elle le regarda, soucieuse, plongeant ses inquiets yeux bleus dans ses iris félins. Sans qu’elle ne se doute de quelque chose, il lui vola un baiser violemment amoureux et tendre. Bien que surprise, elle se laissa faire, enivrée par le goût sucré de ses lèvres tentatrices. Le baiser était si violent que leurs joues se creusèrent sous l’effet ensorcelant du baiser. Ils étaient tous les deux friands du french kiss. Ils continuèrent de s’embrasser passionnement. Magnus, qui était tellement enivré par ce goût de miel qui provenait des lèvres de Fedora, porta ses mains sur son cou, la ramenant encore plus contre elle.
Ils furent soudainement interrompus par un bruit de porte qui s’ouvre. Ils se séparèrent immédiatement, se poussant l’un l’autre. Ils virent Jonathan et Clara, tous les deux étaient abasourdis. Si l’une était agréablement surprise, l’autre était ravi.
- Excusez-nous de casser l’ambiance… commença-t-il, n’étant absolument pas navré de les avoir déranger.
Get te fuck out !
- On venait juste pour vous informer qu’on va en boîte. On souhaitait savoir si vous vouliez nous accompagner, commença Clara, presque autant gênée que les deux amis. Mais, on va vous laissez profiter de cette soirée… répliqua-t-elle, malicieuse.
Ils partirent, riant à gorge déployée. Fedora soupira, passant une main dans ses cheveux. Magnus, dans un élan de tendresse, tendit sa main vers elle, la prenant par le coude, la ramenant vers lui. Il la plaqua contre lui ; l’entourant de ses bras protecteurs. Lorsqu’elle souffla son nom dans une voix brisée par le chagrin, il comprit qu’elle était prête à parler de ce qui s’est passé. Il la recula un peu de lui et la contempla, silencieux, avec de magnifiques yeux dorés et soucieux. Il nota qu’un fin filet de larmes coulait sur ses joues. Il l’interrogea, tendre et amoureux.
- Je n’arrive plus à penser clairement… soupira-t-elle, chagrinée.
- Et moi, je n’arrive pas à ne plus penser à toi, souffla-t-il, sérieux et amoureux, posant ses mains contre ses joues frigorifiées, volant au passage quelques larmes qui coulaient le long de ses joues.
Cette fois, ce ne fut pas lui qui lui vola un baiser. Elle s’était contre lui et lui avait dérobé un doux baiser, mettant ses mains blanches contre sa peau tannée, qu’il lui rendit, confiant, tendre et aimant. S’il n’était pas fan des comédies romantiques, à cause du fait qu’au début, ça commence mal alors qu’à la fin, ça finit bien pour tout le monde, il devait avouer qu’il ne manquait plus que la pluie pour rendre le baiser encore plus romantique ; et romantique, ça, il l’était.
***
Ils rentrèrent à l’appartement de Magnus, et pas sous la pluie. Ils avaient décidé de rentrer à la maison, l’un disant à une blonde très peu convaincue qu’ils ne pouvaient pas rester là.
Là, ils étaient tout simplement sous les couvertures du lit de Magnus en train de manger ce que ce dernier avait préparé pour le dîner. Ils s’étaient tout les deux changés pour manger confortablement devant une série Netflix qu’ils avaient mit une heure à chercher. Ou, plutôt que Fedora avait mit une éternité à chercher alors que Magnus était parti se laver pour ensuite se mettre en pyjama. Il avait opté pour un simple bas de pyjama gris souris, n’ayant même pas prit la peine de mettre un haut pour dissimuler son torse divinement musclé. Les deux amis étaient donc sous les couvertures, visionnant la série Lucifer en mangeant une salade verte assaisonnée avec de fines lamelles de poulet cuit dedans, l’un chippant à l’autre un peu de poulet quand elle avait les yeux rivés sur le beau Diable. Ce n’était pas simplement par vengeance, il aimait bien l’embêter en lui piquant un peu de nourriture. Fedora, se rendant enfin compte qu’il lui restait plus de verdure que de viande, se tourna automatiquement vers lui qui lui adressa un adorable auquel elle ne put résister. Elle se blottit contre lui, posant sa tête contre son pectoral gauche, écoutant avec amour les délicats battements de son cœur qui dansait dans sa poitrine. De sa main droite, elle effleura son torse dénudé à l’aide de ses fins doigts, écorchant avec tendresse la peau tannée de son amant. De ses pectoraux, elle passa à ses abdos sur lesquels elle abandonna sa patte gracile, faisant de longs aller-retour entre son buste et son thorax. Magnus prenait, quant à lui, un malin plaisir à caresser lentement son cuir chevelu, descendant petit à petit vers sa nuque où se trouvait son tatouage d’œil d’Horus près duquel il lui fit de douces et prudentes papouilles sans effleurer le dessin gravé dans sa peau.
Il savait qu’elle était chatouilleuse au niveau du cou et qu’elle craignait à la nuque. A chaque fois que quelqu’un touchait son tatouage, elle avait des gestes de recul, ne supportant pas qu’on y touche. Même elle ne supportait pas de le toucher. A chaque fois que ses doigts rentrèrent en contact avec, Magnus voyait qu’elle n’était pas bien, qu’elle souffrait de vertige. C’est pourquoi il faisait très attention à ne pas écorcher le dessin. Elle semblait si paisible quand elle dormait qu’il ne pouvait pas s’empêcher de l’admirer, passant de son cou à ses cervicales. Elle trembla quelque peu, se collant plus contre lui.
[1] Traduction : C’est vraiment un con
[2] Dam boy = Sale gosse
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