Chaque matin, le soleil se lève. Et aujourd'hui n'échappe pas à la règle. Le soleil illumine une petite vallée d'argile ocre, éclairant progressivement le sol inégal, les petites huttes de bois accrochées aux parois du ravin. A certains endroits, il n'entre pas. Ils resteront à jamais dans la pénombre.

Avec l'aube, quelques êtres s'activent. Peu à peu, la vallée devient une fourmilière de nombreuses occupations. Ici, on ballait devant l'entrée, là on tire un chariot de denrées multiples. Et surtout, tout là-haut, à l'entrée de cette petite maison de bois accrochée à la falaise, la plus haute de toutes, une silhouette surveille et veille.

Pour certains, ce n'est pas un jour comme les autres. Comme cest homme. C'est son premier jour. Il est arrivé hier.

Il ouvre les yeux avec la lumière qui illumine sa tente en ce matin frais. En vérité, il n'a pas dormi de la nuit. Il écoute l'animation qui devient de plus en plus forte autour de lui. Est-ce qu'on viendra le chercher ? Ou doit-il sortir dès à présent ? Il s'assoit sur sa couchette, hésitant. Il observe les ombres s'agiter sur la toile. Il inspire, expire, passe la main sur sa barbe courte, comme pour l'arranger et se recoiffer. Il s'extirpe de la pauvre couverture et entrouvre la tente.

An III 24 Mai

Ce soir, nous avons eu une arrivée. Je ne sais pas comment il nous a trouvé, mais nous avons appliqué notre politique d'accueil et l'avons installé en tente.

Il est arrivé à cheval, avec très peu d'affaire, un sac seulement.

Jasmine est méfiante, nous l'interrogerons demain.

Sous son regard, il montre l'escalier accroché à la falaise. Il n'hésite pas sur les marches irrégulières comme certains le font. Il a une démarche assurée et affirmée.

Elle les observe toujours monter ces marches. Cela lui permet de se forger une première idée sur les nouveaux arrivants, les jauger. Ses instints sur cette première impression sont souvent assez fiables.

Il est séduisant. Elle ne peut pas le nier. Il est svelte, musclé. Son regard est sûr, perçant.

Elle rentre et croise le regard d'une brunette qui sort de la chambre.

"Tu l'as vu ?

- Je sais. Je reste prudente."

Elle s'assoie dans le fauteuil disposé au milieu de la pièce. Ce fauteuil est le plus beau meuble ici. Tout en arabesque, sa structure est faite dans un bois exotique. Il est recouvert d'un velours vert comparable à ses yeux.

Sa compagne se place derrière elle et commence à tresser ses longs cheveux blancs.

Enfin, il se présente dans l'entrée. Ses cheveux roux frissés sont illuminé de soleil, il est tel un lion. C'est la première pensée qu'elle a à l'esprit.

"Bonjour, l'accueille-t-elle. Je suis Salomé. Bienvenue au Val."