Chapitre 9
Oh putain !
Je regarde Lucy qui se débat avec la chose.
Je regarde la trainée filer à toute vitesse. Je viens de comprendre que ce n’est pas de l’eau dans la bassine de Corey mais de l’essence.
Je sors à toute vitesse, la trainée atteint la bassine. Corey me regarde affolé et fait « mmmmm »
Il s’embrase.
J’aimais bien quand il faisait le tour de la boule de feu humaine mais avec sa combi ignifugée, pas tout nu, imbibé d’essence.
Le feu brule la corde à ses poignets et le chiffon sur sa bouche. Il se jette à terre, roule pour essayer d’éteindre les flammes. Il hurle. Il souffre. Le pauvre.
J’enlève la veste de Cliff et tente de l’éteindre. Mais avec la quantité d’essence sur son corps, c’est quasiment impossible.
Je tapote, l’enroule, le feu semble s’apaiser, ça sent la chair brulée. J’ai toujours détesté cette odeur.
Je jette un coup d’œil à l’intérieur, c’est un carnage. Lucy est toujours en train de se débattre avec Toby, cassant au passage, meubles et vaisselles. Une douzaine de mains s’échappent par la porte, cavalant avec leurs petits doigts. Je me retourne vers Corey, lève la veste.il est carbonisé. Il ne bouge plus.
Je l’entends à peine respirer. Sa main se lève difficilement et il dit avec un filet de voix.
- Lucy…
Je lui prends sa main et la serre.
- C’est toi ? Il me dit faiblement.
Pas le temps d’appeler Lucy, elle est trop occupée, je le rassure.
- Oui, c’est moi, je dis en essayant d’imiter sa voix. .
Il ne me voit pas, ses yeux sont brulés.
Il esquisse un sourire timide.
- Je… veux …
- Oui, tu veux quoi, mon petit Corey ?
- Tes … seins.
Oula.
- Les …toucher…
Le petit coquin, il profite d’être mourant pour toucher les nibards à Lucy. Il perd pas le nord. Je lui dois bien ça, le pauvre.
Je prends sa main, lève le haut de mon costume.
Regarde quand même autour de moi qu’il n’y ait personne, et lui plaque sa main contre ma poitrine nue.
C’est un peu malsain comme situation mais bon, c’est pour la bonne cause.
Il ouvre la bouche.
Sourit à pleines dents et dit difficilement.
- Ahh…tu pointes …
Ça va, c’est parce qu’il fait un peu froid…
- Salope…
Sa main devient toute molle, il tourne la tête et recrache son dernier souffle.
C’est fini.
- Lapin ! Lucy m’appelle à l’aide.
Toby est en train de l’étrangler et lui tape la tête contre un mur.
Bon, faut que je m’active un peu. Je cherche Ed. Il est posé juste à côté de Gart qui agonise toujours en se tenant l’endroit où se trouvaient autrefois ses couilles.
J’attrape Ed.
- Attends, t’as un truc, je lui enlève une touffe de poils coincés entre deux molaires.
- T’es prêt pour le plat de résistance ? je lui demande.
- Le plat de quoi ?
Je ne le laisse pas répondre, le temps presse, je cours à l’intérieur de la maison. Lucy est toujours en train de se faire exploser contre le mur.
Elle est robuste quand même.
- Lapin !
Elle appelle encore à l’aide, mais cette fois, je pense que c’est plus sérieux, un jet de sang sort de sa bouche quand elle l’ouvre.
J’attrape le sac avec le smiley, pose Ed à l’intérieur et le remets sur la gueule absurde de Toby.
Il lâche enfin Lucy qui s’écroule. Ed s’agite dans le sac et commence à le grignoter.
Toby essaie de l’enlever. Il bouge dans tous les sens. Devient nerveux. Hurle comme un taré, pendant que le sac rougit à vue d’œil. Sacré appétit, cet Edouard.
Toby tombe à genoux.
Je récupère ma batte et lui matraque le dos. Son père, toujours à terre, me supplie d’arrêter.
Il peut toujours courir.
Ah non, il peut même pas marcher, j’avais oublié.
Le sac pisse le sang, je pense qu’il doit s’attaquer à sa gorge. Toby est à plat ventre, il ne résiste plus. Je continue de matraquer au cas où.
Il ne bouge plus. Je retire le sac et récupère Ed.
Il dégouline.
La tête de Toby fait un « sploch » quand elle retombe sur le carrelage.
Lucy se relève.
- Ça va ?
Elle crache un gros molard de sang.
- Oui ça va, c’était juste.
Le vieux rampe vers moi et me pointe du doigt.
- Assassins ! Imbéciles !
Je le laisse parler, j’ai pas trop envie de rentrer dans la discussion.
- Un arrivage est prévu ce soir, bande de cons et qui c’est maintenant qui va les arrêter ? Vous avez tué mes gamins, il sanglote.
Je regarde Lucy. Merde, c’est vrai. C’était des trous du cul mais ils étaient quand même rudement efficaces.
- On va se débrouiller, je lui dis sans conviction mais en faisant quand même style de maitriser le sujet.
- Où est Garret ? me demande Lucy.
Le petit, je l’avais carrément oublié. Je l’appelle. Pas de réponse.
Je sors de la maison.
Il est là. Accroupis par terre devant la dépouille de Corey. Il tient sa combi ignifugée contre lui.
Le pauvre, il doit être abattu. Lucy sort à son tour et découvre le corps calciné du petit.
Elle est effondrée.
Garret ne pleure pas. Il reste figé. Le regard vide.
Il est pris de hoquet et de tics nerveux. Il cligne des yeux, sa bouche se tord. Ça doit être le contre coup.
Á côté de lui est posé un téléphone.
- T’as appelé qui ? je lui demande.
Il ne répond pas.
-Garret ! Ouh ouh, Lucy tente de lui faire reprendre ses esprits.
Son hoquet s’arrête, ainsi que ses tics. Il tourne la tête et revient à lui.
- Au shérif. Quand le vieux m’a lâché, j’ai appelé le shérif, il ne devrait pas tarder.
Oh, le con. S’il y avait une personne à ne pas appeler, c’était bien lui.
- Merde, il va nous tomber dessus s’il nous voit, dit Lucy.
Je regarde dans le coffre de la caisse de Béro. Il est rempli de morceaux de corps humains.
Des bras, des jambes, des troncs qui bougent encore. J’envoie les mains.
J’ai trouvé mon bonheur.
J’attrape la scie.
- Venez, on va lui organiser un comité d’accueil.
On rentre tous les trois et demi à l’intérieur.
***
Dix bonnes minutes plus tard, une voiture s’arrête devant la maison. Je regarde discrètement par la fenêtre.
C’est le shérif.
Il ne se doute de rien. Il a confiance en ses gars.
Doit se dire que le problème est enfin réglé.
Il tape à la porte. Patiente quelques secondes. Il l’ouvre puis rentre dans la pièce. Son visage devient pâle.
Il se met la main devant la bouche et reste immobile.
Sur le mur en face de lui, les têtes de Gart, Cliff, Béro, le père et Toby dans son joli sac smiley, ont remplacé les trophées de chasse.
Au milieu d’elles, est accroché le crâne d’Ed qui se met à ricaner.
Pas un rire genre, tiens, c’est marrant ça ! Non, un rire diabolique et furieux envahit la pièce.
Un rire sadique qui fait passer un message.
Je referme bruyamment la porte.
Le shérif sursaute et se retourne.
Il aperçoit un petit gars, un bonnet enfoncé jusqu'à la bouche avec un énorme pieu, une jolie nana, la bouche en sang qui fait tourner sa hache, aussi amochée qu’elle et un type habillé en lapin qui lui pointe sa batte carotte sous le nez.
Le shérif déglutit mais ne dit rien.
Le message est passé.
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