Nous avons en premier lieu récolté les olives. Simon et David grimpés dans les oliviers secouaient énergiquement les branches, nous avions étalé de grandes bâches sous les arbres pour ramasser aisément les olives. Nous avons récolté avec quinze oliviers un grand nombre de caisses de fruits. Tout notre petit groupe a pris la direction du moulin situé dans un village voisin. L’ermite avait pris les commandes des opérations, et nous guidait pas à pas dans les différentes étapes de la fabrication de l’huile. Les hommes actionnaient la presse avec force, les fruits ainsi écrasés laissaient couler une huile de belle couleur. Lola et moi avions lavé toutes les bouteilles trouvées dans une réserve du moulin. Nous en avons rempli chacune de la précieuse huile, elle était d’une belle couleur ambre et délicieusement parfumée. Nous avons ainsi pu produire cent cinquante bouteilles, de quoi largement approvisionner nos réserves. Nous nous sommes répartis la production, dix bouteilles par personne, et cinq de plus pour Lola et Nina qui préparaient les repas de groupe.

Les vendanges n’auraient lieu que dans une semaine. Ce qui nous laissait le temps avant de moudre le blé et le maïs, donc direction le moulin du meunier pour tout le groupe. Tous masqués à cause de la poussière de farine, les hommes actionnaient la meule. Les femmes et les enfants préparaient les sacs en toile trouvés dans le moulin et les remplissaient au fur et à mesure. Là aussi, le travail était pénible et éreintant. Mais nous avions un stock volumineux de farine alimentaire que nous nous sommes partagés équitablement. Alberto avait lui aussi de la farine de maïs en quantité très largement suffisante pour nourrir ses animaux pendant un an. En fin de semaine, nous avons assuré tous les transports de la farine alimentaire et de celle pour les animaux. Nous avons aussi livré à la bergerie de Miguel du fourrage et de la paille pour les moutons, et un peu pour nous aussi, du fourrage pour nos lapins et de la paille pour nos poules. Pour la nourriture des poules, nous avions gardé des sacs de maïs en grains.

Il était temps de commencer les vendanges, les raisins étaient à maturité. Nous connaissions le vin produit auparavant dans la région. C’était un petit vin de pays léger et fruité, on pourra le comparer avec notre production. Là encore, tout le groupe était à l’ouvrage, y compris les enfants. Lola et Nina préparaient des repas que nous prenions au milieu des vignes. Nous avons vendangé tranquillement à notre rythme et dans la gaité. Les enfants chantaient à tue-tête toute la journée, les adultes les accompagnaient souvent et on reprenait tous en chœur les refrains.

En fin de semaine, la vigne était totalement vendangée, les raisins étaient gros, nous en avions une grande quantité. De nouveau, tous, direction le village voisin désert, pour rejoindre la coopérative viticole. Là encore, ce sont sous les directives de l’ermite que nous nous sommes rangés. Lui seul connaissait bien les différentes étapes de vinification. Les hommes actionnaient le pressoir avec force, le jus coulait régulièrement et emplissait un par un les tonneaux. Lola et moi avions trouvé des bouteilles vides que nous avons nettoyées et remisées. Nous avions aussi déniché la réserve de bouchons et la machine indispensable à l’embouteillage. Les fûts se remplissaient l’un après l’autre. Le travail se terminait, il restait juste à présent au jus de raisin à démarrer sa fermentation. La mise en bouteille se fera plus tard. Alfred pensait qu’on obtiendrait un bon nombre de bouteilles vers les trois cents, de quoi bien remplir sa cave. D’ailleurs, on le taquinait tous régulièrement à propos de sa cave à vins.