Chapitre 08 : Mauvaise journée
Comme revenu d'entre les morts, Aiden commença à grogner. Il n'osait pas bouger, une migraine carabinée s'était installée dans son crane. Il avait la bouche pâteuse et il lui semblait que même les yeux fermés, tout tournait autour de lui. Cependant, jamais il n'avait été dans un parc d'attraction... En refilant sa soirée, il se rappela la petite pile de shooters qu'il avait ingurgité la nuit dernière. Un affreuse grimace se dessina alors sur ses traits. Plus jamais de tequila, plus jamais il n'y toucherait, même en rêve... Et si ce n'était pas la première fois qu'il se le jurait, cette fois-ci, il s'y tiendrait. Le jeune homme réussit tout de même à se mettre sur le dos en gémissant sous la douleur que lui donnait sa tête. Après toutes ses gueules de bois, il n'était toujours pas habitué à cette sensation désagréable ni aux relents d'alcool qui lui revenaient. Un profond soupira sortit de ses lèvres endormies. Il se dégouttait, surtout qu'il ne buvait absolument pas par plaisir, il fallait au moins une petite cuite pour oublier qu'il vendait son corps à de presque parfaites inconnues. Quelques verres pour se donner du courage. A vrai dire, il ne lui en fallait pas beaucoup pour oublier le visage de ses partenaires de lit.
Le chant du coq de son réveil matin le rappela à l'ordre, c'était pour cela qu'il avait émergé de son demi-coma. Plus il écoutait ce réveil et plus sa migraine s'accentuait. C'était insupportable. D'un vif mouvement de bras, il envoya valser son vieux téléphone portable. Cela eut pour simple effet d'éloigner la source du bruit, mais pas de la faire disparaître. Il maudit aussitôt son acte car, il devait maintenant se lever pour aller l'éteindre. Il commença d'ailleurs à se lever. Il était de mauvais poil. La tête lui tournait tellement qu'il dû rapidement se rallonger en se conseillant calme et méthode. Au fil des années, il avait développé des techniques pour ne pas avoir à faire preuve d'équilibre dès le matin. L'une d'elle était de se laisser rouler... Jusqu'à tomber du lit en atterrissant douloureusement sur une épaule. Une fois au sol, il pu attraper le maudit cellulaire et éteindre la sonnerie.
- Ferme-là … Grogna-t-il une fois le cocorico éteint.
Le jeune blond en profita pour jeter un coup d’œil à l’heure. Il était tôt, et il aurait bien eut besoin d'une journée de sommeil en plus. Les doubles vies étaient faites pour les super-héro, pas pour lui... Mais lui n'avait ni les pouvoirs ni le compte en banque d'un de ces hommes baraqués en collants. Il n'était même pas baraqué de toute façon.
Le silence était arrivé dans la petite chambre du motel insalubre. La moquette sur laquelle il avait lamentablement échoué sentait les pieds et la cigarette. Rien de tel pour donner à un nauséeux une réelle envie de vomir. Aiden essaya temps bien que mal d'y faire abstraction. De toute manière, maintenant qu'il était hors du lit, autant aller se préparer et éviter d'être en retard pour son nouveau job de jour ! Ce fut donc avec toute la difficulté du monde que le jeune homme se hissa avec la faible force de ses bras à l'aide du bord du lit. Tout tanguait autour de lui. Et dire qu'il était déjà sept heure du matin. Le garçon avait également une fabuleuse technique pour se réveiller autre qu'un jus de chaussette appelé « café » trop sucré. Pour ce faire, il se rendit dans la salle de bain en se retenant prudemment au mur de la petite chambre. Il avait l'impression que la pièce était un palace au vu du temps qu'il mit pour atteindre le petit local où se trouvait un baignoire sale au rideau déchiré.
Au vue de sa nudité, il n'avait qu'a grimper dans le baquet, et, avec son pied, il alluma le mitigeur connecté à la pomme de douchée, elle-même accrochée en hauteur. Aussitôt, l'eau glacée s'écrasa sur son torse et son ventre, le faisant se crisper de surprise. Le froid le surprenait toujours autant, bien que son esprit soit au courant de ce qui l'attendait. Il bougea un peu pour que l'eau arrive sur son crane et ses épaules. Ce ne fut que lorsque ses dents commencèrent à claque qu'il fut satisfait et s'autorisa une véritable douche.
Aiden ne passa pas plus de dix minutes sous cette douche-réveil express. Au sortir de la baignoire, il se sécha rapidement avant d'enfiler ses vêtements de la veille. Il avait gardé une de ses chemises d'hôte sur mesure, et à part une trace de rouge à lèvre sur le col, tout semblait impeccable. Il regarda de nouveau l'heure et constata qu'il avait encore une petite heure pour arriver sur son lieu de travail. Sa gueule de bois était encore là, mais au moins, il pouvait tenir debout et et ses cernes avait disparues grâce à une crème de sa création, voilà qu'il ne ressemblait plus de tout à un mort vivant n'ayant pas dormit pendant trois jours. Dans le miroir légèrement embué, il s’offrit à lui-même un sourire malin. Il était fier d'avoir trouvé ce petit boulot d'une semaine. Ce boulot à la fac n'était pas bien payé, mais il n'aurait rien à faire et ça c'était le pied. £50 pour quelques heures par jours, c'était un bon compromis, surtout qu'après, il pouvait évidemment retourner travailler pour Perséphone.
En traînant les pieds, il ramassa le peu de ses affaires éparpillées sur le lit et dans la chambre. Dans sa veste, il vérifia que son portefeuille était toujours là et compta le nombre de billets verts qui s'y trouvaient. Les compter de bon matin le mettait de bonne humeur. Devant la contemplation de ses maigres richesses, il s’inséra une cigarette au menthol entre les lèvres avant de quitter la chambre délabrée. Il salua le vieil homme lubrique de l'accueil. Que c'était bon de se dire qu'il avait dormit aux frais de la « princesse », même si sa cliente de la nuit avait plus tenu du crapaud. Mais comme la plus part de ses souvenirs c'étaient envolés, il préférait ne pas se les remémorer par accident !
Sur le parking, une très vieille clio vert poubelle l'attendait sagement. Sa fidèle voiture était très laide, rassemblait l'intégralité de ses maigres biens accumulés depuis qu'il était lui-même partit de chez ses parents. Bien qu'elle ait grand besoin d'un coup de neuf ou simplement d'aller à la casse, il n'avait ni l'argent ni l'envie de voir sa fidèle allée s'évanouir dans un dépôt pour une nouvelle auto qui lui coûterait les yeux de la tête.
Le trajet jusqu'à l'université prestigieuse lui offrit le loisir de décuver correctement de sa nuit trop courte. Il réussit par miracle à se garer près des locaux. Le jeune homme était resté un long moment dans sa caisse à observer l'établissement terriblement luxueux. Et dire qu'il avait faillit être l'un de ces glandus à ce pavaner en marchant dans les allées fait de marbre poli, il en avait des frissons de dégoût face à tant de richesse et surtout tant de gaspillage d'argent. Aiden finit par sortir de son véhicule, il devait se faire à l'idée que ce lieu serait son quotidien pour toute une semaine et qu'il allait devoir côtoyer tous ces fils et filles à papa sans rien dire.
Il déambula pendant un petit moment dans les allées bien entretenues jusqu'à arriver à l'accueil. Là, il s'annonça à voix basse pour ne pas attirer l'attention de toutes les personnes présentes.
- Bonjour, je suis Aiden Marks... J'avais rendez vous avez Mrs...
- Ha ! Mister Marks ! Vous êtes enfin là, vous avez faillit être en retard ! Coupa la même voix désagréable qu'il avait eu au téléphone quelques jours plus tôt. Pas de doutes, il avait trouvé Mrs Blanche.
Il dû ravaler une phrase acerbe à envoyer à cette vieille femme stricte. Il était pile à l'heure, il n'était aucunement en retard ! Se taisant, il fut attrapé par la femme qui aurait pu facilement être sa grand-mère, elle lui avait agrippé le bras. Il la laissa faire mais était halluciné de devoir servir de canne !
- Je vais vous conduire aux ateliers et aux vestiaires, vous commencerez aussitôt. Les élèves sont déjà en place ! Ajouta-t-elle alors qu'elle entraînait le blond dans une marche rapide.
Le trajet était tellement complexe qu'Aiden fut rapidement perdu dans le labyrinthe de couloirs. Il fut d'ailleurs surprit par l'arrêt brusque de sa patronne. Ils étaient arrivés ?
- Voici les vestiaires des modèles, la porte en face donne accès à la salle de peinture, vos collègues vous guideront sûrement. Bonne journée, mister Marks ! Expliqua le vieille avant de s'en aller à pas rapides.
C'était tout ? Pas d'autres indications ? Aurait-il omis d’émettre l'hypothèse qu'il était totalement amateur ? Non bien sûr que non, sinon, il n'aurait jamais été si peu payé. Du moins, il le supposait.
Il était donc dans les vestiaires. Il y avait beaucoup de casiers et deux bancs entre les deux allées de rangement. Cela lui faisait penser aux vestiaires de gym dans les séries américaines. Curieux, il s'avança dans la pièce. C'est alors qu'il remarqua une femme et un homme. Les deux étaient nus et semblaient décider à ne pas l'attendre. Ils ne firent que le toiser de façon très snob au goût de jeune blond, puis s'étaient rapidement détournés de lui avant de quitter la pièce. Le passage fut rapide et Aiden n'eut pas le temps de remarquer si la salle était grande ou non.
Maintenant seul, il devait se dépêcher à retirer l'intégralité de ses vêtements et de le placer dans un casier au hasard. Le jeune homme n'était pas pudique mais poser devant des inconnus en tenue d'Adam n'avait jamais été l'une de ses grandes passions. A vrai dire, c'était sa première expérience en la matière. Il espérait être assez professionnel aux goûts des élèves maniant le pinceau, cela lui vaudrait peut-être quelque chose de constant au-delà de sa semaine ! De plus il ne pouvait cracher sur aucun boulot qu'il trouvait, aussi ingrat soit-il. Il avait une voiture à faire rouler et sans cette voiture, il n'avait plus aucun moyen de travailler pour se nourrir...
Quand il entra dans la salle d'étude, il fut aussitôt intimidé. Les murs blancs étaient recouverts de tableaux plus étranges les uns que les autres. Le jeune homme ne se permit aucune remarque. Le silence ambiant était trop lourd pour permettre une réaction d'aucun type que ce fut. Rapidement il s'était installé avec les autres modèles, sur une sorte de gros cube blanc et solide. Il c'était assit en tailleurs face à un groupe de jeunes femmes qui ne semblaient pas le voir derrière leur lunette et leurs grandes toiles. Le trac lui prenait les tripes, mais maintenant qu'il était posé, il fit son possible pour ne pas bouger.
Son travail consistait à rester assit à bouger le moins possible. Mais au bout d'un bon quart d'heure à tenir la pause, son sommeil était décidé à revenir et malgré ses tentatives pour resté les yeux ouverts, tout son buste s’affaissait à cause de la gravité. A peine eut-il le temps de se détendre un peu dans cette position, oubliant ce qu'il se passait autour de lui, il fut rappelé à l'ordre par les peintres agacés et travailleurs.
- Désolé... murmura-t-il simplement alors qu'il reprenait péniblement la pause.
Voilà, ces gamins l'énervaient déjà. Ils avaient beau avoir environs le même âge que lui, Aiden ne les considérait que comme des enfants prétentieux et capricieux qui faisaient de leur désires des ordres pour toutes personnes considérées inférieures. Ce comportement, le blond ne le supportait absolument pas. Mais pour le bien de son portefeuille il préférait souffrir en silence.
Il fut soulagé quand les personnes derrière leur tableau quittèrent la salle après s'être occupé de ranger leur pinceaux et de nettoyer leurs divers ustensiles tous aussi bizarre les uns que les autres. La fin du cours sonnait l'heure de liberté pour le jeune blond. Il fut d'ailleurs le premier à quitter la pièce trop peu chauffée à son goût. Son estomac s'était mit à grogner une demi-heure plus tôt et cela avait créé des petits rires chez les étudiants. Il avait essayer d'y faire abstraction, mais maintenant la faim ne pouvait quitter plus son esprit. Il se s'habilla en quatrième vitesse et constata qu'il était content de retrouver ses vêtements. De plus, comme ses collègues ne semblaient pas bavards, cela lui laissait l'occasion de prendre la poudre d'escampette aussitôt qu'il eut fait une courte queue de cheval avec un élastique qu'il avait toujours autour de son poignet. Tout en quittant la pièce, il ne pensait qu'à son déjeuner. Enfin il en rêvait serait plus exacte. Mais pour cela il devait d'abord se rendre au Bar to Hadès et espérer pour qu'une demoiselle insiste pour partager son dessert avec lui.
Seulement, un seul détail problématique s'imposait à lui : retrouver son chemin pour retourner à sa voiture. Il ne se souvenait absolument plus du chemin que sa patronne avait parcouru pour l’amener dans ce coin qui semblait très reculé des autres bâtiments. Le couloir du rez-de-chaussée n'était en fait qu'un simple auvent où des fenêtres venaient couper le vent et la pluie typique de l'Angleterre. Il commença à avancer en essayant de rester calme. Au bout de quelques pas, son visage s'illumina de soulagement. Sa vieille auto était là, à quelques mètres d'où il se trouvait. C'était une chance inespéré. Et il n'avait même pas à traverser toute la fac pour y arriver. L'inconvénient était qu'il n'y avait aucune porte à proximité. Et même s'il n'avait pas totalement vérifié, il se fichait pas mal de ce genre de détails. Le blondinet vérifia tout de même s'il ne voyait nulle part des étudiants qui pourraient voir d'un mauvais œil qu'il s'amuse à escalader les bâtiments. Fort heureusement, personne ne semblait pointer le bout de son nez. Il ouvrit donc en grand la fenêtre et passa avec difficulté une première jambe pas dessus le rebord. Cette histoire demandait de la souplesse. Ce genre de chose que les hommes n'avaient que très peu. Aiden était en train de se donner du courage pour passer la seconde jambe quand dans son dos quelqu'un se racla la gorge. Il en fut surprit car il n'avait entendu personne approcher. Il tourna alors simplement sa tête vers la source du bruit pour voir un jeune homme curieux avec un sourcil relevé.
- Qu'est ce que tu fais ? Demanda l'inconnu de façon presque innocente.
- Je sors... Ça me paraissait évident ! Répliqua le blond un peu irrité.
- Et... Tu ne voudrais pas prendre la porte à la place ? Ajouta l'étudiant.
- Une porte ? Mais quelle porte ! Continua de ronchonner Aiden qui retirait sa première jambe toujours accrochée.
Suite à quoi, il s'approcha de l'inconnu et regarda avec attention la direction dans laquelle le doigt du garçon était tendu.
Il y avait bien une porte, elle était entièrement vitrée et se fondait parfaitement dans le décors des grandes baies à demie-vitrée.
- Oui... Bien sûr la porte ! Déclara Aiden en s'approchant de cette dernière.
Il aurait voulu remercier l'inconnu, mais il s'en allait déjà à l'autre bout du couloir. Après avoir simplement haussé les épaules, le blondinet quitta le couloir en prenant la porte facilement trouvée. Pour arriver jusqu'à sa voiture, il devait traverser une grande étendue herbeuse. Cette dernière était encore humide de la rosée ou bien de la pluie qui était tombée dans la mâtiné. En tout les cas, le bas de son jeans fut rapidement trempés ainsi qu'une partie de ses chaussettes. Aiden grimaça, il trouvait la sensation passablement désagréable, mais il ne laissa échapper aucun commentaire.
Pendant sa marche, il observa les alentours avec autant de dégoût que de curiosité. Il fut très surprit de voir inscrit sur l'un des bâtiments « gymnase n°4 ». À croire qu'ils avaient trois premiers gymnases, c'était tout de même dingue d'avoir quatre gymnase pour de simples étudiants... Le compte en banque de papa et maman devait y jouer pour quelque chose.
- Hey ! Toi ! Boucle d'or ! T'es qui ? On a pas encore été présenté !
Aiden ralentit son pas alors qu'on l’interpellait. Un très long et profond soupire passa ses lèvres. Ce n'était pas croyable, il attirait les problèmes comme le sirops attirait les guêpes. Il devrait vérifier si sur son front n'était pas marqué « bouc émissaire », au moins il serait fixé et saurait pourquoi on désirait toujours s'en prendre à lui. Surtout qu'il n'aimait ni le ton ni les paroles du type qui l'avait appelé. Il connaissait ces gars par cœur : profondément débile, gros muscles et toujours en bande. Il espéra très fort que ce ne soit pas à lui qu'on s'adresse. C'était d'ailleurs pour cela qu'il ne s'était même pas retourné.
- Je crois pas qu'on ait vu son blason en plus, hein Thomas ? Lança une seconde voix.
- T'as bien raison ! Et blondinette ! Reviens par ici qu'on vérifie que t'es bien de la fac ! Reprit la grande gueule sans prendre le temps de réfléchir.
Aiden aimait ses cheveux blonds, mais il ne supportait pas que l'on remette en doute sa virilité. Ho, il n'avait rien contre les jeunes femmes, il les appréciait beaucoup. Mais il avait cet instinct de faire valoir ses attributs quand on les mettait en doute. Aussi ce fut plus par réflexe qu'il se retourna pour faire face au groupe de quatre garçons baraqués à la Bruce Willis.
- Prends rendez-vous chez un toubib, tu finiras peut-être par faire la différence entre un mec et une nana avec une bonne paire de lunette ! Lâcha-t-il avec amertume alors qu'il s'était appliqué à prendre la voix la plus grave qu'il avait pu sans se forcer.
- Voyez-vous cela, notre mistinguette n'est pas muette ! Reprit le chef apparent du groupe.
- Et il a même pas l'écusson de l'école, Thomas ! Ajouta le second abruti.
- Oui c'est vrai ça, c'est une squatteuse en plus... Et nous on n'aime pas les squatteurs... hein les gars ! Continua le-dit Thomas.
Aiden voyait venir les ennuis à grands pas. Aussi, il essaya de tenter la manière douce pour tenter de s'en sortir sans trop de problèmes.
- C'est bon, craquez pas votre slip les mecs, je m'en allais... Je ne reviendrais plus... Ça vous plaît comme idée ça ? Expliqua le blond en évitant de les prendre ouvertement pour des imbéciles, bien que cela fut un exercice difficile.
Mais les quatre hommes n'avaient cessé de l'approcher et Aiden eut beau marché à l'envers, cela n'empêcha pas le quatuor d'arriver près de lui.
- Ho... boucle d'or s'en va déjà ?
Honnêtement, est-ce que mister Thomas était obligé de faire comme s'il était une fille ? Aiden était atterré devant ce comportement encore plus désespérant qu'un pillé de bar en colère. En plus, il devait venir d'une de ces familles bourgeoises, être fils unique avec un trop plein de testostérone et d'égo à dépenser, homophobe et homosexuel refoulé. Sans oublier un petit sexe créant un gros complexe d'infériorité qui le poussait sans doute à ce genre de harcèlement sur les garçons un peu plus fluet que lui.
Ce qui était certain, c'était que monsieur muscle ne laisserait pas Aiden s'en tirer à si bon compte. La frustration de ne pas être totalement libre de faire avaler ses dents à ses types, ou du moins essayer, lui fit tourner les talons. Mais de toute évidence, il n'en avait pas le droit. En effet, un des trois gorilles accompagnant Thomas lui bloquait le passage. Alors qu'il tournait le dos à son agresseur principal, ce dernier lui tira d'un coup sec l'élastique qui retenait ses cheveux mi-long couleur de blé. Il pouvait garder l'élastique en souvenir, cela ne faisait rien, il n'en avait pas qu'un seul de toute manière. Cependant, il n'aimait pas tourner le dos aux abrutis. Aussi, il se remit face à Thomas-gros-muscles.
- Heu... Les gars ? On est peut-être pas obligé d'en arriver là... Je veux dire, je suis sûr qu'on peut s’arranger, vous en pensez quoi ? A l'amiable... Tanta Aiden qui tenait à sauver sa peau.
- La miss fait moins la maline maintenant ! Déclara Thomas qui semblait se délecter de la scène.
- Et Thomas, il n'a vraiment pas l'écusson ! Renchérit l'un de ces copains tout joyeux d'avoir vérifier seul ce détail.
Aiden était autant blasé de leur impressionnante perspicacité qu'il était pressé de se trouver une solution pour se sortir de ce pétrin. Il se retenait de ne pas s'écraser sa main sur son front devant le désespoir des cas de ces quatre bonhommes.
- Bah alors blondinette, on parle plus ? Reprit un autre du groupe.
- Et ta sœur, elle est blonde comment ?! Cracha le jeune homme à la chevelure dorée trop vite pour qu'il ait eu le temps de retenir ses mots.
Il venait faire une boulette. Il en eut la certitude en voyant le visage du garçon concerné virer au rouge. Mais bon, il n'était pas du genre à ce faire insulter sans rien dire. Aiden s'aperçut que sa réplique n'avait pas fait carton plein, quand il vit fuser vers lui un poing fermé. Il esquiva avec une certaine facilité. Mais tandis qu'il se félicitait de son agilité, il fut attrapé par le col par la brute principale.
- Présentes tes excuse à Dorian, ce n'est pas poli de parler de sa sœur comme ça ! Reprit Thomas en l'agrippant toujours, le laissait sur la pointe des pieds.
- Les gars.. Je crois qu'on est partit sur une mauvaise base... Je suis persuadé qu'on pourrait devenir super potes si on prenait la peine d'apprendre à se connaître... S'empressa d'expliquer Aiden qui essayait toujours tant bien que mal de sauver sa jolie petite peau.
Il n'y croyait pas et pourtant, sa remarque eut l'air de faire réfléchir ses agresseurs, un miracle en soit. Dommage qu'ils n'ait eu que l'apparence du penseur de Rodin pendant quelques fractions de seconde. Relâché un peu après, Thomas le poussa avec force en arrière. Aiden, ainsi projeté se heurta au gorille qui se trouvait dans son dos. Croyant qu'il s'agissait d'un jeu, ce dernier le renvoya dans la même direction. Les pieds du blond s’emmêlèrent et alors il s'accrocha à ce qui trouvait à porté, et se fut le malheureux Thomas qui l'accompagna dans sa chute.
Un « splatsh » accueillit les deux hommes en arrivant au sol, suivit d'un « cratsh ». Aiden comprit que son genoux était tombé dans une flaque d'eau quand la sensation désagréable de l'eau s’étala sur son genoux et tout le long de son tibia. Mais ce n'était pas ce qui semblait le pire. En effet, le jeune homme avait gardé les yeux grands ouvert pendant la chute et pouvait observer son assaillant rouge de colère, sa chemise blanche et bien repassée éclaboussée de boue et le genoux de son pantalon totalement déchiré.
- Mon... mon pantalon ! Enfoiré ! Je vais te buter !!! Hurla à moitié Thomas avant de lui envoyer une bonne droite en pleine joues.
Tant de violence pour simplement quelques bous de fils et de la terre mouillée. À croire que ce genre de fils à papa n'avait qu'un seul pantalon. Aiden n'en pensait pas un mot. De toute façon à part la douleur qui touchait la moitié gauche de son visage il ne pouvait penser à rien d'autre.
Le blond fut surprit de voir son agresseur debout en un petit bon. Ce devait être un athlète par dessus le marché. Aiden, lui était toujours à quatre pattes dans la boue et se tenait la joue gauche. Il ne vit et donc ne pu éviter le coup de pieds qu'il reçu dans le ventre. La violence lui coupa la respiration et une bonne partie de sa volonté dont qu'il avait besoin pour se relever. Cependant, il était un habitué des bagarres et il savait que ne pas se relever serait signer son arrêt de mort. Alors il s'accrocha à sa douleur pour faire grandir sa colère et se donner l'énergie nécessaire pour se redresser. Quand il fut debout, il était prêt à rendre les coups qu'il avait reçu, ce n'était plus que de l'auto-défense maintenant. Il aurait la conscience tranquille, même si les flics soudoyés feraient semblant de ne pas croire l'un de ses traîtres mots.
Son pied fut lancer en direction de l'abdomen de Thomas, mais son coup n'atteint jamais sa cible, car l'élan dont il avait besoin avait été coupé. On le ceinturait avec force, tellement de force qu'il en avait du mal à respirer. Comment avait-il pu oublier les trois gros détails qui entouraient monsieur super muscle ?! Il ne s'en félicitait pas, car maintenant il savait que son visage et une bonne partie de son corps allait bientôt ressembler à de la pâte à modelée. Car en plus de ne pas avoir de cervelles, ce genre de gars là était dénué de toute compassion ou pitié.
Comme prévu, il reçu la raclé qu'il semblait mériter aux yeux des gros bras. Un coup en plein visage, et un autre dans l'estomac. Il profita que Thomas était proche pour lui décocher ses deux pieds dans le thorax et l'éloigner de deux bon mètres. Le chef du groupe revenait à la charge quand il fut interrompu par une voix féminine. Apparemment, ces deux là ne s'appréciait guère au vu de l'ambiance qui venait de passé à l'éléctrique.
- Ho ! Une baston ! Chouette !!! Je peux vous aider ?!
- Casses-toi Powell ! C'est pas tes affaires !
- Pas mes affaires ?! Tu crois ça ! Je vais aller voir la doyenne, et on verra ce qu'elle en pense... Mais tu vas d'abord me rappeler combien d'avertissements tu as reçu pour tes excès de violence ! Alors Thomas ? Reprit la donzelle avec assurance et un soupçon de jubilation.
- Ça c'est parce que t'es qu'une salle moucharde, Powell ! Cracha Thomas qui semblait se retenir d'aller tordre le cou de la demoiselle.
- Allons, Thomas, ce n'est absolument pas de ma faute si, lors de mon thé du samedi, j'en viens à discuter de mes camarades avec notre très chère doyenne !
- Reviens me saouler plus tard, je suis occupé pour le moment !
- Occupé ? Je vois ça... Tout comme je vois que tu sèches encore tes cours d'algèbre … Cela fait combien de semaines de suite que tu n'es pas entré dans un amphithéâtre, Thomas ? Je pense que la doyenne serait contente de le savoir ça aussi …
Aiden était toujours retenu, mais il s'en fichait puisque l'attention de son bourreau n'était plus sur lui. D'ailleurs, il était impressionné de voir l’aplomb dont était capable ce petit bout de femme face à la montagne de muscle qu'était Thomas.
- Lâches-moi là grappe, Powell, ou je … Finit par menacer Thomas.
- Ou tu quoi Thomas ? Tu vas me frapper ? J'espère que tu me fais une vilaine blague ! Allons, on sait tous les deux que tu n'es pas aussi stupide que n'y paraît ! Maintenant lâches-le, tu vois bien qu'il n'est pas de la fac, t'auras de la chance s'il ne porte pas plainte !
- Pheu ! Mon père est avocat ! Rétorqua monsieur gros muscle.
- Et peut-être que sa mère est juge, alors arrête de faire le malin et barres-toi ! On t'as assez vu ! Siffla-t-elle en s'avançant dangereusement.
- Lâchez-le, ça devient vraiment craignos par ici ! Déclara Thomas en cédant.
Plus aucune pression ne le retenait et il se retrouva bientôt à genoux à cause des douleurs subies. Il avait peut-être été secourut par une fille, mais aujourd'hui peu lui importait. Il avait échappé de peu à des côtes brisées ou autres désagréments qui lui auraient coûté les yeux de la tête et laissé des jours sans travailler.
- Allez vous-en, y'a plus rien à voir ! Filez en cours ! Ordonna la sauveuse aux personnes qui s'étaient amassées autour d'eux.
Génial! Il avait encore passé pour un animal de foire. Ce n'était pas un sentiment agréable, mais il était une seconde fois reconnaissant envers cette fille d'avoir fait fuir la foule. Il avait du mal à respirer et observait avec un certain intérêt l'herbe mouillée dans laquelle on l'avait laissé. Et dire que sa semaine venait à peine de commencer, autant dire que sa sortie n'était pas un franc succès.
Alors qu'il se croyait à nouveau seul, la voix de la jeune femme résonna de nouveau au dessus de lui.
- Alors, soit j'appelle une ambulance, soit tu réussis à te lever comme un grand ! Elle avait gardé son ton mordant et impérieux.
Aiden n'aimait absolument pas cela. Il était attaché à sa liberté, alors obéir à une tierce personne sans être payé en contrepartie ne faisait pas partie de ses habitudes. Néanmoins, il fit l'effort de se relever, ne souhaitant pas voir toute une équipe médicale débarquer pour lui. L'une de ses côtes étaient sûrement fêlée aux vues des difficultés qu'il avait à respirer et à se mouvoir. Il se força de ne pas gémir de douleur, il avait été assez ridicule pour aujourd'hui. Il s'évertua également à ignorer le côté hautin de la jeune femme. Il avait autre chose à faire que de jouer les gentlemen gratuitement. Il s'éloignait en boitant en espérant qu'on le laisserait tranquille. Mais à quoi bon, le cliquetis des talons de la demoiselle qui venait de rejoindre les pavés brisait ses rêves.
- Et je te rappelle que dans notre beau pays civilisé qu'est l'Angleterre, on remercie la personne qui nous sauve la vie ! Déclara-t-elle d'une voix forte et sur un ton offusqué.
Il n'y avait plus aucun doute, elle aussi faisait partie de ses filles à papa qui se croyaient supérieures à n'importe qui. S'il avait su que cette journée était le jour des trous du cul, il aurait sûrement mit son costume, lui aussi. Il soupira fortement et cela lui arracha une quinte de toux des plus douloureuse qu'il avait pu déjà vivre.
- AIIIIHEUUUUUUUU ! Cria-t-il sous la douleur qu'il venait de ressentir.
- Chochotte. Murmura la fille qui venait de passer le bras du blessé sur ses épaules pour le soutenir dans sa marche.
Comme s'il avait besoin de la pitié d'une enfant gâtée. Sérieusement ? Il avait l'air si mal en point que cela ? Même si l'acte était attentionné, il ne voulait pas avoir encore plus à la remercier et quand bien même, se faire aider par une fille c'était plutôt la honte.
- Je peux marcher tout seul ! Je ne suis pas handicapé ! Grogna-t-il entre ses dents.
Aussitôt dit, aussitôt fait. La jeune femme le laissa sans maintient. Sans pouvoir bouger autrement que de mettre ses main en avant il commença à basculer. La demoiselle le rattrapa juste avant qu'il ne tombe pour de vrai.
- Je pense que tu voulais plutôt dire que tu étais capable de ramper au sol tout seul... non ? Se moqua-t-elle sans retenue.
- Bon, tu peux appeler ton médecin familial maintenant. Il sera toujours plus efficace que l'infirmière je suppose. Proposa la jeune femme aux cheveux noirs d'ébène.
- Médecin de ?
- Ton médecin familial, le doc qui s'occupe de ta famille quoi ! Il vaut mieux qu'il vienne ici pour dire si tu as quelque chose de cassé, non ? Reprit-t-elle sans comprendre.
À cause de ses côtes douloureuses, il dut se retenir d'exploser de rire devant le quiproquo de la situation. Ce n'était pas drôle et pourtant qu'elle ait cru qu'il était un riche héritier l'amusait beaucoup. À la place, il secoua la tête de façon négative tout en souriant à moitié.
- Je ne suis vraiment pas de l'école, je suis seulement employé comme modèle pour la section art de votre fac... Je n'ai pas de médecin familial.
La jeune femme soupira simplement et les fit faire demi-tour.
- Dommage, il va falloir se contenter de l'infirmerie alors... Déclara-t-elle en reprenant la marche dans le sens inverse.
Pour Aiden, s'en était trop, il avait l'impression d'être une simple poupée de chiffon trimballée de toute part. Il se força à rester sur ses pieds, ce qui perturba sa sauveuse.
- Pas besoin d'aller a l'infirmerie. Je m'en occuperais moi-même, c'est vraiment pas grand chose ! Déclara le blond en essayant de paraître le plus crédible possible.
- Tellement raisonnable cet homme ! Déclara-t-elle pour elle-même.
En voyait qu'elle levait les yeux au ciel, il se retint d'être insultant. C’était bien les bourges ça ! Il sauvait une fois la vie d'un parfait inconnu et ces pauvre bougre devait devenir leur esclave jusqu'à la fin de leurs jours. C'était vraiment du grand n'importe quoi ! Ce genre de comportement l'agaçait profondément. Il se défit donc de l'étreinte de la demoiselle bien que cela fut plus douloureux et difficile de se tenir debout après cela. Au moins, il pouvait maintenant prendre son propre chemin jusqu'à sa fidèle voiture.
Après avoir ouvert la portière, il s'installa dans le siège dont les coutures commençaient à partir en vacances. La conducteur allait mettre la clé dans le contact. Mais avant quoi que ce fut, il vit sa clé lui glisser des mains. Il tourna aussitôt la tête vers la source du chapardage intempestif. La demoiselle aux cheveux noirs et brillants était là, un petit sourire narquois sur le visage et ses doigts qui jouaient avec la clé de sa voiture.
- Tu comptais conduire dans ton état ? Demanda-t-elle amusée.
- Bien sûr que non, mais ça me paraissait évident que j'allais fumer le calumet de la paix avec des lapins blancs !... Écoutez, miss Powell, si vous n'avez pas besoin de travailler, j'en suis très heureux pour vous, mais je n'ai pas la chance de pouvoir m’appuyer sur un quelconque héritage. Je vous prierait de bien vouloir me rendre mes clés de voiture... Se força-t-il à demander poliment.
Quand le jeune homme remarqua que son interlocutrice fronça les sourcils, il su qu'il aurait dû approfondir son efforts. En effet, c'est avec force et volonté qu'elle le prit par les épaules pour le faire sortir de son siège et le diriger jusqu'à ce qu'il soit assit sur la place du passager.
- Voilà, ça sera ta place pour aujourd'hui !
Quelques secondes plus tard, Miss Powell se trouvait à la place du conducteur, démarrant la voiture avec une certaine rapidité. Aiden trouvait cette fille vraiment très étrange et il n'osa même pas lui demander de sortir de sa voiture et de le laisser rentrer chez lui tout seul. De toute manière, ce n'était pas comme s'il avait eu un véritable chez lui ailleurs que dans cette voiture.
Doucement, la voiture quitta le grand complexe qu'était l'université et entra dans les embouteillages londoniens.
- Où je t'emmène alors ? Histoire que tu me montres comment tu t'occupes de toi ? Lança-t-elle toujours sur un ton supérieurement désagréable.
- Nulle part... Je vis dans ma voiture une grande partie du temps... Marmonna Aiden de très mauvaise humeur. Et puis d'abord, pourquoi tu conduis ma voiture ?! Demanda en reprenant un peu de sa virilité perdue bien que son ton fut celui d'un enfant de quatre ans.
- Tu connais le principe d’assistance à personne en danger ?
- Mais je ne suis pas en …
- Ça s'applique aussi pour les mecs voulant jouer les héros du volants ! Coupa-t-elle avec une fierté affichée.
- C'est pas moi qui joue les héros là...
- Et c'est là qu'est toute la subtilité, comme je suis une femme, je ne peux techniquement pas être qualifiée de héro... comprends-tu ? Répliqua-t-elle amusée par ses propres explications.
Profondément contrarié, il n'avait plus envie de rien dire. Qu'elle l’emmène où elle le souhaitait, elle ne pourrait pas le séquestrer à vie ! Il soupira à nouveau longuement et un nouvelle quinte de toux déchirante le prit, lui faisait couler des larmes douleurs. La voiture pilla aussitôt et il faillit se prendre le tableau de bord en pleine figure. La ceinture sur son thorax le fit davantage souffrir que sa toux.
- T'es complètement tarée ?! Pourquoi tu t’arrêtes comme ça ? Demanda-t-il en se forçant à ne pas hurler.
- Il faut t'emmener à l'hôpital, t'as l'air d'être sérieusement blessé !
- Est ce que tu m'a écouté plus de deux secondes quand j'ai dit que je devais travailler pour vivre ?
- Mais qu'est ce qu'on va faire ?! Questionna-t-elle en commençant à paniquer.
- Je ne sais pas moi, t'as qu'a appeler ton propre médecin familiale, je m'en fiche ! Proposa le blessé fatigué par cette histoire.
- Je n'ai pas de médecin familiale non plus... Je suis seulement boursière...
- C'était bien beau de faire sa maline tout à l'heure... Grogna le blessé avant d'essayer de trouver une solution qui apaiserait ses douleurs. Hum... T'as pas de médoc sur toi ? Demanda-t-il à tout hasard.
Un petit « non » de la tête lui apprit qu'il n'aurait pas son doliprane avant longtemps. Mais comme la voiture redémarrait calmement, il supposa qu'elle avait eut une meilleure idée. Aussi, il décida de ne plus poser de question. Puisqu'elle voulait lui venir en aide, qu'elle se débrouille comme elle le voulait. Lui, il avait décidé de subir, il n'avait pas vraiment le choix, alors autant que cela soit de son plein grée. Cela rendait la situation plus acceptable pour lui et sa fierté bafouée de mâle.
Un bon moment plus tard, la voiture s'arrêta dans un quartier sordide de Londres. Il y était déjà venu mais n'y était jamais resté. Aiden n'était pas fan de la banlieue et des types qui y traînaient. La miss Powell sortit alors de la voiture et attendit qu'il en fasse de même. Sans recevoir d'ordre, il quitta sa place aidé par sa sauveuse. Ils prirent un simple ascenseur avant d'arriver devant une porte de bois. La jeune femme y entra sans toquer et entraîna Aiden à l'intérieur. L'endroit était étroit et terriblement mal organisé. Il y faisait frais et un courant d'air fit claquer la porte derrière lui, le faisait sursauter. Mais la jeune femme qui le tenait toujours ne lui laissa pas le temps de réfléchir et l'attira dans une cuisine. Là, elle le fit s'asseoir de force et après un rapide « je reviens » elle se volatilisa.
Aiden se mit alors à attendre sagement. Son nez lui signala une odeur de sauce tomate et cela suffit à réveiller sa faim dévorante. Son estomac se remit aussitôt à chanter pour appeler la nourriture.
Refusant de fouiller dans le frigo, il observa la pièce. De la vaisselle sale attendait dans l’évier et quand il tourna la tête vers la sortie, ses yeux rencontrèrent ceux d'une femme d'âge mûr. Il eut le temps de remarquer qu'elle était habillée d'une robe de chambre grossière avant que la femme ne disparaisse. Aussitôt, des murmures distinctes s'élevèrent.
- Tu es déjà là ?
- Bonjour maman, non je ne fais que passer.
- C'est la première fois que tu ramènes un garçon à la maison, tu nous présentes enfin ton fiancé ?
- Non maman, c'est seulement une connaissance, il s’appelle Aiden, et comme il s'est fait reverser tout à l'heure, je le soigne avant qu'il ne retourne travailler...
Le jeune homme tiqua. Comment avait-elle eut connaissance de son prénom. Il était parfaitement certain de ne pas le lui avoir dit. Cela aussi c'était marqué sur son front ? Décidément, son visage devait contenir un roman ! En tous les cas, les voix se stoppèrent et tandis que des pas s'éloignaient, Naomy apparut dans la cuisine, une boite de pharmacie aussi grosse qu'une caisse à outils dans les bras.
- Où est-ce que tu as apprit mon prénom ? Lâcha-t-il toujours surprit.
Un silence puis un soupire désespéré suivit.
- Il y a pratiquement une semaine, une de mes amies à réservé un bar d'hôte très bizarre. J'étais l'une des invités. J'ai hésité entre te prendre toi ou … James, je crois... Et bien, j'ai bien fait de ne pas te choisir ! Raconta la jeune femme avec simplicité.
Même si Aiden avait la mémoire des prénoms et des visages, il devait avouer que cette jeune femme ne lui rappelait absolument rien. Il se rappelait à peine de la soirée à vrai dire. Il avait encore dû faire un petit extra, cette nuit là, qui lui avait retourné le cerveau. L'information le mettait mal à l'aise. Ce n'était pas bon pour les affaires qu'il oublie le prénom d'une cliente potentielle.
- Tu peux me rappeler ton prénom ? Demanda-t-il timidement.
- Noamy …
- HA ! Mais oui, évidement, Naomy ! Comment ai-je pu hésiter une seule seconde ! Tenta-t-il avec enthousiasme.
- Tu peux arrêter de faire comme si tu t'en souvenais, ça te rend encore plus ridicule. Le cassa-t-elle sans remord.
Comme seule excuse, il lui offrit un sourire forcé. Sourire qui s’effaça aussi rapidement qu'il était venu lorsque la fameuse Naomy lui enfonça une chose qui puait atrocement dans l'une de ses narines. Il lâcha un cri par principe. Son nez n'était pas cassé, elle n'était pas sensé terminer le travail de Thomas et le fait qu'il ne ce soit pas souvenu d'elle n'était pas non plus une raison pour chercher à le faire souffrir d'avantage. Elle lui balança aussitôt un gant de toilette humide en plein visage.
- Tu comptes vraiment me torturer jusqu'à ce que je claque ? Ragea-t-il en examinant l'objet.
- Non, mais je me suis dit que tu pourrais essuyer le sang séché qui recouvre une bonne partie de ton visage ? Répliqua-t-elle en essayant de la regarder le moins possible.
Aiden n'avait pas besoin d'être médecin ou médium pouvoir que la vue du sang dérangeait la jeune femme. Ses mains qui tremblaient et sa peau qui avait pâli en était les preuves irréfutables. Sans rien dire, il se nettoya le visage avec application sans appuyer là où sa joue avait été amochée. Il en avait également profité pour l'observer dérouler une bande médical et l'enduire d'un gel transparent qui sentait une odeur proche du menthol.
- Tu vas devoir retirer ton pull et ta chemise. Finit-elle par annoncer.
Le jeune homme eut beaucoup de difficulté à s’exécuter et elle dû l'aider pour retirer ses vêtements. Elle les posa en vrac sur la table de cuisine et se pencha sur son torse meurtrie. Une grimace désapprobatrice déforma ses lèvres gourmandes. Cela n'annonçait rien de bon et par mimétisme, Aiden grimaça également.
- C'est vraiment pas beau à voir ! Déclara Naomy en observant les dégâts.
- Navré de ne pas être assez à votre goût, Miss. Reprit-t-il en essayant de détendre l’atmosphère.
- Tu le fais exprès, ou tu es juste con ? Je parlais de tes blessures.
Sa blague de mauvais goût était tombée à l'eau, il retenterait sûrement sa chance plus tard. En attendant, il grogna sous la fraîcheur et la pression de la bande qu'elle appliquait sur ses blessures. Cette fille ne rigolait pas et il s'imaginait déjà à quel point cela allait être compliqué de fuir d'ici avant que sa voiture ne disparaisse en pièces détachées. Il n'y avait plus de doute possible, aujourd'hui était une très mauvaise journée.
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