Chapitre 48
Là devant le miroir de la salle de bain, je me regardais. Mes amies avaient noué mes cheveux avec une tresse qui retombait sur mon épaule et posé, sur ma tête, une couronne de fleurs sauvages. La robe de Charlotte mettait en valeur ma poitrine généreuse, avec un décolleté plongeant. Celui-ci, aurait dû normalement descendre entre mes seins, mais avec cette augmentation mammaire récente, il arrivait juste en dessous de la poitrine. Mon ventre rebondi était drapé par le tissu lourd et soyeux et se balançait au rythme de mes mouvements. Mes yeux avaient été mis en valeur par un trait délicat d'eye-liner et ma bouche rehaussée par un gloss frais et léger.
- Ça fait du bien de se sentir belle. Depuis que je suis ici, à plein temps, je ne prends plus le temps de m'apprêter.
- Je suis d'accord avec toi. C'est dur de ne mettre que des vêtements pratiques, dit Charlotte.
- Je pense que l'on devrait faire l'effort de mettre de beaux vêtements, quand nous organisons des repas festifs, proposa Edwina. C'est important de prendre soin de nous plaire.
- Tu as tout à fait raison, et c'est une très bonne idée, dis-je.
- D'ailleurs, en parlant de ça, c'est à notre tour de nous habiller.
- Je vais vous laisser, pour trouver de quoi me parfumer avec les huiles essentielles qu'Octavio stocke dans sa pharmacie, dis-je en rentrant dans l'infirmerie.
Dans dix minutes maintenant, je rejoindrais Tommy pour nous unir l'un à l'autre. Mais je me demandais tout à coup, comment allait se passer tout ceci ? Je n'avais rien prévu, me laissant porté par le quotidien, chargé, de la construction de Liberta. Tommy, avait-il prévu quelque chose de particulier ? Devais-je prendre la parole ? Et si oui, qu'allais-je bien pouvoir dire ? Je sentis un poids sur ma poitrine, irradier dans tout mon corps, jusqu'au picotement dans le bout de mes doigts.
Je m'assis, prise par un léger vertige.
- Oh, qu'est-ce qui t'arrive, tu es toute pâle, dit Edwina en rentrant, déjà vêtue d'une robe moulante prune.
- Une petite crise d'angoisse, je crois.
- Pourtant, j'avais l'impression que notre petit massage, t'avait détendue.
- Oui, mais que vais-je dire, tout à l'heure, devant tout le monde. Tommy a sûrement préparé un discours et moi, je n'ai rien.
- T'inquiètes, dit Charlotte en passant la porte à son tour, dans une robe beige et évasée, je suis sûre que tu trouveras les mots le moment venu. Rassure-toi ! Et sinon, tu as trouvé de quoi nous parfumer ?
- Non, je n'ai pas eu le temps, vous êtes de vraie flèche.
- Tu peux regarder dans la pharmacie, Naïa, pendant qu'on se maquille ? demanda Edwina.
- Bien évidemment.
Je trouvais de l'huile essentielle de muguet pour moi, Edwina préférait la lavande et Charlotte opta pour un mélange subtil des deux. Octavio nous avait recommandé de ne jamais mettre une goutte pure directement sur notre peau. Alors, n'ayant pas le temps de faire une préparation convenable, nous choisissions de l'appliquer sur nos vêtements.
- Nous voilà fin prêtes, dit Edwina en me tendant son coude.
Avec plaisir, j'attrapais son bras et tendais le mien à Charlotte. Nous dirigeant vers la pergola, j'aperçus les garçons qui discutaient, en nous attendant. Octavio et Fabien s'écartèrent, en nous entendant approcher et je découvris mon Tommy, dans un costume en lin beige et une belle chemise blanche. Il avait rehaussé son costume d'une boutonnière de lavande et de graminées et comme moi avait sur la tête une couronne confectionnée sûrement par Edwina et Charlotte.
En me voyant, il me tendit la main et son visage s'illumina d'un magnifique sourire, que je lui rendis. J'étais heureuse maintenant, face à lui et entourée de mes amis.
- Nous vous avons réuni aujourd'hui, pour officialiser notre union, débuta Tommy, en ouvrant une feuille manuscrite.
Mon Dieu, il a tout préparé et mon discours va être nul, à côté du sien, j'en suis sûre, pensai-je.
- Naïa, il y a plusieurs mois maintenant, Octavio me racontait l'étrange rencontre qu'il avait faite dans la forêt. Je l'ai d'abord pris pour un fou, mais quand je t'ai vu pour la première fois, j'ai découvert la chose la plus délicieuse qu'il m'ait été donné de voir. Nous avons découvert ensemble des plaisirs et des sentiments nouveaux. Il m'a fallu apprivoiser mes peurs et apprendre à te faire confiance. J'ai eu cette intime conviction que je voulais me réveiller dans ton lit chaque matin. J'ai voulu construire cette nouvelle vie pour toi, pour que jamais nous ne soyons séparés. Et même si parfois la vie peut-être dure, le bonheur d'être ensemble est plus grand. Je voulais, aujourd'hui, partager mes sentiments pour toi avec mes amis et je dirais même ma famille. Vous êtes mon foyer, Tu es mon foyer et je veux l'être pour toi pour toujours. Naïa, tu es et tu seras, la plus belle rencontre de ma vie. Accepte de t'unir à moi pour toujours.
Comme je le craignais presque, Tommy avait trouvé les mots justes et les yeux pleins de larmes, j'étais devant lui et mes amis, sans savoir quoi dire.
- Tommy, je n'ai rien préparé et les mots que tu viens de me dire me touchent tellement. Je cherche désespérément dans mon vocabulaire le mot qui pourrait te faire comprendre à quel point, mon corps vibre pour toi.
Comme ce mot que vous avez sur le bout de la langue qui ne veut pas sortir, je me débattais intérieurement.
- Mais je prends, conscience, en cet instant, qu'il ne faudrait pas un mot, mais mille pour décrire tout ce que je ressens pour toi. Celui du bonheur de se réveiller à tes côtés chaque matin. Celui de la puissance des émotions quand ton corps tout entier me donne du plaisir. Celui de la souffrance quand, loin de moi, tu me manques. Celui de la force que j'ai quand tu me regardes tendrement. Celui pour l'avenir radieux que j'imagine vivre avec toi. Celui des rires quand la joie nous submerge. Comment ai-je pu vivre avant toi ? Je me pose cette question chaque jour. Avec toi je suis moi, sans toi, je ne serais rien. Sois à mes côtés pour toujours. Accepte-moi pour tout le bonheur que je veux t'apporter. Accepte notre enfant, comme symbole de ce lien inexplicable qui nous lie l'un à l'autre. Tommy, tu es la moitié qui me manquait depuis toujours, je le sais maintenant et je suis heureuse que nous soyons unis l'un à l'autre pour toujours.
Les mots étaient sortis de ma tête le plus simplement du monde et Tommy pleurait, à son tour, en m'écoutant attentivement. Un instant de silence avait suivi et le temps avait semblé s'arrêter. Ses yeux plongés dans les miens me renvoyaient tellement d'amour, que mon corps était sur le point d'exploser. Il posa sa main sur ma joue, déposa un baiser sur mon front, sur mes yeux, sur mon nez et enfin sur ma bouche. Pendant un petit moment d'éternité, il n'y avait plus que sa bouche et la mienne, il n'y avait plus que nos cœurs qui battaient à l'unisson.
Cet instant de grâce, fut interrompu par les applaudissements de nos amis qui pleuraient à chaudes larmes.
- Et maintenant il est temps de faire la fête, claironna Tommy, de sa magnifique voix.
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