Quatrième partie
– Il va bien, il est revenu. Il est stable depuis son arrêt cardiaque, on a même pu voir une amélioration dans sa respiration.
L’infirmière rassure mes parents. Je les entends, j’entends pour la première fois depuis longtemps leur explosion de joie, leurs soupirs de soulagement, leurs voix qui se perdent en remerciements et en questions.
Celle de ma mère, murmurée toujours, mais confiante.
Celle de mon père, grave, mais rassurante. Ce sont leurs mains sur mon ventre, je les reconnais maintenant. Si chaudes, si douces, si grandes qu’elles me recouvrent presque entièrement.
Je respire bien, et j’ai moins mal. J’ai l’impression d’avoir dormi pendant des jours. Et peut-être que c’est le cas après tout. Mais je comprends que oui, je suis revenu.
Et je me demande si l’océan aussi. J’essaye d’ouvrir les yeux, j’y arrive difficilement. Il fait nuit, et la grande lumière est éteinte. Sur le côté, il reste une lampe allumée.
L’océan est bien là, il rugit, si grand et si vivant. Et je les vois tous : les poissons, les coraux, les récifs, les étoiles de mer. Je peux les toucher, je suis une pieuvre géante. Je ne pensais même pas que je pouvais être aussi grand. Je peux bouger plus librement que jamais, aussi vite que je le veux. J’ai deux tentacules de plus, plus grands que tous les autres : les bras de mes parents reliés aux miens.
J’ai envie de rire aux éclats.
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