Un restaurant

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Le zouave ne perd pas son temps : il me tend mon manteau et me fait remarquer qu'il fait froid dehors. Je ne sais pas qui c'est, mais je ne l'aime pas. Je reprends mon manteau. Le voleur et moi prenons tous les deux la sortie du journal avant qu'il ne montre la voie vers là où il veut m'emmener. Après au moins dix minutes à vagabonder dans les rues de Strasbourg, je décide de le retenir : « J'en ai marre, vas-y tout seul ! »

Mon zouave vêtu d'un petit caban bleu foncé se retourne avec un sourire amical et me dit : « Alors pourquoi m'avoir suivi jusqu'ici ? » Encore une fois, je suis incapable de lui répondre. J'accepte de continuer puisque nous sommes presque arrivés, selon lui. Alors, mes pas suivent les siens sur une couche de neige assez conséquente vers cette destination encore inconnue pour moi. Le temps passe et je commence à avoir froid. Pour compenser, je regarde les vitrines des magasins devant lesquels nous passons.

C'est bientôt Noël. Une grande joie me fait sourire, seulement troublée par les événements de ce matin, cette lettre que je n'ai toujours pas récupérée. Je voudrais qu'il me la rende mais je n'ose pas la lui demander. La balade se termine enfin lorsque mon voleur nous arrête devant la porte d'un restaurant. Il nous fait entrer, me donnant aussi, ce faisant, l'occasion de me réchauffer. La première chose que je remarque dans ce petit restaurant, c'est la cheminée qui éclaire une bonne partie du bar. Je remarque aussi qu'il n'y a pas trop d'affluence et que l'endroit, sans être désert, est calme.

Le blondin se dirige vers une table près du bar où se trouve un homme que j'ai déjà vu auparavant. Au journal, je l'ai plusieurs fois aperçu en compagnie du rédacteur en chef Nikola von Lorentz. Par contre, je ne connais pas son nom. Le zouave avait visiblement l'intention de lui faire une surprise mais il se fait rapidement repérer : « Tu ne devrais pas être au journal en ce moment ? dit l'homme.

— Salut Garry !

— Qu'est-ce que tu veux Simon ?

— J'ai des notes à te faire lire.

— Tu ne pouvais pas me le dire au téléphone ?

— Mais tu ne réponds pas quand je t'appelle.

— Il y a bien une raison pour ça... »

Garry accepte malgré tout de vérifier les notes. Je revois alors sur lui, le même visage, plus dur, que j'ai vu ce matin lorsque j'ai déposé mon article. Un visage sévère, presque froid, qui ne laisse rien paraître des pensées qui se cachent derrière. Mais mon voleur interrompt indifféremment le travail de Garry et continue de lui parler : « Tu es parti tôt. Il n'y avait rien d'intéressant au Parlement ?

— Moins que d'habitude.

— On peut rester déjeuner avec toi aussi ?

— Écoute, j'ai dormi quatre heures cette nuit, alors si tu n'as rien de mieux à faire que de me présenter ta petite amie, tu peux aussi me laisser tranquille au lieu de couiner comme une souris. »

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