Dans la gueule du loup
Le pauvre Horace dut se résigner et partit chercher quoi manger. Il erra plusieurs heures sans pourvoir attraper quoi que ce soit.
Le ventre qui gargouille, il se dirigea vers une mare pour étancher sa soif, au moins. Il passa devant un éléphant d’un bel âge.
– Qu’est ce que tu as l’ami? lui demanda le grand colosse.
– Je suis très faible, je n’ai pas mangé de toute la journée.
– Fais attention, les braconniers sont dans la parages. Ils te rattraperaient vite fait si'l te voyaient.
– Je suis le roi de la Savane, je ne crains personne, dit Horace avec condescendance.
– Si tu le dit.
En revenant bredouille sous le baobab, Horace vit stupéfait que Topaz était sur le point de finir une belle autruche bien dodue. Il eut la salive dans la gueule et s’approcha pour manger. La lionne lui laissa volontiers les restes et s’en alla loin se coucher.
Le matin de bonheur, le couple foireux continua sa route vers le nord, Topaz en tête. La vue sur le lac y était magnifique à ce qu’on racontait. Il furent surpris par un bruit rauque et un soulèvement de poussière venant de loin et qui se rapprochaient d’eux à une vitesse impossible. Affolés, ils coururent de toutes leurs forces loin du danger imminent. Mais Horace, ayant très peu mangé et trop marché la veille, était à bout de souffle après quelques minutes de course. Il fut rapidement encerclé par les braconniers, assis confortablement dans leurs 4X4 majestueux, qui lui tirèrent dessus avec un tranquillisant et l’embarquèrent comme un sac de patates. Il se réveilla dans une cage, piégé pour toujours. Topaz, plus jeune, mieux nourrie et plus rapide était parvenue, quand à elle, à se sauver. Ne pouvant rester trop longtemps seule, elle se résigna à rejoindre sa troupe.
Le soir, les braconniers n’arrivaient toujours pas à se décider quoi faire du lion. Devaient-ils le tuer et vendre sa peau à ce riche Texan qui en avait commandé une dizaine? Ou serait-il plus juteux de le vendre vivant à un zoo ou à un collecteurs d’animaux sauvages. Des clients comme ça, il y en avait de partout dans le monde, même en Europe.
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