I'M NOT MY OWN / YOU DON'T OWN ME
- CHASE JONES ! s’écria la douce voix criarde d’Elena Pley.
Le beau brun se réveilla soudainement, s’étant fait tiré d’un beau rêve. Il reprit contenance, essayant de faire abstraction du fait qu’il voulait vraiment que ce rêve devienne réalité. Même s’il savait que c’était faux, son corps, lui, ne semblait faire la différence entre le vrai et le faux. Et pour cause, ses lèvres se souvenaient encore du tendre goût sucré des lèvres de Magnus. Il se pencha en arrière, tentant de reprendre son souffle, sa bouche entrouverte alors que ses yeux cherchèrent où se poser, à part sur ses baskets. Sa cage thoracique se soulevant avec rapidité et difficulté, son cœur suivit ses poumons dans leur danse effrénée. Il se tourna lentement vers celle qui l’avait si durement ramené dans la réalité lorsqu’il sentit une douce main se poser sur son épaule, la pressant avec tendresse. La Sofia qu’il avait devant les yeux n’avait plus rien à voir avec celle qu’il a connu… Ses yeux marron étaient légèrement maquillés de poudre dorée à paupière, un simple trait de crayon noir venait agrandir ses yeux fins. Ses lèvres étaient nappées d’un peu de rouge à lèvres brillants. Quant à sa longue chevelure noire, Sofia avait décidé de se faire un tye and dye blond, contrastant ainsi avec la coloration sombre de ses cheveux. Elle s’était vêtue d’un pull assez large d’une couleur beige et avait enfilé un jean bleu troué à ses deux genoux, s’étant chaussé d’une paire de basket à la mode. Sofia le regardait avec complaisance et patience, un sourire amical aux lèvres alors que dans ses yeux brillaient une lueur de jugement amer. Il lui demanda ce qu’elle faisait près de lui. Sofia lui répondit qu’elle avait été désignée pour aller vérifier s’il restait des personnes dans le bus. Interloqué, le brun se tourna derrière lui, remarquant qu’il était, à présent, le seul à être encore dans le bus. Il nota aussi que Fedora n’était plus à ses côtés. Il soupira, fermant les yeux, attristé. Il se pinça l’arrête du nez avant de prévenir Sofia qu’il allait sortir. Il l’entendit l’approuver, lui donna une tape amicale sur l’épaule. Il rouvrit les yeux, sa main retombant contre son corps. Il vit Sofia sortir du bus, n’oubliant pas de se retourner dans sa direction et de lui lancer un mince sourire. Il le lui rendit, incertain. Il aurait voulu rester dans son siège et attendre patiemment que tous les élèves finissent de se sustenter. Mais connaissant Chuck, il savait que ce dernier serait prêt à tout pour le faire venir. Alors, un peu grognon, il décida de sortir du bus. Il glissa sur le siège voisin du sien, attrapant son sac par la même occasion. Il passa la bretelle gauche sur son bras gauche et fit de même avec son autre bras. Il descendit les marches du bus, inspirant une bonne bouffée d’air pur et français. Au loin, il vit, accoudé contre le tronc d’un arbre, Chuck qui ne se gênait pas pour le regarder de haut. Chase esquissa un sourire malicieux, se disant que leur duo de prédateurs allait bientôt se remettre en piste. Enfin, c’était ce qui était prévu lorsque Leighton arriva vers son petit-copain par derrière, se collant à lui. Elle plaqua ses petites mains frêles aux longs ongles maquillés de rouge sang et, se penchant un peu plus contre lui, devait lui murmurer quelque chose à l’oreille de particulièrement excitant vu la réaction suscitait chez son ami. Il s’était retourné vivement et ils se dirigèrent tout deux vers l’aire d’autoroute où se trouvait toilettes, souvenirs et de la nourriture. A la seule pensée de ses lèvres croquant dans un sandwich bon marché et de sa bouche dégustant un soda au goût sucré et mauvais pour la santé, son estomac se mit à gronder, il avait faim. Très faim…
Il n’osa penser à la faim de chair qui le rongeait de l’intérieur. Il était affamé rien que de penser aux exquises lèvres de Magnus Wù et de ses alléchants abdos. Et puis, les lèvres douces et tendres de Fedora lui revinrent ainsi que leur goût de rose, celles de Magnus dégageait une enivrante odeur de cerise. Il voulait goûter à nouveau à la chair miel du bel asiatique qui possédait un ensorcelant parfum de santal, la peau de Fedora était parfumée de cannelle. Ces deux senteurs, ces deux fragrances, s’immiscèrent dans ses narines fragiles. Il éternua subitement, le faisant soudainement revenir à la réalité. Il avait faim.
Enfin décidé, il partit, presque en courant en direction de la petite aire d’autoroute où Chuck et Leighton s’étaient réfugiés. Il ne voulait même pas savoir ce que ces deux-là étaient en train de faire dans les toilettes de ce bâtiment. Il en trembla rien qu’en les imaginant. Grimaçant de dégoût, il marcha rapidement vers l’aire d’autoroute. Il passa la porte et y entra.
Il passa les rayons au peigne fin, à la recherche de quoi remplir son estomac grondeur. Il était néanmoins dérangé par les regards indécents que la caissière lui lançait. S’il était dans son humeur habituelle et en compagnie de son co-pilote, il en aurait sûrement profiter pour la faire craquer. Au lieu de ça, il essaya de ne pas tenir compte de son estomac qui criait famine et tenta de trouver quelque chose de comestible. Il alla en direction des sandwichs, une musique pop française lui parvenant aux oreilles. Il parcourut le rayon à la recherche d’un sandwich au poulet ou aux crudités. Ce qu’il trouva après avoir passé deux minutes à passer en revue l’étagère. Il prit en main le misérable paquet de sandwich d’une valeur de trois euros et se tourna vers les réfrigérateurs derrière lui qui gardaient précieusement les boissons. Sans se poser de questions, il entreprit d’ouvrit la porte du frigo et de prendre une boisson gazeuse – du Coca-Cola Cherry, il en commençait à ne plus apprécier le Sprite -. Pour finaliser ses petites emplettes, il longea le rayon de chips et s’arrêta net devant une étagère proposant un paquet bon marché de ces apéritifs salés. Par acquis de conscience, il en prit un, regardant ensuite autour de lui afin de déceler une quelconque présence. Il prit ensuite un sachet de madeleines, il en raffolait petit, et accourut vers la caisse quand il remarqua la queue qui se trouvait à la caisse. Ses camarades ne semblaient pas avoir perdu de temps en rappliquant jusqu’ici, ce qu’il trouva dommage. Lui qui pensait être le seul à pouvoir jouer la carte de la barrière de la langue. Il va devoir improviser quelque peu pour pouvoir s’en tirer avec une grande révérence. Il s’arrêta derrière un élève qui lui parut familière. La silhouette et la taille de cet individu lui rappela celles de Tom Rosenbach, cet élève assez singulier et assez charmant. Le petit anglas tenait fermement sa nourriture et il tenait aussi à ce que personne ne le double. Ce qui était parfaitement normal… Chase soupira, supportant ainsi le poids de tout ce dont il avait l’intention d’acheter. Fort heureusement, Tom était le prochain dans la file d’attente. Il n’avait plus qu’à payer et ensuite, ce sera son tour. Soudainement, il entendit du bruit provenant de derrière lui, c’étaient des rires. Des rires qui lui étaient familiers et qui lui étaient amicaux. Il fit volte-face vivement, découvrant ainsi Chuck et Leighton tendrement enlacés comme les deux amoureux qu’ils sont. Un fin sourire mélancolique apparut sur son visage où une dure expression était visible autrefois. Là, il voulait juste sortir de cette aire avant de devenir fou. Il voulait juste retrouver le confort des abdos de Ma… Il voulait juste trouver le confort d’un doux foyer français !
Et voilà, maintenant que cette idée est dans son esprit, il va avoir du mal à la faire disparaitre complètement. S’il voulait être serein et se sentir apaisé, il devait sortir, prendre un gros bol d’air frais et se retrouver avec Fedora, la seule femme qu’il ait jamais aimé. Son esprit fut détourné de son objectif, il était encore perdu dans les méandres de ses pensées. Un sourire niais s’accrocha à son visage alors que Tom était déjà parti.
Si à première vue, ce sourire candide et ces yeux remplis d’étincelles semblaient s’adresser à la caissière au physique français, il n’en était rien. Chuck le savait bien. C’est pourquoi son air ravi de se retrouver avec celle qu’il aime fut de courte durée. Il aurait pu s’amuser de la situation si elle n’était pas aussi ridicule. Ça n’avait rien de comique, en tout cas pour lui. Pour Leighton, voir Chase dans un état second semblait distrayant vu les petits ricanements qu’elle poussait. Las, Chuck décida de ramener son ami à la réalité à l’aide d’une tape amicale contre son épaule.
La voix lointaine de Chuck n’avait eu aucun effet sur lui. En revanche, la grosse patte de son ami contre sa fragile épaule droite eut le don de le réveiller. Il reprit ses esprits, sursautant. Son torse se mit à bouger avec rapidité. Ses yeux papillonnèrent, cherchant où se poser. Le retour dans la réalité fut moins compliqué que lorsqu’on l’a réveillé, c’est pour cela qu’il reprit vite contenance et qu’il posa avec grâce et douceur les produits qu’il avait choisi. Et puis, d’un lent mouvement de tête le beau brun esquissa un sourire séducteur, ses yeux océan bouillant de fièvre charmeuse. Il arbora son plus beau regard, tentant de faire tomber la caissière sous son charme américain. Anglais. Quoi ? Anglais, charme anglais. Enfin, il se fichait pas mal de savoir à quelle nation son charme appartenait… Même s’il devait avouer que les Anglais avaient ce je ne sais quoi qui les rendait si séduisants… Peut-être est-ce leur accent et leur manie à se prétendre être des gentlemen. En tout cas, ce qu’il savait ce que ces Anglais sont doués pour faire tomber les femmes, et n’importe lesquelles. La caissière ne prononça un mot, de peur de briser le silence qu’elle voulait, semblait-il, préserver.
- Salut, commença-t-il, s’accoudant contre le comptoir, commençant son numéro de charme, faisant comprendre à son vis-à-vis qu’il parle français.
- Salut, répondit la française, rougissante, ses lèvres s’esquissant en un sourire timide. Vous, vous n’êtes pas du coin, je suppose, questionna-t-elle, passant une mèche derrière son oreille.
- Non, effectivement. Je ne viens pas du coin, je viens du Pont, ajouta-t-il, souriant, heureux de voir qu’il est resté le séducteur de ces dames et qu’il n’a perdu de son charme, arrachant ainsi un sourire à la caissière qui bippa les articles de Chase qui inspecta chacun de ses mouvements, perdant subitement son sourire charmeur, ses lèvres restant entrouvertes.
- Je ne pense pas qu’il y ait de pont ici monsieur, rajouta-t-elle, faisant sortir Chase de sa torpeur, tandis qu’elle se mit à glousser.
- Vous avez raison ! s’exclama-t-il, toujours avec cet adorable accent français qui réussit à faire craquer son vis-à-vis qui l’admirer avec de gros yeux emplis d’étoiles brillantes, se redressant, tapant contre le comptoir. Je suis américain, annonça-t-il en tirant de la poche arrière de son jean son portefeuille, détournant ainsi le regard des yeux globuleux de la caissière qui ne faisait que le contempler, presque avec indécence. Pouvez-vous m’indiquer le prix, je vous prie ? demanda-t-il, avec délicatesse, sans quitter le rôle dans lequel il s’est enfermé durant des années durant.
- Bien sûr ! s’exclama-t-elle, enjouée même si dans sa voix transparaissait une quelconque once de tristesse, se doutant qu’il allait bientôt la quitter.
Elle lui donna le prix final de l’addition de ses produits et lui tendit de quoi payer avec sa carte bleue. Un simple contact contre la vitre de l’appareil servant à scanner les cartes et il put récupérer ses articles. Il n’oublia pas de la remercier et de lui tirer une adorable révérence, ce qui eut le don de la faire rire et, ainsi, de la faire rougir intensément.
Il sortit de l’aire d’autoroute, suivi de près par Leighton et Chuck. Celle-ci, comprenant que les deux amis avaient besoin de se retrouver, esquissa un mince sourire, faisant glisser sa main blanche contre le dos de son petit-ami qui se mit à frissonner, le regard rivé en direction de Chase qui, lui, ne faisait qu’admirer la vue qu’il avait devant. Tom Richards et Fedora semblaient entretenir une conversation mouvementée selon ce qu’il pouvait déduire des mouvements de mains agitées de Fedora ou bien de l’expresssio de frustration et de colère qui tétanisa le doux visage de Richards. Un sourire narquois orna celui de Chase qui se délectait de cette vision si agréable à ses innoncentes mirettes diaboliques. Il se réjouissait déjà de voir la main de la jeune et belle blonde rencontrer avec une brutalité féroce la joue rondelette de son vis-à-vis. Son cœur battait fort dans sa poitrine, n’attendant plus que la claque qu’allait asséner Fedora. Quant à Chuck, il sentit un terrible effleurement contre sa peau. Il suivit des yeux l’avancée de Leighton qui se voulait être loin de lui et dont la démarche voluptueuse et gracieuse l’enchanta au plus haut point. Il ne put s’empêcher de la contempler un peu plus en détail lorsqu’elle fut hors de sa portée. Et même si ses yeux aimaient s’abandonner contre les formes généreuses de sa petite-amie, son regard se reporta contre Chase qui semblait trop heureux dans son coin. C’est pourquoi, armé de sa belle gueule et de sa canne, Chuck se dirigea en direction de son meilleur ami, soupirant, abaissant la tête afin de ne pas avoir à affronter le corps musculeux de son ami. Une moue dédaigneuse s’empara de son visage quelque peu mat tandis que le ciel commença à se colorer d’une touche de bleu pastel, l’orage et la pluie passant enfin leurs chemins.
Cette fois, pour une quelconque raison, il voulait laisser son esprit voguait vers Magnus. Il ne savait pas pourquoi mais il éprouvait à présent une grande attraction pour le bel asiatique. Pourtant, il était à moitié certain de ne pas être son type… Quoique… Il était bien son premier amour masculin, il y avait donc de fortes chances pour que Magnus ait des sentiments à son égard, négatifs ou positifs. Mais ce n’était pas tant le bel asiatique que son corps qui l’attirait et qui le faisait sentir si faible et si dépend quand ses pensées se dirigeaient quelque fois vers lui. En réalité, il se demandait s’il ne faisait pas preuve d’une jalousie qu’il tentait de réprimer. Après tout, il lui ait arrivé bien des fois de rêver, ou de cauchermarder selon les avis divergents, qu’il se retrouvait dans des corps qui n’était pas le sien. Il avait déjà rêvé d’être dans le corps de Magnus qu’il aurait bien voulu palpé avec plus de ferveur, fiévreux de connaître les secrets de son enveloppe charnelle si désirable, s’il n’était pas accompagné de Fedora dans ce doux cauchemar. Il aurait voulu sentir ses abdos finement sculpté en tablettes de chocolat sous ses fins et longs doigts mattes aux ongles vernis de noir et ornés de bagues diverses ainsi que de tâter, tripoter, peloter ce magnifique gong d’or qui était maintenant sien. A l’inverse d’être obsédé par les parties féminines, le voilà devenu obsédé par les parties masculines. Comme si le fait de penser à Magnus avait fait ressurgir une part de lui qui était très enfouie. Il ne cessait de ressentir ce désir permanent de faire de Magnus sien. Il voulait qu’il lui appartienne. A jamais. Il se reprochait maintenant de lui avoir dit qu’il ne ressentait rien pour lui car, à présent, il savait que c’était faux. Ou alors, il avait seulement besoin de le voir, de le sentir, maintenant qu’ils sont loin l’un de l’autre. Peut-être que le doux asiatique ressentait cela aussi…
Et soudain, une main s’abattit sur son épaule, le tirant ainsi de ses réflexions. Quel idiot, il faisait ! Reprenant ses esprits, il secoua la tête, déglutissant avec difficulté. Il regrettait d’avoir sursauté. Lui qui détestait montrer aux gens qu’ils avaient un quelconque impact sur lui, c’était bien joué… La main pressa son épaule avec amitié et patience. Chase passa sa langue contre ses lèvres, reconnaissant la patte doucereuse de Chuck. Il se retourna lentement, l’air contrarié.
- Tu n’as pas l’air content de me voir, dit Chuck, esquissant un mince sourire, croisant les bras sur sa poitrine.
- Pourquoi devrais-je l’être ? répondit-il, amer, copiant son ami. Tu m’as dérangé en pleine contemplation, l’informa-t-il, un rictus sarcastique aux lèvres.
- Et je me demande bien qui tu devais contempler… soupira Chuck, ne pouvant s’empêcher d’esquisser un sourire tendrement malicieux, glissant un coup d’œil peu discret vers Fedora et son vis-à-vis.
Chase ne put réprimer un rictus forcé, piqué au vif par l’insinuation que son ami avait émise. Chuck continua en disant qu’il se doutait bien que son regard était rivé sur Fedora ou sur Tom, peut-être même les deux… Une grimace vexée se dessina sur son visage, levant les yeux au ciel. Un pouffement de rire lui parvint aux oreilles, ce qui eut le don de le froisser encore plus, plaquant ses bras contre sa poitrine, détournant son regard de celui de Chuck qui éclata de rire devant la réaction de son ami. Il décida de ne pas lui parler et de continuer de le bouder comme le ferait un enfant.
Puisque c’est comme ça, je ne parlerais plus, na !
Une tape amicale vint se plaquer contre son épaule, le faisant quelque peu sursauter. Mais, cela ne le fit pas parler pour autant. Il resta aussi muet qu’une carpe, préférant le silence éloquent qu’un assourdissant dialogue. Chuck pressa son épaule avec amitié et chercha à voir son visage. C’est pourquoi on pouvait les admirer en train de chercher, pour l’un, à fuir le regard de l’autre alors que cet autre ne cherchait qu’à l’avoir en face de lui. Pendant au moins cinq minutes, ils ne faisaient que ce petit jeu, Chuck riant aux éclats alors qu’il tenait le visage de Chase dans ses mains, lui ordonnant d’ouvrir les yeux, Chase tentant d’échapper à l’emprise de son ami, en vain, grimaçant. Soudainement, un bruit lointain de branche qu’on casse leur arriva, leur tirant de leur petit jeu. Ils se retournèrent comme un seul homme, les yeux rivés vers l’horizon qui ne leur présentait que des arbres, de l’herbe et une route, une route unique pour les conduire dans les confins de la Bourgogne. Lui qui avait l’habitude des pays chauds, comme Hawaï, la Martinique, Tahiti… Enfin, que des destinations de rêves en somme. Pourquoi s’était-il retrouvé dans un pays tel que la France ? Ah, c’est vrai. Il avait failli oublié. C’est lui qui avait tenu à venir, dans le cas où Phoenix venait elle aussi afin de découvrir sa réelle identité. Maintenant qu’il savait qu’elle était Fedora et qu’elle était subjuguée par le charme de Magnus Wù, il regrettait d’être à ses côtés. Il ne pouvait ni lui parler, ni la voir, ni la toucher, ni l’entendre. Lui qui avait tant rêvé de la revoir pour la prendre dans ses bras et l’embrasser… Tout ça semblait si dérisoire et si fantastique à présent qu’elle avait été conquise par un autre. Il devrait baisser les bras et la lui laisser. Il sait très bien qu’il ne peut pas lui donner ce qu’elle désire le plus. Cependant, une partie de lui, celle qui l’avait gardé en vie lors de ses deux mois à l’armée, cette partie là n’acceptait pas qu’il abandonne. Il devait se battre pour récupérer ce qui lui appartient, reconquérir ce qu’il a perdu. Il ne devait pas baisser les bras devant la première difficulté. Devant lui, Fedora et Tom Richards avaient disparu. Balançant des coups d’œil apeurés, il les chercha par-dessus son épaule, inquiet. Il se demanda soudainement où ils étaient et ce qu’ils faisaient. Il chassa d’un coup de tête la première pensée salasse qui lui venait à l’esprit. Il sentit subitement qu’on le poussait légèrement, sûrement pour le réveiller. Et puis les secousses commencèrent à devenir un peu plus fortes, ce qui commença à l’énerver. Il tourna lentement la tête, continuant de ressentir les secousses qu’exerçait Chuck sur lui dans le but de le réveiller. Face à face, les yeux dans les yeux, il redevint stable, son ami l’ayant enfin lâché.
- Bon sang, mais qu’est ce qui te prend ? s’écria Chase, remettant ses cheveux en place.
- Tu as recommencé ! s’exclama Chuck, une expression apeurée et soucieuse au visage.
- Recommencé quoi ? l’interrogea-t-il, devenant plus calme, s’apaisant.
- De te perdre dans tes pensées, d’arborer une expression vide d’émotions, lui expliqua son ami, terrifié à l’idée de le perdre.
- Je n’étais pas perdu dans mes pensées, Chuck ! dit-il, s’esclaffant. Je cherchais seulement Fedora, finit-il, réprimant un sanglot dans la voix, espérant que le chagrin n’avait pas réussi à transparaître dans ses yeux, perdant son doux sourire amusé.
- Je vois… soupira le châtain, se pinçant l’arrête du nez, baissant la tête. C’est juste que parfois, j’ai peur de… Enfin tu sais, lâcha-t-il finalement, évasif mais assez lourd de sens pour que Chase comprenne.
- Tu t’es inquiété ! s’exclama-t-il. Tu t’es inquiété pour moi ! continua-t-il, un large sourire aux lèvres ; se moquant gentiment de lui.
- Je ne m’inquiète jamais ! nia-t-il. Et surtout pas pour toi, cracha-t-il, essayant de paraître convaincant, entourant son corps de ses bras café au lait.
Le silence allait commencer à tomber lourdement sur eux lorsque Chuck osa le briser.
- Je voulais te demander, commença-t-il, tu as rêvé de quoi tout à l’heure pour que même le moteur qui s’arrête ne réussisse pas à te faire lever au moins une paupière ? questionna-t-il, resserrant ses bras autour de lui, ses yeux pénétrant chaque pores de sa peau lisse.
- Chuck, écoute… souffla-t-il, désespéré. La seule personne qui peut avoir connaissance de ce que je rêve est mon psy, dit-il, se montrant amical.
- Je suis ton meilleur ami Chase ! C’est moi qui devrais être ton psy ! s’écria l’anglais, assez offensé que son ami préfère parler de choses intimes à un inconnu plutôt qu’à lui.
- Les rêves sont une chose personnelle. Surtout celui-là, expliqua-t-il.
Il abaissa le regard, les yeux voilés de brume salée. Il était attristé et surtout gêné par son rêve. Il ne peut pas dire qu’il en a honte étant donné que tout le monde fait des rêves érotiques mais celui-là était particulier. Il témoignait d’une chose lourde de sens. Il ne savait plus où il en était dans ses sentiments… Aimait-il Magnus ou Fedora ? Ou même les deux ? Il ne voulait pas que ce côté refoulé de lui-même refasse surface. Il ne voulait pas s’interroger sur sa sexualité – même si Magnus s’en était déjà chargé pour lui – et il ne voulait pas que ses amis le voient autrement que comme ils le voyaient auparavant. Il ne voulait pas faire endurer ça à Chuck. Pas à lui. Il se tut quelques instants, effaçant une larme d’un revers de la main. Une patte délicate se posa sur son épaule, la lui pressant avec amitié. Il releva les yeux, deux perles salées coulant avec douceur contre ses joues neiges, les yeux assombris. Il faisait face à un Chuck compréhensif au sourire affectueux et aux yeux brillant d’une nuance noisette. Il murmura, la voix brisée par le chagrin, qu’il pouvait tout lui dire. Portant les mains à ses joues où des pleurs roulaient en silence, il plongea son regard brun dans le sien, lui assurant qu’il pouvait tout lui dire. Chase referma ses fines lèvres et, avalant sa salive avec difficulté, il enleva les mains de son ami de ses joues, les abaissant. Il le remercia de vouloir prendre soin de lui mais lui assura qu’il ne voulait pas savoir le sujet de son songe. Chuck le contredit en l’informant que tout ce dont il rêve, il le rêve aussi. Chase esquissa un grand sourire, doutant que son ami fantasme sur Magnus et Fedora.
- Je ne pense pas que tu as eut un rêve semblable au mien, soupira-t-il, passant une main dans ses cheveux.
- Ça dépend… lâcha-t-il, voulant à tout prix poser sa main contre son épaule. Tu n’as qu’à me raconter ce songe et je te dirais s’il a été semblable au mien, proposa-t-il, un large sourire aux lèvres, haussant les épaules innocemment.
- Bien, soupira Chase, fermant les yeux, un mince sourire s’étirant sur son visage. Mais je t’aurais prévenu… C’était un rêve assez érotique, avoua-t-il, sentant que ses joues commencèrent à s’enflammer.
- Ah ! s’écria son ami, soulagé par cet aveu. Si ce n’est que ça ! s’exclama-t-il, posant sa main contre son cœur. Tu m’as fait peur ! J’ai cru que tu avais eu un cauchemar particulièrement prenant ! Et… Sans vouloir rentrer dans les détails, commença-t-il, désireux d’en savoir plus, c’était avec qui ? questionna-t-il, un rictus malicieux aux lèvres. Fedora ? proposa-t-il, remarquant que son ami était aussi rouge qu’une tomate, un sourire malicieux. Magnus ? demanda-t-il alors que Chase devenait de plus en plus silencieux, en plus de virer au rouge écrevisse, ses yeux chocolats s’écarquillant. Les deux ensemble ?! questionna-t-il, prenant peur.
- Ce n’est qu’un rêve, d’accord ! lui assura Chase. Tu sais bien qu’on ne choisit pas ce que notre esprit nous montre en songe ! continua-t-il, essayant de se justifier.
Chuck l’informa qu’il n’avait pas besoin de se justifier avec lui. Il continua en lui disant qu’il n’avait pas de mal à rêver de ses amants qui l’ont aimé corps et âme et qui ont fini par le haïr, corps et âme. Les yeux sévères de son ami où un océan furieux se déchainait lui firent comprendre qu’il ne devait parler de ça, alors il se tut. Ne pouvant s’empêcher de ricaner, il leva la tête vers Chase, essuyant une larme de rire et lui demanda si, durant le plan à trois, il s’était plus focalisé sur Magnus ou sur Fedora. Le silence de mort régnant entre eux lui suffit comme réponse, Chase ne voulait pas répondre ; il savait que son ami connaissait la réponse. Il continua son interrogatoire en demandant si Magnus était un bon coup, d’une manière détachée, presque innocente. C’est alors, ne remarquant pas le piège que lui avait tendit son meilleur ami, il répondit, presque en criant, que le bel asiatique était un étalon, en tout cas dans son rêve, les joues cramoisies témoignant de sa gêne et de sa subite timidité. Chuck essaya de ne pas éclater de rire et, se retenant de pouffer, il ajouta, la voix tremblante d’hilarité, il ajouta que Magnus ne devait pas être un étalon que dans son rêve, lui rappelant que le sommier du lit de Leighton attend toujours d’être remplacé. Tiquant, Chase fronça les sourcils. Il leva les yeux vers son ami qui, ne pouvant plus résister à la tentation, éclata de rire, se tenant le ventre tant il était secoué de gloussement. Il essuya une larme, un sourire moqueur aux lèvres et retomba dans l’euphorie. Piqué au vif, Chase reprit un air sérieux, ne tenant plus compte des fous rires de son meilleur ami.
Il se tourna en direction de l’horizon, n’admirant plus que des arbres.
Ennuyeux.
Il n’entendit plus que le silence, accompagné par le chant des oiseaux. Chick devait s’être arrêté après avoir comprit que le sujet « M » était un sujet qu’on ne devait pas aborder avec simplicité et moquerie. Comme il était déconseillé de parler du sujet « F » sans avoir prit la peine de vérifier si Chase était dans un état qui permettait une discussion légère. Ce qui n’était jamais le cas. Ecoutant avec attention ce qui se passait autour de lui, un son d’herbe que l’on écrase lui arriva aux oreilles. Sachant qu’il s’agissait de Chuck, il ne daigna même pas se retourner pour lui faire face, préférant continuer de se comporter comme un enfant en boudant son meilleur ami. Celui-ci passa sa langue sur ses lèvres avant de s’avancer auprès de Chase. Côte à côte, ils contemplèrent l’étendue devant eux, se disant qu’ils avaient encore le temps de faire tout ce dont ils avaient envie, que le temps n’avait plus d’emprise sur eux. Mais, ils savaient tout les deux que le temps était une chose précieuse. Le silence alourdit le cœur de Chase qui souhaitait se remémorer de tout cela lorsqu’il sera âgé. Il voulait que tout ce qu’il ce qu’il voyait et entendait s’imprime dans son esprit. Il ne voulait pas que le silence de mort qui régnait soit la cause qui brise son amitié précieuse avec Chuck. Alors qu’il s’apprêtait à parler, ouvrant mincement les lèvres afin de parler de la météo, Chuck le dévança.
- Toi qui cherchais Fedora tout à l’heure, commença-t-il, tu devrais peut-être regarder à ta gauche, lui conseilla-t-il, Chase le soupçonnant d’avoir un rictus malin aux lèvres.
- Elle n’est plus avec Tom Richards, constata-t-il, ayant suivi son conseil, ses yeux cherchant la silhouette masculine de ce dernier. Elle est au téléphone, ajouta-t-il, faisant glisser son regard contre son corps frêle.
- Et je me demande bien avec qui, ironisa le châtain, ce même sourire narquois aux lèvres. Vu qu’elle ne semble ni triste ni furieuse, je pencherais pour notre bel étalon Magnus, continua-t-il, arrachant à Chase une moue dédaigneuse et amère, croisant les bras contre ses pectoraux. J’ai faim, pas toi ? questionna-t-il, la voix suave, changeant astucieusement de sujet pour le rediriger vers quelque chose d’important.
Chase serra entre ses fins doigts de neige le sachet dans lequel se trouvait son déjeuner. Il emboîta le pas de Chuck, le suivant où qu’il aille, se doutant bien qu’il le conduisait au plus près de Fedora.
Chuck…
Après cinq minutes de marche intensive et de coup d’œil peu discret à sa gauche afin de vérifier si Fedora était toujours occupée à discuter avec Magnus et de soupirs répétés contre Chuck, ils arrivèrent enfin là où l’anglais voulait aller. A savoir l’aire d’autoroute où la plupart, sinon la quasi-totalité, des tables étaient prises. Une seule table était encore libre, il y restait au moins trois places. Chase arrêta Chuck en le prenant par l’avant-bras, le ramenant face à lui. Il lui fit part de ses inquiétudes vis-à-vis de leur acceuil à cette table là. En effet, les personnes présentes là-bas le détestent toutes. Chuck fronça les sourcils, ne comprenant pas où il voulait en venir, lui assurant que tout le monde l’aimait.
Je ne suis pas Magnus Wù… Tout le monde me hait ici…
Il soupira, suppliant presque son meilleur ami de rebrousser chemin et d’aller s’installer ailleurs. Malgré ses yeux océan s’obscurcissant d’un voile triste, Chuck se fichait pas mal de qui l’aime ou de qui ne l’aime pas. Sa décision semblait prise, il l’assura que tout se passera bien.
- Qu’est ce qui te fait penser ça ? le questionna Chase.
- Aucune idée, répondit-il simplement, souriant de manière peu encline à lui aspirer confiance.
Chase leva les yeux au ciel et, le lâchant, il suivit Chuck jusqu’à la table encore libre. En se rapprochant un peu plus de l’aire d’autoroute, il reconnut, assis à la table que Chuck convoitait, celui qu’il considérait, encore, comme son cousin ; Charles Davis.
Ce dernier était habillé d’une veste noire en cuir sur un pull fin gris souris. Il avait enfilé un simple jean noir et s’était chaussé d’une paire de Nike. Ses cheveux châtain, habituellement bouclés, tombant sur son front, avaient été coiffé de manière à ce que son front soit dégagé. Bien qu’il arborait un visage sérieux, Chase nota un début de sourire sur son visage digne de la beauté des Jones. A ses côtés se trouvait une petite blonde qui lui était bien familière : Lucy. La petite blonde à lunette était vêtue d’une doudoune rouge bordeaux qui dissimulait ce qu’elle portait en dessous, elle avait enfilé un jean kaki et s’était chaussée d’une paire de Converse.
Sofia et une autre des amies de Fedora étaient à cette table, encore tous debout. S’il se souvenait bien, elle se nommait Elena. Elena s’était vêtue d’une chemise blanche à rayures noires qu’elle avait retroussée et un short court laissant ses longues jambes blanches nues. Le col de sa chemise assez moulante était assez ouvert pour deviner son tour de poitrine. Sa chevelure blonde avait été quelque peu ondulée. Elle s’était chaussée d’une paire de bottines noires à talons. Et, aussi étrange fut-il de la revoir ici, il reconnut, déjà attablée, une de ses anciennes connaissances du lycée. Bien qu’il eut préféré voir Magnus à la place, il devait admettre que rencontrer Santana Maria sans son uniforme sexy des Cheerleaders de l’équipe de Los Angeles était un lot de consolation. La belle mexicaine au corps de déesse, à la chevelure d’encre et au regard ardent était habillée assez légèrement en cette saison automnale… Même un homosexuel se questionnerait sur sa sexualité en la voyant comme elle était. Elle était vêtue d’une robe dont le bustier noir en cœur moulait ses formes, sa mini robe découvrait une belle paire de jambes dorées protégées du froid par un collant noir en résille. Afin de préserver ses épaules menues, elle avait rajouté une courte veste noire en cuir. Aucun bijou ne venait alourdir sa tenue. Sa tenue, aussi diaboliquement sexy soit-il, la faisait passer pour un ange portant le noir à merveille. Sa longue chevelure d’ébène coulait telle une cascade d’encre s’ondulant. Elle était juste maquillée d’un trait d’eyeliner, ses lèvres nappées d’une couche de gloss. Santana avait fait reposé ses longues jambes qui n’en finissent pas contre la pierre de la table de pique-nique. Chase inspira et expira. Il se souvenait que la sulfureuse mexicaine et lui avaient une relation compliquée au début. Après tout, il avait quand même faillit lui voler sa petite-amie. Et oui, entre Magnus et Candy qui sont bisexuels, Charles McStan qui est gay et Santana qui était lesbienne, Chase était bien entouré… La petite-copine de la mexicaine était pourtant attirée par les deux sexes. Ce qui ne les avaient pas dérangé tout les deux pour avoir failli coucher ensemble. Ah, le bon vieux temps où son unique but était de séduire le plus de femmes possibles. Il se mit à penser qu’il était toujours dans cette optique là… Il reprit ses esprits lorsqu’une main s’aplatit contre son épaule. Il se tourna et vit Chuck derrière lui, son regard lui interdisant de faire chemin arrière. Chase déglutit et hocha la tête, prêt à affronter cette diablesse qui sauterait sur l’occasion de le démembrer une fois qu’elle sera seule avec lui. Il suivit alors Chuck qui lui montra le chemin vers la damnation. Il regarda plusieurs fois autour de lui, cherchant une possibilité pour s’enfuir lorsque son ange miniature lui apparut. Il lui donna une claque, trop puissante pour un petit être comme lui, lui remettant les idées en place. Depuis quand fuyait-il devant une occasion pour récupérer Fedora ? Jamais ! Un Jones ne fuit… Pas. Sauf qu’il n’était pas un Jones, plus maintenant. Il était un Collins. Un Anglais. Et si les Anglais sont réputés pour être des gentlemen, c’est surtout parce qu’ils sont des lâches. Or, Chase ne s’était jamais considéré ainsi, c’est pourquoi il emboîta le pas de Chuck, le devançant même. A présent, il n’était plus en proie aux peurs et aux questionnements qui le rongeaient de l’intérieur. Il marcha, determiné, en direction de la table où presque tout le monde était assis. Il ne manquait plus que Charles et Fedora. Alors que celle-ci discutait encore avec Magnus, Charles, lui, était plus à occupé à sortir son déjeuner de son sac qu’à regarder qui se dirigeait en sa direction.
Enfin arrivés, Chase se permit de se racler la gorge afin que les amis de Fedora lui prêtent attention. Lucy leva la tête vers lui, lâchant son sandwich des mains, venant attérir sur la surface froide et lisse de la table, Santana recracha l’eau qu’elle avait en bouche et examina Chase en détail. Il pouvait sentir son jugement lui traversait les vêtements. Sentant que ses joues virèrent au rouge, Chase s’empressa d’esquisser un sourire et de faire preuve de son fatal charme. Il plaqua ses mains de neige contre le plateau en marbre de la table, se penchant en avant. Il planta son regard dans les yeux d’un bleu pur de Lucy, demandant si Chuck et lui pouvaient s’installer avec eux. Santana les informa que la personne qui doit prendre cette décision est au téléphone avec une personne qui lui est cher. Chuck ne put réprimer une moue amusée, murmurant à Chase que tout deux savaient déjà de qui il s’agissait. Le brun fit taire son ami en se redressant, joignant ses mains derrière son dos et en lui adressant un regard sévère.
Alors que la belle mexicaine et Chase se livraient à un jeu de regard intense, s’étant levée à son tour, ils entendirent quelqu’un arriver. Le claquement particulièrement fin et délicat de baskets composées leur firent relever la tête. Nimbée de lumière, Fedora marchait vers ses amis, la tête basse, rivée sur son portable alors que ses jambes la portèrent jusqu’à eux. Chase prit une grande inspiration, espérant qu’elle ne les chassera pas. Elle était de plus en plus proche d’eux. Son cœur, suivit de près par son buste, dansa d’une manière effrenée dans sa cage thoracique, si bien qu’il ne sut comment faire pour le faire arrêter. Il avala sa salive avec difficulté, préférant continuer de contempler Fedora avec de gros yeux ébahis, son cœur criant sa souffrance. Elle arriva finalement à eux. Elle rangea son portable après avoir esquissé l’un des plus beaux sourires amoureux qui puissent exister. Ses yeux allèrent directement vers Charles et Lucy, ne s’étant pas demandé pourquoi Santana et Elena étaient debout. Elle informa ses deux meilleures amies présentes, son ancien petit-copain et Sofia que le décalage horaire avec New York était de six heures ! Elle disait ne pas en revenir lorsque Magnus lui avait qu’il était en train de dormir. Avec un sourire narquois et une voix au timbre malicieux, elle ajouta même que ce dernier devait avoir passé une formidable nuit au son de sa voix fatiguée. Subitement, elle se redressa, portant son pouce et son index à son menton, murmurant que c’était aussi sans doute qu’il était en train de dormir.
- Bref ! s’exclama-t-elle, se remettant les idées en place, levant les yeux vers Chase et Chuck. Qu’est-ce qu’ils font là ceux-là ? interrogea-t-elle, les pointant de l’index avec une expression de dédain et de dégoût, regardant tantôt ses amis tantôt Chase et Chuck.
- Fe… Je veux dire Phoenix, s’empressa-t-il de modifier, se souvenant que Santana était la seule à ne pas connaître la vérité au sujet de son amie, est ce qu’on peut espérer avoir une place à ta table ? demanda Chase, affectueux et amical, charmant.
- Nous sommes en démocratie, dit-elle simplement, se montrant évasive. Je n’ai pas à contrôler vos faits et gestes, installez-vous où vous souhaitez, répondit-elle, haussant les épaules, se montrant détachée. Par contre, toi, commença-t-elle en parlant à Charles qui s’apprêtait à s’installer face à Lucy, tu n’as pas être là, ajouta-t-elle, un timbre suave et sauvage dans sa voix tendre et douce.
Elle le prit affectueusement par le col de sa veste et le jeta assez fort pour qu’il s’étale sur la table, tombant ensuite à terre, riant aux éclats alors qu’il venait quand même de heurter une surface assez dure. Chase et Chuck avaient reculé. Du coin de l’œil, le brun vit son ami blanchir et déglutir. Avait-il soudain peur que la belle blonde fasse de même avec lui ?
Charles se releva avec difficulté, heureusement, il n’avait rien. Fedora s’assit face à son amie tandis que Charles se mit auprès d’Elena et de Lucy. Face au duo se trouvait un banc assez large pour accueillir deux personnes.
Ne voulant pas se retrouver près de la mexicaine, Chase se rua sur la place près d’Elena arrachant à celle-ci une moue narquoise ainsi qu’un haussement d’yeux.
Quant à Chuck, cela ne sembla pas le déranger de devoir s’asseoir prés d’une bombe alors que sa petite copine se trouvait à quelques mètres de lui.
Sans jeter un regard aux deux intrus, Fedora prit son sac et le posa avec délicatesse sur ses genoux. Elle en sortie un plat en verre dans lequel se trouvait du riz blanc à proximité de porc caramélisé. Une recette vietnamienne différant des nems que Magnus adorait préparer, même s’il était chinois et qu’il préférait cuisiner autre chose. Rien que de voir ce plat exquis cuisiné avec amour par le bel asiatique, les papilles de Chase se mirent à exploser, il en salivait, trouvant ce plat bien plus séduisant que son sandwich au poulet et à la mayonnaise. Il redoutait le moment où la blonde allait ouvrir son plat, délivrant ainsi une fragrance délicieuse de sucre qu’il ne pouvait qu’aimer. Finalement, elle ouvrit son plat, le parfum délicat du plat enivrant les narines délicates du brun qui avala sa salive afin que ses pupilles ne soient plus attirées par ce plat.
- Mmmh, laissa échapper Lucy. Porc au caramel ? proposa-t-elle, un sourire aux lèvres.
- Oui ! répondit Fedora, enjouée. C’est Magnus qui l’a préparée, l’informa-t-elle, prenant une bouffée de riz et de porc qu’elle dégusta, fermant les yeux. Mmmh, c’est exquis, soupira-t-elle, dégustant chaque nuance de ce plat exotique et exquis.
- En plus d’être un superbe étalon au pieux, il est un extraordinaire cordon bleu, fit Chuck à Chase à voix assez haute pour que tout le monde l’entende.
Fedora laissa sa fourchette glisser de sa main pour retomber contre le riz collant. Le fracas arracha à Chase une moue dédaigneuse, se pinçant les lèvres par la suite lorsque Santana lui demanda comment il pouvait le savoir. Chuck se risqua à dévoiler la relation torride qui les unit lorsqu’une sonnerie le coupa dans son élan. La sonnerie était Me Too de Meghan Trainor. Fedora, interloquée, se leva et tâta les poches arrières de son jean, à la recherche de son portable ; c’était le sien qui sonnait. Elle le tira de son jean et répondit.
Encore et toujours Magnus…
Contre toute attente, c’était le bel asiatique qui avait appelé. Ironiquement, Chase était certain que c’était lui. Ça ne pouvait être que lui… Il pensa avec amertume que seul Magnus pouvait être capable de l’ennuyer à ce point. Fedora raccrocha, lui envoyant un baiser. Un tendre sourire s’empara de son visage alors qu’elle reposa avec prudence son portable contre la table. Lucy demanda, intriguée, ce qu’elle portait autour du cou, profitant du fait que les paroles du premier couplet n’étaient pas complètes.
- Tha’ts gold, chanta-t-elle à tue-tête, se souvenant des paroles. Show me some respect, chantonna-t-elle, plaquant une main sur le médaillon en or qu’elle portait autour du cou.
- Que signifie la phrase qu’il y a marqué sur le cadenas ? demanda Charles, enfournant un morceau de son sandwich dans sa bouche.
- Magnus doit sûrement en avoir la clé, tenta Chuck, détournant le regard alors que cinq paires d’yeux se braquèrent sur lui, buvant un peu d’eau.
- Aku Cinta Kamu, répondit Fedora, après avoir quitté Chuck des yeux, prenant le cadenas entre son index et son pouce, regardant avec tendresse le collier que Magnus lui avait offert, en indonésien, cela signifie_ , commença-t-elle avant de se faire violemment couper la parole par Chase.
- Je t’aime ! s’écria-t-il en relevant la tête.
Tous les regards, même celui de Fedora se rivèrent sur lui. Les joues cramoisies, il avala sa salive avec difficulté. Sa gorge s’assécha, son cœur battant à tout rompre dans sa poitrine. Alors que tous le dévisagea, sauf Fedora qui l’interrogea, il s’empressa de rajouter :
- « Aku Cinta Kamu » signifie « Je t’aime » en indonésien, dit-il, détournant le regard, abaissant la tête. Magnus me l’a apprit entre deux parties de foot, avoua-t-il avant de donner un coup de pied à Chuck sous la table avant que ce dernier ne prononce un mot de trop.
Lucy, Santana, Elena et Charles tournèrent leurs yeux en direction de Fedora qui hocha la tête, les informant qu’il disait la vérité. Les têtes baissées de Sofia et de Chuck trahirent leurs connaissances de cette phrase. Quant à Chase, il comprit que les amis de Fedora avaient cru qu’il avait avoué ses sentiments à Fedora d’une manière incongrue. Ce qui, malheureusement, n’était pas le cas. Il espérait juste que cette dernière n’avait pas pensé comme eux. Sinon, cela risquerait d’être assez gênant… Encore plus gênant que la seule fois où il lui a dit « je t’aime » était juste avant que le silence ne règne sur la table. Il prit un morceau de son sandwich, s’imaginant qu’il mangeait le délicieux porc au caramel de Magnus plutôt que cet immonde hamburger dégoulinant de graisse. Finalement, c’était plutôt mangeable, si bien qu’il le finit, n’oubliant pas d’ouvrir prudemment son sachet de chips. Il plongea la main dans le sachet, en tirant quelques-unes. Il les posa contre l’emballage de son sandwich et en prit deux qu’il enfourna dans sa bouche. Il les mâcha doucement en voyant Oriana et Cade arrivaient dangereusement en leur direction. Il donna, imperceptiblement pour les autres, un coup de coude dans les côtes de Chuck, se raclant la gorge pour lui signifier qu’ils avaient de la visite. Le visage interrogateur de Chuck laissa place à une expression confuse et apeurée. Ils savaient tout deux qu’Oriana et Cade détestaient Fedora et que cela était réciproque. Il se mit donc à espérer que Santana arrivera à dissiper les tensions. Ils mangeaient tous en silence, ne voulant pas le briser. Même Lucy qui haïssait manger dans le silence, ne dérogeait pas à la règle sacrée du déjeuner dans le calme après qu’une bombe pareille ait atterri. Une vague de parfum amère de pistache et de baies sauvages envahie les narines de Chase, le forçant à relever les yeux. Il vit Cade et Oriana, enfin à la table. La première se mit près de Fedora, posant les mains à plat sur la table, se penchant en avant. Elle tourna son regard vers Fedora dont les yeux brûlaient de haine et de fureur. Oriana décida de rejoindre son amie, se mettant à la gauche de la blonde, copiant la posture de son vis-à-vis.
- Phoenix ! minauda la rousse à la longue chevelure tenue par un simple élastique, quel plaisir de te voir ! mentit-elle, se voulant mielleuse. On avait une question à te poser, Cade et moi, avoua-t-elle en jetant un coup d’œil à son amie, Chase la voyant esquisser un sourire malicieux avant de reporter ses yeux bruns sur la blonde oppressée.
- Oui ! On se demandait : comme tu as déjà dut coucher avec Magnus Wù, commença-t-elle, adoptant le même ton douceâtre de sa comparse, on se demandait si la rumeur sur les gars asiatiques étai vraie ou fausse, questionna-t-elle, se penchant un peu plus sur Fedora qui, piquée au vif, fit volte-face, ses mirettes s’enflammant.
- Tu n’as qu’à sortir avec un asiatique et tu sauras tout ce que tu veux savoir ! s’écria-t-elle, furieuse que quelqu’un ose penser que Magnus et elle couchent ensemble, se levant d’un bond.
- Phoenix ! s’écria Chase, s’étant levé à son tour.
- Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? Je n’ai même plus le droit de m’offusquer quand on m’accuse d’une chose que je n’ai pas faite ? questionna-t-elle, non seulement à Chase, mais aussi aux deux amies, sa voix se brisant par la fureur et la peine qui empoissonnaient chaque cellule, chaque muscles, chaque pensées de son être.
Chase ne sut quoi répondre à cela. Bien sûr qu’elle avait le droit de se révolter… Surtout contre deux pestes telles que le duo infernal de Cade et d’Oriana. De ses yeux d’un bleu océan apaisant, il la fit renoncer à se battre contre elles, elle n’avait aucune chance face à elles. C’est pourquoi il profita de leur confusion face à cette révélation qui pour lui n’en était pas vraiment une. Il les interpella en disant que lui, il en avait une petit idée. Les deux amies, interloquées par cet aveu, regardèrent un moment la blonde avec dédain et amertume, Oriana ne se gênant pas pour la mater un peu plus. Echangeant un regard avec Cade, celle-ci quitta Fedora des yeux, marchant avec voluptiosité et grâce vers Chase qui regrettait déjà d’avoir dit ça. Elles se mirent de part et d’autre du beau brun, se penchant simultanément sur lui, chacun d’elles posant une main douce et séductrice contre son épaule, les faisant s’abandonner contre son torse, ce qui eut le don de le faire quelque peu frisonner. Fedora lâcha un grognement désapprobateur, se reculant de la table, plaquant ses bras sur sa poitrine, détournant ses doux yeux innocents de cette vue insupportable. Oriana susurra à l’oreille de Chase qu’elle avait oublié qu’il avait déjà couché avec Magnus. Sofia lâcha sa fourchette, ne souhaitant pas entendre la suite, elle se leva et partit violemment. Si elle a souvent désapprouvé les techniques de Chase pour reconquérir les femmes qu’il a, un jour, oublié et méprisé, là, elle ne pouvait pas supporter de voir une de ces femmes, qu’elle commençait à apprécier, souffrir comme elle souffrait. Elle devait faire quelque chose. Le brun la suivit de regard, déglutissant avec embarras. Oriana fit glisser sa main contre son pectoral gauche, là où sa blessure le lançait. Chuck se recula, horrifié, et la contempla en train d’écorcher la peau torturée de son ami. Les lèvres entrouvertes, il s’apprêta à dire quelque chose lorsque Chase le coupa dans son élan.
- Les filles, les rumeurs sur les mecs asiatiques, commença-t-il, subitement sérieux, parlant en connaissance de cause, mmh mmh, elle est fausse, finit-il par dire, secouant son index comme le font les filles populaires, se pinçant les lèvres, se donnant ainsi un air plus dramatique.
- Ah bon ? demanda Cade, se rapprochant plus de lui, collant sa bouche sur son oreille délicate, dévisageant Fedora du regard avant de reporter son attention sur Chase. Et est-ce que Magnus Wù, en particulier, est un bon coup ? interrogea-t-elle, son souffle chaud se posant contre sa nuque, lui faisant ressentir un désagréable frisson.
- Vous pouvez demander au sommier de Leighton ! s’exclama Chase, souriant. Chuck a même avoué qu’il aurait aimé nous rejoindre tant les gémissements de Magnus lui faisait envie ! continua-t-il, ne prêtant aucune attention aux yeux furieux remplis de larmes de Fedora ou alors aux regards effrayés et suppliants de son ami. Ce n’est pas qu’un bon coup, c’est un superbe éta_, commença-t-il avant de sentir un violent coup de pied contre sa cheville, lui arrachant une expression de douleur ainsi qu’un gémissement de souffrance. Mais qu’est-ce qui te prend ? questionna-t-il à Fedora qui le fusillait du regard, les mirettes embrumées de larmes, les lèvres tremblantes.
Santana se leva, dévisageant avec un air de répugnance, les deux pestes qui étaient prés de Chase. Elle alla aux côtés de Fedora qui n’arrivait plus à réprimer ses larmes. Chase comprit soudainement qu’il allait dire une immense connerie… Il en avait déjà trop dit… Il s’en voulait d’avoir parlé de Magnus comme il l’a fait – même s’il le déteste, il n’avait pas parlé de lui comme un vulgaire sac de chair et d’os particulièrement attirant – et de lui avoir parlé ainsi. Il commençait à se lever lorsque les mains respectives de Cade et d’Oriana appuyèrent sur ses épaules, le forçant à rester assis. Santana alla à la droite de la blonde, la faisant se tourner vers elle afin d’être face à elle et à ses yeux bruns réconfortants et apaisants. Chase se mordit la lèvre inférieure après avoir passé sa langue dessus. Il se demandait comment allait se passer la suite des événements. Après tout, Santana et Fedora faisaient parties de ces filles imprévisibles dès qu’on parle d’amour. La belle mexicaine s’agenouilla sur ses talons aiguilles, posant ses mains à plat sur les cuisses de la belle blonde dont les joues blanches s’empourprèrent, Chase remarquant qu’un sourire mince se peignit sur son visage. Ses yeux s’agrandirent sous le coup de la surprise. La voix douce et compatissante de Santana lui arriva. Pressant ses mains contre les cuisses de son vis-à-vis, elle se rapprocha d’elle, lui assurant qu’elle n’avait pas à s’inquiéter et qu’elle sera toujours à ses côtés. Tremblant de sanglots, Fedora essuya ses larmes, souriant tendrement. Santana porta sa main droite à sa joue, la caressant de son pouce. Elle se leva finalement. Chase veilla personnellement sur Fedora, voulant à tout prix s’excuser lorsque des bruits de pas lui arrivèrent. Il leva la tête.
Sofia était suivie par Tom Richards. Celui-ci, même s’il n’était pas l’université, portait encore son uniforme, sûrement pour rappeler à tout le monde d’où il vient. En effet, il portait une chemise blanche complètement boutonnée par-dessus laquelle il avait enfilé un blazer gris où le blason de l’uniforme avait été cousu. Autour de son cou, il avait noué une cravate aux rayures vertes et argentées. Pour compléter sa tenue, Tom avait enfilé, par-dessus sa cravate, un pull gris dont le col en V était finement décoré de rayures vertes et argentées, lui donnant un air encore plus sérieux et, ironiquement, plus séduisant. Il avait enfilé un pantalon du même gris terne que celui de son blazer. Ses cheveux étaient soigneusement coiffés derrière ses oreilles, dégageant ainsi son front blanc. Chase nota que Tom portait une bague en or où une horrible bague noire siégée entre les crocs des deux serpents qui formaient la bague, cette même bague qu’il portait au majeur la première fois qu’ils se sont vus, caressant la pierre presque avec tendresse, réfléchissant à ses propos. Ses beaux yeux d’encre se reportèrent sur Fedora qui était en détresse, des larmes roulant avec douceur contre ses joues. Soudain éprit d’un élan d’empathie envers la pauvre blonde, l’anglais s’agenouilla, après avoir toisé Chase du regard, laissant ses yeux sombres l’inspectaient, le jugeaient. Il prit, avec une tendresse insoupçonnée, les mains tremblantes de Fedora, ses mirettes les examinant presque avec douceur, retournant ses paumes vers lui. D’un geste affectueux, Tom laissa ses fins et longs doigts pales parcourir les paumes de Fedora, caressant les lignes de sa main. Chase se pencha en avant, cherchant à voir ce que le bel anglais était en train de faire. Et ce dernier, d’une délicate écorchure contre sa paume, traçait la lettre « M ». Chase ne comprenait pas. Qu’est-ce que cela signifiait ? Pourquoi dessiner cette lettre maudite contre la douce chair de Fedora ? Pourquoi s’intéressait-il à elle ? Ils ne se connaissaient même pas ! Enfin, Tom enleva sa gracieuse patte baladeuse de la paume de Fedora qui, instinctivement, la referma, comme pour se souvenir du tracé de Tom contre sa peau écorchée. Elle se leva d’un bond, lui faisant face du haut de ses 1m65. Ils se fixèrent longtemps du regard avant de se prendre dans les bras, ce que Chase n’appréciait pas. Il avala sa salive avec rancune et se rassit à sa place, mettant son coude contre la table, fermant son poing contre lequel il posa sa tête, décidant de bouder, détournant ainsi le regard de cette ignoble scène de trahison qui était en train de se jouer devant lui. Non seulement Fedora faisait ami-amie avec un homme qu’elle ne connaît pas, un Anglais qui plus est, mais en plus, c’était Sofia qui l’avait ramené. Il ne savait pas pourquoi c’était lui que son amie avait fait appel pour la calmer. Elle aurait dut appeler quelqu’un d’autre, comme Ma… Ah oui, c’est vrai… Il n’est pas là ! Un sourire amer se peignit sur son visage à l’air refrogné. Même s’il savait que le bel asiatique ressentait de la rancune et, surtout de la haine, envers lui, il savait qu’il ferait tout, même un voyage en France, pour être avec Fedora et la consoler, et l’éloigner le plus possible de Chase et de ses charmes naturels. Seul lui était capable de l’apaiser, de la calmer. Enfin, ça, c’était ce que Chase croyait. Vu ce qu’il venait de se passer, il était maintenant certain que n’importe qui pouvait la réconforter, à condition que ça ne soit pas Chase. C’était la théorie la plus probable à ses yeux. Une autre venait trouver grâce mais elle était trop tirée par les cheveux pour qu’elle soit vraie. Il était peut-être possible que Magnus est un vrai don pour apaiser les tensions et les blessures des autres, notamment grâce à sa voix hypnotique, à ses mains envoûtantes et à ses yeux félins ensorcelants. Il était peut-être aussi possible que Tom Richards ait eu Magnus comme « maître » pour apaiser et réconforter… Nan ! Magnus n’est pas du genre à partager, et surtout pas ses méthodes pour guérir. Et encore moins la femme qu’il aime… Tom devait avoir sa propre technique… Comme suivre les lignes de vie des personnes dont il s’occupe. Ce qui était sûr, c’est que ça avait marché. Pour l’instant.
Sentant un parfum familier de parfum à la fragrance enivrante, Chase huma cette odeur, comme attiré. Son bras retomba avec un doux fracas contrôlé contre le marbre de la table, cherchant d’où provient cette fragrance. Il nota que Sofia s’était assise, un sourire malicieux aux lèvres. Elle croisa les doigts, joignant ses mains, et les posa contre la table, comme si elle attendait patiemment que quelque chose arrive. Ce délicat parfum de rose fraîchement coupées et de pomme verte ne provenant pas d’elle, il se tourna vers Chuck qui portait plus du Dior pour homme. Quant à Charles, il avait préféré le Axe à ce parfum délicat et pourtant si familier. Il ne pouvait s’agir de Magnus ; il portait sur lui une fragrance ensorcelante de santal et d’ambre. Automatiquement, après avoir énuméré les trois seules possibilités qui lui venaient en tête en matière de parfum masculin, il reporta son attention sur Tom Richards qui, contrairement à ce qu’il avait pensé, n’était pas parti une fois son travail d’apaisement effectué sur Fedora. Bien au contraire, celui-ci, afin d’aidé Fedora dans sa quête de quiètude, le séduisant Anglais s’était assit à ses côtés. Chase le vit esquisser un sourire en coin particulièrement et diaboliquement angélique alors qu’il s’installa pour se coucher sur Fedora. Chase ne put réprimer une grimace attristée, pleine de dégoût et d’haine. Boudeur, il se leva de table, prenant l’emballage de son sandwich qu’il prit soin de mettre en boule pour finalement tirer un panier, mettant la boule de l’emballage dans la poubelle la plus proche, mettant un panier. Il contourna la table de marbre sous les yeux attentifs des autres personnes attablées. Seule une personne semblait ne pas se soucier de son absence et c’était la personne que Chase haïssait le plus en ce moment, sans compter Magnus qui était, pour ce moment, le garçon qu’il appréciait le plus, hors Chuck, Nate et Aiden bien entendu qui, eux, sont ses amis. Et cette personne est tout simplement Tom qui le soupçonnait de porter un sourire en coin, ravi d’avoir ravivé les sentiments les plus noirs qu’il pouvait ressentir. Chase essaya de ne pas se focaliser sur cet aspect négatif et, assez déterminé, il passa à côté de Fedora, jetant un coup d’œil à la belle blonde et au bel anglais dont l’adorable tête était posée contre ses genoux. S’étant posé à quelques mètres de ce joli petit couple, Chase ne pouvait que les admirer, avec un regard plein de mépris et de répugnance. Fedora caressait la tignasse brune de Tom avec tendresse, admirant ses traits séduisants avec de doux yeux lagon. Alors que sa main droite se promenait avec délicatesse contre le cuir chevelu de Tom, elle porta sa main gauche à son visage, l’effleurant affectueusement de ses longs et fins doigts pales, écorchant, presque avec amour, sa peau délicate et pale. Chase nota que Tom avait fermé ses ardents yeux sombres, ce qui eut le don de réconforter Chase qui se dit que c’est de ses mirettes que Tom tient son pouvoir de séduction. Mais, il n’y avait pas que ça qui faisait son charme. Il y avait aussi ses lèvres fines et charnues ainsi que ses joues délicatement rebondies, lui donnant un air un peu plus juvénile, Chase ne lui donnant pas plus de 15 ans avec la jeunesse de ses traits. Pourtant, Tom était bien la fac, ne possédant que 19 ans, ce qui avait étonné beaucoup de personnes à l’université. Enfin, il n’était pas là pour penser à Tom qui devait prendre bien du plaisir à se faire caresser les cheveux pendant aussi longtemps. Assez lassé par cette situation, Chase releva la manche de sa veste gauche et regarda l’heure sur sa montre, une simple Rolex en argent, et vit qu’il n’était que 14h30. Il souffla bruyamment, détournant ses yeux du cadran en verre pour ensuite laisser ses yeux reposer contre Tom qui était docilement allongé et Fedora qui, penchant la tête du côté droit pour mieux admirer le visage délicat de Tom dont la peau blanche était immaculée de toute trace de paillettes ainsi que de tout défaut dont il pourrait être victime, le soleil venait poser ses délicats rayons chauds contre sa chair, venant se refléter dans ses cheveux d’encre avec voluptiosité. Une moue de dédain et d’amertume se peignit sur le visage refrogné de Chase. Après un moment d’hésitation, il se décolla du tronc d’arbre, apercevant d’imperceptibles mouvements de mains provenant de Chuck qui l’invitait à les rejoindre, posant son poing refermé sur lui-même contre son menton, regardant en loin. Chase esquissa un sourire en coin et se dirigea en direction de la table lorsqu’il vit une silhouette haute se distinguer des autres. Il crut reconnaître la physionomie de la silhouette qui progressait, en même temps que lui, en direction de la table de Fedora et de Charles. Cependant, Chase redoubla de vitesse afin d’arriver avant que la haute et forte silhouette du professeur de français ne vienne. Finalement, même en trottinant et s’en étant presque rué sur la table, manquant de trébucher, les deux hommes arrivèrent en même temps. Fedora avait tantôt enlevé sa main de la tignasse de Tom qui, interloqué, s’était relevé brusquement, surprenant la blonde qui le contemplait avec deux beaux yeux lagon alertés alors que le bel anglais reboutonné sa chemise. Il posa négligemment sa main contre la surface glacée et lisse de la table, laissant sa bague bien en évidence et à la vue de tous. Il était, à l’évidence, bien installé et très décontracté.
- Vous n’avez pas encore fini de manger ? demanda-t-il, à l’attention de Fedora qui laissa retomber sa fourchette dans son plat en plastique où il restait encore un peu de riz et de viande. Au lieu de fricoter avec Richards, vous devriez penser à vous nourrir, Mlle Raise, continua-t-il, n’oubliant pas d’esquisser un sourire en coin en remarquant la réaction de Fedora.
- Monsieur, commença Tom d’une voix étrangement suave et séductrice, un fin sourire en coin se peignant petit-à-petit contre son visage, est-il vrai que Mme Perez et vous-même entretenez une relation plus que professionnelle ? questionna-t-il, fermant ses charmants et désarmants yeux encres une milliseconde avant de les rouvrir pour adresser un sourire encore plus attirant encore.
- Je me demande où vous avez bien put trouver cette information, Tom, répondit-il, simplement, rougissant fortement à l’évocation du nom de l’attrayante professeure d’espagnol.
- Juste… Une intuition, rétorqua Tom, secouant imperceptiblement la tête, une fine et, quoique, adorable grimace se dessinant sur son visage.
Les sourcils froncés, une expression de surprise ornant sa belle gueule, le professeur de français du lycée de New York dévisagea le bel Anglais un court instant avant de soudainement reporter son attention sur sa manche, qu’il retroussa afin de pouvoir lire l’heure.
- Juste au ciel ! s’exclama-t-il, se rendant compte qu’il était temps pour eux de partir. Il est si tard ! s’étonna-t-il, levant les yeux du cadran, les laissant chercher où se poser alors que ses élèves le regardaient avec étonnement. Nous devons y aller ou alors Clé… Je veux dire, commença-t-il, les joues empourprées, la gêne se lisant sur son visage alors que sa voix tremblait, Mme Perez, se ratrappa-t-il en adressant un sourire peu convaincant au groupe de Fedora, va nous donner à tous une retenue !
- Sauf vous, marmonna Tom assez fort pour que tout le monde entende. Puisque vous êtes professeur, n’est-ce pas, monsieur ? questionna-t-il, se tournant vers le professeur qui le regardait, interdit, alors que les filles, surtout Lucy et Fedora, pouffèrent.
Le professeur le défia du regard avant de lui lancer un regard meurtrier alors que la professeure d’espagnol l’interpella. C’est ainsi qu’ils apprirent qu’il s’appelait Jeremy. Certes, cette information n’était pas très utile mais elle avait le mérite d’être inédite et de donner à Tom une autre information sur son professeur de français préféré. Jeremy donc, interdit au groupe de dire quoique ce soit avant de s’élancer vers sa chère et tendre collègue. Chase se mordit la lèvre inférieure avant de se pincer les lèvres, un début de sourire aux lèvres. Il leva son regard vers Fedora. Il remarqua qu’elle avait le regard plongé dans le vide, sûrement perdue dans ses pensées, jouant avec sa fourchette qui formait des cercles dans sa gamelle. Finalement, elle la laissa tomber dans le Tupperware et le referma à l’aide de son couvercle bleu marine. Elle se leva d’un bond, rangeant ses affaires dans son sac. Lucy et Charles la suivirent, ayant tous deux fini de se rassasiassiez. Quant à Chuck, il ne daigna lever son joli postérieur que lorsqu’il vit Leighton se lever à son tour. Chase leva les yeux au ciel, marmonnant aussi imperceptiblement possible de sorte que seuls les anges lui viennent en aide, la tête penchée en avant, les yeux clos. Tout le monde finit par se lever, les uns à la suite des autres, les mirettes lagon de Chase se rouvrant peu à peu en entendant le murmure des conversations aux alentours. Seul Tom, dont le regard s’assombrit, son sourire malicieux retombant de ses lèvres, resta assit. Chase lui prêta un regard en coin alors que ses jambes le portèrent vers Fedora qui semblait contempler le paysage verdoyant et morose de la France. Il contourna donc la table en marbre, laissant sa main droite glisser contre la surface lisse du plateau de la table. Il nota que les yeux de Tom suivaient ses fins doigts neigeux. Un sourire en coin se dessina contre son visage, vainqueur. En effet, Chase était toujours heureux de voir quelles réactions il suscitait chez les autres. Arrivé à proximité du bel Anglais, il se stoppa net, se baissant lentement, les yeux toujours rivés sur Fedora qu’il matait sans scrupule. Il se pencha sur lui, posant brutalement ses lèvres contre l’oreille de Tom qui se mit à sursauter. Néanmoins, il resta impassible, le visage neutre alors que ses yeux d’un éclat ténébreux étaient rivés sur l’horizon.
- Elle est à moi, lui murmura-t-il, suave, en creux de l’oreille, n’hésitant pas à se blottir un peu plus contre lui.
Ses pupilles passant de la belle blonde à Tom qui avait toujours un regard vague. Il lui conseilla de ne pas l’approcher s’il souhaite rester en vie. Un sourire malicieux illumina son visage à la beauté sombre alors qu’une expression de haine assombrit celui de Tom, le rendant encore plus séduisant. Chase se sépara de lui, posant cruellement ses pattes contre ses épaules, les torturant en les massant. Il appuya dessus, de sorte à les faire craquer subitement. Il les pressa un peu plus contre ses doigts puissants, sentant qu’il était tendu. Son sourire s’élargit, pressant encore un peu plus l’os de ses omoplates frêles.
Percevant un bruit de pas, Chase releva instinctivement le regard. Il nota que Fedora, qui était encore plantée là à admirer le paysage il y a quelques minutes de cela, était partie. Subitement, il lâcha les faibles épaules de Tom qui, dans une grimace de douleur, porta sa main aux longs et fins doigts à ses épaules torturées, tentant de faire passer la douleur.
Intrigué, Chase s’approcha lentement de là où se trouvait la blonde, se montrant prudent. Il la chercha du regard, vérifiant de gauche à droite, mais pas derrière l’arbre qui se trouvait à l’arrière de son corps. Il commençait à s’inquiéter lorsqu’un craquement de branches derrière lui l’interpella, une vague parfumée à la cannelle inonda ses narines. Il huma l’air, cherchant la provenance de cette fragrance particulière et familière. Et puis, sachant pertinemment à qui ce parfum appartenait, un sourire mélancolique se dessina sur son visage. Se pinçant l’arrête du nez, il se tourna lentement, rétorquant qu’il aurait dut se douter qu’elle se trouvait juste derrière l’arbre, sa voix trahissant son amusement. Bien que la vue de Fedora lui fit le plus grand bien, il n’était pas fan de la vision de Tom Richards en train de fricoter avec une fille que, ni l’un ni l’autre, ne connaissait. Et soudain, Chase comprit qu’il s’en fichait comme du Premier Empire lorsque ses yeux se reportèrent sur Fedora qui semblait agacée. Il se mit à glousser, croisant ses bras contre ses pectoraux, la toisant tendrement du regard. De plus en plus agacée, elle se mit à soupirer, l’imitant.
- Je peux savoir ce qui t’as prit de parler de Magnus ? lui demanda-t-elle, furieuse et, apparemment, contrariée.
- Tu es jalouse ? l’interrogea-t-il, un large sourire aux lèvres.
- Moi ? Jalouse ? Sûrement pas ! Je veux juste savoir pourquoi tu as parlé de Magnus à ces deux… Pestes ! s’exclama-t-elle après avoir trouvé le mot adéquat.
- Elles souhaitaient savoir si les préjugés sur les asiats étaient fondés et je leur ai prouvé que non ! dit-il, enjoué, haussant les épaules. Je ne vois pas où est le problème, continua-t-il, rangeant ses mains dans les poches de sa veste.
- Le problème, commença-t-elle, virant à l’écarlate, le problème c’est que tu as considéré Magnus comme un simple jouet servant à assouvir ta perversité avec tes petits jeux. Pour toi, il n’est qu’une belle gueule avec un corps divin, c’est ça ? Il n’est qu’un sac de chair à tes yeux ? Je pensais que tu étais son ami ! s’écria-t-elle, les yeux emplis de larmes, la voix se cassant sous le chagrin. Tu n’as pas idée de ce qu’il a ressenti lorsque, à nouveau, tu l’as rejeté ! tonna-t-elle, courroucée. Moi, oui ! Lorsqu’il est rentré le lendemain de votre nuit passée ensemble, débuta-t-elle, brandissant un index réprobateur, la voix faible tandis que deux larmes vinrent couler sur son visage rougi par la peine et la haine, et qu’à nouveau, tu l’as rejeté, il se haïssait. Il haïssait qui il était, tout ça à cause de toi ! l’informa-t-elle, le pointant avec son index. Ça lui a prit tellement d’année pour qu’il se sente à nouveau bien dans son corps après que tu l’ai rejeté la première fois. Il lui a fallu surmonté son manque de confiance en lui, sa timidité pour qu’à nouveau, il se sente bien, dans son esprit et dans son corps. Et toi, encore une fois, tu ébranlé ses certitudes, sa confiance en lui en lui faisant miroiter que vous pourrez être ensemble, que tu as changé et que tu l’aimais pour ce qu’il est ! avoua-t-elle. Tout ce qu’il a fait durant vos années de lycée, il l’a fait pour toi, pour que tu le remarques, continua-t-elle, une colère calme se lisant dans sa voix. Il s’est musclé, il s’est modelé pour correspondre à un idéal masculin, celui qu’il pensait être le tien. Encore aujourd’hui, il espère que, par un coup de foudre ou une subite remise en question, que tu tombes amoureux de lui et que vous soyez ensemble. Mais, commença-t-elle, l’amertume et la rancune transparaissant dans ses vocalises, évidemment, tu ne le vois pas comme ça, cracha-t-elle. Tu ne le vois que comme une gueule d’ange dont tu peux jouer avec les sentiments, n’est-ce pas ? demanda-t-elle, les yeux larmoyants, d’autres pleurs coulant avec douceur et colère contre ses joues. N’est-ce pas ? s’écria-t-il en le poussant violemment, furieuse.
Alors qu’il s’apprêtait à répliquer qu’elle avait faux sur toute la ligne, qu’il ne considérait pas Magnus comme une simple marionnette qui est à ses ordres pour assouvir une quelconque soif insatiable de chair, que Magnus n’était pas qu’une belle gueule, il se fit couper par la voix d’un élève qu’il n’avait encore jamais vu. Celui-ci interpella Fedora d’une douce et belle voix suave avec un accent anglais si séduisant comparé à son accent français. Cette dernière se retourna vivement vers son ami étranger à Chase, essuyant d’un revers de la main ses perles salées. Elle l’informa d’un signe de la main qu’elle arrivait. Vivement, Fedora se tourna vers le brun, ses yeux encore pleins de larmes, ses joues rouges par les flots de larme qu’elle avait versé, et le toisa du regard avec amertume. Elle se mit dos à lui et commença à marcher en direction de son ami, trottinant presque en sa direction. Chase ne put que la contempler s’éloigner de lui. Il avait perdu son sourire alors qu’il l’avait écouté durant son monologue. Il n’avait jamais eu vent du manque de confiance en lui qu’avait éprouvé Magnus. Et non, il ne l’a jamais considéré comme un vulgaire sac de chair. Il n’avait pas que le physique, il avait aussi un esprit. Il était très intelligent, très doux et très aimant. Il était aussi très protecteur et très timide. Il ne savait pas grand-chose de son ami aux yeux de chat, à part l’essentiel, c’était un danseur aux mouvements suaves et séducteurs, à la voix hypnotique et aux mains fines.
Il n’était pas au courant qu’il s’était transformé, remodelé afin d’être à ses côtés. Il l’avait toujours cru comme ça. Il l’avait toujours vu ainsi. Une once de sentiment de culpabilité vint le ronger. Un désagréable frisson vint le torturer, et ce n’était pas à cause du froid mordant de la météo française… Dans un élan de protection, il resserra son étreinte contre lui-même, ne pouvant plus supporter la froideur qui s’insinuait dans ses veines. Il soupira et, fermant les yeux, il eut une vision des plus déplaisantes. Ce n’était pas la première et ça n’allait sûrement pas être la dernière.
Ce n’est pas de ma faute.
Alors, c’est de la faute de qui ? De Magnus et de sa double sexualité ?
Ferme-la !
Comment pouvait-il savoir à l’époque ? Il n’était pas lui, il n’avait jamais été confronté à cela auparavant…
Et justement, c’est ça, le problème. Tu n’es pas lui. Tu n’as jamais su ce qu’il se passait dans son corps. Comment pouvais-tu imaginer qu’il pensait n’être qu’un intrus dans son propre corps et qu’il se détestait pour ça. Pourtant, toi, tu aimes chaque partie de lui sans qu’il ne le sache… Tu as même rêvé d’être lui, d’être dans ce corps que tu aimes tant… Mais, tu n’es pas lui et tu ne le seras jamais parce que trop tu es trop et pas assez lui…
Sa conscience a raison. Il ne pouvait pas connaître ses problèmes d’assurance vu qu’il n’avait jamais ressenti un quelconque manque de confiance en lui. C’est ce qui faisait sa force et, ironiquement, sa faiblesse. Il s’aimait trop pour qu’un tel sentiment s’insinue en lui et ne le consume. Quant à Magnus, il se doutait bien de quelque chose lorsqu’il l’a rencontré la première fois. Il lui a semblé (trop) timide et (trop) réservé. Il ne savait pas quel poison coulait dans ses vaisseaux sanguins. Il n’avait pas conscience qu’il avait honte d’être lui-même, d’être un homme qui aime autant les femmes que les hommes et, plus est, était un beau danseur asiatique aux mouvements charmeurs. Cependant, lorsque leurs chemins se sont à nouveau croisé lors du dîner de Thanksgiving, Chase avait eu l’impression qu’il avait changé. Il ne lui plus semblait aussi si timide et si réservé. Il était un peu plus ouvert, affichant avec fierté qui il était, arborant des tenues flamboyantes et sexys qui avaient le don de rehausser un peu plus sa beauté naturelle.
Alors que la vision de leur première rencontre, à Magnus et à lui, s’immisçait dans son esprit, une voix lointaine le tira de ses pensées. Sa sensation de froid intérieur disparaissant aussitôt qu’elle était arrivée, il reprit ses esprits, se donnant une claque mentale. Bien que frissonnant encore un peu, il se retourna lentement vers les paroles venant d’une voix plus que familière.
- Charles, dit-il, froid et amer.
- Chase, cracha-t-il, croisant les bras sur ses pectoraux tandis que son vis-à-vis préféra les laisser tomber le long de son corps. Encore en train de t’imaginer que tu peux la récuperer ?
- Qu’est ce qui te fait croire que je pense à ça ?
- Ce n’est pas le cas ? questionna-t-il, amusé de la réaction vive de son cousin. Tu sais bien que tant que Magnus et moi serons là pour elle, tu n’arriveras pas à la récupérer, continua-t-il, un large sourire malicieux aux lèvres.
- Tu veux parier ? questionna-t-il, une lueur de colère et de défi brûlant dans ses mirettes océan où un tonnerre grondait avec fureur.
Le visage de Charles s’illumina de malice alors que celui de Chase s’assombrit un peu plus. Il détestait lorsqu’on le sortait de ses pensées pour des choses aussi puériles que des histoires d’amour aussi ridicule et impossible comme celle de Fedora et de Magnus.
- Alors, cher cousin, cracha-t-il, combien tu paries qu’elle retombera dans tes bras ? demanda-t-il, sournois et mielleux. Tu sais bien que tu n’as aucune chance face à Magnus, il est son dernier amour, lâcha-t-il, une expression d’une cruelle douceur au visage, tandis que toi, tu es qui à ses yeux ? Celui qui l’a poussé à se suicider ou celui qui l’a dépucelé ? tenta-t-il, un large sourire provocateur aux lèvres alors que Chase vira au fuschia.
- Tu ne sais rien sur elle et moi ! s’écria-t-il, brandissant un index réprobateur, la voix tremblante. Evites de parler quand tes connaissances se limitent au néant.
- Fedora a une phrase du même style, dit-il, croisant les bras contre son buste, < Avant de vouloir jouer avec moi, apprends d’abord les règles du jeu>, cita-t-il, stoppant ainsi Chase qui lui avait tourné le dos. Alors, ton prix Chase, j’attends, informa-t-il, le toisant alors qu’il était toujours dos à lui.
- Très bien, répondit-il finalement, se pinçant l’arrête du nez avant d’enfin se retourner vers Charles. Si tu veux des chiffres, je vais t’en donner, répliqua-t-il, le regardant les yeux dans les yeux, je parie 100 dollars que Fedora et moi finirons ensemble avant la fin de l’année, finit-il, croisant les bras sur ses pectoraux, un sourire malin se dessinant sur son visage sérieux.
- Vu la proximité entre Magnus et Fedora et en rajoutant les chances que tu as de l’approcher sans qu’elle t’envoie balader, je parie que Magnus et Fedora seront en couple avant la fin de l’année, dit-il, ne le lâchant pas du regard, une flamme de défi brillant dans ses yeux noisette.
- Et moi, commença une voix bien trop familière aux goûts des deux garçons, je parie 500 dollars que Charles et Fedora seront ensemble avant la fin de l’année, annonça Santana, les rejoignant dans la discussion. Quoi ? fit-elle alors qu’ils se retournèrent vers elle comme un seul homme. Mon troisième œil mexicain ne ment jamais, dit-elle, je ne fais que suivre mon intuition. Si un homme mérite cette bombasse blonde, c’est sûrement son premier amour. A savoir, Abdos en carton, informa-t-elle, pointant Charles de l’index. Et non pas Fossette au menton, continua-t-elle alors qu’une grimace de dégoût apparut sur son visage en croisant Chase du regard. Peut-être qu’Abdos divins pourrait-être un bon concurrent à Abdos en cartons, réfléchit-elle avant qu’un large sourire ne s’épanouisse sur son visage et que ses yeux pétillent d’une sauvage malice.
Elle les abandonna enfin, laissant à Chase l’opportunité de la mater, penchant la tête sur le côté bientôt suivi par Charles qui ne se gênait pas pour la déshabiller du regard. Soudainement, alors que la belle mexicaine monta dans le bus, à la suite de Sofia et de Tom, il se surprit à se racler à la gorge lorsque les petits yeux noirs et haineux du conducteur croisèrent les siens. Il donna un coup de coude dans les côtes de Charles qui, bavant sur Sofia, peut-être même sur Tom, qui sait, reprit ses esprits. D’un revers de la main, le châtain effaça le filet de bave se trouvant contre son menton, ses yeux papillonnant. Chase se recoiffa, essayant de ne pas rentrer au contact visuel avec le conducteur. Il déglutit, le regard toujours rivé vers l’horizon, les joues devenant un peu plus rouge. Il fit signe à Charles de le suivre. Ils marchèrent tout deux en direction du bus qui n’attendait plus qu’eux. Pressés et gênés, ils se mirent à courir, Chase se faisant dépasser par son cousin.
Il a toujours été très bon coureur. Surtout pour fuir les ennuis. Il a dut apprendre de Magnus…
Un venin amer lui brûla les veines alors que Charles gagna la course sans qu’il ne se casse la gueule sur le gravier. Ce que Chase a faillit tester. Heureusement, il réussit à se retenir par une quelconque force occulte l’habitant. Il serra les poings, sa mâchoire se contractant alors qu’une vague d’assurance l’assaillit. Il marcha avec calme, une aura sauvage se dégageant de lui, un sourire carnassier se peignant sur son visage au calme océanique. Si le conducteur était quelque peu abruti par le café, Charles aurait pu jurer apercevoir une lueur féroce et sanguinaire dans son regard, ses yeux lui faisant penser à une marre de sang bien trop sereine. Le châtain avala sa salive avec difficulté et monta les marches péniblement. Quant à Chase, il lança un regard foudroyant au conducteur, le saisissant de frayeur. Il ne le lâcha du regard que lorsqu’il entra dans le bus. Son assurance bestiale, son sentiment de puissance ne s’évanouissant que lorsque ses yeux de sang rencontrèrent les belles mirettes de Fedora. Celle-ci semblait l’apaiser, apaiser sa colère et sa haine, pour une raison qui lui était inconnue. C’est comme si la blonde possédait un pouvoir sur lui, un pouvoir qui avait le don de le calmer. Elle était tranquillement assise sur le siège se trouvant près de la fenêtre et le contemplait de ses doux yeux jade. Sa fureur et sa confiance en lui retombant quelque peu, il se reprit, revenant presque dans son corps, et s’assit à ses côtés après s’être raclé la gorge. Il posa son sac à ses pieds et mit sa ceinture de sécurité, tentant d’échapper aux pupilles suspicieuses et tendres de son ancienne conquête. Pour une raison inconnue, il lui avait semblé que pendant quelques minutes, son esprit avait quitté son corps et qu’un autre en avait prit le contrôle. Il ne savait pas d’où ça pouvait venir, il n’avait jamais ressenti cela auparavant. Ou alors, il ne s’en était rendu compte que lors de ces minutes singulières.
Enfin, il se dit de ne plus penser à cela. Maintenant qu’il était en France, il devait en profiter pour gagner, non seulement son pari avec Santana – qui se tenait non loin de lui - , et Charles, mais aussi le cœur de Fedora, ce qui n’allait pas se révéler facile avec son cousin et Santana dans les pattes pour lui donner des coups de bâtons dans les roues. La tâche pouvait se compliquer encore avec ses pensées tournées vers une certaine personne qui n’est pas Fedora, ce dont, quelque part, il avait honte. Magnus le hantait. Même dans ses rêves il pouvait le retrouver. Même dans la bouche de Fedora il se trouvait. Même dans… Non, pas là. Il se surprit à rire amèrement, se mordant la lèvre inférieure, secouant la tête. Il ne voulait plus penser à ça. Pas après ce qu’elle lui a avoué à son sujet. Pourtant, il ne pouvait s’empêcher d’y penser à présent qu’il le savait. Il l’avait toujours vu comme il l’était. Il l’avait toujours vu comme normal. Il n’avait jamais soupçonné qu’il s’était musclé et modelé pour lui correspondre. Peut-être que, comme tous les gars à l’époque, il souhaitait lui ressembler afin qu’ils puissent se mettre ensemble après s’être trouvé un point en commun. Un point en commun. Il soupira bruyamment. Magnus était tout son contraire : gentil, attentionné, doux, timide, réservé, intelligent. Et reclus. Quant à lui, il était un vrai salopard : coureur de jupons, fouteur de trouble, séducteur et glandeur. Et populaire. Non pas tant à cause de son nom, qui avait au moins le don d’apeurer les plus pleutres, mais surtout à cause de la veste qu’il portait. La veste. La fameuse veste de l’équipe de football du lycée dont la seule vue réussissait à attirer toutes les filles naïves et/ou avides de popularité telles les cheerleaders dans son lit. S’il se souvenait bien, les couleurs de la veste était d’un magnifique bleu pareil à la nuit dont les manches d’un horrible jaune poussin. Il la portait à merveille. La nostalgie du temps où il lui suffisait d’un simple regard désarmant pour charmer toutes les filles autour de lui… Cette fois, son soupir fut empli de mélancolie. Il contempla sans trop d’admiration le siège devant lui. Ce noir velours était d’une monotonie…
Il préféra donc jeter son dévolu sur Fedora qui dormait paisiblement. Cependant, il vit qu’un imperceptible frisson traversa son frêle corps. Soudainement prit d’affection et de délicatesse, il chercha quelque chose pour la réchauffer. Il baissa la tête vers le sac, apercevant un bout de tissu sur le sac à dos de sa douce. Avec prudence et légèreté, il se pencha dessus, faisant attention à ne pas la tirer de son sommeil. Il prit en main le tissu qu’il déplia, c’était une écharpe. Une nouvelle écharpe qui dégageait un parfum familier. Une fragrance suave de santal et d’ambre.
Magnus… Toujours là…
Il esquissa un sourire amer, mauvais, avant de délicatement la poser sur Fedora qui, encore endormie, tressaillait encore à cause du froid. S’il n’avait pas une bonne ouïe, il aurait juré qu’elle avait prononcé son nom. Mais autre son nom et celui de l’asiatique, il y avait très peu de ressemblances. Malgré la haine qui empoisonnait son esprit et qui envenimait ses veines, il réussit à esquisser un sourire tendre. Il se tourna à sa droite, ne pouvant plus supporter la vision paisible que lui aspirait la blonde plongée dans un serein sommeil. Bien que cela lui procurait un apaisement incomparable, il devait se concentrer sur comment gagner, à nouveau, son cœur. Et il ne pouvait pas fixer son plan en la contemplant ainsi nimbée de la pure lumière du soleil, la faisant ressembler à un être angélique descendu sur Terre afin de prouver aux pauvres âmes humaines que la perfection existe. S’il devait donner un nom afin de définir la perfection venant du Ciel, il aurait donné son nom. Si, au contraire, il devait donner une définition de la perfection venant des tréfonds de l’Enfer, il aurait donné le nom de Magnus qui a eu le don de le faire se questionner sur sa sexualité. Finalement, Morphée lui ouvrit les portes de son royaume, ayant décidé qu’il le méritait après tout ce qu’il a traversé depuis que le soleil soit haut dans le ciel.
***
Enfin, ils étaient arrivés à destination ! Disons plutôt qu’ils sont arrivés à Avallon, avec deux « l » contrairement à la ville d’Avalon dans les légendes arthuriennes qui comprend qu’un seul « l ». Après ce petit aparté orthographique, les professeurs de langues avaient décidé de les faire sortir du bus, leur annonçant qu’ils allaient être séparés en deux groupes : un groupe restera dans la ville d’Avallon tandis que l’autre ira dans le village de Chastellux-Sur-Cure. Si Fedora était enjouée à l’idée de retrouver son village, Chase ne l’était pas. Chuck, accompagné de son binôme, allait rester dans la ville. Sans pour autant lui briser le cœur, il devait bien admettre que sans son comparse de toujours, il ne pouvait pas survivre. Néanmoins, il fut tout de même heureux en sachant qu’il partagera la même maison que Fedora, bien que cette nouvelle eut le don de l’agacer.
Donc, les groupes de Chase et Fedora ainsi que quelques autres binômes durent prendre leurs valises ainsi que leurs affaires restant dans le bus avant de partir dans la contrée lointaine du Morvan. Il n’était pas amer envers cette forêt française, c’est juste qu’il aurait préféré resté en ville, la vie à la campagne ne l’ayant pas réussi par le passé. Mais bon, il s’agissait d’une sorte de classe de neige. Alors, il ne devait pas jouer les rabat-joies et se montrer reconnaissant de la faveur que leur fait Mme Perez. Chouette ! Passer la moitié du voyage dans un village loin de tout avec des vaches et des poules en guise d’animaux de compagnie. La bouse de vache et le réveil au chant du coq n’étaient pas les perspectives qui l’avait amené à venir dans le pays des amoureux. Par contre, pouvoir séduire Fedora pour, gagner son pari, qu’ils soient enfin réunis l’enchantait déjà, comme de voir les expressions anéanties de Magnus, Charles et Santana. Oh, oui ! Il trépignait de bonheur rien que d’y penser. Il avait tellement hâte. S’il pouvait, il aurait sauté de joie.
Son bonheur fut, malgré tout, de courte durée. Les cris incessants de Mme Perez lui arrachèrent un soupir, il leva les yeux au ciel, assez agacé. Il rejoignit le troupeau d’élèves agglutinés devant la soute à bagages du car, roulant des yeux, devenant impatient, les mains dans les poches, lassé. Lorsqu’enfin la voie fut libre pour qu’il puisse récupérer sa valise, une silhouette familière se mit à ses côtés, tout en restant assez loin de lui pour qu’il puisse la reluquer sans vergogne, son parfum l’enivrant et le forçant tendrement à relever les yeux vers elle. Fedora était penchée en avant, cherchant, elle aussi sa valise. Ou bien cherchait-elle à se rapprocher de lui afin de lui avouer que ce qu’elle avait dit un peu plus tôt sur Magnus n’était pas vrai et qu’elle avait inventé tout ce qu’elle lui a raconté. Dans un élan délicat et prudent, il se rapprocha d’elle, se mettant presque à ses côtés. Il commença d’abord par se racler la gorge, non pas dans le but de l’informer de sa présence, mais plus dans le but de se préparer, en amont, à lui demander quelque chose concernant leur ami commun.
- Fedora, commença-t-il, murmurant assez fort qu’elle seule l’entende, quelques secondes après qu’il se soit raclé la gorge, ce que tu as dit tantôt sur Magnus… débuta-t-il, sa voix se perdant car faute de préparation, cherchant la bonne formulation.
- Il ne souffre pas de dysphorie de genre, si c’est ça que tu voulais savoir, rétorqua-t-elle, la voix sévère, récupérant sa valise dans un petit cri de joie, vainqueur.
- De… débuta-t-il, sa gorge nouée, bégayant. De dysphasie de genre ? questionna-t-il, surpris par cette appélation.
- De dysPHORie de genre, corrigea-t-elle, se tournant vivement vers lui. Et puis de toute façon, qu’est-ce que ça peut te faire ? demanda-t-elle, séche et amère, la main sur la poignée de sa valise. Ce que j’ai dit, c’était vrai, je ne suis pas une menteuse.
- D’accord, mais qu’est-ce que la dy… La dysphorie de genre ? interrogea-t-il, incertain sur le nom du trouble dont Magnus pourrait-être victime.
- La dysphorie de genre est un terme médical désignant, commença-t-elle, fatiguée de ses questions, se pinçant l’arrête du nez, la détresse des personnes transgenres, soupira-t-elle, rouvrant les yeux, les écarquillant de fatigue et d’impatience, laissant retomber sa main droite contre son corps. Qu’est-ce que tu cherches ? Hum ? Je te répète que Magnus s’est remodelé afin d’être avec toi.
- Mais qu’est-ce que tu entends par là ? Parce-que dans mon souvenir, Magnus a toujours été comme il est. Musclé et, débuta-t-il, un sourire malicieux aux lèvres, beau gosse.
- Je n’ai pas envie d’en parler avec toi, souffla-t-elle, lasse. Tout ce que je peux te dire, commença-t-elle, s’avouant finalement vaincue, c’est que, lorsque tu l’as rejeté la seconde fois, sa frustration a refait surface, entraînant dans son sillage, la renaissance du dégoût et de la haine de lui-même qu’il a ressenti deux/trois ans auparavant.
Chase resta muet, ses cordes vocales trop tendues pour émettre le moindre son. Ce qu’il venait d’apprendre l’avait tétanisé, ayant l’effet d’une bombe. Il avait toujours vu Magnus comme quelqu’un de musclé, il ne comprenait pas pourquoi il n’avait aucun souvenir de lui étant maigrichon. Perdu dans ses pensées, il entendit au loin un soupir vaincu. Un coup de brutal de roulettes de valise qu’on met au sol le surprit, le faisant sursauter. Il croisa le regard de la blonde, la surprenant en train de l’admirer. Elle vira au rouge avant de vite détourner le regard. Trop tard ! Il l’avait vu rougir, il avait senti ses yeux glisser tranquillement sur lui. S’il n’était pas aussi abattu et si attristé par la nouvelle qu’elle venait de lui apprendre, il pourrait presque en jubiler. Nan ! Même si savoir que Magnus souffrait d’un manque cruel, et évident, de confiance en lui, il ne pouvait pas réprimer un sentiment aussi euphorique que de voir la blonde le matait sans gêne et de la voir virer au rouge tomate. Il esquissa un faible sourire malicieux, ses lèvres le dessinant imperceptiblement. Néanmoins, il n’arrivait pas à croire qu’une personne aussi dure à cuire, aussi sarcastique que Magnus ait pu, un jour, ressentir une telle haine envers lui-même, une telle aversion envers son corps ne pouvait être possible. Il le connaissait, il savait bien comment il était. Si la timidité faisait partie de ses défauts de l’époque, le narcissisme n’en faisait pas parti. Enfin, il mit fin à ses pensées, résolu à ne plus y penser. Après tout, la seule personne capable de lui expliquer cela convenablement, ce n’est ni Fedora ni son père, c’est Magnus et lui seul.
Apercevant sa valise, ses yeux s’écarquillèrent, son sourire se perdant en une expression surprise. Il prit en main sa valise, la soulevant et la plaquant brutalement contre le sol. D’autres personnes attendaient de prendre leurs bagages, il dégagea donc vite et s’en alla rapidement, se dirigeant vers Chuck qui était en pleine séance de bécotage. Il se mit donc le champ de vision de Leighton, un sourire narquois aux lèvres, croisant ses bras contre ses pectoraux, un sourcil levé. Il attendait donc patiemment que ses amis cessent de mélanger leurs salives lorsque la douce voix de Mme Perez leur parvint.
Jolie mais vraiment insupportable.
Alors que l’amertume commença à lui brûler la gorge, elle leur indiqua que les élèves fumeurs avaient droit à une pause cigarette d’un quart d’heure. Assez enjoué par cette perspective, Chase se mit à frénétiquement tâter les poches de sa veste à la recherche de ses clopes. Il tira un paquet de cigarettes à peine entamé de la poche droite de sa veste. Il était assez surpris de retrouver ce paquet-ci. Il y avait si longtemps qu’il n’avait pas fumé, qu’il n’avait pas tiré sur une clope. Et l’idée de s’empoisonner à la nicotine lui parut absurde lorsqu’il sentit une main taper vigoureusement contre son épaule, l’attrapant brutalement. Violemment, Chase se détacha de la main de Chuck, lui demandant l’objet de son agitation. Il le vit avaler sa salive avec difficulté avant de pointer, la main tremblante, quelque chose se trouvant derrière lui. Serrant son paquet de cigarettes, décidé à ne pas en prendre une, il se retourna dans la direction que son ami lui donnait. Il voyait, adossée au bus, Fedora en train de fumer. Enfin, vapoter. Il est vrai que de là où il se tient, il pourrait confondre avec une cigarette mais jamais une clope ne pourrait produire autant de fumée, qui s’avère être de la vapeur. Il desserra lentement son paquet de clope, les yeux écarquillés, la bouche grande ouverte. Il ne savait pas s’il devait faire confiance à ce qu’il voyait. Son esprit lui avait longtemps joué des tours. Qui sait si ce qu’il voyait était la vérité ? En tout cas, l’expression de Chuck ne le trompait pas, Fedora était en train de fumer. Il déglutit avec difficulté. Il regarda les cigarettes, écrasées par sa forte poigne. Elles étaient foutues et il se voyait mal demander à la blonde de vapoter avec elle. Déjà, il se prendrait une gifle monumentale et en plus, il avait décidé d’arrêter ce genre de substances. Pourtant, quelque chose en lui semblait avoir besoin de ces substances illicites. C’est comme si la drogue et toutes ces conneries permettaient à son corps de maintenir quelque chose, ou quelqu’un, au plus profond de lui. Mais il ne savait pas de quoi, ou de qui, il s’agissait. Tout ce qu’il savait, c’est qu’il en avait besoin.
Se mettant une claque mentale, il rangea les clopes dans la poche de sa veste, il n’était pas prêt de recommencer la fumette. Il était clean depuis quelques mois et ce n’était pas une misérable pause pour les fumeurs qu’il allait briser son abstinence, même s’il devait avouer qu’il en manquait. Il en ressentait encore le besoin. A contrecœur, il détourna le regard, ne pouvant plus supporter la vision d’une Fedora heureuse et, surtout, d’un Charles trop occupé à la divertir pour son plus grand bien. Chase rageait. Il allait perdre son pari ! Et ça, il ne saurait le tolérer, il gagnait toujours. Toujours. Il possédait tout ce qu’il voulait. Toujours. Toujours. A force, ce mot perdit un peu de son sens à ses yeux. Soudainement, une voix familière lui parvint. Il se retourna vivement, notant que Fedora était hilare tandis que Charles semblait chagriné, presque en colère. Il comprit alors, par les cris désapprobateurs de son cousin et par les éclats de rire de la blonde, que cette dernière avait soufflé la vapeur de la cigarette électronique sur lui. Chase, esquissant un sourire amusé, comprit à présent pourquoi il avait râlé en s’écriant qu’elle lui avait soufflé la fumée de cigarette dans la figure. Il était heureux de constater qu’elle avait changé elle aussi, devenant un peu plus jouette. Ses joues tirant sur le rouge écarlate, son rire était vrai et tellement agréable à entendre. Elle se tordait littéralement de rire, elle se retint contre le bus, tremblante de rire. Elle se tint le ventre, éclatant de rire de plus belle sous les regards surpris et, étrangement, gênés de ses amis. Lucy essaya de la calmer tandis que Charles, interloqué, se demandait ce qui avait déclenché cette crise de rire. Sofia et Santana, tentant de rester calmes, se pincèrent l’arrête du nez, un sourire se dessinant mincement sur leurs visages. Charles était toujours aussi perdu, contemplant de ses yeux candides et interrogatifs Lucy qui essayait d’aider son amie à apaiser sa crise de rire. Elena, l’amie de Fedora dont il avait la connaissance que très tard, était dores et déjà montée dans le bus, comme la plupart des élèves non-fumeurs.
Chase lança un dernier regard en leur direction, remarquant que la blonde hilare était au sol, se tenant le ventre alors qu’elle tentait de reprendre son souffle, et qu’elle tenait fermement le poignet de son amie aux cheveux de blés portant des lunettes. Tendre et amoureux, voilà comment on pouvait décrire l’expression dont était peint le visage de Chase. Finalement, il monta les marches du bus, qui était assez petit comparé à celui qui les avait amené jusqu’à Avallon. Celui-là ne pouvait contenir que 10 ou 20 places alors que l’autre bus contenait plus de 20 places. Sa valise à la main et son sac tombant de son épaule, Chase avança difficilement vers une place se trouvant assez proche de la sortie. Il jeta un regard vers les places du fond, trop loin de la porte. Il se mordit la lèvre inférieure, à la recherche d’une place. De la place. Si la rangé de fauteuils à sa gauche comportait deux places, la rangé à sa droite ne comportait qu’un siège. Il se voyait mal porter à la fois sa valise et son sac sur ses genoux… C’est pourquoi il se dépêcha de prendre la première place à deux sièges qu’il voyait. Il se rua dessus avant qu’un autre la prenne avant lui. Ou plutôt, qu’une autre la lui vole. Fedora et Lucy, suivies par Charles, Santana et Sofia, montèrent dans le minibus. Les quatre filles s’installèrent à proximité les unes des autres, alors que Charles n’eut d’autres choix que de s’installer sur un autre siège. Et lui qui pensait que Fedora aurait choisi d’être avec lui plutôt que de passer les prochaines 20 minutes de trajet qui leur reste avec ses amis. 20 minutes… Il soupira, fermant les yeux, se pinçant l’arrête du nez. Lorsqu’il entendit que les portes du bus se fermèrent, il rouvrit subitement les yeux et, anticipant la demande de Mme Perez, maintenant seule pour gérer la vingtaine d’élèves présents dans le bus. Il mit donc sa ceinture, positionnant sa valise à ce qu’elle ne tombe dans le « couloir » du bus. Il posa prudemment son sac sur ses genoux, en sortant son téléphone et ses écouteurs, qu’il brancha à la seconde où il rangea, prêtant attention à ce que personne ne le regarde, son paquet de cigarettes à moitié écrasée par la force de sa poigne. Il enfonça ses écouteurs dans ses oreilles et, appuyant sur la touche « play », sa playlist Spotify de voyage se mit en marche. Posant son coude contre la paroi à sa gauche, il contempla le paysage qui défilait devant lui lorsque le véhicule se mit en mouvement. Tiraillé entre l’envie de dormir et entre l’envie de rester éveiller, ses paupières s’alourdirent. Womanizer de Britney Spears ne l’aidant pas à se sentir mieux, il se laissa sombrer dans les méandres de ses pensées. Il s’endormit facilement, dieu merci grâce à Morphée. Avec un sourire amer, il espérait juste qu’il n’allait pas rêver du bel asiatique. Et surtout, que son obsession presque maladive pour lui ne l’empêche pas de dormir paisiblement. Il ne voulait pas rêver de lui, il ne voulait pas rêver d’être dans son corps, pas encore…
Ses paupières frissonnèrent quelque peu, s’alourdissant encore plus… Il sombra de plus en plus dans un sommeil profond.
***
- Chase ! s’écria une voix familière, le poussant violemment et tendrement. Chase ! continua cette voix familière, un soupçon d’inquiétude perçant.
- Laisse-moi faire, lui conseilla une voix suave, douce et qui lui était inconnue, un accent anglais trahissant son identité. Chase, dear, commença-t-il, sa voix caressant ses oreilles comme du miel, je suis si désolé pour ta joue, répliqua-t-il, la malice s’invitant dans le miel de sa voix.
C’est alors qu’il ressenti une immense douleur dans la joue, le réveillant subitement. Ses yeux ne mirent pas longtemps pour s’habituer à la lumineuse pénombre du ciel gris de la France. Il distingua alors quatre silhouettes puis, sa vision devenant de plus en plus claire, quatre visages. Deux d’entre eux lui étant familiers. Mme Perez afficha un sourire soulagé tandis que Fedora, dont les traits étaient tirés en une expression tendue, s’apaisa et soupira, tranquillisée. Les deux inconnus le regardaient, l’un avec tendresse et douceur, tandis que l’autre avait un regard paternel qui le fit se sentir protégé. Le premier homme devait avoir entre 16 et 18 ans. Il semblait être grand, plus grand même que lui. Son visage, noyé dans la lumière artificielle des lampes du minibus, lui paraissait angélique. Trop angélique même pour un homme. Ses cheveux blé étaient coupés assez court, quelques mèches venaient tomber sur le côté gauche de son front. Ses lèvres étaient esquissées en un délicieux sourire ravi. Quant à ses yeux, ils avaient l’air d’être injecté d’encre, lui donnant l’air d’un ange déchu avec la blancheur de sa peau pareille à celle des nuages et ses lèvres d’une tentante couleur cerise, ses traits archangéliques ainsi que ses cheveux de blé. C’étaient ses yeux sataniques et son expression maline, presque diabolique, qui faisaient de lui un être à la beauté des anges possédant la perfidie des démons.
Est-ce Lucifer ? N’est-il pas brun à la place ? Bien que le blond est une superbe couleur de cheveux… Mais le brun lui va tellement mieux ! Je dois arrêter de regarder la série Netflix, je m’embrouille trop…
Le blondinet aux yeux sulfureux continua de le regarder avec cette expression doucereuse et ce sourire désagréablement charmeur. Chase regarda tantôt ce loup déguisé en agneau tantôt Fedora qui ne paraissait pas inquiète. Ayant croisé ses bras sur sa poitrine, elle le toisa du regard, lui demandant ce qu’il foutait de ses yeux furieux. Quant au conducteur, il paraissait heureux de voir qu’il n’était pas mort. Mme Perez partageait la même expression que le conducteur, même si Chase l’a trouvait un peu sévère une fois que le chauffeur soit sorti de son véhicule. Instinctivement, Chase, sous les regards ébahis de Fedora, de Mme Perez et du petit blondinet, se redressa, portant la main à ses abdos, les tâtant presque afin de savoir s’il était bel et bien lui. Non que cela ait été désagréable la première fois qu’il a rêvé d’un échange d’esprits avec Magnus, la seconde foi n’était pas nécessaire ni souhaité, enfin… Si, peut-être… Mais là, il n’arrivait pas à croire qu’une seconde fois, son esprit lui ait joué un sale coup en le faisant cauchemarder sur un échange de corps avec Magnus. Il avait trouvé ça agréable la première fois mais la seconde fois était un peu de trop, ce coup-là. Après s’être rendu compte qu’il était bel et bien lui, ayant senti ses propres muscles à travers le tissu fin de son pull, il soupira de soulagement, content d’être lui et pas… Quelqu’un d’autre. Et il est hors de question qu’il réponde aux interrogations que s’apprêtent à poser Fedora et les deux autres personnes autour de lui. Il se leva, d’abord avec difficulté, son dos lui faisant quelque peu mal à cause de sa position de sommeil. Il attrapa son sac, qui était tombé au sol suite à la claque que le blondinet lui avait refilé ainsi que sa valise qui était encore bien en place sur le siège à ses côtés. Il marcha à tâtons, ne pretant pas attention aux regards médusés et colèreux qui le dévisageaient. Il sortit du car et regarda autour de lui, ils étaient en plein milieu d’une rue minuscule, face à une maison. Il entendit des bruits de pas derrière lui et fit-volte-face. Fedora, à présent juste vêtue de sa chemise fine bordeaux et de son jean, lui faisait face, un sourire malin aux lèvres tandis que Mme Perez et le blondinet sortirent à sa suite, se mettant à ses côtés.
- Je vais vous laisser, dit-elle, légèrement stressée. Vous êtes entre de bonnes mains, rétorqua-t-elle, posant une main douce sur l’épaule de Fedora, lui glissant un regard chaleureux.
- Oui, c’est vrai, répliqua le blondinet, son accent anglais le trahissant.
- Je suis tellement navrée que tu ne puisses pas venir avec nous, Sebastian, soupira Fedora, faisant volte-face vers le dénommé Sebastian.
Celui-ci abaissa la tête, esquissant un sourire avant de se mordre la lèvre inférieure. Il lui fit savoir, relevant la tête, qu’il allait bien et qu’il savait que sa famille d’accueil sera bienveillante avec lui. Il dit adieu en français avant de disparaître. Le regard de Chase se posa un dernier instant sur Sebastian, qu’il préféra continuer de surnommer « le petit blondinet ». Il était habillé en noir. Il devait porter beaucoup d’intérêt à la phrase « on porte mieux le noir que les veuves de nos ennemis ». Son t-shirt sombre dénudait suffisamment son cou pour que sa veste en cuir puisse cacher le tatouage qu’il portait. Il portait des chaines en argent autour de sa mince nuque. Il s’en alla enfin, laissant Fedora seule avec Chase qui n’hésita pas à sourire. Mais un soudain coup de coude dans les côtes arriva à le faire déchanter. Il gémit de douleur, se tenant le ventre alors qu’il grimaça. Il marmonna quelque chose dans sa barbe. Fedora se tourna vers lui et lui adressa un sourire innocent avant de se mettre en route, valise et sace en main, contournant le minibus qui se mit en route après qu’elle soit passée. Chase, ébahi, resta un moment cloué sur place, ne sachant plus quoi faire. Lorsque le bus fut enfin parti de son champ de vision, il la vit devant le portail en bois et ravagé d’une maison en pierre à la façade sublime, elle se tenait devant une cloche en métal. Mais son regard n’était pas dirigé vers le jardin de la demeure, il était rivé sur la personne se trouvant à proximité. Dans le cas présent, Sebastian. Chase sentit son poing se refermait sur lui-même, brûlant d’envie de rencontrer les parfaites dents du petit blondinet qu’il ne pouvait plus supporter. Il était si agréable à regarder et semblait si apaisant, si calme ! Pourquoi n’avait-il jamais de répits ? Pourquoi Fedora était-elle toujours entourée ? D’abord Magnus, puis Charles et maintenant cet English qui ne sait rien faire d’autre que de sourire et de se comporter comme un ange. Si Chase n’était pas si préoccupé, il lui aurait volontiers mit son poing dans la figure. Néanmoins, il était ravi de voir que son joli sourire détestable avait disparu lorsque ses yeux d’encre se furent posé sur lui. Son expression étant devenue un peu plus neutre, il ne faisait plus de preuve de cette chaleur réconfortante quand ils se sont vus. Peut-être a-t-il comprit à qui il avait à faire ? Chase lui fit un signe de salut de la main droite, un sourire insolent se dessinant sur ses lèvres tandis que sa main gauche se referma sur la poignée de sa valise qu’il traîna en direction de la maison où Fedora l’attendait, pas si patiemment qu’il l’aurait voulu. Elle avait croisé ses bras sur sa poitrine, tapant frénétiquement du pied contre le sol. Son air sévère et furieux semblait lui dire : < dépêches-toi de rappliquer ou je t’amène par la peau du cul ! >. Et bien qu’il était certain qu’il aimerait ça, surtout venant d’elle, il n’était pas sûr que ça soit le moment propice pour faire ce genre de choses, surtout dans la rue. Alors, ce même sourire insolent au visage, Chase se dirigea vers Fedora qui, n’abandonnant pas son expression meurtrière pour autant, esquissa un sourire en coin. Elle fit voler sa chevelure d’or et se retourna avec grâce. A ses côtés, pour une quelconque raison, il se sentait bien, presque apaisé. Il aimait ce sentiment de paix qu’il ressentait à chaque fois qu’il était avec elle. C’était comme si toute sa noirceur avait disparu, comme éclipsée par la lumière qu’elle dégageait. Personne au monde n’avait réussi un tel exploit. Il souhaitait la remercier mais, plus que tout au monde, il voulait qu’elle soit à lui. Il bouillait d’envie de la prendre dans ses bras et de l’embrasser fougueusement, la faisant sienne. Mais il savait tout au fond de lui que jamais elle ne laissera faire.
Il fit glisser son regard océan contre ses formes généreuses, un sourire malicieux se dessinant peu à peu. Sentant ses yeux sur elle, elle mit fin à cette observation en faisant sonner la cloche en métal juste devant elle, en espérant que Chase la quitterait des yeux. Au final, cela ne fit qu’intensifier sa manière de la regarder.
- Qui est ce Sebastian ? demanda-t-il, tout naturellement.
- Sérieusement ? questionna-t-elle en se tournant vers lui. Je te préviens, tu n’as pas intérêt à tout faire foiré. Ici, on est pas à New York, l’informa-t-elle, ton petit numéro de Casanova ne marchera pas, le prévint-elle.
- Et pourquoi ?
- Parce-que ma famille n’est pas une famille qui se laisse facilement faire, répliqua-t-elle, un sourire mauvais se peignant sur son visage en entendant la porte d’entrée s’ouvrir.
Alors qu’il s’apprêta à répliquer, il se fit soudainement interrompre par une femme. Une femme ayant au moins la quarantaine. Quelque chose chez elle lui semblait familier, mais il ne sut quoi dire. Un homme la rejoignit, lui aussi ayant plus ou moins la quarantaine. Les deux personnes face à lui étaient souriantes. Ce qu’il trouva assez rare pour des Français. La femme ouvrit le portail à la volée et se rua sur Fedora qui la prit dans ses bras, les larmes qui perlaient à ses yeux coulant enfin contre ses joues blanches. Abasourdi, Chase regarda les deux femmes qui se tenaient tendrement dans les bras, entrouvrant ses fines lèvres. C’est alors que, en les regardant d’un plus près, il sut pourquoi cette femme lui était tant familière, c’était la mère de Fedora ! Alors, l’homme qui l’avait rejoint devait être son nouveau conjoint. Tout s’illumina dans son esprit. Il put alors mieux les décrire. La mère de Fedora portait un haut ample orange assez décolleté dont une fermeture Eclair en était l’ouverture ainsi qu’un jean noir. Elle était chaussée d’une paire assez simple de baskets noires en tissu. Sa chevelure flamboyante, qu’elle devait avoir teint depuis quelques mois en vue des racines brunes qui commençaient à se voir, avait été noué en chignon. Chase comprenait maintenant d’où Fedora tirait sa beauté. Sentant un regard sévère sur lui, il fit volte-face vers son beau-père, passant sa langue sur ses lèvres. Le beau-père de Fedora était un très bel homme, lui aussi brun. Ses yeux bleus étincelaient du ressentiment et de la haine que devaient ressentir chaque père envers les prétendants de leurs filles chéries. Et il se doutait que cet homme devait considérer Fedora comme son enfant chérie. Il était vêtu d’un t-shirt noir à manches longues, moulant à la perfection son torse musclé, ainsi qu’un jean noir d’où pendaient quelques chaines en métal.
De quoi ravir Magnus…
Une expression amère imperceptible se dessinant peu à peu sur son visage, Chase préféra détourner le regard. Fedora et sa mère, encore dans les bras de l’une et de l’autre, devaient sûrement profiter des quelques instants de paix qu’il leur reste avant que les deux hommes ne rentrent en scène. Le beau-père de Fedora mit cependant fin à l’étreinte de sa belle-fille et de son épouse en se raclant bruyamment la gorge, ramenant toute l’attention sur lui. Il demanda à sa femme, une dénommée Natacha, si lui aussi il pouvait profiter d’un câlin entre lui et sa fille. Fedora lâcha sa mère qui, gênée, reporta son attention sur Chase alors que la blonde prit son beau-père dans ses bras. Ils s’étreignirent quelques minutes avant de finalement se resserrer une dernière fois. Ils se lâchèrent l’un l’autre. Son beau-père rejoignit sa mère, l’attirant contre lui en posant sa main sur sa taille, la mettant près de lui. Chase sentait qu’il le narguait, affichant délibérément son bonheur juste devant lui. Chase le dévisagea, une lueur furieuse brûlant dans ses yeux lagon. Il afficha une expression neutre, sévère, presque amère. Les deux hommes se fusillèrent du regard, se jugeant mutuellement dans un silence de mort. Après un long silence, Fedora, visiblement gênée par ce silence assourdissant, décida de prendre la parole.
- Jeff, commença-t-elle en s’adressant à son beau-père, le détournant ainsi de Chase, je te présente un, s’interrompe-t-elle, cherchant ses mots, un bon ami à moi. C’est… Hum… Magnus. Magnus Gyver.
- Ah ! s’exclama Natacha, apparemment enchantée, voici donc le fameux Magnus d’Alex ! s’écria-t-elle, alors que Chase commença à virer au rouge.
- Oui, c’est moi, rétorqua-t-il, gêné, le rouge aux joues, Magnus Gyver, le petit-copain d’Alec… Euh Alex ! se rattrappa-t-il, notant que les yeux revolvers de Fedora le foudroyaient. Oui, c’est ça, AleX… Et non AleC, ajouta-t-il, remarquant que les parents de Fedora n’étaient pas convaincus par cette blague.
- Voyons Fedora, arrête de regarder ton copain comme ça ! s’exclama sa mère. Il est sans doute très pudique par rapport à son couple avec… Alex, dit-elle, visiblement gênée par ce prénom, ce que Chase ne comprenait pas.
Il ne savait pas ni qui était ce Magnus ni qui était cette Alex. Sûrement de bons amis de Fedora qui sont en couple d’après ce qu’il a entendu. En tout cas, il se voyait mal parlé de cette relation sans en connaître les grandes lignes. Et dire qu’il devait jouer un rôle. Un rôle pour lequel il ne s’attendait pas. Pourquoi ne pouvait-il juste pas jouer Chase Jones, grand séducteur et drogué à ses heures perdues ? Qu’avait-il de honteux à être accompagné par cet Apollon brun ?
Natacha et Jeff le regardèrent longuement, le jaugeant tandis qu’il ne put que sourire mincement, ne sachant pas quoi faire. Fedora frappa dans ses mains, sortant ainsi ses parents et Chase de leur torpeur. Elle leur demanda, avec un ton quelque amer et dédaigneux, s’il était possible qu’ils entrent à l’intérieur, ajoutant qu’ils ne souhaiteraient que leurs invités meurent de froid. Natacha et Jeff acquièsèrent et les invitèrent à entrer, se poussant du portail. Cependant, tout compte fait, Chase préféra largement passer sa nuit dehors plutôt que de supporter les lourds regards des parents de Fedora. C’est pourquoi il resta cloué sur place, comme si ses jambes avaient été collé au sol. Fedora, qui se trouvait juste derrière lui, soupira fortement, se pinçant l’arrête du nez tandis que ses parents rentrèrent, main dans la main, dans leur maison. Elle lui ordonna, lassée par ce comportement, de bouger ses fesses et d’entrer à l’intérieur de la demeure. Il bafouilla qu’il ne pouvait pas, qu’il n’arrivait pas à avancer, comme si ses jambes étaient devenues un poids. Il crut l’entendre marmonner que c’était lui le poids. Une moue amère se dessina sur son visage neigeux alors qu’il sentit deux mains se poser brutalement contre ses omoplates, essayant de le pousser dans le jardin. Il essaya de lui faire entendre raison mais apparemment, elle semblait se foutre de ses états d’âmes. Enfin, elle réussit à le débloquer et à le faire avancer, le poussant avec difficulté en direction de la maison des Dobronravov. Par ailleurs, en passant devant la boîte à lettres, il avait noté que le nom près du prénom de Natacha n’était pas Dobronravov mais Garzia… Il ne savait pas que la mère de Fedora avait des origines ibériques. Ni même qu’elle était si jeune. Si son père avait au moins la cinquantaine, sa mère, quant à elle, devait au moins avoir 45 ans. Traînant sa valise sur la terre boueuse du jardin alors que son sac était descendu contre son coude, le gênant dans sa marche, il essaya toujours de convaincre Fedora que ce n’était pas une bonne idée, que ses parents l’ont détesté au premier regard. Se penchant contre lui, le tenant toujours fermement, elle lui avoua que la seule personne qu’ils haïssent n’est pas lui, enfin pas Magnus Gyver. Elle rajouta que toute sa famille sait qui est responsable de son suicide, il y a des mois de ça. Posant délicatement une main au toucher cruellement doux et lèger, elle rajouta qu’ils ne connaissaient pas son visage mais, qu’à défaut de savoir à quoi il ressemble, ils savent comment se nomme le garçon qui l’a détruite, mettant son autre main dans son dos, resserrant son emprise sur son épaule, lui arrachant un gémissement de douleur.
- Je ne savais pas que tu étais une petite nature, dit-elle, malicieuse et moqueuse.
- Je ne savais que tu étais sadique au point de t’amuser de ma souffrance, continua-t-il tandis qu’il sentit que la force que possédait Fedora sur son emprise commençait à diminuer.
- Ne me sous-estime jamais, Chase. Now, move ! [1] lui ordonna-t-elle, un soupçon d’amertume dans la voix tandis qu’elle le poussa avec toute la force qui lui restait, son accent français transparaissant.
Ils entrèrent enfin dans la propriété des Garzia. Il nota que des dalles avaient été installées, sûrement pour éviter de salir le sol. Face à lui, il vit une terrasse en bois sur laquelle se trouvait un petit salon d’extérieur. Autour d’une table au plateau en verre et au support en osier avaient été disposé un canapé d’angle en osier ainsi que deux fauteuils faits du même matériau que celui du canapé. Ils étaient couverts par des coussins moelleux. Chase nota qu’une volière en bois était près de la terrasse. Il se demanda quels oiseaux pouvaient vivre dans une volière aussi grande. Son regard s’attarda sur le barbecue en pierre à sa droite, quelque chose était en train de brûler. Lorsqu’il sentit une secousse derrière lui, il reprit ses esprits et fit volte-face vers Fedora qui le questionna. Elle lui fit signe d’entrer d’un simple regard vers la porte. Il remit correctement sa veste en cuir, redressant son sac et prenant fermement sa valise, se répétant qu’il jouait le rôle de Magnus Gyver, qu’il ne devait pas merder, qu’il devait réussir à ce que la famille de Fedora l’apprécie un minimum. Sauf que ce n’est pas Chase Collins qu’ils vont aimer, mais Gyver…
Il n’eut malheureusement pas le temps de s’attarder sur ce lèger et pourtant si petit détail car il venait de pénétrer dans la maison des Garzia. La chaleur l’accueillit un peu mieux que le couple face à lui qui resta presque de glace.
Au moins, quelqu’un est chaleureux ici…
En effet, un feu réconfortant brûlait dans l’immense cheminée, consumant le bois, dégageant une odeur qui lui était familière. Pas celle qu’il aurait dut lui mettre du baume au cœur en lui rappelant la période de fête qui allait bientôt commencer. Les flammes infernales ondulant avec sensualité lui rappelèrent l’incendie qui s’était déclaré cinq jours avant qu’il ne sache qui est Phoenix Raise. Ça lui rappelait les cris qu’il avait entendu, croyant que c’était Fedora alors que ce n’était qu’une hallucination qui avait failli le tuer. Comme attiré par le feu, il s’y dirigea, abandonnant çà et là sa valise et son sac, les lèvres entrouvertes. Il se souvenait encore très bien de la fumée nocive qui avait pénétré son corps, incendiant ses veines, brûlant ses poumons. Il se revit dans l’appartement de cet immeuble dévoré par les flammes, il était terriblement affaibli, la fumée l’intoxicant…
Alors qu’il était en pleine contemplation du feu, complètement perdu dans les nuances de couleurs des flammes, il se fit interrompre par un cri aigüe provenant des escaliers en colimaçon à sa gauche. Il vit, sur la dernière marche de l’escalier, deux petites filles. La première était un peu plus âgée que la fillette qui tenait sa main. Elle devait avoir au moins 5 ou 6 ans, à tout casser. C’était une petite rousse aux grands yeux bleus et à la peau aussi blanche que de la porcelaine, comme Fedora en quelque sorte. La petite rousse était vêtue d’une élégante robe bleue ciel, une réplique de tiare russe parait sa tête d’ange. Elle s’élançait vers Fedora qui s’était retournée vers elle. Elle la prit dans ses bras et la souleva, la faisant voler dans les airs. Elle la serra contre elle, la redeposant au sol après une dernière étreinte tendre.
- Fedora, soupira-t-elle, tu m’as tellement manqué, dit-elle, s’accrochant à sa chemise bordeaux, Chase remarquant une larme coulant sur son visage juvénile.
- Toi aussi Anastasia, souffla-t-elle, la voix tiraillée par le chagrin, la serrant contre elle.
Anastasia… Comme la Duchesse Anastasia de Russie ? Ils doivent vraiment être fiers de leurs racines slaves pour nommer leurs enfants avec des noms russes…
La petite Anastasia rouvrit les yeux, les posant sur Chase qui lui adressa un sourire. Elle se sépara de sa cousine lentement, avalant avec difficulté sa salive, ses yeux lagon brillant de larmes continuant de le regarder. Elle demanda à sa cousine qui il était. Fedora fit volte-face et le déshabilla du regard, avec affection et tendresse cette fois-ci. Elle lui prit la main et elles se levèrent en même temps. Elle se tourna vers sa cousine, l’informant qu’il était un ami, un ami de longue date. Anastasia regarda tantôt Chase tantôt sa cousine qui se livrèrent à un jeu de regards trop intense pour qu’elle puisse y déchiffrer autre chose que de l’amour. Fedora détourna le regard lorsque sa petite cousin la remit sur terre, l’informant qu’elle avait un cadeau pour elle. Elle lui lâcha subitement la main alors que la blonde avait fait un pas en avant afin de la retenir. Elle l’a vit monté les escaliers rapidement. Chase nota qu’une autre des cousines de Fedora attendait que cette dernière la remarque, suçant son pouce, son doudou lapin dans son autre main. Il l’informa que quelqu’un l’attendait, lui montrant qu’un peu plus bas, un autre petit ange était sur la marche. Il le lui montra de l’index alors qu’elle s’était tournée vers lui, interloquée. Fronçant les sourcils, elle se retourna lentement en direction des escaliers, Chase se mettant à ses côtés afin de mieux la contempler. La lumière que dégageait le feu venait se refléter sur son profil, l’illuminant. Il n’arrivait pas à se lasser d’elle. Non, il n’y arrivait. Il la redécouvrait un peu plus chaque jour. Il retombait sous son charme à chaque fois qu’il la voyait. Il tombait amoureux chaque seconde, chaque minute, chaque heure passées avec elle et même si elle dit ne plus rien ressentir pour lui, il sait bien que c’est faux. Aussi séduisant que Magnus soit, Chase savait que ses charmes asiatiques avaient une certaine limite. Seul Chase pouvait aimer Fedora comme elle le méritait. Et Magnus ne savait pas l’aimer comme il le fallait.
C’est qu’on devient sensible et romantique… Pour qui tu te prends à dire que tu es l’unique personne à savoir ce qui est bien pour elle ? Pour qui tu te prends en disant que Magnus ne sait pas aimer comme il le faut ? Tu n’es qu’une perte de temps, Chase. Jamais, tu ne pourras la récupérer…
Ferme-la !
Il reprit bien vite ses esprits, faisant taire cette voix qui essayait tant bien que mal de le démoraliser et de se faire sentir misérable. Il se reconnecta sur le moment présent, apercevant Fedora qui semblait encore être sous le choc. Il pouvait sentir sa respiration saccadée, sa cage thoracique se soulevant avec difficulté. Un sourire tendre se peignant petit à petit sur son visage ravi, Chase lui conseilla d’aller lui dire bonjour, se mettant encore plus près d’elle, ayant susurré au creux de son oreille. Elle se tourna vivement vers lui, le regardant, ébahie tandis que ses yeux océans étaient rivés sur la petite fille timide qui se trouvait à quelques mètres d’eux. Si Chase ne la connaissait pas aussi bien qu’il la connaît, il aurait put prendre ce petit ange pour son enfant. Elle avait tout de Fedora, en passant par la blondeur de ses boucles, par le bleu éclatant de ses yeux en amande et de son expression réservée et timide, finissant avec sa pâleur d’ange. Fedora redirigea son regard vers sa copie miniature et lui adressa le plus beau sourire que Chase ait vu dans toute sa vie. Son cœur fit un bond dans sa poitrine en la voyant sourire. Elle semblait si heureuse, si épanouie, si… Elle-même.
Et dire que Magnus a droit ce magnifique sourire chaque jour… Et dire qu’il a droit à toute sa tendresse, à tout son amour, à toute sa douceur. Il a tout ce dont toi tu désires. A commencé par son…
Stop !
Il devait arrêter de penser à ça et de suite ! Il ne pouvait pas penser au fait que l’asiatique a tout et que lui n’ait rien. Il n’arrivait pas à croire qu’il la rendait si joyeuse et si pleine de vie qu’elle est redevenue elle-même. Alors que lui, Chase Collins, tout ce qu’il lui inspire c’est de la haine et du dégoût… Il ne pouvait pas y croire. Il se reprit vite en se rendant compte que Fedora était face à lui, portant dans ses bras le petit ange. La fillette, ne devant être âgée que deux ou trois ans, portait une petite robe blanche couvrant ses genoux, un petit serre-tête rouge venait découvrir son front, ses boucles blondes ne venant pas entacher sa vue. Elle avait été chaussée d’une paire de petites ballerines rouges vernies. Un sourire amoureux s’empara de son visage alors que la blonde s’approcha de lui, voulant sûrement lui présenter un autre membre de sa famille. Dès qu’elle fut assez proche de lui, elle tourna son regard en sa direction, sa cousine suçant son pouce, continuant de le regarder avec ses grands yeux bleus, toujours aussi intimidée par sa présence.
- Lou, je te présente, a good friend of mine, avait-elle ajouté en anglais, Cha… Magnus Gyver, se rattrapa-t-elle, ayant presque oublié la nouvelle identité du brun, alors que c’est elle qui la lui avait donné. Magnus, je te présence Lou, ma petite cousine.
- Lou ? ça ne fait pas trop russe, répondit-il, riant tendrement.
- Lou n’est que son surnom, rétorqua-t-elle, redevenant soudainement sérieuse. Son prénom est Lyudmila, l’informa-t-elle, un soupçon d’accent russe dans la voix.
- Finalement, peut-être que Lou n’est pas si mal comme prénom… finit-il par répondre quelques secondes après.
- Où est Magnus ? bafouilla cette dernière, enlevant son pouce de sa bouche. Le vrai Magnus, rajouta-t-elle, remarquant les regards échangés entre sa cousine et elle.
- Tu parles de… Magnus Wù ? demanda Chase, surpris qu’elle le connaisse.
Elle hocha la tête, disant qu’il était le seul des amis de Fedora qu’elle connaissait, vu qu’elle en a souvent parlé à ses parents. Chase esquissa un sourire amer, coulant un regard en coin à Fedora, la questionnant sur le fait qu’elle ait parlé de Magnus à sa famille, haussant un sourcil. Alors qu’elle s’apprêtait à répondre, un cri d’une voix fluette leur parvint. Ils tournèrent simultanément le regard en direction de cette voix. La petite Anastasia tenait entre ses mains une peluche en forme de renard, un grand sourire aux lèvres. Chase se tourna vers Fedora, de petites étoiles étincelaient dans ses beaux yeux bleus alors qu’une expression surprise et ravie orna son doux visage. Elle lâcha Lou qui se rua sur sa sœur. Derrière la petite rousse se trouvaient un jeune couple. Ils se tenaient main dans la main. Mais ils semblèrent distants l’un envers l’autre, d’après ce que Chase voyait. Les deux affichaient une expression froide, sévère. Finalement, il se demandait s’il ne préférait pas Natacha et Jeff à ces deux-là. La jeune femme était une belle trentenaire aux longs cheveux châtain clair qui avaient été finement ondulé. Elle était vêtue d’une chemise blanche assez décolleté , un corset venait mettre en valeur sa poitrine et affiner sa taille. Elle avait enfilé un pantalon de costume noir venant recouvrir la moitié de ses chaussures à talons hauts. Le claquement fin de ses talons contre le bois de l’escalier fit monter en Chase une vague d’un sentiment qui lui était familier mais qu’il ne saurait expliquer. Il n’était pas attiré par la tante de Fedora, ça, il en était sûr. Mais en la voyant ainsi, il ne put s’empêcher de penser à la première soirée qu’ils avaient passé dans la demeure des Jones. La mélancolie. La nostalgie. Voilà le sentiment qui naissait petit à petit dans sa poitrine en voyant la tante de Fedora descendre les escaliers avec grâce. Quant à l’homme qui l’accompagnait, sûrement son mari, il était vêtu d’un élégant smoking. Par « smoking », il entendait un ensemble distingué comprenant une chemise blanche dont les deux premiers boutons sont déboutonnés sous un blazer noir fermé, un pantalon noir. Ses chaussures, sûrement une marque italienne, semblaient avoir été ciré tôt. Ses cheveux noirs de jais, contrastant avec sa peau d’ivoire, avaient été sagement gominés. Fedora lui glissa à l’oreille, se mettant un peu plus à ses côtés, que la femme à la longue chevelure châtain s’appelait Aurora Cole et que l’homme à ses côtés n’était nul autre que son époux, Victor Cole. Chase se retourna vivement vers elle, lui jetant un regard interrogateur alors qu’Anastasia se rua sur eux. Fedora lui jeta un dernier regard. Il crut déceler une étincelle navrée dans ses yeux. Ses yeux froncés se rehaussèrent en une expression sincèrement surprise. Elle prit sa petite cousine dans ses bras, la soulevant et la tenant tendrement, Victor et Aurora la rejoignirent.
- Ma jolie petite fille !* s’écria Aurora, en français, se ruant sur elle une fois qu’elle ait descendue les marches. Je suis si heureuse de te voir à nouveau ! *s’exclama-t-elle, prenant son visage neigeux entre ses mains hâlées.
- Tata, soupira Fedora, décidant de parler en français, pour le plus grand plaisir des oreilles de Chase. Tu m’as tant manqué… avoua-t-elle, ses joues rougissant fortement, des larmes perlant peu à peu, embrumant ses beaux yeux.
- Anya, commença Victor, veux-tu bien libérer ta cousine pour que je puisse la prendre dans mes bras ? la questionna-t-il, un grand sourire aux lèvres.
Anastasia soupira, baissa la tête, tendant le renard en peluche à sa cousine qui le prit avec son autre main, lui adressant un sourire navré et tendre. Elle la mit à terre avec douceur, la voyant s’éloigner en direction de Lou. Les deux sœurs se prirent la main et allèrent s’installer dans le canapé. Fedora les regarda avec affection avant que les bras musclés de Victor ne l’entourent. Les yeux écarquillés de la blonde trahissaient sa surprise. Lentement et prudemment, elle l’étreignit, fermant ses beaux yeux, une larme roulant avec douceur contre sa joue. Chase ne put que sourire face à cette belle étreinte familiale. Et dire que sa famille ne faisait pas étalage de leurs sentiments… Il espérait que cela serait différent avec sa famille biologique. Subitement, il entendit la sonnerie de son téléphone. Il porta la main à la poche de sa veste en cuir, tirant ainsi Victor et Fedora de leur étreinte. Chase prit son portable, un message venait de s’afficher.
A CHASE :
03/12
DE ALEC C. : SALUT CHASE, J’AIMERAI SAVOIR SI TU ES DISPONIBLE POUR PARLER DE… TU SAIS… L’AFFAIRE « M »… N’HESITE PAS A M’ENVOYER UN TEXTO DES QUE TU AURAS QUELQUES CONSEILS A ME DONNER… A PLUS !
Il hésita à lui répondre. Il ne savait pas pourquoi son cousin le contactait pour parler de cette… Affaire comme il le disait si bien. Et surtout pourquoi le faire maintenant ? Alors qu’il réfléchissait, il fut tiré de ses pensées par une voix lointaine et magnifique, une main au toucher aussi doux que celui d’un pétale de rose vint se poser sur son épaule. Il sursauta quelque peu, se tournant subitement vers la personne au toucher si familier et chaleureux. Fedora le regardait, inquiète, une lueur d’affection dans ses yeux encore voilés de pleurs. Elle lui demanda, amicale, s’il allait bien. N’en croyant pas ses yeux, ne pouvant croire qu’elle était redevenue la douce et tendre Fedora qu’elle était autrefois, il posa une main amoureuse contre sa joue, caressant sa chair de son pouce, les yeux grands ouverts, ébahi. Il l’assura qu’il allait bien, plongeant ses yeux dans ses mirettes où son tourment transparaissait. Un sourire malicieux s’étira lentement sur son doux visage alors que son souci quittait peu à peu ses yeux, une lueur diabolique dansait dans ses mirettes jade. Elle recouvra de sa main la sienne, son toucher, aussi doux soit-il, était glacé. Il tressaillit face à cette froideur corporelle soudaine, comme si un pétale de rose des glaces venait de l’effleurer, l’écorchant cruellement de sa froideur. Elle l’informa qu’il valait mieux pour lui qu’il aille se changer. Il haussa un sourcil, interrogateur. Voyant son interrogation, elle ajouta que s’il ne voulait pas que ses habits soient tâchés par l’inadvertance de ses cousines, il pouvait garder ses vêtements qu’elle devina comme étant très chers. Les yeux écarquillés et l’expression épouvantée de Chase l’assurèrent qu’elle avait raison. Il détacha son regard du sien, terrifié, et lança des regards désespérés de toute part. Il lui demanda alors ce qu’il devait porter, reportant son attention sur elle. Détachée, elle lui conseilla de mettre son pyjama, haussant les épaules. Il hocha la tête vigoureusement et, sa valise et son sac en main, il lui demanda où se trouvait sa chambre. Un sourire diabolique se dessina sur son visage alors qu’une lueur malicieuse éclatait dans ses pupilles. Elle lui indiqua de la suivre et se mit dos à lui, faisant voler sa chevelure de blé qui se balançait au rythme de ses hanches qui se mouvaient avec grâce. Les talons de ses baskets résonnant sur le bois de l’escalier, elle se tourna vers lui, ne sentant pas sa présence derrière elle. La main sur la rembabre de l’escalier, ses mirettes le mitraillèrent, lui ordonnant de venir de la rejoindre. Ni une ni deux, il se précipita à sa suite, comme un chien à qui on a promis une friandise.
Ils montèrent jusqu’à l’étage, deux portes face à eux. Elle lui montra celle de droite, l’informant que c’était sa chambre quand elle venait en vacances en France, mélancolique. Elle rajouta qu’ils devront la partager tous les deux et, se tournant vers lui, ses yeux continuant de le foudroyer, elle répliqua qu’il n’avait pas intérêt de tenter quoique ce soit. Il leva les mains en l’air, comme pour se rendre et lui promit, mentant, qu’il n’allait rien faire pour la récupérer durant ce voyage, un sourire faussement angélique et innocent. Bien qu’elle semble le suspecter, haussant les sourcils soupçonneux, elle décida néanmoins de le croire. Elle l’abandonna alors qu’il soupira, soulagé qu’elle l’ait cru. Subitement, l’ayant sûrement entendit souffler, elle se retourna vivement vers lui. Il leva de nouveau les mains en l’air, les muscles de sa mâchoire se crispant.
- Hé, relax, lui dit-elle, apaisée. Je ne vais rien te faire, l’informa-t-elle. Je voulais juste t’informer que tu devrais vite te changer, dit-elle, d’un bien étrange calme. Vu l’heure, commença-t-elle en remontant la manche de sa veste bordeaux, laissant apparaître une montre au bracelet doré, ainsi que les marques rouges qui entouraient son poignet, ma famille ne va pas tarder à passer à table.
- Fedora, débuta-t-il alors qu’elle s’était de nouveau mise dos à lui, commençant à marcher loin de lui. Tu ne crois pas que tu devrais m’en dire plus sur ce Magnus Gyver et sur Alex ? l’interrogea-t-il, doux.
- Tu te débrouilleras bien sans moi, répliqua-t-elle, un délicat sourire diabolique. Tu devrais plutôt t’inquiéter de ton français, continua-t-elle, un semblant attristé pour lui.
- Hey, mon français est parfait*, rétorqua-t-il, presque vexé, plaquant une main contre ses pectoraux.
Il rouvrit les yeux, la voyant rouler des yeux. Elle fit volte-face et entama sa marche loin de lui. Il l’aperçut à travers la porte descendre avec élégance les escaliers, une main glissant contre la barre de l’escalier. Il aurait presque put juré qu’elle lui avait jeté un regard en biais avant de descendre. Il laissa ses bras tomber le long de son corps, esquissant un sourire narquois. Il se tourna vers l’ancienne chambre de Fedora. Elle était rangée et sentait bon le propre, un parfum de romarin flottait dans l’air. La couverture, recouverte d’une housse de couette blanche avec des inscriptions et des dessins inscrits dessus, était tirée. Plusieurs coussins étaient posés le long de la tête du lit, un attrape-rêve jade était suspendu juste au-dessus du matelas. A la droite du lit se trouvait une table de chevet où était éparpillées différentes choses comme une tasse de thé vide ainsi qu’un carnet à la reliure noire et une lampe blanche de chevet. Une niche avait été aménagé en coiffeuse : la glace contre le mur peint en violet prune sur un plateau blanc à la surface lisse où quelques produits de maquillage se trouvaient çà et là. Face au lit se trouvaient une large armoire blanche à proximité d’un pouf carré gris sur lequel était posée une pile d’habits propres. A sa gauche, il remarqua une large bibliothèque blanche en bois dans laquelle étaient rangés des livres et des figurines Funko Pop de super-héros : Valérian et Loki étaient miticulesment placés sur une petite étagère, entourées de beaux livres sur Harry Potter. En parlant du sorcier à lunette, Chase remarqua – un sourire malicieux et étrangement tendre se dessina sur ses lèvres – qu’elle lui avait consacré une étagère spéciale où presque tous les livres étaient rangés ; il ne manquait que le premier tome. Il nota qu’une peluche représentant une sorte de taupe était posé sur un livre à la couverture d’un bleu canard et au toucher assez rugueux. Une figurine Funko Pop était aussi posée sur ce livre et représentait un personnage à la peau aussi blanche que la neige, ses cheveux blonds platines savamment gominés. Près de cette large armoire se trouvaient deux autres : une étant spécialement dédiée à d’anciennes affaires scolaires : manuels et cahiers étaient rangés sans le moindre soin tandis que l’autre semblait plus servir de débarass. Enfin, ses yeux se posèrent sur une magnifique toile montrant un paysage désertique aux couleurs chaudes, trois grandes pyramides majestueuses dominaient le tableau alors que la quatrième, plus petite, semblait être aussi qu’une vulgaire goutte d’eau dans un immense et grandiose océan, inutile et invisible. Si le style de peinture ainsi que le tracé des pyramides et du ciel orangé lui disaient vaguement quelque chose, le nom, ainsi que la signature du peintre, lui était familier. C’était Ahmès Mérérou qui avait peint ce tableau pour elle ! Il avait oublié combien le bel égyptien et Fedora étaient proches, et complices…
Il se remit bien vite les idées en place en apercevant l’heure sur le réveil posé sur la table de chevet. Il était presque 19h ! Il passa une main dans ses cheveux, faisant tomber violemment sa valise et son sac sur le lit de Fedora. Il défit la fermeture Eclair de sa valise et fouilla frénétiquement à l’intérieur, à la recherche de quelques habits confortables… Comme par exemple, un chaud pull de la NASA noir à capuche ainsi qu’un simple jogging noir assez moulant… Tirant une moue dédaigneuse, il jugea que c’était un bon accoutrement qui ne lui reviendrait pas très cher au pressing si jamais ses vêtements venaient à être « malencontreusement » taché par les cousines de Fedora. Il prit en main le pull de la NASA, le dépliant pour mieux l’admirer. Un sentiment désagréable de nostalgie l’empoisonna, lui et ses veines. Et dire qu’il a eu l’opportunité de travailler pour la NASA aux côtés d’une scientifique super sexy et qu’il a refusé… Il caressa le logo de l’agence gouvernementale responsable du programme spatial civil américain, mélancolique alors qu’un tendre et morose sourire s’épanouit lentement et doucement sur son visage. Sa gorge fine se noua alors que sa vue commença à se troubler, voilée par la brume salée du liquide lacrymal. Finissant par se rendre compte qu’il commençait à ressentir de la tristesse et que son sentiment lugubre débutait par le rendre cafardeux, il retira le pull de son champ de vision, effleurant la surface de la couette du lit, tenant affectueusement le pull entre ses mains, le serrant fermement entre ses fins doigts, ses phalanges contre le tissu froid de la housse de couverture. Délicatement, il reposa le pull à plat contre la couette, l’air sombre. Il enleva sa veste en cuir lentement, s’attardant afin de profiter des quelques minutes de répit qui lui restaient avant de devoir redescendre et de devoir répondre aux questions que la famille de Fedora aura pour lui. Comment pouvait-il raconter la vie de ce Magnus Gyver s’il ne la connaissait pas ? Il n’allait quand même pas improviser… Il n’était pas doué pour ça ! Alors que l’intégralité de ses pensées étaient tournées vers ce Magnus Gyver et sur la vie qu’il doit inventer, vu que Fedora ne semblait pas très encline à lui dire quoique ce soit à son sujet, il se surprit à sursauter lorsque Jeff l’interpella, lui demandant ce qui lui prenait autant de temps. Il ajouta qu’il finira de se pomponner plus tard, le repas allait être servi. Chase s’écria, du mieux qu’il pouvait en bafouillant quelques mots d’excuses en français, qu’il allait bientôt arriver. Il se dépêcha donc de prendre son pull par ses pans et de le relever, l’enlevant ainsi. Il se sentit quelque peu libéré en sentant l’air caresser son torse musclé d’une douce couleur de neige. Et puis, c’est là où il se mit à maudire son esprit. En jetant un bref coup d’œil à ses abdos, il, ou plutôt, son esprit, revit son rêve précédent son brutal réveil par une immense claque dans son museau comme s’il y était…
Il se réveilla soudainement, une montée de chaleur soudaine l’ayant tiré de son sommeil réparateur, s’immisçant dans chaque cellule de son corps. Il regarda autour de lui, sentant que quelque chose était étrange… En effet, il ne se sentait pas à l’aise. Pas chez lui. Quelque chose clochait. Tout ce qui se trouvait autour de lui lui était inconnu. Il ne reconnaissait rien de ce qui se trouvait dans ce qui était vraisemblablement une chambre à coucher. La pièce était plongée dans la pénombre, seule une faible clarté venait l’éclairer. Il se redressa quelque peu, son bassin le faisant souffrir à chaque mouvement alors qu’il sentit ses reins s’enflammer. Il ne pouvait plus supporter le fortement du jean qui écorchait sa douce peau, étrangement sensible. Avec une grimace de souffrance, il se redressa encore un peu, la couverture en satin glissant naturellement de son torse, dévoilant ainsi son buste. Naturellement, il baissa le regard sur son torse dénudé et constata, mi-heureux mi terrifié, que ce n’était pas son torse. C’était celui de Magnus. Ecarquillant les yeux, ne pouvant y croire, il passa ses fins et longs doigts miel aux ongles vernis de noir et ornés de plusieurs bagues contre son nouveau buste, savourant chaque caresses qu’il passait contre ce torse alléchant. Il mordit sa lèvre inférieure, ne pouvant plus résister à ce qu’il ressentait. Des pectoraux saillants de Magnus, il passa à sa tablette de chocolat au lait sculptée, laissant sa main droite effleurer sa nouvelle enveloppe charnelle alors que, dans le but d’apprendre à contrôler ce nouveau corps, il se coucha sur le côté. Il se mit à tripoter et à peloter d’une manière indécente et malicieuse son nouveau buste musclé d’une exquise et douce couleur miel. Un sourire coquin s’étirant sur ses nouveaux et délicats traits asiatiques. Chase prit un malin plaisir à s’attarder sur chaque carré de cette goûteuse tablette de chocolat au lait, arrachant à sa nouvelle gorge fine à la mince pomme d’Adam. Ces caresses continues et obscènes finirent par délivrer une vague de désir et de plaisir dans tout son corps, consumant ses veines de ce poison, chaque effleurement de sa chair miel l’écorchèrent un peu plus, la fissurant presque. Sa main gauche se posa tout naturellement contre son entre-jambe, ses longs et fins doigts gracieux aux ongles vernis de noir reposa dessus, en pressant presque ce qui se trouvait entre ses jambes.
Il est vrai que la rumeur sur les mecs asiatiques est fausse… Tout du moins concernant Magnus…
Il n’avait put réprimer cette pensée insolente et offensante vis-à-vis de Magnus, un sourire malicieux s’étira sur ses lèvres. Il n’arrivait plus à détacher son regard brun de cette agréable vue qu’il avait sur son nouvel atout de séduction, la tablette de chocolat de Magnus Wù qui rendait n’importe qui, hommes hétéros ou femmes lesbiennes, complètement accro à lui. Ce torse était tellement saillant… Si musclé et travaillé…
- Magnus, commença une voix familière, féminine, est-ce que ça va ? demanda cette voix, un soupçon d’inquiétude dans sa voix néanmoins teintée d’amusement et de surprise.
- Hmm ? marmonna Chase, alors dans le corps parfait de Magnus. Oui… Je… bégaya-t-il, incertain, baissant le regard sur sa main qui se trouvait encore contre son entre-jambe, tirant une moue mi amusée mi surprise mi dégoûtée, contemplant alors ce qu’il avait entre ses jambes. Je… Je… bafouilla-t-il, se repositionnant correctement alors que ses nouvelles parties génitales rebondissèrent sur sa main, son regard s’y attardant alors qu’il venait de baisser la tête. Je vais bien, assura-t-il. Je suis moi-même. I’m myself*, continua-t-il, un large sourire tendre aux lèvres, prenant enfin conscience à qui il parlait.
Fedora se tenait devant lui, les bras croisés sur sa poitrine généreuse et ferme.
Entre Fedora et Magnus, comment ne pas être perdu dans ses sentiments et dans ses désirs…
Il ne savait dans quel corps il aurait voulu être coincé en ce moment-même… Certes, celui de Magnus lui apportait bien des avantages… Et ce n’était pas négligeable. Seulement… Celui de Fedora était, presque, pareil à celui de Magnus. Sauf qu’elle avait des formes plus féminines et un peu plus désirables.
Après mûres réflexions, c’était l’asiatique qui avait sa préférence. Il connaissait chaque recoin de cette prison de chair attrayante. Il en connaissait chaque faiblesse et chaque atout… Et puis, il savait qu’il ne pouvait ressentir un malin et indécent plaisir que dans l’enveloppe charnelle de Magnus où il pouvait laisser ses doigts parcourir avec volupté ce torse dont il se délectait à chaque caresse. Il aimait ça. Il adorait sentir les abdos du bel asiatique. Il aimait être en lui. Etre dans ce corps si désirable. Durant un bref instant, il aurait juré s’entendre soupirer de plaisir par l’intermédiaire de la douce et suave voix de Magnus dont le corps était lui appartenait à présent. Il releva la tête vers Fedora, l’admirant alors que le soleil venait s’attarder sur sa peau laiteuse. Une lueur enflammée de désir brilla dans les yeux fauves de Chase-en-Magnus alors qu’il la détaillait attentivement. Elle était vêtue d’un soutien-gorge rouge bordeaux, contrastant ainsi avec sa peau d’ivoire, une fine veste courte en satin de ce même rouge sombre protégeait ses frêles épaules. Quant à ses longues et fines jambes neigeuses, elles étaient à moitié dénudées par le port d’un minishort en soie d’une magnifique couleur carmin. Sa longue chevelure de blé avait été légèrement ondulée, coulant dans son dos telle une cascade d’or liquide. Ses lèvres pulpeuses, nappées d’un élégant et exquis rouge à lèvre à la discrète et alléchante couleur cerise, s’étaient étirées en une moue adorable trahissant son incertitude.
- Qu’y a-t-il ? demanda-t-il à son attention alors qu’elle semblait être dans la lune, se mordant la langue pour ne pas se trahir en l’appelant par un surnom que Magnus n’aurait pas l’habitude d’utiliser.
- Rien, c’est juste… commença-t-elle, resserrant ses bras autour d’elle, comme pour se protéger. J’ai l’impression que tu n’es pas toi-même, avoua-t-elle, haussant les épaules.
- Mais, je suis moi ! s’écria-t-il, perdant quelque peu sa patience.
Fedora sursauta devant tant de colère et d’impatience. Il est vrai que Magnus avait un tempérament calme et doux, il ne s’énervait que lorsque que les personnes qui l’entouraient faisaient preuve d’irrespect à son égard… Comme lui mentir ou lui dire quoi faire… C’était souvent pour cela que Chase rentrait à l’Empire State Building avec un ou deux cocards… Non pas parce-que Magnus l’avait violemment frappé mais plutôt parce qu’il s’était mis entre son ami et entre ses tortionnaires. Il se mit d’ailleurs à penser que s’il n’a jamais reçu de coups de sa part avec toutes les moqueries qu’il a put faire à son égard, c’était parce qu’il l’aimait. Il est vrai aussi qu’il se doutait de quelque chose par rapport à sa bisexualité mais il pensait juste qu’ils étaient juste très proches l’un de l’autre et que c’était cette proximité amicale et, presque, fraternelle qu’il avait cru discerner chez Magnus alors que c’était autre chose. Une chose, qu’à l’époque, il ne pouvait lui donner. Et encore moins maintenant. Si Fedora n’était pas rentrée dans sa vie, peut-être qu’il aurait pu lui donner une chance. Leur donner une chance. Il sentit sa colère et sin impatience retombaient en voyant l’expression désolée et surprise de la blonde qui le contemplait, quelque peu apeurée, avec les yeux ronds. Elle avait décroisé les bras, les laissant retomber contre son corps. Il avala difficilement sa salive, comprenant qu’il l’a vraiment touché et qu’il l’avait fait se sentir minable.
- Fedora, commença-t-il, sa voix suave se teintant de la douceur du miel, je suis désolé si je t’étais quelque peu surprise… Vraiment…
- J’ai juste trouvé ça bizarre que tu t’énerves ainsi, informa-t-elle, détournant son regard de lui, recroisant ses bras sur sa poitrine. J’aurais juré entendre Chase… soupira-t-elle, resserrant ses bras autour d’elle, un soupçon d’amertume dans la voix alors qu’il crut déceler une lueur faiblarde de colère brillant dans ses yeux jade.
- Tu devrais laisser sortir ta colère et ton ressentiment envers Chase, lui conseilla-t-il, sachant pertinemment qu’il risque d’amèrement regretter ce qu’il vient de dire.
- Tu vois, là, on aurait presque crut entendre Cha… commença-t-elle avant de se faire violemment couper la parole par ce dernier.
- Je t’arrête de suite, débuta-t-il, en brandissant un index réprobateur. Je t’assure que ça va. Je suis moi-même. Et puis, commença-t-il, un tendre et sexy sourire aux lèvres, si une personne peut le faire changer, c’est toi… continua-t-il, se repositionnant sur le côté pour être bien face à elle. Tu peux le faire, fit-il, la voix suave et, presque, ronronnante, la pointant gracieusement de l’index pour ensuite aller piquer ses fesses, sifflant comme un séduisant serpent, un grand sourire aux lèvres.
Fedora éclata de rire, se détendant quelque peu. Elle se pinça l’arrête du nez, closant ses pupilles alors que Chase, assez gêné, se mit à violemment rougir. Ses minces lèvres s’étirèrent en un mince sourire alors que la blonde essaya de calmer sa crise de fou rire incontrôlable. Il lui demanda, déconcerté et quelque peu prudent, ce qui la faisait rire. Dans un hoquet de rire, elle bafouilla quelques mots avant de finalement rétorquer que ce n’était rien avant d’ajouter après un bref moment de silence durant lequel elle effaça une larme de rire d’un revers de la main qu’elle l’adorait et qu’il arrivait toujours à la faire rire et ce, dans n’importe quel moment. Elle avoua aussi que c’était aussi pour ça qu’elle l’aimait, se décidant enfin à lui prêter un regard doux et heureux, ses yeux encore embués de larmes de rire. Il retrouva bien vite sa joie de vivre lorsqu’un doux gloussement sorti d’entre ses lèvres pulpeuses.
- Quoi ? C’était étrange ? questionna-t-il, riant honteusement à son tour.
- Oui, assez, rétorqua-t-elle, effaçant une larme qui venait couler contre sa joue. Mais, ça me fait rire… continua-t-elle, riant.
- Et bien, je suis heureux de savoir que je te fais rire, dit-il, sentant qu’il allait éternuer. Excuse-moi, une minute, demanda-t-il, s’apprêtant à tousser, se pinçant le nez.
- Tu es encore malade, en conclua-t-elle, perdant son sourire, devenant soudainement tendre et délicate.
- C’est toi qui risque de tomber malade… souffla-t-il, un sourire malicieux aux lèvres.
- Tu crois ça ? questionna-t-elle, haussant un sourcil surpris.
- Oh que oui !
Elle le regarda, étonnée et incertaine. Chase la regarda avec malice et suavité, un soupçon de séduction dans son regard doré. Fedora ouvrit la bouche, comme pour répliquer quelque chose, et la referma quelques secondes après, soupirant, disant qu’il avait gagné. Il afficha un sourire vainqueur, se réjouissant.
Tu ne devrais pas trop t’enjouer de ta victoire. Magnus n’est pas du genre à se vanter.
Il avait complètement oublié ce léger et pourtant ce si important petit détail : Magnus n’est pas vantard. Ni du genre narcissique, contrairement à lui. Enfin, il y a bien un début à tout… Alors qu’il réfléchissait, il n’avait remarqué que Fedora n’était plus sur le pas de la porte, ses yeux d’or se posant un peu partout autour de lui avant de finalement reporter son attention sur la blonde. Prudemment, elle posa une main douce et glacée contre son front bouillant et brun. Elle l’examina avec des yeux affectueux et, presque, amoureux, ses mirettes s’abandonnant contre son torse suant et saillant. Chase comprenait maintenant pourquoi il se sentait souffrant… Magnus aurait put au moins le prévenir qu’il était malade ! Un peu de respect, merde ! Mais l’idée de se faire chouchouter par Fedora qui pensait que la personne face à lui était Magnus ne lui était pas désagréable, bien au contraire… D’une voix qui lui paraissait faible et lointaine, elle lui demanda de se mettre sur le dos pour qu’elle puisse mieux prendre sa température. Elle lui semblait inquiète et tourmentée. Alors, ne voulant pas participer davantage à son souci, il décida de lui obéir, se tournant donc de manière à être sur le dos, son buste bien face à elle qui mit une mèche derrière son oreille, virant soudainement au rouge écarlate alors que son teint était devenu similaire à celui d’un vampire qui n’aurait pas vu le soleil depuis 100 ans. Elle se racla la gorge, joignant ses cheveux en une queue de cheval qu’elle passa derrière son cou. Elle se massa la nuque et sortit avant que Chase n’ait pu dire quoique ce soit. Il ignorait ce qu’elle avait dans la tête. Soucieux, il mit ses bras le long de son corps et patienta. Il regarda autour de lui, la chambre dans laquelle il se trouvait possédait une décoration grotesque et médiocre. Et connaissant son goût pour la mode et le raffinement dont il était victime, Chase savait qu’il ne pouvait s’agir de sa véritable chambre, même pas celle qu’il possédait chez ses parents. La pièce dans laquelle il était enfermé ne devait être qu’une chambre d’hôtel ou de colo. Les murs étaient d’un horrible blanc écru tandis que le lit dans lequel il était allongé était recouvert de fins draps blancs. Heureusement, il n’eut pas à s’attarder trop sur la déco de la chambre, Fedora venait de rentrer dans la pièce, un doux parfum de cerise et de cannelle venait d’entrer dans la chambre. Il leva les yeux vers elle. Elle tenait entre ses mains un thermomètre blanc et bleu. En voyant cet appareil, il ouvrit de gros yeux dorés, ses lèvres s’entrouvrirent, espérant qu’il n’ait pas à le mettre où il pensait. Il s’apprêtait à lui confier son inquiétude et sa subite sensation de bien-être, se relevant quelque peu des coussins sur lesquels il était extraordinairement bien installé lorsqu’elle lui fit ravaler ses certitudes de fuite.
- Ne t’inquiète pas beau gosse, dit-elle, mielleuse et suave, faisant claquer le thermomètre contre la paume de sa main. C’est un thermomètre buccal, l’informa-t-elle en lui montrant l’appareil en question.
Avec un sourire doux et tendre, elle le rangea dans la poche de sa veste en soie, la fermant à l’aide de sa ceinture qu’elle noua à sa taille. Rassuré, il se détendit, ses sourcils s’abaissant tandis que ses lèvres se refermèrent. Elle fit le tour du lit et alla se poser à sa gauche, posant une main glaciale et insensible sur son torse étonnamment bouillant et brûlant. Il baissa le regard sur sa main et la contempla longuement avant qu’il ne relève le regard vers elle, la questionnant alors qu’un sourire malicieux se dessina sur son visage. Il sentit une légère et douce pression contre son buste, le faisant délicatement tombé contre les coussins derrière lui. Elle enleva sa main de son buste, la plongeant dans la poche de sa veste. Il resta encore sous le choc, surpris par ce qu’il venait de ressentir lorsqu’elle a posé la main sur lui. Ce toucher si froid, si glacial lui avait fait du bien. Il ne se sentait plus aussi fiévreux, plus aussi malade. Ses reins bouillant d’une chose autre que d’une maladie quelconque… Voulant lutter contre cette envie, il chercha où poser ses mirettes, ne pouvant supporter la vue qu’il avait sur le buste neigeux et plat de Fedora qui venait de le dénuder en ouvrant sa veste. Sa poitrine lui faisait de l’œil, alors, avalant difficilement sa salive, il essaya de demeurer impassible malgré l’envie irrépressible qui le tenaillait.
Sentant qu’un poids léger se posa contre lui, il tourna son regard en cette direction, contemplant une Fedora calme et en paix. Elle posa affectueusement sa main contre sa joue et lui demanda si elle pouvait lui prendre la température, un sourire adorablement suave aux lèvres, ses yeux pétillant d’une lueur qu’il ne lui connaissait pas. Il hocha maladroitement la tête, incertain. Il entrouvrit les lèvres sous une demande tendre de Fedora qui caressa amoureusement son front. Son sourire malicieux se transforma en un magnifique sourire amoureux. Elle enfonça quelque peu durement la pointe du thermomètre dans sa bouche, la posant sous sa langue, appuyant sur un bouton.
Au bout de quelques secondes, l’appareil émit un son, les informant qu’elle pouvait l’enlever de sa bouche. Magnus garda un œil protecteur et affectueux sur elle tandis qu’elle enlevait le thermomètre. Elle le mit face à elle, se levant soudainement, l’abandonnant cruellement.
- 39°C de fièvre… lut-elle. Tu es encore un peu souffrant mais je suppose qu’avec de repos, tu devrais vite t’en sortir, lui assura-t-elle en reportant sur lui ses doux yeux lagon qui brillaient d’une lueur affectueuse et amoureuse, un grand sourire heureux aux lèvres.
- Tu sais que tous les hommes ont le fantasme de l’infirmière, dit-il, se redressant quelque peu, souriant à son tour.
- Et toi ? questionna-t-elle, se retournant vivement vers lui, faisant voler sa chevelure ondulée. Es-tu tous les hommes ? continua-t-elle, une flamme brûlant dans ses mirettes jade.
- A toi de me le dire, rétorqua-t-il, un sourire insolent aux lèvres.
Ce soupir vexé lui était si agréable aux oreilles. Il aimait la rendre folle. Folle de lui. Il savait que ça serait une tâche aisée en étant dans le corps de Magnus. Evidemment que lui aussi fantasmait sur les belles infirmières en uniforme sexy qui dévoilait juste assez de chair pour se faire désirer. Magnus ne devait pas faire exception. Et puis, se faire chouchouter par la femme qu’on aime n’est-il pas le désir de chaque homme ?
- Tu es malade, répondit-elle après quelques minutes brèves de silence.
- Oui, débuta-t-il en se tournant vers elle, effleurant ses doigts qu’il entrelaçant avec les siens. Malade de ces lèvres qui n’attendent plus que de se faire embrasser, soupira-t-il.
Et avant qu’elle ne puisse dire quoique ce soit, il tira sur sa prise, caressant tendrement sa peau neigeuse avant de faire tomber ses fins doigts contre l’os de sa troisième phalange – appelée aussi phalangette – l’attirant vers lui avec force et douceur. Elle tomba alors sur le lit, se trouvant juste en-dessous de lui alors qu’il la contempla, la surplombant. Il posa une main contre sa taille, la soulevant, et l’attira contre lui. Son autre main allant se nicher dans son cou blanc où il sentit, sous ses longs et fins doigts dorés, la trace de son tatouage ainsi que les fines cicatrices qu’avaient entaillé sa chair à cause de son ancien tatouage dans la nuque. Il sentit soudainement de la résistance venant de la blonde qui ne devait pas supporter qu’on touche à cette zone apparemment sensible. Alors, avec une délicatesse et prudence extrême, il fit glisser sa main gauche contre son dos, effleurant le tissu soyeux de son soutien-gorge qu’il allait dégrafer lorsqu’il sentit une patte au toucher aussi doux et glacial que celui d’un pétale d’une rose de glace se poser sur la sienne, leurs doigts s’entrelaçant finalement. Grâce à cette prise, elle était arrivée à le mettre sur le dos, le surplombant enfin de toute sa hauteur.
Elle posa ses mains froides et tendres à plat sur son buste miel et bouillonnant, lui arrachant un faible soupir et un léger frisson alors que, relevant la tête vers elle, il vit un adorable étirement narquois apparaître sur ses lèvres. Ses yeux où l’or liquide coulait à flot, une flamme de désir brûlait intensément. Il l’entoura de ses bras musclés et protecteurs contre sa taille, l’amenant à lui. Alors qu’elle fit glisser ses mains contre son torse pour finalement les poser sur son do aux os saillants, il écorcha amoureusement sa chair blanche, la caressant presque indécemment. Sentant un poison dangereux s’insinuait et se déversait en lui, il la prit par les hanches, lui arrachant un soupir mi amusé mi mécontent alors qu’ils s’embrassaient avec violence et fièvre. Il la savait souriante, c’est pourquoi lorsqu’elle sépara leurs lèvres, il ne manqua pas de mordre sa lèvre inférieure, afin de la garder près de lui. Alors qu’elle tenta de s’accrocher à lui et de ne pas sombrer, il fit remonter ses mains jusqu’à son bassin, faisant glisser ses mains sous son corps frêle pour revenir à son propre corps. Son propre corps qui n’était pas réellement le sien.
Sachant qu’ils allaient tout deux succombaient à leurs pulsions, il commença à défaire le bouton de son jean noir, baissant longuement sa braguette, effleurant juste ce qui ne semblait plus lui appartenir. D’un geste brusque et imprudent et, pourtant, qui était d’une extrême douceur, il reporta ses pattes de velours contre la taille fine de Fedora sur laquelle il laissa ses mains s’abandonner. De sa taille, il alla à son bassin sur lequel ses mains reposaient, faisant glisser le tissu satiné et doux du minishort de Fedora qui posa immédiatement ses mains sur ses poignets, le coupant dans son élan d’union. Elle se sépara soudainement de lui, les lèvres entrouvertes alors que son torse se soulevait avec rapidité et difficulté. Chase ne comprenait pas pourquoi elle l’avait stoppé. Elle l’abandonna brusquement, se levant et fermant sa fine veste rouge, bientôt suivi par Chase qui l’interrogea du regard, vraiment surpris par sa réaction, lui qui croyait sincèrement qu’ils l’avaient fait au moins une fois.
- Pourquoi m’avoir repoussé ? questionna-t-il, sérieux et, presque amer.
- Je… Je ne veux pas que ça aille trop vite entre nous, bégaya-t-elle, serrant ses bras autour d’elle, comme pour se protéger, frisonnant.
Chase la contempla à travers les yeux de Magnus, elle lui paraissait si fragile, si vulnérable à une quelconque pression. Elle lui semblait si précieuse et si innocente, si pure. Comme une poupée en porcelaine qu’on craint de briser. Là, elle était cristalline. La contemplant toujours avec ce mécontentement, il remonta son pantalon, dissimulant son caleçon, ainsi que sa braguette qu’il ferma, reboutonnant son jean. Regardant autour d’elle, l’air anxieuse, elle s’approcha de lui et lui prit les mains, refermant ses doigts neigeux sur les siens. Elle serra sa prise et baissa la tête, préférant regarder par terre. Elle le pria de l’excuser, lâchant finalement ses mains, l’abandonnant alors qu’elle fuyait loin de lui, pleurant à chaudes larmes.
Apparemment, il avait tort. Il ne lui était jamais passé dessus et ne souhaitait nullement le faire…
Il sentit une main se poser sur son épaule. Il fit volte-face, se réveillant enfin. La blonde était face à lui mais elle n’était plus vêtue de manière aussi sexy. Enfin, pas tout à fait. Sa chevelure avait été ondulée, les faisant apparaître plus blonds. Ses yeux avaient été maquillé d’un fin trait d’eyeliner, agrandissant ainsi son regard. Il la trouvait incroyablement sexy dans cette tenue moulante… Elle s’était vêtue d’un haut noir moulant au décolleté triangulaire, mettant ainsi sa poitrine en valeur ainsi que d’une veste noire en cuir, collant quelque peu à sa taille. Elle avait rajouté un corset noir à son haut, faisant encore plus ressortir sa taille de guêpe et sa poitrine, elle avait enfilé un pantalon en cuir très près de son corps, moulant ainsi son fessier bombé. Elle avait enfilé une paire de bottes à talons hauts, noirs elle aussi. Quant aux accessoires, elle avait privilégié un collier en forme de V qui trouvait parfaitement sa place autour de son cou, une bague armure griffe articulée en argent venait orner son majeur tandis que d’autres bagues armures, qui recouvraient uniquement ses deux premières phalanges, avaient, elles aussi, trouvées leurs places sur ses longs et fins doigts. La veste et son haut mettait parfaitement en valeur le collier épais noir qui était orné de pierres argentées. Avait-elle décidée que, pour cette soirée uniquement, elle serait vêtue et maquillée de noir ou était-ce parce qu’elle voulait lui montrer qu’elle tout aussi séduisante qu’une autre ? Cela devait être pourquoi elle portait de l’ombre à paupières noire ainsi qu’un fin trait de crayon sombre. Elle était magnifique, sexy. Il aurait tellement souhaité lui enlever sa veste en cuir et la jeter au sol. Si seulement il pouvait se ruer sur elle et attraper la fermeture du haut qu’étaient des fils noirs, les dénouant ainsi un à un. Il aurait laissé sa main écorcher la peau du dos fragile et sensible de Fedora qui se serait mordu la lèvre inférieure pour s’empêcher de gémir. Une fois qu’il aurait défait les lacets fins du haut, il remonterait sa main sur son épaule et ferait glisser la brettelle de son haut, ne manquerait pas de caresser sa chair blanche à chaque fois. Et, il referait la même chose avec l’épaule droite.
Mais, une question s’invita dans son esprit, comment avait-elle eut le temps de se préparer ? Il se retourna vers son lit et lut l’heure sur son réveil. 20 heures ! Déjà… Ses joues s’empourprèrent alors que ses mâchoires se contractèrent. Il s’en voulait tellement d’avoir passé presque une demi-heure à penser, de nouveau, à ce maudit rêve ! Fedora pressa délicatement son épaule, lui faisant revenir à la réalité alors qu’il se mit à penser à ce que diraient Jeff et Natacha.
- Tu n’as pas à t’inquiéter, le rassura une voix douce et lointaine. Mes parents tapent la discute avec mes autres oncles et tantes, l’informa-t-elle, pressant de nouveau son épaule, avec plus de force, comme si elle était anxieuse. Mais, on ferait mieux de se dépêcher avant de remarquer que nous ne sommes pas avec eux… soupira-t-elle, le relâchant, créant un manque cruel contre sa peau nue. Rejoins-nous dès que tu as fini de t’habiller.
Chase, enfin de retour dans le monde réel, se laissa quelques minutes avant de se retourner vers Fedora qui ne devait pas s’être attarder pour le mater alors qu’il était torse nu. Cependant, il sentit un long regard couler sur lui. Un sourire malicieux se dessina sur ses lèvres alors que le feu lui monta aux joues. Il s’empressa de prendre son pull, reprenant ses esprits. Il prit le pull et l’enfila d’abord par les manches, passant sa tête en dernier. Il prit le pan de son pull et le descendit sur son torse musclé, dessiné dans la glace pure. Il entendit au loin une respiration saccadée, un bruit fin et régulier de talons hauts lui parvenant. Il fit volte-face, remarquant qu’une silhouette familière, plongée dans la pénombre, descendait les marches, la lumière de son téléphone comme seul guide lumineux. Il le savait. Fedora ne pouvait s’empêcher de le surveiller et de veiller sur lui. C’était plus fort qu’elle. Ce n’était pas dans un élan d’empathie ou de complaisance qu’elle était venue à l’hôpital lorsqu’il y était. Ce n’était pas pour rien ou parce que c’est dans sa nature de venir vers quelqu’un qui l’a fait souffrir quand cette dite personne se fait virer de la boîte de nuit de son pote. Elle avait encore des sentiments pour lui, qu’elle le veuille ou non. Un sourire narquois élargit son sourire malicieux. Il enleva enfin son pantalon, essayant de ne plus penser à son rêve. Il enfila un jogging noir et se dépêcha de sortir de la chambre de Fedora, n’oubliant d’emporter son portable avec lui.
Il descendit les escaliers, son téléphone avec lui qui lui servait de seule lumière dans l’obscurité. Il sentit un froid mortel dans la maison où le feu commençait à se faire rare. Au loin, il vit que la porte d’entrée était grande ouverte sur la terrasse qui était imbibée de lumière. Chase tira sur les pans de ses manches afin de les ramener contre le dos de ses mains pour les protéger de froid. Prudent et incertain, il s’avança en direction de la porte d’entrée. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine alors que sa respiration se faisait rare. De la vapeur sortit de sa bouche alors qu’il se rapprochait de la terrasse.
Lorsqu’il arriva, tous les regards se rivèrent sur lui.
- Et bien Magnus, tu en as mit du temps, répliqua Jeff, portant un verre de whisky à ses lèvres alors que Chase abaissa la tête, ne pouvant supporter les regards culpabilisants que lui lançaient les membres de la famille de Fedora.
- Oui… souffla-t-il, relevant la tête vers le beau-père de Fedora. Je… Je suis un peu fatigué… J’ai dut m’assoupir quelque peu, soupira-t-il.
Jeff gloussa, bientôt suivi par sa femme. Chase décida de contempler les alentours. Lou était assise sur les cuisses de sa mère qui jouait avec elle tandis que Anastasia caressait la peluche en forme de renard qu’elle avait offert à Fedora. Cette dernière était entre deux garçons qui lui étaient étrangers. Anastasia étant sur les cuisses de sa grande cousine. Victor, Jeff et Natacha étaient en pleine conversation, tous trois assis les uns à côté des autres, le canapé d’angle se remplissant. Heureusement, Chase vit qui restait un fauteuil de libre, face à Fedora. Alors, notant qui ne restait que cette place-là, il décida de s’y asseoir. Il le contourna, posa ses mains sur les accoudoirs et s’y assit avec prudence. Sur la table se trouvaient un appareil à fondue, deux assiettes de viandes crues se trouvant à proximité de l’appareil. A chaque place se trouvaient un duo de broches de couleurs différentes, Chase avait hérité de la couleur bleue et rouge. A côté des assiettes de viandes, un assortiment de différents apéritifs était posé sur la table. Quant aux boissons, elles avaient été posé négligemment à terre. Il comprenait maintenant pourquoi il avait vu le récipient rouge sur le feu lorsqu’il était arrivé. Il espérait juste que l’huile était encore chaude et qu’il ne les avait pas fait trop attendre. Il remonta ses manches sur le dos de ses mains, commençant à ressentir le froid. Deux paires d’yeux s’étaient posées sur lui. Il releva subitement la tête et vit que les deux garçons qu’il ne connaissait pas le regardaient avec inquiétude et affection.
Le premier lui semblait être âgé de 18 ans. Ses cheveux bruns désordonnés tombent sur son front. Ses yeux sont d’une magnifique couleur vert-océan. Sa peau est quelque peu matte. Son corps est longiligne et fin, malgré une assez bonne musculature. Ses lèvres, pareilles à un bouton de rose, étaient fines et charnues, comme celles de Fedora. Il était habillé d’un haut noir sous une veste noire en cuir. Il avait enfilé un jean bleu sombre qui ne semblait pas mouler son corps, au plus dam de Chase qui se découvrait une nouvelle passion pour les hommes. Par ailleurs, celui-ci était attirant. Peut-être pas autant que Magnus mais il avait un certain charme.
Quant au deuxième garçon, qui devait être le cousin de Fedora, il possédait, lui aussi une peau matte. Ses yeux étaient d’une douce couleur noisette. Ses cheveux, d’une étrange couleur de bé, lui arrivaient jusqu’aux épaules. Il semblait avoir des origines hawaïennes au vu de sa peau brune. Bien que le t-shirt vert clair contrastait fortement avec sa peau caramel, son haut semblait assez moulant, les manches dénudaient ses avant-bras musclés et tatoués de symboles singuliers. Lui aussi était d’une beauté intolérable. Cela devait être dut au fait que le charme des Dobronravov était universel et héréditaire. Lou somnolait, devant être extrêmement fatiguée par le trajet tandis qu’Anastasia, d’un calme olympien, jouait avec encore avec Fedora qui se montrait patiente et assez joueuse. Les rires et la rumeur des conversations étaient tout ce qui brisait le silence de mort.
- Percy ? Tu veux bien donner à ta sœur le bol de chips ? demanda Aurora au séduisant brun qui discutait avec Fedora, les interrompant avec elle.
- Percy ? questionna Chase, riant, un sourire incertain aux lèvres. C’est pas un nom très banal ça, railla-t-il.
- C’est un surnom, rétorqua le dit Percy en se tournant vers lui, plongeant ses yeux vert-océan dans ceux bleu-océan de Chase. Comme « Lou » est un surnom pour « Lyudmila ».
- Et quel est ton nom ? questionna-t-il, faisant croire qu’il s’y intéressait.
- C’est Persée.
- Comme le héros grec ?
Percy hocha avec indulgence la tête. Apparemment, il devait déjà avoir eu ce genre de réflexion concernant son prénom. Mais à force, on s’y fait. Chase était bien placé pour le savoir. Mais, ne souhaitant pas faire resurgir de mauvais souvenirs sur ses années au lycée, il préféra se taire, laissant à Fedora le soin de faire les présentations.
- Percy, Dylan, je vous présente un de mes amis, commença-t-elle, se tournant respectivement vers ses deux cousins, Magnus Gyver.
- Ah, c’est toi le fameux Magnus ! répliqua le dit Dylan, assez admiratif. Ça n’a pas dut être facile pour toi de vivre avec notre cousine, soupira-t-il, compréhensif et compatissant, ce qui lui valut un coup de coude dans les côtes. Hé ! ça fait mal, dit-il, se massant les côtes.
- Je ne vois pas de quoi tu parles, nia-t-elle, d’un ton angélique et mielleux.
- C’est pas drôle Percy… répliqua Dylan, foudroyant son frère du regard.
Chase se mit à glousser. Persée rétorqua qu’au contraire, c’était hilarant. Jeff demanda leur attention. Fedora, Percy et Dylan, qui étaient sur le point de se battre, des bouts de viandes crues en guise d’armes, reportèrent leur regard sur lui, attendant patiemment à ce qu’il dise quelque chose. Il prit son verre de whisky et le brandit, suivi de près par Natacha, Aurora et Victor. Fedora, qui semblait comprendre où voulait en venir son beau-père, cacha sa tête dans ses mains, virant au rouge pivoine, murmurant des « pitié » et des « pas ça ». Chase la regarda tantôt elle tantôt Jeff qui semblait déterminé à faire un discours. Percy et Dylan rivèrent leurs yeux vers elle, la mettant encore plus mal à l’aise. Il commença son discours par porter un toast à sa belle-fille qui se cacha encore plus, gênée. Chase se prit au jeu et brandit lui aussi son verre, pour sa part, vide. Il fut bientôt suivi par Percy et Dylan qui se moquaient de leur cousine. Quant à Lou et Anastasia, elles essayèrent, tant bien que mal, de réconforter Fedora qui paraissait de plus en plus rouge. Jeff gloussa et proposa à ses invités de commencer à manger ce que Natacha avait préparé. Les deux garçons se ruèrent sur la nourriture comme s’ils n’avaient rien mangé depuis des jours. Alors qu’ils s’apprêtèrent à engouffrer une bonne portion de chips dans leurs bouches, Victor leur asséna à chacun une claque derrière la tête, leur arrachant un cri de douleur. Si le beau brun aux yeux verts-océan avait fait tomber ses chips sur le bois de la terrasse, se massant l’arrière du crâne en pestant contre son père, l’autre garçon Garzia était prit d’une quinte de toux causée par ses chips avalées de travers. La voix à moitié étranglée, se tenant la gorge, il demanda à son père pourquoi il leur avait mit une claque derrière la tête. Victor répondit, sévère, qu’ils n’avaient pas intérêt à se comporter comme ils le faisaient chez eux et que cela commençait par ne pas se goinfrer et de laisser un peu de nourriture aux autres. Les deux garçons se mirent à bouder, croisant les bras contre leurs torses simultanément. Fedora aida Anastasia à plonger sa broche dans l’huile bouillante, mettant un bout de viande crue à la pointe de la broche. En voyant que Lou avait du mal à suivre les instructions de sa cousine et que ses appels en direction de sa mère étaient vains, Chase lui demanda si elle avait besoin d’aide. Il eut peur qu’elle s’écrie qu’elle avait évidemment besoin d’aide et que si ce n’était pas le cas, elle ne serait pas en train d’appeler sa mère. Enfin, heureusement, Lou n’est pas comme Fedora. C’est pourquoi, il fut quelque peu surpris en la voyant hocher la tête et lui tendre, son doudou en main, la broche. Il posa délicatement ses doigts sur l’extrémité en bois de la broche et la prit. A l’aide des piques de la broche, il piqua un bout de viande dans le bol et la remettant correctement, il la tendit, un grand et tendre sourire aux lèvres, à Lou qui la plongea dans l’huile bouillante. Elle leva la tête vers lui, un étirement joyeux peint sur le visage, et le remercia, des étoiles dans les yeux.
- Magnus*, commença Aurora, le faisant lever le regard vers elle. Ça fait combien de temps que tu connais Fedora ? *
- Je ne sais pas… * rétorqua-t-il, haussant les épaules. Avec une fille comme Fedora, on ne compte pas les heures ni les jours qui sont passés*. On compte les jours qui vont suivre… répondit-il, coulant un regard amoureux en sa direction. *
- Votre français est très bien maîtrisé, remarqua Victor, surpris, c’est assez rare de croiser un Américain avec un tel niveau de français. Vous ne possédez presque aucun accent, remarqua-t-il. Où avez-vous apprit le français ? lui demanda-t-il, admiratif.
- Mes parents ont voulu que je parle le plus de langues européennes dans le cadre des mes études et de mes voyages, répondit-il, essayant de se rappeler que Magnus Gyver vivait à Philadelphie et que ses parents, sûrement des gens assez modestes, l’ont inscrit dans un lycée public. Je pense aussi que je dois avoir un très bon professeur de langue, ajouta-t-il, jetant un coup d’œil à Fedora qui, remarquant son regard lourd et malicieux, tourna les yeux en sa direction, le foudroyant du regard.
- Je trouve que les parents qui apprennent aux enfants à parler d’autres langues dès le plus jeune âge sont, de loin, les plus respectables, informa Aurora, enroulant une mèche de cheveux autour de son doigt. Et toi, Fedora, qu’en penses-tu ? questionna-t-elle, sortant les deux adolescents de leur intense bataille de regard virant à l’indécence.
- Je ne trouve rien à redire. Sauf que cela doit être facile d’apprendre d’autres langues quand on est fortunés et qu’on peut se payer un précepteur, cracha-t-elle, amère.
Chase ne put réprimer un gloussement. Il est vrai qu’il était plus facile pour les enfants de l’élite de New York d’être dans les meilleures écoles. Non pas parce qu’ils sont plus intelligents mais parce qu’ils sont obligés. S’ils ne sont pas les meilleurs, il est sûr que leurs parents les enverraient en pension – pour les filles – et à l’armée – pour les garçons -. Il avait bien été obligé d’y aller pour redorer le blason familial des Jones. Sauf, qu’à l’époque, il ne savait pas qu’il avait été adopté. Enfin qu’importe… Quand il est revenu du front, il s’était juré de se venger de son père en se comportant comme un véritable salopard, comme s’il ne l’était pas suffisamment. C’était sans compter sa tentative de suicide et l’arrivée de Fedora qui l’avait complètement déboussolé. A présent, il essayait d’être l’élève le plus brillant de la faculté. Non pas pour correspondre à ce que ses parents adoptifs attendaient de lui, mais pour lui. Pour qu’il puisse réussir au moins une chose dans sa vie. Si ce n’est 2 lorsqu’il aura récupéré Fedora.
Les Garzia étaient tellement absorbés dans leur conversation qu’ils en avaient oublié Chase et Fedora. Lou et Anastasia étant en centre de la conversation, Percy et Dylan en profitaient pour taquiner leur cousine en faisant étalage de sa vie privée en mentionnant le nom d’un garçon que la famille Garzia semblait être la seule à connaître. Et bien que cela aurait put l’intéresser de savoir la concurrence qu’il avait en France, Chase s’était concentré sur autre chose. Son esprit commençait à divaguer dangereusement vers la suite de son rêve. La tête dans le vide, il plongea la broche dans l’huile bouillante, n’ayant pas oublié de mettre d’abord la viande sur les piques. Il attendit quelques secondes avant de l’enlever. La viande cuite et brûlante, il la plongea dans un bol de sauce, mayonnaise si ses sens ne le trompaient pas, avant de l’engouffrer dans sa bouche.
Alors qu’il mâcha, son esprit l’attira vers les méandres de son cerveau, de l’hémisphère droit de son cerveau pour être exact. Il se mit à penser que son cerveau était un peu trop créatif en ce moment, surtout concernant ses rêves. Et sa subite obsession pour Magnus Wù n’aidait en rien son hémisphère droit à être moins créatif au sujet de ses rêves…
Chase se gratta la tête, réfléchissant. Il se demandait maintenant ce qu’il devait faire. Devait-il s’habiller et passer une journée entière au loft jusqu’à ce qu’il doive se rendre à la boîte de nuit de Magnus ou devait-il rester au loft à ne rien faire et à se faire prélasser par Fedora ? Ces deux options lui plaisaient assez bien. Surtout la deuxième… Il se dirigea donc hors de la salle de bain. Pour quoi faire ? ça, il ne le savait pas encore. Tout ce qu’il savait, c’était qu’il devait y aller. Peut-être que le corps de Magnus savait quoi faire alors que lui, il n’en avait aucune idée.
Qu’est ce que cela signifie ? Où me conduis-tu Magnus ?
Ses jambes le conduisirent à la salle de bain. La pièce d’eau était vaste, les murs avaient été fait en carrelage blanc et le sol était constitué de marbre quelque peu rosé. La vasque était juste en-dessous d’un large miroir ovale éclairé par des lampes suspendues au-dessus de la glace. Attiré irrésistiblement vers le miroir, Chase s’y dirigea, son corps se mouvant en cette direction. Enfin, le corps de Magnus. Ses jambes s’alourdissant alors qu’il ressentit un frisson parcourir son corps. Enfin, le corps de Magnus ressentit ce frisson. Il était frigorifié et se sentait fiévreux. Il plaqua sa main droite sur son front. Il était bouillant. Il ne comprenait pas ce qu’il lui arrivait. C’était comme s’il était rejeté de son corps. Il décida qu’il n’aimait pas ça et essaya de se ressaisir. Il ne pouvait pas se faire rejeter comme ça ! Il en était hors de question ! Il prit de profondes respirations, tentant de contrôler son rythme cardiaque. Posant une main contre son pectoral gauche, nu de toute cicatrice, nu de toute trace d’attouchement, il sentit les battements de son organe vital ralentir. Son buste se souleva aisément et avec facilité. La tête basse, sa main droite toujours posée contre son pectoral gauche, il continua de marcher en direction de la vasque blanche. Dans un dernier effort de respiration, Chase se mit face à la glace où il put enfin mieux se contempler. La glace lui reflétait un Magnus en pleine forme. Bien que ses cheveux noirs de jais étaient dores et déjà coiffés, son visage aux traits si doux était nu de tout maquillage. Chase le trouvait encore plus mignon, plus sexy, sans maquillage. Il laissa ses yeux glisser contre la glace du miroir, contemplant indécemment son torse aux muscles saillants.
Et dire que Fedora a droit à ça le matin…
Il soupira. Penchant la tête sur le côté, il posa sa main contre son cou miel et, à l’aide de ses fins et longs doigts graciles, il laissa sa main dorée s’abandonner sur son torse, ses ongles vernis de noir écorchant doucement sa peau caramel. Il se mordit la lèvre inférieure, un agréable frisson brûlant lui parcourut l’échine tandis qu’une vague de désir s’insinua en lui. Ses doigts se laissèrent aller à ce désir grandissant pour le corps de Magnus. Ils écorchèrent avec cruauté et tendresse, redessinant ses courbes saillantes et désirables. Il réprima un soupir de plaisir, se mordant la lèvre inférieure. Il posa à plat ses mains contre ses pectoraux, les malaxant avec un amour obscène et impudique pour le torse de Magnus. De ses pectoraux, il passa à ses abdos qu’il pelota, se montrant toujours aussi impoli et odieux avec ce corps qu’il torture sous ses caresses écorchantes et immorales. En tout cas, il était vrai qu’il avait bien travaillé son corps, le remodelant aux goûts de la gente féminine. Même si, en réalité, ce remodelage n’avait que pour but de le charmer lui.
Et, c’est réussi…
Il ne pouvait plus se passer de cette enveloppe charnelle si désirable, si… Sexy. Sentir ses abdos sous ses caresses. Etre en lui. Etre lui… En voilà, une perspective réjouissante. Il passa sa langue sur ses lèvres, trouvant cette prison de chair appétissante et à son goût.
Dans ses yeux de chat où de l’or liquide brillait de mille feux, une lueur enflammée d’un sentiment semblable à la rage et de dégoût se lisait. Pourtant, il n’avait aucune raison d’être furieux ou de ressentir un tel sentiment de répugnance, surtout en ce moment. Peut-être confondait-il ces deux sentiments avec du bonheur et de la malice. Oui, ça ne pouvait être que ça… Il ne voyait pas en quoi il pourrait être dégoûté. Un sourire empreint d’une diabolique malice se dessina sur ses lèvres joliment dehors et son visage aux traits doux et délicatement sculptés. Continuant de se mater avec des yeux ébahis et amoureux, il passa de ses abdos à ses bras appétissants et musclés qu’il caressa avec tendresse et affection, écorchant sa peau quelque peu meurtrie par ses nombreuses papouilles perverses et mortelles. Il passa sur ses veines saillantes et visibles ses pattes de velours satinées, s’arrachant une moue admirative. Il remonta jusqu’à ses biceps qu’il pressa, contemplant tous les efforts qu’il avait déployé, à l’époque, pour avoir ce corps de dieu divin aux délicieuses tablettes de chocolat au lait. De nouveau, ses dents à la blancheur de nacre vinrent mordre sa lèvre finement exquise tandis que ses mains continuèrent de s’adonner à ces caresses tortueuses et sadiques. D’un effleurement presque inhumain, il passa à sa taille sur laquelle il ne s’attarda pas davantage. Il y a quelques jours auparavant, il avait noté que le bel asiatique possédait encore quelques marques que ses lèvres avaient laissé çà et là. Sauf que là, il ne les possédait plus – ou pas – ce qui, bien de l’attrister, l’enjoua. Enfin, comme il devait forcément y passer à un moment ou à un autre, il baissa la tête vers son entre-jambe sur laquelle il s’attarda pendant un lapse de temps trop long pour ce genre de contemplation. Il abaissa sa main vers les précieuses parties de Magnus et, posant dangereusement dessus, il les pressa, les tâtant presque pour mieux estimer, et apprécié, ce qu’il avait dans les mains.
- Magnus ? questionna une voix douce et, étrangement, masculine.
- Hmm ? marmonna-t-il, se réveillant soudainement. Que se passe-t-il ? demanda-t-il, cherchant du regard qui pouvait bien l’appeler.
- Tu semblais être dans la lune, l’informa Percy, ne le quittant pas des yeux, posant sur lui un regard fraternel.
- Ah bon ? questionna-t-il, se frottant les yeux de fatigue. Je suis désolé alors… soupira-t-il, sa cage thoracique se soulevant avec difficulté. Qu’est ce qu’on disait ? interrogea-t-il, voulant donner l’impression d’aller bien alors qu’il était épris d’une grande fatigue.
- On te demandait comment se passait ton couple avec Alex, répliqua Dylan, soudainement fortement interessé par sa vie, ou plutôt sur la vie de Magnus Gyver.
- Alex ? questionna Chase, tournant les yeux vers Fedora, une flamme désespérée brûlant dans ses yeux alors qu’un filet de sueur commençait à perler sur son front. Alex est… Hum… Quelqu’un de fantastique… tenta-t-il, une moue incertaine au visage, regarda tantôt Fedora tantôt ses cousins qui attendirent qu’il développe. Alex est une personne formidable sur qui on peut compter et qui ne nous décevra jamais, dit-il, sous l’accord positif de Fedora.
- On croirait presque que tu l’aimes, répondit Dylan, narquois, sirotant un verre de soda.
- Dylan ! s’écria Percy. Evidemment qu’il l’aime, ils sont en couples.
Chase se mit à fortement rougir. Parler comme ça d’un couple qui s’aime et dont il ne sait rien était vraiment un supplice. Il avait tellement peur de faire une gaffe énorme et de recevoir une claque de la part de Fedora lorsqu’ils seront que tout les deux. C’est pourquoi, il essaya de parler un minimum de Magnus et d’Alex. Mais, Percy et, surtout, Dylan souhaitaient avoir des informations essentielles sur eux et Chase ne savait plus quoi faire ou dire pour assouvir leur soif de savoir. Alors que l’un d’eux s’apprétait à lui demander quelque chose, Fedora prit les devants en disant que, bien que cette conversation semblait être passionnante, elle aimerait bien passer à autre chose. Dylan se tourna vers elle alors que Percy marmonna des choses comme : « elle n’aurait jamais dut faire ça » ou « ça va mal tourner ». Intrigué, Chase se tourna automatiquement vers lui, le questionnant du regard. Percy lui répondit d’un air navré qu’il ne souhaitait pas savoir pourquoi elle ne devait pas dire ce genre de choses à Dylan. Ce dernier rétorqua qu’il est vrai qu’il y avait un sujet de conversation plus passionnant et plus intéressant qu’il voulait aborder. Elle se tourna vers lui et lui demanda ce qu’il voulait entendre par là. Un sourire narquois se dessina sur ses lèvres alors qu’une lueur malicieuse incendia ses mirettes noisettes. Il la questionna sur sa relation avec Chase Jones. A l’entente de son prénom, Chase rougit violemment. Il se racla la gorge et tenta d’attirer l’attention de Fedora, en vain.
Elle lui demanda, la voix emplie de colère, qu’est ce qu’il souhaitait savoir sur « leur » relation, faisant des guillemets avec ses doigts au mot « leur ». Chase leva les yeux au ciel, soupirant intérieurement. Son sourire s’élargissant, il la questionna sur l’identité de Chase Jones. Durant quelques secondes, il crut apercevoir Fedora lui jetait un regard en coin. Elle prit la parole avec difficulté, bégayant quelques mots. Chase aurait juré la voir le regarder, cherchant son aide. Alors qu’il s’apprêtait à parler, pour la sortir de cette mauvaise position, il entendit le bruit d’un portail qu’on ouvre. Il fit volte-face et vit une silhouette doucement dessinée dans la pénombre. La silhouette avait une forme masculine et fortement musclée. Fedora s’était tut, comme les autres membres de la famille Garzia. Un parfum sucré et suave arriva à ses narines. D’abord, il crut que c’était Magnus qui était là, ayant décidé de faire une entrée surprise. Mais, en se focalisant sur chaque note de parfum, il se rendit compte que ce parfum n’avait rien à voir avec celui de Magnus qui dégageait une agréable et réconfortante odeur de santal oriental. La lumière du détecteur de mouvement se déclencha, donnant aussitôt un aperçu de l’intrus pas si étranger à Fedora dont les lèvres s’étirèrent en un radieux sourire heureux. Chase se retourna vers lui, une expression déconcertée ornant son visage alors que ses yeux se posèrent sur cet inconnu, détaillant chaque partie de lui.
C’était un bel homme à la peau d’un noir latté. Son costume moulait à la perfection son corps, le tissu adhérant à sa peau. Son visage possédait les beaux traits harmonieux et doux de la famille Dobronravov. Ses yeux en amande attestaient d’ailleurs de son origine orientale – slave, pour être exact -. Ses mirettes étaient colorées d’une délicate nuance noisette. Ses fines lèvres étaient tirées en un tendre sourire réconfortant et fraternel. Ses avant-bras étaient dénudés, son poignet gauche étant orné d’un bracelet bouddhiste noir. Une bague ornait son auriculaire. Une barbe de quelques jours venait embellir son visage lisse et séduisant. Il portait une chemise blanche moulant ses biceps extrêmement trapus et musclés, les manches retroussées laissant ses avant-bras nus. Sur son haut, il avait rajouté un veston d’un vert sombre, presque émeraude. A son cou était nouée une cravate noire à pois blancs. Il avait enfilé un pantalon sombre assez près de son corps et s’était chaussé d’une part de chaussures italiennes noires et cirées. Ses cheveux frisés étaient coupés assez courts.
Chase n’avait donc plus de doute quant à son nom de famille. Il était bel et bien un Dobronravov. Il n’avait qu’à voir le sourire éclatant de Fedora à l’entrée de ce beau métisse qui lui le rendit aussitôt. Chase n’eut même pas le temps de dire un mot qu’une vague de cheveux de blé parfumée d’une fragrance sucrée et fruitée passa devant lui. Il fit volte-face de nouveau vers le frère de Fedora, les contemplant tous les deux en train de s’étreindre fortement. Chase crut l’entendre soupirer son prénom. Jo, qui devait être le surnom de son frère, resserra ses bras puissants autour d’elle. Un sourire affectueux s’invita sur le visage au blanc d’ivoire de Chase. Jo croisa le regard affectueux de Chase qui perdit automatiquement son étirement joyeux. Ses lèvres s’effondrèrent en un pale sourire apeuré et très peu confiant. Jo s’éloigna progressivement de sa sœur, gardant un œil sur lui. Elle regarda tantôt son frère tantôt Chase qui tenta, tant bien que mal, de paraître à l’aise. Les petit-copains de Fedora ne devaient pas rester trop longtemps en vie avec Jo dans les parages. Jamais il n’aurait cru qu’elle avait un grand frère baraqué comme Jo… Soudainement, il ressentit une gêne grandissante montée en lui ainsi qu’un subit sentiment d’insécurité. Il aurait limite préféré rester à New York, la seule personne pouvant lui nuire dans sa ville étant Magnus Wù. Cependant, lui aussi pouvait lui faire ressentir ce sentiment toxique d’instabilité et de menace. Après tout, c’était lui qui lui avait apprit à se battre. Ses mouvements, aussi suaves sont-ils, restaient dangereux. Et puis, il maîtrisait, non seulement les arts martiaux, mais aussi cet art subtil qu’est le sarcasme et l’ironie. Il ne fallait pas non plus oublier que personne ne pouvait résister à ses charmes exquis.
Il reprit bien vite ses esprits, se mettant une claque mentale avant que son esprit ne l’entraîne à nouveau dans les tréfonds de son esprit tordu et torturé par l’image de Magnus encrée dans son cerveau. Il n’arrivait plus à garder son calme lorsqu’il avait ce beau visage en tête, son cœur s’emballant et sa gorge se nouant à chaque vision cruelle.
- Magnus ? demanda Percy, un soupçon d’inquiétude et de souci pour lui. Tout va bien ? questionna-t-il, ses sourcils se rehaussant alors que ses yeux trahissaient son sentiment de tourment.
- Hein ? interrogea-t-il, un peu dans le vague.
- Est-ce que tout va bien ? réitéra Percy, le perçant de ses yeux pareils à la mer Caspienne. Tu m’as l’air un peu… commença-t-il, hésitant.
- Perturbé ? tenta Chase.
- Bizarre ? continua Dylan.
- Amoureux, fit Fedora, un sourire en coin, malicieuse, la tête basse. Quoi ? demanda-t-elle, relevant la tête, perdant ainsi son sourire. Quand on est, débuta-t-elle, regagnant sa malice, amoureux, finit-elle avec ce grand sourire si caractéristique des Dobronravov, on a souvent tendance à se comporter bizarrement, continua-t-elle, portant un verre de soda à l’orange à ses lèvres.
- Je ne suis pas amoureux, rétorqua le principal concerné. Je suis un peu…
- Fatigué ? essaya Percy, relevant la tête vers lui, le transperçant de ses mirettes océans.
- Entre autre, répliqua Chase, se montrant évasif.
- Les garçons, commença Aurora, laissez donc Magnus tranquille, leur ordonna-t-elle, se montrant douce. Jeff est allé chercher sa guitare, informa-t-elle, se tournant vers Fedora qui affichait un large sourire ravi.
- Dîner spectacle, dit-elle, posant son verre sur la table en verre.
Tous les regards se rivèrent sur elle. Son sourire s’élargit davantage, alors que ses yeux s’étaient posés au loin. Se sentant déshabillé du regard, il se racla la gorge, ses joues virant au rouge écrevisse. Il avala sa salive avec difficulté, tentant de ne pas se focaliser sur cette mise à nu qui, pour une fois, était involontaire. Il ne s’était jamais senti aussi mal à l’aise que le jour où Magnus lui a avoué ses sentiments pour lui…
Bam !
Encore une pensée pour Magnus. Il commençait à en avoir assez que ses pensées soient obnubilées par lui ! A croire qu’une force occulte le pousse à penser à lui et à lui faire ressentir un sentiment pareil à l’affection et… Et… Et pareil à… L’amour.
Il soupira, se pinçant l’arrête du nez. Ses paupières s’alourdissant, il sortit son téléphone de la poche de son pull et, l’allumant, il regarda l’heure. 20h40… Il ferma les yeux, les reposant quelque peu. Alors qu’il commença alors à sombrer dans un sommeil dont il ne risque de ne plus sortir, une note de musique le fit sursauter, le réveillant alors. Si Jeff semblait à l’aise, ne devant porter qu’une guitare électrique, Jo avait plus de mal à être debout. Il avait entre les mains des cymbales – la crash se situant à droite et la ride se trouvant à gauche - une paire de baguettes, d’une grosse caisse noire, d’un tom basse, d’une caisse claire, des toms et d’une charleston. En somme, tout ce dont quelqu’un a besoin pour faire de la batterie. Jeff enfila sa guitare électrique et commença à jouer, ne faisant résonner qu’une note. Jo semblait à avoir du mal à assembler sa batterie. Alors Percy, jetant un regard en biais à Fedora qui, le regardant tantôt lui tantôt Chase, lui sourit et lui fit un signe positif, brandissant un pouce vers le haut, se leva et partit aider Jo à assembler son instrument. Ils décidèrent d’abord de l’endroit où il jouera. Il posa une chaise et s’y assit, positionnant la caisse claire entre ses jambes, à sa gauche. Il commença à jouer, donnant le signal à son père pour jouer.
- J’aimerai pouvoir rester avec vous mais je suis assez fatigué alors… dit-il, tirant une moue mi incertaine mi navrée.
- Reste, lui ordonna gentiment Jeff, lui indiquant le fauteuil duquel il venait de se lever. On a préparé ce numéro avec Fedora lorsqu’elle reviendrai, avoua-t-il, jetant un regard heureux à sa fille. Assis ! lui ordonna-t-il, rugissant.
Apeuré, Chase se rassit, tétanisé. Jeff alla voir Fedora et, lui tendant la main, il l’aida à se relever. Anastasia se mit à la place de sa cousine, prenant Lou sur ses cuisses alors que Percy se battait avec son frère pour regagner sa place. Aurora, croisant le regard de Chase, lui demanda de venir sur le canapé afin de mieux profiter du spectacle. Il s’apprêta à répliquer lorsque, ne trouvant rien à dire, il referma ses lèvres, se levant enfin.
Il s’assit à la seule place de libre, entre Anastasia et Percy. Intimidé par ce dernier, rougissant à moitié, il se fit tout petit, se mettant près de la fillette afin de ne pas être collé au cousin de Fedora. En parlant d’elle, il releva la tête vers elle, l’admirant amoureusement. Elle se tenait aux côtés de son père, faisant virevolter le micro qu’elle tenait dans sa main. Elle croisa son regard protecteur et lui adressa un large sourire avant de se retourner vers leur public. Anastasia et Lou lui firent un signe de la main alors que Dylan dit espérer qu’il ne se mettrait pas à pleuvoir, recevant une claque derrière la tête de la part de Victor. Chase et Percy partirent dans un fou rire, le partageant ainsi avec Aurora et le trio de musicien. Anastasia prit délicatement les poignets de sa petite sœur, la faisant doucement applaudir. Si Lou gardait le regard rivé vers son oncle et sa cousine, Anastasia la surveillait avec une affection fraternelle. Elle releva la tête vers sa cousine et lui fit un clin d’œil. Alors que Jo commença à taper le tempo, apparemment familier aux deux jeunes filles, Jeff et Fedora se mirent l’un face à l’autre. En la regardant d’un peu plus près, se focalisant mieux sur sa tenue assez moulante, il remarqua que sa chevelure blonde était méchée de violet, seules les mèches les plus blondes de sa chevelure avaient été coloré en cette si belle couleur prune.
- Ladies and gentlemen! s’écria Fedora avec cet accent français si séduisant. Je vous présente la reprise deeeee... commença-t-elle, souhaitant faire durer le suspense, un sourire aux lèvres. Do What You Gotta Do ! s’exclama-t-elle, arrachant à Lou et à Anastasia un cri de joie.
(Jeff/Hadès)
How ‘bout I go with you and we’ll spend more time?
(Fedora/Mal)
How ‘bout you stay here ‘cause you’re out of your mind!
(Jeff/Hades)
Let’s make new memories, you can show me town
(Fedora/Mal)
No, you can keep your memories now
(Jeff/Hades)
Get over it!
(Fedora/Mal)
I’m over it
(Jeff/Hades et Fedora/Mal)
I’m over you being over it!
(Jeff/Hades)
Let’s dance
Et là, Jeff se mit à danser. Il prit un tambourin et le fit sonner, ce qui eut le don d’agacer Fedora qui plaqua ses mains contre ses oreilles afin de ne plus entendre tout ce tintouin. Il claqua le tambourin contre la paume de sa main pour ensuite le claquer contre son fessier. Chase tenta de réprimer un pouffement de rire alors que Dylan et Percy ne s’étaient pas gênés pour éclater de rire et se moquer de leur cousine et de leur oncle. Cette dernière leur lança un foudroyant regard meurtrier alors que la mélodie du refrain arrivait rapidement. Jeff poussa sa fille du coude, l’informant qu’ils allaient devoir reprendre leur chanson, pour le plus grand plaisir de Lou et d’Anastasia qui chantèrent à tue-tête la chanson une fois qu’elle fut reprise.
***
Le spectacle finit, Jo et Jeff rentrèrent leurs instruments de musique. Aurora prit une Lou endormie dans ses bras, informant le reste de la famille Garzia qu’elle allait la mettre au lit. Fedora se pinça l’arrête du nez et bailla, témoignant ainsi sa grande fatigue. Lentement, elle se dirigea vers le canapé de la terrasse et, s’étirant, elle tomba sur Dylan, lui arrachant un cri de douleur.
- T’es lourde, soupira-t-il, la poussant de toutes ses forces loin de lui.
Ce qui ne l’empêcha pas d’éclater de rire. Chase la regardait se débattre, tendrement. Un sourire affectueux aux lèvres. Finalement, après une énième tentative de libération, Dylan réussit à pousser Fedora hors de lui, et donc hors du canapé. Elle tomba violemment sur le bois de la terrasse, atterrissant sur ses fesses qu’elle massa, tirant une moue de douleur. Chase se rua sur elle, lui tendant la main, posant sur elle un regard protecteur. Elle releva la tête vers lui, plongeant son regard jade dans celui océan de Chase. Elle inspecta sa main longuement, haussant les sourcils, surprise. Si elle pouvait lire un sentiment de profonde amitié envers elle, lui, il ne pouvait que lire un sentiment proche de la tristesse et de la souffrance. Dans un élan confiant, elle tendit la main vers lui, souhaitant lui prendre la main, lui faire confiance. Mais, subitement, la faible lueur d’espoir qu’il avait vu s’est vite dissipée. Elle ferma le poing. A son tour, il haussa les sourcils, une expression surprise et triste s’imprimant sur son visage. Il quitta des yeux sa main fermée et tourna son regard vers elle. Ses traits doux étaient devenus sérieux et amers. Il ne comprenait pas… Pourquoi avait-elle voulu lui faire confiance pour ensuite décidé de le rejeter ? Il n’arrivait pas à saisir la raison de ce soudain retournement de situation.
Elle chassa brutalement sa main avec un grognement mécontent. Il resta circonspect. Elle se leva, chancelant quelque peu avant de se stabiliser. Chase s’était rué sur elle, enroulant ses bras autour de sa taille afin de l’empêcher de tomber sur terre, et de risquer qu’elle ne se fasse mal en heurtant le sol ou le coin de la table. Il lui sourit tendrement, essayant même un sourire malicieux. Fedora fronça les sourcils. Ses joues virant au rouge cramoisi, elle ferma les yeux alors qu’il la pencha en avant, la collant un peu plus contre lui. Il sentit sa faible cage thoracique se soulevait avec difficulté et vitesse alors que son pouls, battant contre son propre cœur, s’accélérait. Il sentit les fins et délicats doigts de Fedora s’accrochaient à son pull. Prudemment, il la sépara de lui, la tenant fermement par la taille. Il la vit ouvrir lentement les yeux, ses pupilles se fendant sous la lumière sombre, un magnifique et resplendissant bleu jade remplissant ses yeux. Chase espérait recevoir un radieux sourire… Au lieu de quoi, il reçut des coups de poings contre son torse musclé.
- Lâche-moi ! Lâche-moi ! s’écria-t-elle. Get out your hands of me! Get out your hands of my body! cria-t-elle, continuant de brutalement le frapper contre son torse, sa voix se cassant quelque peu en sanglots. Lâche-moi ! ordonna-t-elle, lui assénant un coup de poing plus faible, plus attristé.
Il s’était quelque peu reculé, ne souhaitant pas recevoir un coup de coude dans le visage par inadvertance. Une moue résignée et sombre se dessina sur son visage. Lui qui croyait qu’elle allait enfin lui faire confiance… Il soupira, baissant la tête. Il ferma les yeux et, enlevant ses mains de sa taille, il la lâcha enfin. Il détourna le regard, brisé. Il entendit des bruits de pas claquer contre le bois de la terrasse. Elle s’éloignait de lui. Plus ils étaient censés être ensemble, plus elle le fuyait. Il ne comprenait pas. Il n’arrivait pas à savoir ce qu’il clochait entre eux… Et ça avait le don de l’enrager ! Il serra les poings, les muscles de sa mâchoire se contractant. Les jointures de ses mains auraient pu virer au blanc laiteux si Dylan ne lui avait pas donné une claque « amicale » contre l’omoplate, le faisant ainsi sursauter.
- Eh ben, mon pote… soupira-t-il. C’est l’amour fou entre vous… ajouta-t-il, prenant appui sur son épaule, admirant avec lui Fedora qui sortit une poche de glace qu’elle appliqua sur son fessier douloureux.
- Tu parles… rétorqua Chase, découragé. Elle me déteste, souffla-t-il, posant sa main contre son coude, abbatu.
- Mais non ! s’exclama Percy. C’est ton amie, débuta-t-il. Elle se comporte souvent comme ça avec les garçons qu’elle aime bien, l’informa-t-il, se voulant réconfortant.
- Ça m’étonnerait qu’elle fasse ça avec Magnus Wù… cracha Chase, levant la tête vers Fedora, une main plaquée sur la poche de glace qui devait soulager ses fesses.
- Il faut dire qu’elle en a bien bavé les mois précédents, rajouta Dylan. Ce Chase Jones… siffla-t-il, amer et sérieux. Si je le croise, je jure de lui refaire le portrait.
Chase se mit à violemment, se raidissant soudainement. Un mince sourire s’étala sur son visage, gêné et très apeuré. Il avala sa salive avec difficulté, imaginant déjà le point brun de Dylan rencontrer sa joue neige qui était assez réticente et timide à cette idée. Il frissonna, non pas de froid, mais de terreur. Percy demanda à Dylan d’arrêter de leur donner le détail de sa torture envers Chase Jones, lui rappelant qu’il y avait une certaine âme sensible avec eux. Il se pointa lui-même du doigt, l’informant que c’était lui cette âme sensible afin qu’il cesse de dire qu’il ne voyait pas les filles près d’eux. Il rajouta, après que son frère ait fini de le regarder avec des yeux de merlan frit, que Chase… Enfin, Magnus pour eux, semblait être mal à l’aise. Son regard semblait dire : « oui… Ben le mec à que tu veux péter la gueule est juste devant toi, hé hé… Surprise ! »
Dylan essaya de le tirer de ses rêveries, en vain. Ce fut la vision de Fedora qui réussit à le faire sortir de sa torpeur. Il entrouvrit les lèvres dans une expression ébahie. Ce qu’il aimait la contempler sans qu’elle s’en aperçoive… Elle était si heureuse, si rayonnante, si… Belle… Il adorait la voir si épanouie… Et dire qu’il n’a même pas put assister à sa renaissance en Phoenix Raise… Son petit bouton de rose a tellement grandi qu’elle a embelli. Il soupira, la contemplant toujours aussi fortement qu’il la vit se retourner vers lui. Il détourna le regard, sifflotant, faisant comme si le ciel constellé de petites étoiles scintillantes sur la toile noire du ciel l’intéressait subitement. Complices, Percy et Dylan se rangèrent à ses côtés, sifflant et tournant le regard dans différentes directions. Du coup de l’œil, il la vit tirer une moue suspicieuse et partir en direction de la cuisine. Ils soupirèrent tous les trois. Soulagé, il se tourna vers ses compères et se mit à rire avec eux. C’était assez agréable d’être avec des garçons qu’il ne connaissait et qui avait envie de le connaître, même si, en réalité, ils voulaient connaître la vie d’un autre pour lequel il se faisait passer. Sa joie redescendit aussitôt et aussi vite qu’elle était venue. Il sentit qu’on le poussait légèrement du coude, voulant le sortir de ses pensées. Il commença à grogner lorsque les coups commencèrent à s’intensifier. Il vira au rouge écarlate, n’arrivant plus à supporter les coups, sa mâchoire se contractant.
- Ça suffit ! tonna-t-il, enragé.
- Les gars, commença Aurora, subitement inquiète, tout va bien ?
- Oui m’man! s’écria Percy, mi apeuré mi hilare.
Dylan et Chase se toisèrent longtemps du regard avant de finalement donner raison à Percy. Ils virent Fedora passer dans l’embouchure de la porte. Il la suivit du regard, la contemplant longuement avant de finalement se raviser. Il se mit une claque mentale, se remettant les idées en place. Il se tourna vers Percy, sentant son souffle chaud contre sa nuque. Les yeux vert-océan de ce dernier se posèrent lourdement sur lui, le déshabillant du regard. Il se racla la gorge, un sentiment subit de gêne l’envahi soudainement. Ses joues s’enflammèrent, virant au rouge pivoine. Il lui sourit maladroitement avant que la voix lointaine de Fedora ne le tire de cette mauvaise posture. Il fit volte-face. Il la vit se tenir face à eux, tenant à la main une carafe d’eau, alors qu’elle les regardait, un air surpris au visage. Contrarié, Percy lui demanda ce qu’elle voulait. Brandissant la carafe, elle l’informa qu’elle comptait préparer du thé et qu’elle souhaitait juste leur demander s’ils souhaitaient quelque chose à boire. Percy et Dylan répondirent qu’un peu de café ne leur ferait pas de mal. Elle leur adressa un sourire ravi et se mit dos à eux, s’apprêtant à partir lorsque Chase s’exclama qu’il souhaitait de l’eau. Choqués, Percy et Dylan portèrent leurs mains à leurs bouches, regardant tantôt leur cousine qui s’était stoppée net tantôt Chase qui resta cloué au sol, l’admirant patiemment et amoureusement. Une forte tension régnait entre eux, elle en était presque palpable et ça commençait à devenir indécent. Il la vit serrer la poignée de la carafe avec fermeté alors que l’eau commençait à couler sur le bois de la terrasse, se logeant entre les planches. Si le visage de Chase resta ferme et dur, le visage de Fedora s’imprégna d’un sourire diabolique. Lentement et prudemment, elle se retourna vers lui, son sourire s’adoucissant quelque peu. Ce qui, loin de rassurer le trio masculin, effraya Chase encore plus. Elle remit la carafe correctement, faisant cesser la cascade qui se déversait sur le bois. Avec un séduisant et diabolique sourire qui se voulait pur et angélique, elle s’avança dangereusement vers eux d’une démarche chaloupée, féline et suave. Chase sentit sa nuque s’hérissait. Il avala sa salive avec difficulté. Plus elle s’avançait, plus il ressentait ce sentiment – étrangement agréable – de timidité montait en lui. Ses yeux, cherchant où se poser, trahissaient ce sentiment qui lui était si inconnu… Il n’avait jamais ressenti un sentiment semblable, sa langue devenait aussi lourde que du plomb alors que sa gorge s’assécha. Ses joues s’enflammèrent alors que Fedora était de plus en plus près de lui.
Afin de mettre de la distance entre eux deux, il se mit à reculer progressivement jusqu’à ce qu’il se fasse stopper par la table en osier derrière lui. Apeuré, il sursauta, se retournant vivement. Sa cage thoracique se souleva avec rapidité et difficulté alors que Fedora était maintenant face à lui. Il déglutit à nouveau, la gorge sèche alors que son cœur s’agita dans sa poitrine.
- Restes calme mon petit caramel, susurra-t-elle, dangereusement suave et tendrement mielleuse, un sourire innocent et toxique se dessinant sur son visage. Tout ira bien… murmura-t-elle au creux de son oreille, le faisant amoureusement tressaillir, se penchant petit à petit sur lui.
Chaque note, chaque timbre de sa voix étaient mesurées et bien calculées. Chase reconnaissait là la patte du maître de la séduction. Magnus l’avait bien aidé formé. Elle posa sa main contre sa joue, l’effleurant délicatement de ses doigts de fées, ses longs et fins ongles vernis de noir venant écorcher sa peau douce et fragile. Il la saisit par le poignet, redevenant maître de lui-même, un sourire insolent et narquois au visage. Il s’abaissa, la tenant toujours tendrement et fermement par le poignet sur lequel il laissa sa main glisser sur le dos de sa main pour ensuite attraper ses doigts qu’il ferma sur les siens. A genoux et face à elle, il déposa un amoureux baiser contre la peau neigeuse de son vis-à-vis. Il releva la tête vers elle, la contemplant, protecteur et amoureux. Un sourire malicieux et narquois se dessina sur son beau visage. Une lueur amusée brilla dans ses yeux jade, effrayant quelque peu Chase qui, déglutissant, perdu son sourire. Le regardant de haut, elle esquissa un adorable sourire malicieux et pencha la carafe vers lui, déversant ainsi l’eau sur le visage de Chase. Automatiquement, ses yeux se fermèrent afin de se protéger. Il passa une main sur son visage, la passant dans ses cheveux qui se plaquèrent en arrière. Ses lèvres fines et charnues s’entrouvrirent quelque peu. L’eau retomba sur ses habits, trempant ainsi son pull. Il rouvrit les yeux, l’eau ayant cessée de couler contre sa peau douce et neigeuse. « La voilà ton eau, Chase » semblait dire le regard insolent de Fedora qui, posant la carafe contre son épaule avec ce même regard provocateur, la laissa tomber contre le sol. Chase se figea, le tissu chaud et duveteux de son pull se collant alors à lui. Il eut soudain peur que la carafe se casse en deux sous l’effet du fracas. Heureusement que Percy ait été plus rapide que Dylan qui s’en était rendu que trop tard… Il la rattrapa au vol avant qu’elle n’atteigne le sol. Dieu merci !..
***
Il faudra vraiment qu’il pense à remercier Percy d’être aussi prévenant avec lui… Enfin quelqu’un qui l’apprécie dans cette famille ! Chase se trouvait dans la salle de bain. Sa peau s’était hérissée de poils, il était frigorifié dans cette pièce sinistre et glaciale. Percy lui avait passé un t-shirt noir en coton à manches longues et asymétrique, le col lui arrivait en cou alors qu’il dégageait sa nuque. Les manches, trop grandes, recouvraient ses minces mains. Il enfila un autre pantalon, un peu plus ample et plus délavé. Il passa une main dans ses cheveux, vérifiant s’ils avaient séché ou s’ils étaient enfin secs. Avec un sourire ravi, il les coiffa sur le côté, voulant faire bonne impression. Ce qui était complètement idiot alors qu’il le connaissait déjà et qu’il avait le pressentiment que cette famille le haïssait. Enfin, que Natacha et Jeff le détestait. Peut-être devait-il ne pas trop y penser et laisser faire le temps… Après tout, personne ne peut lui résister très longtemps. La preuve, Fedora tombe un peu plus sous son charme chaque seconde, chaque minute, chaque heure qui passe.
Il le savait. Il le sentait.
Il sortit de la salle de bain, ses yeux papillonnant, ses idées se remettant petit à petit en place. Il réajusta les manches de son pull, alors dans la cuisine. Il vit Fedora devant le micro-onde, Dylan et Percy étant rentrés à l’intérieur de la maison. La blonde se retourna vers lui, captant enfin sa présence. Elle lui adressa son plus beau sourire, sa main tenant fermement la poignée de la carafe. Chase lui rendit un sourire plus mince, plus timide. Il déglutit, voyant qu’elle était en train de soulever la bouilloire d’eau, brûlante à en juger par la fumée qui s’en dégage. Il prit soudain peur, se figeant. Ses poings se refermèrent alors que son cœur dansait le tango contre sa cage thoracique. Les muscles de sa mâchoire se crispèrent alors qu’il la vit poser la bouilloire.
- Thé ? lui proposa-t-elle, ce même sourire insolent aux lèvres.
- Je veux bien mais… commença-t-il, quelque peu sur ses gardes. Evite de me le renverser dessus, ajouta-t-il, prudent. J’ai eu ma dose d’eau pour la soirée… continua-t-il, une moue se dessinant sur son visage.
Un éclatant sourire apparut sur le visage pur de Fedora. Quatre tasses étaient disposées sur le plan de travail. Seulement, trois d’entre elles avaient déjà leurs sachets devant. La quatrième était la plus triste à son goût. Celle qu’il devina être celle de Fedora, parce qu’elle l’a remplit en premier, était blanche et illustrée d’une photo du bel Ian Somerhalder, l’acteur de Damon Salvatore dans Vampire Diaries. Ce qui le surprit au plus haut point. Il ne la connaissait pas amatrice de série de vampires… Les deux autres mugs devaient aussi lui appartenir. Sur la deuxième tasse était dessiné un chalet enneigé tandis que l’autre, un peu plus mince et longue que les trois autres tasses, était noire. Celle de Chase était juste blanche, ce qui la rendait très triste. Un parfum familier arriva à ses narines, le déconcertant. Il papillona des yeux, passant une main dans ses cheveux alors qu’un soupir s’échappa de sa gorge. Il essaya de ne pas se tourner vers elle mais la tentation était trop grande… Alors, il décida de juste poser son regard pétrifié quelques secondes sur elle, chose qui répéta plusieurs fois avant que finalement, elle décide à lui dire de se calmer. Il déglutit et osa enfin la regarder. Elle avait posé trois boîtes de thé. Elle les avait positionnés de manière à ce qu’il puisse les lire. Il avait le choix entre du thé à la vanille et au caramel, à la noix de coco et au fruit de la passion ou à la cerise et au cassis. Elle fit danser ses fins doigts sur le plan de la table, tapant ses ongles vernis de noir contre la surface lisse et blanche du plateau, s’impatientant.
Sachant qu’elle allait, tôt ou tard, lui renversait, à nouveau de l’eau sur ses habits s’il ne daignait pas donner une réponse rapide, il répondit, sans réfléchir, qu’il alla prendre le mélange de la noix de coco et du fruit de la passion. Choix qui semblait ravir Fedora qui rétorqua que c’était son thé préféré après celui avec du caramel et de la vanille. Il murmura, pour lui-même, qu’il voulait bien la croire et laissa ses yeux protecteurs glisser sur elle alors qu’elle sortit un sachet de thé de sa boîte, la posant près de la tasse. Quant à elle, elle remplit les quatre tasses de l’eau et alla la reposer dès qu’elle eut fini. Elle prit en main sa tasse et le quitta, haussant les sourcils, un mince sourire se dessina sur son visage. Il la regarda s’éloigner de lui, tendre et amoureux. Son sourire niais et affectueux prouvait qu’il était fou d’elle. Bien qu’elle semble être folle d’amour de quelqu’un d’autre. Il la contempla monter les escaliers, laissant ses yeux s’attarder sur chacun de ses mouvements suaves et félins. Le claquement fin de ses talons tapa et résonna sur le bois des marches.
Dès qu’elle fut hors de sa vue, il détourna le regard, se reconcertant sur sa tasse de thé qu’il laissa infuser, jouant avec le sachet. Soudainement, il se rendit compte qu’il était sur le point d’oublier quelque chose de crucial ! Paniqué, il tourna la tête de tous les côtés, à la recherche désespérée de sucre. Il passa une main dans ses cheveux, la posant ensuite derrière sa tête, s’arrachant presque les cheveux. Bien que ce n’était pas une histoire de vie ou de mort, il était en proie à la panique. Jamais il ne buvait de thé sans sucre, bien que ça déplaise aux Anglais. Il se fichait pas mal des règles concernant le thé. Tout ce qu’il voulait, c’était ressentir les fragrances suaves de cette boisson exotique si souvent revisitée et déclinée en divers parfums avec des arômes si particuliers. Et là, pour sentir le goût de la noix de coco et du fruit de la passion, il avait besoin de sucre. Il hésita à demander à Jeff et à Natacha, ne voulant pas les déranger alors qu’ils étaient en pleine discussion avec Aurora et Victor, Jonathan écoutant seulement ce que les deux couples se racontaient, ne participant que très rarement.
Aussi, fut-il ravi de voir Percy et Dylan arrivaient vers lui, le premier ouvrant ses bras comme pour le prendre dans ses bras. Bien qu’un peu réticent, il se laissa faire, heureux de voir qu’au moins une personne tenait à lui et était content de le croiser. Néanmoins, très lentement et prudemment, il entoura sa nuque de ses bras musclés. Percy se blottit contre lui, sa tête se réfugiant dans sa nuque. Chase esquissa un sourire gêné et, s’apprêtant à dire quelque chose, entrouvrit ses fines lèvres. Il se sépara du beau brun aux yeux verts, prenant garde à se montrer délicat et doux. Il posa ses mains contre les épaules robustes de Percy et l’éloigna progressivement de lui, lui adressant un mince sourire incertain. Dylan les rejoignit peu à peu, décroisant les bras et les laissant tomber le long de son corps. Chase se sentit, étrangement, à l’aise avec Percy face à lui, ses yeux verts sombre réussirent à l’apaiser.
- Je peux savoir ce que vous faites tous les deux ? questionna Dylan, se mettant auprès des deux garçons, les yeux ébahis, une expression d’ahuri lui collant au visage.
- On… commença Percy, se retournant vivement vers son père qui l’a désagréablement surpris. On ne faisait rien… bafouilla-t-il, parlant avec difficulté.
- Mmmh, fit son frère, méfiant. Dans ce cas, si il ne se passe vraiment rien, commença-t-il, leur jetant un regard suspicieux à tous les deux, je m’en vais, continua-t-il, leur tournant le dos.
Chase, les yeux écarquillés et quelque peu tendu, resta figé un bon moment. Il regarda Dylan s’asseoir dans le fauteuil se trouvant à proximité de la cheminée et de la table en verre du salon, se trouvant à bonne distance de la télévision. Lentement, il se tourna vers Percy, croisant soudainement ses belles paires d’yeux verts. Ils pouffèrent de rire, un sourire de pur bonheur se dessinant sur leurs visages respectifs. Dieu ce que ça fait du bien d’être avec une personne aussi joyeuse, si épanouie ! Il se tourna vers son mug, son sourire s’amincissant quelque peu. L’eau était devenue brune et dégageait un doux parfum de noix de coco. Il prit en main son mug, en tirant le sachet imprégné d’eau qu’il se dépêcha d’aller jeter, tenant fermement sa tasse. Il alla le poser sur la table de la salle à manger, s’accoudant contre l’encadrement d’une porte inexistante donnant sur une bibliothèque. Croisant les bras contre son torse, il laissa son regard glisser contre Percy qui, sentant son regard insistant sur lui, semblait être mal à l’aise. Il passa sa main dans ses cheveux plusieurs fois, ses joues commençant à devenir cramoisi. Il se racla la gorge quelques fois avant de finalement se retourner vers Chase qui lui adressait son plus beau sourire charmeur. Ce sourire qu’il utilisait souvent pour obtenir tout ce dont il voulait. Personne ne pouvait lui résister et ça, il le savait bien…
- Tu veux quelque chose ? lui demanda Percy, avalant difficilement sa salive.
- J’aimerai bien quelque chose de sucré, répondit Chase, soudainement mielleux, suave.
- Quelque chose de… Sucré ? répéta timidement Percy, pas sûr de comprendre où il en voulait en venir. Comme du miel ? proposa-t-il, ses joues devenant de plus en plus écarlate.
- Pourquoi pas… répliqua Chase. J’aime tout ce qui est… Doré et alléchant, répliqua-t-il, coulant un regard en coin à Fedora qui le fusilla du regard, sachant très bien de qui il parlait.
La blonde était redescendue et s’était mise à proximité des deux beaux bruns, sachant pertinemment l’influence que le premier avait sur le deuxième. Elle le toisa du regard avant de se diriger en direction de l’évier dans lequel elle posa sa tasse. Elle se retourna vers Chase et le défia de dire quoique ce soit. Elle marcha en leur direction et le bouscula violemment, lui qui avait croisé ses bras sur ses pectoraux saillants mais qui, malheureusement, n’équivalait pas ceux de Magnus. Elle monta de nouveau les marches, ses talons claquant violemment le sol, trahissant sa colère.
Chase ne put réprimer un sourire vainqueur. Il ricana intérieurement, sa fierté brillait dans son regard. Il se tourna vers le plan de table, sa tasse diffusait les fragrances exotiques de son thé, la chaleur commençait à laisser sa place à un froid plus que glacial. Il vit le pot de miel à moitié ouvert, une grosse cuillère généreuse à l’intérieur. Il se lécha les babines et prit le pot. Il le posa contre le bois de la table et en tira la cuillère qu’il plongea dans son thé. Il la sortit progressivement et la fit tournoyer afin que le miel restant se répande encore plus dans son thé. Enfin, il enleva la cuillère, en prenant une autre de propre, et alla replacer le pot de ce délicieux liquide doré là où il l’avait trouvé, gratifiant Percy d’une tape amicale sur l’épaule, son sourire se voulant amical. Sa tasse en main, il souhaita une bonne fin de soirée aux autres membres de la famille Garzia et monta dans la chambre de Fedora. Il se tenait à la rampe, faisant attention à ne pas renverser une seule goutte de thé.
Arrivé devant la porte de l’antre de la blonde, il entendit un chant doux et délicat en provenance de sa chambre. Les paroles se voulaient réconfortantes et tendres. Chase, l’oreille appuyée contre la porte, écouta avec plaisir la berceuse que Fedora chantait à ses deux petites cousines. Il s’avança quelque peu, son cœur battant à tout rompre dans sa poitrine, sentant toute animalité s’éclipser lentement de son corps alors qu’un sentiment d’amour et de béatitude remplis son cœur meurtri. Il posa sa main libre contre la poignée de la porte, ne l’abaissant pas afin de ne pas apeurer Anastasia et Lou. Il aurait put rester là planté devant la porte de la chambre de Fedora et l’entendre chanter de petites berceuses si seulement il aurait été plus discret. En effet, lorsqu’elle eut fini de chanter la berceuse à ses cousines, il l’entendit distinctement à travers la porte.
- Tu sais qu’écouter à travers les portes est très mal poli ? lui avait-elle demandé, narquoise.
Chase esquissa un sourire en coin.
Elle a de qui tenir…
Il exerca une pression sur la poignée et l’abaissa, ouvrant ainsi la porte. Contre le sol se trouvait un matelas dont les draps étaient tirés, un seul coussin à l’air moelleux ornait la tête de lit. A ses côtés, Anastasia et Lou dormaient paisiblement alors que Fedora était allongée sur le dos, son ordinateur sur ses jambes, une tasse de thé dans la main droite alors qu’elle semblait concentrée sur quelque chose. Chase ne chercha pas à savoir comment elle avait su pour savoir qu’il était derrière la porte. Il posa sa tasse sur le sol, ses affaires ayant été déposé sur le pouf à côté de l’armoire face au lit de Fedora. Chase s’allongea, plongeant dans ses draps et, contemplant Fedora une dernière fois, il regarda le plafond fait de blanc et de bois, ses arrières pensées le menant toujours à Magnus…
[1] Now, move : maintenant, avances !
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