Vie de Claudine Procule (première partie)

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I

(1) Claudine Procule appartenait à la famille des Julio-Claudiens ; elle était cousine de l'empereur Tibère, comme nous l'avons dit plus tôt.

(2) Certaines sources la nomment Claudine Procule Séverine. Ce nom de Séverine vient peut-être d'une tradition mineure qui veut qu'elle soit née à Sèvres, en latin Savara, en Île-de-France ;

(3) cela peut être vrai, mais dans une lettre de Claudine Procule à son amie Fulvie Hersilie, elle dit avoir passé ses jeunes années à Narbonne, en Occitanie.

(4) Nous savons qu'elle était fille du sénateur Sévère Claude Procule(a),

(5) et d'une dame de la famille des Domitiens, morte en couche.

(6) En 21, elle épousa Ponce Pilate, dont la famille gouvernait en Ibérie, quelques jours après ses seize ans.

(7) Pilate avait un peu plus de quarante ans,

(8) et il aimait cette jeune femme, qui aurait put être sa fille,

(9) et qui n'avait ni plaisir ni déplaisir à être en sa compagnie.

(10) Ce mariage était un calcul des Ponces pour avoir un meilleur statut, car cinq ans plus tard, en 26, Pilate devint préfet de Judée.

(11) Elle ne donne jamais le nom de son époux, elle l'appelle toujours « Pilate », ce qui fait que son prénom s'est perdu pour toujours.


J

(1) Durant ses cinq premières années de mariage, elle eut une fille qu'elle et son mari appelaient affectueusement Pilatine(b) (la petite Pilate), dans leur correspondance, et auprès de leurs amis.

(2) Durant cette période où son mari était préfet, Procule se lia d'amitié avec la riche famille de Béthanie,

(3) composée de Marthe, son frère Lazare, et sa sœur veuve Marie, dite Madeleine, car elle avait été mariée à un homme de Magadala, dont les terres lui avaient échues.

(4) Elle méprisait Marie, qui menait une vie de débauche, et préférait Marthe, qui était plus sérieuse.

(5) Procule ne connaissait pas bien Lazare, car il était de santé très fragile.

(6) Un jour qu'elle dînait avec son mari et sa fille, qui ne savent pas qu'elle s'était liée avec des juifs, celui-ci invita un centurion nommé Cassien, qui détestait la région dans laquelle il était en service.

(7) Il dit qu'il y avait quelques jours qu'un fonctionnaire royal d'Osroène, actuellement en voyage avec son fils, vit ce dernier être guéri par Jésus de Nazareth, dit Christ.

(8) Et peu de temps avant, Christ avait même accepté de venir en aide au centurion, car son tendre esclave était à la porte de la mort.

(9) Il conta encore qu'Il avait ressuscité un homme, et changé l'eau en vin, durant des noces à Cana.

(10) Cela surpris le couple romain, et intrigua Pilatine, qui voulut le rencontrer ; mais son père ne crut pas en ces miracles, et la dissuada de cette idée.

(11) Au contraire, Claudine Procule voulut en connaître davantage.


K

(1) Claudine Procule alla, quelques semaines plus tard, retrouver ses amis de Bethanie. Là, Marthe lui apprit que Jésus avait guéri sa sœur en l'exorcisant de sept démons, qu'elle Lui avait lavé les pieds chez Simon le Pharisien, qu'Il Lui avait pardonné ses péchés, et qu'elle menait une vie de repentir depuis.

(2) Elle ajouta qu'Il était devenu son maître, depuis qu'elle l'avait écouté parler, quand Il était venu les visiter. L'épouse de Pilate vit plusieurs fois Madeleine, qui lui parlait de Jésus comme le plus grand de tous les hommes.

(3) Alors elle commença à reconsidérer Madeleine, et elles devinrent de proches amies.

(4) Procule revint quelques jours plus tard, incognito, quand elle apprit la mort de Lazare. Elle se frappait la poitrine en signe de deuil,

(5) mais quand son mari lui demanda pourquoi elle était triste, elle prétexta qu'elle pleurait la mort du petit chat sauvage qui venait parfois lui tenir compagnie.

(6) Un jour, elle vint à croiser Marthe sur les bords du Jourdain, où elle se promenait avec sa garde et ses dames de compagnie. Celle-ci lui apprit que les autres juifs commencaient à gronder contre Jésus et ses miracles. Et Procule fut surprise d'entendre qu'Il avait ressuscité son frère Lazare.

(7) Le soir, elle discutait avec Ponce Pilate, et elle lui parla de Jésus. « Oui, les autorités juives ne L'aiment guère, car Il dénonce leurs travers, se dit Fils de Dieu, et accomplit divers prodiges, dit-on. Je pense que cela va aller de mal en pis, car il irrite autant qu'il fascine.

(8) — Mais mon époux, tu le défendra, n'est-ce pas ? Tu ne va pas condamner un homme qui est innocent ? même si on te presse de le faire. — Je souffrirai de condamner un innocent. »

(9) Il la quitta soucieux, tandis qu'elle restait seule, pensive et tremblante quant à la suite.

(10) Elle pria ses dieux que Jésus reste sain et sauf, car il n'avait fait aucun mal,

(11) mais elle ne put empêcher son arrestation ; elle s'évanouit quand elle la sut.


--- Notes ---

(a) Personnage sans doute fictif, peut-être inspiré de Tiberius Claudius Severus Proculus, sénateur romain de la deuxième moitié du IIe siècle.

(b) Personnage tout à fait fictif. De plus, dans la lettre de Claudia Procula à Fulvia Hersilia, Pilate et son épouse ont un fils anonyme, qui meurt durant le mandat de son père en Judée.

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