L'amant de ma femme

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 Je crois que ma femme me trompe. Je crois aussi que ça l'excite. C'est d'ailleurs ce qui m'a mis la puce à l'oreille : depuis trois semaines nous n'avons jamais autant fait l'amour. Son appétit, habituellement modéré, est devenu insatiable. J'ai du mal à tenir le rythme de ses envies : le matin, le soir, et quand je télétravaille elle rentre pendant sa pause déjeuner. Sans blague, j'en arrive à fermer la salle de bain à clé quand je me douche pour avoir quelques moments à moi !

 Le weekend dernier, nous sommes allés au restaurant. Elle était terriblement attirante dans sa jupe fuseau noire et son chemisier blanc. Elle avait remonté ses cheveux blonds en un chignon strict et je voyais sa nuque pendant qu'elle marchait devant moi, perchée sur ses talons hauts. J'avais bien remarqué qu'elle ne portait pas de soutien-gorge. Mais c'est en trouvant dans ma poche le petit morceau de tissu qui devait lui couvrir les fesses que j'ai compris qu'elle était nue sous sa jupe. Je n'ai aucun souvenir du repas, mais je sais que j'ai repris du dessert deux fois.

 Il se passe quelque chose. Ça, et le fait qu'elle cache son portable. Et le nombre de messages qu'elle reçoit. Et la manière dont elle rougit quand elle en lit certains. Et ses excuses bidons. Et... bref, il y avait beaucoup d'indices, mais comme un con, ce qui m'a inquiété c'est les sommets de la libido de ma femme. Je suis un peu lent des fois.

 Mais lorsque je vis les preuves s'accumuler, je ne sus plus quoi faire. J'aimais bien vivre avec une femme qui me désirait si violemment. Je préférais ça à la procession de questions qui me venaient en tête : pourquoi ? Qui ? Depuis quand ? Non, ça, je le savais. Et rétrospectivement, je réalisai que ce n'était pas la première fois. Nos vacances en Italie l'an dernier avaient été une succession de parties de sexe dans tous les endroits et de toutes les manières possibles. Tout comme le Noël d'il y a trois ans ; et notre premier Halloween, avec les costumes de... Putain, elle me trompe souvent la garce ! Mais que faire ? Chaque fois qu'elle se trouve un amant, elle me fait profiter de son corps dans tous les sens.

 Malgré tout, je brûlais de savoir avec qui je partageais ma femme. J'hésitai plusieurs jours avant de céder, pendant qu'elle était sous la douche, et de fouiller son téléphone. Elle devrait être plus discrète. Finalement, je découvris une série de messages sans équivoque. Camille. Une maîtresse ? Il n'en fallut pas plus pour m'exciter. Me faisant passer pour ma femme, je lui donnai rendez-vous le jour même dans un bar-hôtel où elles étaient déjà allées. Elle m'envoya le numéro de la chambre qu'elle avait réservé. En moins de cinq minutes j'avais rendez-vous avec l'amante de ma femme. J'eus le bon sens d'effacer les messages avant de ranger le portable.

 La matinée me parut incroyablement longue et je comprenais ce qui plaisait à ma femme : j'avais une de ces envies ! Mais le temps passe toujours et, au bout de mille ans, il fut enfin temps de me rendre à mon rendez-vous.

  Arrivé à l'hôtel, je montai dans la chambre sans trop savoir comment aborder Camille. L'attendre dans le lit ? Nu ? Dévoiler la vérité ? Tenter de la séduire ? En ouvrant la porte de la chambre, je réalisai l'indécence d'attendre à poil une inconnue dans une chambre d'hôtel. Je garderais mes vêtements dans un premier temps.

  Il y avait déjà quelqu'un dans la chambre quand j'entrai. Quelqu'un qui attendait dans le lit, magnifique, sans aucun vêtement et qui se caressait. J'étais saisi par la sensualité de ce corps, le dessin parfait de ses muscles, les courbes de ses fesses, la fermeté de ses cuisses, son visage encadré de boucles brunes, et ses yeux gris, à peine surpris de me voir. Je fus tout autant saisi par le trouble que je ressentis.

— Vous n'êtes pas Fanny.

— Non, répondis-je bêtement, pris au dépourvu. Je suis son mari. Et vous n'êtes pas Camille.

— Si.

  J'avais oublié que Camille était un prénom mixte. C'était donc bien un amant. Qui n'avait pas l'air gêné de ne pas retrouver ma femme. Comme si...

— Vous saviez qu'elle ne viendrait pas, n'est-ce-pas ?

— Évidemment.

— Et elle sait que vous êtes là ?

— Pourquoi le saurait-elle ?

 Pendant que je cherchais à dissiper la confusion dans laquelle je nageais, Camille s'approchait de moi. Il murmura la dernière phrase à mon oreille. Je frissonnai. Je n'aurai jamais cru être excité à ce point. Fébrilement, je levai la main jusqu'à sa joue, couverte d'une barbe de trois jours et caressai sa mâchoire. Il posa ses mains sur mon torse et glissa ses doigts à travers ma chemise.

 J'étais hypnotisé par la nudité de ce corps parfait. Il m'embrassa dans le cou. Sa barbe me piquait la gorge. Je laissai une main sur sa joue et de l'autre, caressai les pectoraux imberbes qui se pressaient contre les miens. Je me demandais encore ce que je faisais et je luttais intérieurement contre cette pulsion inconnue qui me jetait dans les bras d'un homme.

  Il sentit mon hésitation.

— Tu n'as qu'à me dire non et tout s'arrête.

 Je ne répondis pas, tremblant comme une feuille. Camille se recula doucement. Sans réfléchir, je lui saisis le poignet et le tirai violemment vers moi. Mes lèvres contre les siennes, je lui murmurai de ne pas s'arrêter. Il m'embrassa et je cessai de lutter, m'abandonnant complètement à cette bouche fermes et gourmandes. Il avait un goût salé, profond et doux à la fois. De sa langue, il caressa mes lèvres puis se glissa à l'intérieur. Je lui rendis son baiser et le poussai vers le lit. Je le rejoignis en retirant ma chemise.

 Plus tard, bien plus tard, je rentrai chez moi. Je retrouvai Fanny lisant dans le lit, en sous vêtements. Je sentis pour elle un appétit que je n'avais plus depuis longtemps. Différent de celui que j'avais eu pour Camille quelques heures plus tôt, et dont je sentais encore la profondeur de la caresse. Mais je regardai ma femme avec des yeux nouveaux.

 Jamais nous n'avons parlé de Camille. Nous nous sommes vu encore quelques fois, puis je me suis lassé de lui. Je pris d'autres amants, de temps en temps, qui me donnèrent chaque fois une ferveur nouvelle auprès de ma femme. Je me lassai toujours d'eux. Mais d'elle, jamais.

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