A qui profitera le challenge?
Dans sa maison aux murs bruns dédiés à la déesse, avec le parquet et les meubles impeccables, le père de Théopharne, Vitouriop, méticuleux et perspicace, se persuadait qu’une consommation excessive de Cervusé conduirait son fils à la folie. Théopharne, présent à ses côtés, ruminait son mal-être, sa personnalité fragile dépendante de ses proches. Pour éviter un tel désastre, Vitouriop, toujours rationnel et bienveillant, mijotait une solution délicate pour son fils, qui semblait sombrer dans ses heures les plus sombres.
Après avoir bu trois verres d’eau pétillante, fraîche et revigorante, Vitouriop faisait cette remontrance à Théopharne : « Je ne veux pas, tu m’entends, que tu t’empoisonnes volontairement, Théo ! Nous couperons la Cervusé, ce breuvage toxique, avec des arômes de ton goût pour éviter une trop forte dose et te permettre de ressurgir de tes moments d’extase sans trop de douleur. Théo, as-tu compris mes recommandations ? »
L'esprit embué d’idées mélancoliques, comme à son habitude, Théopharne répondait fermement : « Non, non et non ! Papa, laisse-moi faire. Je peux et je veux m’en sortir sans couper la Cervusé ! J’ai la possibilité de briller et de montrer ma résilience. Je suis excité par ce défi hors des sentiers battus ! Vivement que le challenge commence ! »
Vitouriop, avec un sourire résigné et amical, saluait son fils et répondit : « Bien, bien, tu as choisi la voie la plus difficile. Que la déesse Frodotéa te soutienne dans ta tâche ! Je confie ton destin à la Conscience Universelle ! »
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Par la divine présence, trouvant cela posée, il se tapait des mains, encombrés de farfelus lampadaires. Dans leur résidence, les lampions se distribuant tel des accroche-punaises, il se condamnait à répéter, inlassablement, les mêmes mots : « Dur, dur d’être jeune, à l’heure actuel, oh, toutes ces frasques avant de grandir… !
S’affranchir de toute contrainte, perpétuer la ristourne des émotions, transgresser la platitude viscéral de l’adolescence paraissait inscrit dans le code génétique de Théopharne ; se voir grandir, s’aimer dans la brillance de ses yeux, vivre une vie de seigneur pouvait amener le discours plantureux de Théopharne vers les idéaux stellaires. A quoi pourrait ressembler infatigable et lassé, Théopharne, au travers du jeux des saisons, si ce n’ ‘était pas dicté par le destin ?
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Repeuplant ses pensées, étourdissantes pensées, angéliques pensées, il redéfinissait les contours de sa personnalité. Se trouvant trop beau, trop généreux, trop permissif, Vitouriop se devait de se souvenir, à nouveau, des paroles de Nestiriote.
Afin de prendre en considération les paroles autrefois bienveillantes du fonctionnaire de la Vroiens, Vitouriop songeait à redistribuer les vérités sur cette boisson, oh combien périlleuse, virulente pour le foie et esclavageant ses héritiers !
Dynamité de réelles et profondes réflexion suite à la vision audacieuse de Théopharne, Vitouriop, songeait quels faits auraient pu faire accepter à son esprit : la victoire de l'incommodité du fléau de la dépendance et la défaite des bienfaits morales d’une prêche bienfaitrice de la Déesse. Sifflotant ses pensées éparses, il se disait que son rôle de pionnier engendrerait le soutien intarissable d'un bloc mental, s'appuyant contre le dos de son fils dans son combat, et son immanquable reflux moral envers son prochain.
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