Alerte rouge
Je laisse en suspens mon geste alors que ses mots raisonnent dans ma tête et qu’une alarme rouge sonne à plein régime.
- Ta… fille, réponds-je lentement.
- Oui, Kitty, ma fille, répète-t-elle avec empressement.
- Bien sûr ta fille absolument ! De qui d’autre pourrions-nous parler ? M’exclamé-je comme si de rien n’était, si cela était encore possible.
Je regarde l’assiette de pâtes qui vient d’être déposée devant moi et je sens le sang quitter mon visage. De mon corps entier en fait. C’est la catastrophe !
- Alors, quelles sont vos avancées ? interroge-t-elle, d’un air méfiant.
- Et bien... Elle va bien. Comme je vous le disais, elle va bien. Nous allons la contacter sous peu, affirmé-je de ma voix la plus posée possible.
Il me faut un plan de secours. La main dans ma poche de veste, j’envoie à Sam un texto d’urgence absolue. Quelques secondes plus tard, mon téléphone sonne. Déglutissant, je décroche alors que mon ami me sauve ainsi la vie. Paniqué, je prétexte, en prenant mes affaires, que je dois rentrer immédiatement, question de vie ou de mort. Le regard choqué et interloqué de la magnifique femme me fend le cœur. Mais je n’ai pas le choix ! Je m’éclipse en quelques secondes, la mort dans l’âme. Mais qu’est-ce qu’il lui a pris de nous contacter pour une disparition d’humaine ? On fait dans les animaux nous, pas dans les humains ! C’est à la police de s’en charger, pas à nous. Bon d’accord, il faut attendre plus longtemps avec les forces de l’ordre pour qu’ils s’en chargent. Mais quand même !
Quelques rues plus loin, haletant, j’envoie des SMS d’urgence à notre groupe et je me connecte sur le logiciel que Mylène a programmé.
- Alerte rouge. Kitty n’est pas un animal ! C’est la fille de notre cliente ! m’écrié-je aussitôt en ligne.
Après un instant de silence, c’est la voix de Sam que je reconnais.
- Alors on y retourne demain soir, on vérifie les caméras et… Tu lui as dit quoi du coup ?
- Qu’elle allait revenir parce qu’elle était bien nourrie entre autres.
Je suis mal à l’aise. Les rires des filles m’irritent, mais je garde mon calme en rejoignant mon appartement. Après tout, même elles ont cru que c’était un chat.
- Demain, rendez-vous à 18h précise à son domicile, ordonné-je avant de raccrocher.
Arrivé, je m’effondre sur mon lit, gémissant de désespoir. J’ai complètement ruiné toutes mes chances avec la plus magnifique femme que je n’ai jamais rencontrée ! Dans un élan de désolation, je vide le fond d’une bouteille d’alcool, ma meilleure amie en ce moment et m’endors comme une souche.
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