Bar To Hadès
Si vous vivez en Angleterre, vous saurez sûrement que la capitale est vaste. Il est également certain que vous apprécierez vous y promener de jour, lorsqu'un éclairci le permet. Peut-être vous perdrez-vous dans les nombreuses rues existantes, vous éloignant ainsi du tumulte du centre-ville. Et, pourquoi pas ne pas se remettre de ces émotions dans le premier pub qui vient ? De toute façon, vous l'avez bien mérité, ce petit café, vous avez travaillé dur aujourd'hui.
Le Bar To Hades vous ouvre ses portes. Le nom de l'établissement sonne de façon étrange et pourtant, il a l'air tellement banal. Une certaine chaleur s'en dégage, comme tout bon pub qui se veut respectable. Alors, on y entre. La façade grise et humidifiée par les années de pluie ne vous ont pas fait fuir, l'enseigne délavée non plus... De toute façon, elles sont toutes comme cela dans le coin.
L'intérieur est simple, mais il y fait chaud. La pièce principale est de taille conséquente, seulement très peu de tables y sont présentes. Il n'y en a que cinq et quatre sièges bordent le comptoir. Deux de ses chaises sont déjà prisent par deux hommes, sûrement des ouvriers aux vues de leurs vêtements usés et de leur allure peu soignées. Une table est également occupée. Encore des hommes, discutant de politique de façon bancale autour de deux bières brunes. Enfin, ce n'est pas cela qui est le plus intrigant pour le moment.
En fait, la première chose qui attire le regard, ce n'est ni le peu de places assises, ni la propreté irréprochable des lieux et encore moins le papier peint style baroque qui se décolle dans les coins les plus hauts des murs.
Non... C'est simplement la tenancière. Celle qui sert les chopes et qui lave les verres. Celle qui sourit discrètement et qui se fait invisible. Bien que son visage soit quelconque, elle dégage un certain charme. Cette jeune femme d'environ vingt-cinq ans dégage une aura terriblement exotique qui contraste avec le classique des lieux. Ses yeux sont bridés attestant certainement de ses origines asiatiques. Cependant, leur couleur, vert olive, vous indique autre chose. Mais à quoi bon s'attarder sur ce détail, alors que ses vêtements sont tout aussi intrigants ? Des fils dorés sont encrés sur un tissu soyeux de couleur brune et forment de nombreuses arabesques élégantes et abstraits. Cela n'aurait rien de bien intéressant si cette robe n'était pas raide et près du corps, avec un col cachant son cou et retenue par une petite lanière cordée de même couleur que les borderies. Fendue du bas de la robe qui frôle ses chevilles, jusqu’à la moitié de sa cuisse qui donne un aperçu de la peau blanche de la propriétaire.
Il s'agit là d'un portrait atypique d'une jeune femme aux traits asiatiques qui se démarque dans cet univers totalement londonien. Si vous en êtes surpris, il n'y a pas de quoi. Après tout, cet établissement ne serait pas là si, vingt-trois ans auparavant, cette femme n'avait pas poussé son premier cri. C'est après ce premier cri, premier souffle, que ses parents nommèrent l'enfant naissant : Perséphone.
Perséphone, comme la déesse grecque associée au retour de la végétation après l'hiver, comme la jeune fille enlevée par le dieu des enfers. C'est à toutes ces références mythologiques que pensèrent les époux Neji et Tamiko Kohola quand, deux ans plus tard, ils eurent enfin la chance de pouvoir reprendre l'affaire du vieux patron de Neji. Renommer le « The sweet rain » fut le plus délicat pour Neji qui y avait travaillé toute sa vie. Mais l'affaire qu'il avait achetée avec sa femme était en partie pour que leurs enfants aient un héritage, alors il le fit renommer le « Bar To Hades ».
Maintenant qu'un bon café noir vous a été servi, vous pouvez prendre le temps d'inspecter les lieux. Au fond de la pièce, la porte des sanitaires au cas où un besoin naturel se ferait sentir, et, sur la droite, un escalier de bois. Cet escalier, n'imaginez pas le gravir sans invitation. Il est réservé. Pour y accéder, il faut remplir plusieurs critères.
La première de ces conditions est d'être une femme. Peu importe que vous soyez jeune ou vielle. Du moment que vous avez atteint votre majorité vous serez à moitié accepté en haut de ses escaliers. La seconde et dernière modalité pour rester et revenir visiter le premier étage du Bar To Hades, c'est d'avoir les moyens de vous payer une tasse de thé et des petits gâteaux coûtant trois fois le prix de ce qu'il peut y avoir dans tout autre salon de thé. Un pub salon de thé, voilà ce qu'est le Pourtant, ce salon de thé si cher possède quelque chose que les autres n'ont pas. Un petit plus mis en place par Perséphone. La curiosité vous prend aux tripes. C'est inévitable. Fort heureusement, vous êtes une femme, vous venez d'un milieu aisé. Vous êtes donc conviée à gravir les quinze marches de bois en colimaçon encastrées dans le coin gauche de l'établissement. L'espace est très confiné, vous remarquez qu'il y a seulement de la place pour qu'une seule personne puisse passer. Alors, vous pressez le pas pour ne pas être prise de court par quelqu'un qui descendrait. Même si vous ne savez pas vraiment ce qu'il se passe à ce premier étage, vous imaginez beaucoup de choses, vous faites quelques films avant de vous stopper net.
Vous êtes arrivée en haut de ces marches étroites et êtes interrompus dans votre ascension par un double rideau de perles de bois sombre. Des ombres se meuvent derrières et quelques éclats de rire ainsi que le chuchotement propre aux conversations discrètes vous parviennent déjà aux oreilles. Peut-être souriez-vous ? Ce qui est certain, c'est que vous êtes rassurée de ne pas vous savoir seule. Vous pouvez alors monter la dernière marche et traverser les rideaux qui chantent entre eux pour prévenir de votre arrivée. Vos yeux peuvent maintenant admirer le splendide de la pièce. L'ambiance est tamisée grâce au plafonnier. Une imitation de ce qui se faisait dans les palais à l'époque baroque. Les fenêtres sont camouflées à l'aide de lourds pans de velours près desquels des tables de bois cirées sont placées, autour deux de ces bancs à dossiers rembourrés de couleur bordeaux. Ils vous semblent confortables et inconsciemment vous avez choisit votre place.
Seulement, ce n'est pas tout. Vous ne l'aviez pas remarqué avant, mais maintenant qu'il s'incline devant vous, vous ne pouvez plus l'ignorer. Il s'agit d'un jeune homme. Vous ne voyez pour le moment que le dessus son crâne, mais vous vous sentez rougir faiblement d'une telle attention. Il se redresse. Vous le trouvez beau.
- Bienvenue au premier étage du Bar To Hades, Milady...
Vous comprenez maintenant pourquoi le menu de ce petit salon présente des prix exorbitants. De charmants gentlemen sont là pour faire le service. Vous les comptez et en dénombrez sept. Ils ont tous quelque chose de spécial et beaucoup sont déjà accaparés par d'autres femmes telles que vous.
Un salon de thé où de beaux garçons ne sont là que pour votre bon plaisir. Il fallait y penser. Perséphone a fait mieux, elle a réalisé tout cela. Pour que chaque jeune femme puisse vivre, le temps de leurs passages dans son établissement, leurs rêves d'enfant. Très peu de demoiselles cessent un jour d'être des petites filles en quête de princes charmants. Ici, vous trouverez obligatoirement l'homme qui saura vous servir comme vous l'avez toujours imaginé.
Maintenant que vous vous trouvez au premier étage du Bar To Hades, laissez vous guider par votre hôte et plongez dans l’irréel du lieu qui vous est dédié...
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