Au lecteur

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[Nous sommes en l'an 3000 ap. J.-C.]

 Lecteur, merci à toi de lire cela, merci de prêter attention à cette œuvre fort ancienne. Tu le sais, lecteur, la Franciade dont il est ici question n'est point celle du poète français Pierre de Ronsard ou de l'écrivain genevois François Vernes. Cette Franciade, connue aussi son le nom d'Histoire de France depuis les origines lointaines, est un travail d'un auteur dont nous ne connaissons pas vraiment la vie. Nous savons que c'est un auteur français, de la région de Grenoble, qu'il connaît assez bien pour y mêler ses souvenirs.

 À partir d'iceux, isolés grâce aux travaux d'Arsène Renant, de Margareth Ribeaud et d'Igniazio Ottero, nous savons que l'auteur est né et avait de la famille en Savoie historique. Il ne donne jamais son prénom ou son nom, mais il dit descendre de Louis XV. Il parle de Chambéry, notamment des Charmettes — on suppose qu'il a visité la maison de Rousseau au moins une fois, car il en décrit l'intérieur — ainsi que dans le cœur de la ville, nous renseignant sur quelques enseignes de cafés, ou les places qu'il dessine avec précision.

 Il a visité Venise, l'Espagne, l'Angleterre et l’Écosse — où il découvrit le golf —, mais il ne sembla pas voyager souvent. Il dit avoir trouvé le manuscrit en latin de la Franciade au début de l'année 2040, et que celle-ci se termine à l'année 2020. De deux choses l'une : si la thèse du manuscrit est fausse — ce qui est largement accepté par la communauté scientifique et littéraire, — alors il a commencé la rédaction de cette œuvre durant cette année, même si certains éléments laissent à penser qu'il a débuté durant l'été 2019 ; si elle est vraie, alors le manuscrit fut écrit par un ecclésiaste, ou par un intellectuel religieux, ou qui pastichait les chroniques médiévales(a). Il montre beaucoup de respect envers les juifs, qu'il nomme souvent ses « aînés », et appelle les musulmans ses « frères ». Il ne les méprisent pas, en tout cas pas ouvertement, on sent qu'il est très affecté par le climat islamophobe qui était à son époque : il prend toujours leur parti, comme lorsqu'il s'agit de laisser les femmes musulmanes se voiler si elles en ont l'envie. On ne pourra pas s'empêcher de sourire à son attachement à la laïcité, quand il dit que cela est un principe chrétien !

 Il semble être aussi influencé par sa culture chrétienne, et les légendes orientales : il a peut-être lu Des Hérésies de Jean Damascène, et il connaissait l'Apocalypse de Serge-Bahira, car il en reprend la trame lorsque Mahomet commence ses prédications. Zinem Ferreti, maîtresse de conférence à l'université de Constantinople, dit qu'il ne faut pas trop prendre tout cela au sérieux, que c'est plutôt un jeu, un divertissement du rédacteur/traducteur, qui imite volontiers les anciens historiographes chrétiens. Elle dit qu'on peut surtout le voir car les noms des personnes de ces livres, fantaisistes ou réelles, sont tous francisés, d'une manière ou d'une autre. Même parmi les francisations traditionnelles, il peut y avoir des exceptions.

 Les différents experts s'étant penchés sur la Franciade on put trouver les sources, utilisées de manière inégales, sur lesquels le rédacteur/traducteur s'est basé : les mythologies gréco-latines, monothéistes, nordiques et celtes ; l'opera omnia de Tacite ; l'Historia regum Britanniæ de Geoffroy de Monmouth ; Les illustrations de Gaule et singularitez de Troye de Jean Lemaire de Belge ; l'Abbregé fidelle, de la vraye origine et genealogie des François de Claude du Pré ; l'Epitome de l'Antiquite des Gaules et de France de Guillaume du Bellay ; et La Fleur des antiquitez de la noble et triumphante ville et cité de Paris de Gilles Corrozet. Il y a une dizaine de versions manuscrites complètes de La Franciade : deux à Voiron (France), une à Constantinople (Turquie), deux à Bruxelles (Belgique), une à Philaldephie et une à La Nouvelle-Orléans (États-Unis), une à Vancouver (Canada), une à Édimbourg (Écosse), et une à Rome (Italie).

 On a authentifié l'une des versions de Voiron comme étant la plus ancienne (v. 2100), et celle de La Nouvelle-Orléans comme la plus récente (v. 2370). D'autres versions on étés retrouvées (une vingtaine environ) mais elles sont partielles ; néanmoins, elles peuvent être intéressantes, car elles témoignent que le canon et la forme actuelle de La Franciade date au moins que celle de Vancouver (v. 2250). On a longtemps soupçonné le livre III d'être apocryphe, mais il était admit par certaines communauté universitaires dans le canon de La Franciade, et nous savons maintenant qu'il est de la même main que les autres.

--- Note ---

(a) Nous le clarifions tout de suite, pour prévenir les éventuels contradicteurs et plaisantins : être membre d'une congrégation religieuse, ou être religieux, n'empêche pas d'être un intellectuel, bien naturellement.

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