Deuxième jour

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Au cours des heures qui suivent, nos bruits de pas résonnent dans toute la maison, presque frénétiquement. Mylène trouve une tablette tactile dans la véranda appartenant à Kitty et Sam son journal intime sous le matelas – un classique selon lui -. La suite de la soirée se déroule dans notre quartier général. Nous consacrons notre temps à l’étude de nos trouvailles.

Avec Jasmine, je visionne les images des caméras que nous avions cachées. Je désespère de trouver quelque chose de concret. C’est alors que je reconnais le visage de celle que nous recherchons. Elle monte dans une voiture décapotable noire avec empressement.

Alors que 20h s’affiche sur nos écrans, nous savons désormais ce qu’il en est. Par le journal intime et les caméras, nous avons appris que Kitty est revenue prendre des affaires pour aller avec Pierre Delaroche, entraîneur de Yoga. Grâce à sa tablette tactile non verrouillée au démarrage et à sa connexion automatique aux réseaux sociaux, nous connaissons son itinéraire et son lieu de chute.

J’ai contacté par mail Madame Bender en vue d’un nouveau rendez-vous. Après un email-fleuve d’excuses, je lui assure que nous avons d’excellentes nouvelles. C’est sûrement pour ça qu’elle a accepté, bien plus que pour mon « charme fou » comme le déclare Sam. Cependant, j’espère bien pouvoir avoir une seconde chance avec elle. L’idée contraire me serre le cœur et me rend nauséeux.

Cette fois-ci, c’est elle qui a choisi le restaurant. En cherchant sur internet, je me suis à moitié étranglé avec une cacahuète. C’est un restaurant 4 étoiles ! Sam me programme une journée shopping et relooking, indispensable selon lui. En me regardant dans le miroir de mon salon, j’observe mes cheveux aux vents, mes lentilles, ma chemise ouverte, sans cravate. Souriant, je me trouve fringant. J’ai même réussi à rentrer dans un pantalon plus petit que les anciens. Comme quoi, le stress, ça vous fait perdre du poids en quelques jours, et ce, sans même faire de sport ! Les deux pouces en l’air, Sam me félicite et me conduit au restaurant. Il m’y dépose et repart. Je suis paniqué et anxieux à l’idée de la revoir.

Je n’attends pas depuis plus de deux minutes que le portier me questionne, dans un costume rouge et or. J’ai l’impression de faire tache dans mes vêtements de grandes surfaces à côté des tissus hauts de couture du portier. Je réponds que je patiente pour retrouver Mme Bender. Consultant une liste, il me demande de le suivre, ce que je fais, estomaqué. L’endroit est-il à ce point prestigieux que même les portiers ont une liste des personnes présentes dans le restaurant ? Amené jusqu’à un serveur qui vérifie la réservation, ce dernier me fait signe de le suivre jusqu’à la table qui nous est réservée. La table ronde à la nappe rouge brodée, les chaises noires satinées, les fleurs blanches délicatement odorantes, les bougies aux parfums de cèdre et d’acajou… L’odeur douce m’apaise. C’est tellement romantique ! Cela veut-il dire que je peux encore envisager de la séduire ? Après tout, on n’invite pas une personne dans un endroit pareil, juste pour le travail non ?

Adélaïde m’attend déjà. Portant un chignon serré, je regrette un peu qu’elle n’ait pas détaché ses cheveux. Mais elle rayonne de beauté dans sa robe serrée et très chic. Sa présence emplit l’espace. Les doigts croisés sous son menton délicat, son visage est concentré et je sais pourquoi. Elle attend beaucoup de ce rendez-vous, moi aussi. M’avançant dans mes nouvelles chaussures qui me font atrocement mal, je déclare avant même de m’asseoir ou de lui dire bonjour :

  • Tout d’abord, merci de me revoir. Ensuite, nous l’avons retrouvée, elle va bien. Elle rentrera en fin de semaine, d’une escapade avec un certain Pierre Delaroche.

Je prends place, espérant voir sur ses traits du soulagement ou un sourire. Mais c’est plutôt de la contrariété. Un soupir plus tard, la main sur son cœur, elle sourit et je respire de nouveau : tout ne semble pas perdu.

  • Dieu merci… Mais elle va m’entendre en rentrant ! fulmine-t-elle.
  • Les enfants, acquiescé-je
  • Ils nous donnent des cheveux blancs, convint-elle en souriant doucement.

Je hoche la tête alors que je n’en ai pas la moindre idée. Prenant mon courage à deux mais, je plonge mon regard dans le sien. Intense, pétillant. Elle ne me tient sûrement plus rigueur de la petite confusion du début de l’enquête. Et cette petite fossette-là, elle est pour moi. Elle m’apprécie alors ! Je me redresse, bombant le torse. J’irradie de confiance et appelle même le serveur pour passer commande. Maintenant, les choses sérieuses peuvent commencer. Je dois me lancer. Mais de nouveau, c’est elle parle en premier.

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