Chapitre 09 : Double vie

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Avec des restes de viandes diverses et variées et trois pommes de terre, Naomy avait réussit à rapidement en faire un hachis parmentier. Saupoudré de gruyère, elle avait insisté pour que son petit oiseau blessé reprenne des forces. Même si ce dernier avait protesté qu'il voulait simplement retourner à sa voiture et aller travailler. La jeune femme en avait décidé autrement et se fut comme elle le désirait que les choses se passèrent. Aiden était resté déjeuner et vu l'appétit avec lequel il avait engloutit le plat, elle se félicitait de s'être entêtée. A vrai dire, même si le garçon était quelque peu musclé, il n'avait que la peau sur les os. S'il vivait dans sa voiture, il devait rarement manger à sa faim. Rien qu'à cette pensé, une petite moue dégoûtée déforma ses lèvres pulpeuses. Et dire que sans ses bourses et sans ses amies elle aurait pu être dans la même situation. Cette idée lui fila un long frisson.

Alors qu'il raclait son assiette avec sa fourchette, Naomy l'observait du coin de l’œil. A chaque bouchée qu'il avalait il grimaçait, signe que ses côtes avaient reçu trop de chocs. Si elles n'étaient pas fêlées, il aurait au moins d'énormes bleus. Il faudrait quelques semaines avant que le tout ne commence à se résorber. Elle soupira, cet homme semblait presque aussi têtu quelle et avoir refuser catégoriquement d'aller à l'hôpital n'avait pas été l'une de ses meilleures décisions. Cependant, Naomy n'avait pas les moyens de payer une consultation à la place d'Aiden. Et puis de toute façon, elle n'était pas la croix rouge ou de ces organismes s'occupant des personnes dans le besoin. Elle était plus intervenue pour contre carré les plans de Thomas plutôt que pour sauver son compagnon.

Quand les assiettes furent vidées, elle les emporta pour les mettre à tremper dans l’évier. Elle soupira en y voyant la vaisselle déjà accumulée. Ce serait à elle de s'en charger. Mais elle le ferait plus tard. Vu l'heure, elle allait se mettre en retard à son entraînement d'après-midi. Elle se positionna en face du jeune homme et lui agrippa fermement le bras pour le tirer jusqu'à ce qu'il soit sur ses jambes.

- Bon, toi... Tu vas rester ici cet après-midi. Hors de question que tu te fasse souffrir d'avantage. Avoir ta mort sur la conscience ne m'intéresse pas. Si tu as de la chance, tu pourras échapper aux feux de l'amour, mais ne compte pas trop dessus. Je te conseille de dormir tant que tu le peux. Déclara Naomy en supportant le corps du garçon avec quelques difficultés. Même s'il était maigre, il pesait tout de même le poids d'un homme adulte.

- Mais non, j'allais …

- Tu vas faire ce que je te dis, tu es chez moi, mon invité... Je n'autoriserais aucune rébellion ! Coupa-t-elle sans attendre qu'il ait exposé ses arguments.

De force, elle le fit s'installer dans le canapé. La résistance qu'il exerça n'était rien comparée à la volonté de fer de Naomy. Finalement, Aiden céda et s'était allongé dans le canapé familial... Qui constituait également le lit de la jeune femme.

- Je dois aller travailler ! Protesta le blond d'une voix décidée.

- Mais tu ne peux rien faire sans aide, appel ton patron pour lui dire que tu es souffrant et puis c'est tout. Trancha à nouveau la demoiselle.

Aiden ronchonna, mais cela ne fit pas changer Naomy d'avis. Elle restait sur ses positions et après un regard qui en aurait dissuadé beaucoup, elle sortit de la pièce pour faire ce qu'elle avait dit. Un dernier salut à sa mère et elle disparu de l'appartement. Même si la brune savait que son blessé n'obéirait pas, elle lui aurait au moins proposé de se reposer dans un endroit autre que la banquette arrière de sa voiture verte. Cependant, elle savait qu'il mettrait un peu de temps avant de se reperdre, et la jolie brune avait laissé les clés de la poubelle à roues sur le guéridon à l'entrée de l'appartement. Elle savait que c'était un endroit simple à trouver, néanmoins, la réflexion d'Aiden pourrait peut-être prendre plus longtemps et elle comptait un peu sur cela pour retenir le jeune blond chez elle.

Maintenant qu'elle se retrouvait dehors, il fallait encore qu'elle trouve un bus pour s'éloigner du bordel sinistre qu'était son quartier. Le long véhicule à la peinture écarlate ne tarda pas à s'arrêter près d'elle et lui ouvrir ses portes automatiques. Naomy dû attendre sagement que toute la populace descende pour pouvoir espérer avoir un petit espace où rester debout. La jeune femme ne prenait plus la peine de prendre des tickets de bus, après tout, pourquoi payer alors que les contrôles étaient facile à éviter. Depuis, elle ne roulait pas sur l'or, et si elle pouvait économiser une ou deux livres sterling, elle ne s'en privait pas.

Le trajet fut très long au goût de la demoiselle. Beaucoup plus long que le trajet en voiture du moins... Peut-être était-ce dû aux innombrables arrêts que le bus faisait ou bien aux jeunes courants après le bus et stoppant le chauffeur trop aimable dans sa course. Tellement long que Naomy finit par craquer et préféra descendre du bus pour terminer le reste du voyage à pied. Peu important ses talons, elle traversa les deux derniers kilomètres en petites foulées. Ces derniers auraient pu lui briser les chevilles, mais au moins aurait-elle eut l'excuse d'être handicapée lorsqu'elle serait arrivée en retard à son entraînement.

Grâce à son endurance développée au cours des années, Naomy fini par arriver au gymnase, le souffle court et les genoux tremblants de ne pas s'être fléchit suffisamment pendant la course. La bonne nouvelle était que la brune venait d'arriver avec cinq petite minutes d'avance sur ses prévisions. A ce moment là, peu lui importait la sueur qui coulait de ses tempes et faisait coller quelque uns de ses cheveux, elle était arrivée et resterait exemplaire dans son rôle de capitaine d'équipe d'aérobic.

Naomy adorait le sport, la gymnastique. Elle ne vivait que pour cela depuis des années, un échappatoire à sa vie complexe, à sa mère et ses petits frères dont elle devait gérer de loin l’existence. Laisser son corps exprimer ses petits traquas l’exorcisait correctement. De plus, cette année, elle dirigeait l'équipe de gym de l'université. Un seul but : les jeux olympique. C'était leur objectif à toutes, et surtout celui de la jeune femme aux cheveux sombres.

Changée et échauffée correctement, la demoiselle autoritaire faisait le tour des filles qu'elle avait sous sa coupe. Elle les observait s'échauffer et fronçait les sourcils lorsque l'une d'elle avait le malheur de chuchoter quelque chose dans l'oreille d'une autre. Sa voix claquait alors et le silence revenait. L’entraînement était intensif, brutal parfois, mais aucune blessée n'avait été à déplorer depuis qu'elle en avait la responsabilité. Deux heures plus tard, l’entraînement était terminé, Naomy buvait goulûment à sa gourde de boisson énergisante, laissant quelques gouttes couler sur son menton dans la hâte.

Les vestiaires retrouvés, Naomy sentit la migraine la gagner. Les filles ne pouvaient s'empêcher de raconter leur vie, leur relations intimes avec leur copain, fiancé ou amant. A vous dégoutter des relations amoureuses. Grimaçant seulement, la brune se leva et s'approcha de la plus bruyante, lui tapotant simplement l'épaule pour attirer son attention. Marie était en sous-vêtements et rigolait encore de la réflexion de son interlocutrice.

- Maria, les kilos que t'as pris commencent à se voir... Tu sais... Si tu n'arrêtes pas les frites je pense que ton justaucorps devra être élargit et tu ne seras plus du tout en accord avec les autres filles... Murmura Naomy, la langue maligne.

La dite Maria s'était redressé, ses joues étaient rouges de honte et de colère suite à la réflexion de son aîné. Elle aurait peut-être répliqué quelque chose d'aussi insultant si Naomy n'avait pas été la capitaine de leur équipe. Au lieu de cela, la jeune femme se contenta de se retourner pour terminer de s'habiller et quitter la pièce le plus rapidement possible.

Une fois Maria mise en veilleuse, les vestiaires étaient tout de suite beaucoup plus silencieux et Naomy pouvait enfin s'entendre réfléchir alors qu'elle rafraîchissait son maquillage devant le miroir.

Elle repensait au jeune homme qu'elle avait laissé chez elle. Un instant elle eut la mauvaise impression de l'avoir laissé aux pulsions séductrice de sa mère... Mais elle se rassura la seconde d'après. Aiden semblait être un garçon plein de ressource, elle était certaine qu'il aurait pu échapper à la matriarche provocante que pouvait être Mrs Powell.

Une dernière gorgée d'eau et voilà qu'elle ressortait du gymnase. Des cours théoriques de mathématique allaient bientôt commencer et si elle voulait avoir une bonne place, il ne fallait pas qu'elle se laisse aller à bronzer sous les faible rayons de soleil londonien.

La porte de la petite salle de classe, peut être l'une des plus petite de tout le campus, n'était plus qu'à quelques mètres lorsque la silhouette trapu et bien connu de la jeune femme apparue devant elle. Naomy se redressa et une légère expression de surprise passa sur ses traits quand elle comprit que l'homme d'environ soixante-quinze ans s'approchait dans sa direction et semblait vouloir lui parler.

Naomy ralentit alors son pas rapide et décidé pour ne pas entrer en collision avec le directeurs adjoint de l'établissement. C'était cet homme à la barbe grisonnante et bien taillée qui lui avait permit d'entrer dans l'une des plus prestigieuse université de la capitale et qui suivait de près ses résultats depuis son admission. À présent qu'elle était étudiante elle prenait grand soin de donner le meilleur d'elle-même, mais il était vrai qu'avec la gestion de l'équipe d’aérobic de l'université et toutes les responsabilités que cela impliquait, son attention avait quelque peu déviée de ses études théoriques.

Comme elle s'en était doutée, ses notes avaient quelque peu chuté au premier semestre. Le directeur adjoint caressait discrètement son ventre bedonnant tout en expliquant la situation à sa protégée.

- … Cependant, nous ne pouvons vous reprocher un manque de sérieux dans votre rôle de capitaine. Seulement, si vos notes chutent encore pour le semestre qui arrive, nous nous verrons dans l'obligation de vous recaler... et vous savez ce que cela veux dire : nous ne pourrons plus rien pour vous, Miss Powell.

Le cœur de Naomy était serré. Sa présence dans cette université lui assurait un avenir réel dans sa discipline, si elle était recalé, les jeux Olympique ne voudrait jamais d'elle. Ou du moins, elle ne se sentirait plus autorisé à s’auto-proclamer capable d'attraper la médaille d'or.

Dans l'incapacité d’émettre une réponse correcte, la demoiselle se contenta de hocher la tête, indiquant à son interlocuteur qu'elle avait bien comprit ce qu'il lui annonçait. Cela mit le vieillard mal à l'aise, aussi il se racla la gorge pour se redonner un peu plus de contenance avant de se pousser sur le côté et ainsi libérée le passage jusqu'à la salle de cours que devait atteindre la jeune femme.

Avec ces révélations, la gymnaste avait comme un creux dans l'estomac et se retrouvait incapable de se concentrer plus de deux minutes sur les théorèmes et les développements inscrit sur le grand tableau véléda. Elle recopia bêtement pour se convaincre qu'elle comprendrait quand elle relirait ses notes.

La fin de l'heure fut une délivrance pour la jeune femme qui soupira tout le long qu'elle rangea de façon méthodique et ordonnée ses affaires, son point côté refusant de l'abandonner. Les couloirs étaient bondés de jeune personnes toutes aussi riches et snobes les unes que les autres. Naomy se devait d'imiter cette nuée de petits bourgeois afin de se faire accepter et respecter. Aussi, le dos droit et la tête haute, elle n'hésitait pas à se frayer un chemin parmi ses camarades anonymes. Elle fut bien assez tôt retrouvée par Evalyn et un de ses éternels baisers tendres sur la joue. Evalyn avait toujours été comme ça, terriblement câline et démonstrative de son affection. La jolie blonde semblait être heureuse à la place de tout le reste de l'univers et son sourire radieux redonna un peut de baume au cœur à Naomy qui ne pu faire autrement que de lui sourire en retour.

- Tu as une petite mine ce soir... Des problèmes ? Demanda l'artiste toujours aussi soucieuse du bien être de ses amies.

- Non, seulement un entraînement particulièrement décevant... Mais je crois que je t'ai déjà parlé des cachalots qui me servaient de coéquipières. Répondit Naomy en soupirant.

La demoiselle voulait éviter d'inquiéter son amie avec la présence d'Aiden dans sa vie. Elle ne voulait pas que ses proches se fassent des idées et se refusait davantage à se justifier. Pour elle, Aiden resterait un passage secret de sa journée, et priait pour que cela ne s’éparpille pas sur plusieurs jours.

- Je vois... Reprit Evalyn toujours aussi souriante. Mais je suis sûre que tu vas leur rendre grâce et beauté dans les mois qui viennent !

- Moui, si je réussis ce coup là, je pourrais me proclamer nouvelle messie ! S'exclama Naomy de façon théâtrale.

- Nouvelle messie ? J'espère que tu ne deviendras pas parano à voir des Judas partout ! Coupa la voix délicate mais aux accents supérieurs d'Ophelie.

Les deux amies se tournèrent doucement pour voir les dernier pas de leur compagne arriver. La démarche d'Ophelie était toujours la même, comme celle d'une princesse, élégante et gracile mêlée de dédain naturel.

L'arrivée de la jeune femme avait coupé cours aux plaintes vaines et inutile de Naomy et aux inquiétudes légères d'Evalyn. Ophelie, qui avaient maintenant rejoint les deux autre filles, n'avait pas attendu les questions de courtoisie d'Evalyn pour raconter sa journée dans les moindre détails, rendant une pause de mascara complètement épique et important pour la survie de l'univers.

- … Et je te raccompagne ce soir ! Termina Ophelie sur un ton tout à fait naturel. Après tout pour cette fille donner des ordres de façon subtile était devenue une seconde nature.

Naomy laissa l'un de ses sourcils fin se hausser, demandant ainsi à la demoiselle un peu plus d'explications quand à ce choix qui semblait prit sur un coup de tête.

- … Pour prendre le thé... Et puis il est temps de faire un peu d'ordre dans ma garde robe, j'ai pensé que ça t'intéresserait de m'aider.

Il n'en fallut pas plus à la jeune boursière pour comprendre le sous entendu de son amie. Ophelie expliquait de façon cachée que les jours de congés de Naomy étaient terminés et qu'elle devrait reprendre son poste de femme de ménage aujourd'hui. Aucune grimace cependant ne déforma les lèvres pulpeuses de la gymnaste. Travailler pour Ophelie n'avait rien de désagréable. Après tout, faire quelques poussières n'était pas cher payer pour passer un moment en bonne compagnie... Surtout les été chaud au bord de la piscine à siroter divers cocktails ou bien boire tranquillement le thé près de la cheminée lors des froides soirées d'hiver. De plus cela permettait à la brune de pouvoir joindre les deux bout avec son emploi à temps très partiel.

Naomy hocha donc la tête faisant mine d'accepter avec hésitation l'invitation de la petite bourgeoise. Laissant ainsi Evalyn qui n'en prit pas ombrage.



Après encore quelques instants de papotages inutiles, Naomy et Ophelie se dirigèrent bras dessus-dessous en direction du parking extérieur à l'université. Là où pouvaient aisément se garer plusieurs limousines les une derrière les autres. Sans une once de gène ou de honte, Naomy laissa le vieux chauffeur de Naomy lui ouvrir la porte afin qu'elle puisse passer la première et s'installer sur la banquette de son choix. Elle avait choisit de s'asseoir en face de son amie pour continuer leur conversation sérieuse sur la conjoncture économique actuelle de l'Europe. Ophelie indiqua seulement qu'elle passerait au bar auquel elle était habituée. Le trajet fut rapide et sans encombre jusqu'à la petite rue où se trouvait le Bar to Hadès. Une nouvelle fois, Naomy observa l'architecture simple et banale du bâtiment avant de se réinstaller dans son fauteuil. Au travers de la vitre fumée, Ophelie envoya un baisé en direction de Naomy tandis que la Limousine reprenait son chemin. La jolie brune changeait alors de statut : de l'amie intime de la maîtresse de maison, elle passait à simple domestique de la maison Tompson. Cela n'était pas forcément mauvais pour la gymnaste, après tout, il fallait bien de temps en temps reposer les pieds sur terres. Le retour pour la demeure et Tompson ne fut pas plus long et les larges pneus du véhicules ne tardèrent pas à crisser doucement sur des petits cailloux, si caractéristique des grandes allées bourgeoises.

A partir de là, Naomy n'avait plus le droit aux jolies courbettes et sourires polis. Karl était devenu aussi aimable qu'une porte de prison, ce qui n'encourageait certainement pas la jeune employée à faire des efforts de bienséance. La demoiselle dût ouvrir seule la porte de la limousine et se débrouiller pour en sortir aussi élégamment que cela lui fut possible.

Après avoir enfiler l'uniforme des employés de la maison Tompson, son emploie du temps lui fut donné par la femme de Karl sans un autre mot. Un soupire traversa les lèvres de Naomy en observant le nombre de pièces qu'elle aurait à dépoussiérer aujourd’hui. Cependant, loin de rechigner devant tâche, elle s'arma d'un plumeau doté de la dernière technologie pour attirer et emprisonner la poussière, puis commença sa besogne avec plus ou moins d'entrain. Faire le ménage n'était pas l'une de ses grandes passion, mais il fallait bien se faire un peu d'argent afin d'acheter des fournitures de marque et ainsi continuer de faire illusion que sa famille était tout aussi riche que les autres et croulait sous l'or, l'argent et les billets verts.

Pendant son activité extra scolaire, la demoiselle pu apercevoir Coraline qui rentra en trombe dans sa chambre, elle semblait hors d'elle bien qu'elle n'hurla qu'une fois un oreiller mit sur sa bouche. Naomy avait pu entendre les cris atténués par les tissus et le rembourrage qui existaient à l'intérieur des énormes polochons qui trônaient dans les lits du manoir. Le comportement suspecte de la demoiselle n’alarma pas Naomy qui se savait méprisée. Si la princesse Tompson avait passé une mauvaise journée, cela ne la faisait que ressembler un peu plus au commun des mortels et la remettrai peut être en question. La gymnaste ne tenait pas sincèrement Coraline dans son cœur, car à l'instar de sa cousine, elle haïssait les personnes ayant besoin de l'argent de l'état pour vivre, Naomy étant boursière, il était logique que la dernière fille Tompson la considère comme une parasite. Mais cela n'empêcha pas Naomy de noter l'humeur de Coraline dans un coin de son esprit pour pouvoir en faire part à Ophelie lorsqu'elle reviendrait de sa promenade tardive. Ce n'était pas qu'elle était du genre à espionner ses patrons, c'était simplement qu'elle pensait que cette information pourrait être utile à son amie et lui éviter toutes conversations houleuse avec l'une de ses parentes.

Après avoir épousseté chaque livre de la petit bibliothèque qui pouvait également servir de salle de travail, son temps d'activité avait rapidement passé. Après tout, lire chacun des titres auxquels elle donnait un coup de plumeau s'avérait être chronophage. Naomy s'en rendit compte d'autant plus compte en entendant la voix particulièrement chantante d'Ophelie. Elle souffla de soulagement après s'être assuré qu'elle avait bien effectué toutes les tâches qu'on lui avait attribuées.

La comtoise dans la petite bibliothèque indiquait presque vingt heure et se fut le temps pour la gymnaste de quitter son lieu de travail après un dernier au revoir à son employeuse et amie. Elle en profita pour indiquer à Ophelie l'humeur massacrante de Coraline. L'information n'eut pas l'air d’émouvoir la demoiselle aux cheveux châtains puis que cette dernière se contenta de sourire de façon béate avant de se mettre à monter les escalier d'un pas sautillant.

Dehors, la température avait considérablement baissé, du brouillard s'élevait à un mètre du sol et recouvrait tout sur son passage que ce soit du bitume ou bien des parcelles herbeuses, tout semblait être mit à la même enseigne. La brune serra les dents pour réprimer un frisson alors qu'elle enfilait en hâte sa veste à demi-cirée de couleur crème. Ainsi armée, le froid avait beaucoup moins d'emprise sur son corps et les ses talons purent commencer à se faire entendre dans l'allée du manoir Tompson jusqu'à atteindre la rue.

Après une bonne vingtaine de minutes à marcher seule dans les rues semblant désertées à cause de la pluie fine qui commençait à apparaître, Naomy se décida à monter dans un bus sale et bondé dont elle avait l'habitude de la ligne. Mais alors qu'elle regardait les bâtiments défiler, elle se mit à reconnaître la rue dans laquelle Karl avait déposé Ophelie quelques heures plus tôt. Prise d'un excès de curiosité, la jeune femme décida de descendre du véhicule de transport en commun pour s'approcher d'avantage du lieu préféré de son amie... et aussi pour donner ou prendre des nouvelles du blond qu'elle avait sauvé ce midi même.

Étrangement, l’ambiance lui semblait beaucoup moins festive maintenant qu'elle se retrouvait toute seule à grimper l'escalier étroits qui a conduirait au premier étage. Cependant, elle ne pouvait nier le mystère qui englobait l'endroit. Un moment, l'hésitation saisit la brune. Que faisait-elle ici ? Devait-elle vraiment se comporter de façon aussi inquiète envers un inconnu qu'elle ne révérait sûrement jamais de sa vie ?

Naomy était sur le point de redescendre discrètement et faire demi-tour, mais le rideau de perles noires émit le bruit cliquetant propre à l'écartement de cette porte très légère. Alors le cœur de la jeune femme se figea alors que ses yeux avaient à s'habituer à la lumière tamisée de la pièce du premier étage. Une main épaisse et virile se présenta alors à elle au travers des perles. A nouveau, elle se demanda ce qu'elle faisait ici. Car après tout, elle avait beau se prétendre avoir autant de valeur que la bourgeoisie et la noblesse anglaise, elle était loin d'avoir leur manière, leur éducation ou encore leur compte en banque. Et si prendre la main de cet homme lui était facturé ? Naomy refusait de dépenser son argent pour entendre roucouler un garçon dont les phrases étaient jouées des dizaines de fois par jour.

Mais elle n'était pas une couard et maintenant qu'elle se retrouvait prise la main dans le sac, elle n'avait plus qu'à aller jusqu'au bout de son idée. Aussi pris-t-elle de façon assurée cette large main qui lui était offerte, cette dernière l'attirant gentiment, l'obligeant à pénétrer le cœur de l'établissement.

Maintenant qu'elle avait franchit le palier, la jeune femme pouvait détailler à son aise le serveur qui l'avait audacieusement harponnée. Des cheveux châtains foncés aux reflets roux, des yeux d'un bleu perçant et des épaules large... C'était le garçon qu'elle avait choisit quelques jours plus tôt lors de leur soirée dans ce lieu. Naomy dû se mordre la langue pour éviter de dire une ânerie. L'homme ne semblait pas l'avoir reconnu et lui offrait avec respect un baise-main tout à fait correcte.

- Bonsoir, Milady, permettez-moi de vous accompagner à l'une de nos tables vides... Serez-écran accompagnée ? Demanda la voix rauque et grave de l'homme.

A l'évocation d'être prit à défaut pour une cliente, Naomy retira sa main de celle de James, comme ci ce dernier venait de la piquer avec une aiguille ou l'avait brûlée.

- Je ne suis pas là pour cela... J'aimerais parler à votre supérieure, s'il vous plaît. Répliqua Naomy toujours sur la défensive dans ce genre de lieux.

La mâchoire carrée du serveur se crispa mais son sourire resta figé tandis qu'il se tournait qu'un quart de tour afin de laisser l'accès libre à Naomy.

- Comme il vous plaira... Se rattrapa l'homme en laissant avancer la jolie brune.

Laissée planté près de l'entrée, Naomy observa un instant les scènes qui se présentaient à elle. C'était toujours le même schéma. Une fille seule pour un serveur attentionné. En quand les filles était en duo ou en groupe, le serveur ne servait qu'à les distraire et se faire taquiner.

Quelque minutes plus tard, la jeune chinoise qui semblait gérer l’endroit fut devant elle, s'essuyant les mains sur un torchons blanc qui semblait tâché de chocolat.

- Que puis-je faire pour vous ? Demanda la charmante patronne sans aucun accès étranger. Le sourire aux lèvres en prime.

- Je suis là pour … pour un renseignement. Je voulais savoir si Aiden travaillait ce soir. Dit Naomy en s'embrouillant dans sa requête.

- Oui, bien sûr, il est encore ici, je vais vous le chercher tout de suite. Si vous comptez le punir pour son erreur sachez que je serais honorée de le faire à vôtre place, milady. Proposa l'asiatique de façon stricte malgré le sourire qui étirait ses lèvres et qui faisait plisser davantage ses yeux.

Naomy mit quelques instants à comprendre ce que pouvait bien sous entendre la patronne.

- Hein ??? Ha mais non ! Je prenais seulement de ses nouvelles, il a été prit dans une bagarre aujourd'hui et comme j'ai assisté à la scène, je venait m'assurer qu'il était assez en vie pour venir travailler. S'empressa de préciser la gymnaste en agitant un peu les mains devant elle dans l'espoir de se faire mieux comprendre de son interlocutrice.

Après un moment de silence, la patronne sembla assimiler la requête de Naomy... cependant, elle dut comprendre de travers car la seconde d'après, elle ordonnait à James de venir lui tenir compagnie. La gymnaste se trouvait alors avec un serveur dans les pattes. Cette fois, elle ne put refuser l'invitation à prendre une chaise. Naomy se retrouva alors assise sur un tabouret avec à ses côté un homme auquel elle n'avait aucune envie de s'acoquiner.

James fit tout pour essayer d'être agréable, il lui proposa une collation, mais Naomy n'aurait jamais pu accepter. Déjà au vue des prix qui donnait à penser que les pains au chocolat était fait d'or ou de platine. Cela coupa assez la motivation du garçon sans forcément l'arrêter dans ses tentatives amicales. Mais il avait beau faire de son mieux pour animer la conversation, la demoiselle ne lui répondait qu'en monosyllabe ce qui ne faisait absolument pas avancer une quelconque bribe de conversation.

Si le Bar to Hadès était le point de rendez-vous de toutes les bourgeoises en manque d'attention et d'affection, ce ne serait jamais le repère que Naomy. Tout y était trop surfait. Les serveurs aussi beaux que des mannequins de magasines de sous-vêtement ou encore leurs manières raffinées et sophistiquées, tout comme leurs conversations mielleuses et scriptées. Naomy trouvait cela à la limite du supportable. Bien entendu quand elle avait apprécié lorsqu’elle de sa soirée en compagnie d'Ophelie et d'Evalyn, le résultat n'avait pas été le même car après tout une soirée entre fille se passait toujours bien, peu importait qu'il y ait de mignon de petits serveurs à draguer...

Le visage de la jeune femme s'égailla quand elle vit Aiden apparaître de derrière un pan de mur. Il semblai fatigué et il cachait une légère boiterie. Naomy se laissa alors glisser de son tabouret pour aller au devant du serveur à la crinière bonde, quittant ainsi James et ses nombreuses tentatives d’entamer une conversation culturelle.

- Ha Aiden ! Commença-t-elle.

Elle s'arrêta en voyant sa proie retrouvée s'inclina devant elle et lui prendre la main pour y déposer un baiser.

- Bonsoir, Milday, en quoi puis-je vous être utile ?

Sans s'en rendre compte, Naomy avait déglutie, surprise de tomber nez à nez avec la seconde personnalité d'Aiden. Où était passé le jeune homme un peu paumé du genre à jurer comme un charretier ? Si Naomy avait eut des doutes sur le physique de son protéger de la journée, elle aurait pu croire qu'elle s'était trompée de personne à chercher tellement son comportement contrastait avec celui de midi.

- Tu... sembles pouvoir marcher... Reprit la brune en observant avec curiosité son vis à vis.

- Bien entendu que je le peux, merci de faire aussi attention à ma santé. Rajouta Aiden en affichant un sourire charmeur.

Devant ce comportement trop décalé, Naomy ne pu se retenir de froncer les sourcils, croyant que le jeune homme lui faisait une farce. Mais ce dernier semblait imperturbable dans son rôle d'hôte bienveillant. Naomy trouvait cet attitude insupportable, aussi s'éloigna-t-elle machinalement d'un pas pour claquer d'une voix froide et sèche :

- Bien, tant mieux, c'est tout ce que je voulais savoir. Je m'en vais maintenant. Bonne soirée !

Puis quelle fit demi-tour sans attendre qu'on la raccompagne jusqu'à l’escalier qu'elle eut quelques difficultés à retrouver.


La journée avait été affreuse. Quand Naomy fut enfin correctement installé dans la banquette qui lui servant de lit, des boules-caisses confortablement installées dans ses oreilles, elle se remémora tout les éléments de sa journée et commença à plonger dans les profondeurs du sommeil tout en espérant que le lendemain serait beaucoup plus calme et reposant que la journée qui se terminait enfin.

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