Chapitre 10 : Portrait d'un rêve
Si la journée de Naomy n’avait pas été de tout repos, elle n’avait pas été plus reposante pour Evalyn. En effet, la jeune femme avait manqué de tourner de l’œil en plein cours. Oublier de manger pendant plus de trente-six heures n’était, apparemment, pas la chose la plus intelligente à faire. Néanmoins, ce n’était pas de la faute de la jolie blonde si se nourrir n’avait pas fait partit de ses priorités. Elle avait préféré écouter les muses guider son pinceau, terminer son œuvre en quelques heures. Après tout, qui savait quand cette folle inspiration reviendrait ? Et Evalyn n’avait jamais laissé partir sa muse sans en avoir épuisé la dernière goutte.
La demoiselle était rentrée chez elle après avoir assuré à son professeur que tout allait aller mieux. Et c’était vrai, après avoir mangé une barre chocolaté, elle avait tout de suite reprit des couleurs et même son estomac criait encore famine, elle avait réussi à atteindre la grande maison familiale. Le repas qu’elle s’était préparé avait été plutôt léger malgré le fait qu’elle fasse une légère hypoglycémie, mais elle s’était arrêtée dès qu’elle avait senti son estomac s’alourdir. A cause d’une mauvaise expérience, elle voyait d’un mauvais œil les manières qu’avait les humains de s’empiffrer jusqu’à avoir la pense explosée. Ce fut donc Rassasiée et légère que la peintre s’autorisa un bain bouillant, accompagné d’un cachet d’aspirine pour faire passer la migraine qui l’assaillait depuis le début de l’après-midi. Enfin elle avait tout de même terminé sa journée sans se plaindre et c’était ce qui importait.
Evalyn avait toujours été comme cela à afficher un sourire doux au monde, à se préoccuper des autres plus que d’elle-même lorsqu’elle n’avait pas le nez en face de son chevalet. Elle ne le faisait pas par fierté, seulement par gentillesse. Heureusement, avec le temps, ses plus proches amies avaient appris à déceler ses faiblesses, à voir les petits tics qu’avait son visage lorsqu’elle souffrait sans rien dire. Et c’était en cela qu’Evalyn savait reconnaitre ses amis. Amis qu’elle n’avait pas vraiment croisés aujourd’hui. La jolie blonde se demandait si c’était parce qu’elle avait été trop absorbé par sa toile ou bien que tout le monde avait été trop occupé pour se croiser et se donner rendez-vous. Mine de rien, étudier dans la même université était une chance et malgré cela, se croiser était tout de même difficile.
Après une longue heure à tremper dans l’eau qui s’était refroidit, la jeune femme finit par en sortir. La peau de ses mains et de ses pieds avaient largement eu le temps de se friper tout comme la vapeur d’eau avait eu le temps de se dissiper dans la salle de bain spacieuse. Evalyn se sentait maintenant beaucoup plus détendu qu’en arrivant. Sans attendre très longtemps après s’être sécher, elle enfila sa nuisette légère de couleur bleu pâle et taché de quelques touches d’acrylique rose avant de se brosser les dents et les cheveux, comme elle le faisait chaque soir avant d’aller se reposer dans son lit.
Quand elle revint dans sa chambre, qui n’avait pas l’ordre de l’intimité d’une jeune demoiselle de son rang, elle du enjamber une paire de jeans avant d’aller s’allonger sur son lit. Ou plutôt, se laissé tomber sur le dos sur son matelas. De toute sa chambre, seul son lit semblait être un havre de paix et d’ordre, et pour cause c’était le seul endroit que Johanna, la seule employée de la maison, avait réussi à continuer de faire dans cette pièce, et ce, contre les supplications d’Evalyn.
Même si Evalyn était du genre à grogner de savoir que cette femme, qu’elle considérait comme un membre à part entière de sa famille, venait perdre son temps dans son taudis. Elle devait tout de même avouer qu’elle adorait retrouver son lit qui sentait le frais après une longue journée de travail et de cours.
Assez enfantine par moment, la jeune femme attrapa l’un de ses oreillers pour le serrer contre son cœur avant de rouler dans son lit, comme l’aurait fait une adolescente après avoir reçu un message de bonne nuit de son petit ami. Evalyn n’avait pas besoin de cela pour être heureuse de vivre. Elle n’avait pas besoin de petit ami, seulement de ses amies, de sa famille et de ses pinceaux. Et en ce moment, elle avait tout qui lui tendait les bras. Sa vie était peut-être un peu trop facile aux yeux de certain, cela n’empêchait pas la jeune artiste dans savourer la moindre minutes… lorsqu’elle n’était pas absorber pendant des yeux devant l’une de ses toiles.
Cependant son petit moment de folie finit par s’arrêter en un glapissement rapide de douleur lorsque son dos se heurte à un objet trop pointu pour appartenir à l’environnement douillet que représentait son lit. Aussitôt, la jeune femme se retrouve assise sur sa couette de couleur sombre, se massant d’une main la zone douloureuse, tandis que son autre main saisissait avec curiosité un livre de deux cent pages environs, format broché. Un sourcil haussé, elle se demande ce que cela fait sur son lit… Cela ne lui prend que quelques secondes, et elle se rappelle l’avoir posé distraitement là lorsqu’elle s’était mit à chercher son pyjama avant d’aller prendre sa douche.
Ce livre. C’était celui que Nathanaël lui avait … offert ? Confié ? Recommandé ? L’étudiante ne savait pas trop et dans tous les cas n’avait jamais eu l’intention de le lire vraiment. Sur cette résolution, Evalyn s’avance jusqu’à sa table de chevet en fer forgé artisanale. Avant de poser le livre, la jeune femme se laisse aller à un petit sourire en imaginant cette connaissance d’enfance se concentré sur les feuilles de papier pour écrire une histoire. Cela était un peu ridicule dans l’esprit de l’artiste qui, dans ses pensées, finit par poser le livre à côté de la tablette. Le livre chuta sur le sol s’ouvrant à une page au hasard, comme un mauvais coup du destin, car, lorsqu’Evalyn se pencha par-dessus le matelas pour attraper le roman, ses yeux furent comme inexorablement attiré par les lignes imprimées se succédant sur les pages blanches.
« ... et quand elle eut murmuré son prénom dans un souffle, Lila fini par se coller contre le corps encore chaud de son amant. Elle l’avait tué de ses mains et le désirait de tout son être… D’avantage même. Délaissant la morale qui ne la retiendrait plus, elle se mit à califourchon sur le corps inerte de Noé et l’embrassa malgré la mort. Le temps n’avait pas encore eu le temps d’altérer le corps viril du mâle qu’elle avait sous elle. Et dans un geste expert, retira la ceinture bon marché qu’il avait à la taille... »
Les yeux d’Evalyn furent soulagé d’arriver à la fin de la ligne pour pouvoir se décrocher de cette page. Son cœur avait loupé un battement, mais ce n’était pas dû à un soubresaut de bonheur ou de plaisir. Rien à voir avec tout cela. Non, c’était plutôt un genre de curiosité mêlé de dégout… un peu de surprise par-dessus… Ce texte était vraiment trop étrange et pendant une seconde elle se demanda si ce n’était pas dû au fait qu’elle ne connaissait pas l’histoire depuis son début. Non. Elle secoua vivement la tête, maintenant complètement certaine d’une chose. Ce Nathanaël. Aussi agréable eussent été les souvenir qu’elle avait de lui étant enfant, il était évident qu’il avait mal tourné, et de façon sacrément perverse ! Et, elle ne remettrait pas en cause les quelques coups qu’elle avait dû lui donner à la tête pendant la période de leur petite enfance.
Un texte bizarre, écrit par un type étrange, elle avait envie de refermer aussi sec ce livre emplie de descriptions obscènes. Et pourtant, comme si elle offrait une seconde chance, Evalyn laissa les pages filer jusqu’à revenir à la première page. Comme sur beaucoup de livre, cette dernière était vierge. Presque. Derrière cette page, quelques mots avait été griffonné. Une écriture rapide et serrée, allongeant les premières et dernière lettre de chaque mots. Ces mots : « Fait de beaux rêves ».
Cela fut de trop pour la peintre qui, comme si le livre l’avait brûlé, avait refermé l’ouvrage de façon sèche. Non décidément, tout semblait clocher avec ce bouquin. Que ce soit le contenu ou ce qui l’entourait. Vraiment, elle en venait à se demander si laisser Ophelie fréquenter les lieux de travail de ce type était une bonne idée.
Décidée, elle reposa finalement le livre sur sa table de chevet, correctement cette fois-ci, avant de se glisser sous les couettes tièdes. Il était temps de dormir si elle ne voulait pas être épuisée demain. Quand elle était trop fatiguée ses idées n’arrivaient pas à se débrouiller. La tête contre l’oreiller qu’elle avait martyrisé quelques minutes plus tôt, la respiration encore vive d’avoir bougé rapidement pour se mettre au lit, la demoiselle repense à sa lecture accidentelle.
- Je t’en donnerais des « fait de beaux rêves » ronchonna Evalyn, profondément agacé par ce bouquin qui attirait sa curiosité façon crescendo.
Elle finit par craquer, soufflant d’agacement alors qu’elle s’assoit contre ses oreiller allume la lampe de chevet et attrape rageusement le bouquin.
- Tu as intérêt à en valoir la peine. Menace-t-elle inutilement les pages imprimés finissant par tomber sur le titre du roman dans les premières pages : Un monde entre deux. Habile jeu de mot s’il en était.
Ce fut alors le début d’une veille plus longue que prévu. Alors qu’elle avait prévu de s’arrêter après le prologue, les pages filèrent et défilèrent sous ses yeux, les mots, les paragraphes, tout est lié, formant une sorte de danse pour les yeux, des scènes digne d’un film romantique pour l’imagination.
L’histoire était tordues, malsaines, avec quelques passage romantique pour ne pas vous faire vomir quand le fil rouge arrivait aux limites de l’acceptable. Evalyn était dégouté. Peut-être parce qu’elle avait eu peu d’histoire amoureuse, peut-être parce que ces dites histoires étaient restées classique et sobre. Peut-être parce qu’elle était trop sage ou trop peu renseignée pour certaines pratiques entre deux personnes… Néanmoins, cela ne changeait rien au fait que le texte était révoltant. Révoltant de A à Z, et pourtant… Evalyn n’arrivait pas à s’en décrocher, comme si à chaque point, à chaque page tournée, on lui capturait le souffle et que pour le retrouver, elle devait continuer de lire. La plongeant ainsi dans une transe de lecture sans fin, l’emprisonnant dans un univers pervertie par une simple plume et un esprit dérangé.
Mais finalement, elle réussit à relever les yeux. Pendant une description un peu plus longue que les précédentes, le regard d’Evalyn se pose accidentellement sur son réveil matin, ce dernier lui indiquant qu’il était une heure du matin passé depuis une dizaine de minute. Voir que l’heure avait couru si vite fut un véritable choc pour la jeune femme qui prenait soin de se coucher à horaire fixe pour être le plus efficace pour la journée suivante. Elle venait de bousculer toute seule son quotidien bien huilé et ce fut autant dérangée par ce constat que frustrée de ne pas pouvoir terminer le chapitre qu’elle rangea le roman entamé au tiers, dans l’unique tiroir de la table à côté de son lit.
Elle ne pouvait pas continuer à lire, ni ce soir, ni demain, ni aucun autre jour. Il fallait qu’elle s’en débarrasse et quoi de mieux que de le rendre au principal intéressé ? Déterminé, elle s’était donné comme objectif de profiter de son week-end qui commencerait une fois le soleil lever pour aller au Bar To Hadès et rendre cette lecture qui ne lui correspondait pas. Et elle n’y ferait pas passage bref. Après avoir lu ce qu’était capable d’imaginer Nathanaël, il était hors de question, qu’elle le laisse la servir comme bon lui semblerait. Ou qu’il la frôle, ou qu’il lui offre un baisemain ou ce genre de chose. Qui pouvait savoir ce qu’il serait capable de mettre dans sa tasse de thé ?
Et ce fut sur ce genre de résolution que la jolie peintre se laissa entrainer par Morphée jusque dans son royaume.
Evalyn avait l’impression de s’être assoupi seulement quelques instant. Quand elle ouvrit de nouveau les yeux, sa chambre était toujours plongée dans la pénombre. Lui indiquant que le soleil n’avait pas encore gagné son combat contre l’obscurité. Elle se sentait fatiguée et reposée à la fois. Comme si son esprit travaillait alors que son corps était, lui, encore endormit profondément.
Pourtant cela ne lui pose autant problème pour se mouvoir. Comme si, à la façon d’un spectre, elle se détachait de son enveloppe corporelle pour se déplacer plus librement, sans attache. Et, comme si elle avait été appelé, ou bien réveillé par quelque chose de quelconque, la jeune femme glissa hors des couettes trop lourdes pour son âme, posant aussi légèrement qu’elle en était capable, ses pieds sur la moquette douce et entretenue.
Un frisson la parcouru, un vent froid venait de lécher doucement sa peau. Les courants d’air n’étant pas fréquents dans sa chambre, la demoiselle leva aussitôt son attention sur la porte fenêtre de sa chambre, cette même porte fenêtre qui s’ouvrait sur le petit balcon que possédait sa chambre et qui donnait sur le jardin familiale entretenu. Cette porte fenêtre était entrouverte, laissant voler des rideaux diaphanes sous le vent qui amènerait bientôt l’hiver. Le regard perle de l’artiste se pose automatiquement que la voute céleste. Les étoiles semblait briller de mille feux cette nuit, elles brillaient avec plus d’ardeur, donnait l’impression de s’en donner à cœur joie pendant que la lune n’était pas là pour atténuer leur éclat fragile. Une nuit sans lune. Sans nuage aucun. C’était beau, cela avait quelque chose de mystique et Evalyn regretta l’espace d’une seconde de n’avoir rien sous la main pour pouvoir esquissé toute la magie de cette rencontre imprévue.
Et la jeune femme était persuadé que ce serait la seule rencontre hasardeuse qu’elle aurait pu faire en pleine nuit. Et pourtant, tandis que ses yeux clair baissent leur attentions sur ce qu’il se trouvait devant eux, le cœur d’Evalyn se fige tandis que le sang dans ses veine s’agite, son cœur s’emballer, s’affole. Une silhouette se trouvait là, accoudé simplement au rebord de son balcon, semblant profité de la vue agréable qu’offrait la pelouse correctement tondues.
Evalyn avait eu envie de hurler. Vraiment, fort, pour extérioriser cette peur de l’inconnu, sa surprise et aussi pour alerter toute la maison de la présence d’un intrus. Elle avait eu envie de hurler. De toute ses tripes à s’en briser les cordes vocales, pour tenter de fissurer les tympans de cet adversaire potentiel. Mais à la place. Ses muscles restent figés. Bloquant sa réaction naturelle et après avoir été forcée par son propre corps à prendre une lente et profonde inspiration, sa main rencontre l’un des bibelots présent sur l’étagère qu’il y avait contre le mur. Une reproduction miniaturisée de la Vénus de Milo, en bronze massif, cadeau de d’Ophelie qui avait été en vacances en Grèce quelques années auparavant.
Cependant, ce n’est pas les joyeux souvenirs des retrouvailles entre amies qui animait les membres de la demoiselle qui semblait être tombé en plein dans un cauchemar. Malgré cela, elle ne se laisserait pas faire. Evalyn n’avait jamais été du genre à se laisser faire par les évènements. Ho elle ‘n’était pas non plus du genre à les provoquer comme pouvait le faire Ophelie avec une habileté certaine. Mais ce qui était sûre, c’était que l’artiste ne se laissait pas faire par le destin.
La silhouette devant elle était typiquement masculine. Un dos droit, bien que penché sur le rebord, des épaules larges qui portaient une chemise de couleur trop sombre pour définir vraiment la couleur, et puis, de toutes les façons, définir les couleurs des vêtements de son agresseur n’était pas la chose la plus importante pour le moment. Ce qui avait vraiment de l’importance, c’était de mettre en déroute ce fouineur. Même si elle était plus petite que lui, qu’elle avait sûrement moins de force que lui, qu’elle aurait toutes les peines du monde à l’impressionner. Elle se défendrait bec et ongle pour réussir à rester maîtresse de sa vie et elle le ferait sans crier telle une demoiselle en détresse.
Il fallait y aller doucement, délicatement, profiter de l’effet de surprise. Evalyn fait de son mieux pour se placer parfaitement dans le dos de l’intrus, faisant des efforts pour que ses pieds ne fassent aucuns bruits sur les derniers centimètres de moquette qui la séparaient du carrelage de la terrasse. D’ailleurs quand la peau de ses pieds finirent par se poser ce sur cette dernière, la jolie blonde ne put réprimer un profond frisson de froid… mais tomber malade était le cadet de ses soucis et c’est dans une optique agressive, belliqueuse, que telle une lionne, elle s’apprête à défendre son précieux territoire. Levant la statuette lourde et rassurante dans sa main, sa seule arme contre cet étrange inconnu qui avait osé venir jusque devant sa fenêtre.
Dans un geste lent, la demoiselle avait levé son bras, lever la statuette, avant de l’abattre violement contre le crâne de l’indésiré. Evalyn avait craint, pendant une fraction de seconde, avoir pris trop d’élan. Bien qu’il soit trop tard pour faire marche arrière maintenant, si elle tuait l’individu, il faudrait qu’elle vive avec sa mort sur la conscience pour le reste de sa vie. Dans tous les cas les dés étaient jetés, son bras s’abattait.
Et il s’abattit sur le vide. Entrainé par son élan, elle se rapprocha de la petite balustrade, trop vite pour arrêter son geste tandis que sa victime avait tout simplement disparu… comme le mauvais rêve qu’il avait été. Une simple hallucination d’une somnambule. Les yeux écarquiller, elle ne peut vraiment plus faire marche arrière. La rambarde ne retiendrait pas son poids, et même si elle avait lâché la statuette pour avoir la main libre t pouvoir se rattraper. Evalyn n’aurait jamais assez de reflexe et de force pour se retenir à quoi que ce fut qui pousse lui sauver.
Puis, son élan s’arrête. Les secondes, elle mêmes, semblent s’être suspendu, tout comme le souffle et la peur de la peintre. Le sort semblait lui interdire de mourir aussi tristement, et elle en serait reconnaissante. C’était comme sortir d’un mauvais rêve, ou de s’éveiller après avoir eu l’impression de faire une chute vertigineuse. Cependant, au lieu de reprendre son souffle, elle sent comme un poids sur ses poumons, un poids qui s’estompe avant de l’enfermer dans un coton gelé mais agréable mêlé à une odeur de bois de santal qui rendait l’ambiance un peu plus masculine et brute.
Avant que la chute ne soit imminente, Evalyn avait pris le soin fermer fermement, attendant un impact qui ne viendrait finalement pas et être surprise par la douceur qui l’enveloppa aussitôt. A moins que ce ne fût la mort qui lui offrait son dernier instant de douceur ? Peut-être que la mort n’était pas si douloureux que cela après tout.
Ce fut donc aves toutes les précautions du monde qu’elle commença à chercher où elle se trouvait, repoussant lentement l’étreinte avant d’ouvrir un œil embué, des larmes de peur et de regret, après l’autre, découvrant alors avec horreur que ce n’était pas la mort qui l’avait empêché de ressentir la souffrance de l’impact d’une chute de huit mètres.
C’était bien l’intrus qui l’avait retenu, avec toute la force nécessaire pour que ses pieds ne déconne pas du sol. Et comble de l’horreur, l’intrus n’avait rien d’un parfait inconnu. Ses traits, elle les connaissait. Ceux de Nathanaël. Le même Nathanaël qui était venu lui remettre un exemplaire de son roman quelques jours plus tôt. Le même Nathanaël qui jouait aux serveurs de luxe. Ce Nathanaël qu’elle s’était promis d’incendier pour avoir osé mettre dans ses mains un roman débordant d’indécence et d’obscénité. Un nouveau frisson la parcouru, même si celui-là, Evalyn ne savait pas s’il s’agissait d’un frisson de froid ou de dégout.
Quelques seconde passèrent, nécessaire à la jeune femme pour s’assurer de l’identité de l’homme qui l’avait enlacé. Puis, tandis qu’elle était encore dans ses bras fermes, elle commença à s’agiter avec violence, manquant de peu d’offrir un généreux coup de tête à son assaillant. Coup de tête évité sans effort pour Nathanaël qui ne semblait pas vouloir relâcher la demoiselle. Au contraire, plus elle se débattait et plus l’étreinte semblait sèche, autoritaire et plus étroitement serrée.
Dans son combat qui semblait perdu d’avance, Evalyn avait laissé échapper quelques gémissements de frustration ou d’encouragement. Les bruits finirent par faire lâcher un rire à l’homme qui donnait l’impression de pouvoir faire d’elle ce qu’il désirait. Et ce fut d’une voix suave et marquée par l’amusement qu’il vint briser le silence nocturne.
- Aussi sauvage dès le réveil. Me voilà comblé. Souffla-t-il dans la nuque de sa prisonnière.
Ces simples mots, simple souffle, suffirent à briser la fougue de la demoiselle. Tétanisée.
- Pourquoi te débattre contre ton propre rêve. Continua-t-il à souffler Nathanaël qui paraissait se forcer à se montrer compatissant.
La jeune femme avait du mal à comprendre. Un rêve ? Cela n’avait rien d’un rêve, la situation était même cauchemardesque ! Et pourtant, inconsciemment rassuré par ces quelques mots, ses muscles se détendent, se décontracte, tout comme la camisole des bras fort se desserrent tout en gardant une de ses mains emprisonner et terminant leur séparation en faisant tourner Evalyn sur elle-même dans u pas de danse instinctif et répéter pendant de longue heure pour être parfait.
- Un… Rêve ? Finit-elle par répété en essayant d’être calme malgré son souffle haletant à cause de s’être débattu vaillamment mais sans succès.
Les yeux verts tirant sur la couleur de la cendre de l’homme brillaient de malice sous l’éclairage faible des étoiles. C’était peut-être un rêve après tout. Evalyn voyait les choses trop clairement pour être dans la réalité. Les nuits sans lunes ne pouvait pas être aussi lumineuse.
- Oui, un rêve. Et je suis venu, rien que pour toi. Rien que pour que tu puisses laisser libre cours à tes envies… Tu as lu le livre, n’est-ce pas ? Répondit le brun sur une tonalité enjôleuse, une tonalité qui ne laissait pas de place au doute, seulement la vérité.
Peu à peu, Evalyn se laissait convaincre par cette personne qui se disait n’être qu’une projection de son cerveau endormit. Aussi, elle se laissa convaincre par la question rhétorique. Oui, elle l’avait lu, et elle seule était au courant de cette lecture. Pourtant, elle se laissa aller à hocher la tête, pour confirmer l’homme dans son rêve qu’elle avait tourné les pages nombreuses du roman.
Le constat fit s’afficher sur le trait de Nathanaël une certain fierté et, après le signe de tête de la demoiselle, il se permit de la remercier avec un baisemain, ses lèvres se déposèrent sur le dos de la main encore chaude de sommeil de l’artiste. Ce contact embrasa tout autant qu’il refroidit la jeune femme. Si le geste était agréable, le contact en lui-même était gelé.
- Pourquoi… Es-tu froid ? S’enquit Evalyn qui cherchait une réponse logique.
Si c’était un rêve, elle ne comprenait pas pourquoi elle avait froid, pourquoi elle frissonnait sous ses lèvres froides et ne comprenait pas non plus pourquoi l’homme dans ses rêves avait sa peau congelée.
La question ne semble pas perturber le visiteur nocturne, au contraire, le sourire de ce dernier semblait s’étirer un peu plus, offrant au monde, une mine plus espiègle encore.
- … Et si c’était pour que tu me réchauffe ? Proposa Nathanaël sans pour autant chercher à rentrer plus rapidement.
A cette remarque, ce furent les oreilles d’Evalyn qui se mire à chauffée de gêne. Ne sortant qu’avec son petit groupe de fille, elle n’était pas vraiment habitué aux francs parlé et aux avances des hommes. Elle n’était pourtant pas aussi prude qu’elle en avait l’air, mais là, ce soir, devant cet homme qu’elle avait connu il y avait trop de temps pour le connaitre encore par cœur, elle était aussi fébrile qu’une adolescente lors de son premier rendez-vous galant.
- Te… réchauffer ? Continua-t-elle à répéter, une sorte de contre sort qu’elle espérait qu’il lui rendrait une certaine forme de raison et d’assurance. Cela n’en fit rien, au contraire, cela faisait d’avantage sourire Nathanaël et ce sourire, même s’il était charmeur, restait légèrement moqueur.
Tandis qu’il avait pris la peine de donner un début d’explication à ses deux premières questions, l’intrus ne semblait pas vouloir répondre à une interrogation de plus. A la place, il se servit de la main qu’il tenait délicatement comme d’un lasso pour attirer la belle jusqu’à lui. Ne pouvant lutter contre la force de son agresseur de rêve, Evalyn se retrouva à nouveau dans ses bras, sans lutter cette fois.
- Il est certain que si je reste contre ton cœur, le mien finira par décongeler.
Tout ce que disait Nathanaël donnait l’impression de sortir d’un scripte de film à l’eau de rose et cela ne lui déplaisait pas vraiment. Pas du tout même. Elle sentait même les commissures de ses lèvres commencées a remonté en un fin sourire. Malgré que la peau de l’homme soit froide, elle se sentait en train de fondre dans ces bras for et musclé qui ne la retenait plus contre son gré. Maintenant qu’elle savait qu’elle était dans un rêve, elle pouvait se laisser glisser, se laisser aller. Alors, les questions qui s’étaient accumulées dans son esprit commençaient à fondre, s’évaporant au profit de la chaleur s’échappait de tout son être.
- Il suffirait d’entrer à l’intérieur pour ne plus avoir froid, non ? Murmura-t-elle pour ne pas briser la magie du moment. Elle voulait revenir dans le douillet de son lit, accompagné par Nathanaël, ce beau jeune homme qu’elle avait retrouvé par hasard. Il était certain qu’elle le trouvait plus que charmant, qu’il avait ce « petit quelques chose » d’inexplicable et qui était à l’origine des attirances. D’avantage ce soir, dans cette pénombre qui laissait filtrer de la lumière seulement pour éclairer leur regard. Les rêves étaient bien conçus. C’était ce que ce disait Evalyn.
C’est ainsi que sans vraiment savoir pourquoi, la peintre se retrouva allongée sur son lit, un homme quasi inconnu au-dessus d’elle qui lui caressait avec attention ses cheveux blond avant de retracer les lignes de son visage, comme captivé par une beauté qu’elle ne savait pas posséder.
- Si belle et si fragile à la fois, murmura Nathanaël comme perdu dans ses pensées.
Fascinée et hypnotisée par ce simple toucher, Evalyn ne chercha pas à comprendre le sens de ses paroles, se laissant toucher, caresser. Jusqu’à en fermer les yeux pour mieux apprécier la main large et douce qui courrait sur son corps en commençant par ses hanches pour terminer sur sa gorge offerte.
Tombée dans un tourbillon de chaleur engourdissant et rassurant, la demoiselle se laissait faire, comme un chat sous les caresses, elle se prélassait et lorsqu’elle sentit les lèvres tièdes de l’homme sur les sienne, elle ne les repoussa pas, au contraire, elle les encouragea en prolonger ce simple baiser chaste tandis que pour ne pas le voir disparaitre, elle faisait glisser alors une de ses propre main dans la crinière qu’elle savait sombre. Doux rêve qui s’alanguissait.
Doucement, la jeune femme commençait à écarter les cuisses, mue par un feu qui ne faisait que grandir en son bas-ventre. Elle voulait plus, elle voulait le sentir d’avantage contre elle, avoir le souffle coupé sous son poids, continuer de sentir son parfum. Tandis qu’elle cherchait à l’agripper encore plus, tout s’arrêta, comme si elle avait dépassé une limite. Entre ses bras, il n’y avait plus rien et elle fut obligée de desceller ses paupières pour rechercher le corps qui avait réussi à la réchauffer avec efficacité.
A genoux entre ses cuisses, Nathanaël l’observait silencieusement s’empourprer. Evalyn se redressa également, se retrouvant assise et toujours autant dominée par l’homme de sa nuit. Se mordillant la lèvre de gêne, les sourcils froncés par l’incompréhension, elle voulait savoir ce qu’il se passait. Pourquoi son rêve semblait ne plus vouloir être agréable.
- Qu’est-ce qu’il ne va pas ? Murmure-t-elle contrarié.
Sa mine boudeuse semble amuser d’avantage son presque-amant, ce qui la renfrogne d’avantage.
- Tu es déjà dingue de moi, n’est-ce pas ? Répondit Nathanaël sur le même ton que sa partenaire.
Evalyn n’était pas vraiment les mots qu’il lui imposait. « Dingue » n’était pas vraiment ce qui exprimait le mieux ses sentiments du moment, « sous le charme » aurait était peut-être plus approprié. Et c’est pour cette raison qu’elle ne répond rien. En revanche, elle se laisse de nouveau allonger par l’homme, gardant les yeux entrouvert pour prévenir d’une nouvelle tentative de fuite.
- Et après cette nuit, tu ne voudras plus jamais te passer de moi. J’attendrais que tu viennes à moi… Continua-t-il avant de recommencer à picorer de baiser la peau de la peintre.
Chaque baiser était source de frisson pour la demoiselle. C’était doux et frais. C’était excitant. Et elle en voulait plus. Inconsciemment, elle s’était cambrée pour mieux toucher ce corps qui ne faisait que la frôler. Elle s’entendait soupirer sous ses nouvelles caresses, sous ses baisers retrouvés. Et elle avait l’impression que son quelque gémissement étouffé encourageait subtilement son compagnon.
Nathanaël semblait céder à l’animal qui résidait en tous homme et bientôt ses baisers se muèrent en des légers mordillements, un suçon. Mais Evalyn n’en avait pas vraiment conscience. Ce qu’elle désirait arriver, elle se perdait dans le parfum masculin, fondait sous sa chaleur et ne sembla se reveiller de son étrange transe que lorsque les dents de l’homme raclèrent un peu trop fort sa gorge, la laissant couinné une fraction de seconde sans pour autant le repousser. Et puisqu’elle ne le repoussa pas, le brun ne s’éloigna pas non plus, continuant l’exploration de ce corps si peu caressé.
La température allait crescendo et Evalyn laissait son propre corps se mouvoir selon sa propre volonté. C’est ainsi qu’elle se retrouva à venir caresser l’un des flanc de Nathanaël à l’aide d’un de ses genoux. Caresse qui se fit rappeler à l’autre par une main toujours aussi fraîche.
- Il est inutile de se presser. Donna-t-il comme simple excuse tandis qu’il retourner à la découverte de son corps, laissant la jeune femme frissonnant e d’envie, lui ayant coupé toute volonté de prendre les rênes de leur doux combat.
Evalyn aurait voulu le laisser faire, que son rêve soit à la hauteur de ses envies. Et elle avait envie de sentir la chaleur de l’homme à même la peau de son corps, pas seulement de loin, pas comme si un mur de verre les séparait. Elle voulait de nouveau sentir ses lèvres sur elles, pas seulement ses mains, le reste de son corps. A cause de ses attente, un nouvel éclat de luxure traversa sa volonté et bientôt, elle se sentit en train de défaire les quelques bouton de la chemise du visiteur nocturne.
Il ne restait qu’un dernier bouton avant que la demoiselle ait accès à une large partie du corps de son presque-amant. Juste un dernier bouton… mais c’était avant que ses mains ne se fasse emprisonner par des plus large. Lui coupant à nouveau son entrain.
- Tu veux encore sauter les étapes… Expliqua-t-il encore sur un ton amusé tandis que d’une main il maintenait les deux poignets de la demoiselle au-dessus de sa tête fermement, même si Evalyn ne semblait pas vouloir s’échapper de cette prise. A nouveau, elle avait ouvert les yeux et observait la mine victorieuse et u brin sadique de l’homme au-dessus d’elle. Encore une fois, elle se pinça les lèvres, frissonnant son ce regard prédateur.
- Pourquoi ? s’entendit-t-elle prononcé d’une voix innocente, presque enfantine.
Avait-elle l’air d’une biche perdu face au grand méchant loup ? Où bien d’une sirène qui ne comprend pas encore pourquoi le marin ne veut pas l’accompagner dans les abysses ? En tous les cas, l’incompréhension se place sur les traits de Nathanaël qui s’est finalement redresser.
- Cela me parait évident pourtant. Laisse-t-il sa voix suave répondre.
Mais même si la réponse avait l’air de voleté sous les yeux de l’artiste, elle n’arrivait pas à en saisir l’essence. Et c’est sans décrocher son regard de celui de l’homme qu’elle attendit, qu’elle l’observa soupirer, presque ennuyer avant de voir un sourire se dessiner sur ses lèvres qu’il vint déposer au coin de ses lèvres.
- C’est parce que j’adore voir grandir le désir dans tes yeux.
Il n’avait suffi que de quelques mots, de sa voix et d’un regard plus sérieux que les autres pour couper le souffle d’Evalyn. Cela se voyait-il tant que cela qu’elle désirait cet homme ? Qu’elle voulait plus que de simple baiser ? Elle s’était sentit rougie de la tête jusqu’au pied tandis que son cœur avait raté un ou deux battement lorsque l’explication était tombée.
- N’est-il pas assez grand ? Gémit-elle finalement, contrariée de n’être que la souris d’un chat joueur et cruel.
- Sera-t-il un jour assez grand, je me le demande. Déclara l’homme pour lui-même.
Puis il demanda à la demoiselle de fermer les yeux, ce que la peintre fit aussitôt, plutôt satisfaite de constater que son amant allait céder. Elle en était persuadée. Aussi, elle ne s’attendait pas à ce que le poids léger qu’elle ressentait autour d’elle s’évapore, la laissant libérée. De l’absence de toute présence, elle rouvrit aussitôt les yeux et la frustration s’installa dans toute son âme lorsqu’elle constata que Nathanaël n’était plus nulle part dans la pièce. Elle s’était même levée en hâte pour aller vérifier qu’il n’était pas de nouveau sur la terrasse. Mais il n’y avait plus aucun signe de vie. Elle était à nouveau seule.
Déçu et frustrée, Evalyn s’allongea sur son lit à nouveau, pressant la couette qui portait encore un peu du parfum boiser de son étrange visiteur… elle inspira jusqu’à ce que la tête lui tourne, jusqu’à sortir de ce rêve, la tête lourde de sommeil.
Ses yeux gris perle s’ouvrant lentement, la luminosité du matin est agréable pour la demoiselle endormit. Assez de lumière pour ne pas se rendormir et pas assez pour avoir mal à la tête dès le lever. Et pourtant, quitter les couettes lui semblait être une épreuve insurmontable. Qu’elle affronte tout de même. Son réveil à la sonnerie stridente finirait par réveiller toute la maison si elle ne l’éteignait pas rapidement.
Une fois debout et un regard désolé à ses draps encore chaud, l’heure de la toilette du matin était arrivée.
Ce ne fut qu’une fois vêtu d’un jean troué au genoux et d’un t-shirt trop long pour lui aller correctement sous une veste épaisse qu’elle avisa de s’attacher sa tignasse blonde, découvrant alors avec surprise et horreur une marqué violacée d’environ deux centimètre de diamètre dans le creux de son cou. Au touché, cela ne faisait pas mal, la marque ne devait pas être très sérieuse. Néanmoins cela restait profondément perturbant pour la demoiselle qui, même si elle faisait parfois preuve ne maladresse, n’était pas du genre à se cogner dans ce genre d’endroit sans s’en souvenir.
Troublée, elle se rappelait doucement de ce qui s’était passé pendant son sommeil. Elle sentait encore les lèvres de son songe lui caresser la peau, la faisant frissonner de plaisir même encore éveiller. Refusant de croire que son cerveau avait orchestré un scénario aussi complexe pour seulement lui donner une raison factice pour bleu, elle décida de faire comme s’il n’existait pas pour le moment, le camouflant avec habileté sous un coulard blanc bordé de bleu. Elle n’avait pas plus de temps à perdre, elle devait rendre un certain livre à une certaine personne et quelque chose lui soufflait que le plus tôt serait le mieux.
Après avoir emprunté la Chevrolet que ses parents lui avaient laissé le jour de son permis, et s’être garé dans une rue approximativement autour du fameux bar, Evalyn lança son GPS pour arriver pile devant le bâtiment désiré. Il ne lui avait fallu que quelques minutes pour constater qu’elle ne s’était pas perdu et une ou deux de plus pour trouver son courage. Serrant fermement le livre à la couverture simplette sur sa poitrine autant qu’elle avait envie de serrer ses convictions, elle passa la porte d’entrée fade de l’établissement.
Au rez-de-chaussée, il n’y avait que quelques personnes présentes, éparpillé en petit groupe qui parlait fort et de façons bourrues, ignorant Evalyn qui grimpa rapidement les marches de l’escalier dérobé qui lui permettrait d’arriver au premier étage.
Quand elle passa le rideau de perles, la jeune femme ne fit pas attention aux quelques tête féminine déjà présente, pourtant, elle cherchait le visage caractéristique de Nathanaël.
- Bienvenue au premier étage, Milady… Lança une voix lointaine et complètement féminine.
Cela eu pour effet de décrocher la jolie blonde de sa recherche visuel, se concentrant alors sur la source de la voix. Il s’agissait de la gérante du bar, elle l’aurait parié, l’asiatique habillé d’une robe cintrée d’inspiration chinoise, ce qui affichait une image traditionnel et sérieuse de la femme qui se trouvait derrière le bar en train de ranger discrètement de a vaisselle.
SE faire ainsi abordé avait déstabilisé Evalyn qui dû reprendre de nouvelle seconde pour retrouver son assurance. Une fois, fait, elle s’approcha de cette seule femme susceptible de lui apporter ce qu’elle voulait.
- Bonjour, je voudrais un rendez-vous, en privé, avec votre hôte… Nathanaël… Tenta la peintre qui se demanda aussitôt s’il était possible d’avoir ce genre d’entrevu « privée ».
La gérante leva doucement sa main pour camoufler un large sourire amusé et sans rien dire, lui fit signe de la suivre jusqu’à une pièce exiguë dans un style typiquement asiatique, qui faisait parfaitement écho à la façon de s’habiller de sa guide. L’aspect de la pièce qui ne pouvait qu’accueillir deux ou trois personnes ne la surprend cependant qu’une fraction de seconde. En effet, l’objet de sa venue ici était déjà présent, buvant dans une tasse de thé le plus serein de monde. Il mit d’ailleurs un petit instant à relever son regard pale vers elle. Un regard assurément moqueur.
- Il vous attendait déjà, miss… Lui confia la dame avant de s’éclipser et de refermer la porte aspect « papier de riz », laissant les deux personnes dans une intimité parfaite.
Trop rapide. Evalyn ne s’était pas attendu à se retrouver si rapidement en face de ce type à cause de qui son esprit avait été retourné. Et c’est d’ailleurs à cause de cela qu’elle se montre peut être un peu trop brusque dans ses geste.
- Avez-vous fait de beau… Commença la voix suave de Nathanaël avant de se couper lorsque son propre roman vint s’écraser sur la table basse bruyamment.
- … Rêves ? Finit-il tout de même affichant une mine proche de la surprise.
- Certainement pas ! S’entendit-t-elle rager.
La jeune femme ne souhaitait pas resté. Aussi, elle avait complètement ignoré le geste d’invitation que son hôte lui avait fait pour l’inviter à s’asseoir.
- Certainement pas ? Répéta l’homme changeant les traits de son visage pour les rendre finalement curieux.
Et cette curiosité sembla le pousser à chercher le regard de l’artiste. Artiste qui finit par se faire avoir, et sombrer dans les deux prunelles douces de son persécuteur. Ce seul regard lui offrit une bouffée de chaleur, elle sentit ses mains devenir moite et ses pommettes s’enflammer. Se pinçant les lèvres, elle crut qu’elle pourrait réguler son embarra ainsi, mais ce ne fut que lorsque Nathanaël rompit le charme en détournant le regard qu’elle se sentit à nouveau respirer.
L’homme lâcha un soupire tandis qu’il versait la théière au-dessus d’une tasse propre avant de se lever pour s’approcher de son invitée.
- Si Lila n’a pas su te plaire, tu m’en vois navré. Souffla-t-il eu creux de l’oreille de la demoiselle faisant s’accentuer la trouble de cette dernière.
Ce souffle, cette proximité, cela ne lui rappelait que trop son rêve étrange et érotique. Cela la mettait mal à l’aise et lui faisait perdre ses moyens à la fois. Tellement qu’elle ne sentit qu’à retardement les doigts frais du serveur glisser le long de sa joue avant de glisser jusque sa gorge, tirant finalement le foulard de soie, le dénouant par la même occasion.
Une fois sa gorge à l’air libre, le contraste de chaleur fit revenir à elle la jeune femme qui, dans un geste aussi brusque que vif, cacha la marque devenue visible avant d’attraper au vol le foulard qui voletait jusqu’au sol.
- Oups, il semblerait que j’ai eu du mal à me contrôler… Soupira Nathanaël en prenant un air faussement désolé.
L’homme commençait à l’accompagner pour qu’elle s’asseye, mais Evalyn qui avait repris contenance et cacher avec rage sa gorge avec son foulard, se dépêtra facilement des mains de cet homme qui se croyait vraiment tout permis. La demoiselle avait claqué l’une des mains de son hôte au passage, lui offrant un regard noir au passage, quittant aussi soudainement qu’elle était arrivé, cette pièce unique, le cœur affolé par ce qu’il venait de se passer en si peu de temps.
Le pas raide et les yeux vissés sur ses pieds qu’elle devait maitriser pour ne pas courir, elle quitta le Bar To Hadès, ignorait les deux hôtes qui s’inclinèrent sur son passage ou bien l’individu suspect qui s’était retourné pour la sifflé lorsqu’elle avait traversé la rue…
Evalyn était en colère, bien qu’elle ne sache si c’était à cause de sa propre faiblesse ou bien le manque de tenue de ce garçon qu’elle avait un jour connu.
De nouveau derrière le volant de sa voiture, elle composa d’une main encore tremblante, le numéro de sa meilleure amie. Après plusieurs longues sonneries, son interlocutrice décrocha d’une voix ensommeillée.
- Il faut que je te voie, c’est vraiment urgent. J’arrive dans quelques minutes. Balança la peintre avant de raccrocher aussi sec.
Être aussi directive ne lui ressemblait pas, mais il fallait croire qu’en situation de crise, elle était du genre à prendre des décisions sans chercher d’autres solutions. Et quand il s’agissait de son état mental, il fallait absolument qu’elle voit Ophelie.
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