J’ai fini par aller mieux. Par grandir, et par devenir plus fort. Les semaines ont passé et j’ai eu de moins en moins besoin des machines. J’ai pu ouvrir les yeux plus longtemps, respirer tout seul, et quand mes parents ont à nouveau passé leurs mains dans ma boîte, j’ai réussi à serrer leur doigt.

Alors, on m’a enlevé mon premier tentacule. Puis le deuxième, et le troisième.

J’ai été soulagé de voir que l’océan ne disparaissait pas pour autant, même si je devenais de moins en moins pieuvre. Et j’étais tout aussi fort finalement.

Mes parents ont commencé à me parler de la chambre qui m’attendait, de ses couleurs et de ses jouets.

Je ne les avais jamais vus aussi heureux.

Et puis un jour, je me suis retrouvé complètement nu. Fragile et vulnérable.

On m’avait enlevé mon dernier tentacule.

On m’avait sorti de ma boîte.

J’avais froid, peur et je tremblais. En dessous de moi, le vide. On me tenait, mais je cherchais à m’accrocher. Je ne comprenais pas, me recroquevillais sur moi-même, me débattais, alors que mes cris, mes premiers cris, me brûlaient les poumons. Et d’un coup j’ai senti leur chaleur. J’ai entendu battre leur cœur, loin des parois de la boîte. J’ai entendu battre le mien aussi. J’ai senti leurs mains autour de moi, écouté leurs voix qui m’apaisaient. J’ai vu leurs larmes couler pendant que les miennes séchaient. J’étais tout contre mes parents, ma peau touchant la leur, je n’étais plus relié à rien. Mes poumons me faisaient encore mal, mais je respirais seul. J’étais dehors, j’étais libre. J’étais libre.

J’étais dans ce rêve que je faisais toutes les nuits. Mais ce n’en était plus un.