Sur le terrain

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Prenant à la volée mes affaires, je manque de me ramasser plusieurs fois avant d’arriver à sortir du garage tant la belle occupe mes pensées. Il faut absolument que je me prépare. J’ai toujours rêvé de rencontrer la femme parfaite. Je sais qu’elle existe quelque part et la voilà ! Je vais la voir demain !

Je sais que Sam, il ne va pas me laisser partir tranquillement. Gagné. À peine sorti, je l’entends déjà sur mes talons. Un sourire au coin des lèvres, le regard taquin, il passe son bras autour de mes épaules.

  • Alors ? Elle est canon hein ? C’est bien ça, hein ?

Je sens mes joues chauffer et l'éloigne d'un geste vif.

  • Tu racontes n’importe quoi, maugréé-je doucement.

Mais mes yeux trahissent mon trouble.

  • T’en fais pas. Je sais exactement ce dont tu as besoin. Et crois-moi, elle va te tomber dans les bras quand j’en aurai fini avec toi, déclara-t-il en souriant de toutes ses dents.

Je soupire et accélère le pas. J’ai toute une garde-robe à passer en revue pour trouver la tenue parfaite. Voyez-vous, je ne peux pas sortir si je ne suis pas persuadé de mettre la chemise qui s’accorde parfaitement au pantalon, aux chaussures et plus important, à la cravate. Du coup, lorsque Sam s’en mêle, il faut vous imaginer que mon appartement se transforme en un champ de bataille. D’un côté, je représente le clan des personnes de goûts, de l’autre, Sam incarne celui des extravertis fantaisistes. Les deux genres ne s’entendent pas vraiment quand il s’agit de mode et de style. Invariablement, je finis toujours par construire un fort de coussins, des couvertures et tout ce que je trouve autour de moi, tandis que Sam s’acharne à vouloir m’en extraire pour me faire essayer les tenues les plus improbables.

Après dix minutes de métro, nous arrivons à mon appartement en centre-ville. Ouvrant la porte, je fixe Sam avec le plus grand sérieux.

  • Je te préviens, tu es là pour m’aider, compris ?
  • Promis, affirma-t-il en levant les mains au ciel, d’un air innocent, mais avec un sourire malicieux.

Les deux heures suivantes se passent entre les pizzas, les bières avant que ne commence la guerre. L’intégralité de mon armoire se retrouve rapidement au sol grâce à Sam et moi, je me cache sous mes protections de fortunes. Lorsque nous cessons notre combat, harassé par la tâche, assis par terre, mon regard se porte sur le Saint-Graal. Sur ma chaise trônent une chemise en lin noir, un jean foncé et une ceinture de cuir. Juste devant, tels deux saphirs noirs mes chaussures de cuir étincèlent.

Voilà déjà plusieurs heures depuis mon réveil que je cogite dans mon lit pour savoir s’il existe différents univers. Peut-être que dans l’un d’eux, j’ai réussi mon premier rendez-vous. Cette idée me donne le moral et me motive. Je décide après une courte réflexion de plier soigneusement les vêtements choisis la veille. Je vais les emporter avec moi au cas où le travail me prendrait trop de temps pour revenir me changer. À la pensée du rendez-vous, je sens mon cœur s’emballer. La plus belle, la plus gracieuse, la plus délicate, la plus sensuelle femme du monde sera là, rien que pour moi. Enfin, ce n’est pas tout à fait exact, mais je préfère le penser ainsi.

C’est une de ces rares journées où je suis heureux de constater qu’au travail comme d’habitude, tout le monde hormis Sam et moi, est parti dès 17h.

En ébullition devant mon pc, j’entends Sam qui joue sur le sien.

  • Hey Don Juan, t’as qu’à te changer maintenant.

Trouvant l’idée plus que bonne, je m'éclipse avant de revenir, tout beau tout neuf. Sam lève la tête vers moi et arbore une expression des plus étranges. J’ai du mal mettre quelque chose…

  • T’es sérieux là ?

Se plantant devant moi, il retire ma cravate, tente de me coiffer et remet ma chemise qui dépasse à l’arrière de mon pantalon.

  • T’as 33 ans et tu ne sais toujours pas te saper ? Tu sais que c’est ridicule ? Tu le sais hein ?

Je le repousse doucement, embarrassé.

  • Arrête, on dirait ma mère…
  • Ta mère t’aurait carrément remis ta chemise dans ton caleçon, déclara-t-il amusé.
  • T’as pas intérêt…

Je me recule de plusieurs pas. Ma mère est une grande maniaque dans tous les domaines. Je ne la vois que pour les grandes occasions, c’est-à-dire les anniversaires et les fêtes officielles. Afin d’y survivre, je ramène toujours Sam avec moi. Pour mon plus grand malheur, les deux s’entendent comme les deux doigts d’une main. Mais au moins, ma mère me laisse tranquille lorsqu’il est là. Parce qu’il faut dire qu’elle a la sale manie de toujours passer ses doigts recouverts de salive sur mon visage pour enlever de prétendues marques. Non, mais franchement, qui aime avoir de la bave sur les joues ? Mais Sam reprend sa partie de jeu sur son PC, Dieu merci.

Trente minutes plus tard, nous arrivons à l’adresse laissée par la femme d’affaires. Le pavillon de deux étages a de grandes fenêtres ainsi qu’une véranda visible sur le côté. Une petite allée de gravier sillonne un jardin parfaitement entretenu. Si je devais décrire la couleur des murs, je dirais qu’ils sont taupe, parce que je n’ai aucune idée du nom de cette couleur.

Alors que les cailloux crissent sous mes semelles, Jasmine et Mylène arrivent à leur tour. Sur la porte d’entrée est scotchée une lettre que je lis à voix haute.

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