A

(1) L'empire n'existait plus, il n'y avait que des républiques aristocratiques, sur le modèle romain. Et il s'était écoulé du temps jusqu'à Jules César, qui commençait à conquérir la Gaule, dont Ménape Franc fut le dernier vercingétorix. Les vils Sénaques de Franche-Comté et les Éduens de Bourgogne furent ennemis de leurs frères ; les second ne se rebellèrent contre Rome qu'avec des réticences.

(2) Ménape Franc avait deux petits-neveux, nommés Gobannition et Celtilles, de la branche des Arvernes. Icelui Celtilles combattu bravement, mais il fut condamné à mort quand il voulu restaurer la monarchie absolue gauloise(a).

(3) Vercingétorix, son père l'avait nommé ainsi pour qu'il ait le titre d'empereur indirectement, fut un jeune homme plein de promesse, qui avait toute les qualités d'un chef. Avec une dame gallo-romaine, Victorie(b), il eut deux fils gémeaux, Wiflieus et Blodon(c) ; et icelui Wiflieus ressemblait beaucoup à son père.

(4) Vercingétorix la fit escorter en Bretagne ; Casuelläun, roi de Bretagne au temps où Jules César conquit les Gaules, accueillit Victorie en son pays, où elle y résida, dans l'espoir que ses enfants soient en sécurité.

(5) Pour éviter de voir les malheurs gaulois s’abattre sur lui, Casuelläun envoya une lettre à Jules César : « Casuelläun, roi des Bretons, à Jules César.

(6) Nous ne pouvons que nous étonner, César, de l'avarice du peuple romain, car leur soif insatiable d'argent ne peut nous laisser tranquille,

(7) bien que les dangers de l'océan nous aient placés d'une certaine manière loin du monde ; mais ils doivent avoir l'impertinence de convoiter notre richesse, dont nous avons jusqu'ici joui dans le calme.

(8) Ce ne suffit pas non plus : nous devons aussi céder à votre soumission et à l'esclavage, oubliant la jouissance de notre liberté ancestrale.

(9) La demande, donc, César, est scandaleuse, car la même veine de noblesse coule d'Énée en chaque Breton et en chaque Romain, et une seule et même chaîne de consanguinité nous unit :

(10) cela devrait être un pacte d'union et d'amitié fermement présenté au monde. C'est que vous auriez dû exiger de nous, et non l'esclavage : nous avons appris à reconnaître l'un, mais à ne jamais accepter l'autre.

(11) Et tant nous avons été habitués à la liberté, que nous ignorons parfaitement ce que c'est de se soumettre à l'esclavage.

(12) Et même si les dieux eux-mêmes devaient essayer de nous priver de notre liberté, nous voudrions, au maximum de notre volonté, leur résister pour la défendre.

(13) Sachez donc, César, que nous sommes prêts à nous battre pour cela et notre royaume, si, comme vous le menacez, vous tenterez d'envahir la grande Bretagne. »

(14) Victorie, comme elle le craignit, vit César envahir et tenter de conquérir à grandes enjambées l'île du frère ennemi des Romains, mais il ne prit que la petite Bretagne.

(15) Wiflieus partit à Naples sous le nom de Néapole. Blodon à Lichbloem, en actuels Pays-Bas, où il se présenta comme Clovis, premier de ce nom ; ce nom vient du germanique Luchdoïg, et c'est ainsi qu'il était connu en son temps(d). Il avait prit Durandal, que Vercingétorix avait laissé à Victorie.

(16) Chacun était allé dans des familles de petits seigneurs qui connaissaient leur mère, et dont chaque père de famille était apte à garder le secret.

(17) Casuelläun vint voir un jour Victorie : « Tendre cousine, on murmure contre vous, car on dit que vous êtes une espionne romaine. » Il dit, et elle se sentit trahie par ceux qui l'avaient accueillit.

(18) « Jamais, promit Victorie, je ne serais une traîtresse, une servante de la démesure de Rome. Je préfère mourir sur le champs, ou m'exiler tout de suite pour des lieux plus calmes. J'irai en Judée, je m'y fonderai facilement car ma mère est de famille juive. »

(19) Elle prépara son départ, faisant ses adieux à son cousin, à qui elle promit de prier pour le salut de la Bretagne.

(20) Elle partit en Hispanie sous un faux nom, où elle rencontra des juifs qui la menèrent en Judée, où elle se maria avec un homme appelé Mattath ou Matthan(e), qui descendait d'Abraham.

(21) Elle mourut quinze ans avant la Nativité, à un âge avancé.

--- Notes ---

(a) Selon une lettre de la reine Anne d'Autriche à son frère Philippe iv, roi d'Espagne, le jeune Louis XIV était inspiré par cette ancienne France, qui lui donna sa Grande-Idée, et qui fut sa motivation pour réunir la France, la péninsule ibérique, et dit-on les Flandres.

(b) Victorie est complètement fictive ; et si elle a existé, on a aucune preuve, ni aucune source d'une gallo-romaine connue pour s'être accouplée avec le chef arverne

(c) Certaines version manuscrites, postérieures à la plus ancienne qu'on ait, donnent Blaton. Il semble s'agir d'une francisation de blato, qui veut dire « fleur » en gaulois ; la forme blodo est cornique, et le rédacteur/traducteur prénomme Blodon et Blaton plusieurs personnages de la Franciade.

(d) Le comte Teaunopi, sans trop s'avancer, pense que le toponyme Lichbloem a inspiré la fleur-de-liche (lichbloom), dont le nom est parlant, des jeux vidéos World of Warcraft. Le comte Hervé Teaunopi dit encore que ce nom serait lié au fait qu'il le plus porté par les rois de France soit Louis, car Blodon prend le nom de Luchdoïg (une forme déformée de ce prénom), et que cela soit aussi une allusion au meuble de la fleur-de-lys, car on avait dit poétiquement qu'elle était la « flor de Loys ».

(e) Il y a un désir de rapprocher les vercingétorix de la lignée de Jésus-Christ. Mais ni l'évangile selon saint Matthieu, ni celui de saint Luc ne donnent le nom de l'épouse de Mattath ou de Matthan.