Passion de Pilate (première partie)
B
(1) La Gaule, sous domination romaine, bien qu'il y avait quelques révoltes mineures, était plutôt contente de son sort. La romanisation initiée par les césars se faisait avec beaucoup de zèle. Il y avait, au moment où régnait l'empereur Claude, les juifs qui se déchaînèrent contre les proches de Notre Seigneur.
(2) Parmi eux se trouvaient l'épouse répudiée de Ponce Pilate : Claudine Procule, dite Sara la Noire, car elle avait le teint halé par le Soleil,
(3) et elle avait prit un nom de baptême, suite à sa conversion au christianisme.
(4) Des années plus tôt, son époux était retourné à Rome, sur ordre de Tibère, car Pilate avait sévèrement réprimé une révolte de juifs.
(5) Pilate arriva alors face à l'empereur romain, avec la tunique du Christ qu'il avait emportée, baisée, et revêtue, le soir-même où Il était ressuscité, après avoir voulu prouver au Sanhédrin qu'on aurait prit les vêtements du Fils de Dieu si on avait voulu L'emporter.
(6) Mais nos aînés juifs ne crurent pas à cette résurrection, et arguèrent que ce n'étaient pas les vêtements qui étaient dans le tombeau du Seigneur, au moment de son inhumation, qu'ils étaient plus anciens.
(7) Tibère, qui était fort malade, avait demandé si on pouvait lui envoyer Jésus, car un de ses centurions lui avait dit que le Messie accomplissait des prodiges en guérissant les maux, notamment qu'il avait guéri son serviteur favori.
(8) Pilate lui envoya une lettre où il lui dit qu'il tenterait de rencontrer l'Envoyé, qui galvanisait les foules. Mais celle-ci se perdit, et les choses allant, le Messie fut crucifié sans raison explicite. (9) Tibère dépêcha son légat impérial, Volusien, de faire la lumière sur cette histoire. Pour expliquer son action, Pilate effrayé lui dit que le Seigneur était un charlatan, un criminel comme les deux autres crucifiés.
(10) Bon homme, Volusien pensa que Pilate disait vrai. Mais il vint à rencontrer sainte Bérénice, dite aussi Véronique, chez qui on disait qu'il y avait une image du Christ sur un linceul, qu'elle avait recueillit. Intrigué, Volusien alla voir Bérénice.
(11) Volusien voulut voir cette image immaculée, mais Bérénice, que l'Esprit de Dieu avait prévenu de son arrivée, cacha l'image. Malgré sa résistance et ses pieux mensonges, les soldats de Rome trouvèrent l'image de la Sainte Face, qu'on envoya à Tibère.
(12) Celui-ci, qui souffrait de graves maladies, se trouva guéri complètement en voyant la Sainte Face du Christ ; mais cela ne l'empêcha pas d'être empoisonné quelques mois plus tard.
C
(1) C'est durant cette période, entre le moment où Tibère reçut la Sainte Face et où il mourut, que Pilate revint sur ses ordres, suite à ses actions violentes. Il s'apprêtait à frapper Pilate, mais il s'adoucit quand ce dernier lui apparu, christiquement vêtu.
(2) « Mon bon Pilate, pourquoi donc m'as-tu menti ? Un homme dont l'image permet de guérir ne saurait être un malfaisant personnage. Tu juge mal, tu agis avec trop de démesure, mon cher ami. Que dirais ta femme, ma cousine, si elle était là ? »
(3) Il dit, puis il renvoya Pilate après avoir discuté de ce qui s'était passé en Judée.
(4) Mais sitôt Ponce Pilate partit, Tibère sentit que les effets apaisants de la tunique s'étaient dissipés. Il fut cela plusieurs fois, jusqu'à ce que l'empereur se décide à exiler son cousin, en Suisse. On devait le conduire jusqu'aux Alpes en prenant soin de lui, mais sitôt les monts passés, on devait le faire marcher, sans lui donner de quoi survivre.
(5) « Alors peut-être est-ce toi, le premier chrétien ? » Cette interrogation de son épouse Claudine Procule lui revint. Elle la lui avait dite quand il se lamentait, dans la dernière lettre à son frère Tite, à qui il parlait de son enquête sur le Christ, ainsi que de ne jamais l'avoir vu vivant ou mort, en songe ou ressuscité(a).
(6) Pilate fut conduit à travers l'Italie, dans l’infamie la plus totale. Si les Romains l'humilièrent en lui reprochant sa cruauté. La foule excitée se jeta sur lui, tua ses gardes, puis lui tranchèrent la gorge. Il fut jeté dans le Tibre, et son âme monta au Ciel.
(7) Mais la Trinité le regarda d'un œil intrigué : « Que fais-tu ici, Pilate ? Tu ne crois pas assez, ton heure n'est pas encore venue. » Elle dit, alors le corps de Pilate fut rejeté sur la terre et soigné par les premiers enfants du Seigneur.
(8) Alors Pilate continua de marcher loin des villes, loin des lieux où on pourrait le reconnaître. « Je ne mérite pas ta bonté, Seigneur. J'ai été faible, je t'ai laissé mourir, je me suis laissé aller à la cruauté. Je ne peux me résoudre à vivre près de toi, hais-moi, je t'en conjure ! — Non, je ne te hais pas. »
(9) Alors Pilate, qui s'était laissé tomber à genoux, fut relevé par deux des premiers enfants, et il continua à endurer sa honte et son chagrin. Plus il marchait, plus il rejetait le Sauveur, plus Dieu alourdissait son fardeau. (10) « Laisse-moi t'aider, Pilate. » Il dit, alors que le Romain arrivait à la porte des Marches. « Je ne suis pas digne de toi. — Si tu crois en moi, Pilate, alors tu connaîtra la félicité, car tu sera abreuvé par la Vérité. — Je te le redemande : qu'est-ce que la vérité ? »
(11) Alors Dieu, pour lui montrer qu'Il était triste du sort de l'ancien fonctionnaire, Lui envoya une pluie.
--- Notes ---
(a) Ces lettres ne doivent pas être confondues avec les Actes de Pilate. En effet, cette correspondance sur les événements de Judée, uniquement « de Pilate à son cher Tite », sont regroupées dans — suppose-t-on — leur intégralité, dans l'évangile selon Pilate, un apocryphe apologétique du IIe siècle, selon l'étude réalisée de 1995 à 1999, sous la direction d'Alain-Emmanuel Schmitt, de Genève. Le pseudo-évangile fut publié en 2000, en français.
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