CHAPITRE 16 - L'hiver s'installe
Les premières neiges sont tombées mi-décembre comme l’avait prévu Alfred. Le paysage s’est métamorphosé, c’était magnifique. Un tapis neigeux immaculé, toutes les branches ourlées de coton blanc et le silence qui régnait nous donnaient le sentiment d’être dans un nouveau lieu. Les enfants s’en donnaient à cœur joie raquettes, luge et ski. Ils étaient dehors toute la journée, ils se rattrapaient des mois enfermés à cause du confinement. Julio ne roulait que le jour car les routes n’étaient pas dégagées et pouvaient être très glissantes et dangereuses. Il continuait les visites des maisons du village et ne rentrait jamais bredouille. Il ramenait toujours de nouvelles trouvailles : des vélos, des couettes, des vêtements chauds. La nourriture devenait plus rare dans les maisons. On s’était très largement servi, d’abord nous, mais aussi nos trois voisins, et sûrement aussi la famille dans la ferme, et peut-être d’autres personnes que nous ne connaissions pas.
On n’avait pas revu la famille de fermiers. Nous n’avions de contact qu’avec nos trois voisins, en poursuivant nos diners du samedi. Depuis deux semaines, nos voisins dormaient au gite après le diner. Ils partageaient les lits superposés avec Diego. Quant à moi, je dormais pour cette nuit-là avec les enfants.
Le feu flambait dans la cheminée toute la journée. Nous laissions les portes ouvertes des chambres et de la salle de bain, si bien que les pièces étaient chauffées en même temps par l’arrière de la cheminée. Notre consommation de bois correspondait aux prévisions de Diego, nous en avions largement assez pour tout l’hiver.
Nos panneaux solaires fonctionnaient très bien et nous fournissaient l’énergie pour l’éclairage et pour quelques heures avec l’ordinateur portable.
Diego nourrissait les animaux tous les matins et nettoyait le clapier et poulailler. Nous arrivions à ramasser quatre à cinq œufs par jour, c’était déjà pas mal et ça améliorait nettement nos menus avec des omelettes et des pâtisseries.
Notre stock de nourriture était important, et comme prévu, on pouvait largement tenir jusqu’à l’été. De temps en temps, Diego pêchait de beaux poissons ou de petites fritures, on se régalait tous. Il n’avait toujours rien pris au collet, mais il persévérait.
Noël approchait à grands pas. Avec nos voisins, nous avons décidé de convier les habitants de la ferme à partager notre déjeuner de Noël.
Diego et Simon accompagnés d’Alfred se sont rendus à la ferme. Les fermiers les ont poliment reçus, ils avaient apprécié qu’on ne les envahisse pas depuis notre arrivée. C’étaient des gens habitués à vivre retirés dans leur ferme, ils se méfiaient des intrus. Avant la pandémie, bien souvent les touristes avaient tendance à se croire chez eux partout, sans se soucier du respect des habitants, des animaux et des cultures. De ce fait, la famille gardait ses distances face aux étrangers.
Seul le père s’exprimait, et à notre grand étonnement, ils ont accepté notre invitation pour le déjeuner de Noël.
Toute notre famille était joyeuse face à cette bonne nouvelle. On s’organisait pour les préparatifs.
Miguel proposa de tuer un mouton pour l’occasion. On s’en léchait déjà les babines, nous n’avions pas mangé de viande fraîche depuis des mois. Alfred dit qu’il apportera le vin, nous pensions tous qu’il devait avoir une cave bien fournie.
Julio et Lola firent quelques visites au village pour trouver des décorations de Noël. Diego avait abattu un sapin qui nous fera un bel arbre de Noël et rapporté du houx de la forêt. Les enfants s’étaient attaqués à la décoration du sapin, de la pièce principale et de leur chambre. Les filles étaient très imaginatives et créatives, le gite pris rapidement une allure de fête. Lola recherchait des recettes de Noël facilement adaptables à nos moyens limités en ingrédients. Elle en sélectionna plusieurs qui nous faisaient déjà saliver.
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