La Vroiens : nouvel acte aux pansements des plaies des habitants première partie
Sur le flanc Est de la cité où s’allongeait les dunes d’un jaune frit, Théopharne apercevait à l’horizon les structures coniques de la Vrama, très propres et jamais une personne dehors, démontrant encore une fois son efficacité à rendre ses législations compatissantes pour les habitants. À côté de celle-ci, une entité que Théopharne ne connaissait que furtivement, sans hélas jamais avoir pu les accoster, mais il croyait comprendre, au vu des commentaires, qu'elle était tout aussi populaire que la Vrama, pour leurs manières accueillantes d'obtenir ou de dispenser leurs conseils.
Cette entité, à ses balbutiements depuis 5 ans, était apparue, sous l’impulsion du roi, au sein des parterres rocailleux sur le flanc Nord du rivage de Vlotrios. Il s'agissait de la Vroiens, une structure d’apparence simple mais majeure depuis la pénible guerre civile.
En effet, la fin de ce conflit armé, dont Théopharne ne se remémorait guère, coïncidait avec sa période de pleine maturation intellectuelle et physique. Cette fin sanctifiait la victoire, marquait un don successif d’offrande à la divinité Frodotéa, déesse de la conscience et inaugurait une nouvelle ère royale. En retour, le pressentiment du roi, tel un signe que la déesse accordait aux habitants, se manifestait par une nouvelle manière de vivre en société : à travers la Vroiens et la Vrama.
Valdriek Ier, l’élu du peuple, pour lequel Théopharne avait de l'appréciation en raison de son discours pro-déesse et du changement que le roi avait apporté par rapport à ses années floues - lorsqu'il était encore sous l'influence de sa mère et de l'autorité permissive de son père - s'installait sous un statut neuf.
Il était bien conscient des attentes nombreuses et des défis parsemés d’embûches dans une cité en pleine reconstruction.
Toutefois, avec le soutien de Frodotéa, il s'efforçait d'instaurer une paix durable, sans animosité dans les rues, sous le signe du culte et de la bienveillance.
L’effroyable terreur avait laissé place à une félicité retrouvée, et pour Théopharne, une vie qu’il allait pouvoir traverser avec toute sa personnalité singulière, empreinte de pensées divinatoires.
Le roi avait besoin de la Vroiens pour dicter ses desseins supérieurs pour une vie empreinte de compassion, loin des tumultes passés, sous la bienveillante figure de la déesse, Théopharne y voyait une source d’innovation bienvenue dans une cité confrontée à plus d’un défi à gérer.
La Vroiens patrouillait durant les heures lumineuses du jour à la recherche de préoccupations de l’esprit constamment présentes chez les habitants en quête de repos et de futur heureux ou comme Théopharne trouver sa place au sein de la société.
C’est ainsi que la Vroiens interrogeait les groupes, les isolés, les couples, toujours dotés de leur sagacité et de leur bon sens moral.
Leurs discours se formulaient ainsi : "Bonjour habitant, avez-vous des problèmes particuliers que nous pourrions résoudre ?"
Les habitants répondaient, un par un : « Oui, nous sommes embourbés dans un conflit familial concernant les biens de notre père. Chacun désire avoir davantage que les autres. Comment pouvons-nous répondre à la demande de la déesse ?
Les fonctionnaires de la Vroiens répondaient, toujours, en duo : "La Déesse Frodotéa vous implore, d'une part, de revendiquer l'égalité pour tous et, d'autre part, de surmonter la douleur de la perte d'un être cher. En soutenant la déesse, libérez-vous de vos rancœurs et de vos jalousies personnelles pour participer au partage volontaire des biens. Rendez-vous au lieu de pèlerinage, portez avec vous l’introspective des griefs de votre conscience, un bout de papier pour résoudre vos différends et stimulez votre destinée personnelle. Touchez les mains de Frodotéa et éduquez-vous à ses côtés. N'hésitez pas à revenir régulièrement, dans le but de vous améliorer pour une société plus harmonieuse pour tous."
Ou encore, les citoyens répondaient : "Non, nous menons une vie harmonieuse. Merci, mais nous n’avons pas besoin de recourir à vos prêches pour le moment."
La Vroiens entretenait une relation étroite avec la Vrama. D’ailleurs, c’était une volonté du roi d'unifier le cercle des pouvoirs pour mieux assister les habitants en route vers un avenir radieux mais toujours hésitant vu leurs dramatiques expériences avec le pouvoir.
Tandis que La Vrama légiférait, l'autre rapportait les maux de la société, irrésolubles, dans de luxueux cartons remplis de dossiers en tout genre : individuels ou collectifs.
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