Retour au refuge
Bien décidé à tirer cette histoire au clair, malgré le manque de sommeil, Max se lève tôt et part pour le refuge à la première heure afin de pouvoir faire l’aller et retour dans la journée. Il monte d’un pas rapide sans se préoccuper d’un possible malaise. Vers 10h30 heures, il aperçoit le refuge. Personne en vue. Aucun randonneur à cette heure, c’est assez normal. Plus que quelques dizaines de mètres, il aperçoit Héléna qui sort du bâtiment.
— Héléna !
— Bonjour. Que puis-je faire pour vous ?
— Vous me reconnaissez ? Max Perrin. Je suis venu il y a trois jours.
— On voit beaucoup de monde ici en été, vous savez. Je suis sincèrement désolé, mais je ne vous remets pas.
— Mais si. Souvenez-vous. Ma réservation n’était pas enregistrée correctement. Vous avez tout de même eu la gentillesse de m’aider. Un dôme s’était libéré. Souvenez-vous, je suis la marmotte qui a dormi plus de 12 heures.
— Je suis vraiment désolé, monsieur. Max, vous me dites ?
— Oui, c’est ça. Max. Max Perrin. On a discuté un moment quand je suis arrivé. A cause de ce problème de réservation.
Devant l’emportement presque agressif de cet inconnu, Héléna prend peur.
— Ecoutez. Ne vous énervez pas, s’il vous plaît. Entrez, je vais demander à mon mari.
— Oui, bonne idée. Je l’ai eu au téléphone hier après-midi. On ne s’est pas bien compris. C’est pour ça que je suis revenu.
— Laszlo ! Tu peux venir tout de suite s’il te plaît, lance-t-elle aussitôt franchi le seuil du refuge.
Entendant de l’inquiétude dans la voix de sa femme, son mari arrive aussitôt.
— Un problème ? demande-t-il en s’avançant d’un pas ferme
— Bonjour monsieur, je suis Max Perrin…
— Max Perrin. Je me souviens. Que puis-je faire pour vous ?
— Ah ! Vous me reconnaissez. Je suis rassuré, ajoute-t-il non sans un regard vers sa femme. Vous vous souvenez donc de ma visite il y a trois jours.
— Je vous reconnais parfaitement. Je me souviens de votre coup de fil incompréhensible d’hier. De rien d’autre. C’est la première fois que je vous vois.
— Tu me rassures. Ce monsieur me disait à l’instant qu’il était déjà venu et quand j’ai tenté de lui expliquer que je m’en souviendrais, il s’est emporté, tente d’expliquer sa femme.
— Est-ce que vous être venu pour vous mettre en ordre et régler la nuit que vous avez réservée ? reprend Laszlo.
— Mais non ! Enfin ! Je ne suis pas venu pour ça. J’ai déjà réglé le soir même de mon arrivée. C’est une histoire de fou !
— Ecoutez, mon cher monsieur. On ne va pas recommencer cette discussion d’hier. Je vous répète que c’est la première fois qu’on vous voit ici. Héléna, tu confirmes ?
— C’est exact. Je suis vraiment désolé monsieur, mais nous ne comprenons pas où vous voulez en venir.
Oubliant totalement la raison de sa visite au sujet de cette adolescente et de son histoire de volcan, Max est totalement déboussolé par l’attitude de ses interlocuteurs.
— Où je veux en venir ? Mais nulle part. J’essaie juste de comprendre. Pourquoi faites-vous semblant de ne pas me reconnaître ? Ça n’a aucun sens.
— Ce qui n’a aucun sens, monsieur, ce sont vos propos. Nous sommes deux à nous évertuer à vous expliquer qu’on ne vous a jamais vu ici. Je vous répète ce que je vous ai dit au téléphone hier. La seule trace que nous ayons de vous est une réservation non honorée. Si vous voulez bien régler, j’en serai ravi. Dans le cas contraire, je vous demande de quitter les lieux. Ce sera mieux pour tout le monde.
Voyant sa femme reculer, inquiète de la tournure des évènements, Laszlo s’avance d’un pas pour montrer sa détermination. Devant une telle situation, Max ne sait plus quoi dire.
— Je… Je ne comprends rien à ce que vous me dites, répond-il en reculant pour garder ses distances.
— Soyez raisonnable. Il serait préférable pour tout le monde que vous redescendiez.
Ne voulant pas envenimer une situation déjà bien étrange, Max préfère s’incliner.
— Entendu. Je… Je vous prie de m’excuser. Je…
Incapable d’ajouter quoi que ce soit, il recule encore de quelques pas, puis se retourne vers la porte. Sans un mot de plus, il reprend son chemin d’un pas hésitant. Quelques minutes plus tard, son rythme normal retrouvé, il est bien décidé à s’éloigner le plus vite possible de ce lieu. Une envie de courir le saisit soudainement, mais il préfère s’abstenir et tenter de maîtriser une panique naissante.
Annotations