Adieu, rassurante tiédeur

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Adieu, rassurante tiédeur de ma cabine climatisée ! En un quart de seconde, je me retrouvai trempé de la tête aux pieds, congelé dans le quart suivant et balloté comme une baudruche entre les mains d'un enfant agité.

Mais je n'eus guère le temps d'en subir plus. Si les vents m'éjectèrent sans ménagement à l'extérieur, les lois newtoniennes eurent tôt fait de se rappeler à moi. Je pris donc la direction du sol sans perdre plus de temps et, si je suis encore vivant pour vous relater tout ça, c'est simplement parce que je percutai la terre d'un champ tout juste labouré. La terre fraîchement retournée était, de surcroît, recouverte d'une grande quantité d'eau de pluie, ce qui amortit assez ma chute qui ne me valut que des égratignures, des écorchures et une bonne douzaine d'hématomes plus ou moins sérieux. Ma rencontre avec le sol ne cessa pas tout de suite, malgré tout. Le vent me fit rouler comme un de ces buissons qui croisent les routes ensablées des déserts mexicains. Une malheureuse boule de bowling aux mains d'un incapable n'aurait pas été plus maltraitée. Et, tel un boulet de canon, je pris assez de vitesse pour rencontrer, à ma plus grande déception, un obstacle beaucoup plus dur que moi, ce qui me coûta de sombrer dans l'inconscience pour une durée indéterminée... Pourtant, je garde le souvenir des roulades qui ont précédé cet accident : surtout la toute dernière, celle où, bras en croix et jambes écartées, apparemment décidés à quitter mon torse, perforé de toute part par la pluie froide et enragée, les yeux à peine entrouverts, j'eus le temps, oh un très court instant, de voir le ciel se battre contre la Terre dans une lutte titanesque et dont j'étais le témoin malgré moi.

Je me réveillai bien plus tard, commotionné, sans savoir où j'avais atterri. Etait-ce le lendemain, ou encore plus tard ? Je l'ignorai à cet instant. Mais le jour s'était levé, même si le ciel restait noir comme de l'encre, les vents disputant avec hargne l'immensité des cieux à un pauvre soleil qui tentait comme il pouvait de se faire une petite place. Par endroit, la couche nuageuse semblait moins épaisse et une lueur blafarde, maussade, nauséeuse parvenait presque à la crever.

Meurtri de toute part, ankylosé comme un rôti ficelé dans un plat, grelottant, j'osai seulement battre des cils, redoutant de déclencher d'infinies douleurs pas encore décelées pour le moment. Déjà plus lucide, je me doutais bien que mon vol plané ne resterait pas sans conséquences physiques. Mais, quand même, je voulais savoir où mon camion avait fini sa course. Le retrouverais-je seulement ? La tempête l'avait sûrement réduit en miettes, semant son parcours avec les milliers de tomates qu'il contenait.

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