Embrase la vie en dehors des frontières : Suinoréa, mère de Théopharne
Théopharne et Jedoké ne tenaient pas à s’imprégner, en dessous d’un gobelet, du bonheur de la Cervusé et manifestait un ramdam de pensées trompeuses sur cette boisson. Quelle hypocrisie ! En effet, bien qu'elle semblât résurgente en apparence et dégageât une odeur mal en point, elle transfigurait une vertu de force pour ceux et celles de petites vertus. Et, la Vrama, première lueur d’une superficialité de l’esprit, faisait des annonces de bienfaisance pour ce breuvage comme énergisant pour accroître la tonicité et le bien-être de l'esprit et favorisait par ses directives nouvelles des formes de circulation et de consommation.
Pour Théopharne et Jédoké, indissociable l’un de l’autre, et pour leurs vies actuelles, leurs horizons sombres mais prometteurs et leurs esprits de jeune adulte, ils ne considéraient pas la Cervusé comme un instrument de gratitude envers leurs besoins récurrents de reconnaissance indispensable, et, précédé d’une volonté de se sentir à l’aise. Au lieu de s’adresser à des sources de vitalité artificielles pour solutionner leur manque d'énergie, ils découvraient dans leur romance une immense source de vigueur. À ce stade de leur vie, ils estimaient que cela leur suffisait amplement !
Quand bien même ils se sussent un jour infectés et ressentissent une transformation, empreinte de Cervusé, force est de constater qu’, au moment défini, les deux amoureux mèneraient tout de même une existence harmonieuse entre éclats de rires et réconforts affectueux.
Etant fort disponibles à l’éclatement totale de la liberté mentale, corporelle, ils remettaient leurs avenirs aux lois de la nature sauvage. Conscients de leurs propres incidences dans le processus de vie, ils essaimaient de louanges en rapport à toutes les espèces y compris leur propre Vérité humaine.
Ainsi, leur histoire ne se plaçait pas dans une perspective assurément sur soi, jamais un simple je toujours le nous et embrassait la vie naturelle dans sa partie entière, comme un combat contre une soi-disant conscience au-delà de leurs propres vécus de géométries variables. La renaissance d’un tel enthousiasme paraissait être une forme consensuelle de l’Amour, créant dans leur esprit des logiques d’une nature en harmonie avec l’humain où la perspective de sucer cette substance vivante les ravissait tellement qu’ils la percevaient comme égal à eux, une faveur à la manière de St Thomas d’Aquin.
Cependant, la déesse ne semblait justifier que la vie de l'espèce humaine et suscitait un déni des autres formes de vie, Ainsi, aussi radieuse soit-elle, elle consentait son dévolu aux formes de vie évoluées, surement que l’esprit de Frodotéa était une forme compatible permanente avec celle la plus proche de sa généalogie.
Théopharne prisait son amour universel et son temps dans la taverne de sa mère, Suinoréa, une figure maternelle veillant aux besoins naturels de sa progéniture et s’exclamant fièrement de son couple avec Jédoké.
Son fils avait pris l’habitude de s’installer autant que possible sur un tabouret au comptoir proche de sa mère et de sa petite amie et s’entretenait dans de plantureuses discussions avec les clients du bar parsemé de vie et de bruit.
Il aimait les voir se préoccuper de leurs comportements, sujet instigué par la Déesse Frodotéa et il n'hésitait pas, lui, si éloquent, à se demander où cela le mènerait-il. Il s'enrichissait ainsi de leurs vérités intrinsèques et d’expériences.
Parfois, les conversations se tournaient vers un penchant de reproches, notamment lorsqu'on initiait des palabres sur l'avenir, un sujet dont Théopharne ne se préoccupait guère mais il paraissait paralyser quand on le lui évoquait.
C’est ainsi, un certain Goltréos, petit travailleur des zones arboricoles de la région, un ami de longue date de Suinoréa, entamait une conversation avec lui : « Théopharne, peux-tu me donner des raisons de ton grand optimisme si tu n'es pas capable de voir dans le futur ce que tu deviendras dans 5 ans ? »
Théopharne initiait sa plaidoirie, bien qu'il détestât de devoir justifier les raisons de son grand bonheur : « Un jour, je serai proche des Dieux. Je voudrais devenir leur égal dans l'au-delà. Je sais que cela impliquera de passer par une série d'épreuves avant d’être apprécié comme tel, et dans ma vie sur Terre, je prévois d'aimer ma copine de tout mon cœur et de fonder un foyer aussi harmonieux que celui de mes parents. Es-tu d'accord avec moi ? »
Goltréos répondait d’une voix mêlant admiration et préoccupations car, pour lui, ce jeune homme ne donnait pas l’impression de rencontrer de réelles difficultés avec tout ce qui recensait aux vrais défis de la vie et lui faisait savoir : « Théopharne, ton jeune âge te donne une raison de percevoir le monde tel un puceron mais, dès que tu prendras l’initiative de combler un de tes besoins en tant que chef de ta tribu, tu verras que la vie est morose, désespoir, infini de mélancolie. La Vroiens nous donne l’espoir mais, ô combien courte, au demeurant ! Vive la Déesse !
Théopharne lui répondait d’une voix remplie de compassion pour cet homme dont l’avenir n’avait pas offert de perspectives heureuses notamment dans la perte de son jeune fils et de femme dans un incendie de forêt. « Je pense que tu as raison de me mettre en alerte. Je suivrai tes conseils. J’ose espérer de mûrir suffisamment quand l’infortune se mêlera à mes pas pour me déchoir de mon piédestal »
Suinoréa détruisait le fil conducteur de la discussion et réclamait à Théopharne de veiller à respecter ses ainés pour ne pas les faire revivre l’histoire douloureux de leur vie. Ainsi, Théopharne s’exécutait et s’excusait auprès de Goltréos, de son manque de vision commune de la souffrance.
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