Après une longue nuit de sommeil, ébloui par un rayon de soleil, Max ouvre un œil. Comme la veille au refuge, il se sent en pleine forme. Aucune des étranges sensations indéfinissables de ses deux malaises n’est présente. Du moins physiquement, car au niveau mental, il a le sentiment, peut-être trompeur, que ça peut revenir à tout moment. Dans le doute, il préfère changer le programme de la journée. Tant pis pour le lac Léman, il préfère jouer la prudence et rester à l’appartement. Petit-déjeuner et un peu de rangement pour essayer de se changer les idées.

Dans l’après-midi, tout en lisant, l’image de cette adolescente qui avait interrompu la tranquillité de ses parents lui revient soudainement. Son émotion face à cette catastrophe humanitaire près d’un volcan en Afrique semblait réellement profonde et sincère. Il n’a allumé ni la radio ni la télévision depuis qu’il est réveillé. Il se demande où en est cette éruption. Ne se souvenant plus des détails, il décide tout simplement d’allumer la télé. Les chaînes d’info se délectent toujours de ce genre de drame, toujours bénéfiques pour leur audimat. Après une vingtaine de minutes à zapper d’une chaîne à l’autre, rien. Personne n’en parle. La pauvre, tellement prise dans une info alarmante sur Internet, elle a dû s’inquiéter pour pas grand-chose. Cette coulée de lave ne présentait peut-être pas un si grand danger pour les habitants de la ville. Pour en avoir le cœur net, il sort son ordinateur. Il l’avait emmené dans l’intention de travailler aux dernières retouches de son rapport, mais c’est finalement la première fois qu’il l’allume. Après quelques recherches, il finit par retrouver le nom du volcan. Le Nyiragongo, près de la ville de Goma en République démocratique du Congo. Pas de doute, c’est bien ce nom, dit-il à haute voix, comme pour se conforter. C’est bien ça, mais il ne trouve pas pour autant la moindre information sur une éruption récente. Il y a bien eu plusieurs catastrophes liées à ce volcan dans le passé. Une alerte récemment, au mois de mai, mais rien de catastrophique depuis 2002. Une évacuation de la ville aurait forcément laissé des traces sur Internet, même si les chaînes d’info étaient déjà passées à autre chose. Je n’ai pourtant pas rêvé. Je les ai bien entendus en parler hier. Est-ce que j’aurais des hallucinations ? Est-ce que ça pourrait avoir un lien avec mes malaises ? L’angoisse remonte soudainement. Tout se mélange dans son esprit. Pour se rassurer, il se dit qu’il devrait essayer de consulter un médecin. Après quelques coups de fil, il renonce. Impossible d’avoir un rendez-vous en plein été. Manque de médecins, agenda complet, pas de nouveau patient… toutes les excuses possibles ont été données.