Jour 0

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J’ai trouvé ce carnet aujourd’hui. Il est assez beau, mais surtout il a l’air solide. Sa grosse couverture en cuir et son fermoir éviteront qu’il ne s’abîme de trop pendant mes voyages. Et puis le stylo plume qui va avec est agréable à utiliser.

Ça n’est peut-être pas très juste de dire que je l’ai trouvé. Techniquement, je crois que je l’ai acheté ? Cela fait quelques jours que je suis dans ce monde et à force d’observation, je crois que j’ai compris comment s’y déroulent les transactions. Pas d’argent, tout se fait par troc, mais surtout, c’est l’acheteur qui fixe le prix. Je pense que c’est un système basé sur la confiance. Chacun paye ce qu’il lui semble raisonnable, après parfois quelques négociations de la part du vendeur. Je me demande comment ils ont réussi à aboutir à ce système et surtout comment ils le maintiennent.

Bref, toujours est-il que quand j’ai vu ce carnet dans la vitrine d’une boutique, j’ai décidé d’essayer d’y aller au culot. J’ai attrapé quelques feuilles d’un arbre sur le trottoir, je suis rentré dans la boutique et j’ai balancé le carnet et les feuilles sur le comptoir.

Le gros vendeur qui était à moitié endormi a été surpris par le bruit et encore plus par le prix que je lui proposais. Il m’a ensuite jaugé de la tête aux pieds. Je ne devais pas payer de mine. Les derniers quelques sauts n’ont pas été de tout repos. En ce moment j’ai les joues creusées, mes cheveux noirs n’ont pas été brossés depuis des semaines et même si j’ai des vêtements solides, je n’ai pas pu les empêcher de se déchirer par endroit.

Le vendeur a commencé à me parler, je crois pour argumenter que le carnet valait quand même plus que quelques morceaux de plante trouvés dans la rue. C’était drôle de voir comme sa moustache remuait dans tous les sens à mesure qu’il exposait ses arguments. Je lui ai fait signe que je ne comprenais pas ce qu’il me disait (ce qui était vrai, la langue du coin n’est pas une de celles que je connais) et il s’est arrêté. Il a semblé réfléchir quelques secondes avant d’attraper les feuilles et de pousser le carnet vers moi. J’ai l’impression de l’avoir volé, mais est-ce qu’on peut vraiment parler de vol s’il était d’accord ?

Je dois dire que ça fait du bien d’écrire mes pensées sur le papier. Ça me donne presque l’impression de parler avec quelqu’un. Ça n’est pas quelque chose que j’ai souvent eu l’occasion de faire récemment. Pas depuis que le Capitaine

Je pensais continuer cette phrase, mais visiblement il est encore trop tôt pour ça.

Demain le translocateur sera rechargé. Ce soir j’ai trouvé un coin tranquille sous un pont. Je pourrais sans doute louer une chambre d’hôtel pour une poignée de terre, mais je ne préfère pas pousser ma chance.

J’ai été content de trouver un monde accueillant cette fois-ci. Ça m’a permis de recharger un peu mes batteries. Si je m’écoutais, je resterais encore quelques jours.

Mais non, il faut que je continue à avancer.

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