CHAPITRE 27 - Notre avenir
Après le départ des militaires, nous restions tous un long moment sans voix. Les nouvelles nous laissaient tous incrédules, la population réduite à quelques communautés éparses sur le territoire, plus de gouvernement, les militaires au pouvoir.
Au fond de moi, je pensais que c’était à la fois une situation angoissante mais aussi rassurante. Angoissante, par le peu d’habitants encore en vie, par l’absence de toute activité professionnelle et de toute production, par les groupes de vagabonds errants, par les militaires à la tête du pays. Mais rassurante aussi, par cette même présence des militaires au pouvoir, il vaut mieux dans l’immédiat une armée de soldats au gouvernement plutôt que des groupuscules avec des objectifs peu enclins à protéger les citoyens. L’avenir nous le dira.
Pour l’heure, ces nouvelles obligeaient notre petite communauté à s’organiser pour les mois à venir.
Il n’était pas question pour notre famille de retourner en ville. Nous allions rester dans le gite tout le temps qu’il le faudra.
Il fallait que notre groupe envisage sa totale autonomie alimentaire. Nous pouvions bien sûr continuer les pillages des maisons des villages des alentours, mais nous devions constituer nos stocks pour l’année grâce aux cultures.
Alberto, qui était le seul professionnel en la matière, prendrait les décisions que nous allions suivre. Il prévoyait de cultiver des champs de blé et de moudre le grain au moulin du village voisin, même chose avec le maïs qui constituera l’alimentation du bétail. Il envisageait de cultiver un champ de fourrage pour les bêtes, et un champ de pommes de terre largement suffisant pour nourrir toute la communauté.
L’élevage des vaches, des moutons, des poules et des lapins, nous apportera la viande. Nous espérions que les animaux se reproduisent au printemps, nous ne pouvions laisser le cheptel diminuer.
Les potagers faits par Diego et l’ermite nous apporteront les produits frais du quotidien et les femmes feront des conserves pour l’hiver.
Pour les produits industriels comme le café, le chocolat, l’huile, les pâtes, le riz nous pensions poursuivre les collectes dans les maisons vides, quitte à écumer tous les villages des alentours.
Julio et Alfred travaillerons aux champs avec Alberto et son fils aîné, mais avant il fallait remplir la cuve de la ferme de gasoil pour les engins agricoles.
Alberto souhaitait commencer les labours dans huit jours. Nous avions une semaine devant nous pour explorer les villages environnants et grossir nos réserves de nourriture.
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