Chapitre 01 : Ophelie Tompson
Pas de doute possible, la fin du cours était arrivée. Le professeur qui avait été concentré sur son exposé de deux heures sur les avantages et les inconvénients des monnaies au cours de l'histoire fut rappelé dans la réalité, quand trois quarts de ses élèves se furent déjà évaporés. Le vieillard grogna faiblement et ne prit pas la peine de terminer sa phrase. Il profita du brouhaha ambiant pour citer un titre de revue à parcourir pour le prochain cours. Ophelie nota calmement l'indication avant de ranger ses affaires avec lenteur. Elle ne supportait pas cette foule de prolétaires. Elle préférait attendre cinq bonnes minutes que de se faufiler parmi cette populace indigne d'elle.
Soupirant discrètement, elle leva ses yeux vers l'un des murs de la salle. L'heure du thé avait été annoncée par la pendule de l’amphithéâtre numéro cinquante sept. Mais, il ne fallait pas se faire d'illusions quand au but de tous ces étudiants. Très peu d'entre eux se jetteraient sur l'eau chaude en rentrant dans leur chambre universitaire étriquée. Ce qui les intéressaient sûrement était les livres de la bibliothèque. Être les meilleurs pour obtenir leurs examens et écraser le reste de leur promotion. Ophelie était ce genre d'étudiante. Combative, la compétition ne l'effrayait pas. Bien au contraire, le fait de se battre pour être l'une des plus brillante la poussait à toujours faire le maximum, ne se laissant jamais aller. Elle se serait, sans aucun doute, rendue à la bibliothèque pour parcourir la revue indiquée par son professeur si elle n'avait pas prévu de rejoindre l'une de ses meilleures amies après les cours.
Maintenant que la salle était déjà désertée, elle put élégamment se faufiler hors du banc avant de gravir les quelques marches qui la séparaient encore de l'air frais. Son sac de cours balancé sur son épaule, elle poussa la porte en bois avec force pour avoir assez de place et de temps pour passer avant que celle-ci ne se referme. Ophelie se trouvait enfin à l'extérieur. Elle inspira une grande goulée d'air, ce qui eut pour effet de dissiper sa migraine naissante. Se dire que sa journée était terminée était une véritable bénédiction pour la demoiselle qui fournissait beaucoup de son énergie. Heureusement que deux de ses amies vivaient, avec elle, l'expérience des études supérieures. Ophelie pouvait au moins partager ses impressions avec elles.
Au moment où elle songeait au soutient que ces filles lui fournissait, la jeune étudiante aperçut la charmante tête blonde appartenant à son amie. Ophelie l'avait facilement reconnue de dos. Evalyn s'était fait teindre sa tête brune en blonde platine l'année dernière. Ses cheveux semblaient briller dans les quelques faibles rayons de soleils. Maintenant que la demoiselle était dans sa ligne de mire plus aucun de ces étudiants insignifiants n'avaient d'importance et elle ne pensait même plus à les mépriser. Ophelie reprit sa marche d'un pas vif pour aller se placer devant son amie
Evalyn Mortis était issue d'une famille française. Elle était également en dernière année de premier cycle universitaire. Bien qu'elle ait fêté ses vingt-trois ans au mois de novembre passé, il s'agissait d'une élève brillante qui avait déjà un diplôme d'étude supérieure en art. A l'université, elle suivait encore ce même cursus artistique, se concentrant sur la peinture. D'ailleurs, quand Ophelie fut devant elle, l'étudiante en commerce put remarquer que la blonde était encore en train de griffonner un énième croquis qui serait sûrement mit en aquarelle. La jeune artiste, en plus d'être douée était naturellement jolie. Elle n'avait pas besoin de se maquiller pour être belle. Ophelie en aurait presque été jalouse si elle ne s'était pas sut aussi adorable. En effet, en plus de ses cheveux blonds platines légèrement ondulés s'arrêtant légèrement en dessous de ses épaules, Evalyn possédait de grands yeux gris perle brillants d'imagination. Son visage, plutôt rond, lui donnait l'impression de sortir d'un musée de poupée où elle aurait été la pièce maîtresse. Un nez droit et au bout légèrement pointu, des lèvres pâles et les joues rebondies, voilà qui terminait le portrait de la dessinatrice. Son corps détenait également de jolies formes qui la rendaient pulpeuse et très agréable à regarder. Ophelie aurait continué son analyse si Evalyn n'avait pas relevé doucement la tête vers elle, lui offrant un sourire alors qu'elle arrêtait son croquis.
- Ho ! Ophelie ! Je ne t'attendais pas avant au moins cinq minutes, tu t'es forcée de traverser la foule ? Commença à faire remarquer la jeune blonde, tout en rangeant ses affaires avec minutie.
- Oui, on va dire que je n'avais pas envie de te laisser seule parmi les boursiers, on ne sait jamais, ces gens sont du genre à racketter les personnes de notre condition ! Il faut se méfier de tout le monde ! Reprit Ophelie en lançant quelques regards autour d'elle tout en étant amusée par ses propres mots.
- Ne soit pas si dure avec eux... Ce sont des humains comme nous après tout. Répliqua plus discrètement l'autre fille tout en se levant, une fois ses affaires remisent dans son sac. Evalyn reprit aussitôt la parole, ne laissant pas le temps à Ophelie de pouvoir enchérir.
- Je peux quand même te demander comment fut ton cours ? Son ton était tout de suite moins grave.
A cette question, Ophelie soupira longuement et passa une main sur son front, montrant ainsi que cette question était inutile aux vues de son état d'épuisement.
- Long... extrêmement long et intensément capitalistique. J'ai presque cru que le temps s'était arrêté tellement ce cours était sans fin ! Se plaignit l'économiste en herbe.
Suite à ce petit numéro, Evalyn rit légèrement tout en prenant son amie par le bras, l'éloignant ainsi du banc ainsi que des salles de cours, tout cela pour arpenter les larges allées pavées de l'université. Evalyn s'était dirigée vers le complexe sportif, une habitude qu'elles avaient pris.
Ophelie se sentait bien à marcher ainsi au bras de son amie. Cela lui rappelait qu'à part ses quelques complices, elle ne pouvait faire confiance à personne. Puisqu'elle faisait partie de la famille Tompson, elle savait qu'instinctivement, elle attirait des parasites intéressés uniquement par sa fortune. Cependant, elle ne s'inquiétait pas que cela se produise avec Evalyn. En effet, cette passionnée d'art venait d'une famille qui devait approximativement posséder le même patrimoine. Peu probable donc, qu'une quelconque rivalité s'installe entre elles. Surtout qu'elles se connaissaient toutes deux depuis leur entrée à la petite école. Leur amitié était longue et forte et même si les deux filles pouvaient chacune vivre de leur côté, elles appréciaient, l'une et l'autre, les moments complices qu'elles passaient ensemble.
Voyant dans quelle direction les emmenait Evalyn, Ophelie comprit immédiatement ce que sa partenaire comptait faire. Il ne s'agissait pas d'aller faire de l'exercice. Non, les demoiselles n'étaient pas du genre à apprécier suer sang et eaux devant des spectateurs aux pensées mal placées et ainsi être exposées au ragot qui se propageraient aussi rapidement qu'une traînée de poudre. Non, une seule chose les attirait près du complexe sportif récemment rénové.
- J’attends que Naomy sorte de son entraînement, tu l'attends avec moi ? Proposa simplement la demoiselle aux cheveux platine en tournant son visage vers la jeune femme qu'elle avait au bras.
Les deux étudiantes s'étaient stoppées doucement, restant en plein milieu du passage sans se soucier de ce qu'il pouvait bien se passer sur ce chemin. De façon négative, Ophelie secoua calmement la tête avant d'expliquer la raison de son refus.
- J'ai d'autres choses de prévues pour ce soir, mais tu lui passeras le bonjour de ma part, j'ai de moins en moins l'occasion de la voir, j'ai comme l'impression qu'elle passe tout son temps à s’entraîner. J'espère qu'elle ne se surmène pas ! S'inquiétait Ophelie en croisant ses bras sous sa poitrine tout en fusillant du regard le bâtiment d'où sortait un groupe de garçons bodybuildés.
- Elle s’entraîne plus de cinq heures par jour ici et sûrement fait-elle la même chose en rentrant chez sa mère. Hélas... Peu importe ce qu'on lui dira, elle n'en fera qu'à sa tête, tu connais Naomy. Répondit Evalyn, résignée.
Il était vrai que leur dernière amie, Naomy Powell, était du genre têtue, déterminée et excessive dans ses objectifs. Gymnaste cumulant les prix, elle ne s'était fixée qu'un seul objectif depuis son entrée à l'université : les Jeux Olympiques. Tout d'abord amie d'Evalyn, Ophelie avait eu du mal à l'accepter à cause de son statut de boursière. Ophelie ne supportait pas ces gens qui, comme des mendiants, se plaignaient de leur sort et quémandaient de l'argent ou bien des délais. Elle avait finalement accepté Naomy en apprenant à la connaître. Charmée par le caractère fier, légèrement hautain et hardi de la demoiselle, Ophelie avait fait une exception pour elle. Mais seulement pour elle. D'ailleurs, la bourgeoise n'avait pas fait que cela pour aider Naomy. En effet, loin de la snober, elle avait offert à sa nouvelle camarade, un emploi occasionnel dans sa propre maison en temps que femme de ménage. Enfin, il s'agissait là plus d'un prétexte pour pouvoir lui donner de l'argent et ensuite aller dévaliser les boutiques de marques. En effet, les jours où Naomy était sensée astiquer le sol du manoir, elle passait des heures près de la piscine chauffées à siroter quelques cocktails. Ophelie ne pouvait que constatée que Naomy avait tout d'une fille de riche... sauf l'argent et cela, il fallait avouer que ce n'était de la faute à personne si la roue de la réincarnation avait mal tournée pour Naomy.
Passant ainsi son tour pour attendre que Naomy sorte des douches communes, flanquée de l'équipe dont elle était capitaine. Ophelie embrassa Evalyn sur les deux joues avant de s'éloigner des bâtiments de l'université. Un autre emploie du temps, plus plaisant et plus personnel, l'attendait alors.
Comme tous les soirs, une limousine noire de type lincoln town était stationnée de l'autre côté de la route d'où avait été construite le complexe universitaire de Londres dans lequel étudiait les trois filles. Ophelie ne se pressa pas pour arriver devant l'auto, elle laissait ainsi le temps à son chauffeur de sortir de la voiture pour lui ouvrir la portière avant même qu'elle ne se présente. Une fois arrivée là, le vieux Karl la saluant en s'inclinant pour la deuxième fois de la journée. Il était impeccable, comme toujours. Son costume noir faisait ressortir le mate de sa peau et sa chemise blanche constamment éclatante accentuait le jeu de contraste. Malgré son âge avancé, il restait aussi droit qu'un piquet. Toujours là lorsqu'on en avait besoin, il avait participé en grande partie à l'éducation d'Ophelie et de sa cousine. Un sourire bienveillant sur les lèvres, il demanda seulement à sa jeune maîtresse ce qu'elle désirait faire. Il n'était pas plus envahissant que cela. Une ombre parmi les ombres, il était de ces personnes à être indispensable, comme un meuble familial. On ne pouvait s'en séparer. Ophelie pensait parfois à ce que serait sa vie sans cet homme. Elle arrêtait bien vite tellement son existence serait chaotique. En tous les cas, elle prenait garde à ne jamais le mépriser. Il faisait comme parti de la famille.
- Bonsoir Karl... Ramène-moi au manoir s'il te plaît. Je dois me changer avant mon rendez-vous ! Déclara simplement la jeune femme.
Par habitude, Ophelie avait laissé son sac aux bons soins de son chauffeur et s'était installée sur la longue banquette en cuir blanc que comportait la limousine. Une fois la demande enregistrée par le vieillard, la portière se referma sur la jeune femme qui se retrouva aussitôt dans une atmosphère plus luxueuse que le classique amphithéâtre. Elle se laissa aller contre le dossier, heureuse de retrouver son petit confort. Suite à quoi, elle se redressa doucement pour s'attacher. La voiture démarra, indiquant ainsi son retour à la maison. La jeune bourgeoise pouvait alors se détendre. Surtout qu'elle venait de récupérer son jus d'orange fraîchement pressé par la cuisinière du manoir.
La conduite du chauffeur était si fluide et étudiée qu'Ophelie aurait très bien put s'endormir paisiblement, et ce, même s'il n'y avait que dix minutes de trajet entre la faculté et le manoir des Tompson. C'est ainsi que la jeune femme se retrouva rapidement de retour chez elle. Il fallut simplement attendre que la lourde porte de fer forgé glisse sur le côté pour laisser entrer le véhicule. La limousine arpenta alors le large chemin de cailloux en craies qui menait jusque devant le palier. Là, six marches de marbre noir devaient être gravies pour pouvoir pousser la lourde porte blindée effet bois de chêne et ainsi pénétrer dans l'imposante demeure de la famille Tompson.
Karl lui ouvrit la porte qui convenait. Il avait dans la main son sac de cours. Tout en sortant, Ophelie reprit ses affaires et après avoir salué le chauffeur, grimpa les marches presque en sautillant avant de composer le code de la porte sur le petit boîtier prévu à cet effet. La sécurité émit un petit « BIP » caractéristique et une diode verte s'alluma, indiquant ainsi que la serrure venait d'être désactivée. L'étudiante put alors rentrer chez elle, refermant derrière elle sans y penser.
L'intérieur était paisible. Arrivée dans l'entrée, un grand pot de fleur au parfum agréable vous accueillait. Une console à plaque de verre était collé au mur de droite, un pot-pourri inodore posé en son centre. De l'autre côté, à droite, un long miroir renvoyait la lumière du lustre s’allumant au passage des habitants. Ophelie se donna la peine de se déchausser dans cette entrée et se baissa pour récupérer ses petits mocassins noirs et confortables. Plus loin sur la gauche, un espace libre donnait accès au salon. Passant obligatoirement devant pour atteindre les escaliers, la jeune femme aperçue que quelqu'un se trouvait allongé dans le canapé, tenant un livre à bout de bras au-dessus de sa tête, passablement concentrée sur sa lecture.
- Bonsoir tante Anna ! Lâcha Ophelie alors qu'elle commençait son ascension vers l'étage.
Elle entendit sa fameuse tante lui rendre la politesse et ajouter quelque chose qu'elle ne comprit pas. La demoiselle était déjà loin du salon et, n'ayant pas envie de se lancer dans une trop longue conversation avec sa tante, elle préféra ignorer ses quelques mots. L'escalier tournait en angle droit en son milieu, obligeant l'escaladeuse à faire un effort de plus pour arriver à l'étage supérieur. De la moquette couleur bois clair recouvrait les marches et le couloir du premier étage. Après la dernière marche, la première porte sur la gauche était entrouverte. Il s'agissait de la belle bibliothèque familiale. En face, il s'agissait de la chambre de Karl et de sa femme, Merrine, la cuisinière du manoir. Le couloir tournait à droite et les pieds d'Ophelie la guidèrent sur le chemin déjà tracé. Il y avait deux autres portes de chambres accolées à la première. Après cela, il lui fallait tourner sur la gauche pour se retrouver face à la porte de sa propre chambre. Cependant, le couloir continuait encore un peu et desservait d'autres chambres sur la gauche.
La demoiselle arriva devant la porte de ses appartements. Rénovés il n'y avait que quelques mois, elle s'y sentait parfaitement chez elle. Elle put alors tourner la poignée de la porte avant de la pousser pour pouvoir entrer dans son lieu de vie. Quelle ne fut pas sa surprise lorsque l'étudiante remarqua que la lumière était déjà allumée avant même qu'elle ne pense à toucher l'interrupteur. Ophelie posa alors son sac sur la chaise de son bureau, qui était proche de la porte d'entrée, ainsi que ses chaussures qu'elle laissa tomber au sol. S'avançant un peu plus loin dans la pièce, elle constata rapidement que la luminosité de la chambre n'était pas dû à un quelconque oublie de sa part. En effet, quelqu'un était déjà là, face au lit et tournant le dos à la porte. L'intrus était de sexe féminin, portait des cheveux bruns coupés au carré en dessous des oreilles. Son dos était un peu courbé vers l'avant et semblait imiter la position du penseur de Rodin.
- Coraline ! Gronda Ophelie, mise de mauvaise humeur. Je peux savoir ce que tu fais là ?! C'est ma chambre je te signale ! Et pour ta gouverne, je ne suis PAS intéressée par une colocation avec toi !
- Hum... Bonjour cousine... Tu arrives pile au moment où je me mets à hésiter ! Vois-tu, je sors demain après-midi et voilà que je ne sais pas quoi mettre. Cette simple robe grise ou la tunique vert pâle ! Je n'aimerais pas avoir froid, mais je ne veux pas que ma tenue soit trop simple. Comprends-tu mon terrible dilemme ?
La dite Coraline ne semblait pas s'être émue du ton colérique d'Ophelie. Elle n'avait pas tourné la tête vers la demoiselle qui venait d'arriver. Non, Coraline était toujours autant concentrée sur les vêtements face à elle.
- Non vraiment, je n'arrive pas à faire mon choix ! Semblait-elle dire à contre-cœur.
- Coraline, rassure-moi, tu te souviens que ces vêtements sont les miens !
Ophelie avait croisé ses bras sous sa poitrine et déplacé tout son poids sur sa jambe de droite, marque d'agacement léger. D'un petit geste désintéressé de la main, Coraline envoya voler la remarque de sa cousine.
- Ho oui ! Mais je savais que tu me laisserais me servir dans tes affaires, tu es une fille compréhensive ! Déclara Coraline les yeux toujours sur les bouts de tissus.
Malheureusement pour la brune aux cheveux courts, la patience n'était pas la plus grande vertu d'Ophelie et cette dernière passa à l'action. Poussa doucement sur le côté l'autre jeune fille, elle attrapa les deux tenues de la situation et les fourras dans les bras de sa cousine avant de la prendre par les épaules et la faire se diriger vers l’extérieur.
- Parfait parfait, Mais maintenant, laisse-moi seule ! Je te prête les deux, tu auras tout le temps que tu veux pour faire ton choix. Allez, Oust, ou alors je vais être en retard à mon rendez-vous !
- Ho !! Un rendez-vous ?! Mais avec qu...
Coraline n'eut pas le loisir de terminer sa phrase qu'on venait de lui claquer la porte au nez, lui coupant ainsi tout élan de curiosité. De l'autre côté, Ophelie put longuement soupirer de soulagement. Elle était maintenant seule, dans sa chambre, et allait pouvoir s'occuper de son apparence. Réfléchissant à ce qu'elle porterait pour la soirée, elle retira négligemment ses vêtements, les laissant tomber au sol alors qu'elle progressait doucement vers son dressing. Son choix se posa sur une belle robe blanche et légère, peut-être un peu trop pour la saison, ainsi que des bas de dentelle, ne tardèrent pas à s'imposer à elle. Ophelie n'était pas aussi indécise que sa cousine et aussitôt, elle enfila la tenue qui se portait près du corps. L'ensemble se compléta avec quelques bijoux de couleur argent et une paire de ballerine de même couleur. Voilà, il ne lui avait pas fallut plus de dix minutes pour changer de tenue. La demoiselle passa juste un instant devant son miroir pour constater ce qu'elle avait déjà deviné. Elle était parfaite.
Ses cheveux couleurs chocolat tombaient en longues mèches le long de ses joues, assombrissant ainsi son regard vert-bleu. Ses yeux étaient légèrement en amandes et agrandit par une touche de mascara discret. Aucune trace de fatigue ne venait gâcher son visage. Son petit nez arrondit indiquait élégamment la direction de ses lèvres bien dessinées et souriantes. Ses pommettes placées hautes étaient rehaussées par ce petit sourire qu'elle s'offrait à elle-même. Profitant du miroir, elle arrangea quelques mèches qui avaient ondulés à cause de l'humidité. Les cachant sous le reste de sa chevelure, elle y plaça une pince à chignon pour ne pas être dérangée par les boucles indésirables. Une fois satisfaite par sa coiffure, la demoiselle passa ses mains sur le devant de sa robe simple tout comme si elle désirait la lisser. Ophelie n'avait pas grossit et restait fine et élancée. Le fait de toujours porter la robe le prouvait. Le tissu léger collait à sa peau sans la serrer. La tenue descendait jusqu'à mi-mollet et s'évasait doucement à partir des hanches pour terminer en ondoiement sauvages.
Se fut seulement lorsqu'elle eut trouvé un sac à main de même couleur que ses bijoux et ses ballerines qu'elle fut enfin prête pour son rendez-vous. Enfin, l'endroit où elle avait prévu de se rendre n'était pas à proprement parler un rendez-vous, s'était plutôt un petit rituel, comme aller en institut de beauté ou aller voir sa grand-mère pour siroter une tasse de thé et jouer à la belote. Sauf qu'Ophelie en tirerait beaucoup plus de plaisir que d'aller se faire manucurer ou qu'un jeu de société. Rien que d'y penser, ses joues rosirent d'excitation et elle n'attendit pas plus longtemps pour sortir de sa chambre et se ruer le plus discrètement qu'elle le pouvait jusqu'au rez-de-chaussé.
- Je sors ! Déclara-t-elle à voix haute à l'assemble de la maison avant de refermer la porte d'entrée.
Son beau moral fut entaché lorsqu'elle remarqua que la pluie avait fait son grand retour à Londres. Encore sur le palier protégé, elle attendit quelques secondes que Karl la rejoigne et ouvre le parapluie pour qu'elle puisse arriver jusque la voiture sans être mouillée. Un frisson parcouru la jeune fille. L'air s'était rafraîchi le temps qu'elle se change. Ophelie décida d'ignorer la température et de se concentrer sur sa destination. Destination qu'elle donna au chauffeur avant même de s'installer dans la limousine. La radio local présentait le dernier tube du boysband en vogue. Le véhicule démarra et la demoiselle commença à chantonner le refrain tout en regardant les gouttes de pluies couler le long de la vitre. Ophelie l'avait comprit dés sa plus tendre enfance. S'occuper l'esprit donnait l'impression que le temps filait plus vite. Cela tombait bien, elle aurait beaucoup donné pour arriver plus rapidement à destination. Mais pour arriver au Bar To Hades, il fallait traverser le centre de Londres et s'éloigner encore pour trouver les rues calmes de la proche banlieue. Cette banlieue était la préférée de la jeune femme. Une fois arrivée, elle n'attendit pas que Karl stationne la voiture et sortit elle-même du véhicule, s'armant de son parapluie et de son petit sac à main.
Il était dix-huit heures passé quand Ophelie se présenta au rez-de-chaussé du Bar To Hades. Perséphone Kohola se trouvait à son poste et s'occupait de nettoyer une choppe. La demoiselle salua la tenancière d'une simple signe de tête. L'asiatique derrière le bar lui offrit un de ses sourires chaleureux. Silencieusement, les deux femmes s'étaient entendues, Ophelie avait l'autorisation de monter au premier étage. Ne portant aucune attention aux quelques péquenauds traînant à la table près de l'entrée, elle traversa le bar, la tête haute, se dirigeant vers les sanitaires avant de tourner immédiatement sur sa droite et ainsi commencer à gravir les marches qui la mèneraient dans son havre de paix favori. Elle dût clairement se forcer à ne pas grimper l'escalier quatre à quatre. Elle ne devait pas dépenser bêtement son énergie. Alors, calmement, elle prit le temps de monter avant de s'arrêter sur l'avant dernière marche. Une fois la dernière passée, elle serait arrivée à sa véritable destination.
Et dire qu'elle avait trouvé cet endroit merveilleux en surfant un soir sur le net. Qui aurait cru qu'un endroit aussi fantastique aurait été inscrit sur internet et qu'il se serait trouvé à Londres ? Ophelie ne put que sourire à la chance qui l'avait mené ici pour la première fois.
Son instant de nostalgie fut dissipé par un élément perturbateur inattendu. Une main avait doucement traversé le rideau de perle en bois et s'était ouverte, paume vers le plafond, de façon bienveillante. Ophelie ne prit pas la peine d'essayer de deviner à qui elle appartenait. Son cœur battait rapidement et avec un petit sourire surprit au coin des lèvres, elle posa sa propre main sur celle qui lui était tendue. Les longs doigts fins se refermèrent alors dessus et avec douceur, l'attira pour l'aider à franchir la fameuse dernière marche.
Enfin dans la plus somptueuse pièce du bâtiment, Ophelie se laissa envahir par la douceur et le luxe ambiant. Elle ne se lassait pas des pans de velours camouflant les fenêtres, les lustres aux lumières tamisées et surtout de ces hommes élégants et distingués qui se trouvaient là pour le bon plaisir de toutes les clientes. Une fois rassurée de voir que rien n'avait changé depuis son dernier passage, elle daigna accorder toute son attention au jeune garçon qui s'inclinait devant elle. Il lui tenait toujours la main sans pour autant l’emprisonner. Il lui offrit un baisemain avant de se redresser, un large sourire agréable sur le visage. Ophelie constata alors qu'elle ne l'avait encore jamais vu ici. Il avait les cheveux aussi blonds que les blés et coupés de façon effilée légèrement en dessous des épaules. Certains traits de son visage appartenaient encore au domaine de l'enfance, cependant ses yeux couleur pierre de jade et son sourire charmeur indiquaient qu'il avait tout d'un homme. La chemise blanche entrouverte et la cravate qu'il portait défaites sur ses épaules lui donnaient un air rebelle qui collait très bien avec son regard. La demoiselle arrêta là son inspection rapide, car son hôte commençait à parler. Elle reporta alors son attention sur les yeux et les lèvres du jeune homme.
- Bienvenue au premier étage, Milady. Déclara-t-il d'une voix douce sans être trop grave à l'oreille.
Par habitude des dîners mondains où elle était conviée, elle fit un semblant de révérence pour saluer à son tour le jeune homme qui ne semblait pas être plus vieux qu'elle. Ophelie faisait de son mieux pour camoufler sa déception. En effet ce jeune homme était loin d'être son favori. Car, oui, il était bien question de favori dans cet endroit. Il y en avait pour tous les goûts et la demoiselle avait été servie quand elle avait rencontré son préféré. Elle aurait aimé que ce soit lui qui vienne la saluer. Elle retint un soupire lasse pour ne pas incommoder son serveur. Ce dernier lui avait d'ailleurs tendu son bras, lui laissant le choix de le prendre ou non le temps qu'il l'escorte jusqu'à une table de libre. La petite bourgeoise ne se priva pas de cette attention et avec élégance, lui attrapa ce bras en entamant sa marche au même moment que le blondinet.
- Excusez ma curiosité, mais, êtes-vous nouveau ici ? Demanda de but en blanc la jeune femme alors que son hôte lui tira doucement sa chaise pour qu'elle puisse s'y installer.
- Ho, vous l'avez donc remarqué ! Je suis Aiden. J'espère pouvoir vous combler... Répondit le garçon en repoussant la chaise de la demoiselle qui s'était mise à l'aise.
Ophelie sourit à la déclaration du jeune homme. Elle commençait à s'habituer aux têtes présentes au bar et cela lui donnait l'impression d'avoir obtenu une petite victoire. Comme un statut de cliente fidèle ici. Pourtant, cela ne faisait que quelques mois qu'elle y venait quelques soirs par semaines. Elle qui ne prenait jamais la peine de retenir les visages, elle se surprenait elle-même à connaître jusqu'aux prénoms des charmants serveurs. D'ailleurs, pour continuer dans cette lancé, elle prit bien soin de graver dans sa mémoire le prénom du nouvel employé.
- Je vois... Et bien, je vous souhaite la bienvenue ! Déclara la brune en souriant. Elle n'était pas forcément sincère, tout comme le blond.
Ophelie ne s'était jamais leurrée quand aux réelles raisons de l'existence de cet endroit. Tout y était faux. Aucun serveur normalement payé serait aussi attentif et méticuleux. Leurs raisons d'être ici étaient liées à l’argent et à la condition sociale des dames qui y venaient. Néanmoins, Ophelie devait admettre, que ces garçons jouaient très bien la comédie, peut-être autant qu'elle, ce qui rendait amusant chacune de ses visites.
- Je vous remercie, Milady... Puis-je vous proposer de boire et manger quelque chose ? Reprit le serveur souriant.
- Certainement, j'aimerais un thé à la prune avec une lichette de … Elle dut s'interrompre dans sa commande à cause d'un événement imprévu.
Un autre jeune homme venait de s'installer en face d'elle. Il avait un de ces airs hautains et supérieurs qui rendent les hommes inaccessibles et importants. Cela n'avait jamais impressionné Ophelie qui avait toujours été attirée par ce genre de grands airs. Elle n'eut pas à ce forcer pour sourire largement au nouveau venu. Il s'agissait de son favori. Oliver avait été le second hôte à la servir et à la servir bien.
- Aiden, retourne en cuisine, veux-tu ? Je me charge de la magnifique lady que nous avons là ! Ordonna de façon princière l'homme aux manières arrogantes.
Plus que satisfaite, Ophelie ne put se retenir de tourner la tête vers Aiden pour voir ce qu'il allait faire. Venir ici était comme regarder un épisode d'une série pleine d'intrigues. Et ce nouvel hôte représentait un nouveau personnage. La demoiselle était curieuse de voir la place qu'il allait se faire parmi les clientes et ses collègues. Le blond n'avait pas pu répliquer, ni défendre le fait qu'il avait lui-même accueillit sa cliente et que c'était donc à lui de la servir jusqu'à ce qu'elle décide de s'en aller. Ne voulant pas créer d'esclandre, il s'excusa alors auprès de la demoiselle attablé et tourna les talons pour s’éclipser.
- Quel plaisir nous faites-vous, Lady Ophelie, si seulement vous nous aviez annoncé votre venue, nous aurions été préparé à vous recevoir ! Reprit l'homme en prenant dans ses mains, celles d'Ophelie.
Elle était amusée et à la fois flattée par les manières d'Oliver. Il avait su la charmer avec son caractère fort et imposant, ainsi que son style particulier. Cela ne l'avait pas rebuté, au contraire. La jeune bourgeoise avait été aussitôt séduite par la longue chevelure argentée de l'homme. Son visage ovale était imberbe à chaque fois qu'elle le voyait. Une unique mèche grise barrait son visage alors que le reste de sa longue chevelure restait derrière ses oreilles. Son regard gris cendre, lorsqu'il croisa celui de la demoiselle, la fit frissonner faiblement et elle retira doucement ses mains à ce moment-là. Le regard remplit de malice d'Ophelie, après avoir glissé sur les épaules carrées du serveur suffisant, se décala pour se poser sur l'autre employé qui était apparut beaucoup plus discrètement que le premier. Il s'agissait de Sebastian. Il était plus fin qu'Oliver et ses cheveux châtains foncés ne descendaient pas plus bas que ses oreilles. Il avait le visage fin et les yeux aussi bleu que l'azur. Ce dernier, enfin remarqué, s'inclina vers Ophelie, la main sur le cœur.
- Pouvez-vous me confier votre commande ? Demanda gentiment le serveur encore debout.
- Évidemment. Comme je le disais avant d'être interrompue. Je désire un thé à la prune, avec du lait et du sucre et un sorbet au cassis ! Termina enfin la cliente qui commençait à avoir faim.
- Parfait, je vous l'apporte dans les plus brefs délais ! Je vous laisse au bon soin d'Oliver. Merci de patienter quelques instants. Annonça Sebastian avant de rejoindre Aiden en cuisine.
Une fois son acolyte disparu, Oliver posa son coude sur la table et installa sa joue dans sa main ouverte. Il détaillait la jeune femme de façon insistante avant de soupirer.
- Ha... Ma chère lady Ophelie... Comment faites-vous pour être plus ravissante à chaque visite.
- C'est ce dont j'aimerais vous convaincre ! A croire que mes efforts sont payant. Répondit-elle en riant légèrement.
Ils s'échangèrent comme cela, plusieurs banalités, toujours positive pour Ophelie qui était aux anges sous les compliments du garçon au côté hautain. Cela eut le mérite de faire passer le temps pendant lequel Sebastian s'occupait de la commande de la jeune femme.
Le thé et la glace ne furent pas longs à arriver pour le plus grand plaisir de la jeune femme qui put se restaurer avec calme. Elle apprécia que Sebastian lui servent son thé ainsi que les quelques gouttes de laits ainsi que l'unique morceau de sucre qu'elle ajoutait par habitude. Cependant, cela marqua le départ de l'homme à la chevelure argenté qui, prétextant apprendre le métier au nouveau, disparut comme les autres. La jeune femme ne put s'empêcher d'admirer la noble démarche altière de son hôte préféré. Elle sourit en coin avant de continuer une conversation plus sobre avec le discret Sebastian. Elle appréciait sa compagnie à lui aussi. Il inspirait la paix et elle savait que le moindre de ses souhaits seraient exécutés si elle le lui demandait. Le brun avait les cheveux en bataille malgré sa tenue irréprochable. Ophelie n'étant pas du genre à se laisser s'ennuyer. Elle commença à taquiner le seul hôte qui était resté près d'elle, remarquant ses cheveux encore défaits et pour le punir, l'obligea à grignoter son sorbet avec elle. Elle lui avait fait une place sur la banquette de cuir rouge sombre et après lui avait tendu la cuillère, le regarda mettre l’ustensile dans sa bouche après quelques secondes d'hésitation. Amusée, la bourgeoise laissa un petit rire lui échapper avant de terminer sa tasse de thé qui avait eu le temps de refroidir.
Ophelie n'en revenait toujours pas, elle qui avait l'esprit critique, qui remarquait instantanément les défauts, n'avait rien à redire sur ce lieu où tout semblait parfait. L'objectif de Perséphone était complètement remplie avec les clientes qui comme Ophelie, oubliaient l’imperfection du monde extérieur pour se laisser envoûter par les hôtes et leurs manières, faisant alors de leurs passages un moment où elles se transformaient en véritables princesses. Mais que serait une princesse sans un couvre-feu, tels les douze coups minuits de cendrillons ? Pour Ophelie, se fut le vibreur de son téléphone portable qui la sortit de son rêve éveillé. S'excusant de couper ainsi court à la discutions qu'elle avait avec le serveur brun, elle se mit à fouiller à l'aveuglette dans son petit sac de perle pour en sortir un téléphone des plus onéreux. Après avoir tapoté plusieurs fois sur l'écran, la jeune cliente soupira profondément. Le temps semblait s’accélérer à chaque fois qu'elle pénétrait dans cet endroit. Sa mère, qui venait de rentrer de l'un de ses séminaires, l'invitait vivement à rentrer au manoir pour partager le repas, signalant ainsi, la fin de son moment de bien être.
Il ne lui fallut pas plus deux minutes pour qu'elle se remette debout, courtoisement aidé par Sebastian qui ne fit aucun commentaire. Ce dernier lui confia seulement un petit bout de papier qui constituait la note à payer auprès de Perséphone. Ophelie aurait très bien pu s'en aller discrètement après avoir été salué par Sebastian, qui se pressa aussitôt à débarrasser la table qu'elle avait utilisée, si Oliver n'avait pas remarqué son départ. Ce dernier la rattrapa en quelques enjambées et entoura le bras fin de la demoiselle avec une seule de ses mains aux longs doigts manucurés.
- Revenez-nous vite lady Ophelie, mon âme périe déjà de ne pas vous voir davantage !
- Charmeur, je vous assure que vous survivrez à cette douloureuse épreuve. Dans le cas contraire, je déposerais une rose sur votre tombe en versant une larme ! Répliqua la demoiselle sur le départ, un large sourire sur les lèvres.
- Tant de considération me touche au plus profond de mon cœur, j'espère pouvoir contempler votre visage avant mon ultime soupire ! Continua l'hôte tout aussi amusé que sa cliente.
- Bien, disons-nous à demain soir dans ce cas !
Ophelie avait réussit à libérer son bras de l’étreinte d'Oliver. Ce dernier la laissa disparaître dans les escaliers sans un mot de plus. La demoiselle avait lancé son invitation sans réfléchir. Maintenant qu'elle pouvait y penser plus sérieusement, un plan s'imposait dans son esprit et alors qu'elle tendait l'argent qu'elle devait à Perséphone, elle l'interpella avec toute la détermination d'une étudiante en commerce.
- Mademoiselle, je désire réserver pour demain soir, le premier étage de votre établissement ainsi que l’ensemble de vos employés à partir de dix-huit heures trente. Nous serons quatre et votre prix sera le mien !
Les yeux vert-bleus de la jeune femme s'étaient plantés sans ciller dans ceux, verts olive, de la propriétaire. Cette dernière fut plutôt étonnée par la demande et ne cacha pas son petit sourire sourire amusé.
- Rien que ça... Dit Perséphone pour seule réponse.
La tenancière, toisait Ophelie avec curiosité tandis qu'elle réfléchissait à un prix qu'elle pourrait faire à la demoiselle fortunée. Elle tira une bouffée sur son porte-cigarette. Son extrémité rougeoya davantage à ce moment-là. Recrachant la fumée vers le sol, elle fit tomber quelques cendres de son tube de tabac dans le cendrier qui se trouvait sur le comptoirs.
- Très bien, alors disons : £50 par serveur, ce qui nous fait £400, et £100 par heure en sachant quand nous fermerons à vingt-deux heures donc £450 et puis £80 de consommation à volonté par personne. Bien sûr, le repas de ne sera pas comprit, nous ne sommes pas un restaurant. Donc le calcul donne un totale de …
Elle cala son tube entre ses lèvres pour que ses deux mains libres tapotent sur le clavier de sa calculatrice. Perséphone revint rapidement avec le résultat.
- £1170. A payer d'avance pour valider la réservation !
Perséphone avait bien du mal à cacher son sourire triomphant. La demande était originale et le fait qu'elle ait réussit à réagir avec tact et professionnalisme flattait son ego de gérante.
De son côté, Ophelie était également satisfaite, elle s'était attendue à pire. Le prix et l'explication lui paraissait plus que raisonnable. Elle sortit donc sa carte bancaire avec légèreté. De plus, étant majeure, elle n'aurait pas à expliquer cette dépense à son père. Elle inséra la carte dans l’appareille qui lui débita le montant indiqué. Une fois cela fait, Ophelie se pressa de ranger ses affaires.
- Merci de votre visite milady, je vous souhaite un très bon retour chez vous et à demain soir !
Lança la fumeuse alors que sa cliente numéro un venait d'ouvrir la porte pour quitter son établissement.
Ophelie avait bien du mal à ne pas sauter partout. Elle espérait de tout son petit cœur de fille à papa que ses amies apprécieraient la petite surprise qu'elle venait tout juste de leur concocter. Elle espérait arriver à voir l'expression de surprise sur chacun de leur visage. Elle avait sélectionné ses invités avec minutie et en plus d'Evalyn et de Naomy, Coraline serait de la partie. Ainsi, sa cousine cesserait de lui poser des questions sur ses disparitions à l'heure du thé.
Entrant dans la limousine que Karl avait stationné non loin de l'entrée du bar, la petite bourgeoise se frottait les mains. Il ne lui restait plus qu'à appeler ses deux amies pour les mettre au courant de son plan machiavélique pour les forcer à se détendre. Décidément, Ophelie était une amie plus que géniale ! En tous les cas, c'était ce qu'elle pensait d'elle.
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