Lapin nous a fait monter dans la voiture.

Il m'a dit qu'il avait une idée.

J’espère qu'il est sûr de lui, je me sens pas de rester bloquée dans ce corps.

Ça fait une demi-heure qu'on roule.

Mais où il nous emmène ? Il jette un coup d'œil dans le rétro et lâche un sourire à l'autre squatteuse.

Je me retourne, je la vois se mordre les lèvres et l'allumer. L’enculé.

Je lui file un coup de coude. Je l'ai pris en flag, il est mal à l'aise.

Ça fait bizarre de se regarder en face.

- C'est bon c'est là, qu'il dit en se garant devant une station-service.

Il descend de la voiture.

- Bougez pas, faut que je donne un coup de fil.

Mais tu veux qu'on aille où ? Et dans ce corps en plus.

- Attends, je viens avec toi, dit Garret.

- Non, tu restes là.

- Je t’assure qu’il vaut mieux que je vienne avec toi, répète Garret en se tortillant sur la banquette.

Ils se dirigent vers le magasin de la station. Le petit part en trombe, je crois que le travail a commencé.

- Et tu t'appelles comment ? je demande à l'autre.

- Tu t'appelles Véronique désormais, elle me répond d'un air hautain.

Elle sort de la caisse, s'appuie contre la portière et s'allume une clope.

- Tu peux me prendre un sandwich ? Je meurs de faim.

- Ok, Lucy... euh pardon, c’est super perturbant, répond le rongeur.

- Par contre, tu y vas mollo sur la bouffe, je lui dis sèchement.

Elle se regarde dans le reflet de la vitre, se tourne, mate son cul, lève son haut et admire son ventre plat.

- Ça va, j'ai de la marge, par contre toi, faudrait te mettre un peu au sport.

Je vais la défoncer cette pute.

Je mate mon reflet, je suis dég’.

Ça déborde de tous les côtés. Je suis désespérée.

Lapin, t'as intérêt d’assurer.

Voilà qu'ils reviennent, il était temps, ça fait une demi-heure qu'ils sont partis.

- Ben alors, vous avez foutu quoi ? Je suis un peu tendue.

- T’inquiète, ils ne vont pas tarder.

C’est qui "ils"? Qu'est-ce qu'il manigance.

Lapin s'approche et me dit.

- Rentrez dans la voiture, faut que je parle à "machine".

Garret s'installe derrière, je reprends ma place côté passager.

C’est super louche.

Une sirène retentit.

Je mate dans le rétro, une voiture rapplique. Je me retourne pour mieux voir, une dizaine de voitures de flics s'amènent vers nous et nous encerclent.

Les agents sortent, pointent leurs flingues sur Lapin.

- Ne bougez plus! Mains sur la tête ! hurle un flic.

Véro obéit.

Lapin lui chope les poignets, la tire vers lui.

- Ne tirez pas ! C’est ok. C’est moi qui vous ai appelés.

- Vous êtes Lapin ? demande le flic.

Il est con ou quoi ? Ça se voit quand même.

Lapin secoue ses deux oreilles, se retourne vers moi.

- Il est con ou quoi ? Ça se voit quand même, il me dit en souriant.

- Lapin qu'est-ce que tu branles ? Ne fais pas ça, je lui dis derrière la vitre.

Il n'a pas entendu mais il a compris. Il hoche la tête et s'avance vers les agents de police.

- C'est elle ! La fille que vous recherchez ! C’est « La faucheuse » !

- C'est quoi ce délire ?! Véro est complètement paniquée.

Lapin la jette vers les flics qui la plaquent au sol et lui mettent les menottes.

- Lucy Brook ! Vous êtes en état d'arrestation pour le meurtre de la famille Kirby. Vous avez le droit de garder le silence...

- Lâchez-moi ! gueule la fille, elle se débat mais en vain.

Elle pète carrément un câble, regarde Lapin et beugle.

- C'est pas moi ! Je ne suis pas Lucy !

- Si si, c'est bien elle. Vous pouvez vérifier ses empreintes, y’a pas de doute, dit Lapin très calme.

- Non ! Lâchez-moi ! Salaud ! T’es qu'une ordure !

- Calme-toi Lucy, c'est fini, tu dois payer pour ton crime.

Le regard de Véro est rempli de haine, elle vient de prendre conscience qu'elle s'est faite baiser et qu'elle va payer pour une autre. Pour moi.

- Tu me le paieras ! Enculé ! Tu n'as pas le droit !

Un flic s'approche d'elle et lui file un coup de Taser.

Elle s'effondre. Ils l'embarquent.

- Merci Lapin, ça fait des mois qu'on est sur ses traces.

- C'est normal, il faut qu'elle purge sa peine, qu'elle apprenne de ses erreurs.

Il en fait un peu trop, là.

Ce mec n'a vraiment aucune dignité.

Les flics se cassent. Lapin rentre dans la voiture.

Il ne dit pas un mot.

Moi non plus. Je ne trouve pas les mots. Je suis bloquée définitivement dans ce corps et le mien va finir ses jours en taule.

C’est complètement irréel.

Il démarre et me dit.

- On récupère nos affaires et on rentre en ville.

Désormais, tu ne crains plus rien.